Production alimentaire saine, Dar Bouazza

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Production alimentaire saine, Dar Bouazza
Dans le cadre du programme de recherche marocco‐allemand « Agriculture urbaine à Casablanca », Le projet pilote d’application « Production alimentaire saine, Dar Bouazza » Autour du Jardin pédagogique agroécologique de Dar Bouazza
Problématique Zone incluse dans le tissu périurbain en pleine mutation de la mégapole du Grand Casablanca, la Préfecture de Dar Bouazza n’échappe pas à l’étiolement des activités rurales caractérisant le Maroc. La modernisation d’une partie des exploitations a peu touché les petites exploitations familiales encore nombreuses. Celles‐ci sont marginalisées par la production massive des grandes fermes, et leurs revenus soumis à l’iniquité d’une compétition nationale voire internationale, fixant le prix des denrées alimentaires sur les courts mondiaux artificiels. L’agriculture conventionnelle menée à petite échelle se heurte aux limites de sa rentabilité, vu les coûts des intrants et de la mécanisation. Le métier d’agriculteur, largement dévalorisé, est peu à peu abandonné au profit d’une spéculation foncière justifiée par l’envolée des prix de terrains à bâtir en villas. De plus, l’attraction exercée sur les jeunes générations par la proximité du centre urbain accélère le départ des jeunes ruraux, vers les métiers de l’informel urbain. Parallèlement, la pression foncière exercée par la croissance urbaine incontrôlée se traduit par une modification rapide de l’usage de terrains à fort potentiel agricole. Ceux‐ci sont définitivement perdus pour toute valorisation agricole ou environnementale, dès lors qu’ils sont cédés sans considération aux promoteurs immobiliers. Confrontés aux nombreux enjeux de la ville de demain, les acteurs locaux mènent une réflexion sur l’avenir des derniers espaces ruraux périurbains, et sur leur rôle dans l’équilibre de la société citadine. L’urgence de préserver et de développer des zones de production alimentaire de proximité, garante d’autonomie des approvisionnements, est au cœur du débat international actuel. Simultanément, la nécessité d’aménager des espaces ouverts, lieux de récréation, de bien être et de reconnexion au monde naturel, source de nombreux services environnementaux, n’est plus à démontrer. Dans ce contexte, le maintien des espaces et des activités agricoles périurbaines se pose comme un enjeu d’avenir pour les responsables locaux. Cela passe bien sûr par la revalorisation de la place de l’agriculteur dans le tissu social local, et l’appui au développement d’une agriculture périurbaine à forte plus‐
value, source de produits de haute qualité, répondant aux exigences d’une société de plus en plus soucieuse de sa santé et son environnement. De par ses caractéristiques, l’alternative agricole agroécologique, ou production « biologique », répond à ces enjeux. La transmission des techniques agroécologiques est donc au cœur de la démarche proposée par le projet pilote 4 (PP4), intitulé « Production alimentaire saine », pour un développement à forte plus‐value écologique, sociale et économique. Cependant, la plus‐value certaine des produits biologiques à l’export fait souvent préférer cette solution aux producteurs qui en ont les moyens. Or, il est urgent de maintenir une agriculture de qualité destinée aux consommateurs locaux. Le projet pilote s’engage donc avant tout pour les marchés de proximité. Par ailleurs, la conjoncture internationale et les lobbies agro‐industriels poussant à la disparition du métier de maraîcher local, doivent nous amener à réfléchir sur la pertinence d’organiser le soutien de consommateurs avertis, à des producteurs locaux engagés dans une démarche de qualité. C’est pourquoi, loin de s’arrêter au stade de la production, le projet proposé s’intéresse également à la valorisation locale et équitable des produits, via des circuits d’économie sociale et solidaire de proximité. Alternative Agriculture naturelle mais également vision globale pour un aménagement raisonné du territoire et un projet