expo soissons ODON - Musée de Soissons
Transcription
expo soissons ODON - Musée de Soissons
arsenal-musée de soissons exposition ODON De Houdoin à Odon du 13 septembre au 16 novembre 2008 édition : Coproduction d’une monographie consacrée à l’artiste, 350p éditions De Gourcuff-Gradenigo Textes Gilbert Lascault, Christian Gatard, Philippe Sers, Maïthé Vallès-Bled. arsenal-musée de soissons ancienne abbaye Saint-Jean-des-Vignes, rue Saint Jean et saint-Léger – musée de soissons ancienne abbaye Saint-Léger, rue de la Congrégation -------------------------------------------------------------------------------------------exposition proposée par le Musée de Soissons et l’A.D.A.C.S Association pour le Développement de l’Art Contemporain en Soissonnais Muriel Rousseau, présidente [email protected] Commissariat Soissons : Dominique Roussel, conservateur [email protected] Logis de l’abbé abbaye Saint-Jean-des-Vignes 02200 Soissons 03 23 93 30 50 En partenariat avec plusieurs musées de France: Meudon, Beauvais, Le Mans, pour l’édition d’une monographie consacrée à l’artiste. Coordination des expositions : Maïthé-Vallès-Bled, conservatrice du Musée de Lodève -------------------------------------------------------------L’exposition bénéficie des concours de la Ville de Soissons, du Ministère de la Culture- DRAC de Picardie, du Conseil Régional de Picardie et du Conseil Général de l’Aisne. Renseignements : Musée de Soissons - Conservation Saint-Jean-des-Vignes Logis de l’abbé tel : 0323933050 Fax : 0323933051 [email protected] 02200 SOISSONS site www.musee-soissons.org Renseignements pratiques : Horaires: Tous les jours de 9 h à 12 h / 14 h à 17 h, samedis et dimanches : de 14h à 18h Entrée libre Accès Soissons : Paris :100km via RN2 – Laon : 30 km via RN2 – Reims : 60 km via RN 31 A Soissons suivre la direction “abbaye Saint-Jean-des-Vignes » Vernissage le vendredi 12 septembre 2008. Rencontre avec l’artiste Dimanche 21 septembre de 15h à 17h Visites dialoguées par les membres de l’ADACS du 20 septembre au 16 novembre de 15h à 17h les samedis et dimanches Visite à St Léger « les tressages d’Odon » avec guide conférencière dim 12 oct à 15h Visite Jeune public « tisser avec Odon » avec guide conférencière mardi 28 et vendredi 31 octobre à 15h (rendez-vous au CIAP / St jean des Vignes) Visites-découvertes pour le public scolaire assurées par le service éducatif du musée les jeudis et vendredis sur rendez-vous. _______________________________ . Avant l’œuvre tressé, Odon (qui s’appelait Guy Houdoin) peignait sur toile et papier marouflé des figures complexes, expressionnistes, emprisonnées dans des entrelacs, des cordes, des anneaux, des rubans qui peu à peu, sur la toile, ont commencé à se croiser. A ces œuvres souffrantes ont succédé, dans la deuxième moitié des années 1970, les premiers tressages. Avec l’abandon définitif de toute référence à la figuration apparaît dans son œuvre un ordre. Désormais les gestes patients et ancestraux du vannier parcourent l’immensité du monde. Au commencement de l’itinéraire, dont la rotation engendre l’espace et les divisions du temps, symbole de tous les cycles et de tous les renouvellements, de Patak I, 1988 symbole cosmique et solaire dans la plupart des cultures.leAnautile cette époque, Odon crée le personnage de Patak, invisible, imaginaire, dont le nom figure dans le titre des œuvres. Patak est le passeur par lequel s’opère la mutation. Après que le papier ait été recouvert de couleur, lacéré, découpé en fines bandes, Odon s’attache au tressage. Plusieurs séries sont développées : les Etoiles, les Soleils. Pour les Métissages, de 1984 à 1996, Odon lacère et tresse les toiles que lui confient un certain nombre de peintres parmi lesquels Alechinsky, Arman, Bazaine, Cueco, Leduc, Manessier, Soulages et Zao Wou Ki. Aux roues tressées succèdent les spirales des Nautiles. Extrait de la préface pour l’exposition « racines