ils espèrent vivre du jeu vidéo
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ils espèrent vivre du jeu vidéo
12 ÉCONOMIE ÉCONOMIE LE MATIN VENDREDI 21 AOÛT 2015 13 VENDREDI 21 AOÛT 2015 LE MATIN LE CHIFFRE LA TÊTE D’AFFICHE 1,9 milliard THOMAS JORDAN La Banque nationale HORLOGERIE C’est, en francs, la valeur totale des exportations horlogères suisses en juillet, en net recul de 9,3% comparé au même mois une année plus tôt. suisse maintient sa politique monétaire inchangée, malgré le ralentissement économique et la surévaluation du franc. «Nous ne voyons aucune nécessité de la modifier», a déclaré le président de la BNS. COURS DES DEVISES 1$ 1€ 1£ 0,9623 fr. 1,0773 fr. 1,5089 fr. COURS DU PÉTROLE LA CITATION LE CHIFFRE Prix du baril de brent à Londres, en dollars g Il y aura des baisses d’impôts quoi 152 millions 60 55 46,75 50 45 20 juillet 20 août SUNRISE C’est, en francs, qu’il arrive en 2016» la perte nette du numéro deux helvétique des télécommunications au 1er semestre. François Hollande, président français, promettant hier de prendre cette mesure – dont l’ampleur est encore à déterminer – lors d’un déplacement dans l’Isère Sabine Papilloud Patrick Kovarik/AFP ILS ESPÈRENT VIVRE DU JEU VIDÉO GAMING La Swiss Game Academy a réuni une centaine de jeunes passionnés par la conception de jeux vidéo. La plupart envisagent d’en faire leur métier, mais il y a très peu de débouchés en Suisse. es canettes de soda éparpillées sur les tables, des bonbons dans tous les coins et une armée d’ordinateurs: bienvenue à la première édition de la Swiss Game Academy. Depuis lundi, une centaine de jeunes entre 13 et 33 ans sont réunis à la Haute Ecole d’ingénierie et d’architecture de Fribourg. Objectif: créer un jeu vidéo en une semaine. C’est aussi l’occasion pour la plupart d’entre eux de se lancer dans un domaine qui les passionne et dont ils rêvent de faire leur métier. Mais les places dans le milieu sont chères, surtout en Suisse. «Notre but, c’est de sensibiliser les jeunes au fait qu’il est possible de faire des jeux vidéo et aussi de montrer aux écoles que c’est un marché sérieux», explique Qui Cung, 27 ans, responsable de l’événement. En plus des conférences données par des spécialistes tous les matins, des séances de coaching ont été mises en place pour guider les plus motivés dans leur avenir professionnel. «Aujourd’hui, les talents s’exportent parce qu’ils ne trouvent pas de débouchés ici», D 1 RÉFLEXION Le groupe décide du thème et des mécanismes du jeu. regrette Qui Cung. Un point de vue partagé par Alexandre Renevey. Celui qui a notamment travaillé pour Nintendo et Walt Disney souligne qu’il y a dix ans, il n’avait pas d’autres possibilités. Si aujourd’hui il est chef de projet pour le studio neuchâtelois WitchLake, il affirme que partir reste toujours la solution la plus simple. «Vivre des jeux vidéo en Suisse, ce n’est vraiment pas facile.» Vingt ans de retard Le trentenaire fribourgeois Jérémy Cuany a, lui, décidé de tenter l’aventure. Bien lui en a pris puisque son jeu «Don’t Kill Her» a été récompensé par Pro Helvetia. «Ce n’est pas évident ici, mais je pense qu’on n’a pas forcément besoin de s’expatrier», constate-t-il. Il assure même que le côté «Far West» est plutôt quelque chose qui le motive. «On est au tout début, on est plus libres, plus créatifs. Ça me plaît.» D’ailleurs, il se dit plutôt optimiste pour la suite. «Il y a quand même pas mal de start-up qui sont nées dans le domaine ces derniers temps», appuie Maurizio Rigamonti, chargé de 2 CE QU’ILS EN PENSENT «J’aimerais en faire mon métier» cours en jeux vidéo à l’Université de Fribourg. Il regrette toutefois que la Suisse réagisse avec plus de vingt ans de retard. «Pour le moment, il n’y a pas assez de débouchés pour tous ces jeunes, mais j’espère que cela va vite changer», expliquet-il. A ses yeux, la Suisse a une opportunité à saisir dans le domaine «C’est mon père qui m’a inscrit parce que ça me passionne. C’est plus dur que ce que je pensais, mais mon rêve, ce serait de travailler pour Nintendo.» Léo Bertato, 13 ans g Vivre des jeux vidéo en Suisse, «Mon ambition, ce n’est pas Pixar» ce n’est vraiment pas facile» «C’est la première fois que je crée un jeu de A à Z. J’aimerais pouvoir en vivre en Suisse et on verra bien où ça me mène.» Alexandre Renevey, game designer des jeux indépendants. Un peu comme dans le cinéma où la Confédération avait là aussi raté le coche. Qui Cung fait, lui aussi, l’analogie avec le septième art. «Dès qu’on est dans le domaine artistique, cela a un petit côté instable qui ne convient pas à la mentalité helvétique», détaille-t-il. Une mentalité qui ferait bien d’évoluer, car le jeu vidéo est l’industrie culturelle qui rapporte le plus depuis plusieurs années. ● TEXTE: FABIEN FEISSLI Pauline Rossel, 23 ans «Je n’hésiterai pas à m’expatrier» Le grand public pourra découvrir les jeux vidéo créés lors de la Swiss Game Academy cet aprèsmidi. [email protected] ● PHOTOS: YVAIN GENEVAY VISUEL Les graphistes dessinent les décors et les personnages. 3 CODE Ils program ment les actions pos sibles dans le jeu. 4 SON Un membre du groupe crée les bruitages et le fond sonore. 5 «J’ai toujours rêvé d’en faire mon métier, mais je n’ai jamais osé me lancer. Cette semaine m’a redonné des idées.» Sten Kapferer, 33 ans LE JEU Résultat: un squelette doit éviter des hyènes et des vautours. DR