DIACONIA 2013- FORUM N° 5 : « LES GENS DU VOYAGE »

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DIACONIA 2013- FORUM N° 5 : « LES GENS DU VOYAGE »
DIACONIA 2013- FORUM N° 5 : « LES GENS DU VOYAGE »
Notre participation qui a pris du temps pour se mettre en place a été le signe d’une belle coopération
dans nos diocèses. Toutes les inscriptions sont passées par le D 4. Cela a créé des liens et une
meilleure connaissance entre Voyageurs et gadjé. En tout une centaines de voyageurs ont participé à
la rencontre nationale.
Le Forum Gens du Voyage a rassemblé entre 250 et 300 personnes.
1. LANCEMENT DU FORUM :
La sensibilisation s’est fait à partir du DVD « Parole de Dieu, Paroles de vie »- inviter les pauvres,
Aumônerie des Gens du Voyage du Diocèse de Tulle(19).
Puis douze personnes ont témoigné de situations relevées dans le livre blanc des merveilles et
fragilités.
A. Les voyageurs dans la société :
- Fragilités :
1. Nous, les Gens du voyage, nous nous sentons encore rejetés par bon nombre de nos
concitoyens. Dans la mentalité populaire, nous sommes tous voleurs, menteurs, fainéants. A cause de
la discrimination nous peinons à trouver un logement ou un emploi. Nous souffrons quand un
membre de notre communauté commet un délit ou sombre dans l’alcoolisme.
Les Gens du Voyage racontent : Sur certains terrains en plus des conditions indignes, il y a la misère
morale .A force d’exclusion, les Voyageurs n’ont plus d’avenir ni d’espérance. Souvent personne ne
nous tend la main, personne ne nous écoute.
2. Communiqué de presse du 9 janvier 2008 de la HALDE.
Les Gens du Voyage sont victimes de discrimination en raison de leur origine dans de nombreux
domaines de la vie quotidienne. Elles sont le résultat de textes en vigueur et de comportements
individuels.
Les difficultés rencontrées par le Voyageurs pour stationner dans des conditions satisfaisantes
constituent des handicaps importants pour exercer leurs activités. A cela il faut ajouter les
discriminations à l’embauche dont sont victimes les Gens du Voyage et l’absence de diplôme qui
contribue à les exclure du marché du travail.
3 .L’accès aux soins : Les indicateurs de santé sont plus défavorables pour les Gens du Voyage
que pour l’ensemble de la population. Ainsi leur espérance de vie est inférieure de 15 ans à la
moyenne nationale.
La scolarisation des enfants : l’itinérance est certes un obstacle à la scolarisation des enfants, mais il
ne faut pas oublier que des refus d’inscription dans des écoles sont parfois opposés aux Gens du
Voyage par les maires dans le but d’éviter de pérenniser leur installation sur le territoire communal ou
comme moyen de répression en cas de stationnement illicite.
L’accès aux besoins fondamentaux : eau, électricité, enlèvement des ordures ménagères…
« Je voudrais avoir le courant sur mon terrain, mais manque d’argent, je ne peux pas. Je n’ai pas de
travail alors je ne peux pas payer. Le maire ne veut pas nous aider. »
« Le maire de notre commune nous fait dégager d’un terrain sur lequel nous étions depuis au moins
deux ans ».
Qui Serait prêt à subir de telles injustices et atteintes à la dignité sans réagir ?
Merveilles :
1. Avec l’Association des Gens du Voyage Catholique, nous participons à des actions qui servent
La fraternité :
Exemple : Lorsqu’un jour nous avons ramassé 300 signatures contre le projet de nous imposer une
taxe d’habitation sur les caravanes, sans qu’on ait notre mot à dire sur la surface et le tarif de
cette taxe et sur le droit de reconnaître notre caravane comme un habitat avec les droits qui y
sont rattachés, comme les allocations logement ou la défense contre les sociétés de crédit qui
s’enrichissent avec nos remboursements à un taux très élevé…
Exemple : Lorsque nous demandons le droit d’être citoyens comme tout le monde pour avoir le
droit de voter dans les communes , ou pour se marier légitime dans une mairie sans être obligés
de passer au contrôle du fichier tous les trois mois dans le commissariats ou les gendarmeries
pour faire tamponner nos carnets de circulation.
2. Un coup de cœur pour cette réunion, en Préfecture à laquelle une dizaine de Voyageurs ont
accepté de participer à deux reprises pour débattre de leurs difficultés et de leurs attentes
concernant leurs conditions de vie encore mal connues par les responsables et les élus.
