Rôle de taille en 1746

Transcription

Rôle de taille en 1746
EXPOSITION PRESENTEE PAR LA S.H.A.G.E.
AU CHÂTEAU DE LA FRESNAYE – COMBS-LA-VILLE
DU 10 SEPTEMBRE AU 5 OCTOBRE 2014
1
Introduction
Qui étaient nos aïeux, comment vivaient-ils, quels métiers exerçaient-ils, quels étaient les
grands traits de leur vie quotidienne et comment ont-ils évolué au cours du temps ?
L’exposition tente de répondre à ces diverses questions pour la période allant du XVIIe au
XXe siècle, plus exactement de 1600 à 1950 environ, période correspondant à l’existence de
nombreuses archives.
Elle se propose de suivre nos ancêtres tout au long de leur vie en retraçant les principaux
évènements qui la jalonnent, la naissance, l’enfance, l’enseignement, le mariage, les divers
aspects de la vie quotidienne, souvent rythmée par les saisons en respect des calendriers
liturgiques, et le décès.
Comment était constitué leur habitat ? De quel mobilier disposaient-ils ? De quoi se
nourrissaient-ils ? Comment s’habillaient-ils selon les modes et les lieux ? Quelles étaient
leurs distractions ? Comment les questions d’hygiène et leur évolution avec le temps ont
entraîné le recul progressif des épidémies, grâce aux progrès de la médecine.
Nos aïeux ont aussi migré entre régions et pays en fonction des guerres, des grands travaux
et des révolutions industrielles. Les échanges économiques étaient rythmés par les foires et
marchés ou le passage des colporteurs et des petits métiers ambulants, au gré des moyens de
transport, des monnaies ainsi que des diverses unités de mesures utilisées. Une lourde
fiscalité pesait déjà sur les campagnes.
Comment était assurée la protection de nos ancêtres ? Quel rôle était attribuée à la
maréchaussée devenue gendarmerie, à la police et aux diverses instances ayant pouvoir de
justice ? Comment ont évolué la conscription et le service militaire pour les jeunes garçons ?
L’étude de l’évolution de l’état-civil et des divers registres (registres paroissiaux et d’étatcivil) et documents (recensements, listes électorales) nous permet de reconstituer l’histoire
de nos aïeux, l’origine et la formation des noms patronymes que nous portons encore
aujourd’hui, le choix des prénoms, l’alphabétisation progressive. Le résultat de ces recherches
débouche souvent sur la réalisation d’un arbre généalogique.
La présentation finale de l’évolution de la démographie à Combs-la-Ville entre 1650 et 1903
est une illustration de l’utilisation de toutes ces sources d’information pour mieux connaître
l’histoire de nos aïeux.
2
Les institutions de l’Ancien Régime
Le pouvoir central est constitué autour du roi par des conseils, des ministres et la cour.
Les conseils comprennent au moins :
- Le conseil étroit (conseil secret ou conseil des affaires), devenu Conseil d’En Haut (ou
Conseil d’Etat) en 1643, comprend 4 à 7 ministres d’état désignés oralement par le roi.
- Le conseil royal des finances (ou conseil de la grande direction) ordonnance les
ressources et les dépenses. Il comprend une dizaine de hauts fonctionnaires.
- Le conseil des dépêches assure l’administration du royaume. Il comprend le chancelier,
les ministres et les secrétaires d’état autour du roi (ou du dauphin en son absence).
- Le conseil privé (ou conseil des parties) est l’organe judiciaire suprême. Il met en
forme édits et ordonnances et joue le rôle du tribunal de cassation.
Les ministres comprennent principalement :
- le chancelier, maître de la justice, des universités et de la librairie, prépare les édits
et ordonnances et y appose le sceau. Il est normalement inamovible.
- Le contrôleur général des finances (ex-surintendant) dirige l’administration
financière et la vie économique.
- Les secrétaires d’état administrent 1/4 du royaume, puis ont des attributions plus
précises.
La Cour comprend la maison civile, la maison militaire et la maison de la reine :
- la maison civile comporte 22 départements répartis en 7 services : le clergé, la bouche
du roi, la chambre du roi, les cérémonies, l’écurie, la vénerie et les logements.
- La maison militaire comprend 9 corps d’élite, soit environ 10000 hommes.
- La maison de la reine comprend environ 450 personnes sous la direction d’une
surintendante.
L’administration provinciale comporte 4 pays d’état, ayant des assemblées représentatives
chargées de consentir et de répartir l’impôt (Bourgogne, Bretagne, Languedoc et Provence),
et des pays d’élection où les impôts sont répartis et
levés par des officiers royaux détenteurs de leurs
charges (en 1789, il y a 179 élections regroupées en 21
généralités correspondant à des recettes générales).
Les premiers représentants du pouvoir royal ont été les
baillis ou les sénéchaux. Puis au XVIe siècle, le roi
confie l’administration des provinces à des gouverneurs
qui deviennent des intendants au pouvoir étendu :
surveillance des tribunaux, maintien de l’ordre,
ravitaillement de la population et des troupes,
répartition des impôts, construction des routes, lutte
contre la maladie, impulsion économique. En 1776, il y a
18 gouvernements de 1ère classe (princes de sang et
maréchaux), 21 de 2ème classe (lieutenants généraux)
et
114
de
moindre
importance
(petites
circonscriptions). Sous le Consulat, les préfets
3
remplacent les intendants et apparaît la séparation des pouvoirs.
Les Assemblées provinciales, créées dans les pays d’état, sont
étendues aux pays d’élection en 1787. Elles comprennent de 28 à
50 membres et le président est choisi par le roi.
Dans les communes, un conseil de ville désigne un corps de ville
(capitouls, consuls, jurats ou échevins selon les provinces) et un
maire. En 1692, les charges municipales sont mises en vente en
offices.
Le domaine royal est géré par des administrateurs généraux du
domaine. 26 bureaux des finances s’occupent de tout
contentieux relatif au domaine ainsi que de l’enregistrement de
la taille.
Les impôts directs sont levés directement par les contribuables à tour de rôle, c’est la
collecte. Les collecteurs sont responsables sur leurs deniers de la bonne rentrée des impôts.
L’argent levé par quarts provisionnels est porté aux receveurs.
La Ferme générale fait rentrer les impôts indirects. Le bail est passé au nom d’un
adjudicataire général derrière lequel agit une compagnie
de 87 fermiers généraux qui versent un cautionnement
sur lequel il touche un intérêt. Cette Ferme générale
emploie des commis et des gabelous qui traquent les
contrebandiers avec droit de perquisition.
aux monnaies.
Les chambres des comptes
enregistrent les déclarations
concernant le domaine, les
concessions
de
foires
et
marchés, … et contrôlent la
comptabilité. La cour des
monnaies juge en appel au civil
et au criminel les faits relatifs
En 1790, les diverses provinces sont regroupées en 83 départements.
La plupart de ces institutions de l’Ancien Régime ont été modernisées
par le Premier Consul et les préfets sont les héritiers des intendants,
les trésoriers payeurs généraux ceux des receveurs généraux des
finances, le Conseil d’Etat et la Cour de Cassation ceux du Conseil des
parties et du Grand Conseil. Des différences fondamentales
résultent cependant de la séparation des pouvoirs et de la rationalisation des structures de
l’Etat.
4
Les noms
De tout temps, les individus ont été désignés par un vocable pour les différencier des autres.
Les Celtes ne portaient qu’un nom unique, les Romains trois ou quatre, les Francs un seul. Les
Gaulois ont seulement un nom individuel, ayant souvent un sens guerrier : Vercingétorix est
ainsi le roi des super-guerriers.
Les noms latins sont composés de trois désignations : un prénom (praenomen), un nom
correspondant à la lignée (gentilice) et un surnom (cognomen) devenu nom de famille. Certains
rajoutent un sobriquet (agnomen) évoquant un évènement marquant de leur vie.
Le christianisme va donner un nom de baptême unique
(surnom en langue franque). Comme il y a trop
d’homonymes, on rajoute un surnom : Charles le Chauve,
Louis le Gros. Au XVe siècle ces surnoms deviennent des
noms de famille et se transmettent héréditairement.
L’état-civil
septembre
naissances,
exprimés dans l’acte de naissance font foi. Le
l’orthographe des noms.
laïque est créé par un décret du 20
1792 avec l’enregistrement en mairie des
mariages et décès. Les noms et prénoms
livret de famille, créé en mars 1877, fixe
Les lois Badinter permettent à la femme mariée de choisir de conserver son nom de jeune
fille, d’adopter celui de son mari ou d’accoler les deux noms, le double nom n’étant cependant
pas héréditaire.
Les patronymes peuvent se regrouper en diverses catégories :
- les noms correspondant à des noms de baptêmes (environ 60%) ;
-
les noms désignant le lieu d’origine ou sa localisation : Lenormand, Lorrain, Dupont ;
-
les noms traduisant le métier : Boucher, Lemarchand, Meunier, Boulanger ;
-
les noms reflétant une caractéristique physique ou
initial (Legrand, Petit) et souvent un sobriquet (Leborgne) ;
-
Les noms d’animaux, représentés pour
vivre à proximité de l’homme (Lechat).
L’orthographe
des
noms,
longtemps
phonétique, a fluctuée selon les langues et les
régions. Le breton, le basque, l’occitan, le
lorrain, l’alsacien et d’autres patois ou parlers
locaux amènent des variantes multiples à un
même surnom et impriment leurs caractéristiques aux noms de famille.
5
morale
de
l’ancêtre
Les prénoms
Les prénoms sont en général le reflet de l’époque. À l’époque romaine, le prénom est donné au
nouveau-né une dizaine de jours après la naissance et
traduit alors souvent une qualité souhaitée (Lætitia "joie",
Félix "heureux"…). Mais lorsque les parents manquent
d’imagination, ils n’éprouvent aucun scrupule à numéroter
leurs enfants : Primus, Secundus, Tertius... Quelques
prénoms de ce type ont d’ailleurs survécu jusqu’à nous :
Quentin (qui signifie "le cinquième"), Sixte ("le sixième"),
Octave ("le huitième").
Le concile de Trente décide en 1560 que chaque nouveauné doit porter pour prénom celui d’un saint, censé servir de
modèle ou de protecteur, obligation qui va rester vraie jusqu’en 1987, la courte parenthèse
révolutionnaire exceptée.
Sous l’Ancien Régime, le prénom est un symbole de continuité et de protection. Il se répète
de génération en génération. Ainsi, le prénom reçu par l’aîné est souvent celui du père ou de la
mère. Les autres enfants reçoivent les prénoms des grands-parents, des parrains et des
marraines. Le prénom d’un enfant décédé est fréquemment retransmis à un nouveau-né. Les
deux tiers de la population d’un village se partagent souvent cinq à six prénoms seulement.
A partir du XVIIe siècle, les familles citadines commencent à attribuer un second prénom à
l’enfant, pratique qui se généralise à compter de 1840 où un troisième prénom vient parfois
s’ajouter. Le prénom usuel peut être n’importe lequel des deux ou trois selon les époques, les
régions ou les familles. Il est alors souvent dans de nombreuses régions le dernier prénom.
Au XXe siècle la mode devient la référence. En 1987, la loi permet de donner des prénoms
consacrés par l’usage, puis la loi du 8 janvier 1993 lève toute contrainte avec pour seules
restrictions de ne pas choisir le patronyme d’une personne connue et ne pas choisir de
prénoms « contraires à l’intérêt de l’enfant ».
Fréquence des principaux prénoms féminins par période décennale
Période
1720-1729
1730-1739
1740-1749
1750-1759
1760-1769
1770-1779
1780-1789
Marie
25,3 %
25 %
24,9 %
23,6 %
23 %
20,8 %
20,7 %
Françoise
16,1 %
14,8 %
15 %
13,6 %
12,5 %
11 %
10,9 %
6
Jeanne
9,9 %
10,9 %
9,4 %
11 %
9,7 %
9,1 %
8,2 %
Anne
6,8 %
7%
6,1 %
6,3 %
5,6 %
4,9 %
4,8 %
Les langues
La partition culturelle de la France rurale tenait à la frontière linguistique entre pays d’oil au
nord (nord de la ligne Bordeaux-Bourges-Grenoble), où
les dialectes sont d’origine
germanique, et pays d’oc au sud, où ils sont d’origine romane, avec quelques langues
particulières à la périphérie telles l’alsacien, le catalan ou le breton. Ces frontières
linguistiques sont aussi culturelles (pays d’araires ou de charrues, traction avec des bovins ou
avec des chevaux, battage en plein air ou battage en
grange, moulins à roue horizontale au sud et à roue
verticale au nord, …).
Sous l’Ancien Régime, le latin est réservé aux élites et
à quelques curés de campagne. Le français est souvent
parlé par les notables des villages et donne accès à la
culture écrite. Le dialecte régional est utilisé par le
plus grand nombre.
L’ordonnance de 1539 a officialisé l’usage du français
dans la pratique notariale, mais un grand nombre de
curés continuent à rédiger leurs actes en latin.
Dans un monde paysan faiblement alphabétisé, l’accès à la lecture s’opère soit par le clergé et
la littérature fondée principalement sur la vie des saints, soit par les colporteurs distribuant
dans les auberges des brochures à faible coût et de la littérature d’évasion.
A la Révolution, le député
Barère veut instaurer la
nomination d’un professeur
100%
de français dans toutes les
90%
80%
français
communes ; l’abbé Grégoire
70%
propose que le français
60%
devienne obligatoire dans
50%
occitan
mélangé
tous
les
actes
des
40%
de français
30%
municipalités et que les
20%
futurs époux soient soumis
10%
occitan
à l’obligation de prouver
0%
qu’ils savent lire, écrire et
parler la langue nationale
avant de se marier. Le
consulat promulgue en 1803 l’arrêté obligeant à la rédaction de tous les actes publics et
privés en français.
16
80
16
50
16
20
15
90
15
60
15
30
15
00
Langues de rédaction des compois (Tarn)
La langue française reste longtemps la langue des villes. C’est la loi Ferry (1881) instituant
l’école obligatoire laïque et gratuite qui va finir par imposer le français. Le service militaire et
7
la guerre seront aussi des facteurs importants de diffusion de la langue. L’unité linguistique
n’a été à peu près réalisée qu’au milieu du XXe siècle.
L’écriture
L’écriture exige une pratique de la langue, une connaissance des lettres, une maîtrise de la
position du corps et de la main et des outils appropriés (papier, encre, plume). Dès le Moyen
Âge on distinguait l’écriture commune, l’onciale, les demi-onciales, la précaroline, la caroline, la
curtive, la gothique, l’humanistique. L’Encyclopédie de
Diderot définit trois systèmes de lettres, rondes,
bâtardes et coulées.
Ces divers types d’écriture, l’absence de ponctuation, d’accentuation et d’orthographe
entraînant souvent une écriture phonétique, rendent difficile la lecture des manuscrits
anciens.
Les façons d'écrire ont évolué dans le temps. On peut noter plusieurs périodes :
1150-1470 : peu de textes, écritures proches du gothique.
1470-1580 : nombreuses formes d'écritures, nombreuses abréviations, très difficiles à
lire.
1580-1640 : écritures difficiles à lire.
1640-1680 : l'écriture devient courante.
1680-1740 : le papier et la plume se perfectionnent, l'écriture devient de plus en plus
lisible.
1740-1790 : l'écriture se perfectionne encore.
1790-1810 : la lecture se complique, les postes administratifs étant
occupés par des personnes peu habituées à l'écriture.
1810-1850 : l'écriture se restructure.
1850-1930 : les matériaux d'écriture sont de bonne qualité,
l'écriture est enseignée à l'école.
1930-2010 : écriture actuelle.
années 1990 : écriture non manuscrite (e-mails et SMS).
Le code Louis de 1667 impose aux époux et aux témoins ou aux parrains
et marraines de signer les divers actes. Longtemps, les villageois
remplace leur signature par un signe, une marque (une clé pour un
serrurier)., une croix (symbole religieux s’apparentant au serment) ou
un gribouillage que le notaire certifiera et que le curé acceptera avec
bienveillance.
Ainsi en parcourant les actes paroissiaux, on peut distinguer :
- ceux qui ne signent pas ou tracent une croix : ils ne savent ni lire ni écrire ;
- ceux qui signent avec leur nom à peine compréhensible : ils recopient les signes ;
- ceux qui signent avec une écriture souple : ils ont eu un apprentissage de l’écriture ;
- ceux dont la signature est rapide et pleine d’assurance : ils ont une position sociale.
8
Les études montrent que 33% des hommes et 16% des femmes signent au bas des actes à la
fin du XVIIe siècle. Ces taux passent respectivement à 54 % et 34 % en 1820.
L’alphabétisation est plus homogène au nord qu’au sud. Le milieu social joue un rôle important.
Les calendriers
Les premiers calendriers ont été lunaires : les mois commencent à la nouvelle lune et le
calendrier dérive par rapport aux saisons. Le calendrier musulman, instauré en 634,
comprend 12 mois d'alternativement 30 ou 29 jours. Les années ont des cycles de 30 ans
avec 11 années de 355 jours et 19 années de 354 jours. Le dernier mois est celui de l'Aïd el
Kébir.
Au Ve siècle avant notre ère, les mésopotamiens ont bâti des calendriers luni-solaires : les
mois commencent à la nouvelle lune et on ajoute “à certains moments” un mois pour que le
calendrier ne dérive pas par rapport aux saisons. Le calendrier hébreu est composé
d’années solaires voisines de l’année tropique, de mois lunaires et de semaines de 7 jours
commençant le dimanche et se terminant le samedi, jour du Chabbat.
Les calendriers solaires ont cependant peu à peu pris le pas en permettant de mieux
planifier l’agriculture : la durée de l’année est liée aux saisons et les mois ne tiennent pas
compte de la lune. Les calendriers Julien, Grégorien et révolutionnaire sont solaires.
Le calendrier Julien, instauré en 46 avant J.C. par Jules César, est réglé sur le cycle du
soleil. Il comprend 365 jours et compte un jour de plus chaque quatrième année. En l’an 325
l'Eglise introduit les semaines dans le calendrier, puis vers 525 décide qu'une année bissextile
serait une année dont le millésime est un multiple de 4. Le calendrier
Julien continue d’être utilisé par l’Église orthodoxe. Il a un retard
actuel de 13 jours sur le calendrier grégorien.
Le calendrier grégorien, dû au pape Grégoire XIII, rétablit la
coïncidence avec le début des saisons et prévoit que seules les années
dont le millésime est divisible par 400 restent bissextiles. Cette
réforme amena à considérer que le lendemain du jeudi 4 octobre fut
le vendredi 15 octobre 1582. Et Sainte Thérèse d'Avilla est ainsi
décédée dans la nuit du 4 au 15 octobre 1582 ! Le calendrier
grégorien est en usage dans la plupart des pays du monde entier.
Le calendrier républicain, créé par la Convention (décret du 14 vendémiaire an II, ou 5
octobre 1793) est mis en service rétroactivement à partir du 22 septembre 1792. L'année
commence avec l'équinoxe d'automne. Les mois ont tous 30 jours. Les cinq ou six jours
complémentaires sont nommés sanculottides. Ce calendrier, proposé par Fabre d’Eglantine,
poète à qui l’on doit le célèbre «il pleut, il pleut, bergère …» (1780), dure officiellement
jusqu'au 31 décembre 1805. Il est supprimé par Napoléon par décret du 15 fructidor An XIII
(2 septembre 1805), mais repris par la Commune de Paris du 6 au 23 mai 1871. Les mois sont :
1 Vendémiaire Mois des vendanges
2 Brumaire
Mois des brumes
3 Frimaire
Mois des frimas
7
8
9
9
Germinal
Floréal
Prairial
Mois de germination
Mois des fleurs
Mois des prairies
4 Nivôse
5 Pluviôse
6 Ventôse
Mois des neiges
Mois des pluies
Mois des vents
10
11
12
Messidor
Mois des moissons
Thermidor Mois des chaleurs
Fructidor Mois des fruits
Le Calendrier liturgique traditionnel des campagnes, établi par François Lebrun et adopté
par l’Eglise, est cadencé par les activités agricoles saisonnières et les fêtes. L’année débute
avec l’Avent, période marquée par des veillées collectives et l’abstinence. De l’Epiphanie au
mercredi des Cendres, janvier et février constituent des mois profanes où les mariages sont
permis. Du dimanche des Rameaux au dimanche de Pâques, c’est une semaine de pénitence.
