DU POUVOIR AU POUVOIR POLITIQUE A

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DU POUVOIR AU POUVOIR POLITIQUE A
DU POUVOIR AU POUVOIR POLITIQUE
A – Qu’est-ce que le pouvoir ?
a) – Des exemples de pouvoir.
1 – L’un des traits les plus remarqués des différentes sociétés esquimaudes est l’absence de chef. Le recours légitime à la
violence revient à quiconque subit un préjudice. Les différents se règlent à coup de poing ou devant le tribunal de l’opinion
publique. En cas de meurtre, la famille de la victime exerce un droit de vendetta. Lorsque le meurtrier est un dangereux
récidiviste, n’importe quel homme peut prendre l’initiative de rendre justice, après avoir obtenu, l’accord unanime de la
communauté, en expédiant le coupable dans l’autre monde.
Aucune société ne peut se passer de régulation : il faut au moins respecter les règles de la vie collective et arbitrer les
conflits avant que ceux-ci ne mettent en péril l’unité du groupe. Cette nécessité n’implique pas l’existence d’un chef, encore
moins d’un gouvernement : chez les Esquimaux, c’est la société toute entière qui exerce le pouvoir.
Dans les sociétés indiennes d’Amérique du Sud, le chef se distingue par trois qualités éminentes. Il est, tout d’abord, un
« faiseur de paix » et l’on attend de lui qu’il préserve l’harmonie dans le groupe. Il est également généreux, disposé à donner
tout ce qui lui est demandé. Enfin, il parle bien : un Chiriguano expliquait l’accession d’une femme à la chefferie parce que
« son père lui avait appris à parler ». Structurellement endetté vis-à-vis de la société, il ne doit surtout pas chercher à « faire le
chef » : il n’est en effet jamais assuré que ses ordres seront exécutés.
(Source : Pascal Combemale et Philippe Riutort, Le pouvoir, une relation sociale, Alternatives économiques n° 263, Novembre 2007)
2 – Les relations de pouvoir sont centrales dans les rapports enseignants/élèves. Ce phénomène se manifeste de plusieurs
façons. D’abord, il y a une dissymétrie essentielle entre les actions de l’enseignant et les actions de l’élève : alors que les
actions des élèves dérangent l’ordre établi ou s’y conforment, les actions de l’enseignant ont pour fonction d’instituer l’ordre (les
régularités) dans la classe, de le Maintenir et de le renouveler au besoin. L’initiative de l’action revient fondamentalement à
l’enseignant. Enseigner c’est « prendre le pouvoir » dans un groupe, lui imprimer une direction, lui imposer des règles, etc. Or
toutes ces actions sont sous la responsabilité de l’enseignant. S’il est incapable d’assumer ce rôle, il ne peut pas enseigner.
C’est l’enseignant qui interprète les situations limites, lorsque des règles sont transgressées ou manipulées. Bref, il assure la
discipline du groupe en fonction des critères qu’il impose et avec lesquels il « joue », les adaptant aux situations changeantes
de l’action, de l’année, etc.
A cet égard, il est important, pour comprendre les relations de pouvoir, [...] de ne pas considérer les élèves comme des
récepteurs passifs des actions de l’enseignant [...].
(Source : M. Tardiff et C. Lessard, Le Travail enseignant au quotidien, De Boeck Université, 1999).
3 – Dans la cellule familiale actuelle, l’adolescent a bien conscience d’occuper une place particulière, ambiguë comme peut
l’être un statut d’autonomie. D’un côté, il revendique sa liberté d’esprit et d’initiative, son mot à dire dans les grandes décisions
familiales. De l’autre, il demeure dans une situation de dépendance économique, ce qui accentue l’aspect purement matériel
des relations familiales... Les adultes semblent s’accommoder de cette approche pour le moins matérialiste. Certains laissent à
leurs enfants une marge de manœuvre quasi totale... Reste à savoir si c’est bien ce qu’attendent les jeunes... De l’avis général,
toutes catégories sociales confondues, ils réclament davantage d’autorité, d’encadrement. Ils attendent de l’adulte qu’il leur
montre la voie sans pour autant remettre en cause leur liberté. « On veut être libre, tout en sachant que nos parents seront là si
l’on a besoin d’eux » résume Raphaël, élève de seconde.
(Source : Ph. Broussard, « Ados cherchent repères », Le Monde, 24 septembre 1994).
Q1 – Quels sont les problèmes que rencontre toute organisation sociale ?
