Rôle de taille en 1746
Transcription
Rôle de taille en 1746
EXPOSITION PRESENTEE PAR LA S.H.A.G.E. AU CHÂTEAU DE LA FRESNAYE – COMBS-LA-VILLE DU 10 SEPTEMBRE AU 5 OCTOBRE 2014 1 Introduction Qui étaient nos aïeux, comment vivaient-ils, quels métiers exerçaient-ils, quels étaient les grands traits de leur vie quotidienne et comment ont-ils évolué au cours du temps ? L’exposition tente de répondre à ces diverses questions pour la période allant du XVIIe au XXe siècle, plus exactement de 1600 à 1950 environ, période correspondant à l’existence de nombreuses archives. Elle se propose de suivre nos ancêtres tout au long de leur vie en retraçant les principaux évènements qui la jalonnent, la naissance, l’enfance, l’enseignement, le mariage, les divers aspects de la vie quotidienne, souvent rythmée par les saisons en respect des calendriers liturgiques, et le décès. Comment était constitué leur habitat ? De quel mobilier disposaient-ils ? De quoi se nourrissaient-ils ? Comment s’habillaient-ils selon les modes et les lieux ? Quelles étaient leurs distractions ? Comment les questions d’hygiène et leur évolution avec le temps ont entraîné le recul progressif des épidémies, grâce aux progrès de la médecine. Nos aïeux ont aussi migré entre régions et pays en fonction des guerres, des grands travaux et des révolutions industrielles. Les échanges économiques étaient rythmés par les foires et marchés ou le passage des colporteurs et des petits métiers ambulants, au gré des moyens de transport, des monnaies ainsi que des diverses unités de mesures utilisées. Une lourde fiscalité pesait déjà sur les campagnes. Comment était assurée la protection de nos ancêtres ? Quel rôle était attribuée à la maréchaussée devenue gendarmerie, à la police et aux diverses instances ayant pouvoir de justice ? Comment ont évolué la conscription et le service militaire pour les jeunes garçons ? L’étude de l’évolution de l’état-civil et des divers registres (registres paroissiaux et d’étatcivil) et documents (recensements, listes électorales) nous permet de reconstituer l’histoire de nos aïeux, l’origine et la formation des noms patronymes que nous portons encore aujourd’hui, le choix des prénoms, l’alphabétisation progressive. Le résultat de ces recherches débouche souvent sur la réalisation d’un arbre généalogique. La présentation finale de l’évolution de la démographie à Combs-la-Ville entre 1650 et 1903 est une illustration de l’utilisation de toutes ces sources d’information pour mieux connaître l’histoire de nos aïeux. 2 Les institutions de l’Ancien Régime Le pouvoir central est constitué autour du roi par des conseils, des ministres et la cour. Les conseils comprennent au moins : - Le conseil étroit (conseil secret ou conseil des affaires), devenu Conseil d’En Haut (ou Conseil d’Etat) en 1643, comprend 4 à 7 ministres d’état désignés oralement par le roi. - Le conseil royal des finances (ou conseil de la grande direction) ordonnance les ressources et les dépenses. Il comprend une dizaine de hauts fonctionnaires. - Le conseil des dépêches assure l’administration du royaume. Il comprend le chancelier, les ministres et les secrétaires d’état autour du roi (ou du dauphin en son absence). - Le conseil privé (ou conseil des parties) est l’organe judiciaire suprême. Il met en forme édits et ordonnances et joue le rôle du tribunal de cassation. Les ministres comprennent principalement : - le chancelier, maître de la justice, des universités et de la librairie, prépare les édits et ordonnances et y appose le sceau. Il est normalement inamovible. - Le contrôleur général des finances (ex-surintendant) dirige l’administration financière et la vie économique. - Les secrétaires d’état administrent 1/4 du royaume, puis ont des attributions plus précises. La Cour comprend la maison civile, la maison militaire et la maison de la reine : - la maison civile comporte 22 départements répartis en 7 services : le clergé, la bouche du roi, la chambre du roi, les cérémonies, l’écurie, la vénerie et les logements. - La maison militaire comprend 9 corps d’élite, soit environ 10000 hommes. - La maison de la reine comprend environ 450 personnes sous la direction d’une surintendante. L’administration provinciale comporte 4 pays d’état, ayant des assemblées représentatives chargées de consentir et de répartir l’impôt (Bourgogne, Bretagne, Languedoc et Provence), et des pays d’élection où les impôts sont répartis et levés par des officiers royaux détenteurs de leurs charges (en 1789, il y a 179 élections regroupées en 21 généralités correspondant à des recettes générales). Les premiers représentants du pouvoir royal ont été les baillis ou les sénéchaux. Puis au XVIe siècle, le roi confie l’administration des provinces à des gouverneurs qui deviennent des intendants au pouvoir étendu : surveillance des tribunaux, maintien de l’ordre, ravitaillement de la population et des troupes, répartition des impôts, construction des routes, lutte contre la maladie, impulsion économique. En 1776, il y a 18 gouvernements de 1ère classe (princes de sang et maréchaux), 21 de 2ème classe (lieutenants généraux) et 114 de moindre importance (petites circonscriptions). Sous le Consulat, les préfets 3 remplacent les intendants et apparaît la séparation des pouvoirs. Les Assemblées provinciales, créées dans les pays d’état, sont étendues aux pays d’élection en 1787. Elles comprennent de 28 à 50 membres et le président est choisi par le roi. Dans les communes, un conseil de ville désigne un corps de ville (capitouls, consuls, jurats ou échevins selon les provinces) et un maire. En 1692, les charges municipales sont mises en vente en offices. Le domaine royal est géré par des administrateurs généraux du domaine. 26 bureaux des finances s’occupent de tout contentieux relatif au domaine ainsi que de l’enregistrement de la taille. Les impôts directs sont levés directement par les contribuables à tour de rôle, c’est la collecte. Les collecteurs sont responsables sur leurs deniers de la bonne rentrée des impôts. L’argent levé par quarts provisionnels est porté aux receveurs. La Ferme générale fait rentrer les impôts indirects. Le bail est passé au nom d’un adjudicataire général derrière lequel agit une compagnie de 87 fermiers généraux qui versent un cautionnement sur lequel il touche un intérêt. Cette Ferme générale emploie des commis et des gabelous qui traquent les contrebandiers avec droit de perquisition. aux monnaies. Les chambres des comptes enregistrent les déclarations concernant le domaine, les concessions de foires et marchés, … et contrôlent la comptabilité. La cour des monnaies juge en appel au civil et au criminel les faits relatifs En 1790, les diverses provinces sont regroupées en 83 départements. La plupart de ces institutions de l’Ancien Régime ont été modernisées par le Premier Consul et les préfets sont les héritiers des intendants, les trésoriers payeurs généraux ceux des receveurs généraux des finances, le Conseil d’Etat et la Cour de Cassation ceux du Conseil des parties et du Grand Conseil. Des différences fondamentales résultent cependant de la séparation des pouvoirs et de la rationalisation des structures de l’Etat. 4 Les noms De tout temps, les individus ont été désignés par un vocable pour les différencier des autres. Les Celtes ne portaient qu’un nom unique, les Romains trois ou quatre, les Francs un seul. Les Gaulois ont seulement un nom individuel, ayant souvent un sens guerrier : Vercingétorix est ainsi le roi des super-guerriers. Les noms latins sont composés de trois désignations : un prénom (praenomen), un nom correspondant à la lignée (gentilice) et un surnom (cognomen) devenu nom de famille. Certains rajoutent un sobriquet (agnomen) évoquant un évènement marquant de leur vie. Le christianisme va donner un nom de baptême unique (surnom en langue franque). Comme il y a trop d’homonymes, on rajoute un surnom : Charles le Chauve, Louis le Gros. Au XVe siècle ces surnoms deviennent des noms de famille et se transmettent héréditairement. L’état-civil septembre naissances, exprimés dans l’acte de naissance font foi. Le l’orthographe des noms. laïque est créé par un décret du 20 1792 avec l’enregistrement en mairie des mariages et décès. Les noms et prénoms livret de famille, créé en mars 1877, fixe Les lois Badinter permettent à la femme mariée de choisir de conserver son nom de jeune fille, d’adopter celui de son mari ou d’accoler les deux noms, le double nom n’étant cependant pas héréditaire. Les patronymes peuvent se regrouper en diverses catégories : - les noms correspondant à des noms de baptêmes (environ 60%) ; - les noms désignant le lieu d’origine ou sa localisation : Lenormand, Lorrain, Dupont ; - les noms traduisant le métier : Boucher, Lemarchand, Meunier, Boulanger ; - les noms reflétant une caractéristique physique ou initial (Legrand, Petit) et souvent un sobriquet (Leborgne) ; - Les noms d’animaux, représentés pour vivre à proximité de l’homme (Lechat). L’orthographe des noms, longtemps phonétique, a fluctuée selon les langues et les régions. Le breton, le basque, l’occitan, le lorrain, l’alsacien et d’autres patois ou parlers locaux amènent des variantes multiples à un même surnom et impriment leurs caractéristiques aux noms de famille. 5 morale de l’ancêtre Les prénoms Les prénoms sont en général le reflet de l’époque. À l’époque romaine, le prénom est donné au nouveau-né une dizaine de jours après la naissance et traduit alors souvent une qualité souhaitée (Lætitia "joie", Félix "heureux"…). Mais lorsque les parents manquent d’imagination, ils n’éprouvent aucun scrupule à numéroter leurs enfants : Primus, Secundus, Tertius... Quelques prénoms de ce type ont d’ailleurs survécu jusqu’à nous : Quentin (qui signifie "le cinquième"), Sixte ("le sixième"), Octave ("le huitième"). Le concile de Trente décide en 1560 que chaque nouveauné doit porter pour prénom celui d’un saint, censé servir de modèle ou de protecteur, obligation qui va rester vraie jusqu’en 1987, la courte parenthèse révolutionnaire exceptée. Sous l’Ancien Régime, le prénom est un symbole de continuité et de protection. Il se répète de génération en génération. Ainsi, le prénom reçu par l’aîné est souvent celui du père ou de la mère. Les autres enfants reçoivent les prénoms des grands-parents, des parrains et des marraines. Le prénom d’un enfant décédé est fréquemment retransmis à un nouveau-né. Les deux tiers de la population d’un village se partagent souvent cinq à six prénoms seulement. A partir du XVIIe siècle, les familles citadines commencent à attribuer un second prénom à l’enfant, pratique qui se généralise à compter de 1840 où un troisième prénom vient parfois s’ajouter. Le prénom usuel peut être n’importe lequel des deux ou trois selon les époques, les régions ou les familles. Il est alors souvent dans de nombreuses régions le dernier prénom. Au XXe siècle la mode devient la référence. En 1987, la loi permet de donner des prénoms consacrés par l’usage, puis la loi du 8 janvier 1993 lève toute contrainte avec pour seules restrictions de ne pas choisir le patronyme d’une personne connue et ne pas choisir de prénoms « contraires à l’intérêt de l’enfant ». Fréquence des principaux prénoms féminins par période décennale Période 1720-1729 1730-1739 1740-1749 1750-1759 1760-1769 1770-1779 1780-1789 Marie 25,3 % 25 % 24,9 % 23,6 % 23 % 20,8 % 20,7 % Françoise 16,1 % 14,8 % 15 % 13,6 % 12,5 % 11 % 10,9 % 6 Jeanne 9,9 % 10,9 % 9,4 % 11 % 9,7 % 9,1 % 8,2 % Anne 6,8 % 7% 6,1 % 6,3 % 5,6 % 4,9 % 4,8 % Les langues La partition culturelle de la France rurale tenait à la frontière linguistique entre pays d’oil au nord (nord de la ligne Bordeaux-Bourges-Grenoble), où les dialectes sont d’origine germanique, et pays d’oc au sud, où ils sont d’origine romane, avec quelques langues particulières à la périphérie telles l’alsacien, le catalan ou le breton. Ces frontières linguistiques sont aussi culturelles (pays d’araires ou de charrues, traction avec des bovins ou avec des chevaux, battage en plein air ou battage en grange, moulins à roue horizontale au sud et à roue verticale au nord, …). Sous l’Ancien Régime, le latin est réservé aux élites et à quelques curés de campagne. Le français est souvent parlé par les notables des villages et donne accès à la culture écrite. Le dialecte régional est utilisé par le plus grand nombre. L’ordonnance de 1539 a officialisé l’usage du français dans la pratique notariale, mais un grand nombre de curés continuent à rédiger leurs actes en latin. Dans un monde paysan faiblement alphabétisé, l’accès à la lecture s’opère soit par le clergé et la littérature fondée principalement sur la vie des saints, soit par les colporteurs distribuant dans les auberges des brochures à faible coût et de la littérature d’évasion. A la Révolution, le député Barère veut instaurer la nomination d’un professeur 100% de français dans toutes les 90% 80% français communes ; l’abbé Grégoire 70% propose que le français 60% devienne obligatoire dans 50% occitan mélangé tous les actes des 40% de français 30% municipalités et que les 20% futurs époux soient soumis 10% occitan à l’obligation de prouver 0% qu’ils savent lire, écrire et parler la langue nationale avant de se marier. Le consulat promulgue en 1803 l’arrêté obligeant à la rédaction de tous les actes publics et privés en français. 16 80 16 50 16 20 15 90 15 60 15 30 15 00 Langues de rédaction des compois (Tarn) La langue française reste longtemps la langue des villes. C’est la loi Ferry (1881) instituant l’école obligatoire laïque et gratuite qui va finir par imposer le français. Le service militaire et 7 la guerre seront aussi des facteurs importants de diffusion de la langue. L’unité linguistique n’a été à peu près réalisée qu’au milieu du XXe siècle. L’écriture L’écriture exige une pratique de la langue, une connaissance des lettres, une maîtrise de la position du corps et de la main et des outils appropriés (papier, encre, plume). Dès le Moyen Âge on distinguait l’écriture commune, l’onciale, les demi-onciales, la précaroline, la caroline, la curtive, la gothique, l’humanistique. L’Encyclopédie de Diderot définit trois systèmes de lettres, rondes, bâtardes et coulées. Ces divers types d’écriture, l’absence de ponctuation, d’accentuation et d’orthographe entraînant souvent une écriture phonétique, rendent difficile la lecture des manuscrits anciens. Les façons d'écrire ont évolué dans le temps. On peut noter plusieurs périodes : 1150-1470 : peu de textes, écritures proches du gothique. 1470-1580 : nombreuses formes d'écritures, nombreuses abréviations, très difficiles à lire. 1580-1640 : écritures difficiles à lire. 1640-1680 : l'écriture devient courante. 1680-1740 : le papier et la plume se perfectionnent, l'écriture devient de plus en plus lisible. 1740-1790 : l'écriture se perfectionne encore. 1790-1810 : la lecture se complique, les postes administratifs étant occupés par des personnes peu habituées à l'écriture. 1810-1850 : l'écriture se restructure. 1850-1930 : les matériaux d'écriture sont de bonne qualité, l'écriture est enseignée à l'école. 1930-2010 : écriture actuelle. années 1990 : écriture non manuscrite (e-mails et SMS). Le code Louis de 1667 impose aux époux et aux témoins ou aux parrains et marraines de signer les divers actes. Longtemps, les villageois remplace leur signature par un signe, une marque (une clé pour un serrurier)., une croix (symbole religieux s’apparentant au serment) ou un gribouillage que le notaire certifiera et que le curé acceptera avec bienveillance. Ainsi en parcourant les actes paroissiaux, on peut distinguer : - ceux qui ne signent pas ou tracent une croix : ils ne savent ni lire ni écrire ; - ceux qui signent avec leur nom à peine compréhensible : ils recopient les signes ; - ceux qui signent avec une écriture souple : ils ont eu un apprentissage de l’écriture ; - ceux dont la signature est rapide et pleine d’assurance : ils ont une position sociale. 8 Les études montrent que 33% des hommes et 16% des femmes signent au bas des actes à la fin du XVIIe siècle. Ces taux passent respectivement à 54 % et 34 % en 1820. L’alphabétisation est plus homogène au nord qu’au sud. Le milieu social joue un rôle important. Les calendriers Les premiers calendriers ont été lunaires : les mois commencent à la nouvelle lune et le calendrier dérive par rapport aux saisons. Le calendrier musulman, instauré en 634, comprend 12 mois d'alternativement 30 ou 29 jours. Les années ont des cycles de 30 ans avec 11 années de 355 jours et 19 années de 354 jours. Le dernier mois est celui de l'Aïd el Kébir. Au Ve siècle avant notre ère, les mésopotamiens ont bâti des calendriers luni-solaires : les mois commencent à la nouvelle lune et on ajoute “à certains moments” un mois pour que le calendrier ne dérive pas par rapport aux saisons. Le calendrier hébreu est composé d’années solaires voisines de l’année tropique, de mois lunaires et de semaines de 7 jours commençant le dimanche et se terminant le samedi, jour du Chabbat. Les calendriers solaires ont cependant peu à peu pris le pas en permettant de mieux planifier l’agriculture : la durée de l’année est liée aux saisons et les mois ne tiennent pas compte de la lune. Les calendriers Julien, Grégorien et révolutionnaire sont solaires. Le calendrier Julien, instauré en 46 avant J.C. par Jules César, est réglé sur le cycle du soleil. Il comprend 365 jours et compte un jour de plus chaque quatrième année. En l’an 325 l'Eglise introduit les semaines dans le calendrier, puis vers 525 décide qu'une année bissextile serait une année dont le millésime est un multiple de 4. Le calendrier Julien continue d’être utilisé par l’Église orthodoxe. Il a un retard actuel de 13 jours sur le calendrier grégorien. Le calendrier grégorien, dû au pape Grégoire XIII, rétablit la coïncidence avec le début des saisons et prévoit que seules les années dont le millésime est divisible par 400 restent bissextiles. Cette réforme amena à considérer que le lendemain du jeudi 4 octobre fut le vendredi 15 octobre 1582. Et Sainte Thérèse d'Avilla est ainsi décédée dans la nuit du 4 au 15 octobre 1582 ! Le calendrier grégorien est en usage dans la plupart des pays du monde entier. Le calendrier républicain, créé par la Convention (décret du 14 vendémiaire an II, ou 5 octobre 1793) est mis en service rétroactivement à partir du 22 septembre 1792. L'année commence avec l'équinoxe d'automne. Les mois ont tous 30 jours. Les cinq ou six jours complémentaires sont nommés sanculottides. Ce calendrier, proposé par Fabre d’Eglantine, poète à qui l’on doit le célèbre «il pleut, il pleut, bergère …» (1780), dure officiellement jusqu'au 31 décembre 1805. Il est supprimé par Napoléon par décret du 15 fructidor An XIII (2 septembre 1805), mais repris par la Commune de Paris du 6 au 23 mai 1871. Les mois sont : 1 Vendémiaire Mois des vendanges 2 Brumaire Mois des brumes 3 Frimaire Mois des frimas 7 8 9 9 Germinal Floréal Prairial Mois de germination Mois des fleurs Mois des prairies 4 Nivôse 5 Pluviôse 6 Ventôse Mois des neiges Mois des pluies Mois des vents 10 11 12 Messidor Mois des moissons Thermidor Mois des chaleurs Fructidor Mois des fruits Le Calendrier liturgique traditionnel des campagnes, établi par François Lebrun et adopté par l’Eglise, est cadencé par les activités agricoles saisonnières et les fêtes. L’année débute avec l’Avent, période marquée par des veillées collectives et l’abstinence. De l’Epiphanie au mercredi des Cendres, janvier et février constituent des mois profanes où les mariages sont permis. Du dimanche des Rameaux au dimanche de Pâques, c’est une semaine de pénitence. Puis les jours s’allongent et les semailles de printemps ouvrent l’année agricole. La semaine de l’Ascension est un moment de processions. La Saint-Jean correspond à l’entrée dans une période consacrée aux récoltes, moissons et vendanges. Puis après une courte accalmie, labours et semailles occupent de nouveau les hommes. Début novembre, l’activité perd de son intensité et peut laisser place à de nouveaux mariages. 