Le tour du monde de la Francophonie

Transcription

Le tour du monde de la Francophonie
Quatre pays de la francophonie.
Un héros aux caractéristiques bien définies.
Une intrigue aux multiples rebondissements.
Le tout, choisi par les élèves participants.
C’est le principe du « Tour du monde de la Francophonie ».
Glenn Messo, Noémie Charles, Eléa Riou, et Thanish Ashok,
élèves de 3ème au lycée Bonaparte, vous invitent à lire ici les
tribulations de leur héros, Pascal Houpe, qui l’ont mené aux
quatre coins du monde : au Maroc, à Sainte- Lucie, au
Vanuatu et enfin à Madagascar.
Bonne lecture !
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LES TRIBULATIONS DE PASCAL HOUPE AUTOUR DU MONDE
I
Pascal Houpe, détective privé de grande réputation, avait
décidé de passer les quelques semaines de congé qu’il avait bien
méritées dans son village du sud de la France. Son objectif était
de faire de la marche pour perdre du poids. Garder la mauvaise
habitude de se goinfrer de Big Macs et de frites ne faisait que
déformer son corps. Cependant, sa rencontre avec une mère
d’origine marocaine en pleurs, dont la fille avait été enlevée, vint
durablement perturber ses projets… Voyons en détails ce qui
s’est passé…
*********
Mme Derite vint donc voir personnellement Pascal Houpe.
C’était cet homme, selon sa voisine, qu’elle devait absolument
aller voir pour résoudre l’affaire de la disparition de sa fille. Lui
seul était en mesure de régler les problèmes insolubles qu’il
rencontrait. Elle- même lui avait soumis une affaire bien plus
ardue et compliquée, qu’il avait brillamment résolue. Elle avait
donc communiqué à sa voisine, l’adresse personnelle du
détective à Aix-en-Provence. Selon Mme Derite, sa fille de dix ans
avait été enlevée par des malfaiteurs qui avaient quitté la France
pour le Maroc. Désespérée, la pauvre femme était prête à payer
de bons honoraires au détective s’il arrivait à retrouver son
enfant.
Pascal Houpe accepta cette proposition : il se dit que ses
recherches au Maroc pourraient aussi être l’occasion de se
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détendre de temps en temps et de découvrir un pays proche de
la France, où, de surcroît, l’on parlait bien français. Il pourrait
donc compter facilement sur l’aide de la police locale.
Il fit asseoir sa cliente.
- Madame, je vous vois dans tous vos états. Calmez- vous et
expliquez-moi précisément ce qui s’est passé.
- Mr Houpe, ma fille a été enlevée il y a trois jours. Voici sa
photo. S’il vous plaît, rendez- la moi par tous les moyens ! La
police locale ne veut pas se mêler, semble-t-il, de cette histoire
bien compliquée…
- Voyons, qu’est- ce qui vous dit que c’est un kidnapping et non
une fugue, par exemple?
- Elle a réussi à m’appeler sans se faire repérer et à me préciser
son adresse au Maroc. Vérifiez mon portable et vous verrez
que je ne mens pas. Il faut que vous alliez au Maroc faire votre
enquête : vous obtiendrez plus de précisions.
C’est donc à Rabat que Pascal Houpe se rendit le lendemain.
Après s’être installé dans un hôtel dont la vue, superbe, donnait
sur une colline verte entourée de restaurants et de cafés à
l’orientale, il décida d’aller dans un restaurant connu pour ses
plats locaux, notamment divers types de couscous avec légumes
et viandes. Un de ces restaurants populaires et pas chers, à la
décoration très simple et ouverts sur l’extérieur. On pouvait voir
des gens assis bien confortablement dans des fauteuils aux tissus
colorés. Des journaux en arabe étaient à leur disposition un peu
partout. Les clients commandaient de loin, en criant, ce qu’ils
désiraient lorsque le serveur tardait à venir.
Alors qu’il était assis à table et qu’il s’attendait à ce qu’on lui
apporte le menu, oubliant toutes les bonnes résolutions qu’il
avait prises, le serveur lui tendit une enveloppe. C’était de la part
d’un inconnu, lui fit- il savoir. Surpris, Pascal Houpe ouvrit
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l’enveloppe et trouva une feuille sur laquelle était griffonné un
message lui demandant une grosse somme d’argent s’il voulait
récupérer la fillette vivante.
