Le congrès de Vienne (1814-1815) - Société d`histoire du canton de

Transcription

Le congrès de Vienne (1814-1815) - Société d`histoire du canton de
Lettre d’information no 7
JUIN 2015
Le congrès de Vienne (1814-1815):
un livre et un colloque en juin
C’est un peu l’histoire de la boule de neige qui fait tache
d’huile comme une traînée de poudre. Au départ, une
proposition de notre sociétaire Marc Höchner: puisqu’en
2015 tout le monde s’occupera de Marignan, ne pourraiton monter une journée d’étude sur le congrès de Vienne?
Pris en charge par Benoît Challand, l’idée prend la forme
et les dimensions d’un colloque, et le projet obtient les
concours nécessaires dans le monde scientifique et les
institutions universitaires. Alors Jean Steinauer sort de
ses tiroirs un papier confié naguère par Marius Michaud,
la transcription brute du Journal tenu au congrès par le
délégué fribourgeois de la Diète, Jean de Montenach: ne
pourrait-on le publier en marge du colloque? Irène Herrmann signale que la Genevoise Anna Eynard-Lullin, présente à Vienne aux côtés de son mari Jean-Gabriel et de
son oncle Pictet de Rochemont, a noté quotidiennement
ses souvenirs elle aussi, car les souverains et les mondanités la fascinaient. Alexandre Dafflon se joignant à la fête,
le projet de publication réunit les deux journaux, et une
équipe éditoriale complétée par Jim Walker, un historien
de la jeune génération, se constitue pour établir les textes,
construire l’apparat critique, rédiger les introductions.
A l’arrivée, un volume de 360 pages. Le congrès de Vienne
comme si vous y étiez. Les antichambres des salons où
l’on refait l’Europe, et les salles de bal où l’on s’initie à
la valse.
Travaux, débats, festivités
Intitulé «Le congrès de Vienne et les petits Etats, 18152015», le colloque des 18 et 19 juin est articulé en trois
demi-journées. La première se déroulera en allemand, les
deux suivantes en français, et le tout finira en musique
avec le 2e Quatuor Razoumovski, opus 59, de Beethoven, exécuté au palais
viennois de ce nom lors du
Congrès; il sera interprété
par des solistes de l’Orchestre
de chambre de Fribourg. Le
programme détaillé, joint
à la présente Lettre d’information, est aussi dispobals et banquets
les souverains,
nible sur le site Internet de la Entre
Société
d’histoire,
ministres
et
diplomates
des
Grandes Puissan
www.shcf.ch. En guise de présentation, trois remarques
redessinent
à
Vienne
la
carte
de l’Europe.
synthétiques.
Ceux des petits Etats font les couloirs
La participation est internationale. Les sujets aussi, qui
et les antichambres, en notant leurs souven
traitent du Danemark (Michael pour
Bregnsbo,
Odense) et
la postérité. Dans la foule, un Fribourge
de l’Albanie (Adrian Brisku, Prague), de
la
Russie
rompu aux viragesetdede
la politique
la Saxe (Franziska Schedewie, Iéna)
aussi
biendeque
et une Genevoise
vingtde
ansla
éblouie par la f
Suisse, considérée dans ses rapports internes et dans sa
relation aux Grandes Puissances.
Les approches sont variées. Elles vont de la théorie des
relations internationales (chez Adam Jerzy Czartoryski,
Charles-Louis de Haller ou Charles Pictet de Rochemont)
aux profils de personnalités (Frédéric-César de La Harpe,
le tsar Alexandre, le bourgmestre Hans von Reinhard), en
passant par l’histoire de la diplomatie.
Le finale bénéficiera d’un cadre particulièrement inspirant,
la Maison de Montenach. Dans les salons de cette demeure
patricienne, magnifiquement restaurée et meublée, attenante au siège de l’ECAB dont l’auditorium accueillera
les travaux du colloque, flottera quelque chose de l’atmosphère du Congrès. Et le fantôme de Jean de Montenach
présidera au vernissage de son Journal viennois.
Merci Benoît!
