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À Marrakech, habillée par Dior CLOTILDE COURAU UNE ACTRICE AU DESTIN ROYAL « Les cadeaux de la vie sont les rencontres humaines » D anseuse, comédienne au théâtre, actrice au cinéma, chanteuse… mais aussi princesse, épouse et maman. Clotilde Courau traverse, sans fausse note, tous les registres d’un parcours qui sied parfaitement à sa soif d’apprendre et à toujours vouloir aller plus loin. Extrêmement volontaire, Clotilde n’arrête pas de surprendre depuis le moment où elle décida, à l’âge de 16 ans, d’embrasser une carrière artistique. À 20 ans, elle reçoit le prix de la meilleure actrice au Festival International du Film de Berlin pour le film Le petit criminel de Jacques Doillon. Entre théâtre, cinéma et télévision, elle assure, avec talent, tous les rôles avec des partenaires prestigieux. Elle sera l’héroïne de son propre conte de fée quand un jeune prince de Venise et du Piémont, Emmanuel Philibert de Savoie, actuellement animateur et producteur de télévision, en tombe éperdument amoureux. Le mariage grandiose a lieu, en 2003, à Rome devant un parterre de 1 200 invités. Un autre rôle s’offre alors à la jeune actrice, celui d’altesse royale qui n’empêche pas au couple moderne d’assurer chacun leur passion et leur métier respectifs tandis qu’ils s’adonnent à la joie d’être parents auprès de leurs deux petites princesses, Victoria et Luisa. Comblée et sur tous les fronts, l’artiste éclectique poursuit ses performances sur scène, là où on ne l’attend pas. Son rôle dans le film La Môme conforte sa passion pour la chanteuse Piaf qui en devient sa muse dans son dernier spectacle Piaf, l’être intime. Très attirée par la mode, elle porte toujours avec raffinement les œuvres de grands stylistes. À l’occasion de sa présence au Festival International du Film de Marrakech, Clotilde nous reçoit, habillée par Dior, à la villa Casablanca du majestueux Palace Es Saadi. 74 — Vous êtes au Festival International du Film de Marrakech, quelles sont vos impressions ? — Le Maroc est un pays que j’aime profondément. La famille royale du Maroc a assisté à notre mariage, et a toujours été extrêmement gentille et formidable à l’égard de la famille de Savoie. J’ai donc un lien particulier avec le Maroc au-delà du Festival de Marrakech que je trouve magnifique avec la mise en lumière, chaque année, d’un pays qui se dévoue pour le cinéma. J’ai ressenti une vive émotion lors de l’hommage à Sharon Stone, une femme forte, lumineuse, remarquable, en écoutant son discours plein de compassion, de combat pour un monde en crise, difficile pour tous, propice aux extrémismes et face auxquels cette femme libre prône la tolérance, la diversité et l’intelligence. Un hommage aussi qu’elle a accepté comme reconnaissance de son maître, Martin Scorsese. — Quels moments marquants de votre carrière aimez-vous évoquer ? — Mes débuts, lorsque je me suis retrouvée aux États-Unis, auprès de John Malkovich pour jouer au Steppenwolf Theatre, la tradition étant pour la première de jouer devant les vétérans du Vietnam. J’étais alors une toute jeune comédienne française qui maîtrisait à peine la langue, ce fut un souvenir marquant, très particulier, chargé d’émotions. Un autre moment fort s’est passé avec Guillaume Depardieu qui nous a quittés, il y a cinq ans. Lors de mon premier tapis rouge à Cannes, j’étais à son bras pour le film Marthe dans lequel nous jouions ensemble. Mal à l’aise, il s’est mis à courir et moi, jeune comédienne, je ne savais plus que faire. Guillaume m’a introduit dans cette grande famille du cinéma, d’une façon poétique et décalée mais tout en sensibilité et générosité. Il a été quelqu’un d’important pour moi, je ne renierai pas l’amour que j’ai éprouvé pour lui et le bouleversement quand il nous a quittés. — Quelles sont vos caractéristiques ? — Il est très délicat de se présenter à la première personne mais mes valeurs sont la fidélité, l’humilité, la générosité, l’authenticité, le droit à la diversité. J’ai une envie d’apprendre et de continuer à apprendre. Il ne faut pas oublier que l’on ne fait que passer sur terre, la vie est un vrai cadeau avec ses difficultés. Les épreuves permettent d’aller plus loin, elles sont parfois En exclusivité pour Hola, Clotilde Courau pose dans les jardins de la Villa Casablanca du Palace Es Saadi. Elle connaît la maison Dior depuis longtemps : « Je me souviens quand Carla Bruni défilait ; j’étais très impressionnée en tant que jeune comédienne par cette déesse qui me faisait des clins d’œil comme si j’étais une personne importante au premier rang, je n’oublierai jamais », nous a-t-elle confié 75 « J’ai la chance d’avoir une maman qui est une vraie grand-mère. Je suis issue d’une famille dont le plus bel héritage est celui d’être mère et sera celui d’être grand-mère » 76 Comédienne de talent, Clotilde Courau est également maman, épouse et princesse. « Je suis profondément mère, j’ai cette chance magnifique d’aimer être près de mes enfants et j’essaye de leur transmettre le plus de choses possible. J’essaie d’être une bonne épouse, de soutenir, de comprendre et d’être dans le partage le plus sincère possible avec Emmanuel », nous confie-t-elle. « Nous voulons protéger nos enfants pour qu’elles soient deux petites filles comme les autres et non comme des princesses », ajoute Clotilde Courau nécessaires pour se définir. J’ai une philosophie par rapport à la vie, une forme de sagesse qui dit : « Pour pouvoir profiter du soleil, il faut avoir eu de la pluie avant » à l’image des correspondances de la chanteuse Edith Piaf, au centre de mon actuel spectacle, Piaf, l’être intime, où je partage la force de son écriture et de son message. J’ai joué à Hong Kong, Paris, Montpellier… J’adorerais jouer mon spectacle au Maroc. — D’où vient cette passion pour Piaf ? — Cela a commencé quand Jérôme Savary, un grand metteur en scène de théâtre, m’a fait chanter pour la première fois et m’a demandé d’interpréter Irma la douce, écrit par Marguerite Monod, la compositrice de Edith Piaf. Ensuite, lorsque j’ai appris que Olivier Dahan allait réaliser un film sur Piaf, La môme, j’ai tout fait pour en faire partie. J’ai reçu le rôle de la mère de Piaf, ce qui m’a permis de comprendre à quel point, elle fut abandonnée jeune, capable en même temps de ne rêver que d’amour généreux, authentique même si elle pouvait aussi être parfois colérique, extrême. Elle pouvait être très drôle aussi. Tout cela se traduit dans ses correspondances que j’interprète sur scène. — Vous avez quitté l’école à l’âge de 16 ans ? — À l’époque, je n’étais pas douée pour les études, mon environnement y était peu propice. Comme on dit au Maroc, « mektoub », cela n’était pas écrit pour moi. J’ai commencé par la danse ensuite le théâtre, cela a été comme une évidence que j’ai écoutée et à laquelle je me suis accrochée. J’ai travaillé énormément, je suis très exigeante avec moi-même, rien n’est acquis. J’ai débuté avec Francis Huster pour qui j’ai joué dans Lorenzaccio tous les soirs, à 18 ans, devant un parterre de 700 personnes. Ensuite, j’ai remplacé quelqu’un dans L’avare de Molière avec Michel Bouquet. J’ai toujours une envie perpétuelle d’apprendre même aujourd’hui. Lorsqu’on est autodidacte, on est toujours dans cette quête d’aller plus loin. — Si une de vos filles souhaitait prendre le même chemin, comment réagiriez-vous ? — Je pense qu’il est important dans la vie de ne pas brimer, donc si une de mes filles a ce feu sacré, elle doit le faire même si cela peut m’angoisser. Je l’avertirai toutefois des difficultés de ce métier. Vous savez, l’artiste a sa sensibilité, ses cicatrices, sa part d’enfance qu’il ne quitte pas, son envie de rêver toujours plus haut. Il y a donc des solitudes, des doutes, des vertiges que l’on ne souhaite à personne. En même temps, on ne peut pas être artiste si on n’a pas cette angoisse d’avoir des difficultés à supporter la vie, telle qu’elle est, même si on la sublime à travers les chansons, les films. On ne souhaite donc pas ce vécu à ses enfants alors que paradoxalement on s’aperçoit que c’est le plus beau métier du monde. 