10 Naissance – Accouchement - Baptême Sous l’ancien régime, l’âge du mariage est assez tardif, 25-26 ans pour les filles, 27-28 ans pour les garçons. La femme cesse d’être féconde aux alentours de 40 ans. Le premier enfant nait entre un an et 18 mois après le mariage puis tous les 24 ou 30 mois environ. En moyenne 7 ou 8 enfants naissent. Seuls 3 ou 4 atteindront l’age adulte. A partir du XVIIIe siècle un certain contrôle des naissances apparaît, d’abord dans les milieux de l’aristocratie et la bourgeoisie, puis dans les milieux urbains. La diminution des naissances s’étend ensuite progressivement dans les campagnes. Le nombre d’enfants par famille passe de 6 environ vers 1750, à 4 sous le Premier Empire, à 3 vers 1892 et à 2,5 vers 1911. Mais les naissances illégitimes et les abandons augmentent. Sous l’ancien régime l’accouchement est attendu avec fatalisme et se fait dans la douleur acceptée. Il comporte des risques tant pour l’enfant que pour la mère. Moment périlleux, il est l’objet d’attentions particulières. La femme accouche toujours chez elle, en position assise, entourée de la sage-femme et de ses parentes et voisines. Il faudra attendre le XVIIIe siècle pour qu’il soit conseillé d’accoucher allongée. L’hygiène est inexistante. Les accidents sont fréquents et provoquent des hécatombes chez la mère et chez l’enfant. Grâce à sa connaissance des herbes, la sage-femme confectionne des pansements rien moins que stériles auxquels s’ajoutent prières et magie populaire. On fait chauffer de l’eau. L’enfant naît. Le cordon est coupé et mis en contact avec la tête de l’enfant pour lui assurer une longue vie. La profession de sage-femme, aussi appelée matrone, est une des plus ancienne. Exercée de façon majoritaire par des femmes n’ayant aucune connaissance théorique ni en matière d’hygiène, elle perdure pendant tout le Moyen Âge et l’époque moderne. Elle exerce également un rôle social et religieux. Elle est élue par une assemblée de femmes de la paroisse et doit être acceptée par le curé qui lui fait prêter serment et lui inculque les règles en matière de baptême puisqu’elle a la charge d’ondoyer l’enfant s’il apparaît en danger de mort. Elle peut également exercer le rôle de marraine. Mme Ducoudray, une sage-femme née en 1717, va faire évoluer la profession en donnant des cours alliant modernité et pédagogie. Désirant rendre les 11 choses palpables, elle conçoit une machine, en réalité un mannequin grandeur nature, représentant la partie inférieure du corps d’une femme, une poupée de la taille d’un nouveau né et différents accessoires montrant l’anatomie de la femme, un fœtus à sept mois et des jumeaux. Ayant obtenu un brevet royal de Louis XV, elle entreprend pendant 25 ans le tour de France pour former des accoucheuses. La césarienne, intervention souvent pratiquée de nos jours, existe depuis fort longtemps et sa première description date de 1851. En raison de deux principales complications, l’hémorragie et l’infection, la mortalité est très élevée. A partir de 1878, des mesures d’hygiène sont appliquées : désinfection des mains et nettoiement des plaies. L’asepsie puis l’arrivée des antibiotiques, de la pénicilline, les progrès de l’anesthésie et de la réanimation et la transfusion sanguine garantissent une césarienne sans risque. L’obstétrique a commencé à faire l’objet d’une science au XVIe siècle. Jeune médecin à l’Hôtel-Dieu, François Maurisseau publie en 1668 un traité sur les maladies des « femmes grosses et accouchées » dont l’influence à travers l’Europe contribue à faire de l’obstétrique une spécialité à part entière. Il est le premier accoucheur de la maternité de Paris Le premier forceps permettant d’obtenir en cours d’accouchement l’extraction d’un enfant vivant est attesté dès 1634 et aurait été inventé en Angleterre par une famille d’origine française, les Chamberlen. Plusieurs améliorations lui ont été apportées au fil du temps. Progressivement les sages-femmes sont remplacées par l’obstétrique mais l’idée s’est ensuite imposée qu’une naissance sans complication ne réclame pas d’intervention médicale. Le baptême est le premier des sacrements « pour la remise des péchés ». Cette question de la rémission des péchés, appliquée à des êtres non capables de péchés personnels, aboutit vers 412 à la doctrine de péché originel. Le baptême deviendra l’usage à partir du Moyen Âge. Jusqu'à la fin du XVIIIe siècle, il avait lieu dans les heures suivant la naissance. Un parrain et une marraine sont choisis. Ils doivent être baptisés et leur fonction est d’être témoins de ce sacrement et d’assurer à l’enfant une vie chrétienne. Un cortège quitte le logis et est accueilli par le prêtre qui interroge sur le prénom, puis l’assemblée pénètre dans l’église ; le prêtre procède à la cérémonie et les cloches sonnent pour annoncer l’arrivée d’un nouveau membre dans la communauté. L’ondoiement est un baptême réduit à son rite essentiel, celui de l’eau. Il est célébré dans l’urgence. En effet, en cas de décès, les enfants ne pouvaient accéder au paradis, n’ayant pas été lavés du péché originel, ni aller en enfer, n’ayant rien fait de mal. C’est généralement la sage-femme qui procède à ce sacrement avec un peu d’eau. 12 L’avortement n’est pas une pratique nouvelle mais un problème de tous les temps. On ne connaît pas l’efficacité des plantes abortives utilisées, mais, administrées par des faiseuses d’anges, elles pouvaient devenir un poison violent capable de supprimer non seulement le fœtus mais aussi la mère. En 1556, devant le nombre toujours croissant d’infanticides et d’abandons d’enfants, le roi Henri II signe un édit mettant en demeure les filles célibataires de déclarer leur état de grossesse. Les enfants Si l'enfant a toujours été aimé, les manifestations de l'amour maternel étaient rares, tant en raison des risques de mortalité en très bas âge que des préceptes de l'Eglise qui dénonçaient "la tendresse et la molle éducation que les femmes ont tendance à donner à leurs enfants". Dans les familles rurales, l'enfant vit avec les adultes dans une pièce unique. Au XVIIIe siècle, les idées évoluent, surtout dans les milieux bourgeois et aisés, sous l'influence des moralistes tel Jean-Jacques Rousseau. Les conditions d'hygiène s'améliorent et l'enfant devient un être à part entière. L'enfant du XIXe siècle est l'objet d'attentions nouvelles. Sa place dans la famille se transforme et elle change aussi dans la société: il devient "un client" mais il est aussi une main d'oeuvre soumise et bon marché. Pendant des siècles, dans les familles modestes, le nourrisson a le plus souvent dormi avec sa mère qui lui transmettait sa chaleur lors des nuits d'hiver et l'allaitait ainsi plus facilement. Le berceau est souvent taillé dans un bois "qui sent bon", le sapin par exemple. Il peut aussi être en osier ou plus élaboré et sculpté avec soin. Certains berceaux sont munis d'anses permettant la suspension à une poutre pour placer le bébé hors d'atteinte d'un animal. Il est petit et très étroit puisqu'il est prévu pour un enfant emmailloté qui ne peut pas bouger. Pour sortir de la maison, l'enfant est porté dans les bras ou sur le dos de sa mère qui le dépose près d'elle pour effectuer ses tâches. Venus d'Angleterre, les landaus sont apparus en France à la fin du XIXe siècle seulement dans les familles les plus fortunées et citadines. Tout en maintenant droites les jambes du bébé, le maillot protège du froid. La superposition des bandelettes rend le change difficile, mais la crasse protège, dit-on. On libère l'enfant progressivement lorsqu'il arrive en âge de trottiner. Dans certaines régions, on pratique encore l'emmaillotement au début du XXe siècle. 13 En matière de vêtements, les différences sociales sont nettement marquées. Dans les campagnes, les enfants sont tous en robe, la première culotte n’est portée que vers 7 ans. Les habits sont taillés dans des morceaux de tissus de récupération à partir des vêtements des adultes. Dans les milieux urbains aisés, des magasins spécialisés apparaissent et la mode enfantine s'inspire directement de la mode des adultes. Pour une paysanne, jusqu'au XIXe siècle, ne pas allaiter son enfant aurait été un déshonneur. L'allaitement se fait à la demande et dure souvent jusqu'à un ou deux ans, complété très tôt par des bouillies. Si le lait de la mère venait à manquer, il était fréquent de prendre une chèvre, avec un allaitement direct au pis de l'animal pour éviter le danger que représentent les biberons de toutes formes et de toutes matières. En 1905, avec la stérilisation, les enfants nourris au biberon commenceront à survivre autant que ceux nourris au sein. L'allaitement par une nourrice est une pratique très ancienne ; d'abord réservée aux familles aisées, elle est étendue à toutes les couches de la population surtout urbaine. Parents et nourrices sont mis en rapport par les "Grands Bureaux" gérés par des recommanderesses. Les nourrices s'y présentent, souvent accompagnées de leur propre bébé et munies d'un certificat du curé de leur paroisse attestant de leurs bonnes moeurs. Les femmes qui le peuvent font venir à domicile des nourrices de province. Parmi ces paysannes, on sélectionne celle qui paraît "la plus saine et d'un bon tempérament, avoir bonne couleur et la chair blanche, ni grasse ni maigre, elle doit être gaie, gaillarde, éveillée, jolie, sobre, douce et sans aucune violente passion". La nourrice retenue voit son propre enfant reconduit par un meneur dans son village et confié à une parente. Elle occupe alors une place privilégiée parmi la domesticité, elle est logée près de l'enfant, très bien nourrie pour assurer la qualité de son lait. Elle est vêtue d'une jupe, corsage, tablier blanc, cape et bonnet blanc. Cet uniforme représente un signe extérieur de richesse des employeurs et est conservé par la nourrice à son départ. L'abandon d'enfant est un phénomène très ancien. Le tour, sorte de boîte rotative où le nourrisson est déposé puis récupéré de l'autre côté du mur par une soeur tourière, a été imaginé pour lutter contre les abandons à tous vents devant les porches d'église. En 1640, Saint Vincent de Paul fonde à Paris l'hôpital des Enfants Trouvés. Pendant des siècles, la plupart des enfants ont travaillé dès leur plus jeune âge. A la campagne, ils étaient employés aux travaux des champs et 14 à la garde des troupeaux. A la ville, ils aidaient leurs parents ou étaient placés comme ouvriers dans des fermes ou chez des patrons. 1813: interdiction aux enfants de moins de 10 ans de descendre dans les mines 1841: âge limite d'admission dans les entreprises de plus de 20 salariés est fixé à 8 ans ; durée du travail limitée à 8 heures de 8 à 11 ans et à 12 heures de 12 à 16 ans. 1874: interdiction du travail de nuit pour les garçons de moins de 16 ans et les filles de moins de 21. 1892: durée maximale du travail fixée à 11 heures pour les moins de 18 ans. L’enseignement Au XIIe siècle, l'apparition des universités constitue un progrès dans l'instruction. Elles sont structurées en quatre facultés dont l'enseignement commence par celui des collèges de la faculté des arts qui continuent d'enseigner le quadrivium et le trivium, et se poursuit dans l'une des trois autres facultés, théologie, médecine ou droit. Toutes les autres professions ont un système d'éducation particulier. Le développement de l'imprimerie, l'humanisme et ses visées pédagogiques, le protestantisme naissant et sa volonté que chacun puisse lire seul la Bible, ont permis au XVIe siècle de voir se développer les premières tentatives d'organisation d'une école pour le peuple. Le clergé commence à ouvrir des écoles gratuites pour les pauvres en 1550. En 1560, une ordonnance royale impose à chaque église, cathédrale ou collégiale d'utiliser une part de ses revenus pour rémunérer un maître à former gratuitement les enfants des villes. Richelieu est l'un des premiers à souhaiter que l'Etat intervienne dans l'apprentissage des connaissances mais l'éducation des masses n'est pas à son programme. Il existe alors deux types d'écoles destinées à donner une instruction basique aux enfants (lire, écrire, compter) : les petites écoles crées à l'initiative de l'assemblée des habitants et les écoles de charité tenues par des congrégations. Ces petites écoles sont présentes surtout dans les villes et dans certaines régions et sont généralement réservées aux garçons. Le financement vient uniquement des familles, ce qui ne favorise pas un enseignement suivi. Dans les campagnes l'école fonctionne seulement pendant la mauvaise saison, soit environ cinq mois. La scolarisation n'est pas un objectif prioritaire pour les familles car elle génère un manque à gagner. Le XVIIIe siècle, siècle des Lumières, est aussi celui du débat sur l'utilité de l'école. L'Eglise est pour donner aux enfants du peuple une éducation primaire, les philosophes et les élites non. Voltaire écrit qu'il "souhaite voir proscrire l'étude chez les laboureurs souhaitant avoir des manoeuvres et non des clercs tonsurés." 15 Bien que l'éducation n'apparaisse pas comme une question prioritaire, la Révolution développe le système des grandes écoles (Polytechnique créée en 1794). Sous le Consulat, sont fondés les premiers lycées. Sous l'Empire, Bonaparte s'intéresse aux élites, créant l'Université impériale. Les écoles primaires sont confiées aux communes qui s'en soucient bien peu. Au cours du XIXe siècle, les gouvernements successifs s'efforcent d'améliorer l'enseignement primaire. L'ordonnance de février 1816 oblige les communes à "pourvoir à ce que les enfants qui l'habitent reçoivent l'instruction primaire, gratuite pour les enfants indigents". La loi Guizot (1833) impose aux communes de plus de 500 habitants d'avoir une école de garçons. La Loi Falloux (1850) fixe le principe d'une école de garçons dans toutes les communes et d'une école de filles pour « celles qui en ont les moyens ». Elle officialise la dualité des systèmes d'enseignement ; à côté d'un enseignement public financé par l'État peut se développer un enseignement "libre" essentiellement formé d'écoles catholiques. De plus, elle confère à l'Église catholique, un droit de contrôle important sur l'organisation, les programmes et la nomination des maîtres de l'enseignement public. Au programme : apprentissage de la lecture, de l'écriture, des rudiments de calcul et une éducation morale. En 1867, Victor Duruy publie un projet de cours d'enseignement secondaire à destination des jeunes filles. En 1879, 76% des garçons sont scolarisés dans le public pour 36% des filles. La loi Ferry de 1882 instaure l'enseignement obligatoire et gratuit pour les enfants des deux sexes de six à treize ans. La construction d'écoles est obligatoire dans tous les hameaux et le mobilier s'adapte. Les matières enseignées sont la lecture, l'écriture avec pleins et déliés, l'orthographe, le calcul (avant tout utilitaire), auxquelles viennent s'ajouter la géographie, l'histoire, l'instruction civique ainsi que des travaux manuels, couture pour les filles, travail du bois pour les garçons. Cette scolarité est brève mais efficace : le nombre de conscrits illettrés qui était de 55% en 1830 est en 1910 de 5%, un chiffre record. L'école devient alors un ascenseur social pour tous les enfants d'ouvriers et d'agriculteurs qui accèdent à l'éducation. Dès 1833, Guizot préconise la mise en place d'une école normale d'instituteurs dans chaque département. La loi Paul Bert de 1879 le décide pour les instituteurs et les institutrices. Ce sont souvent les très bons élèves du "certif" qui deviennent normaliens. Recrutés vers quinze ou seize ans, par un concours très sélectif, ils vivent en internat un quotidien austère, presque monacal. D'abord fixée à deux ans, la durée des études passe rapidement à trois ans, chaque année étant marquée par l'obtention d'une des trois parties du brevet supérieur. A la fin de leurs études, munis de leur "Brevet de capacité pour l'enseignement primaire", les nouveaux maîtres et maîtresses vont devoir faire face à leur 16 première classe où les enfants sont nombreux ou de tous les niveaux. Au début du XXe siècle, l'enseignant jouit d'un prestige auprès de la population. On le respecte pour son savoir et son assurance. Dès la fin du XVIIIe siècle, les salles d'asile sont les prémices de ce qui deviendra l'école maternelle. En 1887, l'école normale d'institutrice forme des institutrices pour l'école maternelle. Un décret définit l'organisation et le fonctionnement de ces écoles. En 1921, l'accent est porté sur l'ambition éducative de l'école maternelle qui doit primer sur l'instruction. Seule la langue française est admise dans les écoles. Le Certificat d'Études Primaires Il est mis en place en 1866 sous l'impulsion de Victor Duruy. La loi Ferry du 28 mars 1882 précise : "il est institué un certificat d'études primaires ; il est décerné après un examen public auquel pourront se présenter les enfants dès l'âge de onze ans. Ceux qui auront obtenu ce certificat seront dispensés du temps de scolarité obligatoire qui leur restait à passer". Pour la majorité des lauréats, il marque l'entrée dans la vie active. Prévu pour qu'une majorité d'élèves arrêtant leurs études obtienne ce diplôme, le "certif" se révèle un examen réservé à une élite. La barre fatidique éliminatoire de cinq fautes en dictée en est une cause ainsi que la sélection organisée par les instituteurs, mettant un point d'honneur à ne présenter que les élèves ayant une forte chance de réussir. L'examen est obtenu si le candidat obtient la moyenne aux épreuves écrites (dictée, calcul, rédaction) et la moyenne à l'ensemble des épreuves. Un zéro est éliminatoire. L'écriture est évaluée sur le texte de la dictée. En 1989, le certificat d'études primaires est supprimé. Le Baccalauréat Il est créé au Moyen Âge avec l'apparition de l'Université de Paris et sanctionne plusieurs années d'enseignement spécialisé en droit, médecine et théologie. Sa version moderne est fondée par Napoléon 1er en 1808. Les candidats doivent avoir seize ans et les épreuves sont orales. La première cession de 1809 compte trente et un bacheliers. 