ALERTE AGRI 80 HAUTE-SOMME Ils en ont assez de voir leurs

Transcription

ALERTE AGRI 80 HAUTE-SOMME Ils en ont assez de voir leurs
ALERTE AGRI 80
HAUTE-SOMME Ils en ont assez de voir leurs
tracteurs disparaître
Se faire voler des câbles ou du gasoil passe encore. Mais quand sont dérobés des tracteurs, les
agriculteurs tombent des nues et se sentent seuls.
Vendredi 1er mai, David Crappier s’est rendu dans l’un de ses champs, jouxtant la commune de
Bouchoir, près de Rosières-en-Santerre, dans la Somme. C’est le quotidien de l’agriculteur, qui cultive
des oignons, des betteraves sucrières et des pommes de terre. Mais ce matin, il s’est « senti défait »
devant les cultures en pleine irrigation : son tracteur avait disparu. « Il n’était pas tout jeune, il avait
trente ans, mais il marchait bien, et, surtout, c’est mon outil de travail. » Envolé, le Fiat 980. Ou plutôt
volé, comme un précédent tracteur, il y a un an. Comme celui du voisin, il y a peu.
Avant, raconte David Crappier, les larcins étaient moins imposants. Le carburant était siphonné, les
câbles et les batteries électriques embarqués. « La facture grimpe vite, raconte un autre agriculteur du
Santerre. Cinquante mètres de câbles, c’est plusieurs centaines d’euros. » Mais voler des tracteurs,
ces encombrants mastodontes ? « On n’avait jamais vu ça », dit David Crappier.
« Il y a eu un couac »
Difficile d’attribuer le méfait à des habitants en galère, cherchant à revendre cuivre ou ferraille. Pour
l’habitant de Bouchoir, c’est organisé, il faut connaître l’endroit, savoir que le tracteur restera dehors ; il
faut s’équiper d’un camion pour transporter l’engin... « Ce sont des professionnels , estime-t-il. Ils
emmènent les véhicules ailleurs, dans les pays de l’Est notamment. »
Le 1er mai au matin, David Crappier a donc prévenu la gendarmerie. Le centre opérationnel d’Amiens
d’abord, jour férié oblige, les services de la brigade de Rosières-en-Santerre dont dépend Bouchoir
étant fermés le matin. L’après-midi, il dépose une main courante pour le vol de l’engin agricole. Et puis
plus rien. Il s’attendait pourtant à voir arriver sur son téléphone et ceux des autres agriculteurs une
alerte SMS.
C’est le dispositif Alerte Agri 80, lancé officiellement en avril dans la Somme. À chaque vol, l’agriculteur
concerné prévient la gendarmerie, qui avertit à son tour les adhérents en envoyant un SMS. « Il y a eu
un couac apparemment », glisse David Crappier dont le téléphone n’a pas sonné, pas plus que celui
des autres adhérents.
« Et si on le trouve le voleur ? Qu’est ce qu’on fait ? »
« C’est très récent, ça ne fonctionne peut-être pas encore très bien », commente un autre agriculteur,
qui ajoute : « Si quelque chose n’a pas été fait, c’est au niveau de la gendarmerie. »
Malheureusement, le responsable du programme Alerte Agri 80, l’adjudant-chef Claude Guyart, respire
le bon air des vacances et « il est le seul à pouvoir répondre » s’excuse-t-on chez les militaires. Le
mystère de l’alerte non donnée demeurera jusqu’à ce que le référent revienne.
Le problème des larcins à la campagne reste toutefois entier, avec ou sans SMS de prévention. « J’en
ai assez, c’est le second tracteur en un an, qu’est-on censé faire pour se préserver des voleurs ? »
s’interroge David Crappier.
Les différentes possibilités sont passées en revue, l’improbable vidéosurveillance au milieu des
champs, le matériel à rentrer chaque soir « qui multiplierait le travail par trois », les cadenas et
antivols si faciles à briser pour qui en a l’habitude... Ce n’est pas de gaîté de cœur, mais l’agriculteur et
ses collègues ont déjà pensé à s’organiser, pour faire des rondes et surveiller le matériel. « Faire une
milice contre les vols agricoles, oui. Mais ça n’est pas souhaitable. » En imaginant l’idée devenir réalité,
l’homme pense aux hommes en face, au danger, aux dérives. « Et si on le trouve, le voleur ? Et s’il est
armé ? Qu’est-ce qu’on fait, hein ? »
Le dispositif Alerte Agri 80
*Il est né d’un partenariat entre la gendarmerie nationale, la Fédération départementale des syndicats
d’exploitations agricoles (FDSEA) et la Chambre d’agriculture.
*L’objectif est de renforcer la vigilance des adhérents afin d’empêcher les vols en série.
*Les agriculteurs y souscrivent gratuitement, en s’inscrivant sur le site internet du dispositif :
http://www.alerte-agriculture.com/Somme/