Lettres et négociations du Marquis de Feuquières
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Lettres et négociations du Marquis de Feuquières
LIBRAIRIE ANCIENNE ROGER SIBLOT LETTRES ET NÉGOCIATIONS DU MARQUIS DE FEUQUIÈRES, AMBASSADEUR EXTRAORDINAIRE DU ROI EN ALLEMAGNE, EN 1633 ET 1634 L’ensemble des documents et lettres de Manassès de Pas, Marquis de Feuquières, compilés dans cet ouvrage publié chez Jean Naulme en 1753, permet de mieux comprendre certains pans de l’histoire trop méconnue de la Guerre de Trente Ans. Plus spécifiquement, on perçoit sans doute encore plus clairement quelle a pu être la politique du Cardinal de Richelieu à l’égard de la maison d’Autriche. C’est ce qu’avait remarqué le Journal des Savants dès la parution, en relevant que « les pièces du Recueil appartiennent beaucoup plus du règne de Louis XIII qu’à l’histoire particulière du Marquis de Feuquières » (1754, p. 285) La lecture de ce bel exemplaire (Il s’agit de l’édition originale, et unique, Quérard, t. 3, p. 117), en trois volumes et dans une reliure plein veau d’époque, très bien conservée, en convainc évidemment (pour une description complète, cf. infra). Elle ne doit toutefois pas tendre à éluder le personnage même du Marquis Manassès de Pas de Feuquière qui constitue l’archétype, comme son père d’abord, et comme son fils ensuite, du valeureux soldat au service du roi. Né posthume à Saumur en 1590 d’une famille de très vieille noblesse, son père était le premier chambellan d’Henri IV à qui l’on prête ses mots quand il apprit son décès : « Ventre-Saint-Gris ! J’en suis fâché. La race est bonne. N’y en a-t-il plus ? ». « La veuve est grosse », répondit un des officiers du roi. « Hé bien, je donne au ventre la pension que celui-ci avait » (Ch. Brainne, Les hommes illustres du département de l’Oise, 1858-1864, t. 1, p. 402 ; Michaud, t. 14, p. 71 ; GDU, t. 8, p. 311). Le jeune Feuquières s’est très vite rendu digne de la confiance que lui accorda la famille royale. Débutant comme mousquet, il devint vite maréchal de camp et s’illustra au siège de la Rochelle. Il fut nommé gouverneur de Toul, puis lieutenant général des provinces de Toul et de Metz. Ambassadeur extraordinaire de Louis XIII en Allemagne en 1633 et 1634 en pleine guerre de Trente Ans, il revient auréolé de son succès et est nommé lieutenant général de Verdun en 1636. Après avoir reçu le commandement d’une armée contre l’Autriche, Louis XIII lui confie le siège de Thionville en 1639. Il est malheureusement doté de trop peu d’effectifs contre Piccolomini, le général de l’empereur. Il se bat avec bravoure, décide d’ailleurs de charger lui-même, mais le marquis de Feuquières est blessé et fait prisonnier. Ayant beaucoup d’estime pour Feuquières, Louis XIII tenta d’obtenir sa libération à l’aide d’offres substantielles à l’ennemi. Mais le marquis perdit la vie en cours de captivité, avant même que sa famille ait pu verser le montant de la rançon qui venait d’être fixée par traité. Avec la lutte contre la noblesse rebelle et le protestantisme, on sait que l’une des obsessions de Richelieu était d’abaisser la maison d’Autriche. Aussi avait-il été enthousiaste quand le roi de Suède Gustave Adolphe, rendu célèbre notamment par ses conquêtes en Poméranie, avait rejoint la ligue des princes germaniques qui luttait contre l’empereur. Aidé par la France, le monarque suédois obtint de rapides succès qui furent malheureusement arrêtés lors de son décès en 1632 au cours de la bataille de Lützen. Feuquières fut alors dépêché pour tenter de renouveler l’alliance et convaincre à cet effet le chancelier Axel Oxenstiern, lequel s’occupait des affaires suédoises à la mort du monarque pendant la minorité de Christine. Pour le cardinal de Richelieu, il était essentiel que l’alliance perdure pour sa lutte contre la maison d’Autriche. Le marquis de Feuquières assure la Suède du soutien de la France. Un traité d’union est signé entre les deux pays. Il se rend ensuite à Heilbronn où il forme une assemblée avec divers princes germaniques qui acceptent de renouveler leur alliance avec la Suède. Soucieux que le chancelier Oxenstiern et l’assemblée d’Heilbronn agissent de concert, cette dernière organisa un conseil, sans l’avis duquel le chancelier suédois ne pouvait agir. Avec le même succès, il organisa une conférence, cette fois-ci à Francfort. seconde Cet ensemble de pièces fut très bien reçu lors de sa publication. Particulièrement complet, il comprend de bien comprendre toute l’importance qu’eut la France dans la Guerre de Trente Ans, et le rôle particulièrement fondamental du marquis de Feuquières dans la formation de l’alliance contre la maison d’Autriche. L’ouvrage débute par une longue présentation biographique du marquis rédigé par l’abbé Gabriel Pérau à qui l’on doit cette édition. Rempli d’une longue suite de dépêche et de lettres, les trois volumes forment un tableau très complet de l’ambassade du marquis de Feuquières, à l’aide de documents exceptionnels, comme ce rapport de l’entrevue entre le marquis et le chancelier suédois. Le premier document est une copie d’une lettre de Louis XIII adressée au Marquis, et écrite de Dourdan, le 5 janvier 1633. Elle l’informe de sa nomination ès qualité d’ambassadeur extraordinaire et les instructions qu’il reçoit sont particulièrement précises. Monument de précision et d’exhaustivité, cette édition originale est essentielle pour comprendre toute la finesse de la diplomatie de l’Ancien Régime, qui joua à plein lors de la guerre de Trente Ans. LETTRES ET NÉGOCIATIONS DU MARQUIS DE FEUQUIÈRES, AMBASSADEUR EXTRAORDINAIRE DU ROI EN ALLEMAGNE, EN 1633 ET 1634 [Marquis de Feuquières] Chez Jean Naulme, Amsterdam, Paris, chez Desaint et Sailllant, 1753 Réf. : 000266 – Prix : 330 € Trois volumes in-12. Reliure de l’époque plein veau. Dos à cinq nerfs, orné et doré, très bien conservés. Pièce de titre marron et tomaison rouge. Champs ornés et dorés. Dos un peu frottés, surtout un nerf du tome 3. Quelques coins très légèrement émoussés. Tranches mouchetées rouges. Intérieur très frais. Un signet dans chacun des volumes. Petite galerie de ver en marge de tête du tome 3. Très bel exemplaire, en excellent état, parfaitement conservé.