3. Chez nous la famille est un trésor. On aime pouvoir se rencontrer ensemble, tel que l’on est les
uns les autres. Savoir aimer est une merveille, rencontrer des gens de l’extérieur qui ne sont pas
notre communauté. C’est merveilleux de vivre avec les autres.
Dans notre communauté, les personnes âgées savent qu’elles ont leur place, qu’on les aime et
qu’on ‘en occupe naturellement. On ne va pas les mettre dans des maisons, on les garde avec
nous.
Les Gens du voyage sont heureux de voir que les relations avec les Gadgé s’améliorent,
avec les chrétiens.
QUESTION :
Dans notre société, que sommes-nous prêts à faire pour améliorer le « vivre ensemble ? »
B. Les Voyageurs dans l’Eglise.
- Fragilités :
1. Dans notre Aumônerie, c’est souvent difficile de former une équipe avec des voyageurs, nous
avons du mal à les accompagner pour qu’ils participent aux Eucharisties du dimanche en dehors
des pèlerinages.
Il est difficile pour nous d’avoir un suivi pour la catéchèse ou la préparation aux sacrements.
Nous voudrions bien nous rendre dans les pèlerinages organisés pour nous mais les distances et le
coût des carburants nous obligent à limiter nos déplacements. Nous le regrettons !
2. Dans notre communauté, les Evangéliques nous font beaucoup souffrir parce qu’ils
détournent nos enfants de notre religion qui nous vient de nos parents.
Il nous arrive de manquer de courage pour motiver les gens à venir aux veillées de prières, ainsi
qu’à l’aumônerie des Gens du voyage quand ça ne porte pas de fruits.
L’évangélisation des Voyageurs est encore à bâtir. Il y a beaucoup de combats car nous sommes
de différentes confessions chrétiennes. La communion est coupée.
Beaucoup de parents souffrent du départ de leurs enfants chez les Pentecôtistes, Antonio dit :
« ça me fait mal mais je leur montre mon amour, je leur laisse la porte ouverte. »
3. Il y a dix ans que je suis membre de l’équipe d’aumônerie des gens du Voyage, mais je
voudrais qu’on soit plus reconnus par les gens et qu’il y ait moins de discrimination envers nous,
car nous sommes tous pareils, nous aimons tous le même Dieu… et Lui nous aime tous de la
même façon ! Nous sommes engagés dans l’aumônerie des gens du Voyage et certains ont des
lettres de mission données par leur Evêque. Nous constatons un manque de confiance de la part
des Gadgé. En prenant nos engagements, on doit parfois faire face à la jalousie, à la violence
envers nous, à la méchanceté de la part de ceux qui n’ont pas compris que nous ne sommes pas là
pour faire mieux qu’eux ou se croire au dessus d’eux.
- Merveilles :
1. Grâce à un couple de Voyageurs engagé dans l’aumônerie qui a accepté de suivre une
Formation diocésaine avec d’autres acteurs de la pastorale, nous sommes tous entrés dans un
renouvellement de l’image que chacun véhicule sur l’autre. Cette formation nous a permis une
ouverture à un autre monde.
Nous sommes heureux de voir de plus en plus de voyageurs prendre des initiatives et des
responsabilités dans l’Eglise pour l’évangélisation de leurs frères.
« Le jour de ma confirmation, Le Père Evêque m’a confié un ministère, celui d’être parmi les
miens « missionnaire de l’Evangile ». Ce qui a profondément changé ma vie, mon regard sur les
autres, ma manière de vivre. »
2. La statue de Notre Dame des Gitans : Partout où elle est passée a suscité des rencontres de
prière, soit dans les familles, soit dans les églises, ce qui a permis de sensibiliser les paroissiens au
milieu gitan et aux Gitans et Voyageurs de mieux s’informer de cette statue et des désirs de se
mettre en route.
