Lettre # 26 - WordPress.com
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La lettre d’Archimède L’actualité de l’Eldo vue par un spectateur Sommaire No 26 — 19 septembre 2015 The Program — Nous venons en amis Dans la Maison radieuse Le film mystère Prochains rendez-vous à l’Eldo THE PROGRAM un film de Stephen Frears Dès les années soixante-dix, alors qu’il n’avait réalisé que des téléfilms, Stephen Frears était considéré comme l’un des réalisateurs britanniques les plus prometteurs de sa génération avec Ken Loach et Mike Leigh. Dans ses premiers films, il croquait avec truculence l’Angleterre thatchérienne — le succès fût au rendez-vous et l’Amérique l’embaucha. Malheureusement, le cinéaste délaissa la critique sociale, ses films furent moins inspirés et son œuvre très inégale. C’est donc avec une certaine appréhension que j’allais voir The Program, d’autant plus s’il s’agit d’un biopic de Lance Armstrong. Mais Stephen Frears n’avait sans doute pas plus envie de filmer les fastidieuses montées du Tourmalet, les interminables discussions sur le braquet adéquat et les soporifiques descriptions médicales de détection du dopage, que je n’avais envie de les voir. De quoi s’agit-il ? D’un homme, un Américain obnubilé par la réussite (être deuxième est déjà être perdant), qui met en place un programme industriel de dopage dans le Tour de France, et ce dès l’année qui suit l’effondrement du système précédent, trop artisanal. En bref, c’est l’histoire d’un petit truand qui devient le caïd et que sa propre ambition perd. Rien de plus tentant alors que de peindre Armstrong en Scarface, mais un Scarface au petit pied, un Tony Montana de la pédale. Il n’y a pas (encore) mort d’homme, The Program ne peut avoir l’ampleur d’une tragédie : c’est donc naturellement une comédie que nous propose Frears. Le ton du film rompt avec celui outré que les journalistes sportifs français avaient à l’époque des faits, et qu’ils retrouvent chaque fois qu’un rebondissement a lieu dans cette affaire. Mais la légèreté du ton voile à peine l’ironie du propos. Comme le rappelle la chanson du générique, Everybody Knows de Leonard Cohen, tout le monde sait que les dés sont pipés. Lance Armstrong, comme Floyd Landis ou David Walsh, sont finalement les dupes d’un jeu qui les dépasse, et dont les gagnants sont ceux qui savent exploiter l’événement médiatique, que ce soient un petit scribouillard, un gros annonceur ou une animatrice star. Stephen Frears reste le moraliste qu’il a toujours été, et il retrouve avec The Program la verve de ses débuts. Mon appréhension n’avait pas lieu d’être. The Program (Royaume-Uni, France ; 2015 ; 103’ ; couleur, noir et blanc, 2.35:1), réalisé par Stephen Frears, écrit par John Hodge d’après le livre Sept Péchés capitaux : À la poursuite de Lance Armstrong (Seven Deadly Sins: My Pursuit of Lance Armstrong, 2012) de David Walsh, produit par Tim Bevan, Eric Fellner, Tracey Seaward et Kate Solomon ; musique d’Alex Heffes, image de Danny Cohen, montage de Valerio Bonelli ; avec Ben Foster (Lance Armstrong), Chris O’Dowd (David Walsh), Guillaume Canet (Dr Michel Ferrari). Distribué par Studio Canal. Depuis mercredi à l’Eldo NOUS VENONS EN AMIS un film de Hubert Sauper Projection du film en présence du réalisateur le mardi 22 septembre, 20 h 15 Prévente des places à l’accueil du cinéma Nous venons en amis est dans la même veine que le film précédent de Hubert Sauper, Le Cauchemar de Darwin (2004). Cette fois-ci, le cinéaste est parti en avion, un petit appareil bricolé qui a l’avantage de réjouir ceux qui le croisent — en particulier le mécanisme de boîte à