au ciel » de Maïthé-Vallès-Bled. Né en 1940 au Mans, l’artiste porte jusqu’en 1997 son nom : Guy Houdouin. Il se baptise Odon, et supprime son prénom. L’anagramme d’Odon est « Nodo » : le nœud. Ce nom évoque la générosité (le don) et la poésie (l’ode). Il s’identifie à saint Odon de Cluny (vers 879-942), le second abbé de Cluny. La sensation de l’infini Odon médite sur le fini et l’infini, sur l’origine et la continuité, sur chaque début de chaque œuvre et sur son développement. C’est au cœur de son atelier qu’il rêve du cosmos indéfini, de la voie lactée et au-delà. Ses œuvres seraient en quelque sorte des mandalas, des mises en lumière de l’ordre du monde, des objets de méditation et de prière, des supports destinés à penser, à rêver. Ces œuvres sont toujours abouties et ne sont jamais finies. Elles sont achevées et peuvent être sans cesse interminables. Extrait du texte « gloire de l’espace et de l’infini » par Gilbert Lascault. L’exposition présentera à l’Arsenal une vision rétrospective du travail d’Odon, de la peinture figurative aux tressages monumentaux. A Saint-Léger (à partir du 4 octobre) seront exposés des tressages de petits formats et un ensemble important de dessins. Préface de la nouvelle monographie consacrée à Odon (sortie septembre 2008) Anthologie de plus de cinquante ans de peinture, cet ouvrage propose un regard d’ensemble sur une œuvre dont l’évolution met en évidence la cohérence d’une démarche. Après les tous premiers paysages de jeunesse, réalisés à l’âge de 16 ans, ce que l’on peut d’emblée nommer le monde d’Odon (qui signe alors de son patronyme Houdouin) surgit dès les années soixante avec les Portraits et les Offrandes auxquels se succèdent rapidement Les Grandes conversations et les cimetières (Memento mori). Une œuvre de souffrance, dont l’écriture expressionniste malaxe la matière pour crier l’angoisse, le mal-être ou le déchirement de l’être. Ce seront aussi Les Enchaînés, Les Boîtes ou Les Grands bleus, figures complexes emprisonnées dans des entrelacs, des cordes, des rubans, des anneaux, des chaînes qui peu à peu, sur la toile, ont commencé à se croiser. A ces œuvres du tragique ont succédé, dans la deuxième moitié des années 1970, les premiers tressages qui conservent encore en leur centre, pendant une brève période, la présence de têtes humaines. La disparition rapide de ces visages enchâssés dans l’imbrication des tresses marque à la fois l’abandon définitif de toute référence à la figuration et, en même temps que l’éloignement des tumultes des oeuvres antérieures, l’apparition d’un ordre. Désormais l’Univers s’installe dans l’atelier d’Odon. Désormais les gestes patients et ancestraux du vannier parcourent l’immensité du monde. Lent cheminement méditatif dans une cosmogonie sans cesse interrogée. Au commencement de cet itinéraire est la roue, dont la rotation engendre l’espace et les divisions du temps, symbole de tous les cycles et de tous les renouvellements, symbole cosmique et solaire dans la plupart des cultures. Roues tressées, chez Odon, après que la matière – le papier – a été recouverte de couleur/lumière puis lacérée, découpée en fines bandes que le tressage finalement réunit et fond dans une même unité. C’est à cette époque qu’apparaît dans l’œuvre d’Odon le personnage de Patak, personnage invisible, imaginaire, dont le nom figure dans le titre de chacune des œuvres. Patak le vannier du papier dont le geste renoue avec la tradition ancestrale du tissage, Patak le Thibétain ou le Péruvien – issu en tout cas de l’une de ces civilisations montagnardes « proches du ciel », comme il aime à la dire -, Patak le personnage inventé auquel l’artiste s’identifie et par le truchement duquel il investit un nouveau champ plastique d’expression. Patak le passeur, par lequel s’opère la mutation. Au commencement, sont aussi les Etoiles et les Soleils. S’il ne s’agit pas ici d’œuvres tressées mais de