Puis les jours s’allongent et les semailles de printemps ouvrent l’année agricole. La semaine de
l’Ascension est un moment de processions. La Saint-Jean correspond à l’entrée dans une
période consacrée aux récoltes, moissons et vendanges. Puis après une courte accalmie,
labours et semailles occupent de nouveau les hommes. Début novembre, l’activité perd de son
intensité et peut laisser place à de nouveaux mariages.
10
Naissance – Accouchement - Baptême
Sous l’ancien régime, l’âge du mariage est assez tardif, 25-26 ans
pour les filles, 27-28 ans pour les garçons. La femme cesse d’être
féconde aux alentours de 40 ans. Le premier enfant nait entre un
an et 18 mois après le mariage puis tous les 24 ou 30 mois environ.
En moyenne 7 ou 8 enfants naissent. Seuls 3 ou 4 atteindront l’age
adulte.
A partir du XVIIIe siècle un certain contrôle des naissances
apparaît, d’abord dans les milieux de l’aristocratie et la
bourgeoisie, puis dans les milieux urbains. La diminution des
naissances s’étend ensuite progressivement dans les campagnes.
Le nombre d’enfants par famille passe de 6 environ vers 1750, à
4 sous le Premier Empire, à 3 vers 1892 et à 2,5 vers 1911. Mais
les naissances illégitimes et les abandons augmentent.
Sous l’ancien régime l’accouchement est attendu avec fatalisme
et se fait dans la douleur acceptée. Il comporte des risques tant
pour l’enfant que pour la mère. Moment périlleux, il est l’objet
d’attentions particulières. La femme accouche toujours chez elle, en position assise, entourée
de la sage-femme et de ses parentes et voisines. Il faudra attendre le XVIIIe siècle pour qu’il
soit conseillé d’accoucher allongée.
L’hygiène est inexistante. Les accidents sont fréquents et provoquent des hécatombes chez la
mère et chez l’enfant. Grâce à sa connaissance des herbes, la sage-femme confectionne des
pansements rien moins que stériles auxquels s’ajoutent prières et magie populaire. On fait
chauffer de l’eau. L’enfant naît. Le cordon est coupé et mis en contact avec la tête de
l’enfant pour lui assurer une longue vie.
La profession de sage-femme, aussi appelée matrone, est une des plus ancienne. Exercée de
façon majoritaire par des femmes n’ayant aucune connaissance théorique ni en matière
d’hygiène, elle perdure pendant tout le Moyen Âge et
l’époque moderne. Elle exerce également un rôle social et
religieux. Elle est élue par une assemblée de femmes de la
paroisse et doit être acceptée par le curé qui lui fait prêter
serment et lui inculque les règles en matière de baptême
puisqu’elle a la charge d’ondoyer l’enfant s’il apparaît en
danger de mort. Elle peut également exercer le rôle de
marraine.
Mme Ducoudray, une sage-femme née en 1717, va faire
évoluer la profession en donnant des cours alliant modernité et pédagogie. Désirant rendre les
11
choses palpables, elle conçoit une machine, en réalité un mannequin grandeur nature,
représentant la partie inférieure du corps d’une femme, une poupée de la taille d’un nouveau
né et différents accessoires montrant l’anatomie de la femme, un fœtus à sept mois et des
jumeaux. Ayant obtenu un brevet royal de Louis XV, elle entreprend pendant 25 ans le tour
de France pour former des accoucheuses.
La césarienne, intervention souvent pratiquée de nos jours, existe depuis
fort longtemps et sa première description date de 1851. En raison de
deux principales complications, l’hémorragie et l’infection, la mortalité
est très élevée. A partir de 1878, des mesures d’hygiène sont
appliquées : désinfection des mains et nettoiement des plaies. L’asepsie
puis l’arrivée des antibiotiques, de la pénicilline, les progrès de
l’anesthésie et de la réanimation et la transfusion sanguine garantissent
une césarienne sans risque.
L’obstétrique a commencé à faire l’objet d’une science au XVIe
siècle. Jeune médecin à l’Hôtel-Dieu, François Maurisseau publie
en 1668 un traité sur les maladies des « femmes grosses et
accouchées » dont l’influence à travers l’Europe contribue à faire
de l’obstétrique une spécialité à part entière. Il est le premier accoucheur de la maternité de
Paris
Le premier forceps permettant d’obtenir en cours d’accouchement l’extraction d’un enfant
vivant est attesté dès 1634 et aurait été inventé en Angleterre par une famille d’origine
française, les Chamberlen. Plusieurs améliorations lui ont été apportées au fil du temps.
Progressivement les sages-femmes sont remplacées par l’obstétrique mais l’idée s’est ensuite
imposée qu’une naissance sans complication ne réclame pas
d’intervention médicale.
Le baptême est le premier des sacrements « pour la remise des
péchés ». Cette question de la rémission des péchés, appliquée à
des êtres non capables de péchés personnels, aboutit vers 412 à la
doctrine de péché originel. Le baptême deviendra l’usage à partir
du Moyen Âge.
Jusqu'à la fin du XVIIIe siècle, il avait lieu dans les heures
suivant la naissance. Un parrain et une marraine sont choisis. Ils doivent être baptisés et leur
fonction est d’être témoins de ce sacrement et d’assurer à l’enfant une vie chrétienne. Un
cortège quitte le logis et est accueilli par le prêtre qui interroge sur le prénom, puis
l’assemblée pénètre dans l’église ; le prêtre procède à la cérémonie et les cloches sonnent
pour annoncer l’arrivée d’un nouveau membre dans la communauté.
L’ondoiement est un baptême réduit à son rite essentiel, celui de l’eau. Il est célébré dans
l’urgence. En effet, en cas de décès, les enfants ne pouvaient accéder au paradis, n’ayant pas
été lavés du péché originel, ni aller en enfer, n’ayant rien fait de mal. C’est généralement la
sage-femme qui procède à ce sacrement avec un peu d’eau.
12
L’avortement n’est pas une pratique nouvelle mais un problème de tous les temps. On ne
connaît pas l’efficacité des plantes abortives utilisées, mais, administrées par des faiseuses
d’anges, elles pouvaient devenir un poison violent capable de supprimer non seulement le
fœtus mais aussi la mère. En 1556, devant le nombre toujours croissant d’infanticides et
d’abandons d’enfants, le roi Henri II signe un édit mettant en demeure les filles célibataires
de déclarer leur état de grossesse.
Les enfants
Si l'enfant a toujours été aimé, les manifestations de l'amour maternel étaient rares, tant en
raison des risques de mortalité en très bas âge que des préceptes de l'Eglise qui dénonçaient
"la tendresse et la molle éducation que les femmes ont tendance à donner à leurs enfants".
Dans les familles rurales, l'enfant vit avec les adultes
dans une pièce unique. Au XVIIIe siècle, les idées
évoluent, surtout dans les milieux bourgeois et aisés,
sous l'influence des moralistes tel Jean-Jacques
Rousseau. Les conditions d'hygiène s'améliorent et
l'enfant devient un être à part entière.
L'enfant du XIXe siècle est l'objet d'attentions
nouvelles. Sa place dans la famille se transforme et
elle change aussi dans la société: il devient "un client" mais il est aussi une main d'oeuvre
soumise et bon marché.
Pendant des siècles, dans les familles modestes, le nourrisson a le plus souvent dormi avec sa
mère qui lui transmettait sa chaleur lors des nuits d'hiver et l'allaitait ainsi plus facilement.
Le berceau est souvent taillé dans un bois "qui sent bon", le sapin par exemple. Il peut aussi
être en osier ou plus élaboré et sculpté avec soin. Certains berceaux sont
munis d'anses permettant la suspension à une poutre pour placer le bébé
hors d'atteinte d'un animal. Il est petit et très étroit puisqu'il est prévu
pour un enfant emmailloté qui ne peut pas bouger.
Pour sortir de la maison, l'enfant est porté
dans les bras ou sur le dos de sa mère qui le
dépose près d'elle pour effectuer ses tâches.
Venus d'Angleterre, les landaus sont apparus
en France à la fin du XIXe siècle seulement
dans les familles les plus fortunées et
citadines.
Tout en maintenant droites les jambes du bébé, le maillot protège
du froid. La superposition des bandelettes rend le change difficile,
mais la crasse protège, dit-on. On libère l'enfant progressivement
lorsqu'il arrive en âge de trottiner. Dans certaines régions, on
pratique encore l'emmaillotement au début du XXe siècle.
13
En matière de vêtements, les différences sociales sont nettement marquées. Dans les
campagnes, les enfants sont tous en robe, la première culotte n’est portée que vers 7 ans.
Les habits sont taillés dans des morceaux de tissus de récupération à partir des vêtements
des adultes. Dans les milieux urbains aisés, des magasins spécialisés apparaissent et la mode
enfantine s'inspire directement de la mode des adultes.
Pour une paysanne, jusqu'au XIXe siècle, ne pas allaiter son enfant aurait été un déshonneur.
L'allaitement se fait à la demande et dure souvent jusqu'à un ou deux ans, complété très tôt
par des bouillies.
Si le lait de la mère venait à manquer, il était fréquent de
prendre une chèvre, avec un allaitement direct au pis de l'animal
pour éviter le danger que représentent les biberons de toutes
formes et de toutes matières. En 1905, avec la stérilisation, les
enfants nourris au biberon commenceront à survivre autant que
ceux nourris au sein.
L'allaitement par une nourrice est
une pratique très ancienne ; d'abord
réservée aux familles aisées, elle est
étendue à toutes les couches de la
population surtout urbaine. Parents et
nourrices sont mis en rapport par les "Grands Bureaux" gérés par
des recommanderesses. Les nourrices s'y présentent, souvent
accompagnées de leur propre bébé et munies d'un certificat du
curé de leur paroisse attestant de leurs bonnes moeurs.
Les femmes qui le peuvent font venir à domicile des nourrices de province. Parmi ces
paysannes, on sélectionne celle qui paraît "la plus saine et d'un bon tempérament, avoir bonne
couleur et la chair blanche, ni grasse ni maigre, elle doit être gaie, gaillarde, éveillée, jolie,
sobre, douce et sans aucune violente passion". La nourrice
retenue voit son propre enfant reconduit par un meneur
dans son village et confié à une parente. Elle occupe alors
une place privilégiée parmi la domesticité, elle est logée
près de l'enfant, très bien nourrie pour assurer la qualité
de son lait. Elle est vêtue d'une jupe, corsage, tablier
blanc, cape et bonnet blanc. Cet uniforme représente un
signe extérieur de richesse des employeurs et est
conservé par la nourrice à son départ.
L'abandon d'enfant est un phénomène très ancien. Le tour, sorte de
boîte rotative où le nourrisson est déposé puis récupéré de l'autre côté
du mur par une soeur tourière, a été imaginé pour lutter contre les
abandons à tous vents devant les porches d'église. En 1640, Saint
Vincent de Paul fonde à Paris l'hôpital des Enfants Trouvés.
Pendant des siècles, la plupart des enfants ont travaillé dès leur plus
jeune âge. A la campagne, ils étaient employés aux travaux des champs et
14
à la garde des troupeaux. A la ville, ils aidaient leurs parents ou étaient placés comme ouvriers
dans des fermes ou chez des patrons.
1813: interdiction aux enfants de moins de 10 ans de descendre dans les mines
1841: âge limite d'admission dans les entreprises de plus de 20 salariés est fixé à 8 ans ;
durée du travail limitée à 8 heures de 8 à 11 ans et à 12 heures de 12 à 16 ans.
1874: interdiction du travail de nuit pour les garçons de moins de 16 ans et les filles de moins
de 21.
1892: durée maximale du travail fixée à 11 heures pour les moins de 18 ans.
L’enseignement
Au XIIe siècle, l'apparition des universités constitue un progrès dans l'instruction. Elles sont
structurées en quatre facultés dont l'enseignement commence par celui des collèges de la
faculté des arts qui continuent d'enseigner le quadrivium et
le trivium, et se poursuit dans l'une des trois autres
facultés, théologie, médecine ou droit. Toutes les autres
professions ont un système d'éducation particulier.
Le développement de l'imprimerie, l'humanisme et ses
visées pédagogiques, le protestantisme naissant et sa
volonté que chacun puisse lire seul la Bible, ont permis au
XVIe siècle de voir se développer les premières tentatives
d'organisation d'une école pour le peuple. Le clergé
commence à ouvrir des écoles gratuites pour les pauvres en 1550. En 1560, une ordonnance
royale impose à chaque église, cathédrale ou collégiale d'utiliser une part de ses revenus pour
rémunérer un maître à former gratuitement les enfants des villes.
Richelieu est l'un des premiers à souhaiter que l'Etat intervienne dans l'apprentissage des
connaissances mais l'éducation des masses n'est pas à son
programme. Il existe alors deux types d'écoles destinées à
donner une instruction basique aux enfants (lire, écrire, compter)
: les petites écoles crées à l'initiative de l'assemblée des
habitants et les écoles de charité tenues par des congrégations.
Ces petites écoles sont présentes surtout dans les villes et dans
certaines régions et sont généralement réservées aux garçons.
Le financement vient uniquement des familles, ce qui ne favorise
pas un enseignement suivi. Dans les campagnes l'école fonctionne
seulement pendant la mauvaise saison, soit environ cinq mois. La
scolarisation n'est pas un objectif prioritaire pour les familles
car elle génère un manque à gagner.
Le XVIIIe siècle, siècle des Lumières, est aussi celui du débat sur l'utilité de l'école.
L'Eglise est pour donner aux enfants du peuple une éducation primaire, les philosophes et les
élites non. Voltaire écrit qu'il "souhaite voir proscrire l'étude chez les laboureurs
souhaitant avoir des manoeuvres et non des clercs tonsurés."
15
Bien que l'éducation n'apparaisse pas comme une question prioritaire, la Révolution développe
le système des grandes écoles (Polytechnique créée en 1794). Sous le Consulat, sont fondés
les premiers lycées. Sous l'Empire, Bonaparte s'intéresse aux élites, créant l'Université
impériale. Les écoles primaires sont confiées aux communes qui s'en soucient bien peu.
Au cours du XIXe siècle, les gouvernements successifs s'efforcent d'améliorer
l'enseignement primaire. L'ordonnance de février 1816 oblige les communes à "pourvoir à ce
que les enfants qui l'habitent reçoivent l'instruction primaire, gratuite pour les enfants
indigents".
La loi Guizot (1833) impose aux communes de plus de 500 habitants d'avoir une école de
garçons. La Loi Falloux (1850) fixe le principe d'une école de garçons dans toutes les
communes et d'une école de filles pour « celles qui en ont les moyens ». Elle officialise la
dualité des systèmes d'enseignement ; à côté d'un enseignement public financé par l'État
peut se développer un enseignement "libre" essentiellement formé
d'écoles catholiques. De plus, elle confère à l'Église catholique, un
droit de contrôle important sur l'organisation, les programmes et la
nomination des maîtres de l'enseignement public. Au programme :
apprentissage de la lecture, de l'écriture, des rudiments de calcul et
une éducation morale.
En 1867, Victor Duruy publie un projet de cours d'enseignement
secondaire à destination des jeunes filles. En 1879, 76% des garçons
sont scolarisés dans le public pour 36% des filles.
La loi Ferry de 1882 instaure l'enseignement obligatoire et gratuit pour les enfants des
deux sexes de six à treize ans. La construction d'écoles est obligatoire dans tous les
hameaux et le mobilier s'adapte. Les matières enseignées sont la lecture, l'écriture avec
pleins et déliés, l'orthographe, le calcul (avant tout utilitaire), auxquelles viennent s'ajouter
la géographie, l'histoire, l'instruction civique ainsi que des travaux manuels, couture pour les
filles, travail du bois pour les garçons. Cette scolarité est brève mais efficace : le nombre de
conscrits illettrés qui était de 55% en 1830 est en 1910 de 5%, un chiffre record. L'école
devient alors un ascenseur social pour tous les enfants d'ouvriers et d'agriculteurs qui
accèdent à l'éducation.
Dès 1833, Guizot préconise la mise en place d'une école normale d'instituteurs dans chaque
département. La loi Paul Bert de 1879 le décide pour les instituteurs et les institutrices. Ce
sont souvent les très bons élèves du "certif" qui deviennent normaliens. Recrutés vers quinze
ou seize ans, par un concours très sélectif, ils vivent en internat un quotidien austère,
presque monacal. D'abord fixée à deux ans, la durée des
études passe rapidement à trois ans, chaque année étant
marquée par l'obtention d'une des trois parties du
brevet supérieur.
A la fin de leurs études, munis de leur "Brevet de
capacité pour l'enseignement primaire", les nouveaux
maîtres et maîtresses vont devoir faire face à leur
16
première classe où les enfants sont nombreux ou de tous les niveaux. Au début du XXe siècle,
l'enseignant jouit d'un prestige auprès de la population. On le respecte pour son savoir et son
assurance.
Dès la fin du XVIIIe siècle, les salles d'asile sont les prémices
de ce qui deviendra l'école maternelle. En 1887, l'école normale
d'institutrice forme des institutrices pour l'école maternelle. Un
décret définit l'organisation et le fonctionnement de ces écoles.
En
1921,
l'accent
est porté
sur l'ambition éducative de l'école
maternelle qui doit primer sur
l'instruction. Seule la langue française
est admise dans les écoles.
Le Certificat d'Études
Primaires
Il est mis en place en 1866 sous
l'impulsion de Victor Duruy.
La loi Ferry du 28 mars 1882 précise : "il est institué un certificat d'études primaires ; il est
décerné après un examen public auquel pourront se présenter les enfants dès l'âge de onze
ans. Ceux qui auront obtenu ce certificat seront dispensés du temps de scolarité obligatoire
qui leur restait à passer". Pour la majorité des lauréats, il marque l'entrée dans la vie active.
Prévu pour qu'une majorité d'élèves arrêtant leurs études obtienne ce diplôme, le "certif" se
révèle un examen réservé à une élite. La barre fatidique éliminatoire de cinq fautes en dictée
en est une cause ainsi que la sélection organisée par les instituteurs, mettant un point
d'honneur à ne présenter que les élèves ayant une forte chance de réussir.
L'examen est obtenu si le candidat obtient la moyenne aux épreuves écrites (dictée, calcul,
rédaction) et la moyenne à l'ensemble des épreuves. Un zéro est éliminatoire. L'écriture est
évaluée sur le texte de la dictée.
En 1989, le certificat d'études primaires est supprimé.
Le Baccalauréat
Il est créé au Moyen Âge avec l'apparition de l'Université de Paris et sanctionne plusieurs
années d'enseignement spécialisé en droit, médecine et théologie.
Sa version moderne est fondée par Napoléon 1er en 1808. Les candidats doivent avoir seize
ans et les épreuves sont orales. La première cession de 1809 compte trente et un bacheliers.
17
L'examen initial porte sur les auteurs grecs et latins, la rhétorique et la philosophie. En 1820
s'y ajoutent des épreuves d'histoire et de géographie puis en 1821, des épreuves de
mathématiques et de physique avec le premier baccalauréat en sciences.
A partir de 1830, des épreuves écrites sont ajoutées en français, latin et philosophie. En
1902, l'examen devient le baccalauréat d'enseignement secondaire quelle que soit l'option
choisie (philosophie ou mathématiques).
Dès 1924, les femmes sont plus nombreuses que les hommes à présenter l'examen. Depuis, de
très nombreuses réformes sont venues modifier cet examen.
