Ouverture des sas de quais via la RFID
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Ouverture des sas de quais via la RFID
TECHNOLOGY La logistique en toute confiance Ouverture des sas de quais via la RFID Par Alfons Calders Le groupe Ceratec a été créé en 1986 suite à la privatisation de l’activité construction mécanique des Briqueteries de Ploegsteert, un groupe fondé en 1927. Ceratec Electrotechnics est une des entreprises du groupe. Outre des activités de grossiste en électro et d’installateur en électricité, l’entité réalise aussi l’intégration de projets d’automatisation industriels et logistiques. es activités de Ceratec Electrotechnics ont doublé en cinq ans. Au cours du second semestre 2008, il a été décidé d’agrandir les bureaux, les ateliers et le magasin dont la superficie est passée de 3.000 m2 à 7.000 m2. Le magasin accueille les équipes de chantier qui viennent y enlever chaque jour leurs marchandises. Pour réaliser une logistique optimale, un système semi-automatisé basé sur l’ICT et la RFID a été implémenté. L’objectif est de prélever et de rassembler, de manière efficiente, les marchandises pour les divers chantiers. Industrie Technique & Management a discuté de cette réalisation avec Nico Declercq, projet manager de Ceratec Electrotechnics, et Denny Decorte, technology manager sensor applications de Siemens, le fournisseur de la solution RFID. L UNE NOUVEAU MAGASIN, UNE NOUVELLE LOGISTIQUE Le magasin sert à entreposer les produits pour le commerce de gros ainsi que les marchandises pour les chantiers. A partir du système SAP, des listes de marchandises sont générées chaque jour. Le matériel est prélevé et préparé à l’aide d’un système WMS et des lecteurs de codesbarres (une application Zetes). Jadis, les marchandises étaient rassemblées dans la zone de col- lecte, à proximité des sas de chargement et de déchargement. Chaque soir, les chauffeurs garaient leur camionnette devant l’un des sas, là où il y avait de la place, puis ils partaient chercher leurs marchandises. Le matériel, placé sur un diable, était amené jusqu’à la camionnette et chargé. Comme le magasin devenait trop exigu, le matériel a été stocké dans un espace réduit et les chauffeurs se bousculaient lorsqu’ils venaient retirer les marchandises. Cela entraînait aussi des erreurs car certains produits partaient pour le mauvais chantier et ne revenaient généralement que comme ‘surplus’ lorsque le chantier était terminé. Les chauffeurs s’énervaient et perdaient du temps à chercher ‘leurs’ produits ; parfois, il fallait passer une nouvelle commande. Conséquences : un surstock, une perte de temps et un ralentissement du travail voire du chantier qui n’était plus approvisionné. Lors du chargement dans la camionnette, les chauffeurs se souvenaient parfois qu’il manquait de l’outillage sur le chantier, ils retournaient alors au magasin et prenaient ce qu’ils avaient besoin (sans le communiquer à un responsable). Résultat : des difficultés, d’une part avec la gestion des stocks et d’autre part, avec le calcul des coûts réels par chantier. Ceratec a voulu solutionner cette problématique dans le cadre de la nouvelle construction. Le magasin est aujourd’hui beaucoup plus clair du fait de sa surface étendue, et les huit sas de chargement et de déchargement ont été subdivisés en trois sas pour le déchargement des marchandises et cinq sas équipés spécifiquement pour le chargement des camionnettes qui transportent le matériel aux chantiers. A côté de cela, un tout nouveau système logistique semi-automatisé a été mis en place. LA RFID POUR OUVRIR LES SAS RV/Ceratec Ceratec a réaménagé son magasin de Ploegsteert et revu la disposition des quais de chargement. Chaque chauffeur dispose aujourd’hui de ‘son’ sas qui s’ouvre et se referme à l’aide de tags RFID. Le nouveau système logistique élaboré par Ceratec en collaboration avec Siemens, fonctionne sur base de zones distinctes, refermables avec une barrière et dotées d’un ouvre-sas fonctionnant avec des tags RFID. Toutes les camionnettes de l’entreprise (plus d’une centaine) sont équi- INDUSTRIE TECHNIQUE & MANAGEMENT NOVEMBRE 2009 ■ 45 La logistique en toute confiance pées de RFID, chacune ayant un numéro unique. Chaque jour, des numéros RFID sont associés à un projet (et son project manager) qui est à son tour associé à un sas spécifique. Dans le magasin, les marchandises sont préparées par chantier dans l’enceinte qui délimite le sas. Une fois toutes les marchandises rassemblées, le magasinier referme la grille de l’enceinte. Le soir, le chauffeur arrive et se gare devant ‘son’ sas et, via une détection par capteur (présence de véhicule) et la lecture du RFID du véhicule (la bonne camionnette garée