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Claire Salmon-Legagneur
Le lien
Le lien - Installation in situ
Ces pièces sont issues d’une résidence artistique menée entre 2013 et 2014 sur la thématique
du Pilon des Médiathèques pour la Communauté des Communes d’Erdre et Gesvres dans le cadre
des 10 ans du Salon de la littérature jeunesse de Sucé-sur-Erdre.
J’ai mené ce travail en m’attachant à la valeur transmissive du livre :
Objets en mouvement, les livres sont sages et savants, ils nous relient.
Je suis partie du mot texte et de son analogie à textile.
La trame, le lien, le fil, la couverture… sont autant de mots utilisés dans le travail textile que dans l’écriture
et nombreux sont les peuples où l’on tisse en racontant des histoires, en les chantant,
où le tissu lui-même raconte l’histoire. Tisser des fils et des mots serait donc de la même veine.
J’ai alors imaginé un endroit où l’on broderait des histoires comme on confectionne
un vêtement, une enveloppe, un monde à soi. Le lit, lieu auprès duquel on nous raconte des histoires
et lieu de transmission est ainsi devenu vecteur de l’œuvre..
La couverture, habituellement pièce d’étoffe permettant de s’abriter du froid est également ce qui couvre
un livre pour le protéger. Elle prend ici le sens de l’enveloppe traitée comme une page d’écriture.
La couture, les noeuds, le travail au fil et cordon usent ici de leur symbolique dans le fait
de préserver les écrits et de les rassembler pour une nouvelle lecture.
Le choix de la collection, des titres, du graphisme et du fil, pour nouer et broder encore tous ces mots
en ouvrage, est devenu le sens même de l’oeuvre.
Le Lien est une Installation qui se compose de trois sculptures présentées de manière autonome ou réunies :
• Chair de poule,
• Il ou elle comme elle peut
• Un lit à soi.
3 lits,
3 volets de vie,
3 couvertures en pages d’écriture
Chair de poule
Lit junior en carton, une soixantaine de livres brodés collection « chair de poule »
de chez Bayard poche, cordons, - traversin : dispositif sonore - (70 X 160) cm.
Couverture réalisée avec la
collection « Chaire de poule »
de chez Bayard poche, dans
l’idée que notre mise au monde
est déjà agie par l’Histoire et
notre propre histoire. Il s’agit
là d’une liaison mémorable
à la peur, émotion profonde,
instinctive, reliée au corps, à la
peau.
La couverture est travaillée
comme une page d’écriture et
telle les couvertures patchwork
des années 70 : carrés de livres
de même collection, même
gabarit, cousus, assemblés de
cordons colorés crochetés.
Des mots/liens perchés au
dessus de la couverture
assemblent les titres des livres
en phrases imaginaires qui
conduiront le lecteur potentiel à
une trame de lecture poétique.
Le traversin est rempli d’une
bourre de mémoires tel des
feuilles de livres d’Histoire et
lectures enfantines. Il en sort
un son d’essoufflement d’enfant
courant à perdre haleine.
Poursuite continuelle.
Il ou Elle comme elle peut
Lit adulte en bois, 135 livres brodés de la collection « Série Noire » de chez Gallimard
et cordons, (90 X 190) cm.
Couverture réalisée avec la collection « Série Noire » de chez Gallimard dans l’idée qu’au long de notre vie
nous recherchons instinctivement les émotions vécues dans notre jeune âge. Le contenu du polar spécifiquement troublant
et noué à des faits violents nous maintient ici dans la crainte.
Un impact de balle placé côté cœur de la couverture exprime l’idée d’arrêt,
de passage pour une renaissance.
Quelques mots envolés surplombent la couverture.
Un lit à soi
Lit adulte en fer forgé, 80 livres brodés de la collection Blanche de chez Gallimard
et 4 x ventilateurs, (90 X 190) cm.
Couverture réalisée
avec la collection
Blanche de chez
Gallimard.
Livres ouverts dans
l’idée d’une recherche
ouverte au présent,
libre, poétique
et mobile.
Dans cette ouverture
il y a le creuset d’un
plongeon vers soimême, un lâcher prise
pour une ré-écriture.
Le bruissement des
pages du fait des
ventilateurs posés
à chaque coin du lit
inspire
la constance du
mouvement, le
changement.