Le mariage
Jusqu'au XVIe siècle, le mariage était normalement accompagné de rites religieux, non requis
pour sa validité. Le concile de Trente (1563) a décrété que le mariage n'est valide que s'il est
fait, après publication des bans, en présence du
curé compétent et de deux témoins. C'est
l'ordonnance de Blois, en 1579, qui institue
l'obligation de tenir des registres de mariage.
Aux XVIIe et XVIIIe siècles, les mariages sont
généralement conclus entre personnes de même
condition. Le choix de la date est fait en fonction
des interdits de l'Eglise. Il faut aussi tenir compte
des travaux collectifs, on ne se marie pas pendant
les gros travaux d'été ou pendant les vendanges.
Le mariage entre parents est prohibé jusqu’au 4ème degré de
parenté à partir du concile de Latran en 1215. Le dossier de
dispense comportait « la supplique des fiancés » avec un tableau de
cousinage figurant les ascendants menant à l’ancêtre commun et une
enquête menée à la paroisse.
En principe, le Pape seul pouvait accorder la dispense mais, en cas
de nécessité, les évêques pouvaient accorder toutes les dispenses
au mariage des pauvres qui ne pouvaient faire les frais des
dispenses demandées en Cour de Rome.
Quand le père donne son accord, la « fréquentation » peut
commencer. Le garçon demande la fille en mariage à son père.
Si l'accord est conclu, ils trinqueront pour fêter l'évènement
et les jeunes gens seront considérés comme fiancés. Les
fiançailles durent de longs mois,
parfois plusieurs années, jusqu’à ce
que les futurs puissent s’établir.
Il n’était pas nécessaire que les
fiancés soient fortunés pour qu’un
contrat de mariage soit établi. Le notaire se déplaçait chez les
18
parents de la future mariée pour rédiger le contrat. Ce document permet de protéger
pendant le mariage les biens de chaque époux, d’organiser leur vie commune au plan
économique, et de prévoir ce qui adviendra au décès de l'un d'eux. Les régimes matrimoniaux
variaient selon les régions, régime dotal en pays de droit écrit, régime de la communauté en
pays de droit coutumier.
Durant des siècles, la jeune fille qui se marie doit apporter une dot. Elle est généralement
composée du trousseau, de meubles (un coffre, remplacé plus tard par une armoire) et
rarement de bijoux. Parfois, les parents de la fiancée lui versent une somme d’argent qui peut
être payable en plusieurs versements.
Dans les milieux ruraux modestes, la dot se limite au trousseau, un lit, quelques moutons, deux
robes, que la future mariée doit parfois gagner elle-même en se plaçant chez un employeur.
Plus la famille est riche, plus le trousseau de la jeune fille est important, il est préparé des
années à l'avance. Le transport du trousseau était un rite qui s’effectuait la veille du mariage;
on entassait tous les éléments composant le trousseau sur un chariot et on emmenait le tout
dans la maison des futurs époux.
Sous l’Ancien Régime, on se marie tard. Les femmes sont âgées de 24-25 ans en moyenne et
les hommes de 26-28 ans. Avant la célébration d'un mariage, l'Eglise doit publier des bans
trois dimanches consécutifs. La cérémonie se déroule dans l'église de
la paroisse en présence des époux, du curé et des témoins qui signent
le registre paroissial. Pendant la bénédiction nuptiale, deux parents
du marié et de la mariée, tiennent un voile, le poêle, au dessus de la
tête des époux.
Le mariage civil est inscrit dans la Constitution du 3 septembre 1791.
Dès lors que le mariage n’est plus un sacrement mais un simple
contrat civil, le droit au divorce s’impose. Il est voté par l’assemblée
l’année suivante.
Pendant la première moitié du XIXe siècle se met en place une
« parade nuptiale » codifiée où apparaissent les accessoires nuptiaux comme la couronne de
fleurs d’oranger, le bouquet, la robe blanche. Le mariage bourgeois s’impose avec tant de
vigueur tout au long du siècle qu’il finit par servir de modèle aux autres classes de la société.
A la campagne, le mariage religieux s’accompagne de
festivités. La mariée est en tête du cortège avec son père
puis les couples d'honneur, les parents et amis. Le père et la
mère du marié et enfin le marié avec sa belle mère ferment la
marche. Le cortège est précédé d'un ou plusieurs musiciens
jouant selon les régions, cornemuse, vielle, violon, biniou.
Sous l'Ancien Régime, la mariée portait sa plus belle robe
quelle que soit sa couleur, le rouge étant toutefois la couleur
la plus usitée. Au XIXe siècle, la robe de couleur vive reculera
19
devant la robe noire puis la robe blanche, symbole de la pureté de la vierge, qui va se
développer à Paris et dans les grandes villes mais tardera à s'imposer auprès des paysannes
qui resteront fidèles à leur tenue traditionnelle.
Le festin est à la mesure de la richesse des familles. Les repas sont longs et plantureux, la
préférence étant donnée aux viandes dont les paysans usaient rarement. Les liquides doivent
couler à discrétion.
Les noces bretonnes sont réputées pour le nombre important des convives qu'elles accueillent.
Les festivités durent généralement plusieurs jours.
Le bal traditionnel réunit tous les jeunes de la parenté et du village et est parfois à l'origine
de nouveaux mariages. En ville, les invités sont moins nombreux mais qu'il ait lieu chez les
parents ou au restaurant, le repas de noce se doit d'être abondant et composé de mets
inhabituels.
Le décès
Pour les villageois, la mort s’annonçait par des présages. Jusqu’au XIXe siècle, on agonisait en
public. La mort était familière et chacun tenait à saluer celui qui partait. Les proches et les
voisins aidaient le mourant. La veillée mortuaire était un moment essentiel pour accepter la
mort et faire son deuil.
Quand le sacrement de l’extrême-onction doit être donné, le
curé est appelé avec un enfant de chœur au domicile du
mourant. On prépare la chambre,
une table avec une nappe blanche, le
crucifix, un cierge allumé de chaque
coté, une coupelle d’eau bénite, un
petit rameau de buis.
Un testament est dicté à un notaire ; le moribond évoque sa
sépulture puis donne quelques instructions sur la pompe funèbre, les
luminaires, cierges et prêtres, puis les demandes de messes,
neuvaines, et ensuite les dons et legs.
Autrefois, le mort était entouré dans un linceul cousu. Au XIXe siècle, on prend l’habitude de
le revêtir de son plus bel habit (les petits enfants sont revêtus de blanc). Le village vient
défiler dans la chambre mortuaire.
Les messieurs, membres de la famille, marchent en tête du
cortège pour se rendre à l’église, les autres hommes
suivent, les femmes viennent ensuite, la plus proche
parente du défunt d'abord, puis les autres membres de la
famille.
En ville, sous l’ancien régime, les funérailles étaient
confiées à des « jurés crieurs de corps ». Sous la révolution le principe d’un monopole sera
créé et restera en vigueur jusqu’au XXe siècle. En 1904, ce service sera laïcisé ; les pompes
funèbres (référence au faste qui entoure la cérémonie des obsèques) proposent cinq classes
20
d’enterrement où les corbillards se dépouillent pour devenir de simples boites dites « boites à
cirages ».
Au Moyen Âge, les cimetières étaient gérés par les paroisses, les
enterrements se faisaient couramment à l'intérieur ou autour des
églises. Le Décret du 23 prairial an XII (12 juin 1804) proclame
qu'aucune inhumation n’aura lieu à l’intérieur des églises. Les
notables se font alors inhumer dans des chapelles funéraires
familiales édifiées dans le cimetière à la périphérie du village.
En 1900, le deuil de veuve se porte deux ans (un an de grand deuil, six mois en lainages de
fantaisie et en soie, trois mois en noir et blanc, les trois derniers mois en gris, mauve, violet,
lilas et prune, avant la reprise progressive des couleurs).
L’habitat
Pour leur construction, les paysans utilisent les ressources naturelles disponibles à proximité,
la terre pour les murs ou les tuiles, la pierre, l’ardoise, le bois, la paille et autres végétaux
pour les toits.
La chaumière du journalier est faite de pierres et de torchis, avec
une cheminée solide, de la pierre autour de la porte et de la fenêtre,
une charpente en bois du pays couverte de roseaux ou de paille de
seigle, de la brande ou de la fougère, avec quelques gros cailloux pour
protéger la toiture du vent. En dessous une seule pièce trapue et
allongée avec l’étable parfois dans une extrémité. Sous les pieds nus
(on prend les sabots pour sortir), de la terre battue. Le « foyer »,
cœur de la maison, est garni d’une crémaillère. On s’y chauffe et on y fait la cuisine.
Dans les régions de grandes cultures, les fermes regroupent plusieurs corps de bâtiments
pour l’habitation, les espaces réservés aux animaux et le stockage des récoltes. Devant la
plupart de ces maisons la taille du tas de fumier est un signe
extérieur de richesse.
Dans les années 1900, les pavés remplacent la terre battue, et les
murs chaulés le simple torchis. La cuisine se fait dans l’âtre ou sur
un poêle de fonte. L’éclairage est au pétrole. L’eau est fournie par
une pompe ou un puits près de la maison.
En ville, les maisons sont plutôt en pierres au sud, mais elles
restent longtemps en bois et en torchis au nord ; pour les toits, la
tuile remplace peu à peu le chaume et les bardeaux.
La disposition des logements est verticale, avec parfois une seule
pièce par étage ; une cour intérieure renferme le puits et la fosse
d’aisance. Le rez-de-chaussée abrite souvent une boutique ou un
21
atelier d’artisan, les chambres sont à l’étage. Plus on monte en étage, moins les habitants sont
aisés.
Sous le Second Empire (1852-1870), l’éclairage au gaz arrive dans les grandes villes. Ailleurs,
la lampe à pétrole est posée sur la table ou suspendue au-dessus. Des poêles en fonte
assurent Le chauffage. Les cuisines bourgeoises sont équipées de cuisinières à charbon avec
four, récipient à bain-marie et réservoir d’eau chaude s’écoulant par un robinet.
Dans les années 1900, les appartements bénéficient, d’un minimum de confort : un point d’eau
et une évacuation des eaux usées, « gaz à tous les étages » pour l’éclairage. Les WC à
l’anglaise sont toujours un luxe. La loi de 1894 impose à Paris, le raccordement de tous les
immeubles à l’égout. En attendant, les immeubles gardent leur fosse d’aisance. Les salles de
bains sont rares et paraissent superflues. Le cabinet de toilette attenant à la chambre, avec
table, cuvette et seau, est le plus courant.
Le Mobilier
Les meubles d’usage courant, aux lignes solides, étaient confectionnés par le paysan ou le
charpentier.
Le coffre servait à transporter les biens les plus précieux.
Appelé aussi « maie », souvent apporté en dot par la mariée, il
compte parmi les meubles les plus populaires. Il est construit en
bois, reposant sur des pieds et couvert d’un lourd couvercle,
pentures et serrures sont en fer. Il sert à conserver la farine,
de coffre de cuisine ou de garde-manger, parfois au rangement du linge et des vêtements.
L’armoire, apparue dès le XVIIe, ne se répand qu’au XVIIIe siècle. Elle est robuste, à porte
unique ou à portes juxtaposées. L’ornementation est souvent d’inspiration Renaissance avec
des rinceaux et arabesques peints, des denticules sous le fronton. L’armoire permet de ranger
le trousseau du foyer, c’est une pièce maîtresse du mobilier rural.
La table de la ferme est rectangulaire, longue et massive, composée d’un plateau et d’un
piètement. A l’une de ses extrémités, un large tiroir appelé « la liette » sert à ranger la
tourte de pain entamée et quelquefois les fromages. Certaines tables de ferme avaient le
plateau creusé, en face des convives, afin d’y recevoir la nourriture.
Les chaises se sont généralisées au XVIIIe siècle. La chaise tripode, « chaise selle », repose
sur des pieds obliques. La chaise monostyle est taillée dans une pièce de bois unique. Les
chaises à assise paillée de seigle sont courantes. De longs bancs moins coûteux peuvent
remplacer les chaises et renfermer le matériel de la laitière et les seaux de la ferme.
Les dressoirs vaisseliers sont essentiels à toute cuisine.
Encastrée près de l’évier, l’étagère sert de support aux
ustensiles usuels, presque tous en bois. Elle deviendra un
élément mobile posée sur un meuble bas, puis un vaisselier.
22
Le lit clos ou mi-clos, fait en bois, n’a pas de sommier, la paillasse garnie de feuilles est posée
directement sur les planches. Les « lits à tiroirs » sont des lits superposés. Devant le lit, se
trouve le banc-tossel qui sert à la fois de marchepied pour grimper dans le lit, de coffre et de
siège.
Les horloges sont apparues au XVIIe siècle en Franche-Comté. Sous la forme violonée et
peinte, elles se sont intégrées aux intérieurs ruraux.
Le berceau a plusieurs fonctions : offrir le gîte à l’enfant pour la nuit et le porter. Il est
décoré de motifs religieux, d’inscriptions et de dates.
Les pétrins ont une triple fonction : dans l’auge on prépare la pâte à pain et l’on y conserve les
miches ; sur le plateau, on prend les repas.
Les vêtements
Nos ancêtres avaient à leur disposition des tissus faits de fibres animales, végétales et un
grand choix de matières et de couleurs. La laine est présente partout grâce aux troupeaux
d’ovins. La soie entre dans la composition des vêtements de luxe. Le chanvre sert à la
confection des sacs de toile, des draps, du linge de maison ou des vêtements ordinaires. Il est
aussi utilisé pour la fabrication des cordes, cordages, licols, brides, des toiles et des voiles
basses pour la marine. Le lin sert à fabriquer des draps fins, des mouchoirs, des voiles de
bateaux. Le coton se répand dans les campagnes au XVIIIe siècle.
Au XIIIe siècle, les braies (sortes de caleçons) vont jusqu’aux genoux, la tunique longue (la
cotte) ou la robe de dessus (le surcot) sont classiques, le surcot cintré à jupe large (cotte
hardie) se répand avec la sorquénie (cotte au torse et aux manches ajustées) et la hausse
(manteau à manches larges et courtes avec une capuche). Fourrures, doublures et galons sont
ajoutés aux habits. Le costume masculin se différencie : cottes et braies plus courtes,
chausses rallongées collant sur la jambe, apparition du pourpoint, gilet fermé sur le devant
par des boutons.
Au XVe siècle apparaissent la jaquette et la houppelande (large robe fendue serrée à la
taille). Les vêtements des femmes sont toujours longs, à haut col et les
robes cintrées sur le buste et ceinturées sous la poitrine.
Sous la Renaissance, la mode vient d’Italie avec le haut de chausse
(petite culotte bouffante) et le bas de chausse (ancêtre du bas). Pour les
femmes, la cotte lacée sur la chemise rend la taille plus fine, la
vertugade (jupe empesée) tient la jupe écartée. La contre-réforme
amène un style plus austère et des couleurs sombres. Les rembourrages
rendent les silhouettes plus rigides. La fraise fait son apparition. Les
femmes portent des robes serrées à la taille et haussées à l’arrière avec
des corsages à manches bouffantes.
Au Moyen Âge, les manches sont détachables. On les
boutonne, on les lace ou on les coud au moment de se vêtir.
Dans les tournois, une dame peut lancer une manche au
23
chevalier vainqueur en gage d’admiration. La locution « C’est une autre paire de manche » vient
de cet usage.
Sous l’Ancien Régime, les bas de soie habillent les jambes, un grand col bordé de dentelles
remplace les fraises, les chausses évoluent vers un pantalon qui rejoint les bottes. Les robes
des femmes s’élargissent, s’embellissent de rubans et dentelles, avec un
décolleté plus profond ; les déshabillés apparaissent vers 1672. Le paysan
porte la jaquette (veste sans manche), un pantalon à mi-jambe et un
chapeau de feutre à larges bords. La paysanne a une robe simple, un
tablier, un corsage cintré et une coiffe de toile.
Au XVIIIe siècle, le vêtement féminin est plus léger, la robe flottante à
grandes fronces. Innovation du panier : jupon cerclé ou baleiné. Pour les
hommes, la redingote s’impose, la cravate noire nouée par devant supplante
le jabot. Le paysan porte une blouse ou un sarrau par dessus sa chemise,
une culotte de toile, une ceinture de flanelle pour protéger le bas du dos,
des guêtres et des sabots. La paysanne se vêt d’une chemise, d’une jupe,
d’un tablier, d’un corps (sorte de corset), de bas de laine et des sabots. Femmes et hommes
portent un mouchoir de col.
A La Révolution les sans-culottes sont vêtus de
pantalons et vestes courtes (carmagnoles), en
opposition aux bas portés par les classes privilégiées.
Le 26 Brumaire de l’an IX, une ordonnance interdit aux
femmes le port du pantalon : « Toute femme désirant
porter un pantalon doit se présenter à la préfecture de
police pour y être autorisée, et ce, uniquement pour
motif médical » (ordonnance abolie depuis le 1er janvier
2013 !).
Vêtus d'habits à pans carrés, les élégants du moment sont appelés Incroyables tandis que les
élégantes, sont connues sous l'appellation de Merveilleuses et portent
de longues robes décolletées dont un ruban marque la taille sous les
bras.
L'antiquité gréco-romaine redevient une source d'inspiration avec
Napoléon 1er. Le pantalon de lingerie d'origine britannique, destiné
originellement à la pratique du sport, devient un vêtement de dessous.
Pour les hommes, le pantalon remplace la culotte et les bas. Les femmes
remettent la ceinture à la taille. Le médaillon, où se cachent portrait ou
devise, est un bijou ayant une valeur sentimentale.
Si la vie au grand air se développe avec les bains de mer, la tenue des
femmes est encore sous le règne du corset et de la crinoline qui deviendra
tournure, appelée aussi faux-cul.
À la Belle Époque, la mode est aux moustaches et à la barbe pour les
hommes (pour avoir un pli parfait, ils dorment avec un fixe-moustache).
24
Les femmes ont une silhouette en S grâce à un corset ou une guêpière visant à faire ressortir
la poitrine et accentuer la cambrure. Les éventails sont en vogue. Les premiers manteaux de
fourrure apparaissent, les chapeaux des femmes sont volumineux.
Dès les années 1910, la silhouette féminine s'allonge. Paul Poiret supprime le corset et
simplifie le vêtement féminin. L'avènement du complet révolutionne la mode masculine. La
Première Guerre mondiale introduit des améliorations notables, (sous-vêtements plus
confortables). De même, la progression de la pratique du
sport jouera un rôle déterminant.
Pendant les Années Folles, la minceur est une référence,
le bronzage devient populaire. Les cheveux courts à la
garçonne, sont cachés sous un chapeau cloche. Pour la
première fois, les femmes dévoilent leurs jambes.
La nourriture
Du Moyen Âge au XIXe siècle, les céréales constituent la base de l’alimentation. Le pain,
accompagne tous les plats quand il n’est pas l’unique
nourriture. Il prend la forme d’une boule que l’on consomme
rassis. Sa couleur varie selon le rang social : noir pour les plus
pauvres, blanc pour les plus riches. Selon les régions, il est
remplacé par des galettes d’orge, d’avoine, de sarrasin, de
maïs ou de châtaignes.
Le pain est consommé avec la soupe, plat incontournable
composé d’eau, de sel, de graisse (saindoux ou beurre dans le
nord de la France, beurre salé en Bretagne ou beurre fondu
en Lorraine, graisse d’oie ou de canard dans le Sud-Ouest) ou d’huile (de noix, d’œillette de
pavot, de chènevis ou d’olive), de féculents (fèves, pois, lentilles) et de racines venant du
jardin. Les jours de fêtes on y ajoute du lard.
Durant les périodes de famine, la population se contente d’herbes (choux, laitues, épinards,
persil…) et de racines (oignons, poireaux, navets, carottes, panais ou raifort). La pomme de
terre marque le XIXe siècle, éliminant famines et disettes. Les fruits comprenaient les
artichauts, melons, concombres, courges, pois, fèves. Jusqu’au XVIIe siècle, les médecins
considèrent les fruits nocifs pour la santé. Certains fruits sont séchés pour être consommés
l’hiver (abricots, prunes, raisins, figues).