Furieux, il se leva et exigea du serveur qu’on lui montre le
local de sécurité du restaurant censé enregistrer grâce à une
caméra les mouvements des clients. Comme il était détective, on
ne pouvait pas le lui refuser. Après quelques minutes de
vérification, il tomba sur la personne qui avait remis l’enveloppe
au serveur. Sans tarder, il appela la police locale : il voulait
analyser l’image avec les policiers marocains et voir si le
malfaiteur était connu de leurs services.
Pascal Houpe se rendit donc au commissariat. Il s’était
présenté au téléphone comme un détective privé français et il fut
bien accueilli par un policier marocain, à qui l’uniforme conférait
une certaine autorité, mais dont le sourire adoucissait un peu le
ton officiel et autoritaire. L’accueil de l’officier fut chaleureux,
peut-être parce qu’il avait affaire à un Français, et qui plus est, à
un détective privé, un collègue en quelque sorte.
Le policier reconnut l’homme immédiatement : il avait été
libéré de prison deux mois auparavant et le voilà qui reprenait
ses activités criminelles...
Les policiers et Pascal Houpe ne perdirent pas de temps :
une patrouille composée de cinq voitures quitta immédiatement
le commissariat et encercla l’un des immeubles du quartier où
l’homme, selon les informations données par plusieurs
indicateurs, était supposé s’être réfugié avec la fillette. Il était
situé dans un quartier appelé Agdal, quartier assez chic, où les
jeunes des classes aisées avaient coutume de se retrouver. On
donna l’assaut. Mais l’appartement était vide… Les criminels
avaient sans doute été alertés par un complice et avaient pris la
fuite.
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Pascal Houpe aurait bien voulu ne pas reprendre l’avion
tout de suite pour consacrer un peu de temps à visiter la ville et
surtout ses restaurants… Mais les policiers, qui avaient interrogé
leurs collègues qui travaillaient à l’aéroport, avaient appris la
fuite du malfaiteur vers Sainte-Lucie. Les caméras de surveillance
avaient en effet filmé un homme qui tenait une petite fille par la
main: c’était bien le même que celui qui était sur la vidéo du
restaurant.
Notre détective sauta donc dans le premier avion pour
Sainte Lucie.
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II
Pascal Houpe n’avait aucune idée de l’endroit où avaient
bien pu aller l’homme et la petite…
En descendant de l’avion qui l’avait amené sur cette belle
île de Sainte Lucie, il ne savait donc pas du tout où aller, mais
d’après ce qu’il avait entendu dire, les habitants de cette
charmante île devaient être hospitaliers et gentils. Comme il
faisait nuit, il décida donc d’aller dans la maison la plus proche
afin de se trouver un endroit pour dormir et surtout, pour
manger…
Il alla donc demander l’hospitalité dans la première maison
qu’il entrevit. C’était une maison charmante. Elle était faite de
branches nattées. Elle n’était pas immense mais paraissait très
traditionnelle et accueillante.
- Qui-est-ce ? demanda la voix d’un jeune homme de l’autre côté
de la porte.
- Je m’appelle Pascal Houpe. Je mène une enquête sur cette île et
je cherche un toit pour dormir.
- Nous n’acceptons personne ! répondit le jeune homme, tout
d’un coup pris de panique.
Cette réaction sembla bien louche à Pascal Houpe mais il
n’insista pas et se dit que les habitants de l’île avaient une
perception bien étrange de l’hospitalité. Une femme, noire de
peau et de taille moyenne, s’approcha alors et lui dit :
Ne vous en faites pas, tout le monde n’est pas comme ça ici.
Et puis, c’est vrai qu’à première vue, Nyls semble bizarre, mais
quand on le connaît, il est très gentil.
Les cheveux de la femme étaient noirs et frisés et ses yeux,
noirs et profonds, le fixaient. Pascal Houpe la regarda mais ne se
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fia pas à son jugement. Il avait appris par expérience que
certaines personnes, qui semblent très ordinaires, peuvent
cacher bien des mensonges.
- Si j’ai bien compris, reprit la jeune femme, vous cherchez un
endroit pour vous reposer.
- Oui, c’est cela même.
- J’ai une maison pas très loin. Vous pouvez y passer la nuit si
vous voulez. Nous aviserons ensuite.