3. C’est beau les célébrations et tout ce que nous vivons dans les pèlerinages. Qu’ils soient
nationaux, provinciaux ou diocésains, ils font vraiment partie de notre vie de foi de Voyageurs. A
Lourdes et aux saintes, nous sommes des milliers à partager la même foi. « Aux Saintes maries je
suis émerveillé, lors des veillées de prière, par toute la ferveur. »- « A Lisieux, le grand-père que je
suis est heureux de voir que les jeunes parents présentent leur enfant pour le faire baptiser. »- « A
Lourdes lorsqu’on prie à la Grotte pour les malades, je suis très ému. »
En vue de la nouvelle évangélisation souhaitée, de la réconciliation et de la communion entre les
Tsiganes et les Gadgé, il faut, de manière adéquate, mettre en valeur la « diversité tsigane » en
reconnaissant son existence de plein droit, sans toutefois couper les ponts permettant de
rencontrer la culture des Gadgé. Le juste et sain équilibre de cette mise en valeur se révèle en
effet indispensable pour la construction correcte du rapport entre évangélisation et promotion
humaine. (Orientation pour une pastorale tsigane. Rome avril 2006)
QUESTION :
Comment dans nos communautés, nos paroisses, nos diocèses pouvons-nous tenir compte des
modes de vie des Voyageurs et de leur culture pour annoncer l’Evangile et faire Eglise
ensemble ?
2. ECHANGES-DEBATS :
Suite aux douze prises de paroles sur les fragilités et les merveilles repérées dans la vie des
Voyageurs des échanges ont eut lieu par groupe de 6. Dans chaque groupe il y avait un Voyageur.
A. En ce qui concerne la société :
Dans notre société que sommes-nous prêts à faire pour améliorer le « vivre ensemble » ?
. Se faire confiance entre Gadgé et Gens du voyage.
. Briser les chaînes de la suspicion, changer de regard.
. Pour que les enfants aient une éducation scolaire la sédentarisation semble inévitable (avec
le risque de perdre l’identité des gens du voyage mais gagner une meilleure intégration dans
la société)
. Avoir un échange pour se connaître dans un lieu neutre.
. Poursuivre les efforts d’intégration par les soins, les terrains, l’accès à l’école.
Mettre de côté les préjugés et aller à la rencontre les uns des autres.
Les Voyageurs devraient créer des rencontres avec de la musique dans des salles pour se faire
connaître du monde des Gadgé et célébrer l’Eucharistie ensemble.
Vivre ensemble plutôt « Avec » que « Pour ».
Améliorer le vivre ensemble par l’écoute à travers la rencontre, la prière, les formations
communes dans la confiance et riches de nos différences.
Nous demandons un carnet de circulation pour les 65 millions de résidents en France !
Développons les associations qui oeuvrent avec et pour les Gens du Voyage…
(Stationnement, scolarisation…)
Pour mieux vivre ensemble, ne cherchons pas tous à être pareils, mais enrichissons-nous de
nos différences dans le respect de nos libertés et de nos cultures.
Suppression du livret de circulation imposé aux voyageurs :Gadgé et Voyageurs, tous égaux,
les mêmes droits pour tous car nous sommes les enfants d’un même Père.
Améliorer les moyens existants pour une meilleure scolarisation des enfants du Voyage.
Changer la Loi d’accord… mais d’abord changer le regard !
Que l’Etat mette en place un accès à la scolarisation pour TOUS les enfants qui sont l’avenir
de notre société.
Que la mise en place et l’aménagement des aires d’accueil soient pensés ensemble.
Créer plus de lieux d’accueil aménagés…plus de camions écoles pour l’instruction des enfants
du Voyage qui bougent beaucoup !
Plus d’ouvertures au dialogue : Pouvoir participer aux réunions communales,
départementales, régionales…
N’ayons pas peur de la rencontre pour qu’on puisse vivre ensemble, en bonne intelligence
sans peur et sans préjugés les uns contre les autres… Partager un repas pour mieux se
connaître.
Nous souhaitons garder nos richesses et nos traditions et apprendre à vivre ensemble en
préservant nos différences, en créant des antennes de l’association ANGVC… et en utilisant
les médias.
Que font les autorités pour les Gens du voyage ?
B. En ce qui concerne l’Eglise :
Nous pouvons tenir compte du mode de vie des Voyageurs et de leur culture pour annoncer
l’Evangile et le « Vivre ensemble »
Créer des lieux de rencontre : des temps de veillée où les Gens du Voyage invitent les Gadgé
pour créer des liens. Les gens du Voyage demandent des relations avec les sédentaires. Il faut
que des relations existent dans les deux sens.
Les pèlerinages sont des temps forts.
Les Voyageurs ne souhaitent pas avoir une étiquette lorsqu’ils sont dans une église : Ils sont
enfants de Dieu. Un enfant baptisé en Eglise est un enfant de Dieu et pas seulement enfant de
Voyageurs.
Que les Gens du Voyage participent plus à l’animation des messes, avec des chants et des
guitares pour rendre la messe plus belle et moins ennuyeuse. Une intention des Gens du
Voyage dans nos paroisses de temps en temps.
