les clochers a paris

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les clochers a paris
LES CLOCHERS A PARIS > balades du patrimoine
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il ne reste que celui-ci. Disparus SainteOpportune, les Saints-Innocents, le Saint Sépulcre, l’abbaye Saint-Magloire, les chapelles de l’hôpital Saint-Jacques, des Enfants
Bleus, des Filles-Dieu, la chapelle Saint-Joseph,
Saint-Sauveur. Encore l’église Saint-Leu
Saint-Gilles a-t-elle subi de très importantes
modifications qui la rendent presque méconnaissable. Pour en rester à sa façade,
notons qu’elle ne comportait qu’une seule
tour, d’abord au nord, puis au sud à partir de
1727. La deuxième a été élevée en 1849,
satisfaisant ainsi à l’exigence de la symétrie
chère au cœur des architectes de ce temps.
C’était en réalité ignorer la situation urbaine
de l’édifice, qui ne permet d’appréhender son
élévation que de côté, ce qui rend tout à fait
hors de propos une telle composition, par ailleurs très inspirée de celle de la Madeleine de
Nonancourt (Eure). Pourtant, nous pouvons
avoir ainsi une idée de ces églises fondues
dans le paysage, qui se démarquaient peu
des autres constructions de la rue, ni par leur
échelle, ni par leur décor.
25, rue de la Lune
Bonne Nouvelle
U N N O U V E A U R E G A R D S U R L E PAT R I M O I N E PA R I S I E N
Le clocher de l’église de Bonne Nouvelle est
le seul vestige architectural de l’ancien édifice
commencé en 1624. En effet, l’état de vétusté
de ce bâtiment était tel dès 1793 qu’il fallut
se résoudre à le démolir. Cependant, les paroissiens obtinrent que la tour fût conservée et
intégrée au projet de l’architecte Godde.
L’administration de la Restauration ne vit
aucun inconvénient à ce que ce témoignage
de l’Ancien Régime fût préservé, et leur donna
satisfaction.
Le quartier de la Villeneuve aux gravois, paroisse
de Bonne Nouvelle, est bâti sur une butte
artificielle, arasée vers 1623, selon un plan en
damier à la manière des villes nouvelles d’alors,
sur une trame serrée desservie par des rues
étroites. Aussi le clocher est-il peu visible
dans sa totalité, ce qui accentue son élévation
en attirant le regard vers le ciel. En revanche,
son impact sur l’espace urbain est limité : tout
au plus, sa verticale marque faiblement l’intersection de deux rues, sans les hiérarchiser.
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DU SIGNE À L’OBJET URBAIN
Les balades du patrimoine
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>>> Les clochers étaient si nombreux autrefois que bien des villes se
disputaient le titre de « ville aux cent clochers ». Les sonneries
ou les carillons rythmaient la vie spirituelle et civile tandis que les tours,
supportant les beffrois de charpente où étaient logées les cloches,
constituaient un élément familier du décor des villes. Héritée
de la tradition médiévale, la situation même des églises et des chapelles,
enserrées dans le tissu urbain, ne permettait guère de les contempler
qu’en raccourci : ce n’est qu’à partir du « grand siècle » que,
s’inspirant des modèles italiens, on commence en France à bâtir des
places dégageant les édifices. Vers 1780, le plan dit « des artistes »
proposait une réorganisation de Paris en développant de grandes
compositions autour des monuments. Saint-Sulpice, bien qu’inachevée, reste un jalon marquant de cette évolution à Paris. Plus radical,
le 19e siècle, mu dans ses premières années par la dynamique révolutionnaire, affichera par la suite de grandes ambitions urbanistiques
et démolira largement les vieux quartiers pour mettre en valeur
les édifices publics. Après le Concordat, la normalisation des relations
avec le Vatican permettra la relance des constructions dédiées
au culte, conçues cette fois selon les canons de l’urbanisme classique :
l’église devient alors une composante majeure de la structure
de la ville, et sa tour un élément notoire de la composition des espaces
urbains. Peu à peu, cette dimension l’emporte sur la valeur
symbolique primitive du clocher. Les architectes de la fin du 20e siècle
reposeront la question du sens des formes, en y apportant de
nouvelles réponses.