La consommation de viande est une tradition du Moyen Âge. La volaille est très abondante. Le
porc est la viande la plus économique. Les tripes étaient faites d’abats ou de bas morceaux. Le
cheval, l’âne, le chat, le rat se mangeaient en période de famine. Nos
ancêtres mangeaient de grands oiseaux ou échassiers comme le
paon, la cigogne, le cygne ou le cormoran, de même que la pie ou le
geai. L’Eglise interdit la viande et les œufs environ 180 jours par an,
le poisson remplace alors la viande chez les plus aisés.
Le paysan boit de l’eau de mauvaise qualité puisée à la mare ou à la
fontaine. Le vin est réservé aux gens aisés, aux citadins et aux
25
malades. Le vin de production locale, « la piquette », est souvent aigre et peu alcoolisé. Dans
le nord, on boit de la cervoise, bière fabriquée à base d’orge sans houblon. Dans l’ouest, le
cidre est privilégié. Le café apparaît au XVIIIe siècle chez les riches. Le lait est transformé
en beurre et en fromage vendus au marché.
En dessert, les confitures étaient faites avec du miel, le sucre étant cher et souvent importé.
L’alcool est l’un des fléaux de la Belle Epoque. L’absinthe (la fée verte), est l’apéritif le plus
connu. L’absinthe est urbaine, les eaux de vie rurales. Le calvados cause des ravages (quelques
gouttes sont mises dans le biberon). Chez les marins et pêcheurs, le rhum permet de
supporter le travail, et une partie de leur salaire est versée en alcool.
A côté des pauvres qui mangent quand ils le peuvent, les français prenaient entre trois ou
quatre repas en hiver et cinq l’été. Le dîner (repas du midi) pris vers dix heures passe à midi
sous Louis XIV, vers trois heures sous Louis XV, cinq heures sous Napoléon et sept heures à
la fin du XIXe siècle. Le souper pris à dix-huit heures au Moyen Âge passe vers vingt ou vingtet-une heures au XIXe siècle.
Dans les demeures modestes, la cuisine est faite par les
femmes, tandis qu’à la cour elle est aux mains des
hommes. La cuisine se fait dans l’âtre de la cheminée où
une marmite est suspendue à une crémaillère.
Au XVIIIe siècle, un nouveau mode de
cuisson apparaît
dans
les
grandes
demeures, « le potager », ancêtre de la
cuisinière, composé d’un ensemble maçonné
de briques recouvert de carreaux de
faïence et comportant plusieurs fourneaux. Aux marmites et chaudrons succèdent broches,
lèche frites et grils.
Au Moyen Âge, on installe une planche et des tréteaux en guise de table. Le mobilier fixe va
peu à peu se mettre en place. La nappe est rare dans les campagnes. Les éléments de la table
sont le couteau, le gobelet (de terre puis d’étain) et l’écuelle de bois. Chacun puise avec sa
main dans les plats déposés sur la table, pose sa viande sur un tranchoir, mange avec ses
doigts, trempe son pain directement dans les saucières,
s’essuie les mains à la nappe et boit dans une coupe qui
circule autour de la table. Le chef de famille coupe le
pain, le partage, le distribue et verse le vin.
Sous l’Ancien Régime, les couverts sont rares. L’assiette
a un usage limité, la fourchette n’a que deux dents. A la
fin du XVIIIe siècle, elle se répand et a quatre dents.
Les couteaux, longs et effilés, deviennent larges et
26
arrondis à leur extrémité. Le verre est un objet de luxe. Les aliments sont présentés dans
des pots ou des jattes de bois ou d’étain. La faïence apparaît chez les familles aisées. Les
boissons sont servies dans une cruche ou un pichet. Les bouteilles sont réservées aux vins de
luxe. La carafe se répand au XIXe siècle avec l’emploi des verres.
Au XIXe siècle, chacun possède assiette, verre, couteau, fourchette, serviette et pain. Des
ustensiles de cuisine servent à puiser dans les plats communs. Les verres restent disposés sur
un petit meuble placé à côté de la table et on fait appel à un domestique pour les remplir. Il
est d’usage de boire son verre d’un trait.
Les distractions
Sous l’Ancien Régime, il y a les fêtes instituées par l’Eglise catholique (Noël, Pâques,
Toussaint), les jours des saints les plus vénérés, les fêtes locales, les pèlerinages, les fêtes
familiales, ce sont des dizaines de jours où l’on ne travaille pas. La
fête commence par une cérémonie religieuse (messe, sonnerie des
cloches, sortie des bannières) et se poursuit par des ripailles et des
danses. Elle est aussi l’occasion de jeux (cartes, billard, quilles,
boules, fléchettes, soule). La danse, condamnée par les évêques,
permet les rencontres.
La veillée est très répandue ; jeunes et vieux parlent des événements du village et des
légendes du passé. La taverne, considérée comme un lieu de perdition, est très fréquentée.
En ville, les lieux de rencontres sont les cabarets des faubourgs où le
vin n’est pas soumis à l’octroi. Le café apparaît à la fin du XVIIe
siècle en proposant fruits confits, liqueurs ou glaces ; on y joue aux
échecs, aux dominos ou au trictrac. Des baladins, jongleurs ou
troupes de comédiens se donnent en spectacle dans les rues.
A Paris, au XIXe siècle, le boulevard est un lieu de détente et de
spectacles. A la fête foraine, on recherche les sensations fortes
(montagnes russes…), les manèges, les loteries…
Les vacances sont inventées dans la seconde
moitié du XIX siècle, avec les cures thermales et les séjours au bon air
de la mer ou de la montagne. Le développement du chemin de fer permet
d’augmenter le nombre de destinations.
Dans les campagnes, ces congés sont utilisés pour avoir de la main
d’œuvre pour les travaux des champs ; dans les villes ils entraînent
oisiveté et paresse. Les institutions religieuses proposent de placer les
enfants chez des particuliers en vacances avant que les œuvres laïques
et les grandes villes ne créent les colonies de vacances.
e
La pratique du sport a peu touché les classes populaires à
l’exception de la bicyclette. En 1900, le parc cycliste
dépasse le million (la taxe vignette permet d’en savoir le
27
nombre) ; il y a 300 vélodromes en France ; en 1903 le premier Tour de France démarre de
Montgeron. Les premiers joueurs de football sont des lycéens. Les patronages participent à
l’introduction du rugby.
La presse : L’ancêtre des périodiques régionaux, la Gazette de Théophraste Renaudot,
hebdomadaire de quatre pages, est parue le 30 mai 1631. A partir de 1752, les affiches de
province publient des annonces. Au XIXe siècle, se développe une presse régionale régulière
qui présente des faire-part, des avis relatifs à la vie professionnelle, des ventes et
adjudications, des informations judiciaires et des faits divers.
Les pèlerinages
Le pèlerinage est un voyage effectué par un croyant vers un lieu de dévotion, vers un endroit
tenu sacré selon sa religion, dans l’espoir d’y trouver
un réconfort moral, un soulagement physique, ou de
favoriser l’accomplissement d’un vœu.
Les pèlerinages chrétiens au Moyen Âge ne
rassemblent souvent que des voyageurs ou des
commerçants
allant
généralement
vers
des
sanctuaires locaux favorisés par les récits de
miracles liés à ces sanctuaires. Parmi les pèlerinages
catholiques, un certain nombre sont dédiés à la Vierge
Marie, nommés « pèlerinages mariaux ».
Les pardons bretons ont lieu dans des églises ou des chapelles consacrées. Les fidèles
viennent y chercher le pardon de leurs fautes, exécuter un vœu ou demander des grâces. On
porte en procession des bannières, des reliques, des croix et des statues. En général, les
pardons sont clos par une fête plus profane animée par des danses et des musiques
traditionnelles. Les pardons de Sainte Anne et Saint Yves sont les plus populaires. Une
tradition exigeait que tout Breton fasse au moins une fois dans sa
vie, le pèlerinage des sept cathédrales, le Tro-Breiz (l’itinéraire
avoisinait les 700 km).
Dans les régions de bord de mer ont lieu les bénédictions de bateaux
ou de marins. Les pêcheurs ont souvent leurs chapelles dans
lesquelles ils vont prier Notre Dame avant les départs. A l’intérieur
ils déposent les navires en ex-voto qu’ils offrent.
Les gens de la terre suivent des fêtes particulières pour attirer la bénédiction du ciel sur
leurs cultures. Pour tous, il existe des chapelles où les personnes vont prier pour demander
des rémissions à leurs maux ou des solutions à leurs problèmes en déposant un objet
(chaussure, vêtement, ruban…). Lorsqu’elle existe, ils vont à la fontaine sacrée, y consomment
l’eau, y humectent leurs plaies et en emportent pour prolonger les soins à domicile.
Crèches et santons illustraient aussi ce culte des reliques. La table de Noël, recouverte de
trois nappes et de trois chandelles symbolisait la Sainte-Trinité. Le blé germé représentait
les prémices de la moisson. Le pain calendal portait une incision cruciale.
28
Superstitions populaires : des pierres de la picote (variolite)
protègent les troupeaux des maladies, des pierres de tonnerre
(pierre vitrifiée) protègent les maisons de la foudre ; un crapaud
desséché combat la fièvre ; un collier de grains d’ambre protège
contre les convulsions des enfants ; les marins mettaient des
hippocampes dans leur bonnet pour se protéger des accidents de la
mer.
Les épidémies
La lèpre est un des grands fléaux qui frappent au Moyen Âge et se développent par
l’intermédiaire des croisades. Elle provoque des lésions nerveuses et
osseuses aboutissant à des déformations et à des mutilations.
La contagion est importante, les personnes atteintes sont revêtues d’un
costume particulier (un long vêtement noir, des gants, un grand chapeau
pour cacher le visage) ; pour être évités sur les chemins, ils s’annoncent en
agitant une crécelle. Plus tard, ils sont enfermés dans des léproseries.
La peste se propage suivant les axes de communication par les marchands
et les voyageurs. A partir des ports, se propage la peste noire.
De 1350 à 1535, les épidémies se succèdent à peu près tous les
onze ans, de 1535 à 1670 tous les quinze ans, et en 1720-1722
essentiellement en Provence grâce aux barrières sanitaires
mises en place. En général, environ 70% des malades atteints
décèdent au bout de quatre jours lorsque l’épidémie est sous
forme bubonique, et les décès sont plus nombreux et plus
rapide lorsqu’elle est sous forme pulmonaire.
La variole, appelée aussi petite vérole, se réveille
régulièrement tous les dix à quinze ans. La maladie débute par une forte fièvre, puis une
éruption apparaît sur le visage et se propage sur tout le corps, laissant des cicatrices à vie.
Louis XV en mourut en quinze jours en 1774. Elle a tué plus de 25% des enfants entre un et
quatre ans.
Le cholera apparaît au XIXe siècle. La maladie se répand par contact direct entre malades ou
par injection d’eau ou d’aliments souillés.
Le typhus se transmet par les poux. En 1810, l’épidémie est liée au convoyage de prisonniers
espagnols. Les soldats de retour de la guerre de Crimée sont mis en quarantaine à leur retour
pour empêcher une épidémie.
La tuberculose est une maladie du XIXe siècle qui sévit particulièrement en ville où elle est
liée au développement industriel. Elle cause environ 20% des décès au début du siècle.
La grippe espagnole de 1918 est due à une souche (H1N1) particulièrement virulente et
contagieuse de grippe qui s’est répandue en pandémie de 1918 à 1919. Elle a fait de 20 à 40
millions de morts. Elle serait la plus mortelle de toute l’histoire.
29
L’hygiène
Hygiène corporelle : Dans la Grèce et la Rome antiques, l'hygiène est symbole de santé et se
concrétise par la fréquentation des bains publics.
Au Moyen Âge, étuves et bains publics populaires sont en plein essor. Au XIVe siècle, l'église
catholique interdit leurs pratiques (suspicion de propager la peste et assimilation à des lieux
de débauche). Le bain privé reste un privilège de riche et un signe d'hospitalité.
A la Renaissance la population fuit l'eau, accusée de transmettre des maladies. Les parfums
(jasmin, cannelle, musc) camouflent les mauvaises odeurs et servent de désinfectants, les
pastilles d’anis parfument l’haleine. Les cosmétiques (fards, poudrage du corps et des
cheveux) se développent. La toilette sèche est faite par friction avec un linge, un frottoir en
peau ; visage et mains se lavent à l'eau et au savon (ou herbe). Le corps est protégé sous la
crasse.
Au XVIIe siècle, les premiers cabinets de bain se développent chez les gens riches dont la
blancheur de linge est soulignée au col et au poignet. Le bain
froid est jugé hygiénique par son pouvoir tonifiant, le bain
chaud ne reste qu'une pratique médicale.
Au XVIIIe siècle, l'hygiène concerne la « propreté du
dessous » ; la propreté de la peau se fait entièrement par le
lavage. La multiplication d'espaces spécialisés (cabinets de
bain, bidet, latrines collectives dans les châteaux ou abbayes
mais aussi dans les maisons modestes) est liée avec le développement de la notion d'intimité.
Les grandes villes se dotent d'égouts souterrains.
Au XIXe siècle, les sources thermales sont réputées pour la santé. Les scientifiques et
médecins formulent des recommandations comme le lavage des mains et la toilette
quotidienne à l'eau et au savon. La fin du siècle marque le début des salles de bain et des
toilettes dans les logements.
La norme recommandée autour de 1900, est de se laver les cheveux 4 fois par an, le visage
tous les jours, les pieds une fois par semaine.
L’eau : Toutes les activités liées à l’hygiène (toilette, propreté de la maison, bains, latrines)
sont conditionnées par l’approvisionnement en eau.
Avant le XIIIe siècle, l’eau est rarement disponible. Paris
est approvisionnée par deux aqueducs desservant six
fontaines. La ville s’alimente aux eaux de la Seine et de la
Bièvre. Au XVIe siècle, on compte seize fontaines pour
une population de 200.000 habitants. Les habitants des
villes ont recours à des porteurs d’eau. Dès le XIVe
siècle, des puits privatifs sont creusés dans les caves.
Des fontaines sont installées à l’intérieur des palais.
Quelques rares châteaux possèdent l’eau courante.
L’eau de pluie, récupérée par un système de gouttière,
30
est considérée comme la plus pure. Elle sert à la cuisine et à la boisson.
L’eau des fontaines, des puits et des citernes, polluée par la contiguïté des latrines ou par les
ordures qu’on y jette, est utilisée pour la lessive, la vaisselle ou pour abreuver les animaux. A
la fin du XIVe siècle, des ordonnances prévoient de curer les cours d’eau urbains et
interdisent d’y déposer des ordures ou du fumier.
L’évacuation des eaux en ville, se fait par des rigoles creusées dans les sols des maisons ; on
draine les eaux usées qui se déversent dans les rues par des trous percés dans les murs. Par
la suite des rigoles seront creusées dans des rues pavées ; ce sont de vrais « égouts à ciel
ouvert ».
Faute de réseau en dur, les matières fécales, les urines humaines ou animales sont déversées
dans la rue où des tas d’ordures sont visibles partout.
Certains métiers utilisent, brûlent et déversent des produits
toxiques, comme le plomb ou la colle d’alun, mélange de métal et
d’ammonium, employée en teinturerie et en tannerie. Les riverains
creusent des fosses pour les enterrer, entraînant une pollution des
cours d’eau et des nappes phréatiques.
En 1374, la prévôté instaure une taxe pour l’enlèvement des
immondices par habitant et par semaine. Les déchets mis en tas
devant la porte sont récupérés par des vidangeurs. Règlements et interdictions existent mais
leur application est difficile à obtenir.
Le ménage : Au Moyen Âge, la propreté est un élément de confort. Les maisons nobles sont
tenues par des serviteurs assurant la lessive, la vaisselle et le ménage. Les lits sont refaits
tous les matins : draps et couvertures sont retendus et lissés à l’aide d’un bâton. Les
chambres sont aérées et débarrassées des insectes nuisibles. Les habits sont régulièrement
brossés et dégraissés, posés sur une perche ou pliés dans les coffres. Les armoires n’existent
pas encore, sauf dans les sacristies des églises.
Dans les demeures modestes, il est recommandé de jeter les paillasses infectées de puces.
Elles abondent également dans les demeures seigneuriales. Les jetés de lits servent à
protéger les courtepointes des salissures des chiens.
Les tâches domestiques les plus courantes sont : le balayage, à l’aide de balais de bouleau ;
l’époussetage, avec des brosses et des verges pour les textiles d’ameublement; le nettoyage
des sols carrelés à grande eau. En 1860, arrive le balai à tapis,
ancêtre de l’aspirateur.
Le lavage du linge est exclusivement le travail des femmes jusqu’à
la Deuxième Guerre mondiale dans les pays industrialisés. Après
l’avoir fait tremper toute une nuit, on met la lessive (savon de
Marseille) et le linge blanc à bouillir dans une lessiveuse ; à
l’intérieur un tube coiffé d’un champignon arrose le linge. On lave à
la maison, mais il faut aller au lavoir pour rincer, car il faut
31
beaucoup d’eau. L’indispensable brouette permet de transporter le ballot de linge et tout
l’attirail jusqu’au lavoir : lavoirs à la rivière pour la campagne et bateaux-lavoirs en ville. Dans
la brouette s’entassent savon, brosse, battoir, tréteaux pour égoutter le linge et
l’indispensable boite à laver appelé « carrosse ».
Le rinçage nécessite un savoir-faire : on lance le linge loin dans l’eau, on le laisse s’étaler et
flotter tout en faisant des vœux secrets. « Le lavoir est le cabaret des femmes » disait-on.
Le linge est étendu sur l’herbe ou sur des fils pour le faire sécher.
Pour le repassage on utilise un fer chauffé près du feu ou sur un fourneau avant que
l’électricité n’arrive dans les maisons.
La médecine
Au XVIe siècle, la médecine devient plus laïque. Aux XVIIe et XVIIIe siècles, la formation des
professionnels transforme les activités médicales ; la sage-femme remplace la matrone, le
chirurgien renonce à être barbier, les charlatans et empiriques sont dénoncés par les
médecins et les chirurgiens, qui prétendent disposer seuls du droit de soigner.
La consultation - A la ville, le médecin reçoit les malades chez lui. Entre ville et campagne, la
consultation à domicile occupe souvent le docteur, dont le premier investissement est
l’acquisition d’un cheval et d’une voiture.
La trousse médicale - A partir du XIXe siècle, on trouve un bloc de
feuilles pour les prescriptions et quelques outils nouveaux : le
stéthoscope de Laennec, d’abord de bois, le sphygmomanomètre pour
mesurer la tension, la seringue en métal puis en verre, ainsi que le
thermomètre, quelques pansements et médicaments qui permettent
d’apporter un secours immédiat.
Le médecin diplômé exerce essentiellement dans les villes. Le plus
prestigieux est le « docteur régent », exerçant dans les villes dotées
d’une faculté de médecine. Le jeune médecin devient « médecin
agrégé » s’il intègre l’un des collèges de médecine hors des villes
universitaires. La plupart exercent hors des structures corporatives :
ils sont « docteur forain » ou « externe ».
L’examen du patient - Pour établir son diagnostic et sa prescription, le médecin écoute et
observe. Il regarde la langue, les dents, les yeux, la peau et surtout examine les urines : il en
détaille la couleur, la transparence, l’odeur, parfois la goûte pour en déceler le sucre. A ces
examens s’ajoute souvent l’observation des selles ou du sang et au XVIIIe siècle une prise du
pouls. L’examen médical ne va pas plus loin. Il parait indécent, indigne de palper le malade et il
n’est pas encore dans les habitudes de surveiller l’évolution de la
température.
