VALEUR ENERGETIQUE DE DIFFERENTS ALIMENTS EN
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VALEUR ENERGETIQUE DE DIFFERENTS ALIMENTS EN
VALEUR ENERGETIQUE DE DIFFERENTS ALIMENTS DISTRIBUES DE FACON CONTINUE OU ALTERNEE CHEZ LE POULET LOURD Vilariño Maria 1, Barrier-Guillot Bruno 2, Bouvarel Isabelle 3, Boutten Bruno 4, Roffidal Lucien 5, Castaing Julien 6, Leterrier Christine 7, Picard Michel 7 1 3 ARVALIS, Pouline, 41100 Villerable, 2 ARVALIS, Boigneville, 91720 Maisse, ITAVI, 28 rue du Rocher, 75008 Paris, 4 CTSCCV, 7 av. du Général de Gaulle, 94704 Maison-Alfort Cedex, 5 INZO°, Chierry, 02400 Château-Thierry, 6 ADÆSO, chemin de Pau, 64121 Montardon 7 INRA Station de Recherches Avicoles, 37380 Nouzilly Résumé La distribution alternée de deux aliments différents par leur concentration en énergie et en protéines a été proposée comme une technique permettant de réduire les problèmes liés à l’élevage des poulets lourds. Trois essais ont été réalisés dans le but de vérifier l’additivité de la valeur énergétique des régimes offerts en alternance. Le principe des trois essais repose sur la formulation de deux régimes, l’un dit « protéique » et l’autre dit « énergétique » qui, distribués aux poulets de manière séparée dans le temps, sont censés avoir la même valeur nutritionnelle pour le poulet qu'un aliment complet distribué en continu. Le bilan digestif est réalisé sur des poulets mâles Cobb 500 de 21 à 24 jours d’âge. Les résultats montrent que l’alimentation alternée ne perturbe pas la digestibilité des aliments et que la valeur énergétique de deux aliments offerts séparément n’est pas différente de celle attendue pour un aliment similaire unique et distribué en continu. Introduction Le poulet de type lourd permet un rendement intéressant quand il est utilisé pour la découpe. Cependant, son élevage est plus long ce qui entraîne des mortalités, des saisies plus importantes et des coûts de production plus élevés. Des nouvelles techniques d’alimentation cherchent à améliorer cette production et à la rendre plus rentable. Il s’agit de moduler la courbe de croissance par une technique d’alimentation séquentielle, permettant de gérer les apports protéiques et énergétiques par l’offre séparée dans le temps de deux aliments de caractéristiques différentes (Bouvarel et al., 2003). Différentes stratégies d’alimentation (formules, rythmes…) ont été évaluées au niveau zootechnique (Larroudé et al, 2003) ainsi que sur les propriétés technologiques des viandes issues de ce type de système d’alimentation (Boutten et al, 2003). La teneur en Energie Metabolisable Apparente à bilan azoté nul (EMAn) du blé, mesurée sur des jeunes poulets, semble être similaire qu’il soit présenté entier, en farine ou en granulés (Barrier-Guillot et al, 1997). Différents travaux sur la distribution de grains de céréale en alternance avec un aliment complémentaire ont ouvert la voie à des régimes complexes utilisant dans un même élevage deux aliments différents au cours d’un cycle de 24 heures (Picard et al, 2000) L’alimentation séquentielle a été évaluée dans plusieurs conditions au niveau expérimental. Les poussins semblent capables, d’établir une stratégie de choix efficace rapidement, s’ils comprennent la situation (Yo, 1994). Cependant, la différentiation entre deux aliments se fait selon des critères complexes, qui peuvent combiner des caractères intrinsèques et extrinsèques de ces aliments (Picard et al, 1996) Cette technique permettra in fine d’ajuster les apports en fonction d’un objectif de production et de donner aux animaux une souplesse d’adaptation à leur environnement. L’objectif de ces essais est de vérifier que l’utilisation de l’énergie de deux aliments, différents par leur niveau de protéine et d’énergie, consommés de façon séparée dans le temps (alimentation alternée), est comparable à celle que l’on pourrait obtenir, de façon théorique, par le calcul de la valeur énergétique de chacun des régimes quand ils sont offerts seuls en alimentation continue. Schéma expérimental général Trois essais sont réalisés à ARVALIS à la station expérimentale de Pouline. Des poussins de souche Cobb 500, âgés de 1 jour, sont élevés en poussinière de J1 à J15 avec un aliment démarrage du commerce. A