17 L'examen initial porte sur les auteurs grecs et latins, la rhétorique et la philosophie. En 1820 s'y ajoutent des épreuves d'histoire et de géographie puis en 1821, des épreuves de mathématiques et de physique avec le premier baccalauréat en sciences. A partir de 1830, des épreuves écrites sont ajoutées en français, latin et philosophie. En 1902, l'examen devient le baccalauréat d'enseignement secondaire quelle que soit l'option choisie (philosophie ou mathématiques). Dès 1924, les femmes sont plus nombreuses que les hommes à présenter l'examen. Depuis, de très nombreuses réformes sont venues modifier cet examen. Le mariage Jusqu'au XVIe siècle, le mariage était normalement accompagné de rites religieux, non requis pour sa validité. Le concile de Trente (1563) a décrété que le mariage n'est valide que s'il est fait, après publication des bans, en présence du curé compétent et de deux témoins. C'est l'ordonnance de Blois, en 1579, qui institue l'obligation de tenir des registres de mariage. Aux XVIIe et XVIIIe siècles, les mariages sont généralement conclus entre personnes de même condition. Le choix de la date est fait en fonction des interdits de l'Eglise. Il faut aussi tenir compte des travaux collectifs, on ne se marie pas pendant les gros travaux d'été ou pendant les vendanges. Le mariage entre parents est prohibé jusqu’au 4ème degré de parenté à partir du concile de Latran en 1215. Le dossier de dispense comportait « la supplique des fiancés » avec un tableau de cousinage figurant les ascendants menant à l’ancêtre commun et une enquête menée à la paroisse. En principe, le Pape seul pouvait accorder la dispense mais, en cas de nécessité, les évêques pouvaient accorder toutes les dispenses au mariage des pauvres qui ne pouvaient faire les frais des dispenses demandées en Cour de Rome. Quand le père donne son accord, la « fréquentation » peut commencer. Le garçon demande la fille en mariage à son père. Si l'accord est conclu, ils trinqueront pour fêter l'évènement et les jeunes gens seront considérés comme fiancés. Les fiançailles durent de longs mois, parfois plusieurs années, jusqu’à ce que les futurs puissent s’établir. Il n’était pas nécessaire que les fiancés soient fortunés pour qu’un contrat de mariage soit établi. Le notaire se déplaçait chez les 18 parents de la future mariée pour rédiger le contrat. Ce document permet de protéger pendant le mariage les biens de chaque époux, d’organiser leur vie commune au plan économique, et de prévoir ce qui adviendra au décès de l'un d'eux. Les régimes matrimoniaux variaient selon les régions, régime dotal en pays de droit écrit, régime de la communauté en pays de droit coutumier. Durant des siècles, la jeune fille qui se marie doit apporter une dot. Elle est généralement composée du trousseau, de meubles (un coffre, remplacé plus tard par une armoire) et rarement de bijoux. Parfois, les parents de la fiancée lui versent une somme d’argent qui peut être payable en plusieurs versements. Dans les milieux ruraux modestes, la dot se limite au trousseau, un lit, quelques moutons, deux robes, que la future mariée doit parfois gagner elle-même en se plaçant chez un employeur. Plus la famille est riche, plus le trousseau de la jeune fille est important, il est préparé des années à l'avance. Le transport du trousseau était un rite qui s’effectuait la veille du mariage; on entassait tous les éléments composant le trousseau sur un chariot et on emmenait le tout dans la maison des futurs époux. Sous l’Ancien Régime, on se marie tard. Les femmes sont âgées de 24-25 ans en moyenne et les hommes de 26-28 ans. Avant la célébration d'un mariage, l'Eglise doit publier des bans trois dimanches consécutifs. La cérémonie se déroule dans l'église de la paroisse en présence des époux, du curé et des témoins qui signent le registre paroissial. Pendant la bénédiction nuptiale, deux parents du marié et de la mariée, tiennent un voile, le poêle, au dessus de la tête des époux. Le mariage civil est inscrit dans la Constitution du 3 septembre 1791. Dès lors que le mariage n’est plus un sacrement mais un simple contrat civil, le droit au divorce s’impose. Il est voté par l’assemblée l’année suivante. Pendant la première moitié du XIXe siècle se met en place une « parade nuptiale » codifiée où apparaissent les accessoires nuptiaux comme la couronne de fleurs d’oranger, le bouquet, la robe blanche. Le mariage bourgeois s’impose avec tant de vigueur tout au long du siècle qu’il finit par servir de modèle aux autres classes de la société. A la campagne, le mariage religieux s’accompagne de festivités. La mariée est en tête du cortège avec son père puis les couples d'honneur, les parents et amis. Le père et la mère du marié et enfin le marié avec sa belle mère ferment la marche. Le cortège est précédé d'un ou plusieurs musiciens jouant selon les régions, cornemuse, vielle, violon, biniou. Sous l'Ancien Régime, la mariée portait sa plus belle robe quelle que soit sa couleur, le rouge étant toutefois la couleur la plus usitée. Au XIXe siècle, la robe de couleur vive reculera 19 devant la robe noire puis la robe blanche, symbole de la pureté de la vierge, qui va se développer à Paris et dans les grandes villes mais tardera à s'imposer auprès des paysannes qui resteront fidèles à leur tenue traditionnelle. Le festin est à la mesure de la richesse des familles. Les repas sont longs et plantureux, la préférence étant donnée aux viandes dont les paysans usaient rarement. Les liquides doivent couler à discrétion. Les noces bretonnes sont réputées pour le nombre important des convives qu'elles accueillent. Les festivités durent généralement plusieurs jours. Le bal traditionnel réunit tous les jeunes de la parenté et du village et est parfois à l'origine de nouveaux mariages. En ville, les invités sont moins nombreux mais qu'il ait lieu chez les parents ou au restaurant, le repas de noce se doit d'être abondant et composé de mets inhabituels. Le décès Pour les villageois, la mort s’annonçait par des présages. Jusqu’au XIXe siècle, on agonisait en public. La mort était familière et chacun tenait à saluer celui qui partait. Les proches et les voisins aidaient le mourant. La veillée mortuaire était un moment essentiel pour accepter la mort et faire son deuil. Quand le sacrement de l’extrême-onction doit être donné, le curé est appelé avec un enfant de chœur au domicile du mourant. On prépare la chambre, une table avec une nappe blanche, le crucifix, un cierge allumé de chaque coté, une coupelle d’eau bénite, un petit rameau de buis. Un testament est dicté à un notaire ; le moribond évoque sa sépulture puis donne quelques instructions sur la pompe funèbre, les luminaires, cierges et prêtres, puis les demandes de messes, neuvaines, et ensuite les dons et legs. Autrefois, le mort était entouré dans un linceul cousu. Au XIXe siècle, on prend l’habitude de le revêtir de son plus bel habit (les petits enfants sont revêtus de blanc). Le village vient défiler dans la chambre mortuaire. Les messieurs, membres de la famille, marchent en tête du cortège pour se rendre à l’église, les autres hommes suivent, les femmes viennent ensuite, la plus proche parente du défunt d'abord, puis les autres membres de la famille. En ville, sous l’ancien régime, les funérailles étaient confiées à des « jurés crieurs de corps ». Sous la révolution le principe d’un monopole sera créé et restera en vigueur jusqu’au XXe siècle. En 1904, ce service sera laïcisé ; les pompes funèbres (référence au faste qui entoure la cérémonie des obsèques) proposent cinq classes 20 d’enterrement où les corbillards se dépouillent pour devenir de simples boites dites « boites à cirages ». Au Moyen Âge, les cimetières étaient gérés par les paroisses, les enterrements se faisaient couramment à l'intérieur ou autour des églises. Le Décret du 23 prairial an XII (12 juin 1804) proclame qu'aucune inhumation n’aura lieu à l’intérieur des églises. Les notables se font alors inhumer dans des chapelles funéraires familiales édifiées dans le cimetière à la périphérie du village. En 1900, le deuil de veuve se porte deux ans (un an de grand deuil, six mois en lainages de fantaisie et en soie, trois mois en noir et blanc, les trois derniers mois en gris, mauve, violet, lilas et prune, avant la reprise progressive des couleurs). L’habitat Pour leur construction, les paysans utilisent les ressources naturelles disponibles à proximité, la terre pour les murs ou les tuiles, la pierre, l’ardoise, le bois, la paille et autres végétaux pour les toits. La chaumière du journalier est faite de pierres et de torchis, avec une cheminée solide, de la pierre autour de la porte et de la fenêtre, une charpente en bois du pays couverte de roseaux ou de paille de seigle, de la brande ou de la fougère, avec quelques gros cailloux pour protéger la toiture du vent. En dessous une seule pièce trapue et allongée avec l’étable parfois dans une extrémité. Sous les pieds nus (on prend les sabots pour sortir), de la terre battue. Le « foyer », cœur de la maison, est garni d’une crémaillère. On s’y chauffe et on y fait la cuisine. Dans les régions de grandes cultures, les fermes regroupent plusieurs corps de bâtiments pour l’habitation, les espaces réservés aux animaux et le stockage des récoltes. Devant la plupart de ces maisons la taille du tas de fumier est un signe extérieur de richesse. Dans les années 1900, les pavés remplacent la terre battue, et les murs chaulés le simple torchis. La cuisine se fait dans l’âtre ou sur un poêle de fonte. L’éclairage est au pétrole. L’eau est fournie par une pompe ou un puits près de la maison. En ville, les maisons sont plutôt en pierres au sud, mais elles restent longtemps en bois et en torchis au nord ; pour les toits, la tuile remplace peu à peu le chaume et les bardeaux. La disposition des logements est verticale, avec parfois une seule pièce par étage ; une cour intérieure renferme le puits et la fosse d’aisance. Le rez-de-chaussée abrite souvent une boutique ou un 21 atelier d’artisan, les chambres sont à l’étage. Plus on monte en étage, moins les habitants sont aisés. Sous le Second Empire (1852-1870), l’éclairage au gaz arrive dans les grandes villes. Ailleurs, la lampe à pétrole est posée sur la table ou suspendue au-dessus. Des poêles en fonte assurent Le chauffage. Les cuisines bourgeoises sont équipées de cuisinières à charbon avec four, récipient à bain-marie et réservoir d’eau chaude s’écoulant par un robinet. Dans les années 1900, les appartements bénéficient, d’un minimum de confort : un point d’eau et une évacuation des eaux usées, « gaz à tous les étages » pour l’éclairage. Les WC à l’anglaise sont toujours un luxe. La loi de 1894 impose à Paris, le raccordement de tous les immeubles à l’égout. En attendant, les immeubles gardent leur fosse d’aisance. Les salles de bains sont rares et paraissent superflues. Le cabinet de toilette attenant à la chambre, avec table, cuvette et seau, est le plus courant. Le Mobilier Les meubles d’usage courant, aux lignes solides, étaient confectionnés par le paysan ou le charpentier. Le coffre servait à transporter les biens les plus précieux. Appelé aussi « maie », souvent apporté en dot par la mariée, il compte parmi les meubles les plus populaires. Il est construit en bois, reposant sur des pieds et couvert d’un lourd couvercle, pentures et serrures sont en fer. Il sert à conserver la farine, de coffre de cuisine ou de garde-manger, parfois au rangement du linge et des vêtements. L’armoire, apparue dès le XVIIe, ne se répand qu’au XVIIIe siècle. Elle est robuste, à porte unique ou à portes juxtaposées. L’ornementation est souvent d’inspiration Renaissance avec des rinceaux et arabesques peints, des denticules sous le fronton. L’armoire permet de ranger le trousseau du foyer, c’est une pièce maîtresse du mobilier rural. La table de la ferme est rectangulaire, longue et massive, composée d’un plateau et d’un piètement. A l’une de ses extrémités, un large tiroir appelé « la liette » sert à ranger la tourte de pain entamée et quelquefois les fromages. Certaines tables de ferme avaient le plateau creusé, en face des convives, afin d’y recevoir la nourriture. Les chaises se sont généralisées au XVIIIe siècle. La chaise tripode, « chaise selle », repose sur des pieds obliques. La chaise monostyle est taillée dans une pièce de bois unique. Les chaises à assise paillée de seigle sont courantes. De longs bancs moins coûteux peuvent remplacer les chaises et renfermer le matériel de la laitière et les seaux de la ferme. Les dressoirs vaisseliers sont essentiels à toute cuisine. Encastrée près de l’évier, l’étagère sert de support aux ustensiles usuels, presque tous en bois. Elle deviendra un élément mobile posée sur un meuble bas, puis un vaisselier. 22 Le lit clos ou mi-clos, fait en bois, n’a pas de sommier, la paillasse garnie de feuilles est posée directement sur les planches. Les « lits à tiroirs » sont des lits superposés. Devant le lit, se trouve le banc-tossel qui sert à la fois de marchepied pour grimper dans le lit, de coffre et de siège. Les horloges sont apparues au XVIIe siècle en Franche-Comté. Sous la forme violonée et peinte, elles se sont intégrées aux intérieurs ruraux. Le berceau a plusieurs fonctions : offrir le gîte à l’enfant pour la nuit et le porter. Il est décoré de motifs religieux, d’inscriptions et de dates. Les pétrins ont une triple fonction : dans l’auge on prépare la pâte à pain et l’on y conserve les miches ; sur le plateau, on prend les repas. Les vêtements Nos ancêtres avaient à leur disposition des tissus faits de fibres animales, végétales et un grand choix de matières et de couleurs. La laine est présente partout grâce aux troupeaux d’ovins. La soie entre dans la composition des vêtements de luxe. Le chanvre sert à la confection des sacs de toile, des draps, du linge de maison ou des vêtements ordinaires. Il est aussi utilisé pour la fabrication des cordes, cordages, licols, brides, des toiles et des voiles basses pour la marine. Le lin sert à fabriquer des draps fins, des mouchoirs, des voiles de bateaux. Le coton se répand dans les campagnes au XVIIIe siècle. Au XIIIe siècle, les braies (sortes de caleçons) vont jusqu’aux genoux, la tunique longue (la cotte) ou la robe de dessus (le surcot) sont classiques, le surcot cintré à jupe large (cotte hardie) se répand avec la sorquénie (cotte au torse et aux manches ajustées) et la hausse (manteau à manches larges et courtes avec une capuche). Fourrures, doublures et galons sont ajoutés aux habits. Le costume masculin se différencie : cottes et braies plus courtes, chausses rallongées collant sur la jambe, apparition du pourpoint, gilet fermé sur le devant par des boutons. Au XVe siècle apparaissent la jaquette et la houppelande (large robe fendue serrée à la taille). Les vêtements des femmes sont toujours longs, à haut col et les robes cintrées sur le buste et ceinturées sous la poitrine. Sous la Renaissance, la mode vient d’Italie avec le haut de chausse (petite culotte bouffante) et le bas de chausse (ancêtre du bas). Pour les femmes, la cotte lacée sur la chemise rend la taille plus fine, la vertugade (jupe empesée) tient la jupe écartée. La contre-réforme amène un style plus austère et des couleurs sombres. Les rembourrages rendent les silhouettes plus rigides. La fraise fait son apparition. Les femmes portent des robes serrées à la taille et haussées à l’arrière avec des corsages à manches bouffantes. Au Moyen Âge, les manches sont détachables. On les boutonne, on les lace ou on les coud au moment de se vêtir. Dans les tournois, une dame peut lancer une manche au 23 chevalier vainqueur en gage d’admiration. La locution « C’est une autre paire de manche » vient de cet usage. Sous l’Ancien Régime, les bas de soie habillent les jambes, un grand col bordé de dentelles remplace les fraises, les chausses évoluent vers un pantalon qui rejoint les bottes. Les robes des femmes s’élargissent, s’embellissent de rubans et dentelles, avec un décolleté plus profond ; les déshabillés apparaissent vers 1672. Le paysan porte la jaquette (veste sans manche), un pantalon à mi-jambe et un chapeau de feutre à larges bords. La paysanne a une robe simple, un tablier, un corsage cintré et une coiffe de toile. Au XVIIIe siècle, le vêtement féminin est plus léger, la robe flottante à grandes fronces. Innovation du panier : jupon cerclé ou baleiné. Pour les hommes, la redingote s’impose, la cravate noire nouée par devant supplante le jabot. Le paysan porte une blouse ou un sarrau par dessus sa chemise, une culotte de toile, une ceinture de flanelle pour protéger le bas du dos, des guêtres et des sabots. La paysanne se vêt d’une chemise, d’une jupe, d’un tablier, d’un corps (sorte de corset), de bas de laine et des sabots. Femmes et hommes portent un mouchoir de col. A La Révolution les sans-culottes sont vêtus de pantalons et vestes courtes (carmagnoles), en opposition aux bas portés par les classes privilégiées. Le 26 Brumaire de l’an IX, une ordonnance interdit aux femmes le port du pantalon : « Toute femme désirant porter un pantalon doit se présenter à la préfecture de police pour y être autorisée, et ce, uniquement pour motif médical » (ordonnance abolie depuis le 1er janvier 2013 !). Vêtus d'habits à pans carrés, les élégants du moment sont appelés Incroyables tandis que les élégantes, sont connues sous l'appellation de Merveilleuses et portent de longues robes décolletées dont un ruban marque la taille sous les bras. L'antiquité gréco-romaine redevient une source d'inspiration avec Napoléon 1er. Le pantalon de lingerie d'origine britannique, destiné originellement à la pratique du sport, devient un vêtement de dessous. Pour les hommes, le pantalon remplace la culotte et les bas. Les femmes remettent la ceinture à la taille. Le médaillon, où se cachent portrait ou devise, est un bijou ayant une valeur sentimentale. Si la vie au grand air se développe avec les bains de mer, la tenue des femmes est encore sous le règne du corset et de la crinoline qui deviendra tournure, appelée aussi faux-cul. À la Belle Époque, la mode est aux moustaches et à la barbe pour les hommes (pour avoir un pli parfait, ils dorment avec un fixe-moustache). 