JEANNE ET OSITHEE Parallèles croisées Stage Readings

Transcription

JEANNE ET OSITHEE Parallèles croisées Stage Readings
JEANNE ET OSITHEE
Parallèles croisées
Stage Readings
December 8, 2015
___________
Nathalie Loignon is Zithée
Marjolaine Whittlesey is Jeanne
Excerpt 1 :
TWO WOMEN (pp. 1-4 of Booklet)
ZITHÉE - (Elle regarde au large) C’est beau, hein? Le grand lac avec son eau ben bleu comme ça.
(pause) Ma p’tite sœur disait que dans le Massachusetts pi le New York, le monde paie gros d’l’argent
pour avoir une belle vue comme ça. Gros d’l’argent. (pause) Pi nous autres, on l’a presque dans la
cour d’en avant. Juste là.
JEANNE - Moi, Jeanne Amiel, je vous le dis tout haut ! Ils m’aiment pas beaucoup au village. Même
qu’ils m’appellent « Jeanne la rebelle ». Moi, je suis une de ces femmes qui veulent que ça change,
pour demain et pour jamais. On est pas là pour se monter le bourrichon entre nous ! On est là pour
la faire péter la vérité !
ZITHÉE - On devrait pouvoir se mettre icit pi admirer ce beau lac-là à longueur de journée. J’te
gage que c’est ça que le monde font là-bas, ayoù c’est qui passent pas leurs vies à crever. (pause) Ou
ben y vont se baigner ou en bateau à voile.
JEANNE - Qu’est-ce qu’elle a fait la rebelle ? Rien d’autre que de vouloir vivre ses rêves. Rien qu’un
peu, pour commencer à bouger. Accroche-toi ma pauvre Jeanne ! Bouger, tu parles !
ZITHÉE - L’année passée, du monde riche était venu avec un bateau à voile. On le voyait se
promener d’un bord à l’autre toute la journée. J’me demande si ce monde riche-là ont d’la misère
comme nous autres.
JEANNE - Voilà quelque chose qu’ils aiment pas les autres : quand tu bouges. Ils ont trop peur que
ça change, les frileux… Si tu insistes, ils te feront tomber le ciel sur la tête.
ZITHÉE - C’tait pas du monde d’icit, ça c’est certain. Pi quand j’les voyais sur ce-bateau-là, me
semble qui pouvaient pas avoir de problèmes, c’monde-là.
JEANNE - Nous les femmes, c’est comme si on était enfermées à jamais dans nos Pyrénées, sans
espoir de partir. Sans choisir de rester ou de prendre le large, si l’occasion se présente pour toi.
ZITHÉE - Y avaient un beau gros bateau qui marchait tout seul … qui glissait sur l’eau sans qui
aient besoin de faire rien.
JEANNE - Enfermées qu’on est, je vous dis, barrat a clau ! … à double tour de clef, coincées par les
montagnes et par cette vieille garce de destinée.
ZITHÉE - Pour moué, leurs vies sont comme ça étou. Y se rendent ayoù c’est qui veulent dans vie,
sans avoir besoin de rien faire
1
JEANNE - Moi, ma force, c’est de vouloir la liberté. C’était pas assez de ruer dans les brancards …
Je la voulais la liberté, la vraie, celle qui arrache les filles au destin trop rangé, comme le linge dans la
commode de la chambre, celle qui te sors de la vie de résignation que les autres t’ont bien préparée.
Mais je l’aurai pas connue, moi, la liberté ! … Mais c’est pour mes filles à présent ! Elles, c’est ma
relève. Les cinq petites futées qui me restent depuis que mon Charlot, ils me l’ont tué à la guerre.