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Q2 – En quoi le pouvoir est-il une relation sociale ?
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Q3 – Dans quelle situation se trouve celui qui détient du pouvoir ?
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b) – Les spécificités du pouvoir politique
1 – Pour Max Weber, tout groupement politique se caractérise par un rapport de domination et de monopole de la violence
physique légitime. Une société sans coercition et sans différenciation entre des gouvernants et des gouvernés ne peut être
analysée comme politique.
(Source :Dominique Chagnollaud, Science politique, Dalloz, 1999)
2 – Pour Max Weber, alors que la pouvoir (Macht) décrit seulement la relation sociale qui permet de faire triompher la
volonté de celui qui l’exerce, la domination (Herrschaft) met l’accent sur les ressources mobilisables et les contraintes subies;
en d’autres termes, ce concept vise à identifier l’ordre social organisé qui permet l’exercice effectif du pouvoir.
Pour l’auteur de Économie et Société, la domination est « la chance pour des ordres spécifiques de trouver des personnes
déterminables prêtes à obéir à un ordre de contenu déterminé.[...]. Tout véritable rapport de domination comporte un intérêt
extérieur ou intérieur à obéir ».
(Source : Michel Hastings, Aborder la science politique, Seuil 1996)
Q1 – Quelles sont les conditions, selon Max Weber, pour qu'un pouvoir politique existe ?
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Q2 – Quelle différence peut-on faire entre pouvoir et domination ?
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Q3 – Quel sens donnez-vous à la dernière phrase soulignée ?
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c) – Un exemple du pouvoir politique : la garde à vue
1 – En droit pénal français, la garde à vue est le maintien à disposition d'une personne soupçonnée d'avoir commis ou
tenté de commettre une infraction, par les forces de police ou de gendarmerie dans le cadre d'une enquête judiciaire. C'est une
mesure privative de liberté, d'une durée strictement limitée qui reste sous le contrôle permanent de l'autorité judiciaire. Le fait de
s'y soustraire constitue une évasion, réprimée en tant que telle par le Code pénal.
Seul un officier de police judiciaire de la police nationale ou bien de la gendarmerie, conformément au Code de procédure
pénale, dûment habilité par le procureur général auprès de la Cour d'appel a le pouvoir de placer en garde à vue : il doit être
territorialement compétent. Il doit exister une ou plusieurs raisons plausibles de soupçonner l'intéressé d'avoir commis ou tenté
de commettre une infraction punie d'une peine d'emprisonnement. Dès le début de la garde à vue, le procureur de la
République doit être avisé immédiatement (généralement par un appel téléphonique ou encore au moyen du fax, et cela après
avoir fait les avis légaux : la jurisprudence considère que sauf circonstance insurmontable un retard dans l'information donnée
au procureur de la République constitue une irrégularité). Ce pouvoir grave - car privatif de liberté - est souvent méconnu du
grand public. Toute vérification d'identité effectuée au poste à l'issue d'un contrôle d'identité ne peut durer plus de 4 heures,
sans se transformer en garde à vue. Par ailleurs, un maire, bien qu'officier de police judiciaire, ne peut pas placer une personne
en garde à vue. Le procureur de la République ou son représentant (le substitut) ne prend pas de mesure de garde à vue : en
revanche, il est garant des droits fondamentaux, et en vertu de l'opportunité des poursuites décide des suites à donner à cette
mesure qu'il contrôle ainsi.
La durée maximum de la garde à vue est de 24 heures, avec possibilité d'une prolongation de 24 heures supplémentaires,
soit 48 heures maximum. Cette prolongation doit être justifiée par les nécessités de l'enquête, en principe la prolongation est
subordonnée à la présentation du gardé à vue au procureur de la République ou d'un juge d'instruction suivant le cas, par
exception, la décision écrite et motivé sans présentation préalable de la personne. Elle peut durer plus longtemps en cas de
délits très graves (96 heures) et de terrorisme (6 jours).
La personne gardée à vue doit être informée de ses droits, de la nature de l'infraction sur laquelle porte l'enquête, ainsi que
de son droit, en cas de remise en liberté, de connaître la suite de la procédure auprès du Procureur de la République. Dans un
délai de trois heures à compter du placement en garde à vue, la personne peut faire prévenir, par téléphone, une personne
avec laquelle elle vit habituellement ou l'un de ses parents en ligne directe, l'un de ses frères et sœurs ou son employeur de la
mesure dont elle est l'objet. Si l'officier de police judiciaire estime, en raison des nécessités de l'enquête, ne pas devoir faire
droit à cette demande, il informe sans délai le procureur de la république qui décide. Depuis la loi du 4 janvier 1993, qui a mis le
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droit français en conformité avec la Convention européenne des droits de l'homme, tout gardé à vue a droit à un avocat .