24 Les femmes ont une silhouette en S grâce à un corset ou une guêpière visant à faire ressortir la poitrine et accentuer la cambrure. Les éventails sont en vogue. Les premiers manteaux de fourrure apparaissent, les chapeaux des femmes sont volumineux. Dès les années 1910, la silhouette féminine s'allonge. Paul Poiret supprime le corset et simplifie le vêtement féminin. L'avènement du complet révolutionne la mode masculine. La Première Guerre mondiale introduit des améliorations notables, (sous-vêtements plus confortables). De même, la progression de la pratique du sport jouera un rôle déterminant. Pendant les Années Folles, la minceur est une référence, le bronzage devient populaire. Les cheveux courts à la garçonne, sont cachés sous un chapeau cloche. Pour la première fois, les femmes dévoilent leurs jambes. La nourriture Du Moyen Âge au XIXe siècle, les céréales constituent la base de l’alimentation. Le pain, accompagne tous les plats quand il n’est pas l’unique nourriture. Il prend la forme d’une boule que l’on consomme rassis. Sa couleur varie selon le rang social : noir pour les plus pauvres, blanc pour les plus riches. Selon les régions, il est remplacé par des galettes d’orge, d’avoine, de sarrasin, de maïs ou de châtaignes. Le pain est consommé avec la soupe, plat incontournable composé d’eau, de sel, de graisse (saindoux ou beurre dans le nord de la France, beurre salé en Bretagne ou beurre fondu en Lorraine, graisse d’oie ou de canard dans le Sud-Ouest) ou d’huile (de noix, d’œillette de pavot, de chènevis ou d’olive), de féculents (fèves, pois, lentilles) et de racines venant du jardin. Les jours de fêtes on y ajoute du lard. Durant les périodes de famine, la population se contente d’herbes (choux, laitues, épinards, persil…) et de racines (oignons, poireaux, navets, carottes, panais ou raifort). La pomme de terre marque le XIXe siècle, éliminant famines et disettes. Les fruits comprenaient les artichauts, melons, concombres, courges, pois, fèves. Jusqu’au XVIIe siècle, les médecins considèrent les fruits nocifs pour la santé. Certains fruits sont séchés pour être consommés l’hiver (abricots, prunes, raisins, figues). La consommation de viande est une tradition du Moyen Âge. La volaille est très abondante. Le porc est la viande la plus économique. Les tripes étaient faites d’abats ou de bas morceaux. Le cheval, l’âne, le chat, le rat se mangeaient en période de famine. Nos ancêtres mangeaient de grands oiseaux ou échassiers comme le paon, la cigogne, le cygne ou le cormoran, de même que la pie ou le geai. L’Eglise interdit la viande et les œufs environ 180 jours par an, le poisson remplace alors la viande chez les plus aisés. Le paysan boit de l’eau de mauvaise qualité puisée à la mare ou à la fontaine. Le vin est réservé aux gens aisés, aux citadins et aux 25 malades. Le vin de production locale, « la piquette », est souvent aigre et peu alcoolisé. Dans le nord, on boit de la cervoise, bière fabriquée à base d’orge sans houblon. Dans l’ouest, le cidre est privilégié. Le café apparaît au XVIIIe siècle chez les riches. Le lait est transformé en beurre et en fromage vendus au marché. En dessert, les confitures étaient faites avec du miel, le sucre étant cher et souvent importé. L’alcool est l’un des fléaux de la Belle Epoque. L’absinthe (la fée verte), est l’apéritif le plus connu. L’absinthe est urbaine, les eaux de vie rurales. Le calvados cause des ravages (quelques gouttes sont mises dans le biberon). Chez les marins et pêcheurs, le rhum permet de supporter le travail, et une partie de leur salaire est versée en alcool. A côté des pauvres qui mangent quand ils le peuvent, les français prenaient entre trois ou quatre repas en hiver et cinq l’été. Le dîner (repas du midi) pris vers dix heures passe à midi sous Louis XIV, vers trois heures sous Louis XV, cinq heures sous Napoléon et sept heures à la fin du XIXe siècle. Le souper pris à dix-huit heures au Moyen Âge passe vers vingt ou vingtet-une heures au XIXe siècle. Dans les demeures modestes, la cuisine est faite par les femmes, tandis qu’à la cour elle est aux mains des hommes. La cuisine se fait dans l’âtre de la cheminée où une marmite est suspendue à une crémaillère. Au XVIIIe siècle, un nouveau mode de cuisson apparaît dans les grandes demeures, « le potager », ancêtre de la cuisinière, composé d’un ensemble maçonné de briques recouvert de carreaux de faïence et comportant plusieurs fourneaux. Aux marmites et chaudrons succèdent broches, lèche frites et grils. Au Moyen Âge, on installe une planche et des tréteaux en guise de table. Le mobilier fixe va peu à peu se mettre en place. La nappe est rare dans les campagnes. Les éléments de la table sont le couteau, le gobelet (de terre puis d’étain) et l’écuelle de bois. Chacun puise avec sa main dans les plats déposés sur la table, pose sa viande sur un tranchoir, mange avec ses doigts, trempe son pain directement dans les saucières, s’essuie les mains à la nappe et boit dans une coupe qui circule autour de la table. Le chef de famille coupe le pain, le partage, le distribue et verse le vin. Sous l’Ancien Régime, les couverts sont rares. L’assiette a un usage limité, la fourchette n’a que deux dents. A la fin du XVIIIe siècle, elle se répand et a quatre dents. Les couteaux, longs et effilés, deviennent larges et 26 arrondis à leur extrémité. Le verre est un objet de luxe. Les aliments sont présentés dans des pots ou des jattes de bois ou d’étain. La faïence apparaît chez les familles aisées. Les boissons sont servies dans une cruche ou un pichet. Les bouteilles sont réservées aux vins de luxe. La carafe se répand au XIXe siècle avec l’emploi des verres. Au XIXe siècle, chacun possède assiette, verre, couteau, fourchette, serviette et pain. Des ustensiles de cuisine servent à puiser dans les plats communs. Les verres restent disposés sur un petit meuble placé à côté de la table et on fait appel à un domestique pour les remplir. Il est d’usage de boire son verre d’un trait. Les distractions Sous l’Ancien Régime, il y a les fêtes instituées par l’Eglise catholique (Noël, Pâques, Toussaint), les jours des saints les plus vénérés, les fêtes locales, les pèlerinages, les fêtes familiales, ce sont des dizaines de jours où l’on ne travaille pas. La fête commence par une cérémonie religieuse (messe, sonnerie des cloches, sortie des bannières) et se poursuit par des ripailles et des danses. Elle est aussi l’occasion de jeux (cartes, billard, quilles, boules, fléchettes, soule). La danse, condamnée par les évêques, permet les rencontres. La veillée est très répandue ; jeunes et vieux parlent des événements du village et des légendes du passé. La taverne, considérée comme un lieu de perdition, est très fréquentée. En ville, les lieux de rencontres sont les cabarets des faubourgs où le vin n’est pas soumis à l’octroi. Le café apparaît à la fin du XVIIe siècle en proposant fruits confits, liqueurs ou glaces ; on y joue aux échecs, aux dominos ou au trictrac. Des baladins, jongleurs ou troupes de comédiens se donnent en spectacle dans les rues. A Paris, au XIXe siècle, le boulevard est un lieu de détente et de spectacles. A la fête foraine, on recherche les sensations fortes (montagnes russes…), les manèges, les loteries… Les vacances sont inventées dans la seconde moitié du XIX siècle, avec les cures thermales et les séjours au bon air de la mer ou de la montagne. Le développement du chemin de fer permet d’augmenter le nombre de destinations. Dans les campagnes, ces congés sont utilisés pour avoir de la main d’œuvre pour les travaux des champs ; dans les villes ils entraînent oisiveté et paresse. Les institutions religieuses proposent de placer les enfants chez des particuliers en vacances avant que les œuvres laïques et les grandes villes ne créent les colonies de vacances. e La pratique du sport a peu touché les classes populaires à l’exception de la bicyclette. En 1900, le parc cycliste dépasse le million (la taxe vignette permet d’en savoir le 27 nombre) ; il y a 300 vélodromes en France ; en 1903 le premier Tour de France démarre de Montgeron. Les premiers joueurs de football sont des lycéens. Les patronages participent à l’introduction du rugby. La presse : L’ancêtre des périodiques régionaux, la Gazette de Théophraste Renaudot, hebdomadaire de quatre pages, est parue le 30 mai 1631. A partir de 1752, les affiches de province publient des annonces. Au XIXe siècle, se développe une presse régionale régulière qui présente des faire-part, des avis relatifs à la vie professionnelle, des ventes et adjudications, des informations judiciaires et des faits divers. Les pèlerinages Le pèlerinage est un voyage effectué par un croyant vers un lieu de dévotion, vers un endroit tenu sacré selon sa religion, dans l’espoir d’y trouver un réconfort moral, un soulagement physique, ou de favoriser l’accomplissement d’un vœu. Les pèlerinages chrétiens au Moyen Âge ne rassemblent souvent que des voyageurs ou des commerçants allant généralement vers des sanctuaires locaux favorisés par les récits de miracles liés à ces sanctuaires. Parmi les pèlerinages catholiques, un certain nombre sont dédiés à la Vierge Marie, nommés « pèlerinages mariaux ». Les pardons bretons ont lieu dans des églises ou des chapelles consacrées. Les fidèles viennent y chercher le pardon de leurs fautes, exécuter un vœu ou demander des grâces. On porte en procession des bannières, des reliques, des croix et des statues. En général, les pardons sont clos par une fête plus profane animée par des danses et des musiques traditionnelles. Les pardons de Sainte Anne et Saint Yves sont les plus populaires. Une tradition exigeait que tout Breton fasse au moins une fois dans sa vie, le pèlerinage des sept cathédrales, le Tro-Breiz (l’itinéraire avoisinait les 700 km). Dans les régions de bord de mer ont lieu les bénédictions de bateaux ou de marins. Les pêcheurs ont souvent leurs chapelles dans lesquelles ils vont prier Notre Dame avant les départs. A l’intérieur ils déposent les navires en ex-voto qu’ils offrent. Les gens de la terre suivent des fêtes particulières pour attirer la bénédiction du ciel sur leurs cultures. Pour tous, il existe des chapelles où les personnes vont prier pour demander des rémissions à leurs maux ou des solutions à leurs problèmes en déposant un objet (chaussure, vêtement, ruban…). Lorsqu’elle existe, ils vont à la fontaine sacrée, y consomment l’eau, y humectent leurs plaies et en emportent pour prolonger les soins à domicile. Crèches et santons illustraient aussi ce culte des reliques. La table de Noël, recouverte de trois nappes et de trois chandelles symbolisait la Sainte-Trinité. Le blé germé représentait les prémices de la moisson. Le pain calendal portait une incision cruciale. 28 Superstitions populaires : des pierres de la picote (variolite) protègent les troupeaux des maladies, des pierres de tonnerre (pierre vitrifiée) protègent les maisons de la foudre ; un crapaud desséché combat la fièvre ; un collier de grains d’ambre protège contre les convulsions des enfants ; les marins mettaient des hippocampes dans leur bonnet pour se protéger des accidents de la mer. Les épidémies La lèpre est un des grands fléaux qui frappent au Moyen Âge et se développent par l’intermédiaire des croisades. Elle provoque des lésions nerveuses et osseuses aboutissant à des déformations et à des mutilations. La contagion est importante, les personnes atteintes sont revêtues d’un costume particulier (un long vêtement noir, des gants, un grand chapeau pour cacher le visage) ; pour être évités sur les chemins, ils s’annoncent en agitant une crécelle. Plus tard, ils sont enfermés dans des léproseries. La peste se propage suivant les axes de communication par les marchands et les voyageurs. A partir des ports, se propage la peste noire. De 1350 à 1535, les épidémies se succèdent à peu près tous les onze ans, de 1535 à 1670 tous les quinze ans, et en 1720-1722 essentiellement en Provence grâce aux barrières sanitaires mises en place. En général, environ 70% des malades atteints décèdent au bout de quatre jours lorsque l’épidémie est sous forme bubonique, et les décès sont plus nombreux et plus rapide lorsqu’elle est sous forme pulmonaire. La variole, appelée aussi petite vérole, se réveille régulièrement tous les dix à quinze ans. La maladie débute par une forte fièvre, puis une éruption apparaît sur le visage et se propage sur tout le corps, laissant des cicatrices à vie. Louis XV en mourut en quinze jours en 1774. Elle a tué plus de 25% des enfants entre un et quatre ans. Le cholera apparaît au XIXe siècle. La maladie se répand par contact direct entre malades ou par injection d’eau ou d’aliments souillés. Le typhus se transmet par les poux. En 1810, l’épidémie est liée au convoyage de prisonniers espagnols. Les soldats de retour de la guerre de Crimée sont mis en quarantaine à leur retour pour empêcher une épidémie. La tuberculose est une maladie du XIXe siècle qui sévit particulièrement en ville où elle est liée au développement industriel. Elle cause environ 20% des décès au début du siècle. La grippe espagnole de 1918 est due à une souche (H1N1) particulièrement virulente et contagieuse de grippe qui s’est répandue en pandémie de 1918 à 1919. Elle a fait de 20 à 40 millions de morts. Elle serait la plus mortelle de toute l’histoire. 29 L’hygiène Hygiène corporelle : Dans la Grèce et la Rome antiques, l'hygiène est symbole de santé et se concrétise par la fréquentation des bains publics. Au Moyen Âge, étuves et bains publics populaires sont en plein essor. Au XIVe siècle, l'église catholique interdit leurs pratiques (suspicion de propager la peste et assimilation à des lieux de débauche). Le bain privé reste un privilège de riche et un signe d'hospitalité. A la Renaissance la population fuit l'eau, accusée de transmettre des maladies. Les parfums (jasmin, cannelle, musc) camouflent les mauvaises odeurs et servent de désinfectants, les pastilles d’anis parfument l’haleine. Les cosmétiques (fards, poudrage du corps et des cheveux) se développent. La toilette sèche est faite par friction avec un linge, un frottoir en peau ; visage et mains se lavent à l'eau et au savon (ou herbe). Le corps est protégé sous la crasse. Au XVIIe siècle, les premiers cabinets de bain se développent chez les gens riches dont la blancheur de linge est soulignée au col et au poignet. Le bain froid est jugé hygiénique par son pouvoir tonifiant, le bain chaud ne reste qu'une pratique médicale. Au XVIIIe siècle, l'hygiène concerne la « propreté du dessous » ; la propreté de la peau se fait entièrement par le lavage. La multiplication d'espaces spécialisés (cabinets de bain, bidet, latrines collectives dans les châteaux ou abbayes mais aussi dans les maisons modestes) est liée avec le développement de la notion d'intimité. Les grandes villes se dotent d'égouts souterrains. Au XIXe siècle, les sources thermales sont réputées pour la santé. Les scientifiques et médecins formulent des recommandations comme le lavage des mains et la toilette quotidienne à l'eau et au savon. La fin du siècle marque le début des salles de bain et des toilettes dans les logements. La norme recommandée autour de 1900, est de se laver les cheveux 4 fois par an, le visage tous les jours, les pieds une fois par semaine. L’eau : Toutes les activités liées à l’hygiène (toilette, propreté de la maison, bains, latrines) sont conditionnées par l’approvisionnement en eau. Avant le XIIIe siècle, l’eau est rarement disponible. Paris est approvisionnée par deux aqueducs desservant six fontaines. La ville s’alimente aux eaux de la Seine et de la Bièvre. Au XVIe siècle, on compte seize fontaines pour une population de 200.000 habitants. Les habitants des villes ont recours à des porteurs d’eau. Dès le XIVe siècle, des puits privatifs sont creusés dans les caves. Des fontaines sont installées à l’intérieur des palais. Quelques rares châteaux possèdent l’eau courante. L’eau de pluie, récupérée par un système de gouttière, 30 est considérée comme la plus pure. Elle sert à la cuisine et à la boisson. L’eau des fontaines, des puits et des citernes, polluée par la contiguïté des latrines ou par les ordures qu’on y jette, est utilisée pour la lessive, la vaisselle ou pour abreuver les animaux. A la fin du XIVe siècle, des ordonnances prévoient de curer les cours d’eau urbains et interdisent d’y déposer des ordures ou du fumier. L’évacuation des eaux en ville, se fait par des rigoles creusées dans les sols des maisons ; on draine les eaux usées qui se déversent dans les rues par des trous percés dans les murs. Par la suite des rigoles seront creusées dans des rues pavées ; ce sont de vrais « égouts à ciel ouvert ». Faute de réseau en dur, les matières fécales, les urines humaines ou animales sont déversées dans la rue où des tas d’ordures sont visibles partout. Certains métiers utilisent, brûlent et déversent des produits toxiques, comme le plomb ou la colle d’alun, mélange de métal et d’ammonium, employée en teinturerie et en tannerie. Les riverains creusent des fosses pour les enterrer, entraînant une pollution des cours d’eau et des nappes phréatiques. En 1374, la prévôté instaure une taxe pour l’enlèvement des immondices par habitant et par semaine. Les déchets mis en tas devant la porte sont récupérés par des vidangeurs. Règlements et interdictions existent mais leur application est difficile à obtenir. Le ménage : Au Moyen Âge, la propreté est un élément de confort. Les maisons nobles sont tenues par des serviteurs assurant la lessive, la vaisselle et le ménage. Les lits sont refaits tous les matins : draps et couvertures sont retendus et lissés à l’aide d’un bâton. Les chambres sont aérées et débarrassées des insectes nuisibles. Les habits sont régulièrement brossés et dégraissés, posés sur une perche ou pliés dans les coffres. Les armoires n’existent pas encore, sauf dans les sacristies des églises. Dans les demeures modestes, il est recommandé de jeter les paillasses infectées de puces. Elles abondent également dans les demeures seigneuriales. Les jetés de lits servent à protéger les courtepointes des salissures des chiens. Les tâches domestiques les plus courantes sont : le balayage, à l’aide de balais de bouleau ; l’époussetage, avec des brosses et des verges pour les textiles d’ameublement; le nettoyage des sols carrelés à grande eau. En 1860, arrive le balai à tapis, ancêtre de l’aspirateur. Le lavage du linge est exclusivement le travail des femmes jusqu’à la Deuxième Guerre mondiale dans les pays industrialisés. Après l’avoir fait tremper toute une nuit, on met la lessive (savon de Marseille) et le linge blanc à bouillir dans une lessiveuse ; à l’intérieur un tube coiffé d’un champignon arrose le linge. On lave à la maison, mais il faut aller au lavoir pour rincer, car il faut 31 beaucoup d’eau. L’indispensable brouette permet de transporter le ballot de linge et tout l’attirail jusqu’au lavoir : lavoirs à la rivière pour la campagne et bateaux-lavoirs en ville. Dans la brouette s’entassent savon, brosse, battoir, tréteaux pour égoutter le linge et l’indispensable boite à laver appelé « carrosse ». Le rinçage nécessite un savoir-faire : on lance le linge loin dans l’eau, on le laisse s’étaler et flotter tout en faisant des vœux secrets. « Le lavoir est le cabaret des femmes » disait-on. Le linge est étendu sur l’herbe ou sur des fils pour le faire sécher. Pour le repassage on utilise un fer chauffé près du feu ou sur un fourneau avant que l’électricité n’arrive dans les maisons. La médecine Au XVIe siècle, la médecine devient plus laïque. Aux XVIIe et XVIIIe siècles, la formation des professionnels transforme les activités médicales ; la sage-femme remplace la matrone, le chirurgien renonce à être barbier, les charlatans et empiriques sont dénoncés par les médecins et les chirurgiens, qui prétendent disposer seuls du droit de soigner. La consultation - A la ville, le médecin reçoit les malades chez lui. Entre ville et campagne, la consultation à domicile occupe souvent le docteur, dont le premier investissement est l’acquisition d’un cheval et d’une voiture. La trousse médicale - A partir du XIXe siècle, on trouve un bloc de feuilles pour les prescriptions et quelques outils nouveaux : le stéthoscope de Laennec, d’abord de bois, le sphygmomanomètre pour mesurer la tension, la seringue en métal puis en verre, ainsi que le thermomètre, quelques pansements et médicaments qui permettent d’apporter un secours immédiat. Le médecin diplômé exerce essentiellement dans les villes. Le plus prestigieux est le « docteur régent », exerçant dans les villes dotées d’une faculté de médecine. Le jeune médecin devient « médecin agrégé » s’il intègre l’un des collèges de médecine hors des villes universitaires. La