Il n’aura enseigné que trois semestres l’histoire contemporaine à l’université de Fribourg, et participé dans ce
temps au comité de la Société d’histoire. Mais dans les deux fonctions le professeur Benoît Challand, qui reprend
cet automne une chaire à New York, a marqué puissamment son passage. Principal concepteur et organisateur du
colloque sur le congrès de Vienne, co-éditeur du volume publié à cette occasion, notre ami a fourni un travail énorme
sur le plan scientifique sans jamais rechigner aux besognes pratiques. Ces deux journées qui vont prendre, de manière
inattendue, l’allure d’une farewell party doivent tout à son savoir, à sa curiosité intellectuelle et artistique, à l’étendue
de son réseau international, mais aussi à son allant, à son caractère entreprenant, à sa joviale disponibilité. Celle-ci,
d’ailleurs, ne profita pas qu’aux professionnels de l’histoire: Benoît s’est engagé avec la même ardeur dans le petit
groupe qui a mis sur pied, pour le 175e anniversaire de notre Société, un concours destiné aux élèves des Cycles
d’orientation, des collèges et des classes professionnelles (v. page 4). Le succès de cette entreprise, il peut aussi le
prendre comme un cadeau d’adieu.
A la recherche du territoire fribourgeois
Cours public de la SHCF, septembre-octobre 2015
Le territoire fribourgeois n’est pas
une donnée, mais une construction.
Notre canton n’a pas inscrit son
existence dans un espace alloué par
la Providence divine, ses frontières
ne lui ont pas été assignées
par la géographie, l’histoire aurait
pu le doter d’un autre périmètre,
ou le structurer différemment.
En 5 séances, la Société d’histoire
vous invite à suivre la construction
du territoire cantonal,
du haut Moyen Age à nos jours.
Il ne s’agit pas de réciter la liste ennuyeuse des héritages et des mariages
dynastiques, des achats et des conquêtes, dans l’espoir illusoire de reconstituer
le tracé progressif des frontières, un peu comme on dessinerait les cernes
concentriques d’une souche! On propose une approche ouverte, qui s’efforce
de situer le territoire fribourgeois au cœur – ou à la marge – de successifs
ensembles économiques, religieux, politiques et culturels. Le maître mot, c’est
celui de réseau.
Entre le temps des Burgondes et celui des bourgeois, ce coin de pays a d’abord
été structuré par des fondations de monastères et de prieurés. Celle de l’abbaye
d’Hauterive en 1138, par exemple, l’a inscrit dans le vaste réseau cistercien, ce
qui ouvrait de nouvelles perspectives pour sa mise en valeur sur le plan
culturel (au monastère, on lit, on écrit, on chante) comme sur le plan
économique, les moines développant en pionniers la production agricole,
l’élevage, la technique des moulins. Quant à l’acte fondateur du duc
Berthold IV, il place Fribourg dans le réseau des cités zæhringiennes, en lui
donnant les moyens d’attirer dans ses murs, ou de satelliser, petits seigneurs et
gros paysans des campagnes environnantes. Au soir du Moyen Age, la ville
devenue riche et forte entamera sa mue de bourg marchand à cité-Etat,
maîtresse de territoires sujets.
Au temps des patriciens, le premier réseau décisif est celui des Jésuites, qui
relie Fribourg à Rome et à tout un système éducatif et religieux dans l’Empire
– Pierre Canisius, le fondateur du collège Saint-Michel ouvert en 1582, en
avait à lui seul créé près d’une vingtaine. Mais parallèlement se développe un
mécanisme exclusif d’accords militaires et d’échanges commerciaux avec la
France. On décrit spontanément Fribourg, du XVIe au XVIIIe siècle, comme
une citadelle assiégée, un territoire catholique enclavé depuis la Réforme dans
les possessions de la protestante Berne, et qui redoute l’étranglement. En
réalité, le canton – qui partage avec Berne la souveraineté sur quelques
bailliages – est grand ouvert sur l’extérieur, et ses frontières réelles le situeraient
quelque part entre la Franche-Comté, l’Italie du Nord et la place commerçante
de Lyon.
Le temps de l’Etat cantonal, de 1800 à nos jours, est caractérisé par des efforts
volontaristes de structuration. Sur le plan administratif, certes, on tâtonne un
peu: combien de districts? La création des réseaux routier et ferroviaire ne se
fait pas non plus sans à-coups, ni contradictions. Mais enfin, Fribourg
s’installe, avec un peu de réticence, dans l’Etat fédéral où les contours de son
territoire et les axes de son développement sont inscrits pour longtemps. Ou
paraissent l’être. Car l’économie, plus que le droit ou la politique, dessine les
limites réelles du territoire, qui sont mouvantes. A preuve, au XXe siècle, deux
marchés de première importance pour la prospérité, mais aussi l’identité, du
canton. Les zones de collecte du lait, comme les réseaux de distribution de
l’électricité, se contractent dans l’espace fribourgeois ou se dilatent bien audelà, on dirait d’une lente respiration. Et comment juger les mouvements de
travailleurs pendulaires ou, à l’intérieur, les palpitations de la frontière
linguistique?