- Merci beaucoup, c’est très gentil de votre part, madame…
- Mirsa, mais je vous en prie, appelez-moi Léa.
Ils se mirent en route. Il y avait un peu plus d’une demiheure de marche jusqu’à la maison mais le paysage était
somptueux au clair de lune. Pascal Houpe pouvait voir des pics
rocheux qui devaient être verts mais qui étaient, sous cette
lumière, d’une pâleur sublime, des plaines et des champs qui
abritaient des ombres effrayantes mais magnifiques. C’était
splendide. Il n’avait jamais rien vu d’aussi beau.
Quand ils arrivèrent chez la jeune femme, il fut introduit
dans la cuisine où une dame plutôt âgée, qui était la mère de Léa,
était en train de préparer un dîner.
- C’est du steak de thon. C’est la spécialité culinaire d’ici.
Ça sentait bon et le tout était accompagné de légumes.
- Ça a l’air délicieux, merci.
Ils se mirent à table et Pascal Houpe put goûter à ce plat si
différent de ses Big Macs habituels, et tellement meilleur !
Quand ils eurent fini, Léa lui montra la chambre dans laquelle il
allait dormir. Elle était simple mais joliment décorée de fleurs
exotiques sublimes, de photos magnifiques et d’un papier peint
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bleu marine. Il pensa que c’était une chambre parfaite pour les
touristes, du fait de sa simplicité et des photos de guide
touristique qui s’y trouvaient.
- Bonne nuit M. Houpe, lança la jeune femme.
- Bonne nuit et merci encore.
Pascal Houpe referma avec précaution la porte de sa
chambre puis entreprit de prendre les empreintes de Léa sur la
poignée à l’aide de son matériel car, ne l’oublions pas, il était
tout de même détective! Il mit ensuite son pyjama et alla
s’allonger sur le lit. Il se laissa porter par ses réflexions. Quel
étrange personnage que ce Nyls ! Comment allait-il faire pour
mener son enquête sans aucune piste ? Pourquoi cette jeune
femme l’hébergeait-elle ?
Le lendemain, il s’éveilla avec un terrible mal de ventre. En
personne bien élevée, il s’habilla et sortit de sa chambre pour
saluer la famille de Léa. A sa plus grande surprise, seule la jeune
femme était réveillée. Elle discutait avec un jeune homme.
Lorsqu’il perçut sa voix, il s’aperçut que cette personne n’était
autre que Nyls ! Il tenait une petite fille par la main. Elle devait
avoir dix ans. Dix ans ! Et elle ressemblait parfaitement à la
description qu’il avait reçue !
Lorsque Nyls le vit, il détala comme un lapin en emportant
dans ses bras la fillette qui pleurait. Pascal Houpe se lança tout
de suite à sa poursuite. C’est là qu’il se dit qu’une fois rentré en
France, les Mc Donald’s, ce serait fini. Nyls courait rapidement et
connaissait parfaitement le coin et le mal de ventre de Pascal le
faisait horriblement souffrir.
Nyls commença à monter sur un piton rocheux. La montée
était rude et le détective se fit largement devancer à cause de la
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végétation qui entravait sa course. Lorsqu’enfin il arriva en haut
du piton rocheux, Nyls l’attendait d’un air insolent.
- Pourquoi avez- vous enlevé cette enfant ? lui demanda Pascal
Houpe, tout essoufflé.
- Je l’ai fait pour mon patron qui m’a demandé de la garder
prisonnière et de me sauver si par hasard le nom de Pascal
Houpe parvenait à mes oreilles.
- Donnez- moi cette fille.
- Jamais !
Nyls se retourna puis sauta du haut du rocher avec l’enfant.
Prenant son courage à deux mains, Pascal Houpe le suivit mais
tout à coup pris de vertiges…il s’évanouit.
************
- Monsieur, monsieur…, demanda une voie féminine.
- Qui êtes- vous ? articula péniblement Pascal Houpe.
- Monsieur, vous avez sauté du haut d’un rocher et vous vous
êtes évanoui. Heureusement pour vous, vous avez atterri sur un
surplomb. Un promeneur vous a aperçu et nous a alertés.
- Mais où suis- je ?
- A l’hôpital de Sainte- Lucie.