de société cohérent, l’agroécologie se positionne comme une alternative concrète et réaliste à la problématique climatique. Prohibant le recours aux engrais et aux pesticides issus de synthèse pétrochimique, limitant la mécanisation et les transports en privilégiant toute forme d’échanges locaux, la démarche agroécologique est d’abord une façon de réduire l’impact des activités agricoles comme facteurs de changements climatiques. Basée sur l’adaptation locale des pratiques, la valorisation des ressources naturelles et des potentialités humaines de chaque terroir, la gestion rationnelle de l’eau, la fertilisation et surtout la régénération biologique des sols dégradés, l’agroécologie entre pleinement dans la panoplie des stratégies d’adaptation locales aux impacts des changements climatiques. Prônant la lutte intégrée contre la désertification et favorisant la biodiversité, elle contribue à la préservation des Patrimoines naturels. Techniquement peu coûteuse et donc accessible à tous, elle n’en permet pas moins une production agricole quantitative et qualitative, source de souveraineté alimentaire, de santé et de revenus pérennes, favorables à la stabilisation des paysans sur leurs terres. Elle facilite l’autonomie des producteurs, la création d’emplois ruraux et la relocalisation de l’économie. Ainsi, l’agroécologie représente‐t‐elle également une méthode d’atténuation des impacts négatifs des changements climatiques. Les porteurs du projet Les porteurs du projet pilote « Production alimentaire saine » sont l’association Terre et Humanisme Maroc, à l’origine du Jardin pédagogique agroécologique de Dar Bouazza, et l’Université Technique de Berlin ; pour la partie scientifique. Ce Comité de coordination restreint est chapeauté par la Direction Provinciale de l’Agriculture, l’Agence Urbaine et l’IRHAUE. Objectif principal et résultats attendus Le projet pilote n°4 se propose d’expérimenter et de diffuser des modèles de production et de consommation alimentaire sains et locaux, adaptés à l’évolution du contexte socioéconomique et aux nouvelles contraintes climatiques. A travers l’appui à des expériences pilotes à fort potentiel de reproduction, le projet vise à contribuer à : -
Production alimentaire saine, source de santé et de souveraineté alimentaire : par les pratiques agroécologiques ; -
Maintien d’une ceinture verte périurbaine productrice de services socio‐environnementaux : la pour revalorisation des activités agricoles pour la sauvegarde des espaces ouverts ; -
Revalorisation des agriculteurs, amélioration des conditions de vie et de l’autonomie des communautés rurales périurbaines : par la création d’activités génératrices de revenus pérennes, basées sur la valorisation des produits de terroir. Objectifs opérationnels 1. EXPERIMENTER : Expérimenter et démontrer les techniques de production agroécologiques à travers le Jardin pédagogique de Dar Bouazza ; 2. FORMER A LA PRODUCTION : Sensibiliser, former et accompagner les paysans et paysannes à la démarche et aux techniques de production agroécologiques (biologiques) ; 3. FORMER A LA TRANSFORMATION ET VALORISATION : Sensibiliser, former et accompagner les paysans et paysannes à la transformation directe valorisant les produits des terroirs locaux et les savoir‐faire traditionnels ; 4. FORMER A LA COMMERCIALISATION ET CREER DES MARCHES : Appuyer la mise en place de systèmes de valorisation des produits à travers des circuits de commercialisation de proximité, basés sur des relations de partenariat producteurs‐consommateurs directes et équitables, par la démarche de l’économie sociale et solidaire ; 5. LABELISER : Appuyer la mise en place d’un système de labellisation locale basée sur la reconnaissance des qualités propres aux produits de terroirs, agroécologiques de proximité ; 6. COMMUNIQUER : Sensibiliser les consommateurs du bassin de consommation du Grand Casablanca à l’alimentation biologique, et à l’engagement volontaire pour le soutien de l’agriculture agroécologique locale. Activités en cours Le Jardin pédagogique agroécologique de Dar Bouazza constitue un acquis incontournable du projet : de par sa vocation expérimentale à petite échelle, il permet une démarche scientifique inscrite dans la logique de la progression expérimentale propre à la recherche action. Les savoir‐faire pilotes rayonneront à partir des expérimentations menées au Jardin pédagogique, via les ouvriers cultivateurs spécialisés et le formateur local en agroécologie. A l’échelle du