Le chirurgien, socialement inférieur au médecin sous l’Ancien Régime,
est souvent non diplômé de l’Université. C’est un modeste praticien qui
a acquis l’essentiel de son savoir par l’apprentissage, puis l’expérience.
Aux XVIe et XVIIe siècles, il est le plus souvent « chirurgien
32
barbier ». En 1691, la communauté des chirurgiens est distincte de celle des barbiers
perruquiers. Au XVIIIe siècle, une petite élite a appris l’ostéologie, l’anatomie, l’art des
opérations et l’obstétrique. Dans les grandes villes, on rencontre les « chirurgiens de grande
expérience », ceux des villes et bourgs sont dits « de petite expérience ». Le chirurgien
s’intéresse d’abord aux maux externes : abcès, fractures, blessures, rage de dents. Il
pratique, à coup de lancettes, les saignées prescrites par le médecin. Il n’hésite pas à palper
le malade. Il peut isoler une fracture et la réduire, sait diagnostiquer une tumeur, en réduire
le volume ; il pratique aussi le toucher vaginal ou rectal. Il s’intéresse à l’obstétrique.
Les Honoraires - Dans la plupart des cas, le médecin du XIXe siècle ne réclame pas sa
rétribution : procédé blessant et discourtois. Dans les grands cabinets, une ou plusieurs fois
par an, il adresse un relevé d’honoraires. En Bretagne, dans les années 1850, un médecin
pratique trois tarifs pour ses visites en ville : 50 centimes pour les familles d’ouvriers,
d’employés et d’artisans pauvres, 75 centimes chez les boutiquiers et artisans aisés, 1 franc
chez le notaire et les plus riches commerçants ; les frais de déplacement s’ajoutent.
La pharmacopée - Du XVIe au XVIIIe siècle, la pharmacopée reste
dominée par les plantes, transformées en potions, en huiles ou en sirops.
La thériaque, mélange de nombreuses plantes dont surtout l’opium, est le
remède miracle jusqu’au XVIIIe siècle. Les animaux rentrent dans la
fabrication d’onguents, de pommades, d’huile ou de breuvages, ainsi que
quelques pierres précieuses réduites en poudre : topaze, émeraude,
améthyste. Au cours du XVIIe siècle, les Jésuites rapportent d’Amérique
le quinquina aux vertus curatives ; plus tard un marchand français
rapporte du Brésil la racine de l’ipécacuana aux vertus vomitives.
Soigner - Du XVe au XVIIIe siècle, les maladies qui effraient sont les épidémies, disettes ou
famines qui déciment des régions entières. Jusqu’au XVIe siècle, pour les médecins, le corps
humain est parcouru par quatre «humeurs » : le sang produit par le cœur, la bile jaune par le
foie, la pituite, lymphe ou phlegme par le cerveau et l’atrabile ou bile noire par la rate.
Opérer, purger, saigner ou prescrire quelques potions sont presque les seules « armes » des
médecins. Au XVIIIe siècle, les médecins et chirurgiens préfèrent la diète et font avant tout
confiance à la nature pour sortir de la maladie.
Avec la découverte de l’anesthésie et le développement
l’antiseptique, les opérations se font plus sûres et silencieuses.
de
Avec Pasteur, les techniques s’améliorent. L’hygiène » devient plus
exigeante. Les nouvelles pratiques permettent de réussir couramment
des opérations autrefois difficiles : les trépanations, les amputations,
les césariennes ou les appendicites deviennent des opérations presque
banales.
Opérer - On opère à vif ou presque, un peu d’alcool doit calmer l’opéré, maintenu par les aides
du chirurgien. La cautérisation des plaies d’amputation à l’eau bouillante ou au fer rouge sera
remplacée plus tard par des pansements après ligature des artères.
33
Lorsque la médecine officielle n’est d’aucun secours, la population se tourne vers les
« rebouteux » qui soignent les fractures et les luxations. Ce sont souvent des paysans, des
menuisiers, des forgerons ou des maréchaux-ferrants ; en ville c’est parfois le bourreau. Les
colporteurs, ou « gens à secret » présentent quelques potions aux vertus curatives sur les
places publiques. Les « herniaires » font disparaître les hernies au prix de l’ablation d’un
testicule. Les « oculistes », annoncés dans la presse au XVIIIe siècle, procèdent à des
opérations comme l’abaissement de la cataracte.
Le monde paysan
Tout en haut, les seigneurs et les communautés religieuses disparus en 1789, sont des
propriétaires vivant des revenus de leurs terres, sans jamais la cultiver eux-mêmes.
Les intermédiaires, les régisseurs, parfois nommés fermiers généraux gèrent les terres des
précédents, en abusant de leur confiance et leurs intérêts, en même temps que de leur
position vis-à-vis des subalternes.
Ensuite la strate des paysans à demi indépendants (gros
laboureurs ou fermiers aisés), plus ou moins aisés ou évolués,
constituant le monde « des coqs de village ». Ils possèdent
presque toujours des terres, des animaux et un troupeau, ou
du moins un attelage. Ils emploient volontiers valets et font
appel à une main d’œuvre d’appoint en été, lors des gros
travaux.
Enfin, les laboureurs, petits paysans ou vignerons mi-propriétaires, mi-fermiers, vivant
modestement, ne possédant quasiment pas de terres, et n’ayant pour toute richesse qu’un
attelage (voire un demi attelage : on parlait alors de laboureurs " à demi - charrue ").
En bas de l’échelle, tous les dépendants, " journaliers " et " manouvriers ", vivant du travail
de leurs mains, à peine au dessus des légions de domestiques, charretiers, valets, pâtres,
bergers, vachers, servantes, accomplissant des travaux, de l’aube au crépuscule, chez le
seigneur ou le fermier.
Le métayer est un paysan locataire
partageant avec le propriétaire les fruits
de l’exploitation. il exploite une métairie,
par un contrat dit " de métayage " (type
de bail rural), association où le
propriétaire apporte le capital foncier, du
bétail et des semences au moins par
moitié, et le métayer sa force de travail,
ses outils et son matériel, une partie du
bétail, presque toujours le petit (bassecour, cochons, chèvres, moutons parfois) ;
34
charges et profits sont rigoureusement partagés par moitié, qu’il s’agisse de grains, du foin,
du croît du bétail, des arbres, des fruits du verger.
Dans certaines provinces, " le fermage " ou " bail à ferme ", est un contrat dans lequel le
propriétaire (bailleur) d'un bien en confie l'exploitation à un locataire (fermier ou
« censier »), le plus souvent pour une durée de six ou neuf ans. Celui-ci tire sa rémunération
du produit de la ferme et verse au propriétaire un fermage (le montant du loyer) dont le
montant est convenu à l'avance et indépendant des résultats d'exploitation (le loyer est
ferme).
La fenaison de juin amorce la période des longues
journées de récolte passée dans les champs. Les
faucheurs s’alignent, avancent en cadence, s’arrêtent
pour marteler et aiguiser. Dans la matinée arrivent les
faneuses qui disposent l’herbe coupée pour mieux
l’exposer au soleil. Après la mise en de multiples tas, le
paysan ramasse le foin à l’aide d’une fourche et la bascule
sur la voiture où il est saisi pour l’empilage.
Les moissons de juillet ont lieu par temps sec après évaporation de la rosée du matin. On
couche d’abord les seigles, puis les escourgeons, les blés, les orges, enfin les avoines. Chaque
faucheur est suivi d’une ramasseuse et forme les gerbes au lien de
seigle. Les charretiers équipent les gerbières de cadres, de hautes
ridelles tirées par des bœufs, des chevaux ou des mulets, et tous les
gens participent au voiturage
Une fois les moissons rentrées, les glaneuses ramassent les épis de
blé oubliés pour les revendre aux fermiers comme semence. Elles vont
faire moudre les gerbes restantes dans le moulin le plus proche.
La moisson achevée, il faut battre les épis pour récupérer les grains.
Le dépiquage consiste à faire piétiner les gerbes par les sabots d’une
troupe de chevaux, de mulets ou de bœufs. Le battage est un travail
collectif qui se fait au fléau sur une surface propre et lisse. Une fois le grain battu, on le
mesure au boisseau et on le met en sacs au grenier, ou on le porte au moulin.
En septembre, tandis que les vignerons s’affairent à la
cueillette du raisin dans les plaines, c’est le temps des
labours. Après l’épandage du fumier à la fourche, les
paysans arpentent leurs champs, en s’appuyant au mieux sur
la force de leurs animaux de trait dont la conduite demande
une grande expérience. Le hersage complète le labour,
émiettant la terre. Viennent alors les semailles avant un
second passage de herse pour enfoncer légèrement les
semis, puis le rouleau pour aplanir l’ensemble. Fumer,
labourer, herser, semer et rouler sont les cinq étapes des labours.
35
Nos ancêtres paysans étaient aussi des éleveurs. Dans beaucoup de familles rurales une
vache servait à l’alimentation de la famille. Une partie du lait était
consommée sur place ou vendue dans les gros bourgs, mais l’essentiel
était transformé en crème fraîche, et surtout en beurre et fromages.
Le mouton est élevé pour sa laine et sa viande, les brebis pour leur lait.
La chèvre a longtemps été considérée comme la « vache du pauvre ». Le
cochon est exploité pour sa viande et sa graisse. Sa vie est de courte
durée, mais il assure chaque année des ressources non négligeables aux
petits exploitants. Le poulailler est une réserve de produits frais,
vivants et disponibles permettant de vivre ou survivre
La fermière travaille à proximité immédiate des bâtiments agricoles,
sans doute pour avoir l’œil sur les plus petits pendant qu’elle vaque à ses diverses tâches. Elle
s’occupe aussi du jardin, qui est un potager procurant l’essentiel de la soupe quotidienne. On
y rencontre sept catégories de plantes : les légumes racines (betterave, carotte, navet,
scorsonère, salsifis...) ; les légumes verts (l‘oseille, épinard, chou, blette...) ; les salades
(laitue, pourpier, chicorée, raiponce, mâche...); les fournitures (estragon, cresson,
roquette...) ; les plantes fortes (oignon, ail, échalote, poireau...) ; les herbes odoriférantes
(basilic, thym, fenouil, sauge, romarin violette....) ; les légumes fruits ( asperge, carde,
concombre, artichaut, melon, citrouille...).
Le lavoir est l’un des rares endroits où les femmes se retrouvent, un peu comme le café pour
les hommes. On le surnomme d’ailleurs « le parlement des femmes » !
Les principaux personnages du village
Le curé est un prêtre pourvu d’une circonscription territoriale appelée cure. Il a sur ses
paroissiens une juridiction ordinaire et personnelle, qu’il peut déléguer
à d’autres prêtres. Il a le droit de prêcher dans son église, d’y célébrer
la messe, d’y administrer les sacrements et de percevoir les revenus
attachés à son titre. Jusqu’à la révolution, il était tenu de recenser les
naissances, mariages et décès dans la paroisse. Il était bien souvent le
seul homme lettré du village.
Le maire fait son apparition au XIIe siècle. Selon l’époque
et le lieu, on parlera de pairs, d’échevins ou de conseillers.
Son origine se trouve dans le Polyptique d’Irminon, où
l’abbé de Saint-germain des prés (IXe siècle) emploie le mot " maior " pour
désigner celui qui administre le village pour le compte du seigneur. Il devient le
premier magistrat de la commune, élu par le conseil municipal parmi ses membres,
pour exécuter les décisions du conseil, représenter la commune et exécuter, sous l’autorité du
préfet, des fonctions du pouvoir central. La loi du 19 avril 1790, dote les Maires d’une
écharpe tricolore, attachée d’un nœud et ornée d’une frange de couleur.
Sous l’Ancien Régime, le maître d’école demeure le bras droit du curé. Il
doit donc assurer certaines charges et fait ainsi office de sacristain. Il
est également chargé de la catéchèse et assure encore la fonction
d’agent paroissial. Il lui incombe d’aider la communauté villageoise à
régler les problèmes administratifs. Il a souvent la charge des écritures
36
de la paroisse, du secrétariat des réunions importantes, de la lecture des actes
administratifs et a bien entendu la charge d’enseigner. Il doit apprendre à ses élèves à lire, à
écrire et à compter.
Appelé garde messier et chargé de la surveillance saisonnière des récoltes, le garde
champêtre est présent dans pratiquement toutes les communes rurales et a la qualité
d’Officier de police Judiciaire. Selon une loi du 6 octobre 1791, il est nommé par le préfet et
il prête serment au juge de paix du canton. En plus de la surveillance des propriétés rurales et
forestières ainsi que de la chasse, il relève les contraventions et les délits constatés par
procès verbaux adressés, et est « le tambour de la commune ».
La ville et la bourgeoisie
Sous l’Ancien Régime, seuls 15% environ des français sont des citadins. Les villes restent
longtemps closes. A l’abri de leurs murailles, elles conservent souvent leur aspect médiéval
avec un dédale de petites rues mal pavées, construites sans plan d’urbanisme, où la circulation
devient difficile. Les ruelles tiennent aussi lieu d’égouts à ciel ouvert.
En 1846, la limite de 2000 habitants est fixée pour constituer une ville. Une ville se
distingue du bourg par le type d’activités (industrie et commerce) et les fonctions étatiques
(fiscalité, justice). A partir du XVIIIe siècle les changements apparaissent, avec les grands
travaux, lancés à Paris par le baron Haussmann, dont
l’alimentation en eau potable et l’assainissement.
La croissance de la population urbaine conduit à un
nouvel urbanisme et à la construction de logements et
de bâtiments publics (hôpitaux, halles, théâtres). Des
places sont créées, des ponts sont érigés, les rues
s’élargissent, des boulevards circulaires remplacent les
enceintes. L’éclairage public, le marquage des rues et
la numérotation des maisons et des trottoirs font leur apparition.
La disposition des logements est verticale, avec parfois une seule pièce par étage, et une
cour intérieure renferme le puits et la fosse d’aisance. Le rez-de-chaussée abrite souvent une
boutique ou un atelier d’artisan et les chambres sont à l’étage. Plus on monte en étage, moins
les habitants sont aisés. La lumière du jour rentre peu dans les appartements.
La population urbaine possède des caractères démographiques propres. A partir de 1816, de
très nombreux jeunes célibataires non encore installés viennent travailler en ville. Les
citadins se marient en respectant une certaine homogamie sociale, et les couples vivant hors
mariage vont devenir plus fréquents. Les familles urbaines comptent en moyenne cinq à six
enfants, soit moins qu’à la campagne. La mortalité est plus
importante car les gens s’entassent dans des quartiers
souvent insalubres favorisant les contagions (variole,
peste, paludisme).
37
La culture est urbaine, mais l’accès à l’instruction et à l’innovation est longtemps réservé aux
plus nantis. L’accès aux écoles est plus aisé qu’à la campagne et les petites écoles fournissent
les bases de l’éducation. Les collèges sont créés au XVIe siècle. Le citadin bénéficie aussi
d’affiches et de journaux imprimés qui en font un individu instruit et alphabétisé.
Le rituel social de la fête se développe sous l’éclairage des becs de gaz ; les foules se
pressent aux bals populaires, à la foire ou au cirque ; les premiers vélocipèdes dévalent les
rues et on canote le dimanche au bord de l’eau. De nouvelles pratiques bouleversent le
commerce de détail, avec l’entrée libre, l’étiquette de prix fixe, et les grands magasins vont
donner une impression d’abondance qui favorise l’achat.
Les villes libres sont gouvernées par des représentants des corporations qui créent le droit
de bourgeoisie. Pour y être agréé, il faut en faire la demande,
s’acquitter d’une taxe, mais surtout être de bonne moralité et
assez fortuné pour ne pas avoir recours à l’assistance.
Le bourgeois doit ;
- avoir une naissance légitime,
- posséder un domicile en ville,
- incarner tous les privilèges dont jouit la cité où il réside,
- avoir un fusil et une somme d’argent minimum,
- prononcer un serment de respect à l’autorité et au droit,
- participer aux tâches communes, notamment au service armé,
- être assujetti aux taxes.
En contrepartie de ses devoirs envers la communauté, il bénéficie :
- de la liberté personnelle d’aller et venir,
- de la jouissance de ses biens,
- d’une assistance en cas de difficultés.
Au sein même de la bourgeoisie, des distinctions se forment :
- La petite bourgeoisie (artisans, petits commerçants, boutiquiers, petits agriculteurs
propriétaires, etc.) est formée par une brève ascension sociale.
- La moyenne bourgeoisie dispose d’un patrimoine ou de revenus solides, mais sans l'aura de
la grande bourgeoisie.
- La grande bourgeoisie se caractérise par des mariages nobles et des alliances
intéressantes (et intéressées). Elle possède un patrimoine historique et culturel important,
amplifié au fil du temps.
- La haute bourgeoisie est composée de familles déjà bourgeoises à la Révolution, ayant
exercé des « professions honorables » et contracté des alliances illustres. Son patrimoine
culturel, historique et financier est important. Elle fréquente les grands artistes.
- La haute société protestante (HSP) désigne une minorité protestante disposant d'un
solide pouvoir financier et bénéficiant d'une influence politique et sociale.
La bourgeoisie affiche en façade les signes de sa réussite. A
côté des hôtels particuliers, l'immeuble de rapport constitue
la cellule de base de l'habitat bourgeois. Les pièces de
représentations sociales viennent sur l'avant, celles de la vie
38
quotidienne avec ses services sur l'arrière. Sous les combles, des chambres sans confort sont
réservées à la domesticité.
L’art de vivre mêle goût du décor et économie domestique. Une bibliothèque est un signe
d'appartenance au milieu des notables de la ville. Les savoirs scientifiques nouveaux font
progresser l'hygiène. L'usage des bains à domicile se répand. La maîtresse de maison lit les
manuels de savoir-vivre et les revues de mode.
Toute famille bourgeoise se doit de recevoir et est reçue en retour. Le dîner devient une
représentation théâtrale. Les riches bourgeois des grandes villes sont entraînés dans un
tourbillon de fêtes, bals et spectacles divers. Les restaurants et les cafés se multiplient
dans les villes.
Le monde ouvrier
L’activité industrielle concerne aussi bien la production effectuée à domicile dans le cadre
traditionnel et domestique de la boutique que celle développée au sein de vastes entreprises
tels les arsenaux, forges ou manufactures. La production de base a
souvent lieu dans les villages tandis que la finition et la
commercialisation sont dominées par des marchands fabricants
urbains.
Les grands secteurs industriels se développent dans le cadre des
manufactures, qui peuvent être de vastes ateliers, des usines ou une
nébuleuse de sites de production domestique.
On distingue alors :
- la manufacture d’Etat fonctionnant grâce à des capitaux nationaux (Gobelins, Sèvres),
- la manufacture privilégiée pour fabriquer un type de produit avec monopole délimité,
- la manufacture royale qui est une manufacture privilégiée disposant des armoiries
royales sur leur façade.
Les activités textiles (drap, industrie linière, soie, cotons colorés ou indiennes, dentelles) ont
très tôt été prépondérantes dans les campagnes. Les papeteries (des colporteurs récupèrent
les vieux chiffons pour leur recyclage), les tanneries et les quincailleries s’y sont aussi
développées. Les manufactures à feu (verreries, hauts-fourneaux, fours, fonderies, machines
à vapeur) et les industries agroalimentaires (sel et sucre) se multiplient. Au XVIIIe siècle, la
métallurgie doit son essor à l’outillage artisanal ou agraire, mais surtout à l’armement qui
demande des manufactures de fer blanc, de boulets de canons, de cuirasses et de canons. La
construction du chemin de fer est un vrai moteur pour cette industrialisation. Les usines,
marquent peu à peu le paysage à compter de 1850 et surtout 1880. Les gares et ports
deviennent des zones d’activités importantes. Au début du XXe siècle, la sidérurgie et
l’électricité déclenchent une seconde révolution industrielle.