J16, les poussins sont pesés individuellement, puis repartis en blocs homogènes sur le critère du poids corporel. Les poulets retenus sont alors placés (1 ou 2 selon l’essai) dans leurs cages et reçoivent les aliments expérimentaux soit en continu, soit en alterné jusqu'à J24. Le bilan digestif est réalisé de J20 à J24, avec des périodes de jeûne avant et en fin de collecte. Les rythmes d’alimentation testés dans Cinquièmes Journées de la Recherche Avicole, Tours, 26 et 27 mars 2003 chaque essai sont présentés dans le schéma suivant. Tous les bilans sont précédés d’une période d’adaptation pendant 4 jours avec des rythmes identiques. Heure début Essai 1 Essai 2 Essai 3 Jeune Jeune 16h Jeune 16h 8h00 Jeune 24h P P 16h00 P P P 24h00 P P P 8h00 E E E 16h00 P E E 24h00 P E E 8h00 E P P 16h00 P P P 24h00 P P P 8h00 E E E 16h00 Jeune 24h Jeune 16h Jeune 16h Les cellules en gris représentent la période d’extinction de lumière. Le changement d’aliment est fait en début d’éclairage. P : Aliment protéique ; E : Aliment énergétique ou blé Les performances de croissance de 16 à 24 jours sont enregistrées (consommation, gain de poids). Dans ces trois essais, différentes formules et différents rythmes de distribution sont testés. La mesure de l'EMAn de chaque aliment offert seul en continu permet de calculer l'EMAn théorique du mélange offert en alimentation séquentielle. Ainsi, si l’EMAn est additive la différence entre mesurée et théorique doit être faible. La EMAn théorique de l’alimentation en alternance est obtenue par calcul avec la formule : (EMAn P x % consommation P) + (EMAn E x % consommation E) ; où P = aliment protéique (g/heure) et E = aliment énergétique (g/heure). L’expression en g/heure permet de comparer la proportion d’aliment E et P consommé indépendamment des différences de temps d’accès pendant le bilan. 1. Essai 1 1.1. Matériels et méthodes Ce premier essai se différencie des deux suivants par l’inclusion de régimes avec du blé en miettes et grains entiers, et par une période d’alternance plus rapprochée. A 15 jours d’âge, 140 animaux sont placés par groupes de deux dans 10 blocs de 7 traitements. Du blé entier est mis à leur disposition en poussinière pour faciliter leur adaptation. L’alternance de distribution testée est de 8h (Tableau 1). En alimentation alternée, les poulets reçoivent soit un aliment complémentaire (Cc) en alternance avec du blé, soit un aliment protéique (Pm) en alternance avec un aliment énergétique (Em), équivalent à un "blé enrichi". Les écarts de matière azotée totale (MAT=78 g/kg MS) et d’énergie (77 kcal/kg MS) entre les aliments Em et Pm ne sont pas très élevés. Les écarts plus forts sont entre la MAT du blé et de l’aliment complémentaire (133 g/kg MS) 1.2. Résultats et discussion Les résultats de consommation montrent que pendant le bilan (J20-J24) les poulets ont tendance à surconsommer les aliments "protéiques" et à sous consommer les aliments "énergétiques". Pendant cette phase, le blé a été particulièrement mal consommé, quelle que soit leur présentation physique (entier, en miettes ou incorporé dans le granulé). Les aliments Em/Pm sont par contre mieux consommés. Le Tableau 1 présente les résultats obtenus pendant le bilan avec les différents traitements. La valeur énergétique mesurée en alimentation alternée est similaire à celle attendue par calcul de l’énergie apportée par chaque régime séparément. En alimentation séquentielle le régime avec du blé entier semble mieux valorisé (3408 kcal/kg MS) que le régime avec du blé en miettes (3321 kcal/kg MS). Dans cet essai, un deuxième bilan a été fait de J34 à J38 (résultats non présentés). La consommation d’aliment énergétique a augmenté, sans changements dans l’utilisation de l’énergie des aliments en alternance. La digestion des poulets n’est pas perturbée par une distribution alternée des aliments. L’EMAn de deux aliments distribués en alternance dans une journée est très proche de l’EMAn calculeé à partir des aliments testés séparément. Deux régimes formulés avec des caractéristiques différentes semblent mieux acceptés qu’une alimentation avec du blé et un aliment complémentaire. 