Enfin, du territoire au «terroir» actuellement si prisé, il y a quelques pas à
franchir dans la réflexion historique (Benoît Challand vient d’y consacrer un
séminaire à l’Université), et beaucoup d’intentions ou de présupposés à
décrypter dans le marketing. Il y a surtout d’excellentes spécialités à déguster:
on le fera dans la dernière, et savoureuse, séance de ce cours public, le sixième
organisé par la Société d’histoire.
La Société d’histoire convie ses membres à une journée d’étude délocalisée…
au pénitencier de Bellechasse, de 9 h à 16 h 15 le 7 novembre prochain. Elle
est ouverte à nos membres et à toute personne intéressée, mais pour des raisons d’organisation, l’inscription est obligatoire (talon ci-dessous). Le programme, dont le détail figure sur notre site www.shcf.ch, s’articule en deux
volets: le matin, colloque historique, l’après-midi visite du domaine des Etablissements, avec un exposé du directeur Franz Walter et une discussion des
problèmes actuels.
Le pénitencier, institution plus que centenaire (1898/1915) est riche d’un
passé aux dimensions multiples, qui intéresse même les archéologues préhistoriens! On entendra le Vaudois Gilbert Kaenel, spécialiste de l’âge du
bronze, qui a fouillé en compagnie de détenus le sous-sol de cette zone dont
Hanni Schwab fut une investigatrice pionnière. Mais les historiens de l’agriculture aussi trouvent leur bonheur à Bellechasse; ce domaine hors normes
à tous égards (superficie, cheptel, main d’œuvre, stratégie de production…),
a concentré et souvent amplifié les mutations vécues par le monde paysan,
Anne Philipona l’expliquera. L’évolution du pénitencier reflète celle des institutions judiciaires, qu’on pense aux régimes de l’internement et de l’exécution
des peines, elle peut se lire également sous l’angle du genre – les mémoires de
Julien Rossier et d’Amélie Currat chez Francis Python l’ont démontré. Mais
Bellechasse, site fermé, n’est pas une île: entre le pénitencier et le village, la
commune, la paroisse (protestante) de Sugiez se sont tissés, au fil du temps,
des liens complexes, dont témoignera l’historien vulliérain Frédéric Noyer.
Cette journée devrait être suivie en 2016 de deux autres, à l’hôpital psychiatrique de Marsens et à l’Institut agricole de Grangeneuve (dates à fixer): deux
grandes institutions d’Etat, elles aussi, dont l’histoire fut ou reste liée à celle
d’un vaste domaine agricole, et plonge ses racines dans l’Ancien Régime
jusqu’aux temps monastiques du Moyen Age. Ce cycle d’étude «sur le terrain», qui pourrait être complété par une excursion dans le Lavaux viticole
(domaines des Faverges, d’Ogoz, de Riex…), devrait permettre de pointer
ruptures et continuités entre l’Etat domanial, patriarcal, d’hier et l’Etat d’aujourd’hui, prestataire de services de réinsertion sociale, de santé, d’éducation
ou de formation professionnelle.
Archéologues,
cultivateurs et
détenus dans le
Grand Marais
Journée
scientifique au
pénitencier de
Bellechasse,
7 novembre 2015
inscription
SHCF, CP 1420, 1701 Fribourg ou par courriel: [email protected]
Pour éviter de saturer le parking des Etablissements de Bellechasse, le transport se fera en car, de même que les déplacements
de l’après-midi sur le domaine. Départs de Bulle, Romont et Fribourg, selons intructions ultérieures. Le repas en commun sera
servi au pénitencier. Le prix de la journée est de 60 francs, repas compris.
Je m’inscris pour la journée scientifique du samedi 7 novembre 2015 à Bellechasse. Je prendrai le car au départ de (préciser):
❑Fribourg
❑Romont
❑Bulle.
Je recevrai une facture de 60 francs, que je réglerai avant le 15 octobre avec un bulletin de versement dont le récépissé tiendra
lieu de certificat d’inscription.
En avril, ne perd pas le fil
en mai, lis ce qu’il te plaît
besoin: alors, pourquoi pas bénites?
En pèlerinage avec les motards, 192 p.,
29 francs.
