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Médecins de Montagne
Publications
Titre : « Prévention des accidents du poignet chez le snowboarder »
Auteur(s) : Dr Marc-Hervé BINET
Date : 1997
Cadre : NC
L’augmentation de la pratique du surf dans le monde est régulière.
En France en 1997 plus de 15 % des pratiquants de sport d’hiver sont des snowboarders.
Cette croissance du pourcentage de pratiquants est régulière depuis le début de la décennie.
Dans certaines stations, ce pourcentage atteint déjà plus de 25 %. Les prévisions à terme sont de
plus de 40 % des hivernants en snowboard.
Matériel et méthode
Le réseau de surveillance du risque à ski de " Médecins de Montagne " est constitué de 70
médecins répartis dans 52 stations de sports d’hiver. Ce réseau analyse chaque saison plus de
30.000 accidents de sports d’hiver. Une population témoin est décomptée chaque année afin
d’avoir un élément de comparaison avec les blessés.
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Résultats
En 1997, 17,9% des blessés étaient des surfeurs alors que chez les témoins, seuls 15% étaient des
surfeurs. Il existe donc un sur-risque en snowboard. Ceci est du à la proportion très importante de
débutants. Comme à ski, c’est la population ayant moins de 7 jours de pratique qui est la plus
sujette aux accidents.
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Les lésions
Dans la répartition des lésions, le membre supérieur domine en surf. Au sein de cette localisation,
près de la moitié des lésions sont situées au niveau du poignet (48,6%), loin devant l’épaule (21%)
et le coude (7%).
Les lésions qui dominent sont les fractures du poignet.
Chez l’enfant et l’adolescent on rencontre plutôt des fractures isolées du radius, en bois vert ou des
décollement épiphysaires. Dans les chutes à haute énergie ces fractures sont à grand déplacement.
Elles posent peu de problèmes de réduction si on intervient tôt. La stabilité de ces fractures après
réduction est excellente et le traitement orthopédique est la règle.
Chez l’adulte il s’agit plus souvent soit fractures des deux os de type transversal ou Pouteau. On
rencontre aussi des entorses du poignet et des fractures du scaphoïde. Souvent la fracture de la
styloïde radiale est minime, et il faut multiplier les incidences pour trouver un trait si le point
douloureux à la clinique correspond à un siège osseux.
Si l’on compare les populations blessés et témoins en fonction de différents facteurs, seuls le
niveau de pratique et l’âge interviennent :
Les débutants sont près de trois fois plus victimes d’un traumatisme situé au niveau du
poignet que les surfeurs confirmés. Ceux-ci présentent des fractures d’un niveau de gravité
plus important (déplacements et niveau articulaire) que les débutants. Les surfeurs les plus
jeunes sont les plus touchés, la fracture du poignet représente plus de 50% des
traumatismes dans la catégorie d’âge 10/15 ans.
Fig.1 : Lésion d’arrachement .
Fig 3 Fracture du scaphoide
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Fig.2 : Fracture déplacée des deux os.
Fig 4 Décollement épiphysaire
Mécanisme
Les mécanismes des chutes provoquant ces traumatismes du poignet montrent que chez
le débutant, c’est la réception sur la paume de la main à la suite de déséquilibre qui
provoque la lésion. Le déséquilibre peut se produire soit vers l’avant, vers l’arrière ou sur
le côté. Dans tous les cas de figure le débutant tente d’amortir sa chute au dernier
moment en ayant le réflexe d’ouvrir la main.
Le snowboarder confirmé se fracture le poignet dans un mécanisme différent. Il récupère
un déséquilibre sur le côté par un appui intempestif sur le talon de la main en réalisant
un appui glissé. Soit il s’agit d’une chute plus complexe avec réception sur l’avant-bras.
§ Prévention
Devant un risque aussi répandu, des mesures de prévention s’imposent. Prévention
active par un enseignement de qualité apprenant au surfeur à amortir sa chute
autrement que sur le talon de la main. Prévention passive par l’usage de protections
adaptées à ce sport.
Les protections actuelles sont inefficaces et peut-être dangereuses, aucune d’entre elles
n’a été spécifiquement conçues pour le snowboard. Les surfeurs utilisent soit des
modèles développés pour l’usage du roller (patins en ligne), soit portent des gants avec
un renfort plastique ou métallique inadapté. Ces renforts situés soit sur la partie dorsale,
soit sur la partie palmaire du poignet offrent une protection illusoire. Ils peuvent même
être dangereux si leur extrémité est mal située au plan anatomique.
Un nouveau concept qui associe l’amortissement lors des chutes et l’appui glissé a été
mis au point. Cet accessoire fabriqué en thermoplastique moulé comprend une surface
de glisse en forme de patin et une poignée avec une dragonne. Cette poignée est reliée
au patin de manière à comporter un amortissement. La dragonne permet au
snowboarder d’être libre de ses mains pour la prise des remontées mécaniques, elle sera
munie d’un dispositif de déclenchement par traction.
Ce matériel devrait à la fois renforcer la sécurité mais aussi faciliter l’apprentissage.
En effet il permet une prise d’appui progressive sur la neige. Les premiers essais
entrepris sur le terrain ont permis d’obtenir des prototypes remplissant parfaitement ce
rôle. L’usage de gants spécifiques pour le snowboard pourrait être rendu inutile puisque
l’appui éventuel lors des virages se fait sur l’appareil.
Fig 5 . Représentation du prototype
Fig 6. Appui amorti sur la neige
Il reste à vérifier statistiquement le renforcement de la sécurité du poignet.
Si l’usage de ce matériel se répand, c’est tout l’apprentissage mais aussi la pratique des
nouvelles glisses ( snowboard, ski carving ) qui sera révolutionné. Cet appareil pourrait
être utilisé pour tous les nouveaux sports de glisse ou l’usage du bâton a été abandonné.
Il restera à convaincre les snowboarders confirmés de l’intérêt de cet accessoire. Ce sera
plus facile d’habituer de nouveaux pratiquants à cet usage que de modifier les habitudes
acquises des adeptes de cette discipline.

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