musique qui joue L’Internationale fixé au tableau de bord. Direction : le Soudan de Sud. Nous sommes en 2010, peu avant le référendum d’autodétermination qui doit décider de l’indépendance de la province. Vu de loin, il s’agit de la conclusion de la lutte entre les musulmans du Nord et les chrétiens du Sud — et pour les adeptes du Choc des civilisations, rien n’est plus logique. Sauper filme les personnes qu’il rencontre, des Soudanais, mais aussi des Chinois venus aider à l’exploitation du pétrole, et des Américains venus apporter la lumière « littéralement et figurativement », tous sans arrière-pensée bien sûr. Sauper montre le cynisme économique à l’œuvre. Après avoir vendu des mines et des armes, les pays riches pillent les ressources en toute légalité, les Chinois empoisonnant l’eau et les Américains « civilisant » les populations. Le pire est que nous imaginons tout ce beau monde rentrant chez lui, heureux de la bonne action qu’il a fait dans la journée. Le film aura évidemment ses détracteurs qui lui reprocheront la roublardise de sa mise en scène, ses propos caricaturaux, et son relativisme intellectuel. Évidemment, Sauper force le trait, mais quiconque a vécu en Afrique subsaharienne reconnaîtra les caractères. Nous venons en amis est cependant une claque nécessaire pour ranimer notre conscience défaillante. Nous venons en amis (We Comes as Friends ; France, Autriche ; 2014 ; 110’ ; couleur, 1.85:1 ; 5.1), écrit et réalisé par Hubert Sauper, produit par Hubert Sauper et Gabriele Kranzelbinder ; musique de Slim Twig, image de Hubert Sauper et Barney Broomfield, son de Veronika Hlawatsch, montage de Hubert Sauper, Cathie Dambel et Denise Vindevogel. Distribué par le Pacte. Prix Peace Film à la Berlinale 2014 ; Meilleur documentaire d’Europe centrale et de l’Est au Festival international du film documentaire de Jihlava 2014 ; Prix du film autrichien (meilleur documentaire) 2015. Jusqu’au mardi 22 septembre l’Eldo fait sa rentrée 4 € pour tous à toutes les séances y compris les soirées spéciales En prolongement des Journées européennes du patrimoine DANS LA MAISON RADIEUSE suivi d’une rencontre avec Jean-Charles Jacques, architecte urbaniste le lundi 21 septembre, 20 h 15 Prévente des places à l’accueil du cinéma Les documentaires consacrés à Le Corbusier sont nombreux, et les derniers en date n’hésitent plus à désacraliser « le plus important architecte français du XXe siècle » et à évoquer ses relations avec le Régime de Vichy. Pourquoi choisir alors un téléfilm, avec les contraintes imposées par la diffusion télévisuelle, qui date d’une dizaine d’années ? Peut-être parce que son réalisateur, Christian Rouaud, a depuis, fait des « documentaires de cinéma » qui ont retenu l’attention : Les Lip. L’Imagination au pouvoir (2007), Tous au Lazarc (2011) et Avec Dédé (2013), tous trois sortis à l’Eldo. À l’inverse de la quasi-totalité des documentaires sur l’architecture, Dans la Maison radieuse n’est pas un portrait de l’homme ou un exposé de ses théories. La parole de Le Corbusier fait vite place aux voix des habitants de la Maison radieuse de Rezé, au sud de Nantes. Qu’aurait pensé Le Corbusier des puristes qui conservent leur appartement tel qu’il était en 1955 ? N’aurait-il pas été choqué par ceux qui vident le tube de béton pour y reconstruire un logement à leur convenance ? Le cinéaste ne répond pas. Il montre l’architecture non comme un art théorique mais une pratique quotidienne. Cinquante ans après la construction, la population du « village vertical » s’est renouvelée, s’est diversifiée et s’est approprié le lieu jusqu’à en oublier parfois son