Tout à coup, une sonnerie de téléphone se fit entendre.
Pascal Houpe se rappela alors que c’était celle de son portable et
sauta du lit où il était allongé.
- Allô ?
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- Inspecteur Houpe, ici le commissariat de Sainte- Lucie. L’homme
que vous recherchez est en route pour le Vanuatu. C’est la police
aux frontières qui nous a transmis ces informations.
Malheureusement, il a réussi à échapper à notre vigilance.
- D’accord, je prends le prochain avion.
Décidément, Il n’en avait pas encore fini avec cette histoire !
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III
L’avion décolla à l’heure. Au moment du service du repas et
des boissons, Pascal pensa qu’il serait préférable, pour son
régime, de favoriser le plat végétarien et d’oublier le plat avec le
poulet enrobé de sauce, accompagné de pommes de terre
sautées. Après avoir bien mangé, il décida de se reposer jusqu’à
l’arrivée et s’endormit.
Il était minuit lorsque l’avion se posa à Port Vila. Pascal
Houpe sortit de l’avion. Un de ses amis, Eric, qui habitait au
Vanuatu, l’attendait et le conduisit jusqu’à un petit hôtel
traditionnel très sympathique. Pascal le remercia et monta dans
sa chambre. Elle était magnifique : le plafond, les murs et le sol
étaient en bois, il y avait un lit à baldaquin entouré d’une
moustiquaire blanche qui, avec le vent, volait légèrement. Pascal
Houpe défit rapidement ses bagages puis, exténué, alla prendre
une douche rapide, régla son réveil et alla se coucher.
Le matin suivant, il se réveilla tôt, prit un petit déjeuner
rapide puis s’habilla légèrement pour sortir. Il voulait demander
des précisions à son ami au sujet de cette affaire dont il lui avait
rapidement parlé au téléphone.
Il faisait chaud dehors, en ce mois d’avril, les températures
étaient élevées : il faisait environ 28°-29° et il n’y avait pas le
moindre nuage à l’horizon. Sur la route pour rejoindre son ami,
Pascal passa par le marché. Il était situé dans la rue principale de
la ville. On y trouvait des produits typiques de la région : des
fruits : noix de coco, bananes, oranges ; des légumes : des taros,
une sorte de racine marron dont la chair était de couleur crème
et dont le goût ressemblait à celui de la patate douce, ou encore
de petits piments verts très forts ; et des fleurs de frangipaniers,
de flamboyants ou d’hibiscus. Il vit aussi de grands plats dans
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lesquels cuisait du lap-lap, un plat national composé de racines
râpées, arrosées de lait de coco, puis cuites avec du poulet ou de
la viande dans des feuilles de bananier ou d’héliconia, une plante
à la fleur magnifique de couleur rouge vermillon en forme d’épi
de blé: c’est en tout cas ce que Pascal avait lu quelque part et
cela lui avait mis l’eau à la bouche. Il décida d’en acheter pour
pouvoir goûter à ce plat régional au moment du déjeuner.
Il continua son chemin et lorsqu’il fut midi, il s’arrêta sur un
banc pour manger son repas. Pascal le trouva exquis : les racines
râpées et le lait de coco étaient onctueux et doux tandis que la
viande était légèrement plus ferme et plus goûteuse. Le tout
offrait un équilibre gustatif parfait et très original pour un palais
parisien.
Pascal, après avoir pleinement savouré ce met, poursuivit
son chemin et finit par arriver à la maison de son ami grâce au
plan que ce dernier lui avait fait parvenir par mail, avant qu’il ne
parte. Elle se trouvait dans un endroit reculé de la forêt. Ses murs
étaient en bois et le toit était recouvert de feuilles de palmier
séchées. Eric accueillit Pascal chaleureusement et lui offrit un
kava, sorte de tisane régionale issue d’une plante appelée kava
poussant au Vanuatu. Il lui expliqua que la petite fille avait été
vue sur l’île d’Espiritu Santo. Cette île se trouvait plus au nord.
C’était, avec ses 4 000 km2, la plus grande île de tout l’archipel.
Pascal prit rapidement congé et, une fois de retour à
l’hôtel, se hâta d’enregistrer son billet d’avion pour Luganville, la
plus grande ville de l’îlot, puis il alla au restaurant où ils avaient,
son ami et lui, décidé de se retrouver pour dîner.