Selon l'art. 63-4 du CPP, le gardé à vue peut en effet s'entretenir avec un avocat pendant 30 minutes, et cela, dès la première
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heure. Toutefois, l'avocat n'a pas accès au dossier. Une loi du 24 août 1993 repousse cet entretien à la 21 heure, avant que la
loi Guigou de juin 2000 ne le permette dès le début de la garde à vue. L'entretien avec un avocat est toutefois qualifiée de
« visite de courtoisie » par la profession : l'entretien dure une demi-heure maximum et est confidentiel (l'avocat ne peut rien
répéter le concernant à l'extérieur). L'avocat explique ses droits au gardé à vue. Il peut faire des observations écrites, mais n'a
pas accès au dossier et ne peut assister aux interrogatoires.
(Source : http://fr.wikipedia.org/wiki/Garde_%C3%A0_vue_en_droit_fran%C3%A7ais, 2010)
Q1 – Qu'est-ce que la garde à vue ?
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Q2 – Qu'est-ce qui autorise la police à placer une personne en garde à vue ?
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2 – Un nouveau rapport dénonce "les traitements inhumains et dégradants" au dépôt du palais de justice de Paris. La
commission nationale de déontologie et de sécurité (CNDS), autorité indépendante, constate, dans un rapport adopté le 30 juin
- non encore publié - que "les personnes prises en charge ne (sont) pas traitées avec dignité". Elle dénonce en particulier les
"fouilles à nu successives" qui constituent "un traitement dégradant". Le rapport décrit le déroulé des fouilles, qui durent de dix à
quinze minutes. Au dépôt, deux personnes peuvent être fouillées dans une même pièce. Quatre policiers sont en général
présents. Cela constitue aussi, pour la CNDS, un "traitement dégradant". Une policière précise qu'il "était demandé aux femmes
de s'accroupir et de tousser trois fois, les jambes écartées". Les hommes doivent se pencher en avant et tousser. "Une fois que
les cheveux, la bouche, l'anus de la personne ont été contrôlés, elle se rhabille puis passe sous un portique détecteur de
métaux", explique le rapport qui constate que l'on retire les dentiers, les lunettes, les lacets et les soutiens-gorge. La préfecture
de police indique que ces objets sont désormais restitués avant les audiences.
(Source : Alain Salles, Le Monde du 24 juillet 2009)
3 – Au fil des exemples, il recense deux travers à ses yeux intolérables. D'abord, les gardes à vue qu'il appelle "de confort"
: "Un fonctionnaire interpelle une personne juste avant la fin de son service et, plutôt que d'empiéter sur son repos pour
l'interroger, laisse l'individu mariner toute la nuit, jusqu'à son retour le lendemain." Ensuite, la garde à vue "de sanction" ou de
"susceptibilité" : "Parce qu'un individu a contesté, s'est un tant soit peu rebiffé, on le colle en garde à vue pour outrage."
L'ancien commissaire Philippe Vénère critique surtout l'immixtion du politique dans les affaires de sécurité publique. Placer en
garde à vue est devenu un indicateur de performance. "La police est un corps malade de la politique et des enjeux électoraux",
écrit-il dans son livre. "La course aux chiffres n'est pas nouvelle, complète l'ancien commissaire devant son café double. Mais
elle s'est accentuée depuis 2002." Manière de rappeler l'arrivée au ministère de l'intérieur de Nicolas Sarkozy. "On
s'autosatisfait à bon compte. Il y a pourtant une grosse nuance entre faire du chiffre et faire baisser la délinquance." Or les plus
grands juristes qu'il a interrogés l'ont confirmé dans sa certitude : "Rien dans la loi n'oblige à mettre quelqu'un en garde à vue
pour recueillir son témoignage."
(Source : Benoit Hopquin, Le Monde du 9 septembre 2010)
4 – En sommant le gouvernement de réformer dans les onze mois à venir le régime de la garde à vue, le Conseil
constitutionnel a pris, vendredi 30 juillet, une excellente décision. Ce jour-là fera date. Car rien autant que l'application de cette
mesure, la garde à vue, n'illustre les manquements au respect des droits de l'homme en France. En l'espèce, il s'agit de
sauvegarder une prérogative essentielle : la garantie des droits d'une personne arrêtée par la police et présumée innocente.