plupart exercent hors des structures corporatives : ils sont « docteur forain » ou « externe ». L’examen du patient - Pour établir son diagnostic et sa prescription, le médecin écoute et observe. Il regarde la langue, les dents, les yeux, la peau et surtout examine les urines : il en détaille la couleur, la transparence, l’odeur, parfois la goûte pour en déceler le sucre. A ces examens s’ajoute souvent l’observation des selles ou du sang et au XVIIIe siècle une prise du pouls. L’examen médical ne va pas plus loin. Il parait indécent, indigne de palper le malade et il n’est pas encore dans les habitudes de surveiller l’évolution de la température. Le chirurgien, socialement inférieur au médecin sous l’Ancien Régime, est souvent non diplômé de l’Université. C’est un modeste praticien qui a acquis l’essentiel de son savoir par l’apprentissage, puis l’expérience. Aux XVIe et XVIIe siècles, il est le plus souvent « chirurgien 32 barbier ». En 1691, la communauté des chirurgiens est distincte de celle des barbiers perruquiers. Au XVIIIe siècle, une petite élite a appris l’ostéologie, l’anatomie, l’art des opérations et l’obstétrique. Dans les grandes villes, on rencontre les « chirurgiens de grande expérience », ceux des villes et bourgs sont dits « de petite expérience ». Le chirurgien s’intéresse d’abord aux maux externes : abcès, fractures, blessures, rage de dents. Il pratique, à coup de lancettes, les saignées prescrites par le médecin. Il n’hésite pas à palper le malade. Il peut isoler une fracture et la réduire, sait diagnostiquer une tumeur, en réduire le volume ; il pratique aussi le toucher vaginal ou rectal. Il s’intéresse à l’obstétrique. Les Honoraires - Dans la plupart des cas, le médecin du XIXe siècle ne réclame pas sa rétribution : procédé blessant et discourtois. Dans les grands cabinets, une ou plusieurs fois par an, il adresse un relevé d’honoraires. En Bretagne, dans les années 1850, un médecin pratique trois tarifs pour ses visites en ville : 50 centimes pour les familles d’ouvriers, d’employés et d’artisans pauvres, 75 centimes chez les boutiquiers et artisans aisés, 1 franc chez le notaire et les plus riches commerçants ; les frais de déplacement s’ajoutent. La pharmacopée - Du XVIe au XVIIIe siècle, la pharmacopée reste dominée par les plantes, transformées en potions, en huiles ou en sirops. La thériaque, mélange de nombreuses plantes dont surtout l’opium, est le remède miracle jusqu’au XVIIIe siècle. Les animaux rentrent dans la fabrication d’onguents, de pommades, d’huile ou de breuvages, ainsi que quelques pierres précieuses réduites en poudre : topaze, émeraude, améthyste. Au cours du XVIIe siècle, les Jésuites rapportent d’Amérique le quinquina aux vertus curatives ; plus tard un marchand français rapporte du Brésil la racine de l’ipécacuana aux vertus vomitives. Soigner - Du XVe au XVIIIe siècle, les maladies qui effraient sont les épidémies, disettes ou famines qui déciment des régions entières. Jusqu’au XVIe siècle, pour les médecins, le corps humain est parcouru par quatre «humeurs » : le sang produit par le cœur, la bile jaune par le foie, la pituite, lymphe ou phlegme par le cerveau et l’atrabile ou bile noire par la rate. Opérer, purger, saigner ou prescrire quelques potions sont presque les seules « armes » des médecins. Au XVIIIe siècle, les médecins et chirurgiens préfèrent la diète et font avant tout confiance à la nature pour sortir de la maladie. Avec la découverte de l’anesthésie et le développement l’antiseptique, les opérations se font plus sûres et silencieuses. de Avec Pasteur, les techniques s’améliorent. L’hygiène » devient plus exigeante. Les nouvelles pratiques permettent de réussir couramment des opérations autrefois difficiles : les trépanations, les amputations, les césariennes ou les appendicites deviennent des opérations presque banales. Opérer - On opère à vif ou presque, un peu d’alcool doit calmer l’opéré, maintenu par les aides du chirurgien. La cautérisation des plaies d’amputation à l’eau bouillante ou au fer rouge sera remplacée plus tard par des pansements après ligature des artères. 33 Lorsque la médecine officielle n’est d’aucun secours, la population se tourne vers les « rebouteux » qui soignent les fractures et les luxations. Ce sont souvent des paysans, des menuisiers, des forgerons ou des maréchaux-ferrants ; en ville c’est parfois le bourreau. Les colporteurs, ou « gens à secret » présentent quelques potions aux vertus curatives sur les places publiques. Les « herniaires » font disparaître les hernies au prix de l’ablation d’un testicule. Les « oculistes », annoncés dans la presse au XVIIIe siècle, procèdent à des opérations comme l’abaissement de la cataracte. Le monde paysan Tout en haut, les seigneurs et les communautés religieuses disparus en 1789, sont des propriétaires vivant des revenus de leurs terres, sans jamais la cultiver eux-mêmes. Les intermédiaires, les régisseurs, parfois nommés fermiers généraux gèrent les terres des précédents, en abusant de leur confiance et leurs intérêts, en même temps que de leur position vis-à-vis des subalternes. Ensuite la strate des paysans à demi indépendants (gros laboureurs ou fermiers aisés), plus ou moins aisés ou évolués, constituant le monde « des coqs de village ». Ils possèdent presque toujours des terres, des animaux et un troupeau, ou du moins un attelage. Ils emploient volontiers valets et font appel à une main d’œuvre d’appoint en été, lors des gros travaux. Enfin, les laboureurs, petits paysans ou vignerons mi-propriétaires, mi-fermiers, vivant modestement, ne possédant quasiment pas de terres, et n’ayant pour toute richesse qu’un attelage (voire un demi attelage : on parlait alors de laboureurs " à demi - charrue "). En bas de l’échelle, tous les dépendants, " journaliers " et " manouvriers ", vivant du travail de leurs mains, à peine au dessus des légions de domestiques, charretiers, valets, pâtres, bergers, vachers, servantes, accomplissant des travaux, de l’aube au crépuscule, chez le seigneur ou le fermier. Le métayer est un paysan locataire partageant avec le propriétaire les fruits de l’exploitation. il exploite une métairie, par un contrat dit " de métayage " (type de bail rural), association où le propriétaire apporte le capital foncier, du bétail et des semences au moins par moitié, et le métayer sa force de travail, ses outils et son matériel, une partie du bétail, presque toujours le petit (bassecour, cochons, chèvres, moutons parfois) ; 34 charges et profits sont rigoureusement partagés par moitié, qu’il s’agisse de grains, du foin, du croît du bétail, des arbres, des fruits du verger. Dans certaines provinces, " le fermage " ou " bail à ferme ", est un contrat dans lequel le propriétaire (bailleur) d'un bien en confie l'exploitation à un locataire (fermier ou « censier »), le plus souvent pour une durée de six ou neuf ans. Celui-ci tire sa rémunération du produit de la ferme et verse au propriétaire un fermage (le montant du loyer) dont le montant est convenu à l'avance et indépendant des résultats d'exploitation (le loyer est ferme). La fenaison de juin amorce la période des longues journées de récolte passée dans les champs. Les faucheurs s’alignent, avancent en cadence, s’arrêtent pour marteler et aiguiser. Dans la matinée arrivent les faneuses qui disposent l’herbe coupée pour mieux l’exposer au soleil. Après la mise en de multiples tas, le paysan ramasse le foin à l’aide d’une fourche et la bascule sur la voiture où il est saisi pour l’empilage. Les moissons de juillet ont lieu par temps sec après évaporation de la rosée du matin. On couche d’abord les seigles, puis les escourgeons, les blés, les orges, enfin les avoines. Chaque faucheur est suivi d’une ramasseuse et forme les gerbes au lien de seigle. Les charretiers équipent les gerbières de cadres, de hautes ridelles tirées par des bœufs, des chevaux ou des mulets, et tous les gens participent au voiturage Une fois les moissons rentrées, les glaneuses ramassent les épis de blé oubliés pour les revendre aux fermiers comme semence. Elles vont faire moudre les gerbes restantes dans le moulin le plus proche. La moisson achevée, il faut battre les épis pour récupérer les grains. Le dépiquage consiste à faire piétiner les gerbes par les sabots d’une troupe de chevaux, de mulets ou de bœufs. Le battage est un travail collectif qui se fait au fléau sur une surface propre et lisse. Une fois le grain battu, on le mesure au boisseau et on le met en sacs au grenier, ou on le porte au moulin. En septembre, tandis que les vignerons s’affairent à la cueillette du raisin dans les plaines, c’est le temps des labours. Après l’épandage du fumier à la fourche, les paysans arpentent leurs champs, en s’appuyant au mieux sur la force de leurs animaux de trait dont la conduite demande une grande expérience. Le hersage complète le labour, émiettant la terre. Viennent alors les semailles avant un second passage de herse pour enfoncer légèrement les semis, puis le rouleau pour aplanir l’ensemble. Fumer, labourer, herser, semer et rouler sont les cinq étapes des labours. 35 Nos ancêtres paysans étaient aussi des éleveurs. Dans beaucoup de familles rurales une vache servait à l’alimentation de la famille. Une partie du lait était consommée sur place ou vendue dans les gros bourgs, mais l’essentiel était transformé en crème fraîche, et surtout en beurre et fromages. Le mouton est élevé pour sa laine et sa viande, les brebis pour leur lait. La chèvre a longtemps été considérée comme la « vache du pauvre ». Le cochon est exploité pour sa viande et sa graisse. Sa vie est de courte durée, mais il assure chaque année des ressources non négligeables aux petits exploitants. Le poulailler est une réserve de produits frais, vivants et disponibles permettant de vivre ou survivre La fermière travaille à proximité immédiate des bâtiments agricoles, sans doute pour avoir l’œil sur les plus petits pendant qu’elle vaque à ses diverses tâches. Elle s’occupe aussi du jardin, qui est un potager procurant l’essentiel de la soupe quotidienne. On y rencontre sept catégories de plantes : les légumes racines (betterave, carotte, navet, scorsonère, salsifis...) ; les légumes verts (l‘oseille, épinard, chou, blette...) ; les salades (laitue, pourpier, chicorée, raiponce, mâche...); les fournitures (estragon, cresson, roquette...) ; les plantes fortes (oignon, ail, échalote, poireau...) ; les herbes odoriférantes (basilic, thym, fenouil, sauge, romarin violette....) ; les légumes fruits ( asperge, carde, concombre, artichaut, melon, citrouille...). Le lavoir est l’un des rares endroits où les femmes se retrouvent, un peu comme le café pour les hommes. On le surnomme d’ailleurs « le parlement des femmes » ! Les principaux personnages du village Le curé est un prêtre pourvu d’une circonscription territoriale appelée cure. Il a sur ses paroissiens une juridiction ordinaire et personnelle, qu’il peut déléguer à d’autres prêtres. Il a le droit de prêcher dans son église, d’y célébrer la messe, d’y administrer les sacrements et de percevoir les revenus attachés à son titre. Jusqu’à la révolution, il était tenu de recenser les naissances, mariages et décès dans la paroisse. Il était bien souvent le seul homme lettré du village. Le maire fait son apparition au XIIe siècle. Selon l’époque et le lieu, on parlera de pairs, d’échevins ou de conseillers. Son origine se trouve dans le Polyptique d’Irminon, où l’abbé de Saint-germain des prés (IXe siècle) emploie le mot " maior " pour désigner celui qui administre le village pour le compte du seigneur. Il devient le premier magistrat de la commune, élu par le conseil municipal parmi ses membres, pour exécuter les décisions du conseil, représenter la commune et exécuter, sous l’autorité du préfet, des fonctions du pouvoir central. La loi du 19 avril 1790, dote les Maires d’une écharpe tricolore, attachée d’un nœud et ornée d’une frange de couleur. Sous l’Ancien Régime, le maître d’école demeure le bras droit du curé. Il doit donc assurer certaines charges et fait ainsi office de sacristain. Il est également chargé de la catéchèse et assure encore la fonction d’agent paroissial. Il lui incombe d’aider la communauté villageoise à régler les problèmes administratifs. Il a souvent la charge des écritures 36 de la paroisse, du secrétariat des réunions importantes, de la lecture des actes administratifs et a bien entendu la charge d’enseigner. Il doit apprendre à ses élèves à lire, à écrire et à compter. Appelé garde messier et chargé de la surveillance saisonnière des récoltes, le garde champêtre est présent dans pratiquement toutes les communes rurales et a la qualité d’Officier de police Judiciaire. Selon une loi du 6 octobre 1791, il est nommé par le préfet et il prête serment au juge de paix du canton. En plus de la surveillance des propriétés rurales et forestières ainsi que de la chasse, il relève les contraventions et les délits constatés par procès verbaux adressés, et est « le tambour de la commune ». La ville et la bourgeoisie Sous l’Ancien Régime, seuls 15% environ des français sont des citadins. Les villes restent longtemps closes. A l’abri de leurs murailles, elles conservent souvent leur aspect médiéval avec un dédale de petites rues mal pavées, construites sans plan d’urbanisme, où la circulation devient difficile. Les ruelles tiennent aussi lieu d’égouts à ciel ouvert. En 1846, la limite de 2000 habitants est fixée pour constituer une ville. Une ville se distingue du bourg par le type d’activités (industrie et commerce) et les fonctions étatiques (fiscalité, justice). A partir du XVIIIe siècle les changements apparaissent, avec les grands travaux, lancés à Paris par le baron Haussmann, dont l’alimentation en eau potable et l’assainissement. La croissance de la population urbaine conduit à un nouvel urbanisme et à la construction de logements et de bâtiments publics (hôpitaux, halles, théâtres). Des places sont créées, des ponts sont érigés, les rues s’élargissent, des boulevards circulaires remplacent les enceintes. L’éclairage public, le marquage des rues et la numérotation des maisons et des trottoirs font leur apparition. La disposition des logements est verticale, avec parfois une seule pièce par étage, et une cour intérieure renferme le puits et la fosse d’aisance. Le rez-de-chaussée abrite souvent une boutique ou un atelier d’artisan et les chambres sont à l’étage. Plus on monte en étage, moins les habitants sont aisés. La lumière du jour rentre peu dans les appartements. La population urbaine possède des caractères démographiques propres. A partir de 1816, de très nombreux jeunes célibataires non encore installés viennent travailler en ville. Les citadins se marient en respectant une certaine homogamie sociale, et les couples vivant hors mariage vont devenir plus fréquents. Les familles urbaines comptent en moyenne cinq à six enfants, soit moins qu’à la campagne. La mortalité est plus importante car les gens s’entassent dans des quartiers souvent insalubres favorisant les contagions (variole, peste, paludisme). 37 La culture est urbaine, mais l’accès à l’instruction et à l’innovation est longtemps réservé aux plus nantis. L’accès aux écoles est plus aisé qu’à la campagne et les petites écoles fournissent les bases de l’éducation. Les collèges sont créés au XVIe siècle. Le citadin bénéficie aussi d’affiches et de journaux imprimés qui en font un individu instruit et alphabétisé. Le rituel social de la fête se développe sous l’éclairage des becs de gaz ; les foules se pressent aux bals populaires, à la foire ou au cirque ; les premiers vélocipèdes dévalent les rues et on canote le dimanche au bord de l’eau. De nouvelles pratiques bouleversent le commerce de détail, avec l’entrée libre, l’étiquette de prix fixe, et les grands magasins vont donner une impression d’abondance qui favorise l’achat. Les villes libres sont gouvernées par des représentants des corporations qui créent le droit de bourgeoisie. Pour y être agréé, il faut en faire la demande, s’acquitter d’une taxe, mais surtout être de bonne moralité et assez fortuné pour ne pas avoir recours à l’assistance. Le bourgeois doit ; - avoir une naissance légitime, - posséder un domicile en ville, - incarner tous les privilèges dont jouit la cité où il réside, - avoir un fusil et une somme d’argent minimum, - prononcer un serment de respect à l’autorité et au droit, - participer aux tâches communes, notamment au service armé, - être assujetti aux taxes. En contrepartie de ses devoirs envers la communauté, il bénéficie : - de la liberté personnelle d’aller et venir, - de la jouissance de ses biens, - d’une assistance en cas de difficultés. Au sein même de la bourgeoisie, des distinctions se forment : - La petite bourgeoisie (artisans, petits commerçants, boutiquiers, petits agriculteurs propriétaires, etc.) est formée par une brève ascension sociale. - La moyenne bourgeoisie dispose d’un patrimoine ou de revenus solides, mais sans l'aura de la grande bourgeoisie. - La grande bourgeoisie se caractérise par des mariages nobles et des alliances intéressantes (et intéressées). Elle possède un patrimoine historique et culturel important, amplifié au fil du temps. - La haute bourgeoisie est composée de familles déjà bourgeoises à la Révolution, ayant exercé des « professions honorables » et contracté des alliances illustres. Son patrimoine culturel, historique et financier est important. Elle fréquente les grands artistes. - La haute société protestante (HSP) désigne une minorité protestante disposant d'un solide pouvoir financier et bénéficiant d'une influence politique et sociale. La bourgeoisie affiche en façade les signes de sa réussite. A côté des hôtels particuliers, l'immeuble de rapport constitue la cellule de base de l'habitat bourgeois. Les pièces de représentations sociales viennent sur l'avant, celles de la vie 38 quotidienne avec ses services sur l'arrière. Sous les combles, des chambres sans confort sont réservées à la domesticité. L’art de vivre mêle goût du décor et économie domestique. Une bibliothèque est un signe d'appartenance au milieu des notables de la ville. Les savoirs scientifiques nouveaux font progresser l'hygiène. L'usage des bains à domicile se répand. La maîtresse de maison lit les manuels de savoir-vivre et les revues de mode. Toute famille bourgeoise se doit de recevoir et est reçue en retour. Le dîner devient une représentation théâtrale. Les riches bourgeois des grandes villes sont entraînés dans un tourbillon de fêtes, bals et spectacles divers. Les restaurants et les cafés se multiplient dans les villes. Le monde ouvrier L’activité industrielle concerne aussi bien la production effectuée à domicile dans le cadre traditionnel et domestique de la boutique que celle développée au sein de vastes entreprises tels les arsenaux, forges ou manufactures. La production de base a souvent lieu dans les villages tandis que la finition et la commercialisation sont dominées par des marchands fabricants urbains. Les grands secteurs industriels se développent dans le cadre des manufactures, qui peuvent être de vastes ateliers, des usines ou une nébuleuse de sites de production domestique. On distingue alors : - la manufacture d’Etat fonctionnant grâce à des capitaux nationaux (Gobelins, Sèvres), - la manufacture privilégiée pour fabriquer un type de produit avec monopole délimité, - la manufacture royale qui est une manufacture privilégiée disposant des armoiries royales sur leur façade. Les activités textiles (drap, industrie linière, soie, cotons colorés ou indiennes, dentelles) ont très tôt été prépondérantes dans les campagnes. Les papeteries (des colporteurs récupèrent les vieux chiffons pour leur recyclage), les tanneries et les quincailleries s’y sont aussi développées. Les manufactures à feu (verreries, hauts-fourneaux, fours, fonderies, machines à vapeur) et les industries agroalimentaires (sel et sucre) se multiplient. Au XVIIIe siècle, la métallurgie doit son essor à l’outillage artisanal ou agraire, mais surtout à l’armement qui demande des manufactures de fer blanc, de boulets de canons, de cuirasses et de canons. La construction du chemin de fer est un vrai moteur pour cette industrialisation. Les usines, marquent peu à peu le paysage à compter de 1850 et surtout 1880. Les gares et ports deviennent des zones d’activités importantes. Au début du XXe siècle, la sidérurgie et l’électricité déclenchent une seconde révolution industrielle. Dans l’organisation du travail, les métiers se regroupent en assemblées, groupements ou corporations. On distingue trois types de métiers : - les métiers jurés ou jurandes : minoritaires, ils reposent sur la trilogie un maître (qui respecte les règlements de la 39 - jurande), des compagnons (salarié expérimenté, logé et nourri) et des apprentis (pendant une durée de cinq à sept ans) ; les métiers réglés : ils sont contrôlés par les municipalités ou corps de ville ; les métiers libres, qui ne sont ni jurés, ni réglés. Dans le textile et surtout la dentelle, les femmes jouent un grand rôle et même les enfants cardent, filent ou préparent la laine. Au début du XIXe siècle, beaucoup de travailleurs saisonniers et d’ouvriers paysans partagent leur temps entre culture des champs et travaux manufacturés. A partir de 1860, l’usine produit plus vite, davantage et à meilleur coût. Un nouveau type de salarié apparaît et crée une classe ouvrière. Les ouvriers sont répartis en ateliers où chacun exerce une tâche spécifique. Les conditions de travail sont très dures, les bâtiments sont vastes, clôturés de murs élevés et percés de quelques ouvertures seulement. La discipline est rigoureuse, les règles de travail austères, la journée de travail longue (de 11 à 14 heures en hiver ; de 13 à 16 heures en été). Les mouvements ouvriers se développent, surtout dans les grandes villes, sous forme de grèves illicites ou de manifestations qui dégénèrent parfois en émeutes. Les populations ouvrières sont souvent logées dans les faubourgs. Le livret ouvrier, institué en 1791, est rendu obligatoire par l’arrêté du 9 frimaire an XII (1er décembre 1803). Les enfants ont une place dans cette organisation où le travail est légal à partir de 8 ans. Il faut attendre 1874 pour interdire le travail dans les usines et chantiers avant 13 ans. La loi de mars 1841 fixe un maximum de 8 heures pour les enfants de moins de 12 ans, de 12 heures jusqu’à 16 ans. La loi du 9 septembre 1848 fixe à 12 heures la durée du travail journalier. Le travail de nuit est interdit aux enfants de moins de 18 ans, aux filles mineures et aux femmes. La loi de novembre 1882 interdit le travail de nuit pour les femmes et fixe la durée de travail des ouvrières à 11 heures entrecoupées de pauses d’une durée totale d’une heure. La durée du travail sera limitée à 60 heures par semaine au début du XXe siècle. En 1906 le dimanche est institué jour légal de repos. A partir de 1898, la responsabilité de l’employeur est engagée en cas d’accident du travail. Parfois, le système paternaliste est adopté et amène des avantages en nature, des prêts, des augmentations de salaire ou des avantages sociaux (services médicaux, caisse de retraite). Au début du XIXe siècle, le salaire est versé chaque semaine dans les ateliers parisiens, souvent le samedi soir. Au milieu du siècle, la quinzaine supplée la huitaine. Une partie des 40 ouvriers est rétribuée à la journée, avec un salaire fixé de gré à gré. Ce salaire au temps concerne près de 60 % des ouvriers vers 1880. Le salaire horaire est introduit vers 1830 dans la construction mécanique tandis que le prix de façon, sorte de salaire aux pièces (industries de main d’œuvre, notamment confection) ou le forfait accompagne l’essor du travail parcellaire. A la fin du XIXe siècle, un appel à la main d’œuvre étrangère, surtout frontalière, est nécessaire : belges dans les mines, italiens dans la chimie, espagnols dans l’agriculture. Pendant l’entre deux guerres, les travailleurs des pays de l’Est et principalement polonais rejoignent la classe ouvrière. Les foires et marchés La foire était l’âme du commerce médiéval. Elle se déroulait dans toute l’Europe. Elle était d’une importance vitale pour les échanges de marchandises, mais aussi pour les échanges humains : La foire rurale et saisonnière permettait aux paysans d’écouler leur production agricole et d’acquérir en échange des produits de la ville. La foire mensuelle des gros bourgs et châteaux (souvent rattachée à une fête religieuse) présentait davantage de marchandises. La foire générale internationale se développe dans toute l’Europe au XIIIe siècle avec un retour à la sécurité sur les routes. Les princes et seigneurs, qui désiraient attirer les commerçants, faisaient un effort pour entretenir les chaussées, construire des ponts. Ils percevaient des redevances au passage de certains points de leur territoire. Les rois de France dotèrent certaines villes d’exemption et de privilèges qui firent accourir les vendeurs et les acheteurs. Les foires médiévales se développent dans les villes situées le long des grands courants commerciaux. En France les principales foires se trouvent : - Lille (XIe siècle) au nord, - Guibray en Normandie (IXe siècle), - la foire du Lendit à Saint Denis (foire au vin, créée au VIIe siècle), la foire de Saint Germain l'hiver et de Saint Laurent l'été (XIIe siècle), la foire de Saint Ovide (XVIIIe siècle) connue sous le nom de foire aux pains d’épice (place de la Concorde) à Paris. - Metz (Moyen-âge) et Chalon-sur-Saône (Bourgogne, 1237). - Lyon : foires annuelles à partir de 1420. - Mende (Lozère) sur la route du Gévaudan (1240), Nîmes et Alès (Gard) sur la route de la Régordan (Moyen Âge), Beaucaire (Gard) au XIIe siècle et Perpignan (1759). Les Foires de Champagne sont des foires de renommées internationales qui se sont tenues du XIIe au XIVe siècle : Lagny (commerce des draps, des cuirs, peaux, épices provenant des îles britanniques, de la Scandinavie, du Maroc, d’Egypte) 1 fois l’an, Provins, « cité opulente et fastueuse », qui frappe sa propre monnaie, le 41 denier provinois, Bar sur Aube (1 fois l’an). Et Troyes (tissage du drap et de la toile, bonneterie, industrie du cuir, confiserie) 2 fois l’an. Leur succès est le fait, d’une excellente organisation matérielle (halles, logements…), de privilèges, de la sécurité et d’une bonne justice dont bénéficiaient les marchands, garantie par les Comtes de Champagne eux-mêmes. Elles régressent après 1300 devant Paris et avec la concurrence maritime pour les trafics entre la Flandre et l’Italie. Les "pieds poudreux" désignent les premiers marchands de l'Europe médiévale, contraints de prendre la route pour accroître leur "chalandise" (zone commerciale). A partir du XIIIe siècle, le boutiquier remplace le colporteur. Le commerce local s'intègre dans les structures corporatives. Les colporteurs des villes portent leur outil de travail ou leur fond de commerce avec eux. Le choix des marchandises vendues est considérable : allumettes, articles ménagers, quincaillerie, fripes, aliments de "regratterie" (revente à bas prix des restes provenant de tables aristocratiques), produits éphémères (gâteaux chauds, herbes et imprimés), peaux de lapins. Les "fenestriers" exposent leur marchandise sur une fenêtre. Ce sont souvent des revendeuses et des raccommodeuses de vieux vêtements, de chapeaux et vendeuses d’aliments. Les hommes ont souvent des spécialités (médicaments pour les yeux, les cors, tisanes…). A la campagne, des paysans deviennent colporteurs durant les mois d’hiver (4 à 6 mois) et partent avec leur « balle » (tissus, mercerie, bijoux, almanach) qui pèse entre 40 et 50kg. Le colporteur part entre fin août et fin novembre en fonction des exigences du travail agricole, de la rentrée des récoltes, des dates de marchés aux bestiaux et rentre au printemps selon les besoins du commerce. Ces colporteurs sont insérés dans un système de relations sociales qui les aide, mais aussi les surveille. Ces réseaux de parenté s’organisent en compagnies commerciales familiales, très souples, nouées et dénouées au gré des évènements (mort, enrichissement ou appauvrissement..). Les colporteurs achètent et vendent à crédit. La durée de remboursement est variable. Ils tiennent des livres de comptes où les clients sont situés géographiquement et humainement. Les prix sont négociés au cas par cas. La seule obligation est de se souvenir du prix d’achat. Les marchandises sont marquées avec des codes, ce qui permet de les retrouver en cas de vol. Le commis est un colporteur salarié au service de l’entreprise. L’apprenti, fils de sociétaire, fait son apprentissage et porte la balle. Les colporteurs proprement dits peuvent embaucher des domestiques et des apprentis. Les contrats d’apprentissage décalquent cette hiérarchie. La durée varie de 4 à 6 ans. 42 Le colporteur assure aussi le «colportage des nouvelles», obtenues au cours de ses pérégrinations. Il relie à la ville, les zones rurales les plus reculées. C’est un diffuseur de connaissance. A partir du XIXe siècle, la construction des routes et du chemin de fer rend l’accès aux boutiques citadines ; des grands magasins ouvrent, tel «le Bon Marché», et la vente par correspondance se développe. La monnaie Les origines de la monnaie sont indissociables des échanges sociaux et rituels. En Mésopotamie un système de gestion administrative des dettes et des créances s’est développé, basé sur la comparaison de la valeur des produits échangés avec des « valeurs étalons », connues de tous, coquillages, petit objet d’art, petit lingot de métal plus ou moins précieux ou biens d’usage courant, comme le sel qui servit à payer les légionnaires romains (origine du mot salaire). L’invention de la monnaie métallique en Occident fut l’œuvre des grecs d’Asie Mineure au VIIe siècle avant J.C. Vers 675 après. J.C., en Gaule, le sou d’or est remplacé par une pièce d’argent : le denier. Sous le règne de Jean le bon (1319-1364) en 1360 apparaît le premier franc, pièce d’or représentant le roi armé et à cheval émise à l’époque de la libération du roi, le terme franc signifiant « franc des anglais » donc libre. Louis XIII (1610-1643) réforme, en 1640, le système monétaire et crée le louis d’or et une pièce d’argent l’écu. La Convention (1792-1795), pour pallier à la pénurie d’espèces, recourt au papier sous la forme de billet d’escompte puis d’assignat. Les coupures sont trop grosses et le problème de la petite monnaie courante reste entier. On fond alors la vaisselle, les cloches. De 1794 à 1795 la fabrication de l’écu est suspendue. Par la loi du 28 thermidor an III (15 août 1795), le franc devient notre monnaie nationale. Un franc sera divisé en 10 décimes et 1 décime en 10 centimes. Le 27 mars 18O3 l’existence du franc est confirmée par la loi du 7 germinal an XI. La pièce de 1 franc d’argent est frappée à l’effigie de Bonaparte. C’est le franc germinal. Il perdure jusqu’en 1914. Afin de supplanter l’ancien Louis d’or royal encore en circulation, une pièce en or de 20 francs, le fameux « Napoléon » et une de 40 francs viennent compléter les monnaies d’argent de 5, 2 et 1 franc. 43 En 1914, des avances accordées au trésor obligent la banque de France à faire fonctionner « la planche à billet » et à retirer l’or de la circulation, entraînant dépréciation et inflation. En 1940, la France vaincue, l’état français se voit forcé de fabriquer les monnaies uniquement en zinc, en aluminium ; même le fer refait son apparition pour la pièce de 20 centimes. En 1958, le général de Gaulle décide de procéder à une nouvelle dévaluation et annonce la création d’un nouveau franc ou « franc lourd » qu’il confie à Antoine Pinay et à Jacques Rueff. Adopté le 10 décembre 1991 et ratifié en France, le traité de Maastricht prévoit l’unité monétaire de l’Europe. L’EURO se substitue définitivement au franc le 17 février 2002. Les poids et mesures De tout temps, les hommes ont éprouvé le besoin de mesurer les biens qu’ils possédaient ou dont ils faisaient commerce. Ils ont donc cherché à tout quantifier, comparer, codifier en unité de mesure. C’est le corps de l‘homme qui servit de référence. Les principales unités de mesure étaient alors : La coudée : distance du coude à l’extrémité des doigts. La palme : écart entre le bout de l’auriculaire et le bout de l’index. L’empan : écart entre le bout du pouce et le bout de l’auriculaire. La toise : distance entre les bouts des doigts, les deux bras étendus. La lieue : distance que peut parcourir un homme pendant une heure. Pour lever les impôts, les prêtres égyptiens faisaient appel à des arpenteurs qui utilisaient une corde de douze coudées. Les égyptiens utilisaient une balance à fléau. Des plateaux à chaque extrémité permettaient de comparer l’objet à peser avec une masse de référence. Plus tard la balance romaine ou starera fait son apparition. Un contrepoids déplacé sur un fléau asymétrique permettait de peser un objet. Sous Charlemagne, l’uniformisation était de mise. Les étalons étaient conservés au Palais Royal. La pile de Charlemagne (une série de treize godets en cuivre s’emboîtant les uns dans les autres et pesant au total cinquante marcs) servait à fixer le poids des monnaies. A la mort de Charlemagne, chaque seigneur instaure des usages propres. En 1666, sous Louis XIV, Colbert fonde l’Académie des sciences. Le 16 février 1791, sur proposition du Chevalier JC de Borda, une commission fixe la base de l’unité des mesures. En mars 1791, naissait le mètre dont la longueur était établie comme égale à la dix millionième partie du quart du méridien terrestre. Toutes les autres unités de mesure en découlait : le mètre carré, le mètre cube, le litre, le gramme. Le système métrique décimal est institué le 7 avril 1795 et se répand peu à peu hors de France. 44 En 1875, le bureau international des poids et mesures (BIPM) voit le jour. Ses attributions sont ensuite étendues aux unités électriques et photométriques en 1937, aux étalons de mesure pour les rayonnements ionisants en 1960. En 1960 puis en 1983, suite aux importants travaux sur la vitesse de la lumière et sur les horloges atomiques, le mètre est redéfini en fonction de la vitesse de la lumière, comme égal « à la longueur du trajet parcouru dans le vide par la lumière pendant 1/299 792 458 de seconde ». Les transports Dans l’Ancien Régime, l’horizon se limite à la paroisse, les individus se rendent à pieds aux fêtes, foires, marchés, puis on se déplace à dos d’âne, de mulet, de cheval, et en charrette pour les besoins des travaux journaliers Avec l’agrandissement des villes, les transports urbains apparaissent, avec en privé la chaise à porteur et les charrettes encombrent les ruelles. Le Service de la Poste est créé et achemine courriers et voyageurs. Au XVIe siècle, il faut dix jours pour aller de Paris à Lyon. Le coche véhicule attelé de 2 à 6 chevaux transporte de 6 à 8 personnes, il reste en e usage jusqu’au XIX siècle, en se modernisant. Les principales routes rayonnent à partir de Paris, les autres routes sont en mauvais état, peu sures et jalonnées de nombreux péages et douanes. Le carrosse est couvert et suspendu. Il possède glaces, rideaux et portières sur les cotés. Il devient un fiacre quand il sert de véhicule en commun. Les diligences sont divisées en trois compartiments (le coupé à l’avant, la berline au centre et la rotonde à l’arrière). Les turgotines vont permettre la mise en place de lignes régulières à la veille de la Révolution. En 1828 est créé l’Entreprise des omnibus. Les omnibus circulent sur des lignes régulières à heures fixes mais sans points d’arrêts fixes. Les omnibus tirés par 3 chevaux comportent 14 places assises. En 1834 apparaissent les correspondances, et en 1853 les voitures impériales. A partir de 1850, le réseau routier s’améliore. Les transports en commun se développent. 45 En 1856 la première tentative de est lancée ; les voies ferrées vont 1850 ; leur vitesse et leur capacité augmentent. Et à partir de 1870 les apparaissent en villes. transport par le rail s’imposer à partir de de transport tramways A la fin du XIXe siècle, l’automobile fait son apparition. En 1893 le préfet de police Louis Lépine institue le certificat de capacité à la conduite. Le permis de conduire actuel est créé en 1922. La fiscalité Le système fiscal de l’Ancien Régime est complexe et diffère selon le lieu de résidence et l’époque. Les redevances sont soit en nature soit pécuniaires. Les droits féodaux et seigneuriaux comprennent : -la corvée travail gratuit que devait le paysan au seigneur. -le rachat ou relief, droit de mutation appliqué aux successions collatérales, s’élevant en général aux revenus de la terre pendant une année. -le quint, levé à la vente d’un fief représentant le cinquième du prix. -le cens, rente annuelle en argent ou en nature, qui rappelle la propriété primitive du seigneur sur les terres. -les lods et ventes, taxes levées en cas de vente de la censive (les terres), correspondant au huitième du prix de la vente. -le champart, rente proportionnelle à la récolte variant entre le sixième et le douzième et prélevée après la dîme du clergé. La dîme est une redevance en nature pour subvenir à l’entretien des ministres du culte ; elle est prélevée avant les droits seigneuriaux et représente en moyenne le treizième des récoltes, avec de grandes disparités selon les régions. A l’origine, le roi doit tirer ses ressources de son seul domaine, mais il peut demander une aide pour : le mariage de sa fille, le paiement d’une rançon, l’armement de ses fils chevaliers, la guerre notamment la croisade. Par abus, il se met à lever des impôts en permanence. 1-Les impôts directs : -La taille : à l’origine une baguette de bois fendue, permettant de conserver la trace de valeurs chiffrées, c’est d’abord un impôt exceptionnel levé en cas de dépassement budgétaire, qui devient annuel et permanent en 1439 lors de la guerre de 100 ans. Il est déterminé par le Conseil du Roi en juillet, au moment 46 des récoltes. Le recouvrement est perçu par des hommes, désignés par la paroisse, qui sont responsables sur leurs biens. La taille prend deux formes, selon les époques et les régions. La taille personnelle, formule la plus courante, basée sur les signes extérieurs de richesse, concerne les chefs de famille roturiers en pays d’Elections (dans le nord de la France). La taille réelle (dans le sud, l’Artois et la Flandre) est un mode de répartition plus juste basée sur la valeur des biens à partir de l’élaboration des cadastres (compoix) pour remédier à la fraude. -La capitation : créée en 1695, elle devait être temporaire. La population est répartie en 22 classes, avec un tarif dégressif entre chaque classe. Les princes de sang, ministres et fermiers généraux paient 2000 livres tandis que les manouvriers paient 1 livre, les plus pauvres en sont exemptés. -Le dixième : apparu en 1710, il est proportionnel aux revenus, mais de rendement médiocre. -Le vingtième : mis en place en 1750 pour amortir la dette de l’état, il porte sur 20% des revenus fonciers ; le clergé en est exempté. 