77 Dans la douce lumière du mois de décembre, la princesse de Savoie est rayonnante sous le soleil de Marrakech. « Le Maroc est un pays que j’aime profondément. La famille royale du Maroc est venue à mon mariage, et a toujours été extrêmement gentille et formidable à l’égard de la famille de Savoie », nous confie-t-elle « Ma carrière est de plus en plus intéressante. J’ai atteint une maturité où l’échange, la créativité deviennent ma nourriture » 78 — Comment assurez-vous vos autres fonctions d’épouse, de maman, de princesse ? — En étant moi-même le plus simplement du monde, en respectant l’histoire qui est celle de mon mari et qui est devenue la mienne, celle d’une monarchie non régnante, j’ai un devoir face à l’histoire mais pas de devoir protocolaire. Je suis profondément mère, j’ai cette chance magnifique d’aimer être près de mes enfants et j’essaye de leur transmettre le plus de choses possible. J’essaie d’être une bonne épouse, de soutenir, de comprendre et d’être dans le partage le plus sincère possible avec Emmanuel. La difficulté c’est de prendre du temps pour tout, pour le métier, pour son mari, parce qu’il faut passer du temps avec lui, et aussi pour la famille à quatre comme toutes les femmes du monde qui travaillent. J’ai la chance d’avoir une maman qui est une vraie grand-mère et je le serai avec mes filles parce que je suis issue d’une famille qui n’a pas grandchose et dont le plus bel héritage est celui d’être mère et sera celui d’être grand-mère. Cela paraît peu de chose mais c’en est beaucoup. — Où vivez-vous ? — À Paris mais nous sommes beaucoup en Italie, mes beaux-parents sont ma deuxième famille. Nous voulons protéger nos enfants pour qu’elles soient deux petites filles comme les autres et non comme des princesses. Elles apprendront leur histoire, elles parlent couramment l’italien. — Avec qui avez-vous eu beaucoup de plaisir à jouer ? Avez-vous des amis dans le milieu ? — J’ai eu beaucoup de plaisir à jouer avec John Malkovich, Michel Bouquet, Anouck Aimée, Vanessa Paradis, Marion Cotillard… Mes amis sont notamment Xavier Durringer, Sylvie Testud, Philippe Claudel, Philippe Besson, Samuel Benchetrit. Ma carrière est de plus en plus intéressante, je ne suis plus une jeune actrice qui passe d’un personnage à un autre, j’ai atteint une maturité où l’échange, la créativité deviennent ma nourriture. — Vous êtes très attirée par la mode ? — Cela a commencé quand je jouais, petite, avec les poupées Barbie, et quand par la suite on m’a invitée à des défilés. Je connais Dior depuis longtemps ; j’ai vu Carla Bruni défiler, j’étais impressionnée en tant que jeune comédienne face à cette déesse qui me faisait des clins d’œil comme si j’étais une personne importante au premier rang, je m’en souviendrai toujours. J’aime aussi Azzedine Alaïa, Elie Saab, un styliste qui aime les femmes. — Vos projets ? — Je pars en Chine pour jouer à Hong Kong et à Pékin une pièce d’un metteur en scène chinois dans le cadre de l’année franco-chinoise en 2014. J’ai joué dans un film Babysitting qui sortira en avril prochain, une comédie bien ficelée de Philippe Lacheau où je joue une femme, épouse de Gérard Jugnot, une desperate housewife touchante et un peu maladroite... Je me suis beaucoup amusée. Entretien : Claudine Naassens Photos : Francois Berthier/Contour by Gettyimages Mise en beaute : Dior Coiffure : l’Oreal Paris