Pour marquer son 175e anniversaire, la SHCF a vu juste en proposant un
concours aux classes des CO, collèges et écoles professionnelles: imaginez
le kit de la «nation» fribourgeoise, sa charte, son territoire et ses symboles –
drapeau, hymne, fête! Nous avons reçu deux douzaines d’envois pleins de
trouvailles et d’humour. Les lauréats seront récompensés avant les vacances,
et les travaux présentés au public à la rentrée.
Une large couverture de presse a entouré le volume 18 (nouvelle série) des Archives de la SHCF. Cet ouvrage de Francis Python et Rebecca Crettaz décrit
et contextualise la pratique de la «pouta misa», la mise à l’envers des indigents
dans nos communes, du XIXe siècle aux années 1930. Il a rencontré d’emblée
un succès public à la mesure de l’émotion qui entoure aujourd’hui la question
du placement aux fins d’assistance.
Enfants à louer. Orphelins et pauvres aux enchères, 176 p., 40 francs.
Il y a plus de sept cents ans que les cisterciennes de la Fille-Dieu chantent la
louange divine. La musicologue Alicia Scarcez a fait paraître chez Academic
Press le catalogue de la musique liturgique à l’abbaye, de la fondation (1268)
à nos jours, précédé d’une étude historique. Après le catalogue de la bibliothèque du clergé de la collégiale par Florian Defferrard et Antonio Heredia
Fernandez, un nouveau travail scientifique de poids au service du patrimoine
religieux glânois. Bravo, Romont!
Liturgie et musique à l’abbaye cistercienne Notre-Dame de la Fille-Dieu (Romont),
240 p., 49 francs.
Pas un seul feuillet n’est sorti de presse à Fribourg avant l’extrême fin du XVIe
siècle, et pourtant le canton est riche de plus de 800 imprimés produits avant
1501. Romain Jurot a dressé le catalogue détaillé de ces incunables, offrant un
magnifique instrument non seulement aux historiens du livre et de la typographie, mais à tous ceux qu’intéresse l’histoire culturelle du pays. A mettre sur
le même rayon que le catalogue des manuscrits par Joseph Leisibach et celui
des imprimés anciens par Alain Bosson. Bravo, la BCU!
Catalogue des incunables du canton de Fribourg, 352 p., 125 francs.
Une soixantaine de personnes, dont une belle délégation de Sœurs de SaintPaul, ont revécu «l’âge d’or du plomb», au Musée Gutenberg, pour notre
deuxième café historique, le 23 avril. Vers 1960, on comptait une demi-douzaine d’imprimeurs dans un rayon de cent mètres autour de la cathédrale…
Vétérans de la typographie locale et historiens, au premier rang desquels le
professeur lausannois François Vallotton, se sont entretenus avec chaleur et
spontanéité de l’apogée d’une technologie venue tout droit du Moyen Age et
de sa rapide disparition.
Vroum, vroum! Magali Jenny publie chez Favre un livre tiré de sa thèse sur
les pèlerinages motocyclistes – celui de la Madone des Centaures est familier
aux Fribourgeois. Un travail d’anthropologie religieuse qui jette un pont entre
de fort anciennes (et populaires) pratiques de piété et le culte, ou la sacralisation, des belles mécaniques. Elles sont bichonnées, customisées, gonflées au
Francis Python et Colette GuisolanDreyer ont commenté le 12 mai au
MAHF une récente acquisition du
musée: une ravissante miniature du
P. Grégoire Girard, probablement
offerte à Juliette d’Appenthel. L’occasion d’approcher une pratique jadis
très en vogue mais que la photo allait
tuer, le portrait-cadeau format XXS,
et un milieu encore mal connu: la
fraction éclairée du patriciat fribourgeois sous la Restauration.
La Société d’histoire, comme sa sœur
germanophone, a participé le 30 mai
à l’animation de la Nuit des Musées
aux Archives de l’Etat.
Le Prix de la Société d’histoire, d’un
montant de 2000 francs, a été attribué pour la première fois. Il devait
récompenser, en 2014, un travail
universitaire. Le travail primé, qui a
pour titre: «Du canton de Fribourg
à la Franche-Comté: une émigration
passée au crible de la microhistoire»,
traite des fromagers expatriés outreJura au XIXe siècle. Il a séduit le jury
par l’originalité du sujet, la finesse de
la méthode et la modernité de l’approche. Le lauréat, Stéphane Kronenberger, est doctorant à l’université de
Nice. Le prix lui sera remis dans les
premiers jours de juin.
L’édition 2015 du concours s’adresse
aux étudiants du degré secondaire.
Les travaux doivent être envoyés à
la Société d’histoire juqu’au 30 septembre.

Documents pareils