Église Saint Michel à VERDUN SUR GARONNE
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Église Saint Michel à VERDUN SUR GARONNE
Église Saint Michel à VERDUN SUR GARONNE Un peu d'histoire Jadis port florissant sur la Garonne, Verdun domine immédiatement la basse plaine du fleuve. Il a sans doute une origine ancienne, car son nom dérivé du celte permet de supposer qu'il existait déjà comme oppidum avant la conquête romaine. Ce fut au Moyen-Age et sous l'Ancien Régime le siège d'une judicature ; et son château, démoli en 1617, joua un rôle considérable. Son église, qui appartint au diocèse de Toulouse jusqu'au début du siècle dernier, fut au 13e siècle honorée du titre d'archiprêtre, qui passa ensuite à Grenade et à Beaumont. Elle était primitivement sous le vocable de saint Sulpice, et située dans le quartier qui porte encore ce nom à l'ouest de la ville actuelle. Détruite par les Albigeois elle ne fut pas relevée de ses ruines, à cause sans doute de son éloignement. Vers 1216 les Bénédictins du Mas-Grenier en construisirent une autre près du château, dans l'enceinte fortifiée de la ville ; ils l'érigèrent en prieuré et en firent une paroisse. Cette seconde église fut brûlée pendant la guerre de Cent Ans lors de l'expédition du Prince Noir en 1354.Rebâtie provisoirement en torchis, elle fut construite en sa forme actuelle en 1541 et les années suivantes. Les moines du Mas l'utilisèrent pour leurs offices à partir de 1574, quand leur monastère eut été incendié par les Huguenots ; ils y restèrent jusqu'en 1643, et gardèrent toujours le patronage. Deux nefs Cette église du 16e siècle, bâtie entièrement en briques, est un édifice remarquable, classé Monument Historique en 1910. C'est un édifice très large de cinq travées, divisé en deux nefs égales par de gros piliers cylindriques. Cette disposition assez rare, de type dit «jacobin», s'explique peut-être par le double vocable (saint Michel et Notre-Dame), dont chacun possède un autel de même importance ; ou mieux par l'influence dominicaine. En effet c'est sous les auspices de Foulques, ancien moine cistercien et ami de saint Dominique, devenu évêque de Toulouse, que fut commencée la seconde église de Verdun, dont la reconstruction au 16e siècle reproduisit intégralement le plan. A l'extérieur le chevet est imposant, car il est établi sur le bord de la falaise et domine les anciens fossés ; il est soutenu par d'épais contreforts. Des maisons s'adossent aux murs latéraux et gâtent un peu la belle allure de l'édifice. Les chapelles irrégulières, logées entre les contreforts, semblent avoir été ajoutées après la construction primitive au fur et à mesure des besoins. La façade a été rebâtie au 17e siècle après la réfection du clocher. Jusqu'en 1755 le clocher ne dépassait pas le toit de l'église ;à cette date les consuls voulurent le continuer «jusqu'à sa perfection» ; mais le 21 juillet 1757 toutes les constructions édifiées sur les bases anciennes s'écroulèrent, entraînant la chute d'une partie de la dernière travée. Façade et clocher furent refaits en 1759. Deux grands portails furent ouverts, ornés d'une décoration dorique. Le clocher s'élève à droite ; c'est par prudence qu'on a évité de lui donner plus de hauteur. L'unique étage de la tour carrée se couronne d'un toit à quatre pans arrondis en forme de dôme. Le mobilier de cette église est intéressant. Au chevet de la nef de droite, dédiée à saint Michel, s'adosse un retable à trois pans coupés exécuté en 1755 par un sculpteur de Toulouse ; il se compose de trois tableaux encadrés par des pilastres corinthiens et d'un fronton cintré servant aussi de cadre à un tableau. La nef de gauche, dédiée à Notre-Dame, a aussi un retable à trois panneaux arrondis s'inspirant du modèle opposé. Il y a un troisième retable dans la chapelle de saint Jean-Baptiste. Appartiennent encore à l'époque classique : la chaire ; les stalles ; la tribune de l'orgue et ll faut signaler aussi un ancienne cuve baptismale en l'orgue lui-même, dont le buffet plomb du 14e siècle, classée Monument Historique est couronné d'une statue de saint Michel ; de même de nombreux tableaux dont le meilleur pourrait être une Nativité de saint Jean-Baptiste ; une housse du banc de la confrérie du Saint-Sacrement de 1729 ; une série de petits chandeliers en cuivre dont plusieurs portent une date; quatre bustes-reliquaires en bois doré ; et des statuettes en bois doré et peint, dont celle de la Vierge à l'Enfant provient de l'ancienne chapelle des moines. Mais la partie la plus curieuse de ce mobilier consiste dans cinq bancs de confréries disposés sur les murs latéraux ; et un Christ en croix, en bois peint, (début du 16e s.). ils sont formés d'une balustrade ajourée, avec des sièges au-dessus desquels un tableau indique le vocable respectif. L'architecture grandiose de cette double nef n'est pas favorisée par les peintures exécutées vers 1850 par l'abbé Cheval, peintre cadurcien, qui fut l'un des maîtres de Cazottes. Ces peintures, qui figurent soit des personnages en pied, soit des scènes de la vie du Christ et de la Vierge, représentent une époque. Texte d'après le "dictionnaire des paroisses du diocèse de Montauban" - P. GAYNE Éditions de l'association MONTUMURAT-MONTAURIOL. Photos : accozd'l