devant le bon sas), le sas s’ouvre. Si le chauffeur s’arrête devant le mauvais sas, celui-ci reste fermé. Les chauffeurs peuvent ainsi vider leur propre zone sans se marcher sur les pieds. Ils n’entrent plus dans le magasin et n’emportent que les marchandises qui leurs sont destinées. La zone est aménagée de manière très ordonnée, difficile d’oublier quelque chose. Si un chauffeur a besoin de marchandises supplémentaires, il doit le demander au magasinier. La traçabilité de tous les produits est donc fortement augmentée et le risque d’erreurs par une collecte erronée est exclu. A terme, Ceratec a comme objectif d’équiper aussi les bacs à marchandises (environ 500) de tags RFID pour le tracking & tracing. En lisant les numéros RFID et en les enregistrant lors du chargement, Ceratec saura avec précision quels sont les bacs qui partent vers tel ou tel chantier et pourra vérifier si tout a bien été livré correctement. UNE CONCEPTION JUSTE Siemens s’est chargé du système RFID (tags sur 865 MHz, UHF) et de la mise au point d’une lecture fiable. Chaque sas est équipé d’un lecteur RFID pourvu de quatre antennes : deux à l’extérieur et deux à l’in- RV/Ceratec La solution logistique, élaborée en collaboration avec Siemens : RF660R : les unités de lecture/d’écriture RFID ; RF660A : les antennes RFID ; Scalance X108 : le commutateur Industrial Ethernet ; RF-Manager 2008 : le middelware qui gère le flux de données des unités de lecture/d’écriture ; ET200S-IM151 : le PLC qui assure la commande E/S. térieur dans le futur. Il s’agit d’un système full duplex (fréquence différente pour l’activation et la lecture) dans lequel l’activation (un tag RFID est activé à partir d’un lecteur sur base d’un signal électromagnétique) a lieu via une antenne et la lecture via une se- de manière optimale par rapport à l’une des deux antennes. Le placement optimal des antennes a été testé sur place. Le problème ici est qu’on a à faire à des camions et à des camionnettes. Il est un fait qu’un sas ne RV/Ceratec Gros plan sur les lecteurs RFID placés sur les sas de l’entrepôt. conde antenne. Dans certaines applications, cette conception est utile pour maximaliser le débit de lecture. Dans ce cas-ci, le débit de lecture n’est pas important, mais comme on change d’antenne toutes les 30 secondes pour l’émission et la réception, on reçoit une activation et une lecture à partir de deux positions. Cela donne une lecture RFID plus fiable, même lorsque le tag sur la camionnette n’est pas bien positionné 46 ■ INDUSTRIE TECHNIQUE & MANAGEMENT NOVEMBRE 2009 peut pas s’ouvrir par le signal venant des réflexions d’un camion voisin ou garé sur le parking. Il a donc fallu utiliser des tags spéciaux puisqu’ils sont montés sur le toit métallique des véhicules. Parmi les possibilités offertes par Siemens, Ceratec a fait son choix sur base d’une série de tests. Les lecteurs RFID sont reliés à un Simatic S7-PLC qui assure le contrôle des numéros RFID et l’ouverture des sas. Pendant la période où le sas est ouvert, le tag RFID et la présence du véhicule sont contrôlés en permanence. Si un des deux signaux disparaît, le sas se ferme. On évite ainsi que le chauffeur ne doive fermer manuellement le sas (pour éviter des oublis pouvant entraîner des erreurs dans le système). Le PLC est connecté à un PC qui dispose du RFID-Manager de Siemens, un système de gestion qui fonctionne comme middleware et qui communique avec l’application ERP (SAP), le système de planification, l’attribution des RFID à un job spécifique,... L’idée d’un tel concept a été imaginée fin 2008. Les premiers tests ont été réalisés en janvier 2009. La commande a été passée en avril et la solution a été progressivement implémentée. Cela s’est fait par étapes car il était impossible d’appliquer les tags RFID en quelques jours sur tous les véhicules sans perturber le travail. Aujourd’hui, tous les tags sont placés et le système logistique est opérationnel. Après quelques mois d’utilisation, il ressort que l’investissement dans cette application s’amortit relativement vite, ne fut-ce que grâce à la réduction du pourcentage d’erreurs (si on ramène la marge d’erreur à 0,5 %, cela représente un montant appréciable sur le chiffre annuel de 10 à 15 millions euro pour le matériel sur chantier) et à l’augmentation de l’efficience des magasiniers. Les chauffeurs sont aussi satisfaits de cette solution car ils enlèvent les marchandises beaucoup plus vite qu’avant. Et comme ils font cela en fin de journée, ils peuvent rentrer plus vite chez eux. En outre, grâce au tracing lors du prélèvement des marchandises, Ceratec dispose d’une meilleure visualisation (en temps réel) des flux envoyés sur les chantiers. ■ www.industrie.be