Le lendemain matin, Pascal se réveilla puis se dirigea vers la
salle de bain. Il se doucha rapidement et se lava les dents avant
d’asperger du parfum sur son torse. En se regardant dans le
miroir, il repensa alors à son régime et alla se peser : le compteur
de la balance affichait déjà 12 kg de moins qu’à son départ. Il
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était très fier, son régime commençait à payer ! Du reste, il y
faisait très attention : la veille, au restaurant, il avait choisi un
plat peu copieux, il ne prenait plus d’encas à 16 heures et
privilégiait fortement les fruits au petit déjeuner plutôt que les
gaufres…
Pascal alla s’habiller et après une vérification complète de
la chambre, il courut prendre son avion pour l’île d’Espiritu Santo.
Le vol fut court, il arriva sur l’îlot à midi. A la sortie de
l’aéroport, il héla un taxi et lui demanda de l’emmener à son
hôtel. Ce dernier était moins joli que le premier. Néanmoins,
Pascal le trouva quand même à son goût : le sol était fait de bois
de Kohu, un arbre tropical et trapu, qu’on surnommait ici l’arbre
de fer, et était soigneusement poli. Quant aux murs de sa
chambre, ils étaient d’une couleur assez vive et reconstituait les
mosaïques qu’on pouvait voir sur les maisons locales qui étaient
peintes et décorées de feuilles de palmier séchées. Il défit
rapidement ses bagages et ressortit aussitôt de la chambre pour
diffuser partout des prospectus destinés à alerter les gens au
sujet de la disparition de la petite fille et demander aux passants
si par hasard ils ne l’avaient pas aperçue. Alors qu’il déposait des
prospectus dans un petit kiosque, un homme vint lui dire qu’un
membre de sa tribu lui avait confié avoir aperçu une petite fille
étrangère dans un aéroport, et que si Pascal le voulait, il pouvait
le conduire jusqu’à son ami. Pascal, ravi de tenir enfin une piste,
accepta tellement rapidement et brusquement que l’homme en
sursauta.
En chemin, Pascal demanda à l’homme de lui dire comment
il s’appelait. Ce dernier répondit gentiment mais avec un très fort
accent :
« Je m’appelle Jayz. Et vous ?
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- Je suis Pascal Houpe, détective privé. Je suis enchanté de faire
votre connaissance.
- Moi de même. »
Les deux hommes continuèrent à avancer. Jayz marchait
devant tandis que Pascal tentait maladroitement de suivre ses
pas. En effet, pour emmener Pascal jusqu’à sa tribu, Jayz lui fit
prendre des chemins étroits et dangereux. Ils passèrent sur des
ponts et des échelles de bambou, et par une grotte appelée
« Millennium Cave ». Cette grotte était touristique. Cependant,
elle n’en restait pas moins fabuleuse : elle était entourée d’eau,
les parois étaient constituées de gros rochers formant des
passages qui permettaient de passer au travers. Si l’on ne voulait
point se mouiller pour traverser la grotte, on pouvait également
utiliser les échelles prévues pour escalader les rochers. Ils durent
également traverser une forêt vierge : Pascal fut impressionné
par le paysage qui s’offrait à lui : tout était vert autour de lui, il y
avait également une multitude de plantes et de fleurs d’espèces
variées : des héliconias mais aussi des hibiscus et des fougères,
ainsi que des kaoris. A certains endroits, on pouvait même
observer des points d’eau naturels et l’eau était d’un bleu
tellement clair que l’on pouvait observer le fond sablonneux très
facilement. Pascal était ébloui par tant de beautés réunies en un
seul endroit. Il n’avait jamais vu un tel paysage. Il se mit à écouter
les bruits de la forêt et il entendit alors les cris des oiseaux, le
bruit des feuilles et des branchages qui craquaient sous ses pas ;
il entendit même au loin le bruit d’une petite cascade. Il réussit
aussi à observer quelques animaux, comme par exemple des
colombines du Pacifique, merveilleux oiseaux d’un brun violacé,
au bec d’un rouge éclatant et dont les ailes, de couleur vert irisé,
laissaient voir une petite tache blanche sur leur courbure ; deux
bandes blanches striaient aussi le bas du dos qui était noir
comme la queue. Pascal était complétement détendu, mais il
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restait concentré pour essayer de ne pas se prendre les pieds
dans tous les branchages qui leur barraient la route : car si Jayz
avait l’habitude de prendre ce chemin, Pascal, lui, n’était pas
convaincu qu’il réussirait à atteindre la tribu indemne. En effet,
après avoir traversé la forêt, ils durent aussi traverser une rivière.