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92, rue Saint-Denis
Saint-Leu Saint-Gilles
Des nombreux clochers qui ponctuaient
régulièrement autrefois cette voie royale,
Square de la Tour Saint-Jacques
Tour Saint Jacques
Le clocher qui subsiste aujourd’hui est le seul
vestige de l’église Saint Jacques de la
Boucherie, fondée au 12e siècle, curieusement
rebâtie en style gothique flamboyant de 1508
à 1522, au cœur de la Renaissance, par Jehan
de Felin. On peut d’ailleurs avoir une bonne
idée de l’ensemble en observant Saint-Aspais
de Melun, construite par le même architecte
au même moment, et qui présente les mêmes
lieu où la justice était rendue publique. Ainsi
les condamnés y faisaient amende honorable, et le Grand Maître de l’ordre des
Templiers y entendit sa sentence. Le projet
urbanistique du Second Empire a gommé
toutes traces de ces usages, et transformé
en un grand forum cet espace, Notre-Dame
n’en devenant qu’une des façades. Les deux
tours, qui apparaissent d’une formidable
puissance et d’une hauteur sans limite sur
les vues anciennes, se réduisent désormais
à leur superbe aspect sculptural.
traits de style. Mais à Paris les donateurs
sont généreux - notamment la corporation
des bouchers - et les tailleurs de pierre y
sculptent une ornementation particulièment
riche. Seule la base de la tour, prise dans la
maçonnerie des bas-côtés et des maisons
voisines, reste brute de taille. La démolition
de l’église, en 1797, fait place en 1824 à un
marché couvert. En 1853-1855, à l’occasion de l’ouverture dans cette zone de la rue
de Rivoli, Ballu restaure lourdement la tour
et le square actuel est créé, marquant l’intersection avec le boulevard de Sébastopol.
Les maisons accolées à l’édifice sont démolies. Ainsi, l’ancien clocher est devenu un
élément de décor urbain, préservé grâce aux
noms qui lui sont attachés à plus ou moins
juste titre (Nicolas Flamel), par l’usage
scientifique qui en a été fait (Pascal et l’expérience du baromètre, Arago), et par son
élévation remarquable (58m).
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6, place du Parvis de Notre-Dame
Notre-Dame de Paris
De l’histoire de la cathédrale, complexe mais
bien connue, nous ne retiendrons que les
aménagements successifs du parvis. La
différence de niveaux et les marques au sol
de la place nous permettent de visualiser
l’emplacement des rues et des bâtiments
jusqu’aux interventions radicales du préfet
Haussmann, vers 1860. Le parvis médiéval
était six fois plus petit qu’aujourd’hui, celui
du 18e siècle quatre fois. Cette place, à l’origine ceinte d’un mur, avait de nombreuses
fonctions liées au culte, mais était aussi le
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L’ouverture en 1804 de la rue de la Cour des
religieux, actuelle rue Bonaparte, acheva de
transformer cette puissante abbatiale en
église paroissiale de quartier, ce qu’elle est
restée.
1, place Saint-Germain-des-Prés
Abbaye Saint-Germain-des-Prés
Le clocher-porche de l’abbaye, bâti vers
l’an mil, est probablement l’une des plus
anciennes constructions de Paris. Sa lecture
en est aujourd’hui particulièrement troublée
par les fenestrages géométriques apposés
par Baltard, qui obturent les baies des deux
premiers étages. La disparition des deux tours
de transept en a aussi beaucoup réduit la
monumentalité. Mais c’est encore plus sa
nouvelle disposition dans la ville qui doit ici
nous intéresser.
En effet, l’accès à l’abbaye se faisait autrefois
de trois façons : soit par la Porterie, située rue
de l’Abbaye, soit par la porte Furstemberg,
soit par un vaste parvis sur lequel se dressait
latéralement l’abbatiale. Le porche donnait
accès à la nef, de laquelle on pouvait assister
aux cérémonies. Le démantèlement de
la cité monastique - l’une des plus vastes
au monde - à partir de 1792 entraîne la
recomposition de tout le quartier.
Chapelle de l’hôpital Laënnec
L’hôpital avait été installé hors de Paris, pour
accueillir les malades incurables dans un lieu
paisible et isolé. L’hospice construit par l’architecte Gamard entre 1633 et 1640, est conçu
selon un plan quadrillé dont la chapelle est
l’élément organisateur, tandis que le clocher
occupe précisément le centre de la composition. Destiné au seul usage des malades et
à l’appel à l’office, celui-ci n’apparaît que
faiblement de l’extérieur, seulement signalé
par sa flèche de charpente. Le mur de clôture
contribue à son caractère inaccessible.
2, rue Palatine
Saint-Sulpice
Il faut attendre 1732 pour que l’église Saint
Sulpice se voie dotée d’un massif antérieur,
alors que les travaux avaient débuté en 1646.
Mais le concours remporté par l’architecte
Servandoni traduit, à la différence de tant
d’autres édifices, la volonté de penser l’urbanisme autrement. Ce n’est pas un hasard si
le choix se porte sur un artiste italien spécialisé dans le décor de théâtre : toute la
rhétorique de la mise en scène est réunie ici.
La place prévue comme un plateau d’opéra
par Servandoni ne sera pourtant pas réalisée,
le chantier s’éternisant au point que le goût
avait eu le temps de changer. Ici, point de
clocher affûté, mais deux tours massives cantonnant une colonnade à l’antique, comme
un décor d’architecture dans un tableau.