Dans l’organisation du travail, les métiers se regroupent en
assemblées, groupements ou corporations. On distingue trois
types de métiers :
- les métiers jurés ou jurandes : minoritaires, ils reposent
sur la trilogie un maître (qui respecte les règlements de la
39
-
jurande), des compagnons (salarié expérimenté, logé et nourri) et des apprentis
(pendant une durée de cinq à sept ans) ;
les métiers réglés : ils sont contrôlés par les municipalités ou corps de ville ;
les métiers libres, qui ne sont ni jurés, ni réglés.
Dans le textile et surtout la dentelle, les femmes jouent un grand rôle et même les enfants
cardent, filent ou préparent la laine. Au début du XIXe siècle, beaucoup de travailleurs
saisonniers et d’ouvriers paysans partagent leur temps entre culture des champs et travaux
manufacturés.
A partir de 1860, l’usine produit plus vite, davantage et à meilleur coût. Un nouveau type de
salarié apparaît et crée une classe ouvrière. Les ouvriers sont répartis en ateliers où chacun
exerce une tâche spécifique. Les conditions de travail sont très dures, les bâtiments sont
vastes, clôturés de murs élevés et percés de quelques ouvertures seulement. La discipline est
rigoureuse, les règles de travail austères, la journée de travail longue (de 11 à 14 heures en
hiver ; de 13 à 16 heures en été).
Les mouvements ouvriers se développent, surtout dans les
grandes villes, sous forme de grèves illicites ou de
manifestations qui dégénèrent parfois en émeutes. Les
populations ouvrières sont souvent logées dans les faubourgs.
Le livret ouvrier, institué en 1791, est rendu obligatoire par
l’arrêté du 9 frimaire an XII (1er décembre 1803).
Les enfants ont une place dans cette organisation où le travail est légal à partir de 8 ans. Il
faut attendre 1874 pour interdire le travail dans les usines et chantiers avant 13 ans. La loi
de mars 1841 fixe un maximum de 8 heures pour les enfants de moins de 12 ans, de 12 heures
jusqu’à 16 ans. La loi du 9 septembre 1848 fixe à 12 heures la durée du travail journalier. Le
travail de nuit est interdit aux enfants de moins de 18 ans, aux filles mineures et aux
femmes. La loi de novembre 1882 interdit le travail de nuit pour les femmes et fixe la durée
de travail des ouvrières à 11 heures entrecoupées de pauses
d’une durée totale d’une heure. La durée du travail sera
limitée à 60 heures par semaine au début du XXe siècle. En
1906 le dimanche est institué jour légal de repos.
A partir de 1898, la responsabilité de l’employeur est
engagée en cas d’accident du travail. Parfois, le système
paternaliste est adopté et amène des avantages en nature,
des prêts, des augmentations de salaire ou des avantages
sociaux (services médicaux, caisse de retraite).
Au début du XIXe siècle, le salaire est versé chaque semaine
dans les ateliers parisiens,
souvent le samedi soir. Au milieu
du siècle, la quinzaine supplée la
huitaine.
Une
partie
des
40
ouvriers est rétribuée à la journée, avec un salaire fixé de gré à gré. Ce salaire au temps
concerne près de 60 % des ouvriers vers 1880. Le salaire horaire est introduit vers 1830
dans la construction mécanique tandis que le prix de façon, sorte de salaire aux pièces
(industries de main d’œuvre, notamment confection) ou le forfait accompagne l’essor du
travail parcellaire.
A la fin du XIXe siècle, un appel à la main d’œuvre étrangère, surtout frontalière, est
nécessaire : belges dans les mines, italiens dans la chimie, espagnols dans l’agriculture.
Pendant l’entre deux guerres, les travailleurs des pays de l’Est et principalement polonais
rejoignent la classe ouvrière.
Les foires et marchés
La foire était l’âme du commerce médiéval. Elle se déroulait dans toute
l’Europe. Elle était d’une importance vitale pour les échanges de
marchandises, mais aussi pour les échanges humains :
La foire rurale et saisonnière permettait aux paysans d’écouler leur
production agricole et d’acquérir en échange des produits de la ville.
La foire mensuelle des gros bourgs et châteaux (souvent rattachée à
une fête religieuse) présentait davantage de marchandises.
La foire générale internationale se développe dans toute l’Europe au
XIIIe siècle avec un retour à la sécurité sur les routes.
Les princes et seigneurs, qui désiraient attirer les commerçants, faisaient un effort pour
entretenir les chaussées, construire des ponts. Ils percevaient des redevances au passage de
certains points de leur territoire. Les rois de France dotèrent certaines villes d’exemption et
de privilèges qui firent accourir les vendeurs et les acheteurs.
Les foires médiévales se développent dans les villes situées le long des grands courants
commerciaux. En France les principales foires se trouvent :
- Lille (XIe siècle) au nord,
- Guibray en Normandie (IXe siècle),
- la foire du Lendit à Saint Denis (foire au vin, créée au VIIe siècle), la foire de Saint Germain
l'hiver et de Saint Laurent l'été (XIIe siècle), la foire de Saint Ovide (XVIIIe siècle) connue
sous le nom de foire aux pains d’épice (place de la Concorde) à Paris.
- Metz (Moyen-âge) et Chalon-sur-Saône (Bourgogne, 1237).
- Lyon : foires annuelles à partir de 1420.
- Mende (Lozère) sur la route du Gévaudan (1240), Nîmes et
Alès (Gard) sur la route de la Régordan (Moyen Âge),
Beaucaire (Gard) au XIIe siècle et Perpignan (1759).
Les Foires de Champagne sont des foires de renommées
internationales qui se sont tenues du XIIe au XIVe siècle :
Lagny (commerce des draps, des cuirs, peaux, épices
provenant des îles britanniques, de la Scandinavie, du Maroc,
d’Egypte) 1 fois l’an,
Provins, « cité
opulente et fastueuse », qui frappe sa propre monnaie, le
41
denier provinois, Bar sur Aube (1 fois l’an). Et Troyes (tissage du drap et de la toile,
bonneterie, industrie du cuir, confiserie) 2 fois l’an.
Leur succès est le fait, d’une excellente organisation matérielle (halles, logements…), de
privilèges, de la sécurité et d’une bonne justice dont bénéficiaient les marchands, garantie
par les Comtes de Champagne eux-mêmes. Elles régressent après 1300 devant Paris et avec la
concurrence maritime pour les trafics entre la Flandre et l’Italie.
Les "pieds poudreux" désignent les premiers marchands de l'Europe médiévale, contraints de
prendre la route pour accroître leur "chalandise" (zone commerciale). A partir du XIIIe
siècle, le boutiquier remplace le colporteur. Le commerce local s'intègre dans les structures
corporatives.
Les colporteurs des villes portent leur outil de travail ou leur fond de
commerce avec eux. Le choix des marchandises vendues est
considérable : allumettes, articles ménagers, quincaillerie, fripes,
aliments de "regratterie" (revente à bas prix des restes provenant de
tables aristocratiques), produits éphémères (gâteaux chauds, herbes
et imprimés), peaux de lapins. Les "fenestriers" exposent leur
marchandise sur une fenêtre. Ce sont souvent des revendeuses et des
raccommodeuses de vieux vêtements, de chapeaux et vendeuses
d’aliments. Les hommes ont souvent des spécialités (médicaments pour
les yeux, les cors, tisanes…).
A la campagne, des paysans deviennent colporteurs durant les mois d’hiver (4 à 6 mois) et
partent avec leur « balle » (tissus, mercerie, bijoux, almanach) qui pèse entre 40 et 50kg. Le
colporteur part entre fin août et fin novembre en fonction des exigences du travail agricole,
de la rentrée des récoltes, des dates de marchés aux bestiaux et rentre au printemps selon
les besoins du commerce.
Ces colporteurs sont insérés dans un système de relations sociales qui les aide, mais aussi les
surveille. Ces réseaux de parenté s’organisent en compagnies commerciales familiales, très
souples, nouées et dénouées au gré des évènements (mort, enrichissement ou
appauvrissement..).
Les colporteurs achètent et vendent à crédit. La durée de remboursement est variable. Ils
tiennent des livres de comptes où les clients sont situés
géographiquement et humainement. Les prix sont négociés au cas par
cas. La seule obligation est de se souvenir du prix d’achat. Les
marchandises sont marquées avec des codes, ce qui permet de les
retrouver en cas de vol.
Le commis est un colporteur salarié au service de l’entreprise.
L’apprenti, fils de sociétaire, fait son apprentissage et porte la balle.
Les colporteurs proprement dits peuvent embaucher des domestiques
et des apprentis. Les contrats d’apprentissage décalquent cette
hiérarchie. La durée varie de 4 à 6 ans.
42
Le colporteur assure aussi le «colportage des nouvelles», obtenues au cours
de ses pérégrinations. Il relie à la ville, les zones rurales les plus reculées.
C’est un diffuseur de connaissance.
A partir du XIXe siècle, la construction des routes et du chemin de fer rend
l’accès aux boutiques citadines ; des grands magasins ouvrent, tel «le Bon
Marché», et la vente par correspondance se développe.
La monnaie
Les origines de la monnaie sont indissociables des échanges sociaux et rituels. En
Mésopotamie un système de gestion administrative des dettes et des créances s’est
développé, basé sur la comparaison de la valeur des produits échangés avec des « valeurs
étalons », connues de tous, coquillages, petit objet d’art, petit lingot de métal plus ou moins
précieux ou biens d’usage courant, comme le sel qui servit à payer les légionnaires romains
(origine du mot salaire).
L’invention de la monnaie métallique en Occident fut l’œuvre des grecs
d’Asie Mineure au VIIe siècle avant J.C. Vers 675 après. J.C., en Gaule, le
sou d’or est remplacé par une pièce d’argent : le denier.
Sous le règne de Jean le bon (1319-1364) en 1360 apparaît le premier
franc, pièce d’or représentant le roi armé et à cheval émise à l’époque de la
libération du roi, le terme franc signifiant « franc des anglais » donc libre.
Louis XIII (1610-1643) réforme, en 1640, le système monétaire et crée le
louis d’or et une pièce d’argent l’écu.
La Convention (1792-1795), pour pallier à la pénurie d’espèces,
recourt au papier sous la forme de billet d’escompte puis
d’assignat. Les coupures sont trop grosses et le problème de la
petite monnaie courante reste entier. On fond alors la vaisselle,
les cloches.
De 1794 à 1795 la fabrication de
l’écu est suspendue. Par la loi du 28 thermidor an III (15 août
1795), le franc devient notre monnaie nationale. Un franc sera
divisé en 10 décimes et 1 décime en 10 centimes.
Le 27 mars 18O3 l’existence du franc est confirmée par la loi
du 7 germinal an XI. La pièce de 1 franc d’argent est frappée à l’effigie de Bonaparte. C’est le
franc germinal. Il perdure jusqu’en 1914. Afin de supplanter l’ancien Louis d’or royal encore en
circulation, une pièce en or de 20 francs, le fameux « Napoléon » et une de 40 francs
viennent compléter les monnaies d’argent de 5, 2 et 1 franc.
43
En 1914, des avances accordées au trésor obligent la banque de France à faire fonctionner
« la planche à billet » et à retirer l’or de la circulation, entraînant dépréciation et inflation.
En 1940, la France vaincue, l’état français se voit forcé de fabriquer les monnaies uniquement
en zinc, en aluminium ; même le fer refait son apparition pour la pièce de 20 centimes. En
1958, le général de Gaulle décide de procéder à une nouvelle dévaluation et annonce la
création d’un nouveau franc ou « franc lourd » qu’il confie à Antoine Pinay et à Jacques Rueff.
Adopté le 10 décembre 1991 et ratifié en France, le traité de Maastricht prévoit l’unité
monétaire de l’Europe. L’EURO se substitue définitivement au franc le 17 février 2002.
Les poids et mesures
De tout temps, les hommes ont éprouvé le besoin de mesurer les biens qu’ils possédaient ou
dont ils faisaient commerce. Ils ont donc cherché à tout quantifier, comparer, codifier en
unité de mesure. C’est le corps de l‘homme qui servit de référence.
Les principales unités de mesure étaient alors :
La coudée : distance du coude à l’extrémité des doigts.
La palme : écart entre le bout de l’auriculaire et le bout de l’index.
L’empan : écart entre le bout du pouce et le bout de l’auriculaire.
La toise : distance entre les bouts des doigts, les deux bras
étendus.
La lieue : distance que peut parcourir un homme pendant une heure.
Pour lever les impôts, les prêtres égyptiens faisaient appel à des arpenteurs qui utilisaient
une corde de douze coudées. Les égyptiens utilisaient une balance à fléau. Des plateaux à
chaque extrémité permettaient de comparer l’objet à peser avec une masse de référence.
Plus tard la balance romaine ou starera fait son apparition. Un contrepoids déplacé sur un
fléau asymétrique permettait de peser un objet.
Sous Charlemagne, l’uniformisation était de mise. Les étalons
étaient conservés au Palais Royal. La pile de Charlemagne (une
série de treize godets en cuivre s’emboîtant les uns dans les
autres et pesant au total cinquante marcs) servait à fixer le
poids des monnaies. A la mort de Charlemagne, chaque seigneur
instaure des usages propres.
En 1666, sous Louis XIV, Colbert fonde l’Académie des sciences.
Le 16 février 1791, sur proposition du Chevalier JC de Borda, une
commission fixe la base de l’unité des mesures. En mars 1791,
naissait le mètre dont la longueur était établie comme égale à la dix
millionième partie du quart du méridien terrestre. Toutes les autres
unités de mesure en découlait : le mètre carré, le mètre cube, le litre, le gramme. Le système
métrique décimal est institué le 7 avril 1795 et se répand peu à peu hors de France.
44
En 1875, le bureau international des poids et mesures (BIPM) voit le jour. Ses attributions
sont ensuite étendues aux unités électriques et photométriques en 1937, aux étalons de
mesure pour les rayonnements ionisants en 1960.
En 1960 puis en 1983, suite aux importants travaux sur la
vitesse de la lumière et sur les horloges atomiques, le mètre
est redéfini en fonction de la vitesse de la lumière, comme égal
« à la longueur du trajet parcouru dans le vide par la lumière
pendant 1/299 792 458 de seconde ».
Les transports
Dans l’Ancien Régime, l’horizon se limite à la paroisse, les individus se rendent à pieds aux
fêtes, foires, marchés, puis on se déplace à dos d’âne, de mulet,
de cheval, et en charrette pour les besoins des travaux journaliers
Avec l’agrandissement des villes, les
transports urbains apparaissent, avec en
privé la chaise à porteur et les
charrettes encombrent les ruelles.
Le Service de la Poste est créé et achemine courriers et voyageurs.
Au XVIe siècle, il faut dix jours pour aller de Paris à Lyon.
Le coche véhicule attelé de 2 à 6 chevaux
transporte de 6 à 8 personnes, il reste en
e
usage jusqu’au XIX siècle, en se modernisant. Les principales
routes rayonnent à partir de Paris, les autres routes sont en
mauvais état, peu sures et jalonnées de nombreux péages et
douanes.
Le carrosse est couvert et suspendu. Il possède glaces, rideaux et portières sur les cotés. Il
devient un fiacre quand il sert de véhicule en commun.
Les diligences sont divisées en trois compartiments (le coupé à l’avant, la berline au centre et
la rotonde à l’arrière). Les turgotines vont permettre la mise en place de lignes régulières à la
veille de la Révolution.
En 1828 est créé l’Entreprise des omnibus. Les omnibus circulent sur des lignes régulières à
heures fixes mais sans points d’arrêts fixes. Les omnibus tirés par
3 chevaux comportent 14 places assises. En 1834 apparaissent les
correspondances, et en 1853 les voitures impériales. A partir de
1850, le réseau routier s’améliore. Les transports en commun se
développent.
45
En 1856 la première tentative de
est lancée ; les voies ferrées vont
1850 ; leur vitesse et leur capacité
augmentent. Et à partir de 1870 les
apparaissent en villes.
transport par le rail
s’imposer à partir de
de
transport
tramways
A la fin du XIXe siècle, l’automobile fait son apparition. En 1893 le préfet de
police Louis Lépine institue le certificat de capacité à la conduite. Le permis
de conduire actuel est créé en 1922.
La fiscalité
Le système fiscal de l’Ancien Régime est complexe et diffère selon le lieu de résidence et
l’époque. Les redevances sont soit en nature soit pécuniaires.
Les droits féodaux et seigneuriaux comprennent :
-la corvée travail gratuit que devait le paysan au seigneur.
-le rachat ou relief, droit de mutation appliqué aux successions
collatérales, s’élevant en général aux revenus de la terre pendant une
année.
-le quint, levé à la vente d’un fief représentant le cinquième du prix.
-le cens, rente annuelle en argent ou en nature, qui rappelle la
propriété primitive du seigneur sur les terres.
-les lods et ventes, taxes levées en cas de vente de la censive (les terres), correspondant au
huitième du prix de la vente.
-le champart, rente proportionnelle à la récolte variant entre le sixième et le douzième et
prélevée après la dîme du clergé.
La dîme est une redevance en nature pour subvenir à l’entretien des ministres du culte ; elle
est prélevée avant les droits seigneuriaux et représente en moyenne le treizième des
récoltes, avec de grandes disparités selon les régions.
A l’origine, le roi doit tirer ses ressources de son seul domaine, mais il peut demander une
aide pour : le mariage de sa fille, le paiement d’une rançon, l’armement de ses fils chevaliers,
la guerre notamment la croisade. Par abus, il se met à lever des impôts en permanence.
1-Les impôts directs :
-La taille : à l’origine une baguette de bois fendue, permettant
de conserver la trace de valeurs chiffrées, c’est d’abord un
impôt exceptionnel levé en cas de dépassement budgétaire, qui
devient annuel et permanent en 1439 lors de la guerre de 100
ans. Il est déterminé par le Conseil du Roi en juillet, au moment
46
des récoltes. Le recouvrement est perçu par des hommes, désignés par la paroisse, qui sont
responsables sur leurs biens.
La taille prend deux formes, selon les époques et les régions. La taille personnelle, formule la
plus courante, basée sur les signes extérieurs de richesse, concerne les chefs de famille
roturiers en pays d’Elections (dans le nord de la France). La taille réelle (dans le sud, l’Artois
et la Flandre) est un mode de répartition plus juste basée sur la valeur des biens à partir de
l’élaboration des cadastres (compoix) pour remédier à la fraude.
-La capitation : créée en 1695, elle devait être temporaire. La population est répartie en 22
classes, avec un tarif dégressif entre chaque classe. Les princes de sang, ministres et
fermiers généraux paient 2000 livres tandis que les manouvriers paient 1 livre, les plus
pauvres en sont exemptés.
-Le dixième : apparu en 1710, il est proportionnel aux revenus, mais de rendement médiocre.
-Le vingtième : mis en place en 1750 pour amortir la dette de l’état, il porte sur 20% des
revenus fonciers ; le clergé en est exempté.
2-Les impôts indirects :
Ce sont des taxes sur la vente de certains produits ou sur la circulation des marchandises,
prélevées par des compagnies privées pour le compte de l’état, les « fermes », qui avancent
une somme fixée puis se remboursent auprès des contribuables avec de gros bénéfices.
-La gabelle : c’est une taxe sur le sel, élément stratégique, seul moyen de conserver les
aliments. Instituée temporairement par Saint Louis, reprise par
Philippe IV le Bel, elle devient en 1343 sous Philippe VI de
Valois, monopole d’état. Elle est perçue différemment selon les
provinces :
-les pays de « grande gabelle » consommant le sel venant des
marais salants de l’Atlantique, sont fortement taxés, et à partir
de 1680, le contribuable doit acheter une quantité minimale
obligatoire « le sel de devoir pour le pot et la salière » sans
compter les salaisons et les besoins du bétail.
-les pays de « petite gabelle » ravitaillés par les marais
salants de Méditerranée sont moins taxés et leur consommation est libre.
-les pays « de salines » disposent de leur propre sel moins taxé.
-les pays « redimés », autour du Poitou, ont racheté l’impôt en 1548 par un versement
forfaitaire, le sel y est donc bon marché.