créateur. Le documentaire d’art gagnerait à s’inspirer de Dans la Maison radieuse, et regarder l’œuvre non plus seulement du point de vue de l’artiste ou du spécialiste, mais de celui du spectateur, de l’auditeur ou de l’habitant. Dans la Maison radieuse (France ; 2004 ; 71’), écrit et réalisé par Christian Rouaud ; musique de Jean-François Rondeaux, image de Christian, son de Claude Val, montage de David Jungman ; avec la voix de Nicolas Mead. Distribué par Lilith production. Au vendredi 18 septembre, 554 spectateurs ont donné 43 477 €. Et vous ? Informations et modalités de la souscription sur le site Web de l’Eldorado Le film mystère Sauriez-vous reconnaître le film mystère dont est extrait le photogramme qui suit ? Le dernier film de son réalisateur est actuellement à l’Eldorado. La première personne qui me communiquera le titre du film mystère et le nom de ses deux réalisateurs gagnera deux invitations valables à l’Eldorado pour le film (ou les films) de son choix. La réponse doit être remise soit par mail à [email protected], soit sur papier libre à l’accueil du cinéma (dans ce cas, noter la date et l’heure, ainsi qu’un nom et une adresse mail ou postale). Le film mystère précédent Le photogramme de la semaine dernière était extrait du programme Les Nouvelles Aventures de Gros-Pois et Petit-Point (Prick och Fläck på fläcken, 2013, sorti en France en février dernier) réunissant six courts métrages de Lotta et Uzi Geffenblad, auteurs aussi du court Les Cadeaux d’Aston (2012, repris dans Petites Casseroles actuellement à l’Eldo) dans lequel apparaissent les deux poupées représentant les deux célèbres personnages créés par Lotta Geffenblad. Félicitations à tous ceux qui ont reconnu Les Nouvelles Aventures de Gros-Pois et Petit-Point, tout particulièrement à Stéphanie L. qui a été la première à répondre et qui gagne donc les deux places gratuites en jeu. Prochains rendez-vous à l’Eldo Septembre Lundi 21, 20 h 15 : Projection de Dans la Maison radieuse, suivie d’un débat sur Le Corbusier avec Jean-Charles Jacques, architecte-urbaniste (4 €). Mardi 22, 20 h 15 : Projection de Nous venons en amis, en présence du réalisateur Hubert Sauper (4 €). Samedi 26, 9 h : Atelier CinéDV niveau 1 : Initiation (10 €). Mardi 29, 20 h 15 : Projection de Fatima, en présence du réalisateur Philippe Faucon. Mercredi 30, 16 h 30 : Ciné-jeux Le Voyage de Tom Pouce dans le cadre de la Rentrée des enfants à l’Eldo (4 €) Octobre Vendredi 2, 20 h 15 : Projection de La Vierge, les Coptes et moi, en présence du réalisateur Namir Abdel Messeeh. Dimanche 3, 10 h 30 : Avant-première de Les Animaux farfelus dans le cadre de la Rentrée des enfants à l’Eldo (4 €) Dimanche 4, 16 h : Avant-première de Phantom Boy dans le cadre de la Rentrée des enfants à l’Eldo (4 €) Lundi 5, 20 h 15 : Dans le cadre du festival ATTAC%, projection de 108, Cuchillo de Palo, suivie d’une discussion. Jeudi 8, 20 h 15 : Dans le cadre du festival ATTAC%, projection d’On est vivants, en présence de la monteuse Eva Fegeiles-Aimé. Vendredi 9, 19 h 30 : Diptyque Michael Cacoyannis : projection de Stella, femme libre et de Zorba le grec (8 €). Mardi 13, 20 h 15 : Soirée Don Quichotte : projection d’El caballero Don Quijote, suivie d’une discussion animée par Emmanuel Larraz. Cinéma Eldorado 21, rue Alfred de Musset / 21 000 DIJON Divia : liane 5 et ligne 12 — Station Vélodi à proximité Site web : http://www.cinema-eldorado.fr — Courriel : [email protected] Twitter : @CinmaEldorado — Facebook : CinemaEldorado La lettre d’Archimède Site web : https://cinemaeldorado.wordpress.com/la-lettre — Courriel : [email protected]