Jayz faisait prendre tous ces chemins à Pascal, non seulement
pour lui faire découvrir les merveilleux paysages qu’offrait le
Vanuatu, mais également car la tribu vivait très loin de la ville, en
pleine nature.
Après trois heures de marche (et quelques chutes) sur le
sentier tortueux, Pascal et Jayz arrivèrent dans une petite
clairière où se trouvait la tribu de Jayz. Après de telles émotions,
Pascal éprouva le besoin de sortir sa pipe et se mit à fumer.
Pendant ce temps, Jayz appela rapidement son ami pour qu’il
puisse renseigner Pascal.
L’ami de Jayz se présenta :
« Bonjour, je m’appelle Yans. J’ai cru comprendre que vous
recherchiez une petite fille et je pense l’avoir aperçue.
- Oui, en effet, je suis Pascal Houpe, détective privé. Je suis à la
recherche d’une petite fille d’origine marocaine. Elle est brune
avec des yeux marron, elle mesure environ un mètre vingt et est
âgée de dix ans. Pouvez-vous me dire où et quand vous l’avez
vue, avec qui elle était et où ils se dirigeaient ?
- Euh, oui, c’était il y a deux jours, elle était avec un homme
barbu. Lorsque je les ai vus, c’était à l’aéroport, ils étaient sur le
point de prendre un avion pour l’île Pentecôte. Moi, je rentrais
chez moi. Je revois encore les détails du visage de la petite fille :
elle correspond exactement à celle que vous cherchez.
- Merci beaucoup, répondit Pascal, content de se rapprocher de
plus en plus de son but.
- Bien sûr, pas de problème.
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Une demi-heure plus tard, Pascal prit congé et remercia
Yans. Jayz le raccompagna jusqu’à son hôtel. Le détective le
remercia et lui dit de bien faire attention à lui. Ils se quittèrent et
Pascal retourna dans sa chambre. Il ne sentait plus ses jambes, il
avait marché pendant environ sept heures ! Il n’en pouvait plus,
mais il se réjouit d’avoir sûrement perdu quelques grammes. Il
décida alors de prendre un billet de bateau pour aller plus à l’est
le lendemain, sur l’île Pentecôte. Il se mit ensuite en pyjama,
éteignit les lumières et s’endormit comme un bébé.
A son réveil, il prit ses bagages, se rendit au port et monta
sur le bateau. Le trajet dura deux heures. Lorsqu’il arriva sur l’île,
il alla louer une petite cabane dans la forêt, qui faisait partie d’un
complexe hôtelier. Il s’y installa rapidement et, comme sur l’île
d’Espiritu Santo, il alla questionner les gens et distribuer des
prospectus. Il passa toute la journée à chercher des indices, mais
en vain : il n’en trouva pas. Pour se remonter le moral, il décida
d’aller au restaurant et de reprendre un de ces plats typiques
qu’il avait mangé au début de son séjour : un lap lap. Pascal avait
adoré ce plat. Puis il termina sa journée par une visite de l’îlot. Il
marcha dans des rues étroites et parfois larges, qui étaient pour
la plupart pavées ou goudronnées. Mais Pascal aimait aussi
passer par des passages plus étroits où le sol était sablonneux. Il
observa les petites cabanes qui se trouvaient le long de la plage
ou même celles, plus reculées, à la lisière de la forêt. Elles étaient
construites en bois typiques de cette région, comme le kaori ou
le kohu, sur des pilotis d’environ 70 centimètres. Le toit était
triangulaire et était fait en feuilles de palmier séchées. Les murs
représentaient des mosaïques colorées et captivantes, réalisées
grâce à des peintures et un tissage de feuilles de palmiers
séchées. Ces maisonnettes étaient, aux yeux de Pascal,
magnifiques.