-les pays de « quart-bouillon » en Normandie l’achètent à des exploitations particulières où
l’on extrait le sel en faisant bouillir l’eau de mer.
-les pays « exempts » dispensés lors de leur réunion au
royaume de France.
-Les aides : sont des impôts sur la circulation des
denrées, prélevées à l’entrée des villes aux postes de
péage (octroi) ou au moment de la consommation, par
exemple du vin et du tabac ; elles sont collectées par les
fermes de 1687 à 1780.
-Les traites : droit levé sur les marchandises à l’entrée
et à la sortie du royaume ou au passage de certaines provinces. Elles rendent le commerce plus
47
compliqué et augmentent fortement le coût des marchandises. Les montants prélevés peuvent
faire varier les prix d’achats de 5 à 100%.
La Révolution va supprimer tous les impôts de l’Ancien Régime, et même le mot « impôt »
pour le remplacer par le mot « contribution » voulant souligner que le paiement des taxes était
librement consenti par les délégués de la nation. La Constituante crée 4 contributions
directes, baptisées les « 4 vieilles », ne concernant que la propriété : la foncière, la mobilière
devenue taxe d’habitation, la patente devenue en 1977 taxe professionnelle, et la contribution
sur les portes et fenêtres qui sera supprimée en 1925. L’impôt sur le revenu est créé en 1917.
La police
La notion de police apparaît à partir du IXe siècle dans les villes franches ou libres qui
possèdent le droit de s'administrer. La police concerne d’abord l'ordre public et les bonnes
moeurs. Elle relève des municipalités, échevins ou consuls, et porte sur la propreté, la sûreté,
la santé publique des hommes (épidémies, pollution) et des animaux (épizooties, abattage), la
voirie, l'approvisionnement en denrées et en eau, les foires et marchés, les prix, les fraudes,
l'organisation des métiers, de l'apprentissage.
A Paris, Saint-Louis crée en 1254 le corps des chevaliers du guet, chargé d'assurer la
sécurité de la ville la nuit. "Bonnes gens, dormez en paix !".
Colbert présente en mars 1667 un édit instituant la charge de lieutenant de police pour
veiller à la bonne marche de la cité. La Reynie, premier lieutenant
général de police, met sur pied une véritable administration
centralisée et fait raser la Cour des miracles. Il est à la fois
administrateur et magistrat, disposant d’un tribunal au Châtelet
(la chambre de police) et y rendant des sentences. Ses
ordonnances sont apposées sous forme de placards dans la rue.
Les commissaires examinateurs au Châtelet deviennent en 1708
des commissaires de police, assistés par des inspecteurs. Ils sont
propriétaires de leur charge.
Pendant la période révolutionnaire, Fouché s'intéresse exclusivement à la
police politique et rend, dès 1795, le passeport intérieur obligatoire pour
se déplacer hors de son canton.
Napoléon Bonaparte, premier Consul, crée en 1800 la Préfecture de
police de Paris, et fait nommer, dans toutes les villes de plus de 5.000
habitants, un commissaire de police placé sous l'autorité du préfet ou du
sous-préfet. En milieu rural et dans les villes de moins de 5 000 habitants, les pouvoirs de
police sont exercés par la gendarmerie nationale et les gardes-champêtres.
48
En 1829 (loi du 12 mars) sont créés les "sergents de ville", au service de la sécurité et de la
prévention. Portant tricorne et épée, ils sont chargés de veiller à la paix publique et
constituent la première force de police en uniforme du monde.
Par arrêté du 7 septembre 1870, les sergents de ville deviennent des gardiens de la Paix
publique. Leur uniforme est modifié, le bicorne est remplacé par le képi. En 1871, Jules Ferry
met à disposition de la préfecture de police la caserne de la Cité, qui, bâtie sur l'emplacement
de l'ancien marché aux volailles de Paris, vaut le sobriquet de poulets donné aux
policiers.
Georges Clemenceau crée en 1907 les premières brigades mobiles de la PJ (police
judiciaire), les "brigades du Tigre".
La loi du 9 juillet 1966 institue la police nationale, dont les personnels sont fonctionnaires.
La justice
Au temps de la féodalité, la justice est exercée par les seigneurs et le clergé. Sous l’Ancien
Régime, malgré la mise en place d’une justice royale, de nombreuses juridictions subsistent.
La justice royale comprend divers degrés hiérarchiques :
- les prévôtés, parfois aussi nommées vigueries, vicomtés ou châtellenies selon les
régions, dont la compétence est limitée aux causes ordinaires ;
- les bailliages et sénéchaussées, de taille diverse, qui jugent en première instance les
causes civiles et criminelles des nobles ;
- les présidiaux qui jugent les grosses affaires et traitent de
nombreux appels en dernier ressort ;
- les Parlements enfin, souverains en matière de justice et
juridictions d’exception pour ce qui touche au roi et à son
domaine. L’autorité des Parlements est universelle sur la
police, les finances, la législation, l’assistance publique,
l’organisation des régences et la discipline ecclésiastique.
A côté de ces juridictions ordinaires, existent des juridictions dites extraordinaires
spécialisées dans un secteur administratif ou financier. On distingue :
- la juridiction civile gracieuse qui enregistre les actes dénués de contestation tels les
procès-verbaux de levée des enfants abandonnés, les déclarations de grossesse, les
mises sous tutelle ou curatelle, les appositions de scellés ;
- la juridiction civile contentieuse qui jugent les litiges de propriétés ou de dettes, les
affaires familiales et la petite criminalité.
Les peines prononcées sont de différents types : la peine de mort, les
peines corporelles (de la flagellation à la mutilation), les peines
simplement afflictives, les peines infamantes et les peines pécuniaires.
Ainsi, sous l’Ancien Régime, la prison était rarement une peine.
Aux XIXe et XXe siècles, les principales juridictions comprennent :
49
-
-
-
-
la justice de paix, créée dès 1790, qui est une juridiction de proximité située au cheflieu de canton et qui traite principalement de tous les litiges de la vie quotidienne et
notamment des affaires familiales.
Le tribunal de première instance aux compétences à la fois civiles (divorces, litiges
entre bailleurs et locataires) et correctionnelles (vols, violences) juge en appel les
affaires des juges de paix et des conseils de prud’hommes. Il a été remplacé le 31
décembre 1958 par le tribunal de grande instance ;
La cour d’assise, créée en 1811, a succédé au tribunal criminel de la période
révolutionnaire et juge les infractions qualifiées de crimes ;
Le tribunal de commerce juge des affaires commerciales et des liquidations
judiciaires des commerçants, tandis que les Conseils des prud’hommes règlent les
procédures entre salariés et employeurs ;
La cour d’appel statue sur les appels des jugements rendus par les tribunaux de
grande instance et les tribunaux de commerce.
De la maréchaussée à la gendarmerie
La Maréchaussée, corps d'hommes d'armes dépendant directement des maréchaux, apparaît
en France au XIIe siècle, avec pour première fonction de
surveiller l'armée en campagne, les mercenaires, les
déserteurs et les soldats démobilisés. Progressivement, elle
devient la force publique du domaine royal avec une juridiction
souveraine siégeant dans l'île à Paris. En 1190, le roi Philippe
Auguste lève une troupe de sergents d’armes placés sous
l’autorité du sénéchal, chef suprême des armées, puis du
connétable.
Le 25 janvier 1536, François 1er étend les pouvoirs de la
Maréchaussée aux crimes de grand chemin. La Maréchaussée
se voit confier pour la première fois une mission civile.
L’édit du 9 mars 1720 réorganise la Maréchaussée qui est
alors constituée de trente compagnies (une par généralité), chacune étant composée d’un
prévôt général, de lieutenants, d’officiers de robe, de brigadiers, de sous-brigadiers et
d’archers. Cette ordonnance impose un uniforme de couleur bleue et des équipements
spécifiques. Une solde est versée trimestriellement, puis mensuellement à compter de 1778,
selon le grade.
La loi du 16 février 1791 stipule que la Maréchaussée portera désormais le
nom de Gendarmerie nationale, chargée de la police des campagnes pour
prévenir (police administrative) et réprimer (police judiciaire) et assurer le
maintien de l’ordre et l’exécution des lois.
Napoléon 1er voit en la Gendarmerie l’élite de l’armée et ses légions
participent aux campagnes impériales.
L’ordonnance du 29 octobre 1820 oblige les gendarmes à agir en uniforme et
établit le principe de la disponibilité permanente.
50
En 1901 la première école de gendarmerie est créée et les gendarmes sont alors
exclusivement rattachés au ministère de la Guerre et progressivement spécialisés. Ils
participent ensuite aux conflits associés à la décolonisation.
En 1965 est fondé le centre d’information routière. Par ailleurs, le développement de la
délinquance amène à la création des brigades de recherche (BR)
composées majoritairement de gendarmes officiers de police
judiciaire, et en 1974 est crée le groupe d’intervention de la
gendarmerie nationale (GIGN) spécialisé dans la lutte antiterroriste
A partir de 1970, la gendarmerie participe à des missions de
maintien de la paix à l’étranger sous l’égide de l’ONU et les femmes
peuvent devenir gendarmes depuis 1983.
Les armées et le service militaire
Charles VII crée la première armée royale de caractère permanent et de type mercenaire
(ordonnances de 1439 à 1447). Il désigne et rémunère quinze
capitaines, chargés de recruter chacun les cent lances de sa
compagnie. Il se dote aussi d’une infanterie, en s’appuyant sur les
milices communales. Ces militaires sont exonérés de la taille, d’où
leur nom de francs archers.
Louis XIV institue un tirage au sort parmi tous les hommes du
royaume âgés de 16 à 45 ans. Ces militaires servent pendant 5 ans
dans la milice créée par Louvois ou 6 ans (contrat renouvelable)
pour être gardes du corps, mousquetaires et gendarmes.
La royauté va séparer l’administration du commandement en créant un secrétariat à la
guerre comprenant divers bureaux auxquels les services de l’armée vont se rattacher.
Alors que la conscription est condamnée en 1789 par les cahiers de doléances, la Convention
procède à une levée en masse de 300.000 hommes (décret du 25 août 1793). La Loi "Jourdan"
du 19 fructidor an VI (5 septembre 1798) précise que «tout Français est soldat et se doit à
la défense de la patrie». Elle prévoit le recensement de tous
les hommes de 21 à 25 ans sur les registres communaux.
La loi du 28 décembre 1803 (8 nivôse an IX) instaure la
désignation des conscrits par tirage au sort (en vigueur
jusqu’en 1905), avec possibilité de se faire remplacer.
La loi du 21 mars 1905 (loi Jourdan-Delbel) impose un service
militaire personnel et obligatoire pour tous.
Le service militaire devient service national en 1959. Le 1er
51
janvier 2003 l’appel sous les drapeaux est suspendu (et non supprimé).
Année
1798
1802
1832
1868
1872
1902
1923
1945
1956
1970
1992
2003
Durée
5 ans
5 ans
7 ans
5 ans
5 ans
3 ans
18 mois
1 an
30 mois
12 mois
10 mois
-
Observations
Tous hommes de 20 à 25 ans
Tirage au sort – Remplacement par contrat
Remplacement supprimé en 1855
6 mois pour ½ contingent – remplacement possible
Remplacement supprimé – dispense possible
Service obligatoire et universel – sursis possible
18 mois ou 2 ans en 1935
1 an ou 15 mois
Guerre d’Algérie jusqu’en 1962
sursis : incorporation possible entre 18 et 27 ans
Suspension conscription
L’état-civil
Date
1334
1539
1556
1559
1563
1579
1598
1659
1667
1674
1685
1693
1736
1787
1792
Evènement
Le plus ancien registre paroissial de France (Givry en Saône et Loire)
Ordonnance de Villers-Cotterets : Institution des registres de baptêmes et
sépultures avec indication du nom du père ; obligation d’utiliser le français
Décret d’Henri II ; déclaration obligatoire des grossesses pour filles et veuves
Premier registre protestant (mariages et baptêmes)
Concile de Trente : Mention des parrain et marraine dans les actes de baptêmes
Ordonnance de Blois : Création registres de mariage, décès, publication des bans
Edit de Nantes : les actes protestants sont reconnus
Louis XIV ordonne la rédaction d’un livre-terrier pour recenser les domaines royaux
Ordonnance de Saint-Germain-en-Laye (Code Louis) : Tenue des registres en deux
exemplaire, Uniformisation de la rédaction des actes, Signature des parrain et
marraine pour les baptêmes, des conjoints et des témoins pour les mariages et de
deux des parents pour les sépultures
Tenue des registres sur papier timbré obligatoire
Révocation de l'Edit de Nantes : suppression des registres protestants
Les actes notariés sont assujettis au contrôle (enregistrement actuel)
Déclaration royale: Les deux registres ont un caractère authentique et doivent êtres
signés par les deux parties
Édit de tolérance : rétablissement des registres protestants
20/25 septembre : Création de l'Etat Civil moderne : La tenue des registres est
remise aux Municipalités, Création des tables annuelles et décennales, Mention des
profession, âge et domicile des défunts sur les actes de décès
1793
1794
1798
28 juin : Possibilité pour les femmes d’accoucher sous X
24 novembre : Entrée en vigueur du Calendrier républicain (jusqu’en 1806)
Institution d’un baptême civil ; les nom et prénom de l’acte de naissance font foi
22 septembre 1798 au 26 juillet 1800 (1er vendémiaire An VII au 7 thermidor An
VIII): mariages au chef lieu de canton
52
1800
1801
1803
1808
1836
1871
1872
1877
1884
1897
1923
1927
1945
1955
1974
2005
Indication du lieu de naissance et de la filiation du défunt sur les actes de décès
Institution du régime du Concordat ; apparition des registres de catholicité
Le code civil autorise la modification du nom, encadre le choix des prénoms ;
Fixation des noms de famille pour les juifs
Premier recensement nominatif de la population
Destruction des registres parisiens lors de la Commune
Possibilité d’option pour les alsaciens et lorrains entre la France et l’Allemagne
Généralisation du Livret de famille créé en 1872
Rétablissement du divorce (qui avait été supprimé pendant certaines périodes)
Mention des mariages, divorces et reconnaissances en marge des actes de naissance
Mention des dates et lieux de naissance des parents sur actes de naissance enfants
Suppression des registres de publication de mariage (destruction en 1959)
Mention du décès en marge de l'acte de naissance
Mention de l'adoption en marge des actes de naissance
Majorité fixée à 18 ans
Choix possible du nom des enfants (nom du père, de la mère voire des deux accolés)
Le cas des protestants
Protestant dans la langue du XVIe siècle veut dire « qui témoigne de sa foi ». Au début du
XVIe siècle, le moine allemand Martin Luther propose la réforme de l’église catholique et
fonde l’église luthérienne qui s’impose rapidement en Allemagne et en Alsace. En France, Jean
Calvin organise l’église réformée et commence à créer des paroisses. L’affaiblissement du
pouvoir royal crée les conditions favorables à l’établissement du protestantisme.
La religion protestante est basée sur le salut par la foi seule et
sur le sacerdoce universel ; elle s’articule autour de la bible et
du culte dominical. Le croyant n’a donc pas besoin de confesseur
et peut se passer de pasteur.
Deux sacrements lui suffisent : le baptême, pratiqué durant le
culte dominical, et la communion dite aussi Sainte Cène,
célébrée pendant le culte, qui est un partage de repas. La confirmation, instituée au XIXe
siècle, fêtée à 14 ans, est un engagement personnel qui marque l’admission à la Sainte Cène. Le
mariage est un engagement libre des époux l’un en vers l’autre devant Dieu et la communauté.
La cérémonie des obsèques se déroule au temple où le culte permet aux vivants d’écouter la
parole de Dieu. La crémation est autorisée depuis 1898 (1963 chez les catholiques).
Les rois de France catholiques imposant leur propre religion, les protestants sont très vite
persécutés. A partir de 1562 commencent les guerres de religion et leurs tueries, qui
culminent par la Saint-Barthélemy, le 24 août 1572, autorisée par Charles IX poussé par les
Guise.
Henri IV ramène la paix civile et religieuse en promulguant « l’édit de Nantes » le 30 avril
1598, qui instaure une tolérance limitée pour les Protestants et autorise la formation des
pasteurs, l’accès à l’éducation et à la fonction publique.
Louis XIV manifeste une volonté politique de réduire le
protestantisme par éradication d’abord volontaire puis autoritaire.
53
Le 18 mars 1681, Louvois autorise l’usage de la dragonnade, le logement forcé de dragons,
soldats du roi, chez les protestants, pillés et maltraités jusqu’à ce qu’ils abjurent. Le 18
octobre 1685 Louis XIV signe l’édit de Fontainebleau qui interdit tout exercice de la religion
protestante.
Les Opiniâtres vivent le désert où des pasteurs résistants tiennent des registres d’état civil
et des assemblées clandestines. Après environ un siècle de persécutions, Louis XVI par l’édit
de Versailles dit de tolérance du 7 novembre 1787 accorde aux protestants un état civil de
« rattrapage » et leur assure le droit d’exister.
La Révolution et sa déclaration des droits de l’homme en 1789 permettront aux
protestants d’accéder à tous les emplois civils et militaires. Mais la nouvelle organisation de
l’église réformée et de l’église luthérienne d’Alsace sera l’œuvre de Bonaparte dans le cadre
du Concordat et des articles organiques du 18 germinal an 10 (8 avril 1802) signé après le
concordat de 1801 avec l’église catholique.
Il faudra attendre 1905, et la séparation des églises et de l’état, pour aboutir à la création
de la fédération protestante de France, formée de 3 unions évangéliques.
Le cas des juifs
Les Juifs étaient très peu nombreux dans la France de l’Ancien Régime, mais il existe des
familles juives très anciennement ancrées dans certaines régions : en Alsace-Lorraine, à
Avignon, dans le Comtat Venaissin, à Bordeaux et à Bayonne.
On distingue 2 communautés juives distinctes : Les Sépharades, descendant des juifs
expulsés d’Espagne en 1492, parlant le judéo-espagnol ou le judéo-arabe, et les Ashkénazes
originaires d’Europe centrale parlant le yiddish, mélange d’allemand et d’hébreu.
Les communautés juives tiennent des registres des grands événements : naissances,
barmitzva (majorité religieuse des garçons à 13 ans), mariages, divorces et décès. Des
registres de circoncision tenus par les rabbins, mais rédigés en hébreu, indiquent la date de la
circoncision, le nom du bébé et de son père. L’acte de mariage religieux, très important,
s’appelle la kétouba, signé par l’homme et remis à la famille de la mariée pour protéger la
femme en cas de divorce.
Jusqu’au XIe siècle la culture juive est florissante dans la moitié nord en Champagne, et dans
le sud en Provence et en Languedoc. Mais la situation se dégrade fortement lors de la
prédication de la première croisade en 1095, qui entraîne une flambée d’antisémitisme. Au
XIIe siècle, Philippe Auguste inaugure un modèle d’expulsion spoliation des Juifs qui va se
répéter à de nombreuses reprises. Saint-Louis poursuit
cette politique hostile au judaïsme et libère ses sujets du
tiers de leur dette envers les Juifs. En 1269 il impose aux
Juifs le port de la rouelle (morceau d’étoffe portant une
roue), symbole des 30 deniers
de Judas. L’expulsion totale et
définitive à lieu en 1394, sous
le règne de Charles VI le
54
Fol, sauf dans les états du Pape (Avignon et Comtat Venaissin) où ils sont tolérés.
La révolution accorde le 21 septembre 1791 la citoyenneté pleine et entière à tous les
Juifs de France, tant dans la métropole que dans les colonies. Le 30 mai 1806, Napoléon 1er
rétablit le culte des Israélites, et par le décret du 20 juillet 1808, il fait obligation aux Juifs
de choisir un nom de famille et des prénoms fixes. Des consistoires tiennent des registres
mentionnant les circoncisions, les mariages, les divorces et les décès.