En l'état actuel de la procédure pénale, dit le Conseil, ces droits ne sont pas assurés. Sans qu'elle ait le moins du monde à
justifier cette décision, la police, sous le contrôle théorique d'un magistrat, peut placer en garde à vue toute personne suspectée
d'avoir commis une infraction, même mineure - vingt-quatre heures de détention renouvelables, sans l'assistance effective d'un
avocat, et sans que l'intéressé, note le Conseil, ne soit même averti "de son droit de garder le silence". En 2009, la police a
procédé à 792 000 placements en garde à vue - plus d'un pour cent de la population ! Record européen absolu. Le chiffre était
de 320 000 en 1993 et de 360 000 en 2000.
A l'évidence, il y a une dérive grave, une banalisation de la privation de liberté, trop souvent accompagnée d'humiliations
diverses, dans des locaux indignes. La garde à vue est utilisée à tort et à travers - pour "faire du chiffre", disent les policiers - à
l'encontre de citoyens qui, la plupart du temps, n'ont commis qu'une infraction mineure, voire aucune infraction. C'est quand on
galvaude le sens des mots - droits de la défense, présomption d'innocence - que commence la déliquescence de la morale
citoyenne. Et celle-ci entraîne la perte du respect dû à ces grandes institutions de la République que sont la police et la justice.
(Source : Le Monde du 31 juillet 2010)
Q3 – Quels sont es excès de la garde à vue dénoncés dans les textes ?
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Q4 – Quel est le rôle du conseil constitutionnel ?
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Q5 – Qu'a-t-il pris comme décision ?
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B – Les ressources du pouvoir
a) – Le pouvoir est basé sur la contrainte
1 – S’il n’existait que des structures sociales d’où toute violence serait absente, le concept d’Etat aurait alors disparu [...].
La violence n’est évidemment pas l’unique moyen cela ne fait aucun doute mais elle en est son moyen spécifique. De nos
jours, la relation entre Etat et violence est particulièrement intime. Depuis toujours les groupements politiques les plus divers à
commencer par la parentèle ont tous tenu la violence physique pour le moyen normal du pouvoir.
Par contre, il faut concevoir l’Etat contemporain comme une communauté humaine qui dans les limites d’un territoire déterminé
revendique avec succès pour son propre compte le monopole de la violence physique légitime. Ce qui est en effet le propre de
notre époque, c’est qu’elle n’accorde à tous les autres groupements, ou aux individus, le droit de faire appel à la violence dans
la mesure où l’Etat le tolère : celui ci passe donc pour l’unique source du droit à la violence.
(Source : Max Weber, Le Savant et le Politique, Plon, 1919).
2 – Nombres de tués sur la route et indice de circulation (en milliards de km parcourus par an) en France
Q1 – Quelle est la première raison qui pousse les individus à obéir ?
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Q2 – Quel sens donnez-vous à la phrase soulignée ?
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Q3 – Comment interprétez-vous les statistiques des accidents de la route en France ?
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b) – Le pouvoir est fondé sur la persuasion :
1 – L’expérience de Stanley Milgram est une expérimentation en laboratoire menée par le chercheur en 1963. L’objet
d’étude de cette expérience est d’étudier les mécanismes de l’obéissance, comme facteur déterminant du comportement. Il
s’agit d’étudier comment un pouvoir supposé légitime peut obtenir d’un individu des comportements répréhensibles d’un point
de vue moral. Deux sujets viennent dans un laboratoire de psychologie qui est censé organiser une enquête sur l’apprentissage
et la mémoire. Ces sujets (500) sont recrutés par un communiqué paru dans la presse qui demande des volontaires pour une
étude sur la mémoire. Parmi ces deux personnes, l’une d’elle sera le moniteur, l’autre l’élève. L’expérimentateur leur explique
qu’il s’agit d’étudier les effets de la punition sur le processus d’apprentissage. Un élève est installé sur une chaise munie de
sangles qui permettent de lui immobiliser les bras pour empêcher tout mouvement et sur lequel une électrode a été placée.
Chaque moniteur est invité par l’expérimentateur à envoyer une décharge électrique d’intensité croissante chaque fois que
l’élève donne une réponse incorrecte à un exercice de mémoire. Le véritable sujet de l’expérience n’est évidemment pas l’élève
mais le moniteur.