2-Les impôts indirects : Ce sont des taxes sur la vente de certains produits ou sur la circulation des marchandises, prélevées par des compagnies privées pour le compte de l’état, les « fermes », qui avancent une somme fixée puis se remboursent auprès des contribuables avec de gros bénéfices. -La gabelle : c’est une taxe sur le sel, élément stratégique, seul moyen de conserver les aliments. Instituée temporairement par Saint Louis, reprise par Philippe IV le Bel, elle devient en 1343 sous Philippe VI de Valois, monopole d’état. Elle est perçue différemment selon les provinces : -les pays de « grande gabelle » consommant le sel venant des marais salants de l’Atlantique, sont fortement taxés, et à partir de 1680, le contribuable doit acheter une quantité minimale obligatoire « le sel de devoir pour le pot et la salière » sans compter les salaisons et les besoins du bétail. -les pays de « petite gabelle » ravitaillés par les marais salants de Méditerranée sont moins taxés et leur consommation est libre. -les pays « de salines » disposent de leur propre sel moins taxé. -les pays « redimés », autour du Poitou, ont racheté l’impôt en 1548 par un versement forfaitaire, le sel y est donc bon marché. -les pays de « quart-bouillon » en Normandie l’achètent à des exploitations particulières où l’on extrait le sel en faisant bouillir l’eau de mer. -les pays « exempts » dispensés lors de leur réunion au royaume de France. -Les aides : sont des impôts sur la circulation des denrées, prélevées à l’entrée des villes aux postes de péage (octroi) ou au moment de la consommation, par exemple du vin et du tabac ; elles sont collectées par les fermes de 1687 à 1780. -Les traites : droit levé sur les marchandises à l’entrée et à la sortie du royaume ou au passage de certaines provinces. Elles rendent le commerce plus 47 compliqué et augmentent fortement le coût des marchandises. Les montants prélevés peuvent faire varier les prix d’achats de 5 à 100%. La Révolution va supprimer tous les impôts de l’Ancien Régime, et même le mot « impôt » pour le remplacer par le mot « contribution » voulant souligner que le paiement des taxes était librement consenti par les délégués de la nation. La Constituante crée 4 contributions directes, baptisées les « 4 vieilles », ne concernant que la propriété : la foncière, la mobilière devenue taxe d’habitation, la patente devenue en 1977 taxe professionnelle, et la contribution sur les portes et fenêtres qui sera supprimée en 1925. L’impôt sur le revenu est créé en 1917. La police La notion de police apparaît à partir du IXe siècle dans les villes franches ou libres qui possèdent le droit de s'administrer. La police concerne d’abord l'ordre public et les bonnes moeurs. Elle relève des municipalités, échevins ou consuls, et porte sur la propreté, la sûreté, la santé publique des hommes (épidémies, pollution) et des animaux (épizooties, abattage), la voirie, l'approvisionnement en denrées et en eau, les foires et marchés, les prix, les fraudes, l'organisation des métiers, de l'apprentissage. A Paris, Saint-Louis crée en 1254 le corps des chevaliers du guet, chargé d'assurer la sécurité de la ville la nuit. "Bonnes gens, dormez en paix !". Colbert présente en mars 1667 un édit instituant la charge de lieutenant de police pour veiller à la bonne marche de la cité. La Reynie, premier lieutenant général de police, met sur pied une véritable administration centralisée et fait raser la Cour des miracles. Il est à la fois administrateur et magistrat, disposant d’un tribunal au Châtelet (la chambre de police) et y rendant des sentences. Ses ordonnances sont apposées sous forme de placards dans la rue. Les commissaires examinateurs au Châtelet deviennent en 1708 des commissaires de police, assistés par des inspecteurs. Ils sont propriétaires de leur charge. Pendant la période révolutionnaire, Fouché s'intéresse exclusivement à la police politique et rend, dès 1795, le passeport intérieur obligatoire pour se déplacer hors de son canton. Napoléon Bonaparte, premier Consul, crée en 1800 la Préfecture de police de Paris, et fait nommer, dans toutes les villes de plus de 5.000 habitants, un commissaire de police placé sous l'autorité du préfet ou du sous-préfet. En milieu rural et dans les villes de moins de 5 000 habitants, les pouvoirs de police sont exercés par la gendarmerie nationale et les gardes-champêtres. 48 En 1829 (loi du 12 mars) sont créés les "sergents de ville", au service de la sécurité et de la prévention. Portant tricorne et épée, ils sont chargés de veiller à la paix publique et constituent la première force de police en uniforme du monde. Par arrêté du 7 septembre 1870, les sergents de ville deviennent des gardiens de la Paix publique. Leur uniforme est modifié, le bicorne est remplacé par le képi. En 1871, Jules Ferry met à disposition de la préfecture de police la caserne de la Cité, qui, bâtie sur l'emplacement de l'ancien marché aux volailles de Paris, vaut le sobriquet de poulets donné aux policiers. Georges Clemenceau crée en 1907 les premières brigades mobiles de la PJ (police judiciaire), les "brigades du Tigre". La loi du 9 juillet 1966 institue la police nationale, dont les personnels sont fonctionnaires. La justice Au temps de la féodalité, la justice est exercée par les seigneurs et le clergé. Sous l’Ancien Régime, malgré la mise en place d’une justice royale, de nombreuses juridictions subsistent. La justice royale comprend divers degrés hiérarchiques : - les prévôtés, parfois aussi nommées vigueries, vicomtés ou châtellenies selon les régions, dont la compétence est limitée aux causes ordinaires ; - les bailliages et sénéchaussées, de taille diverse, qui jugent en première instance les causes civiles et criminelles des nobles ; - les présidiaux qui jugent les grosses affaires et traitent de nombreux appels en dernier ressort ; - les Parlements enfin, souverains en matière de justice et juridictions d’exception pour ce qui touche au roi et à son domaine. L’autorité des Parlements est universelle sur la police, les finances, la législation, l’assistance publique, l’organisation des régences et la discipline ecclésiastique. A côté de ces juridictions ordinaires, existent des juridictions dites extraordinaires spécialisées dans un secteur administratif ou financier. On distingue : - la juridiction civile gracieuse qui enregistre les actes dénués de contestation tels les procès-verbaux de levée des enfants abandonnés, les déclarations de grossesse, les mises sous tutelle ou curatelle, les appositions de scellés ; - la juridiction civile contentieuse qui jugent les litiges de propriétés ou de dettes, les affaires familiales et la petite criminalité. Les peines prononcées sont de différents types : la peine de mort, les peines corporelles (de la flagellation à la mutilation), les peines simplement afflictives, les peines infamantes et les peines pécuniaires. Ainsi, sous l’Ancien Régime, la prison était rarement une peine. Aux XIXe et XXe siècles, les principales juridictions comprennent : 49 - - - - la justice de paix, créée dès 1790, qui est une juridiction de proximité située au cheflieu de canton et qui traite principalement de tous les litiges de la vie quotidienne et notamment des affaires familiales. Le tribunal de première instance aux compétences à la fois civiles (divorces, litiges entre bailleurs et locataires) et correctionnelles (vols, violences) juge en appel les affaires des juges de paix et des conseils de prud’hommes. Il a été remplacé le 31 décembre 1958 par le tribunal de grande instance ; La cour d’assise, créée en 1811, a succédé au tribunal criminel de la période révolutionnaire et juge les infractions qualifiées de crimes ; Le tribunal de commerce juge des affaires commerciales et des liquidations judiciaires des commerçants, tandis que les Conseils des prud’hommes règlent les procédures entre salariés et employeurs ; La cour d’appel statue sur les appels des jugements rendus par les tribunaux de grande instance et les tribunaux de commerce. De la maréchaussée à la gendarmerie La Maréchaussée, corps d'hommes d'armes dépendant directement des maréchaux, apparaît en France au XIIe siècle, avec pour première fonction de surveiller l'armée en campagne, les mercenaires, les déserteurs et les soldats démobilisés. Progressivement, elle devient la force publique du domaine royal avec une juridiction souveraine siégeant dans l'île à Paris. En 1190, le roi Philippe Auguste lève une troupe de sergents d’armes placés sous l’autorité du sénéchal, chef suprême des armées, puis du connétable. Le 25 janvier 1536, François 1er étend les pouvoirs de la Maréchaussée aux crimes de grand chemin. La Maréchaussée se voit confier pour la première fois une mission civile. L’édit du 9 mars 1720 réorganise la Maréchaussée qui est alors constituée de trente compagnies (une par généralité), chacune étant composée d’un prévôt général, de lieutenants, d’officiers de robe, de brigadiers, de sous-brigadiers et d’archers. Cette ordonnance impose un uniforme de couleur bleue et des équipements spécifiques. Une solde est versée trimestriellement, puis mensuellement à compter de 1778, selon le grade. La loi du 16 février 1791 stipule que la Maréchaussée portera désormais le nom de Gendarmerie nationale, chargée de la police des campagnes pour prévenir (police administrative) et réprimer (police judiciaire) et assurer le maintien de l’ordre et l’exécution des lois. Napoléon 1er voit en la Gendarmerie l’élite de l’armée et ses légions participent aux campagnes impériales. L’ordonnance du 29 octobre 1820 oblige les gendarmes à agir en uniforme et établit le principe de la disponibilité permanente. 50 En 1901 la première école de gendarmerie est créée et les gendarmes sont alors exclusivement rattachés au ministère de la Guerre et progressivement spécialisés. Ils participent ensuite aux conflits associés à la décolonisation. En 1965 est fondé le centre d’information routière. Par ailleurs, le développement de la délinquance amène à la création des brigades de recherche (BR) composées majoritairement de gendarmes officiers de police judiciaire, et en 1974 est crée le groupe d’intervention de la gendarmerie nationale (GIGN) spécialisé dans la lutte antiterroriste A partir de 1970, la gendarmerie participe à des missions de maintien de la paix à l’étranger sous l’égide de l’ONU et les femmes peuvent devenir gendarmes depuis 1983. Les armées et le service militaire Charles VII crée la première armée royale de caractère permanent et de type mercenaire (ordonnances de 1439 à 1447). Il désigne et rémunère quinze capitaines, chargés de recruter chacun les cent lances de sa compagnie. Il se dote aussi d’une infanterie, en s’appuyant sur les milices communales. Ces militaires sont exonérés de la taille, d’où leur nom de francs archers. Louis XIV institue un tirage au sort parmi tous les hommes du royaume âgés de 16 à 45 ans. Ces militaires servent pendant 5 ans dans la milice créée par Louvois ou 6 ans (contrat renouvelable) pour être gardes du corps, mousquetaires et gendarmes. La royauté va séparer l’administration du commandement en créant un secrétariat à la guerre comprenant divers bureaux auxquels les services de l’armée vont se rattacher. Alors que la conscription est condamnée en 1789 par les cahiers de doléances, la Convention procède à une levée en masse de 300.000 hommes (décret du 25 août 1793). La Loi "Jourdan" du 19 fructidor an VI (5 septembre 1798) précise que «tout Français est soldat et se doit à la défense de la patrie». Elle prévoit le recensement de tous les hommes de 21 à 25 ans sur les registres communaux. La loi du 28 décembre 1803 (8 nivôse an IX) instaure la désignation des conscrits par tirage au sort (en vigueur jusqu’en 1905), avec possibilité de se faire remplacer. La loi du 21 mars 1905 (loi Jourdan-Delbel) impose un service militaire personnel et obligatoire pour tous. Le service militaire devient service national en 1959. Le 1er 51 janvier 2003 l’appel sous les drapeaux est suspendu (et non supprimé). Année 1798 1802 1832 1868 1872 1902 1923 1945 1956 1970 1992 2003 Durée 5 ans 5 ans 7 ans 5 ans 5 ans 3 ans 18 mois 1 an 30 mois 12 mois 10 mois - Observations Tous hommes de 20 à 25 ans Tirage au sort – Remplacement par contrat Remplacement supprimé en 1855 6 mois pour ½ contingent – remplacement possible Remplacement supprimé – dispense possible Service obligatoire et universel – sursis possible 18 mois ou 2 ans en 1935 1 an ou 15 mois Guerre d’Algérie jusqu’en 1962 sursis : incorporation possible entre 18 et 27 ans Suspension conscription L’état-civil Date 1334 1539 1556 1559 1563 1579 1598 1659 1667 1674 1685 1693 1736 1787 1792 Evènement Le plus ancien registre paroissial de France (Givry en Saône et Loire) Ordonnance de Villers-Cotterets : Institution des registres de baptêmes et sépultures avec indication du nom du père ; obligation d’utiliser le français Décret d’Henri II ; déclaration obligatoire des grossesses pour filles et veuves Premier registre protestant (mariages et baptêmes) Concile de Trente : Mention des parrain et marraine dans les actes de baptêmes Ordonnance de Blois : Création registres de mariage, décès, publication des bans Edit de Nantes : les actes protestants sont reconnus Louis XIV ordonne la rédaction d’un livre-terrier pour recenser les domaines royaux Ordonnance de Saint-Germain-en-Laye (Code Louis) : Tenue des registres en deux exemplaire, Uniformisation de la rédaction des actes, Signature des parrain et marraine pour les baptêmes, des conjoints et des témoins pour les mariages et de deux des parents pour les sépultures Tenue des registres sur papier timbré obligatoire Révocation de l'Edit de Nantes : suppression des registres protestants Les actes notariés sont assujettis au contrôle (enregistrement actuel) Déclaration royale: Les deux registres ont un caractère authentique et doivent êtres signés par les deux parties Édit de tolérance : rétablissement des registres protestants 20/25 septembre : Création de l'Etat Civil moderne : La tenue des registres est remise aux Municipalités, Création des tables annuelles et décennales, Mention des profession, âge et domicile des défunts sur les actes de décès 1793 1794 1798 28 juin : Possibilité pour les femmes d’accoucher sous X 24 novembre : Entrée en vigueur du Calendrier républicain (jusqu’en 1806) Institution d’un baptême civil ; les nom et prénom de l’acte de naissance font foi 22 septembre 1798 au 26 juillet 1800 (1er vendémiaire An VII au 7 thermidor An VIII): mariages au chef lieu de canton 52 1800 1801 1803 1808 1836 1871 1872 1877 1884 1897 1923 1927 1945 1955 1974 2005 Indication du lieu de naissance et de la filiation du défunt sur les actes de décès Institution du régime du Concordat ; apparition des registres de catholicité Le code civil autorise la modification du nom, encadre le choix des prénoms ; Fixation des noms de famille pour les juifs Premier recensement nominatif de la population Destruction des registres parisiens lors de la Commune Possibilité d’option pour les alsaciens et lorrains entre la France et l’Allemagne Généralisation du Livret de famille créé en 1872 Rétablissement du divorce (qui avait été supprimé pendant certaines périodes) Mention des mariages, divorces et reconnaissances en marge des actes de naissance Mention des dates et lieux de naissance des parents sur actes de naissance enfants Suppression des registres de publication de mariage (destruction en 1959) Mention du décès en marge de l'acte de naissance Mention de l'adoption en marge des actes de naissance Majorité fixée à 18 ans Choix possible du nom des enfants (nom du père, de la mère voire des deux accolés) Le cas des protestants Protestant dans la langue du XVIe siècle veut dire « qui témoigne de sa foi ». Au début du XVIe siècle, le moine allemand Martin Luther propose la réforme de l’église catholique et fonde l’église luthérienne qui s’impose rapidement en Allemagne et en Alsace. En France, Jean Calvin organise l’église réformée et commence à créer des paroisses. L’affaiblissement du pouvoir royal crée les conditions favorables à l’établissement du protestantisme. La religion protestante est basée sur le salut par la foi seule et sur le sacerdoce universel ; elle s’articule autour de la bible et du culte dominical. Le croyant n’a donc pas besoin de confesseur et peut se passer de pasteur. Deux sacrements lui suffisent : le baptême, pratiqué durant le culte dominical, et la communion dite aussi Sainte Cène, célébrée pendant le culte, qui est un partage de repas. La confirmation, instituée au XIXe siècle, fêtée à 14 ans, est un engagement personnel qui marque l’admission à la Sainte Cène. Le mariage est un engagement libre des époux l’un en vers l’autre devant Dieu et la communauté. La cérémonie des obsèques se déroule au temple où le culte permet aux vivants d’écouter la parole de Dieu. La crémation est autorisée depuis 1898 (1963 chez les catholiques). Les rois de France catholiques imposant leur propre religion, les protestants sont très vite persécutés. A partir de 1562 commencent les guerres de religion et leurs tueries, qui culminent par la Saint-Barthélemy, le 24 août 1572, autorisée par Charles IX poussé par les Guise. Henri IV ramène la paix civile et religieuse en promulguant « l’édit de Nantes » le 30 avril 1598, qui instaure une tolérance limitée pour les Protestants et autorise la formation des pasteurs, l’accès à l’éducation et à la fonction publique. Louis XIV manifeste une volonté politique de réduire le protestantisme par éradication d’abord volontaire puis autoritaire. 