En 1894, éclate l’affaire Dreyfus, officier d’état major juif, faussement accusé de haute
trahison, et condamné par le conseil de guerre à une dégradation humiliante et à la
déportation perpétuelle en Guyane. Il est gracié par le président de la République en 1906, et
pleinement réhabilité par la cour de cassation.
Sous le régime de Vichy, brutalement isolés du reste de la population et poursuivis par la
Milice, 75 000 Juifs meurent au cours de l’Occupation parmi lesquels de nombreux réfugiés
d’Europe de l’Est ou d’Allemagne.
L’arbre généalogique
La représentation visuelle de la famille sous la forme de l’arbre
généalogique remonte aux temps immémoriaux et le vocabulaire employé
(racines, tronc, branches, feuilles, ..) est déjà écrit dans la vie de SaintJoseph : « Et il sortira un rejeton de la racine de Jessé et une fleur
s’élèvera de sa tige ». La représentation des prophéties d'Isaïe dans
l'Ancien Testament sur la descendance de Jessé, père du roi David,
montre, à partir du Xe siècle un arbre né du corps de Jessé, portant les
images de quelques ancêtres du Christ, de sa mère et de lui-même.
Les premiers arbres réalisés ne respectent pas toujours la chronologie et présentent parfois
des personnages non justifiés, mais l’objectif est surtout d’affirmer une croyance, une règle,
un droit ou un pouvoir. Aujourd’hui, la symbolique de l’arbre est double : retour sur le passé
et les ancêtres disparus (racines) et croissance vers les générations futures (branches).
L’arbre de consanguinité est une table de parenté permettant de définir la parenté entre
deux individus. Il ressemble à un personnage majestueux déployant ses bras pour enserrer
toute sa parenté.
Au Moyen Âge, en Europe, les premières représentations graphiques
sommaires de généalogies bibliques et impériales se rencontrent dans
des monastères du nord de la péninsule ibérique et dans le monastère
gascon de Saint-Sever. Les premières représentations de généalogies
non bibliques sont réalisées aux environs du XIe siècle dans le monastère
de Saint-Gall en Suisse et dans les abbayes germaniques d'Ebersberg et
Lorsch et traitent des Carolingiens avec pour but d'assurer la prière des
défunts. En France, les trois premières généalogies non bibliques
(Mérovingiens, Carolingiens et Capétiens) sont produites à l'abbaye
Saint-Aubin d'Angers, entre 1061 et 1068 et proposent un classement
55
chronologique respectant le sens descendant de la lecture, les frères sont représentés dans
l'ordre de leur naissance, les représentants d'une même génération sur une même horizontale.
Les représentations graphiques suivantes ont pour but de pouvoir juger
de la conformité de mariages existants ou en projet avec les préceptes
de l'Eglise alors en vigueur.
Le "Compendium " élaboré par Pierre de Poitiers connaîtra une large
diffusion et un énorme succès en Europe. L’arbre généalogique sera
descendant ou ascendant. La thématique végétale est omniprésente.
Sur le plan de la société, une évolution marquante du Xe au XIIIe siècle est la conscience du
"lignage" dans les familles nobles. La généalogie est utilisée pour confirmer des droits de
propriété sur des domaines ou des rentes. Les réformes de Colbert, visant à accroître la
rentabilité de l'impôt, mettent la pression sur la noblesse qui doit fournir ses titres et
prouver la lignée paternelle sur quatre degrés au moins.
La démographie de Combs-la-Ville
Dans l’Ancien Régime, Combs-la-Ville dépend de la généralité de Paris et est rattachée à la
subdélégation de Brie-Comte-Robert. Le grenier à sel de ses habitants est à Melun. La
paroisse appartient au diocèse de Paris. En 1790, la commune est intégrée au canton de BrieComte-Robert dans le département de la Seine-et-Marne.
Population :
Au XVIIIe siècle, le nombre moyen de feux est de 82 à Combs-la-Ville. Le recensement de
1790 indique une population de 500 habitants. Ceux effectués tous les 5 ans à partir de 1826
montrent une progression constante tout au long du XIXe siècle avec une population moyenne
de 650 habitants. L’évolution de cette population a été affectée par les turbulences
économiques et météorologiques : épidémies des années 1692-1694, grand hiver de 1709,
dysenterie et mauvaises récoltes des années 1738-1740, campagne de France en 1814, cholera
en 1832, variole et guerre en 1870.
Les divers recensements permettent d’établir l’évolution de la population de Combs-la-Ville :
56
Population de Combs-la-Ville
25000
20000
15000
10000
5000
17
09
18
00
18
11
18
21
18
31
18
61
18
71
18
81
18
91
19
01
19
11
19
26
19
36
19
60
19
68
19
73
19
82
19
95
20
05
0
Actes recensés à Combs-la-Ville :
1667-1792
Total RP
1793-1902
Total EC
Baptêmes - Naissances
Filles
Garçons
1037
1066
2103
838
833
1671
Mariages
503
600
Sépultures - Décès
Filles
Garçons
1050
1238
2288
757
792
1549
Mortalité :
Les coefficients de mortinatalité (ondoyés ou mort-nés) sont avant 1793 de 2,7% (3% pour le
royaume), après 1793 de 2,3%. La mort frappe beaucoup les enfants en bas âge (de 0 à 10
ans). Ainsi, sous l’Ancien Régime, seuls 54% des garçons atteindront l’adolescence et 58% des
filles sortiront de l’enfance. Au XIXe siècle la situation s’améliore mais la mortalité enfantine
reste élevée. L’espérance de vie des habitants de Combs-la-Ville est alors :
A la naissance
A 1 an
A 20 ans
A 40 ans
A 60 ans
A 70 ans
Registres Paroissiaux
Filles
Garçons
21 a 2 m
20 a 4 m
32 a 6 m
32 a 3 m
50 a 5 m
49 a 4 m
60 a 4 m
58 a 10 m
70 a 4 m
70 a 3 m
76 a
75 a 6 m
57
Etat-Civil
Filles
41 a 9 m
50 a 7 m
61 a 5 m
68 a 4 m
74 a 6 m
78 a 4 m
Garçons
38 a 4 m
48 a 4 m
57 a 2 m
64 a 6 m
71 a 10 m
77 a
Registres paroissiaux – Les sépultures des veuves représentent 15% des enterrements des
femmes adultes alors que les inhumations masculines ne distinguent que 9% de veufs. Pour
contredire la statistique l’ancêtre de la paroisse est un homme Claude Deloge, mort en 1702
centenaire.
Etat civil – On dénombre les décès de 193 veuves et de 104 veufs. On rentre dans la «
norme », le plus grand âge étant atteint par une femme, 100 ans 6 mois, laquelle a connu trois
rois, deux empereurs et deux républiques alors que le vétéran n’atteint que 93 ans..
La mise en nourrice à Combs-la-Ville est une institution qui se perpétue au cours des années,
mais les enfants concernés ne sont connus que le jour de leur mort. Les décès des enfants en
nourrice se répartissent comme suit :
Filles
33
60
Registres Paroissiaux : RP
Registres d’Etat-Civil : EC
Garçons
38
53
Nuptialité :
Sous l’Ancien Régime, janvier, février et novembre sont les principales périodes des
cérémonies nuptiales. A eux seuls ils voient célébrer 57% des unions. Un bref regain se
manifeste en juillet (les moissons sont terminées). Au XIXe siècle, on constate une meilleure
répartition entre les différents mois. C’est ainsi que janvier, février, novembre ne
rassemblent plus que 29% des épousailles; mai et juin voient leur cote remonter.
L’âge moyen au mariage des célibataires est de :
Filles
24 a 5 m
23 a 9 m
Registres Paroissiaux : RP
Registres d’Etat-Civil : EC
Garçons
27 a 6 m
27 a 1 m
Ages au mariage des célibataires (RP)
40,00%
35,00%
30,00%
25,00%
20,00%
15,00%
10,00%
5,00%
0,00%
-21
21/24
25/28
29/32
F
58
33/36
G
37/40
41/50
51 et +
Avant la Révolution, les mariages avant 25 ans représentent 51% des unions pour les épouses
et 28% chez les maris. La plus jeune fille a 15 ans, la plus ancienne 52 ans ; cette dernière
convole avec un gars de 22 ans. Le garçon qui semble avoir le plus hésité ne s’engage qu’à 54
ans ce qui ne l’empêche pas d’avoir deux héritiers, d’autant que son épouse est plus jeune que
lui de 27 ans. A partir de 1793, lors de mariages entre célibataires, 70% de filles et 37% de
garçons ont moins de 25 ans ; la plus jeune épouse a 15 ans et la nécessité ne semble pas avoir
hâté cet engagement (elle ne sera mère que deux ans plus tard). La femme la plus âgée,
rentière de 53 ans, s’unit avec un propriétaire de 63 ans lui-même le plus âgé des jeunes
mariés.
Age au mariage des célibataires (EC)
0,4
0,35
0,3
0,25
0,2
0,15
0,1
0,05
0
-21
21/24
25/28
29/32
33/36
F
37/40
41/50
51 et +
G
La forte mortalité des adultes en pleine activité conduit à de nombreux remariages.
Beaucoup ont une raison familiale. Il est urgent de donner une mère ou un père aux enfants
de la maisonnée et d’assurer l’indispensable pour survivre. Sous l’Ancien Régime, les mariages
dont au moins un des conjoints est veuf ou veuve représentent 29,6% des épousailles alors
qu’au XIXe siècle ce pourcentage tombe à 13,6%.
La répartition des couples selon la situation matrimoniale des époux est la suivante :
RP
EC
Veuf + Veuve
39
16
Veuve + garçon
52
29
Veuf + fille
58
44
Célibataires
354
511
L’âge moyen au remariage est :
Registres Paroissiaux
Registres d’Etat-Civil
Veuves
35 a 7 m
41 a 1 m
59
Veufs
42 a 6 m
46 a 2 m
La durée moyenne du veuvage est de 22 mois (RP) et 52 mois (EC) pour les veuves et de 16
mois (RP) et 22 mois (EC) pour les veufs. Le délai de viduité n’est pas obligatoire sous
l’Ancien Régime mais seulement considéré comme une bienséance (par respect pour le
défunt) et n’est pas forcément observé.
Les origines des conjoints qui se sont mariés à Combs-la-Ville à partir de 1793 sont variées :
Filles
41,5%
3,3%
8,2%
8,2%
3,3%
0,8%
16,8%
1,0%
16,8%
Combs-la-Ville
Communes voisines
Seine-et-Marne
Seine-et-Oise
Paris
Etranger
Autres départements
Alsace-Lorraine
Indéterminé
Garçons
17,3%
4,3%
20,3%
15,3%
5,0%
2,0%
17,5%
0,8%
17,3%
Sous l’Ancien Régime, le lundi et le mardi monopolisent pratiquement les noces avec 83% des
épousailles. Après la Révolution, le mercredi progresse honorablement alors que le samedi
s’installe durablement tout en faisant une progression fulgurante (jusqu’à 58%).
Natalité :
Sous l’Ancien Régime, les naissances sont souvent saisonnières. 58% des conceptions ont lieu
sur cinq mois avec regroupement durant l’hiver, mai et juin. Après la révolution, les naissances
sont plus réparties dans l’année, avec cependant un pic en juin. Le taux de natalité est de
38‰ avant la Révolution (39 dans le Royaume) et tombe à 24‰ (26,8 en France) après la
Révolution. La population de Combs-la-Ville augmente alors par apport extérieur et
augmentation des patronymes nouveaux. Les naissances de garçons dominent légèrement
avant 1793, celles des filles après 1793.
Enfants
1
2
RP
357 130
EC
514 155
3
74
68
4
70
42
5
41
28
6
27
13
7
15
13
8
10
0
9
12
3
10
0
1
11
5
4
12
2
1
13
2
0
14
1
0
15
1
0
16
1
0
Les mères engendrent des enfants très tôt et pendant une longue période (parfois plus de 20
ans). Les âges des mères à la première maternité sont :
60
Taux des naissances ( ‰) par âge des mères
RP
EC
200
150
100
50
46
44
42
40
38
36
34
32
30
28
26
24
22
20
16
/1
7
0
Les prénoms les plus souvent donnés lors des naissances d’enfants de Combs-la-Ville sont :
Registres paroissiaux
Filles
Garçons
Marie
478
Jean
169
Jeanne
81
Pierre
136
Marguerite
70
Louis
103
Anne
65
Nicolas
72
Geneviève
47
François
55
Catherine
40
Antoine
51
Louise
36
Jean
40
Bapt
Françoise
29
Charles
39
Elisabeth
25
Claude
33
Claude
22
Michel
32
Registres d’état-civil
Filles
Garçons
Marie
126
Louis
Louise
76
Charles
Eugénie
23
François
Marguerite
22
Pierre
Françoise
19
Jean
Anne
13
Paul
Geneviève
13
Eugène
66
48
40
40
35
27
24
Hortense
Julie
Victoire
22
22
20
13
11
11
Auguste
Jules
Jean
Bapt
Alphabétisation :
La capacité de signer les actes de mariage permet une approche de la connaissance de
l’alphabétisation à toutes les époques. Le palmarès des signatures est le suivant :
Mariages
Baptêmes
Registres Paroissiaux
Femmes
Hommes
22%
43%
24%
35%
61
Registres d’état-civil
Femmes
Hommes
56,7%
93%
Professions :
Après 1793, à Combs-la-Ville, si l’agriculture tient toujours le haut du pavé, l’artisanat et les
services (notamment le bâtiment) sont mieux représentés ainsi que l’alimentation. Les femmes
sont cultivatrices ou manouvrières 24,8% (agriculture), petites mains 29,1% (lingères,
couturières, blanchisseuses), domestiques 30%, employées 1,5%, cuisinières 7,9%.
Agriculture
Exploitants (fermiers, cultivateurs) le terme laboureur n’est plus employé
Jardiniers
Main d’œuvre (bouviers, charretiers, journaliers, manouvriers, voituriers)
Bergers
Vignerons et tonneliers
Forêt (bûcherons, scieurs de long)
Industrie – Commerce
Métallurgie (ajusteur, mécanicien, électriciens, ouvriers, treillageurs)
Négoce (marchands, tisserands, épiciers, merciers)
Chemin de fer (employés PLM)
Artisanat – Services
Alimentation (bouchers, boulangers, mareyeurs, charcutiers, coquetiers)
Bâtiment (charpentiers, maçons, couvreurs, menuisiers, peintres,
serruriers, plombiers)
Artisans (bourreliers, charrons, cordonniers, tailleurs, sabotiers)
Ouvriers (carriers, terrassiers, draineurs, cantonniers, verriers)
Services (domestiques, coches, gardes, concierges, cuisiniers, coiffeurs,
taupiers)
Divers
Notables (rentiers, propriétaires)
Professions libérales (notaires, ingénieurs, raffineurs, directeurs,
vétérinaires)
Employés (télégraphistes, comptables, commis, clercs)
Militaires (officiers, gendarmes)
Enseignement (professeurs, instituteurs)
62
62%
30
44
229
10
45
7
8%
19
16
12
25%
22
53
44
10
19
5%
12
5
5
4
4
Table des matières
Thématique
Page
Introduction
Les institutions
Les noms et prénoms
Les langues et l’écriture
Les calendriers
La naissance
Les enfants
L’enseignement
Le mariage
Le décès
L’habitat
Le mobilier
Les vêtements
La nourriture
Les distractions - Les pèlerinages
Les épidémies et l’hygiène
La médecine
Le monde paysan et le village
La ville, la bourgeoisie et le monde ouvrier
L’économie : foires et marchés, monnaie, poids et mesures
Les transports
La fiscalité
La police, la justice, la gendarmerie, les armées et le service militaire
L’état-civil – le cas des protestants et des juifs
L’arbre généalogique
La démographie à Combs-la-Ville
1
2-3
4-5
6-7
8-9
10-11
12-13
14-16
17-18
19
20
21
22-23
24-25
26-27
28-30
31-32
33-35
36-39
40-43
44
45-46
47-50
51-53
54
55-60
Cette exposition a été réalisée par Annie AUGE, Catherine DENAUX, Marcelle GRISELLE,
Chantal HEBERT, Elise HAGET, Annie LE BELLEC, Marie-Clémence MOREAU, Christiane
ROSSI et Michel WALTON, avec la participation de Roger BERTRE, Guy BONNIN et
Monique PERIGNE.
S.H.A.G.E. (Société d’Histoire, d’Art, de Généalogie et d’Echanges)
www.genea77-shage.info - Email : [email protected]
Tel (répondeur et fax) : 01 64 13 08 62
Correspondance : Centre Beausoleil – 6, rue des Frères Moreau
Salle 101 – 77 380 Combs-la-Ville
63
Bibliographie
Gérard Audusio
Les Français d’hier – les paysans XVe au XIXe siècle – éd Armand Colin
Aldo Bastié - Maïtena
Chavaribeyre
Il y a un siècle … la Provence – éd Ouest France
Jean-Louis Beaucarnot
Entrons chez nos ancêtres – éd Lattès
Jean Louis Beaucarnot
Comment vivaient nos ancêtres – éd Lattès
François Bertin
Gendarmerie- des prévôts du Moyen Âge au gendarme de l’an 2000 – éd
Ouest France
Gérard Boutet
Métiers insolites – éd Jean Cyrille Godefroy
Gérard Boutet
Les forestiers – éd Jean Cyrille Godefroy
Caroline Brancq
Les costumes régionaux d’autrefois – éd Archive et Culture
Caroline Brancq
Amours et mariages en France autrefois – éd Archive et Culture
Gabrielle Cadier-Rey
Les Français de 1900 – éd Tallandier Historia
Michèle Caminade
Linge, Lessive, Lavoir, un histoire de femmes – éd Christian
Jean Michel Facat
Paysans de France un siècle d’histoire rurale 1850-1950
Bertrand Frélaut
Il y a un siècle … la Bretagne – éd Ouest France
Hippolyte Gancel
Il y a un siècle … l’école – éd le grand livre du mois
Hippolyte Gancel
Il y a un siècle … la Normandie – éd Ouest France
Pierre Goubert
Les paysans français au XIIe siècle – éd Grand Livre du Mois
Jackie Hiltenbrand
Evolution de Combs-la-Ville
Jacqueline et Raymond
Humbert
François Icher
Les métiers oubliés
Daniel Kramer
La Seine-et-Marne, mémoire d’hier 1900-1920 – éd De Borée
Rosine Lagier
Il y a un siècle … la famille en France – éd. Ouest France
Guy Martignon
Métiers d’hier en Ile de France – éd Sides
Jean Luc Mayard
Gens de la terre.
Marie Odile Mergnac
Les femmes au quotidien de 1750 à nos jours – éd Archives et Culture
Marie Odile Mergnac
Retrouver contrats et dispenses de mariages – éd Archives et Culture
Marie-Odile Mergnac Caroline Brancq
Les écoliers et leurs maîtres en France autrefois – éd Archives et Culture
Marie-Odile Mergnac
Bébés d’hier – éd Archives et Culture
Joseph Perret
Histoire de Combs-la-Ville des origines à l’an 2000 (2 tomes)
René Charles Plancke
La vie rurale en Seine-et-Marne 1853-1953 – éd Amatteis
René-Charles Plancke
Brie Comte Robert et le Val d’Yerres à la belle époque – éd Amatteis
Bernard Plongeron
La vie quotidienne du clergé au XVIIIe siècle
Anne Pons
La maison des jours d’autrefois
Guy Solenn
Dans la peau de nos ancêtres, petites histoires insolites de la vie
quotidienne
Les papiers d’un laboureur – éd Champ Vallon
Jean Vassort
La France des artisans et des métiers – éd de la Martinière
Alfred et Hélène
Werner –
Les épidémies, un sursis permanent – éd Atlante
Divers
Revue Notre Département – la Seine-et-Marne – Lys éd Presse
Divers
Revue française de généalogie
Divers
Généalogie Magazine
Divers
Votre généalogie
Divers
Nos ancêtres – Vie et métiers-
64
65