Document 9 Retour à la vie normale Rapport de l`Associated press

Transcription

Document 9 Retour à la vie normale Rapport de l`Associated press
Module contenant un sujet critique 7 Enfants associés à des forces armées ou à des groupes armés Thème 4 Planification et mise en oeuvre Document 9 Retour à la vie normale Rapport de l’Associated press Avril 1998 Formés pour semer la terreur : les enfants des casernes de Sierra Leone MAKENI, Sierra Leone (AP) Avec ses vêtements déchirés tombant le long de sa frêle ossature, brandissant une machette rouillée, Masseh Moganki, âgé de neuf ans, raconte qu’il avait l’habitude d’errer dans les rues de sa petite ville d’Afrique occidentale avec des hordes d’enfants, à la recherche de victimes. Lorsque les enfants en trouvaient une, Moganki demandait toujours : Je te taille une chemise à manches longues ou à manches courtes ? La réponse déterminait si le jeune assaillant tranchait le bras de la victime au niveau du poignet ou du coude. Moganki faisait partie des centaines, peut­être des milliers d’enfants enlevés en Sierra Leone et réduit à l’esclavage brutal au service des rebelles du Front uni révolutionnaire de Sierra Leone (RUF). Dans beaucoup de villes, il était courant de rencontrer leurs victimes, dont la plupart étaient désignées pour présomption de collaboration avec les rebelles opposants ; on voyait des hommes et des femmes à qui il manquait des bras, des mains ou des jambes. Aujourd’hui libre, Moganki essaie de reconstruire sa vie. Ils sont nombreux à essayer de faire la même chose au Sierra Leone pour fêter le retour aujourd’hui à Freetown du président déposé, Ahmed Tejan Kabbah, et la défaite des rebelles. Pourtant, il demeure une atmosphère de peur et de terreur sous­jacentes dans un pays dévasté par les coups d’Etat militaires, les guerres d’insurgés et en proie au terrorisme des rebelles. L’avenir du Sierra Leone reste incertain, car nombre de ses enfants ont été formés à la seule école de la torture et de la violence. Moganki explique : « Quand ils m’ont pris, je devais apprendre à faire tout ce qu’ils me demandaient ». Comme pour illustrer le sort qui l’attendait s’il refusait de s’exécuter, il a mis un doigt en travers de son cou. Ceux qui résistaient étaient soumis à de promptes sanctions qui les laissaient infirmes et souvent étaient fatales. Ayant trouvé refuge ces dernières semaines au centre pastoral tenu par l’église romaine catholique dans le centre de la ville de Makeni, Moganki a récemment raconté son épreuve. Il relatait son histoire abominable et macabre, sur un ton régulier qui donnait froid dans le dos. Moganki avait quatre ans lors de son premier enlèvement, il devait cuisiner et faire du nettoyage pour ses geôliers armés. Peu de temps après, il était assez fort pour tenir entre ses doigts une lame de 16 pouces (environ 41 cm) et apprendre à découper des membres humains en trois ou en quatre coups de lame. Ses gardiens lui ont montré sur des victimes vivantes comment arracher les yeux et
Recueil de références ARC 2009 http://www.arc­online.org ARC­FR­ModC7­Top4­H9­2009 Page 1 de 2 Module contenant un sujet critique 7 Enfants associés à des forces armées / groupes armés Thème 4 Document 9 couper la gorge. « Nous étions entraînés par le chef qui nous montrait comment agir en commandos » racontait­il. Il nous formait au combat et enseignait à mutiler. Un hôpital situé au sud d’ici comptait à un moment donné 46 victimes auxquelles les nuées d’enfants avaient arraché des membres. L’an dernier, Kabbah a été renversé lors d’un coup d’Etat sanglant. Le mois dernier, une armée de coalition ouest­africaine se battant pour rétablir la démocratie au Sierra Leone, a commencé à rassembler les rebelles de plusieurs villes et villages. Lorsque l’armée dirigée par les Nigériens s’est emparée du centre de la ville de Makeni, la semaine dernière, des centaines d’enfants­soldats sont restés abasourdis comme s’ils s’étaient réveillés d’un cauchemar ; ils sont sortis de la jungle et ont abandonnés les casernes pour errer dans les rues de la ville. Enlevés à leurs parents, alors qu’ils étaient à peine âgés de quatre ou cinq ans, la plupart des enfants n’ont aucun souvenir de leur famille ou de leur ville d’origine, raconte le révérend Victor Bongiovanni, un missionnaire italien qui aide les enfants grâce à son projet sur la protection des enfants de Makeni Child Protection Project. En raison des crimes ignobles qui ont été commis et des liens des enfants avec les rebelles, les villageois craignent les enfants et leurs sont hostiles, racontait Bongiovanni. Il reste peu de lieux vers lesquels se tourner. « On leur apprenait à tendre des embuscades, à arracher des yeux et à tuer » disait­il. Nous ne sommes pas en train d’expliquer aux gens que ce qui est mauvais est bon. Ce qui est mauvais reste mauvais, mais il s’agit d’enfants et nous devons les prendre dans nos bras. Pour les habitants de Makeni, il est au­dessus de leur force de tendre la joue gauche. Moganki et plus des 290 enfants enlevés et formés par un bataillon de la RUF étaient lâchés dans la ville pendant des mois pour incendier les maisons et voler de la nourriture ainsi que tout ce qu’ils pouvaient attraper. Ils couraient à travers les rues, travaillant en hordes, invoquant la terreur comme s’il s’agissait d’un jeu dans la cour de récréation. « Ce que nous ne pouvons pas oublier est que ces enfants ont été eux­mêmes des victimes, les premières victimes de la crise du Sierra Leone » a affirmé Bongiovanni. Depuis l’an dernier, il avait donné refuge à près de 194 enfants, aidant à placer certains d’entre eux dans des foyers d’accueil. D’autres sont restés à la mission et quelques­uns sont retournés auprès de la RUF. Problèmes à considérer 1 Les conséquences psychosociales sur les enfants de la violence qu’ils ont vécue. 2 Les besoins des enfants et le meilleur moyen de les satisfaire. 3 Les attitudes probables de la communauté locale quant à l’acceptation des enfants et à leur réinsertion. 4 Les préoccupations sous­jacentes auxquelles la communauté est peut­être en proie. 5 Comment les communautés pourraient­elles aider à utiliser la connaissance du développement de l’enfant pour vaincre leurs préoccupations et répondre aux besoins des enfants. 6 Les avantages et les inconvénients de l’utilisation d’approches de proximité ou institutionnelles pour traiter la réadaptation et la réinsertion (le cas échéant).
Recueil de références ARC 2009 http://www.arc­online.org ARC­FR­ModC7­Top4­H9­2009 Page 2 de 2