Ecoutons les Voyageurs qui ouvrent leurs portes et ont bon cœur…Se rencontrer en équipe.
Se rencontrer pour vivre l’Evangile ensemble…créer des liens, témoigner les uns chez les
autres.
Apprendre à se connaître pour changer de regard : une messe télévisée orientée Gens du
Voyage.
Un dimanche dans l’année pour les Gens du Voyage.
Se rencontrer, se connaître, partager, construire l’Eglise avec les richesses de chacun. Alors
nous pourrons dire « NOUS »
N’ayons pas peur d’être ensemble Gens du Voyage et Gadgé.
Une petite graine a germé en nous…On va démarrer quelque chose dans notre ville avec les
Voyageurs.
3. LES PROPOSITIONS DES 6X6 :
A. Par rapport à la société : Dans notre société que sommes-nous prêts à faire pour améliorer
le « Vivre ensemble » ?
Trouver les moyens de respecter les Gens du Voyage :
- Terrains corrects avec sanitaires, eau, électricité.
- Avoir un regard bienveillant, ne pas les ignorer.
- Pas de méfiance exagérée.
Pour se connaître, organiser des rencontres (soirées conviviales)
Pour que les terrains d’accueil respectent les désirs et besoins des Gens du Voyage : Un carré
d’herbe qui puisse accueillir plusieurs caravanes, pas trop loin des villes… Ne pas imposer des lieux
précis prédéfinis par les communes mais tenir compte de l’avis des Voyageurs.
Que des rencontres entre Gens du voyage et les habitants d’une commune soient organisées pour
permettre un début de connaissance mutuelle et donc de respect.
Mettre tout le monde sur un même pied d’égalité.
Ensemble faire partie des mêmes associations qui aident les voyageurs.
La politique de la ville est importante pour un vivre ensemble positif.
Ne pas montrer du doigt les Gitans, les Gens du voyage (dans les articles de presse, à la TV)
Sur les terrains d’accueil, ne pas séparer les familles… Favoriser sur les communes les terrains
familiaux.
B. Par rapport à l’Eglise : Comment dans nos communautés, nos diocèses, pouvons-nous tenir
compte des modes de vie des Voyageurs et de leur culture pour annoncer l’Evangile et faire
Eglise ensemble ?
Prier ensemble…créer des liturgies communes où chacun prend sa part d’animation avec ses
possibilités ( Epiphanie, Pâques…)
S’apprivoiser= apprendre la manière dont chacun prie.
Reconnaissance de la mission donnée par l’Eglise.
Nous aimer les uns, les autres, mieux se connaître… Accepter de se laisser convertir.
Créer des liens, ouvrir notre cœur ( trop de différences et pourtant des richesses à partager). Pour
nous les Voyageurs, il serait bien que les Gadgé viennent dans les messes des Gens du Voyage et
dans leurs pèlerinages.
Nous demandons que les Gadgé ne décident pas pour nous dans l’Eglise (ne nous coupez pas les
ailes)…Laissez nous notre liberté !
C’est la peur et la méconnaissance qui divise les communautés. Cette peur peut être combattue
par le courage d’organiser des célébrations communautaires, par exemple Gitans et Gadgé,
acteurs de la même célébration.
4. PROPOSITIONS FAITES A DIACONIA ET A LA CEF :
1. Renforcer la parole de l’Eglise de France sur le respect des droits fondamentaux de
l’homme, particulièrement en ce qui concerne les Gitans et Gens du voyage :
Proposition :
- Mobiliser les Evêques, les Conseils de la solidarité, les Diaconies pour que cette parole de
l’Eglise soit répercutée localement,
Pour :
- que cette parole de l’Eglise soit répercutée localement et encouragée.
- que les communautés chrétiennes soient sensibilisées aux situations réelles des Gitans et
des Gens du Voyage et encouragées à agir avec eux.
2. Comme il existe dans la vie de l’Eglise des journées nationales dédiées à la cause des
personnes vivant des situations de précarité,
- Nous demandons à la Conférence des Evêques de France, l’instauration d’un dimanche
annuel consacré à la Pastorale des Gitans et des Gens du Voyage.
Proposition :
- Partager un temps de rencontre, de connaissance mutuelle, de fête et de célébration de
notre foi sous la forme d’un dimanche autrement.
Notes de synthèse réalisée par Daniel ELZIERE, aumônier national des Gens du Voyage, Odette et
Jean Yves GOBERT, Jonathan VISSE.

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