Les clochers ne sont là que pour équilibrer la
composition de la façade, non pour inciter
l’âme à se tourner vers le Ciel. Napoléon,
trouvant l’espace trop petit en fit doubler la
surface, et abandonner l’architecture ordonnancée qui devait en agrémenter le pourtour.
42, rue de Sèvres
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2, rue Gerbert
Saint-Lambert de Vaugirard
A la construction de Saint-Lambert de
Vaugirard, entre 1848 et 1856, Vaugirard était
une commune indépendante, et les travaux
furent financés essentiellement par le Conseil
Municipal. Sur un terrain donné par l’abbé
Groult, l’architecte Paul Naissant bâtit un
édifice calme et serein. Saint-Lambert est
d’ailleurs l’un des premiers et des plus purs
exemples du style néo-roman, né discrètement en même temps que le style néogothique. L’église a malheureusement perdu
une grande partie de son décor d’origine.
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38, rue de Cronstadt
Notre Dame de la Salette
Voici un bel exemple du renouveau de la
construction d’édifices religieux d’après le
concile Vatican II. Les architectes Henri Colboc
et Jean Dionis du Séjour ont conçu en 1965
une église originale sur plan circulaire, couvert
d’un vaste cône de béton ajouré. Ici, le contact
avec la ville est presque évité, pour se consacrer au symbole : un toit protecteur, réunissant
les fidèles, et qui se termine par un faîtage
abritant les cloches.
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81, rue d’Alleray
Notre Dame de l’Arche
d’Alliance
L’équipe d’Architecture Studio a conçu cette
église dès 1986, mais la construction en a
été achevée en 1998. A l’image de l’Arche
contenant les Tables de la Loi, la nef se
présente comme un coffre de bois. Là où
les clochers d’autrefois démontraient symboliquement par leur élévation la victoire
de l’esprit sur la matière, on découvre ici
une résille métallique tout en légèreté qui,
enveloppant l’édifice, se perd dans le ciel.
Du même coup, le jardin public qui l’entoure
reste baigné de lumière et l’ensemble participe sans emphase excessive à l’espace
urbain de la place.
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82, avenue du Général Leclerc
Saint Pierre de Montrouge
Ici, c’est le parti urbanistique qui a déterminé
le choix d’implantation de l’édifice. Il s’agissait
en effet de placer l’église dans la perspective d’une avenue très large qui va jusqu’à
la Porte d’Orléans, à l’intersection de deux
autres grandes avenues, et marquer la nouvelle annexion des quartiers environnants à
Paris. Dès lors, pour pouvoir assumer cette
lourde charge, il était indispensable de placer
le clocher comme un signal, et d’y ménager
l’accès. L’architecte Vaudremer, en 1864,
décide donc d’élever à l’angle un clocherporche massif, quoique très soigné dans le
détail du jeu des matériaux. La verticale de
l’élévation est encore accentuée par le dessin
de la très haute baie d’axe qui du sommet
du gâble du porche mène le regard vers
l’épaisse corniche qui marque la base du
beffroi. Le lanternon qui surmonte la pyramide
de la couverture donne un dernier élancement
à l’ensemble.
TOUTES LES BALADES SONT DISPONIBLES SUR LE SITE
:
www.culture.paris.fr
En raison des dispositions du Concordat signé en 1801 entre la
France et le Saint-Siège qui entérina les saisies révolutionnaires
des biens du clergé et transféra aux communes la propriété
des églises paroissiales et de leurs succursales, la Ville de Paris
est aujourd’hui propriétaire d’une centaine d’édifices religieux
dont un grand nombre d’églises de culte catholique.
Le régime concordataire, qui resta en vigueur jusqu’à la loi
de séparation des églises et de l’Etat en 1905, s’est révélé
avantageux pour les édifices religieux appartenant à la commune.
La mise à la disposition du clergé des œuvres d’art confisquées
sous la Révolution et une politique active de commande
de décors et de construction de nouveaux édifices ont fait des
églises de Paris un ensemble artistique d’une richesse exceptionnelle englobant les principales périodes de l’art français,
de l’âge classique à l’époque moderne.
La Direction des Affaires Culturelles de la Ville de Paris est
aujourd’hui responsable de la conservation de ce patrimoine
inestimable.
Elle a la charge de son inventaire, de son entretien et de sa mise
en valeur ainsi que celle des travaux de restauration nécessaires
à la conservation des édifices qui l’abritent.
Retrouvez tous les points Vélib’
sur www.velib.paris.fr
Mairie de Paris / Directions des affaires culturelles - Conception graphique : Atelier Juliane Cordes 01 43 46 88 55 - Août 2008 Crédits photographiques : Ville de Paris – C. Fouin, J.M. Moser, C. Pignol
Mais voici bien le modèle type de ces églises
paroissiales banales et pourtant de bonne
architecture, modeste, et qui structure bien
des villes de province. Le clocher en est
situé sagement dans l’axe de la composition,
au point central d’une longue perspective
dont il est le seul attrait, accompagné par
les alignements d’arbres.
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