2. Essai 2 2.1. Matériels et méthodes Dans ce deuxième essai, l’objectif est de vérifier si le principe d'additivité se confirme en faisant varier les durées d'alternance de distribution des aliments (un jour sur deux), et ceci pour deux types de formules des aliments "énergétique" et "protéique". Trois aliments sont formulés et fabriqués par l'INRA : Témoin (EMA=3103 kcal/kg, MAT=205 g/kg), Em (EMA=3335 kcal/kg, MAT=150 g/kg) et Pm (EMA=2871 kcal/kg, MAT=260 g/kg). Trois autres sont formulés et fabriqués par l’ADÆSO : Témoin (EMA=3250 kcal/kg, MAT=180 g/kg), Em (EMA=3400 kcal/kg, MAT=142 g/kg) et Pm (EMA=3100 kcal/kg, MAT=214 g/kg). Les aliments Em et Pm sont distribués seuls en continu, ou en alternance. Les 8 traitements sont évalués sur 144 poulets, soit 9 répétitions de 2 poulets. 2.2. Résultats et discussion Les écarts de MAT et EMAn mesurés entre les aliments Em et Pm sont, respectivement de 12.7 g/kg MS et 397 kcal/kg MS pour les aliments INRA et de 6,4 g/kg MS et 317 kcal/kg MS pour les aliments ADÆSO. Les aliments ADÆSO ont été légèrement plus consommés que les aliments INRA. Les poids vifs (PV) à 24 jours les plus élevés sont obtenus avec les aliments témoins et les aliments Pm (1040 g en moyenne), ainsi que les meilleurs IC (1.50 en moyenne). Les PV les plus faibles ainsi que les moins bons IC à J24 sont observés avec les aliments Em (970 g PV et 1.87 respectivement), c’est à dire, les plus faibles en protéines. Les performances de croissance des poulets lourds ne sont pas dégradées par une alimentation de type alternée (1012g PV en moyenne vs 1048 g PV pour les témoins). Les indices de consommation obtenus avec les aliments consommés en alternance sont très proches de ceux obtenus avec les aliments témoins respectifs en alimentation continue (1.61 vs. 1.58). La Figure 1 illustre l’excellente relation qui existe entre la teneur en lysine de l'aliment et l'IC (r2=0.98). Cette relation est similaire entre la MAT et l’IC (r2=0.99). FIGURE 1 : Relation entre l’indice de consommation et la quantité de lysine ingérée par traitement 2.00 1.90 2 R = 0.98 1.80 IC 1.70 1.60 ADAESO INRA Em/Pm 1.50 1.40 6.0 8.0 10.0 12.0 14.0 16.0 18.0 Lysine (g/kg) Ceci montre d'une part, que les poulets lourds ont des besoins importants en protéines et acides aminés, et d'autre part, que les performances des poulets lourds entre 15 et 24 jours dépendent beaucoup plus des apports protéiques que des apports énergétiques. Le Tableau 2 présente les résultats obtenus pendant le bilan avec chacun des traitements. Les animaux ont consommé de 50 à 55% de l’aliment énergétique. Quel que soit l’écart protéique entre les aliments, la valeur énergétique mesurée en alternance est similaire à la valeur théorique et cela pour les deux formules, avec un écart maximal de 9 kcal/kg MS. L’additivité observée avec une alternance de 8h est validée aussi pour des périodes plus longues de 24 heures. Les performances de croissance des poulets lourds ne sont pas dégradées par l’alternance des aliments toutes les 24 heures. La valeur énergétique des aliments distribués séparément un jour sur deux peut reposer sur le principe d'additivité, même avec deux aliments de caractéristiques extrêmisées. 3. Essai 3 3.1. Matériels et méthodes Dans cet essai, 3 formules fabriquées par l’ADÆSO sont testées. Les teneurs en protéines des aliments énergétiques et protéiques, sont semblables à celles des aliments Em et Pm testés dans l'essai 2. Ils sont formulés pour obtenir des écarts en protéines identiques entre les aliments des trois traitements en alternance (14 vs 26 % entre E et P). Les traitements diffèrent entre eux principalement par l'écart de valeur énergétique entre les aliments "E" et "P", soit un écart de 0, 750 et 150 kcal/kg pour les traitements Tbb/Thh, Em/Pb et Em/Ph, respectivement. Les aliments distribués seuls en continu permettent de mesurer la valeur énergétique de chacun des aliments. Les 9 traitements sont testés sur 72 poulets, soit 8 répétitions de 1 poulet par traitement. 