Après avoir assisté à l’installation de l’élève, le moniteur est introduit dans la salle principale du laboratoire et prend place
devant des stimulateurs sur lesquels il doit appuyer, classés selon une échelle allant de « choc léger » à « attention choc
dangereux ». On invite alors le moniteur à faire passer le test d’apprentissage à l’élève qui se trouve dans une autre pièce.
Quand celui-ci répond correctement, le moniteur lui propose un autre couple de mots qu’il doit retenir. Dans le cas contraire, il
lui administre une décharge électrique en commençant par le voltage le plus faible et en augmentant progressivement d’un
niveau à chaque erreur. Le moniteur est un sujet absolument naïf. Par contre, l’élève est un acteur qui ne reçoit aucune
décharge électrique, mais qui proteste énergiquement. L’expérience consiste à découvrir jusqu’à quel point un individu peut être
suffisamment docile pour infliger un châtiment de plus en plus sévère à une victime.
(Source : Magnard, Manuel Option Sciences Economiques et Sociales, 2001).
2 – Même si l’on tient compte du fait que beaucoup de sujets éprouvent un stress considérable et que certains protestent
auprès de l’expérimentateur, il n’en demeure pas moins qu’une proportion importante d’entre eux continuent jusqu’au choc le
plus élevé du stimulateur [...].
Il y a là un phénomène qui exige une explication. La plus courante consiste à prendre ceux qui ont administré toute la
gamme des décharges pour des monstres constituant la tranche sadique de la société. Toutefois, si l’on considère que près des
deux tiers des participants sont entrés dans la catégorie des sujets « obéissants » et qu’ils représentaient des gens ordinaires,
ouvriers, chefs d’entreprise et cadres supérieurs, l’argument devient bien fragile. Le problème de l’obéissance n’est donc pas
entièrement psychologique. La forme et le profil de la société ainsi que son stade de développement sont des facteurs dont il
convient de tenir compte. Il se peut qu’à une époque, l’individu ait été capable d’assumer la pleine responsabilité d’une situation
parce qu’il y participait totalement en tant qu’être humain. Mais dès lors qu’est apparue la division du travail, les choses ont
changé, Au-delà d’un certain point, l’émiettement de la société en individus exécutant des tâches limitées et tris spécialisées
supprime la qualité humaine du travail et de la vie.
Cet exemple illustre une situation dangereuse qui caractérise toute société complexe sur le plan psychologique. Il est facile
de nier sa propre responsabilité quand on est un simple maillon intermédiaire dans la chaîne des exécutants d’un processus de
destruction et que l’acte final est suffisamment éloigné pour pouvoir être ignoré.
(Source : Stanley Milgram, Soumission à l’autorité, Calmann-lévy, 1974).
Q1 – A partir de cette expérience, expliquez comment l’obéissance a-t-elle été obtenue ?
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c) – Le pouvoir repose sur la légitimité
1 – Ce qui est mystérieux dans le pouvoir de A sur B, c’est surtout que B accepte le pouvoir de A. Il peut apparaître
surprenant qu’une relation aussi inégalitaire que la relation de pouvoir soit si répandue et acceptée, alors qu’elle est toujours
contraignante. [...].
Il apparaît en effet qu’un pouvoir ne se développe que tant qu’il est accepté. Dans cette relation B qui accepte est donc
peut être plus important que A qui prend pourtant l’initiative. Alors que A impose ou pro- pose, B rejette ou accepte avec un
degré d’adhésion plus ou moins grand. Il faut ainsi voir comment l’adhésion de B peut être obtenue, comme B finit par trouver le
pouvoir suffisamment acceptable pour que la relation puisse durer. C’est le problème de la légitimation. La légitimité du pouvoir,
ce qui le rend acceptable pour que la relation puisse durer, est un thème majeur en sociologie. On avance souvent qu’un
pouvoir est acceptable dès lors qu’il agit en conformité avec la loi. Or, la légalité n’est pas la légitimité. Certes, le respect des
lois explique en partie l’obéissance civile évoquée plus haut. Mais une loi peut être inique, et la légalité n’est qu’une des voies
de la légitimation.
(Source : Jean Michel Morin, Précis de sociologie, Nathan 1996)
2 – Il y a trois types de domination légitime. La validité de cette légitimité peut principalement revêtir :
1 - Un caractère rationnel, reposant sur la croyance en la légalité des règlements arrêtés et du droit de donner des directives
qu'on ceux qui sont appelés à exercer la domination par ces moyens (domination légale).