Jardin
Validatio
Diffusion chez les
paysans
expérimentateurs
Test de
l’activité
Test
de
l’activité
Démultiplication
de l’activité 1
Test de
l’activité
Jardin d’un
paysan
expérimentateu
r
1 formateur local,
responsable de
l’encadrement des paysans
Jardin d’un paysan
expérimentateur
Jardin
pédagogique
Démultiplication
de l’activité 2
Démultiplication
de l’activité 3
Jardin d’un
paysan
expérimentateur
Jardin d’un paysan
expérimentateur
Figure : Rôle du Jardin pédagogique agroécologique dans la diffusion des savoir‐faire et la démultiplication des acquis. Le travail expérimental a débuté et se poursuit en continu à travers le Jardin pédagogique de Dar Bouazza. Outre le travail sur l’adaptation et la maîtrise des techniques de production biologique au contexte local, une expérimentation d’ordre socio‐économique est déjà en place. Un système de Partenariat Producteurs Agroécologistes‐Consommateurs réunit des familles désireuses de bien se nourrir qui soutiennent des producteurs engagés dans une démarche de production saine. Le 3 avril prochain, l‘« Atelier de l’avenir » doit permettre de réunir les acteurs locaux autour de la problématique retenue. Atelier de lancement Au cœur de la démarche du projet pilote « Production alimentaire saine » : l’Humain et le Partage. Traduit en méthodologie de mise en œuvre du projet : la concertation et l’approche participative. L’atelier du futur sera le premier pas concret de cette démarche, visant à construire ensemble une vision commune aux acteurs locaux, à croiser perspectives et points de vue, et à bâtir de possibles collaborations autour du thème fédérateur. En effet, si la réflexion sur la problématique du maintien des activités agricoles dans les derniers espaces ouverts périurbains, avec ses enjeux écologiques, économiques et sociaux, est déjà bien entamée ; si les axes de travail et de recherche du projet pilote sont déjà circonscrits ; il n’en est rien des activités à mettre en œuvre. Le choix de celles‐ci devra émaner des propositions collectives, dans lesquelles chaque partenaire local se sente investit d’une responsabilité et d’un potentiel à développer. Ce sont les raisons pour lesquelles l’équipe de Coordination du projet pilote invite tous les acteurs du développement territorial local ‐ élus, autorités, représentants des administrations, artisans, entrepreneur, commerçants, paysans, habitant régulier ou intermittent ‐, touchés par l’avenir environnemental, socioéconomique ou cultuel de Dar Bouazza, à unir leur réflexion le vendredi 3 avril 2008. Après l’ouverture officielle, la matinée sera consacrée à poser la problématique : alimentation saine, souveraineté alimentaire, « production alimentaire saine », ressources nourricières, espaces ruraux, espaces urbains, espaces ouverts, mutations, changements climatiques, terroirs, économie locale, lien avec la précarité…et comment trouver une cohérence entre tous ces aspects, apparemment divers, mais étroitement liés à l’agriculture périurbaine. Comment l’alternative agroécologique se propose de répondre de manière globale et intégrée à ces problématiques multiformes ? L’après midi, place au dialogue : les acteurs présents seront invités à s’exprimer, à proposer, à imaginer …Le résultat attendu de cette journée est une meilleure visibilité de la place que chaque partie prenante locale pourra occuper dans le projet, en tant que bénéficiaire, acteur, expérimentateur, force de proposition, de rediffusion, ou de démultiplication… Pour nous aider à la réussite de ce riche programme, la participation de chaque acteur à travers un stand sur ses activités locales sera la bienvenue. 

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