53 Le 18 mars 1681, Louvois autorise l’usage de la dragonnade, le logement forcé de dragons, soldats du roi, chez les protestants, pillés et maltraités jusqu’à ce qu’ils abjurent. Le 18 octobre 1685 Louis XIV signe l’édit de Fontainebleau qui interdit tout exercice de la religion protestante. Les Opiniâtres vivent le désert où des pasteurs résistants tiennent des registres d’état civil et des assemblées clandestines. Après environ un siècle de persécutions, Louis XVI par l’édit de Versailles dit de tolérance du 7 novembre 1787 accorde aux protestants un état civil de « rattrapage » et leur assure le droit d’exister. La Révolution et sa déclaration des droits de l’homme en 1789 permettront aux protestants d’accéder à tous les emplois civils et militaires. Mais la nouvelle organisation de l’église réformée et de l’église luthérienne d’Alsace sera l’œuvre de Bonaparte dans le cadre du Concordat et des articles organiques du 18 germinal an 10 (8 avril 1802) signé après le concordat de 1801 avec l’église catholique. Il faudra attendre 1905, et la séparation des églises et de l’état, pour aboutir à la création de la fédération protestante de France, formée de 3 unions évangéliques. Le cas des juifs Les Juifs étaient très peu nombreux dans la France de l’Ancien Régime, mais il existe des familles juives très anciennement ancrées dans certaines régions : en Alsace-Lorraine, à Avignon, dans le Comtat Venaissin, à Bordeaux et à Bayonne. On distingue 2 communautés juives distinctes : Les Sépharades, descendant des juifs expulsés d’Espagne en 1492, parlant le judéo-espagnol ou le judéo-arabe, et les Ashkénazes originaires d’Europe centrale parlant le yiddish, mélange d’allemand et d’hébreu. Les communautés juives tiennent des registres des grands événements : naissances, barmitzva (majorité religieuse des garçons à 13 ans), mariages, divorces et décès. Des registres de circoncision tenus par les rabbins, mais rédigés en hébreu, indiquent la date de la circoncision, le nom du bébé et de son père. L’acte de mariage religieux, très important, s’appelle la kétouba, signé par l’homme et remis à la famille de la mariée pour protéger la femme en cas de divorce. Jusqu’au XIe siècle la culture juive est florissante dans la moitié nord en Champagne, et dans le sud en Provence et en Languedoc. Mais la situation se dégrade fortement lors de la prédication de la première croisade en 1095, qui entraîne une flambée d’antisémitisme. Au XIIe siècle, Philippe Auguste inaugure un modèle d’expulsion spoliation des Juifs qui va se répéter à de nombreuses reprises. Saint-Louis poursuit cette politique hostile au judaïsme et libère ses sujets du tiers de leur dette envers les Juifs. En 1269 il impose aux Juifs le port de la rouelle (morceau d’étoffe portant une roue), symbole des 30 deniers de Judas. L’expulsion totale et définitive à lieu en 1394, sous le règne de Charles VI le 54 Fol, sauf dans les états du Pape (Avignon et Comtat Venaissin) où ils sont tolérés. La révolution accorde le 21 septembre 1791 la citoyenneté pleine et entière à tous les Juifs de France, tant dans la métropole que dans les colonies. Le 30 mai 1806, Napoléon 1er rétablit le culte des Israélites, et par le décret du 20 juillet 1808, il fait obligation aux Juifs de choisir un nom de famille et des prénoms fixes. Des consistoires tiennent des registres mentionnant les circoncisions, les mariages, les divorces et les décès. En 1894, éclate l’affaire Dreyfus, officier d’état major juif, faussement accusé de haute trahison, et condamné par le conseil de guerre à une dégradation humiliante et à la déportation perpétuelle en Guyane. Il est gracié par le président de la République en 1906, et pleinement réhabilité par la cour de cassation. Sous le régime de Vichy, brutalement isolés du reste de la population et poursuivis par la Milice, 75 000 Juifs meurent au cours de l’Occupation parmi lesquels de nombreux réfugiés d’Europe de l’Est ou d’Allemagne. L’arbre généalogique La représentation visuelle de la famille sous la forme de l’arbre généalogique remonte aux temps immémoriaux et le vocabulaire employé (racines, tronc, branches, feuilles, ..) est déjà écrit dans la vie de SaintJoseph : « Et il sortira un rejeton de la racine de Jessé et une fleur s’élèvera de sa tige ». La représentation des prophéties d'Isaïe dans l'Ancien Testament sur la descendance de Jessé, père du roi David, montre, à partir du Xe siècle un arbre né du corps de Jessé, portant les images de quelques ancêtres du Christ, de sa mère et de lui-même. Les premiers arbres réalisés ne respectent pas toujours la chronologie et présentent parfois des personnages non justifiés, mais l’objectif est surtout d’affirmer une croyance, une règle, un droit ou un pouvoir. Aujourd’hui, la symbolique de l’arbre est double : retour sur le passé et les ancêtres disparus (racines) et croissance vers les générations futures (branches). L’arbre de consanguinité est une table de parenté permettant de définir la parenté entre deux individus. Il ressemble à un personnage majestueux déployant ses bras pour enserrer toute sa parenté. Au Moyen Âge, en Europe, les premières représentations graphiques sommaires de généalogies bibliques et impériales se rencontrent dans des monastères du nord de la péninsule ibérique et dans le monastère gascon de Saint-Sever. Les premières représentations de généalogies non bibliques sont réalisées aux environs du XIe siècle dans le monastère de Saint-Gall en Suisse et dans les abbayes germaniques d'Ebersberg et Lorsch et traitent des Carolingiens avec pour but d'assurer la prière des défunts. En France, les trois premières généalogies non bibliques (Mérovingiens, Carolingiens et Capétiens) sont produites à l'abbaye Saint-Aubin d'Angers, entre 1061 et 1068 et proposent un classement 55 chronologique respectant le sens descendant de la lecture, les frères sont représentés dans l'ordre de leur naissance, les représentants d'une même génération sur une même horizontale. Les représentations graphiques suivantes ont pour but de pouvoir juger de la conformité de mariages existants ou en projet avec les préceptes de l'Eglise alors en vigueur. Le "Compendium " élaboré par Pierre de Poitiers connaîtra une large diffusion et un énorme succès en Europe. L’arbre généalogique sera descendant ou ascendant. La thématique végétale est omniprésente. Sur le plan de la société, une évolution marquante du Xe au XIIIe siècle est la conscience du "lignage" dans les familles nobles. La généalogie est utilisée pour confirmer des droits de propriété sur des domaines ou des rentes. Les réformes de Colbert, visant à accroître la rentabilité de l'impôt, mettent la pression sur la noblesse qui doit fournir ses titres et prouver la lignée paternelle sur quatre degrés au moins. La démographie de Combs-la-Ville Dans l’Ancien Régime, Combs-la-Ville dépend de la généralité de Paris et est rattachée à la subdélégation de Brie-Comte-Robert. Le grenier à sel de ses habitants est à Melun. La paroisse appartient au diocèse de Paris. En 1790, la commune est intégrée au canton de BrieComte-Robert dans le département de la Seine-et-Marne. Population : Au XVIIIe siècle, le nombre moyen de feux est de 82 à Combs-la-Ville. Le recensement de 1790 indique une population de 500 habitants. Ceux effectués tous les 5 ans à partir de 1826 montrent une progression constante tout au long du XIXe siècle avec une population moyenne de 650 habitants. L’évolution de cette population a été affectée par les turbulences économiques et météorologiques : épidémies des années 1692-1694, grand hiver de 1709, dysenterie et mauvaises récoltes des années 1738-1740, campagne de France en 1814, cholera en 1832, variole et guerre en 1870. Les divers recensements permettent d’établir l’évolution de la population de Combs-la-Ville : 56 Population de Combs-la-Ville 25000 20000 15000 10000 5000 17 09 18 00 18 11 18 21 18 31 18 61 18 71 18 81 18 91 19 01 19 11 19 26 19 36 19 60 19 68 19 73 19 82 19 95 20 05 0 Actes recensés à Combs-la-Ville : 1667-1792 Total RP 1793-1902 Total EC Baptêmes - Naissances Filles Garçons 1037 1066 2103 838 833 1671 Mariages 503 600 Sépultures - Décès Filles Garçons 1050 1238 2288 757 792 1549 Mortalité : Les coefficients de mortinatalité (ondoyés ou mort-nés) sont avant 1793 de 2,7% (3% pour le royaume), après 1793 de 2,3%. La mort frappe beaucoup les enfants en bas âge (de 0 à 10 ans). Ainsi, sous l’Ancien Régime, seuls 54% des garçons atteindront l’adolescence et 58% des filles sortiront de l’enfance. Au XIXe siècle la situation s’améliore mais la mortalité enfantine reste élevée. L’espérance de vie des habitants de Combs-la-Ville est alors : A la naissance A 1 an A 20 ans A 40 ans A 60 ans A 70 ans Registres Paroissiaux Filles Garçons 21 a 2 m 20 a 4 m 32 a 6 m 32 a 3 m 50 a 5 m 49 a 4 m 60 a 4 m 58 a 10 m 70 a 4 m 70 a 3 m 76 a 75 a 6 m 57 Etat-Civil Filles 41 a 9 m 50 a 7 m 61 a 5 m 68 a 4 m 74 a 6 m 78 a 4 m Garçons 38 a 4 m 48 a 4 m 57 a 2 m 64 a 6 m 71 a 10 m 77 a Registres paroissiaux – Les sépultures des veuves représentent 15% des enterrements des femmes adultes alors que les inhumations masculines ne distinguent que 9% de veufs. Pour contredire la statistique l’ancêtre de la paroisse est un homme Claude Deloge, mort en 1702 centenaire. Etat civil – On dénombre les décès de 193 veuves et de 104 veufs. On rentre dans la « norme », le plus grand âge étant atteint par une femme, 100 ans 6 mois, laquelle a connu trois rois, deux empereurs et deux républiques alors que le vétéran n’atteint que 93 ans.. La mise en nourrice à Combs-la-Ville est une institution qui se perpétue au cours des années, mais les enfants concernés ne sont connus que le jour de leur mort. Les décès des enfants en nourrice se répartissent comme suit : Filles 33 60 Registres Paroissiaux : RP Registres d’Etat-Civil : EC Garçons 38 53 Nuptialité : Sous l’Ancien Régime, janvier, février et novembre sont les principales périodes des cérémonies nuptiales. A eux seuls ils voient célébrer 57% des unions. Un bref regain se manifeste en juillet (les moissons sont terminées). Au XIXe siècle, on constate une meilleure répartition entre les différents mois. C’est ainsi que janvier, février, novembre ne rassemblent plus que 29% des épousailles; mai et juin voient leur cote remonter. L’âge moyen au mariage des célibataires est de : Filles 24 a 5 m 23 a 9 m Registres Paroissiaux : RP Registres d’Etat-Civil : EC Garçons 27 a 6 m 27 a 1 m Ages au mariage des célibataires (RP) 40,00% 35,00% 30,00% 25,00% 20,00% 15,00% 10,00% 5,00% 0,00% -21 21/24 25/28 29/32 F 58 33/36 G 37/40 41/50 51 et + Avant la Révolution, les mariages avant 25 ans représentent 51% des unions pour les épouses et 28% chez les maris. La plus jeune fille a 15 ans, la plus ancienne 52 ans ; cette dernière convole avec un gars de 22 ans. Le garçon qui semble avoir le plus hésité ne s’engage qu’à 54 ans ce qui ne l’empêche pas d’avoir deux héritiers, d’autant que son épouse est plus jeune que lui de 27 ans. A partir de 1793, lors de mariages entre célibataires, 70% de filles et 37% de garçons ont moins de 25 ans ; la plus jeune épouse a 15 ans et la nécessité ne semble pas avoir hâté cet engagement (elle ne sera mère que deux ans plus tard). La femme la plus âgée, rentière de 53 ans, s’unit avec un propriétaire de 63 ans lui-même le plus âgé des jeunes mariés. Age au mariage des célibataires (EC) 0,4 0,35 0,3 0,25 0,2 0,15 0,1 0,05 0 -21 21/24 25/28 29/32 33/36 F 37/40 41/50 51 et + G La forte mortalité des adultes en pleine activité conduit à de nombreux remariages. Beaucoup ont une raison familiale. Il est urgent de donner une mère ou un père aux enfants de la maisonnée et d’assurer l’indispensable pour survivre. Sous l’Ancien Régime, les mariages dont au moins un des conjoints est veuf ou veuve représentent 29,6% des épousailles alors qu’au XIXe siècle ce pourcentage tombe à 13,6%. La répartition des couples selon la situation matrimoniale des époux est la suivante : RP EC Veuf + Veuve 39 16 Veuve + garçon 52 29 Veuf + fille 58 44 Célibataires 354 511 L’âge moyen au remariage est : Registres Paroissiaux Registres d’Etat-Civil Veuves 35 a 7 m 41 a 1 m 59 Veufs 42 a 6 m 46 a 2 m La durée moyenne du veuvage est de 22 mois (RP) et 52 mois (EC) pour les veuves et de 16 mois (RP) et 22 mois (EC) pour les veufs. Le délai de viduité n’est pas obligatoire sous l’Ancien Régime mais seulement considéré comme une bienséance (par respect pour le défunt) et n’est pas forcément observé. Les origines des conjoints qui se sont mariés à Combs-la-Ville à partir de 1793 sont variées : Filles 41,5% 3,3% 8,2% 8,2% 3,3% 0,8% 16,8% 1,0% 16,8% Combs-la-Ville Communes voisines Seine-et-Marne Seine-et-Oise Paris Etranger Autres départements Alsace-Lorraine Indéterminé Garçons 17,3% 4,3% 20,3% 15,3% 5,0% 2,0% 17,5% 0,8% 17,3% Sous l’Ancien Régime, le lundi et le mardi monopolisent pratiquement les noces avec 83% des épousailles. Après la Révolution, le mercredi progresse honorablement alors que le samedi s’installe durablement tout en faisant une progression fulgurante (jusqu’à 58%). Natalité : Sous l’Ancien Régime, les naissances sont souvent saisonnières. 58% des conceptions ont lieu sur cinq mois avec regroupement durant l’hiver, mai et juin. Après la révolution, les naissances sont plus réparties dans l’année, avec cependant un pic en juin. Le taux de natalité est de 38‰ avant la Révolution (39 dans le Royaume) et tombe à 24‰ (26,8 en France) après la Révolution. La population de Combs-la-Ville augmente alors par apport extérieur et augmentation des patronymes nouveaux. Les naissances de garçons dominent légèrement avant 1793, celles des filles après 1793. Enfants 1 2 RP 357 130 EC 514 155 3 74 68 4 70 42 5 41 28 6 27 13 7 15 13 8 10 0 9 12 3 10 0 1 11 5 4 12 2 1 13 2 0 14 1 0 15 1 0 16 1 0 Les mères engendrent des enfants très tôt et pendant une longue période (parfois plus de 20 ans). Les âges des mères à la première maternité sont : 60 Taux des naissances ( ‰) par âge des mères RP EC 200 150 100 50 46 44 42 40 38 36 34 32 30 28 26 24 22 20 16 /1 7 0 Les prénoms les plus souvent donnés lors des naissances d’enfants de Combs-la-Ville sont : Registres paroissiaux Filles Garçons Marie 478 Jean 169 Jeanne 81 Pierre 136 Marguerite 70 Louis 103 Anne 65 Nicolas 72 Geneviève 47 François 55 Catherine 40 Antoine 51 Louise 36 Jean 40 Bapt Françoise 29 Charles 39 Elisabeth 25 Claude 33 Claude 22 Michel 32 Registres d’état-civil Filles Garçons Marie 126 Louis Louise 76 Charles Eugénie 23 François Marguerite 22 Pierre Françoise 19 Jean Anne 13 Paul Geneviève 13 Eugène 66 48 40 40 35 27 24 Hortense Julie Victoire 22 22 20 13 11 11 Auguste Jules Jean Bapt Alphabétisation : La capacité de signer les actes de mariage permet une approche de la connaissance de l’alphabétisation à toutes les époques. Le palmarès des signatures est le suivant : Mariages Baptêmes Registres Paroissiaux Femmes Hommes 22% 43% 24% 35% 61 Registres d’état-civil Femmes Hommes 56,7% 93% Professions : Après 1793, à Combs-la-Ville, si l’agriculture tient toujours le haut du pavé, l’artisanat et les services (notamment le bâtiment) sont mieux représentés ainsi que l’alimentation. Les femmes sont cultivatrices ou manouvrières 24,8% (agriculture), petites mains 29,1% (lingères, couturières, blanchisseuses), domestiques 30%, employées 1,5%, cuisinières 7,9%. Agriculture Exploitants (fermiers, cultivateurs) le terme laboureur n’est plus employé Jardiniers Main d’œuvre (bouviers, charretiers, journaliers, manouvriers, voituriers) Bergers Vignerons et tonneliers Forêt (bûcherons, scieurs de long) Industrie – Commerce Métallurgie (ajusteur, mécanicien, électriciens, ouvriers, treillageurs) Négoce (marchands, tisserands, épiciers, merciers) Chemin de fer (employés PLM) Artisanat – Services Alimentation (bouchers, boulangers, mareyeurs, charcutiers, coquetiers) Bâtiment (charpentiers, maçons, couvreurs, menuisiers, peintres, serruriers, plombiers) Artisans (bourreliers, charrons, cordonniers, tailleurs, sabotiers) Ouvriers (carriers, terrassiers, draineurs, cantonniers, verriers) Services (domestiques, coches, gardes, concierges, cuisiniers, coiffeurs, taupiers) Divers Notables (rentiers, propriétaires) Professions libérales (notaires, ingénieurs, raffineurs, directeurs, vétérinaires) Employés (télégraphistes, comptables, commis, clercs) Militaires (officiers, gendarmes) Enseignement (professeurs, instituteurs) 62 62% 30 44 229 10 45 7 8% 19 16 12 25% 22 53 44 10 19 5% 12 5 5 4 4 Table des matières Thématique Page Introduction Les institutions Les noms et prénoms Les langues et l’écriture Les calendriers La naissance Les enfants L’enseignement Le mariage Le décès L’habitat Le mobilier Les vêtements La nourriture Les distractions - Les pèlerinages Les épidémies et l’hygiène La médecine Le monde paysan et le village La ville, la bourgeoisie et le monde ouvrier L’économie : foires et marchés, monnaie, poids et mesures Les transports La fiscalité La police, la justice, la gendarmerie, les armées et le service militaire L’état-civil – le cas des protestants et des juifs L’arbre généalogique La démographie à Combs-la-Ville 1 2-3 4-5 6-7 8-9 10-11 12-13 14-16 17-18 19 20 21 22-23 24-25 26-27 28-30 31-32 33-35 36-39 40-43 44 45-46 47-50 51-53 54 55-60 Cette exposition a été réalisée par Annie AUGE, Catherine DENAUX, Marcelle GRISELLE, Chantal HEBERT, Elise HAGET, Annie LE BELLEC, Marie-Clémence MOREAU, Christiane ROSSI et Michel WALTON, avec la participation de Roger BERTRE, Guy BONNIN et Monique PERIGNE. S.H.A.G.E. (Société d’Histoire, d’Art, de Généalogie et d’Echanges) www.genea77-shage.info - Email : [email protected] Tel (répondeur et fax) : 01 64 13 08 62 Correspondance : Centre Beausoleil – 6, rue des Frères Moreau Salle 101 – 77 380 Combs-la-Ville 63 Bibliographie Gérard Audusio Les Français d’hier – les paysans XVe au XIXe siècle – éd Armand Colin Aldo Bastié - Maïtena Chavaribeyre Il y a un siècle … la Provence – éd Ouest France Jean-Louis Beaucarnot Entrons chez nos ancêtres – éd Lattès Jean Louis Beaucarnot Comment vivaient nos ancêtres – éd Lattès François Bertin Gendarmerie- des prévôts du Moyen Âge au gendarme de l’an 2000 – éd Ouest France Gérard Boutet Métiers insolites – éd Jean Cyrille Godefroy Gérard Boutet Les forestiers – éd Jean Cyrille Godefroy Caroline Brancq Les costumes régionaux d’autrefois – éd Archive et Culture Caroline Brancq Amours et mariages en France autrefois – éd Archive et Culture Gabrielle Cadier-Rey Les Français de 1900 – éd Tallandier Historia Michèle Caminade Linge, Lessive, Lavoir, un histoire de femmes – éd Christian Jean Michel Facat Paysans de France un siècle d’histoire rurale 1850-1950 Bertrand Frélaut Il y a un siècle … la Bretagne – éd Ouest France Hippolyte Gancel Il y a un siècle … l’école – éd le grand livre du mois Hippolyte Gancel Il y a un siècle … la Normandie – éd Ouest France Pierre Goubert Les paysans français au XIIe siècle – éd Grand Livre du Mois Jackie Hiltenbrand Evolution de Combs-la-Ville Jacqueline et Raymond Humbert François Icher Les métiers oubliés Daniel Kramer La Seine-et-Marne, mémoire d’hier 1900-1920 – éd De Borée Rosine Lagier Il y a un siècle … la famille en France – éd. Ouest France Guy Martignon Métiers d’hier en Ile de France – éd Sides Jean Luc Mayard Gens de la terre. Marie Odile Mergnac Les femmes au quotidien de 1750 à nos jours – éd Archives et Culture Marie Odile Mergnac Retrouver contrats et dispenses de mariages – éd Archives et Culture Marie-Odile Mergnac Caroline Brancq Les écoliers et leurs maîtres en France autrefois – éd Archives et Culture Marie-Odile Mergnac Bébés d’hier – éd Archives et Culture Joseph Perret Histoire de Combs-la-Ville des origines à l’an 2000 (2 tomes) René Charles Plancke La vie rurale en Seine-et-Marne 1853-1953 – éd Amatteis René-Charles Plancke Brie Comte Robert et le Val d’Yerres à la belle époque – éd Amatteis Bernard Plongeron La vie quotidienne du clergé au XVIIIe siècle Anne Pons La maison des jours d’autrefois Guy Solenn Dans la peau de nos ancêtres, petites histoires insolites de la vie quotidienne Les papiers d’un laboureur – éd Champ Vallon Jean Vassort La France des artisans et des métiers – éd de la Martinière Alfred et Hélène Werner – Les épidémies, un sursis permanent – éd Atlante Divers Revue Notre Département – la Seine-et-Marne – Lys éd Presse Divers Revue française de généalogie Divers Généalogie Magazine Divers Votre généalogie Divers Nos ancêtres – Vie et métiers- 64 65