2 - Un caractère traditionnel reposant sur la croyance quotidienne en la sainteté de traditions valables de tout temps et en la
légitimité de ceux qui sont appelés à exercer l'autorité par ces moyens (domination traditionnelle).
3 - Un caractère charismatique reposant sur la soumission extraordinaire au caractère sacré, à la vertu héroïque ou à la valeur
exemplaire d'une personne, ou encore émanant d'ordres révélés ou émis par celle-ci (domination charismatique).
(Source : Max Weber, Économie et Société, Plon, 1922)
Q1 – Quelle différence faites-vous entre la légitimité et la légalité.
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Q2 – Pourquoi le pouvoir doit-il être légitime pour obtenir l’obéissance ?
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Q3 – Quelles sont les trois raisons, selon Max Weber, qui donnent de la légitimité à la domination ?
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Q4 – Nelson Mandela a-t-il une autorité légale, traditionnelle ou charismatique ?
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d) – Le pouvoir suppose de l’autorité
1 – L’autorité désigne littéralement le droit ou le pouvoir de décider ou de commander, la capacité, en son sens le plus
large, à se faire obéir ou respecter. Dans le langage courant, le terme d’autorité est à rattacher à la force du caractère, à la
capacité (innée ou conférée par un titre ou une fonction) d’imposer ses vues, de faire exécuter ses décisions : on fait alors
« preuve d’autorité ». L’autorité fait face à la concurrence de sa forme pathologique, l’autoritarisme. Ce dernier peut se définir
comme la forme négative de l’autorité, c’est-à-dire comme l’imposition d’un point de vue dans le mépris du pluralisme et des
avis extérieurs. Le terme d’autorité désigne une compétence particulière d’un individu, d’une institution, mais ne répond pas de
lui-même à la question de son origine. Un homme seul monopolisant le pouvoir jouit de l’autorité, un homme de savoir
représente lui aussi une forme d’autorité, de même que l’on ne contestera pas l’autorité d’un juge ou d’une institution
compétente.
(Source : François Busnel, Les Mots du pouvoir, Vinci, 1995).
2 – L’autorité, tout en impliquant parfois une authentique contrainte (ainsi parle-t-on, à propos des gendarmes ou des
policiers, de l’autorité des représentants de la loi), désigne, en son sens profond, une relation excluant la vraie contrainte, une
sorte de pouvoir d’influence étranger à la violence directe. Ce que d’ailleurs nous signale l’usage courant du langage. Détenir
l’autorité, n’est-ce pas pouvoir obtenir, par grâce ou compétence, par rayonnement ou ascendant, le consentement d’un sujet ?
L’autorité se rapporte à la dignité, non point à la contrainte ou à la coercition. Devant l’autorité, l’on s’incline, car elle se fonde
sur le prestige. Elle renvoie à l’ascendant, et non point à l’usage de moyens externes de coercition. Etrangère à la force, mais
aussi à la persuasion rationnelle, elle ne se révèle pas de l’ordre du discours argumenté. « L’autorité […] est incompatible avec
la persuasion qui présuppose l’égalité et opère par un processus d’argumentation. Là où on a recours à des arguments,
l’autorité est laissée de côté ». (H. Arendt, La Crise de la culture).
(Source : J. Russ, Les Théories du pouvoir, Le Livre de poche, 1994).
3 – L'homme en tant que père doit changer plus que la mère puisque les valeurs modernes pour être un bon parent sont
plutôt (socialement) féminines. Les manifestations d'autorité de sa part ne sont acceptées que lorsqu'elles sont faites dans un
esprit d'ouverture et avec humour. Les pères ressemblent davantage aux mères, avec le déclin de l'autorité et le primat de
l'écoute.
(Source : F.de Singly, "Une construction permanente à l'équilibre fragile", La Croix, 20 janvier 1994)
Q1 – Qu’est-ce que l’autorité ?
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Q3 – Quels sont les éléments qui fondent l’autorité ?
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Q2 – Quelle est la différence entre l’autorité et l’autoritarisme ?
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Q4 – Celle-ci est-elle acquise durablement ?
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Q5 – Remplissez le schéma à l'aide du vocabulaire suivant : persuasion, société, légitimité, force, gouvernants,
autorité.
Contrôle social
Ordre
Gouvernés
Acceptation
Action

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