3.2. Résultats et discussion Les écarts attendus entre les aliments distribués en alternance, sont retrouvés dans la plupart des cas. On retrouve bien la même valeur énergétique pour les aliments Tbb et Thh. L'écart prévisionnel entre Em et Pb est un peu plus faible (633 kcal/kg) et l'écart entre Em et Ph est un peu plus élevé (182 kcal/kg). Les poids des poulets les plus élevés à J24 (916 g) sont obtenus avec le traitement Tbb/Thh, dont les teneurs en protéines sont extrêmisées et les valeurs énergétiques identiques. Les relations entre la MAT ou la lysine de l'aliment et l'IC sont plus faibles que dans l’essai précédent (r2=0.74 et r2=0.86 respectivement), mais ces relations sont nettement améliorées (r2=0.87, P<0.01 et r2=0.95, P<0.001 respectivement) si on retire l'aliment Pb (teneur élevée en MAT mais très faible valeur énergétique). Le Tableau 3 présente les résultats obtenus pendant le bilan avec l’alimentation alternée. La variabilité observée sur les résultats d'EMAn des aliments ne semble pas dépendre du mode de distribution des aliments. Dans la comparaison entre l’EMAn mesurée en alimentation alternée et l’EMAn théorique, les valeurs individuelles montrent une variabilité importante entre les animaux, et cela dans tous les traitements (-253 à +49 kcal/kg MS). Toutefois, cette différence est indépendante des niveaux de consommation des poulets et de la part de l’aliment énergétique consommée l’écart entre les deux n’est en moyenne que de 58, 30 et 53 kcal/kg MS pour les trois traitements en alternance. valeur énergétique des aliments est obtenue quel que soit le régime dans les trois essais. Les résultats observés dans cet essai confirment ceux observés dans les deux essais précédents. La valeur énergétique de deux aliments offerts en alternance (1 jour sur deux) repose sur le principe d'additivité de la valeur individuelle de chacun des aliments et cela pour des aliments ayant des compositions et des caractéristiques extrêmes. Références bibliographiques Barrier-Guillot, B. ; Métayer J. P. ; Bouvarel I. ; Castaing, J. ; Picard, M. ; Zwick J.L., 1997. 2ème Journées de la Recherche Avicole, Tours, 8-10-avril 1997, 37--40. Boutten, B., Larroudé, P., Bouvarel, I., Picard, M., BarrierGuillot, B ., Roffidal, L. 5ème Journées de la Recherche Avicole, Tours, 26-27 Mars 2003 Larroudé, P., Castaing, J., Bouvarel, I., Barrier-Guillot, B., Picard, M., Roffidal, L., Boutten, B., 5ème Journées de la Recherche Avicole, Tours, 26-27 Mars 2003 Picard M. ; Vilariño M. ; Yo T. ; Faure J., 1996. 3ème Journée SEPALM. Cassen – France. 07/06/96 Picard, M. ; Le Fur, J. ; Melcion, J. P. ;Bouchot, C. INRA Prod. Anim., 2000, 13(2), 117-130. Yo T. ; Picard M. ; Guerin H. ; Dauvilliers P., 1994. Revue Elev. Méd. Vét. Pays trop., 47 : 319-327 Conclusion Les poulets lourds sont capables d’ajuster les quantités consommées de deux aliments de niveau protéique et / ou énergétique différent distribués en alternance, soit dans une journée, soit un jour sur deux. L’utilisation de l’énergie ne semble pas affectée par le rythme de distribution. Une additivité de la TABLEAU 1 : Résultats de la part de blé ou aliment énergétique consommé (%), EMAn mesuré et EMAn théorique (kcal/kg MS) des traitements (moyenne et écart type) de l’essai 1 Traitement Distribution %«E» Cc continue Cc+blé (1) continue Bm/Cc alternée 23 3356 3355 3321 Be/Cc alternée 12 6 EMAn mesurée 23 103 Em continue Pm continue Em/Pmc alternée 44 3395 3318 3319 3 4 3408 72 25 137 37 86 EMAn théorique 3356 3356 3351 % « E » : Quantité d’aliment énergétique consommé pendant le bilan par rapport au total. (1)Cc + blé en miettes mélangés puis granulé TABLEAU 2 : Résultats de la part d’aliment énergétique consommé (%), EMAn mesurée de l’aliment EMAn théorique (kcal/kg MS) des traitements (moyenne et écart type) de l’essai 2 ADÆSO Traitement %«E» INRA Témoin Em Pm Em + Pm 50.0 3573 3779 3416 3581 Témoin Em Pm Em + Pm 55.2 3425 3630 3179 3398 1.1 EMAn aliment 37 57 34 1.4 40 58 74 46 EMAn théorique 3598 % « E » : Quantité d’aliment énergétique consommé pendant le bilan par rapport au total 48 3428 TABLEAU 3 : Résultats de la part d’aliment énergétique consommé (%), EMAn mesurée de l’aliment EMAn théorique (kcal/kg MS) des traitements (moyenne et écart type) de l’essai 3 Tbb Thh Tbb+ hh 56 3466 3458 3404 %«E» Em Pb Em / Pb 53 3645 2913 3276 0.01 EMAn aliment 84 EMAn théorique 44 97 3462 Em Ph Em / Ph 58 3669 3452 3506 0.03 56 76 38 3309 % « E » : Quantité d’aliment énergétique consommé pendant le bilan par rapport au total 0.02 71 104 93 3577