Pas de hausse structurelle du brut

Datum: 27.02.2015
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Pas de hausse structurelle du brut
PETROLE. Il est paradoxal que cours et stocks montent avec l'absence
d'une ré-accélération de la demande. Attentes de hausse prématurées.
LE COURS DU BRUT DEPUIS LE DÉBUT DE L'ANNÉE
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WTI
Les cours du brut sont remontés au cours de ces derniers jours.
L'écart entre Brent et WTI se creuse toujours davantage.
EIA, oil-price.net
NICOLETTE DE JONCAIRE
Il peut paraître surprenant que les En parallèle, les stocks américains semble sur-réagir à la moindre anprix du brut se relèvent malgré des de brut, marquaient une nette nonce. La Chine est le plus grand
stocks record aux Etats-Unis. hausse de 6,3% par rapport à la consommateur d'énergie et le seMardi, le département de l'Ener- même période l'an dernier, et aug- cond consommateur de pétrole
gie annonçait des réserves en mentaient nettement plus que derrière les Etats-Unis. La plus pehausse de 8,4 millions de barils à prévu la semaine dernière. tite nouvelle concernant sa de434,1 millions, l'un des niveaux D'après l'Agence Internationale mande tend à provoquer des réacles plus hauts enregistrés depuis de l'Energie l'approvisionnement tions. L'indicateur de l'activité
1930 (L'Agefi du 26 février). Pour- global est tombé en janvier à 94,1 manufacturière
(PMI) de
tant, à 61,3 dollars le baril, le prix millions de barils/jour. La de- HSBC/Markit affichait mercredi
spot du Brent est en hausse de 37% mande au premier trimestre étant une très légère hausse (de 50 à
depuis son minimum du 13 jan- estimée à 92,5 millions de barils, 50,1). Suffisante apparemment
vier et, à, 50,99 dollars, celui du l'excédent d'offre n'est pas épongé. pour faire renaitre les espoirs. Le
WTI a grimpé de 16% depuis son En l'absence d'une ré-accélération commentaire du ministre saouminimum du 28 janvier.
de la demande (l'Agence prévoit dien du pétrole, Ali al-Naimi, merLes prix du brut atteignaient cette une stagnation de la demande sur credi également, confortait cet opannée des minimas qui n'avaient
le premier semestre), il peut, à pre- timisme. Il déclarait constater une
pas été observées depuis le premier
mière vue, paraitre paradoxal que hausse de la demande de pétrole
trimestre 2009. Le 13 janvier, le
les cours et les stocks montent en et une accalmie des marchés. En
cours spot du Brent descendait à
parallèle.
outre, si les stocks américains de
45,13 dollars le baril, un niveau
En vérité, les cours du pétrole sont brut sont bien en augmentation,
qui n'avait pas été vu depuis le
très volatiles depuis la réunion de les stocks d'essence et de distillats
point bas du 13 mars 2009 (44,12).
Similairement, le WTI chutait le
l'OPEP de novembre dernier. marqueraient plutôt une baisse.
L'organisation s'étant distanciée, Les nouvelles d'ordre internatiosous la pulsion de l'Arabie Saou- nal affectent davantage le cours
point plus faible remonte au 11
dite, de son rôle de régulateur de du Brent que celui du WTI. On
mars 2009 (42,46).
l'offre et donc des cours, le marché observe d'ailleurs un fort écarte-
28 janvier à 44,08. Le dernier
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ment des deux courbes de prix depuis le début de l'année. Alors que
les deux cours étaient très proches
en début d'année, la différence se
monte à présent à plus de 10 dol-
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et ne durer que 2 ou 3 ans. David et le Brésil. On attend aussi une
Fyfe estime même qu'il n'est pas hausse de la production de la Liimpossible que l'Arabie inter- bye et du Kurdistan.
vienne pour tempérer une hausse L'industrie des schistes pétroliers
le moment venu, toujours dans le américaine se consolide et tente
lars le baril comme le montre le même souci de ne pas laisser la
main haute aux productions plus
graphique.
David Fyfe, chef économiste chez chères que la sienne.
Gunvor à Genève, estime que le La compétition est rude. Les exrebond des cours observé récem- portateurs du Golfe accordent
ment est prématuré. La demande d'importants rabais aux importa-
d'optimiser ses coûts. Elle n'est pas
la seule. Baker Hughes et Halliburton ont annoncé de fortes réductions de personnel, un millier
chez Halliburton et 7000 chez Baker Hugues (les deux sociétés sont
américaine croit sur la base de prix teurs des pays émergents, plus en cours de fusion). Même tenfaibles mais une véritable hausse particulièrement en Asie, pour dance chez Schlumberger qui anstructurelle ne se matérialisera pas s'assurer des parts de marché face nonçait récemment la démobilidans l'immédiat. Pas avant le mi- aux pays non-membres de sation de 9000 emplois. Le
lieu de l'année en tous cas. L'Ara- l'OPEP. Selon les estimations de nombre de puits de forage des
bie saoudite n'est manifestement Reuters Oil Research and Fore- schistes en activité aux Etats-Unis
plus disposée à réduire ses livrai- casts, les exportations du Moyen- se serait réduit de 30% depuis nosons pour soutenir des prix auto- Orient vers la Chine auraient aug- vembre, passant de 1372 à 1025
risant les productions les plus cou- menté de 2,5% (3,8 millions de mi-février. Une baisse qui n'est
teuses à survivre. Le refus d'autres barils/jour) entre décembre et jan- pas encore reflétée dans la producmembres de l'OPE comme l'Iran vier, avec une part de marché tion. Les majors de l'offshore (BP
ou le Venezuela de contribuer à croissant de 52,2 à 53,9%. Les re- ou Chevron) ont eux-aussi sabré
un effort commun pour mainte- mises consenties par les exportanir les cours à un niveau élevé teurs du Golfe leur permettent
n'est pas pour l'encourager. Dif- d'éliminer la plupart de leurs
ficile à pleinement déchiffrer, concurrents comme le Nigeria,
leurs budgets d'investissement.
Les coupes sont sévères dans les
projets en eau profonde en
Afrique de l'Ouest, en Mer du
cette politique de l'Arabie pourrait l'Angola ou le Venezuela - et, dans Nord et au Brésil.
être plus tactique que stratégique une moindre mesure, la Colombie
La rechute à New York
Le pétrole a chuté hier à New York, dans un marché qui semblait
s'apercevoir avec un jour de retard du niveau toujours élevé des réserves
américaines, au lendemain des derniers chiffres officiels en date.
Le cours du baril de «light sweet crude» (WTI) pour livraison en avril,
a dévissé de 2,82 dollars à 48,17 dollars le baril, sur le New York Mer-
cantile Exchange (Nymex), faisant totalement oublier une tentative
de rebond la veille et retombant à son niveau de fin janvier.
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