papiers découpés, pliés, ajourés, elles appartiennent également à ce ciel qu’Odon, lentement, fait naître dans son atelier et qu’elles éclairent de leur symbolisme : l’étoile, source de lumière qui perce l’obscurité, expression de l’esprit qui lutte contre les ténèbres, le soleil, source de chaleur et de vie, manifestation de la divinité chez de nombreux peuples. Dans sa démarche fervente et d’une rigueur monastique, Odon aspire à l’échange, au partage, rêve d’une nouvelle alchimie qui mêlerait des papiers peints par d’autres artistes à ses tressages. En 1984 s’ouvre, parallèlement à ses recherches solitaires, l’aventure des Métissages, qui se poursuit jusqu’en 1996. En même temps qu’il réalise de grands bas-reliefs en papier kraft, il sollicite d’autres artistes auxquels il demande de peindre pour lui des papiers destinés à être tressés. Pierre Alechinsky fut le premier à répondre en 1984. Jean Messagier répondit à son tour en 1989, puis ce furent Arman, André-Pierre Arnal, Jean Bazaine, Henri Cueco, Françoise Jolivet, Fernand Leduc, Bengt Lindström, Alfred Manessier, Assadour Markarov, François Morellet, Claire Pagni, Antonio Ségui, Pierre Soulages et Walasse Ting. Zao Wou Ki fut le dernier à donner un papier au tout début de 1996. Autant de peintres qui ont confié à Odon des œuvres dont ils savaient qu’elles allaient être découpées en une multitude de bandelettes destinées au tressage. Acte sacrificiel auquel tous ont accepté de se prêter avant que ne s’opère la transmutation ; avant que ne s’accomplisse sous les doigts d’Odon un acte rituel restitutif qui s’alimente au sacrifice originel du peintre et interroge l’acte même de la création. Aux roues tressées succèdent les Nautiles, spirales monumentales qui ont abandonné le papier Canson pour le papier kraft, peint au recto et au verso, toujours découpé en bandelettes étroites mais dorénavant vrillées, spiralées avant d’être patiemment tressées. De même que la formation de la spirale s’opère de manière naturelle dans le règne animal ou végétal (volubilis, palmes, fougères, coquillages, escargots…), elle surgit naturellement dans l’œuvre d’Odon après la disparition de la roue dont, avec sa double signification d’involution et d’évolution, elle rejoint le symbolisme. Avec ces amples coquilles de kraft apparaît alors la troisième dimension, ce besoin de volume qui, suspendu dans l’espace, participe aux équilibres muets. Un recours au volume forcément provoqué par la puissance de cette dynamique circulaire issue d’un point originel et se prolongeant à l’infini. Telle l’araignée tissant sa toile, dont la construction géométrique varie selon l’espèce à laquelle appartient l’aranéide, Odon procède par cercles successifs qui développent leurs rayons du centre vers la périphérie. A chaque étape de l’évolution les brins de papier sont démultipliés, lent cheminement ouvrant sur l’infini. Car ces œuvres-là d’Odon ne sont jamais terminées. Si elles peuvent être interrompues à tout moment, elles peuvent aussi être poursuivies sans fin, dans le silence d’une quête méditative favorisée par la patiente gestuelle des doigts qui tressent. A cette quête spirituelle s’ajoute – ou se confond – une méditation mathématique. Odon questionne les nombres. Le centre de ses spirales comporte cinq ou sept rayons qui se démultiplient à mesure que le mouvement circulaire se développe. De la même façon, chaque brin de départ est divisé en trois et se démultiplie selon un principe qui peut conduire au vertige, comme peut atteindre au vertige la démultiplication des vides qui s’accroissent autant que croît le nombre des rayons. Car, comme en témoignent ses récentes Etincelles, le vide fascine Odon avec la même intensité que les grands courants cosmiques. Il sait que tout découle de ce point immuable au centre de la giration universelle, et que tout y retourne. Maïthé Vallès-Bled Conservateur en chef du Musée de Lodève