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Alors qu’il marchait dans une petite clairière, il entendit des
cris. Il se demanda d’où ils pouvaient venir et ce qu’ils pouvaient
signifier. Il se mit à courir vers l’endroit d’où les cris arrivaient. Il
déboucha dans une clairière et fut stupéfait de la scène qui
s’offrait à lui. Des hommes sautaient dans le vide, avec des lianes
attachées aux pieds, à partir d’un socle fait de lianes accumulées
autour d’un arbre de 35 mètres de haut. Pascal demanda à l’un
des hommes ce que signifiaient ces sauts. Il lui répondit que ce
saut s’appelait le Naghol (le Saut du Gaul), et qu’il se faisait en
mémoire de Tamalie, victime de la ruse de sa femme, mais aussi
pour assurer une bonne récolte d’ignames l’année suivante. Il lui
expliqua que cette coutume était réservée aux hommes, mais
que le premier saut réalisé par une femme l’avait été par celle
de Tamalie qui, refusant de consommer le mariage, avait été
poursuivie par son mari. Pour lui échapper, elle était montée au
sommet d’un banian, arbre typique des forêts du Vanuatu, puis
s’était jetée dans le vide au moment où son mari allait l’attraper.
Tamalie l’avait suivie mais s’était tué dans sa chute, alors qu’elle,
s’étant attaché les deux pieds à des lianes, s’était relevée sans
mal.
Pascal profita de ce rassemblement de personnes pour
mener son enquête : il montra aux hommes la photo de la petite
fille et le portrait de l’homme, en leur demandant s’ils les avaient
aperçus. Les hommes répondirent qu’ils les avaient
effectivement vus, la veille, et qu’ils se dirigeaient vers une
agence de voyage. Ils ajoutèrent que la petite fille était apeurée,
en pleurs et que l’homme la forçait à le suivre. Pascal écouta
attentivement les hommes et leur demanda alors les
coordonnées de cette agence de voyage. Ils les lui donnèrent et
en signe d’amitié, lui proposèrent d’exécuter un saut. Un
homme lui indiqua un escalier qui menait à la plateforme.
Toutefois, Pascal déclina l’offre : il avait son enquête à mener et
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cela lui offrait un prétexte pour éviter le vertige qu’il aurait dû
subir en haut de l’arbre…
Pascal rentra ensuite à l’hôtel, se réjouissant d’avoir passé
une bonne journée. Cependant ce n’était pas le moment de se
laisser déconcentrer, même si son enquête avançait à grands pas.
Il détenait maintenant plusieurs informations qui facilitaient
beaucoup la recherche de la petite fille. De retour dans son
bungalow, il appela l’agence de voyage. Il demanda au directeur
s’il avait eu durant la journée la visite d’un homme et d’une
petite fille brune aux yeux marron d’environ dix ans et mesurant
à vue d’œil un mètre vingt. Bien évidemment le directeur refusa
de divulguer les informations. Pascal proposa donc de se
déplacer à l’agence pour prouver qu’il était détective grâce à son
insigne : il en demanda donc l’adresse et au bout d’une demiheure de trajet, il arriva sur place. Une fois que le directeur
l’agence comprit qu’il était détective, il voulut bien aider Pascal. Il
l’informa alors que l’homme était passé avec la petite fille à
l’agence le matin même ; il s’était présenté sous le nom de M.
Bordin (Pascal n’était qu’à moitié intéressé par cette information,
puisque le criminel changeait plusieurs fois d’identité par jour).
Le directeur lui donna également la destination de l’individu :
Madagascar. Pascal détenait là une information cruciale, il fallait
maintenant être certain que ce soit- disant M. Bordin était bien
parti pour Madagascar avec la petite fille à qui on avait donné un
nouveau nom: elle avait en effet été enregistrée sous le prénom
de Léa.
Pascal, de retour chez lui, utilisa son ordinateur et grâce à
l’un de ses logiciels, et aux informations qu’il avait récoltées, il
put consulter la liste des passagers pour les vols partis le jour
même du Vanuatu. Il découvrit alors qu’un avion pour
Madagascar avait décollé trois heures auparavant, avec à son
bord 180 passagers, dont l’un s’appelait M. Bordin, et que ce
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dernier était accompagné d’un enfant: Léa Bordin. Pascal en
conclut que la petite fille avait bien été emmenée à Madagascar.
Il appela donc immédiatement une chaîne de télévision ainsi
qu’une radio locales à Madagascar en leur demandant de faire
passer une nouvelle alerte kidnapping.
Pascal devait se dépêcher : le criminel avait encore réussi à
sortir du pays pour aller se réfugier ailleurs et lui filait toujours
entre les doigts ! Mais il n’allait pas abandonner de sitôt son
enquête et sa mission… Il enregistra donc très rapidement un vol
pour Madagascar et boucla une nouvelle fois ses bagages …
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IV
Après un long voyage qui dura huit heures, Pascal Houpe
arriva enfin à Madagascar, déterminé à en finir avec le
malfaiteur. D’après ses informateurs, il s’était caché dans une
petite hutte qui appartenait à une famille malgache. Mais on
n’avait point d’informations sur ce qui était arrivé à cette famille.
Il était sûr, cependant, que cette fois- là, il parviendrait à
attraper le kidnappeur. Il sortit de l’hôtel où il était descendu et
se mit à marcher sur la plage. La mer était bleue et le sable,
jaune, et toute cette beauté lui faisait penser aux hamburgers…
D’ailleurs il avait faim et il lui fallait quelque chose à se mettre
sous la dent. Au loin, il aperçut un grand village, et il se dit qu’il
pourrait peut- être y trouver quelque chose à déguster.
Arrivé au village, Pascal commença à demander aux gens s’ils
connaissaient un endroit où il pourrait manger à sa faim. Mais il
n’y avait pas un seul restaurant aux alentours et il mourait de
faim. Soudain, il sentit pourtant une odeur apaisante. Elle venait
d’une grande et belle maison en bois avec des fenêtres propres
et un petit jardin. Pascal frappa à la porte pendant plusieurs
minutes. Ce ne fut que quinze minutes plus tard qu’un vieil
homme sortit et le regarda d’un air étrange. Pascal lui dit en
anglais qu’il avait faim mais l’autre ne répondit point. Il lui fit un
signe, rentra chez lui et revint deux minutes plus tard avec un
plat de voanjobory sy henakisoa, un plat typiquement malgache
préparé avec des petits pois et de la viande de porc. Pascal
dégusta le plat et remercia l’homme avant de continuer son
investigation.
Soudain il entendit une voix. Une voix qui lui était très
familière. Il se retourna et vit le criminel qu’il recherchait, Nyls ! Il
le suivit discrètement jusqu’ à ce que le kidnappeur arrive devant
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une petite cabane. Pascal se glissa à sa suite dans la cabane sans
faire un seul bruit et sans se faire repérer et sortit son arme.
Nyls ne l’avait pas vu et ne soupçonnait pas sa présence.
Pascal se trouvait juste derrière lui. Au moment où il se retourna,
Pascal lui cria : « Les Mains en L’air ! ». L’homme avait les traits
tirés, il semblait fatigué. Il déclara calmement : « Peux- tu garder
un secret ? ». Pascal Houpe hésita pendant une demi-seconde et
accepta. Nyls lui raconta alors toute la vérité. C’était en fait un
homme simple qui ne voulait faire de mal à personne mais qu’un
groupe d’hommes avait obligé à enlever la fillette. Le chef du
groupe appelé « Rangers » lui avait dit que, s’il ne kidnappait pas
la petite fille, il mourrait avec toute sa famille. Lassé de fuir au
bout du monde avec un détective à ses trousses, il remit la petite
fille à Pascal Houpe et partit sans rien dire. Le détective ne
chercha pas à l’en empêcher. Il avait finalement accompli sa
mission !
Il rentra chez lui en France et remit la petite fille à sa mère.
Les retrouvailles furent émouvantes et notre détective ne put
retenir une larme.
Deux jours plus tard, Pascal Houpe remarqua qu’il se sentait
beaucoup plus souple et agile. Il monta sur sa balance et vit qu’il
avait en effet perdu quinze kilos ! Heureux, il sortit de chez lui
pour aller acheter le journal. Un titre faisait la une : il était
question d’un règlement de comptes sanglant à Madagascar et,
en regardant la photo de la victime, Pascal reconnut Nyls, le
kidnappeur : il avait été assassiné par un groupe de six hommes.
Pascal comprit tout de suite que c’était les « Rangers » qui
avaient fait le coup.
Il sut alors quelle serait sa prochaine mission : retrouver le
meurtrier de Nyls et arrêter les « Rangers ».
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