Tiens, Danièle, Augustine, Marcelline, Aimée, Honorine, ils les respectent au village et elles leur en
imposent ! C’est elles qui gagnent aujourd’hui tout ce que j’ai rêvé. Elles ont toutes un travail et pas
du journalier, s’il vous plait, à faire les foins chez les autres et le jardin au presbytère ? Et puis, elles
ont pas eu à se marier, c’est elles qui ont poussé leurs amoureux à la mairie, un jour, quand elles l’ont
choisi…Et les enfants ? Z’en font plus. Vous savez, si c’est pour les envoyer au casse-pipe dans les
tranchées ? Si c’est pour récurer le cul des casseroles et faire les foins dans la pente, en te cassant le
cou sous le poids de la bourrasse ? A non, merci, elles ont dit en choeur, mes libérées ! Même
qu’Aimée, quand elle est revenue de Paris en infirmière, elle a montré aux filles comment ne plus en
faire, si elles n’en voulaient pas … Pour sûr, elles sont libérées !
ZITHÉE – Ces riches-là, y sont pas comme nous autres, j’vous le dis. Nous autres, faut qu’on se
mette à l’ouvrage sur la ferme aussitôt qu’on peut. Pi on travaille à partir de c’t’à journée-là jusqu’à
temps qu’on meurt. Moué, quand j’tais p’tite, on m’envoyait trouver les œufs dans la grange ou
ramasser des fraises de champ ou des bleuets. Quand j’tais plus vieille, j’aidais à maman à faire le
travail à la maison pi prendre soin des plus p‘tits. A aurait jamais pu arriver avec ça tout seul, ma
mère. Pi moué, ça me bâdrait pas de travailler. Le temps passait plus vite qu’à rien faire. Mais avec
toute c’qui avait à faire, j’ai jamais pu aller à l’école comme les plus jeunes. Eux-autres, on trouvait qui
étaient dans les jambes pi on savait pas trop quoi c’est faire avec, ça fait qu’on les sacrait à l’école.
Dans c’temps-là, on pensait que c’tait un peu comme une punition … être enfarmé à longueur de
journée dans c’t’a grosse bâtissse grise-là sans pouvoir sortir pi faire qui c’est qu’on voulait. A part de
ça, on se faisait chanter des bêtises par les religieuses parce qui trouvaient qu’on était épais. (pause)
Asteur, j’réalise pas mal que c’tait moué qui était punie. Eux-autres, les plus jeunes, y ont eu la chance
de décoller d’icit pi de faire quèque chose. Moué qui sais pas lire pi écrire, chu resté pris icit.
______________________________________________________________________________
Excerpt 2: DIFFERENCES?
(pp. 21-26 of Booklet)
ZITHÉE - Ah, ma chère Jeanne, on pense pas mal de la même façon … et on vit pas mal de la
même façon. Tu sais, y a pas tellement de différence entre toi et ta France et moi et mes États-Unis.
JEANNE - Sauf cette chaise !
ZITHÉE - Vous avez pas de chaises berceuses ?
JEANNE - (qui l’a observée tout ce temps en train de se balancer sur sa chaise) Ques aquo, cette cadière sur un
berceau ? Ici y a que des chaises qu’on tire devant la porte pour prendre le frais, ou le chaisou à côté
de l’âtre. Se bercer avec. Alors, ça bonté divine ! Y a de quoi se casser la margoulette !
ZITHÉE - Mais c’est le contraire. Pour moi, c’est toujours la meilleure place pour s’assire. Quand
ça va bien, me semble que ça va encore mieux si je me barce. Quand ça va mal, je me barce pi ça me
soulage un peu, on dirait. Pi c’est la même chose pour mes enfants quand y était p’tits. J’les barçait
pour les endormir quand y étaient bébés pi plus tard pour les calmer ou les faire sourire si y étaient
tristes. Pi quand mon Pierre est parti dans le bois l’hiver, je me barce en regardant le lac pi je
m’imagine comment ça va être le printemps mèque mon Pierre revient pi mèque toute la glace soit
parti pi on va pouvoir voir l’eau bleue encore une fois. (pause) Mais faut dire que ta chaise me paraît
ben drôle étou.
JEANNE – C’est parce qu’elle toute petite que tu me dis ça ? Elle est bien commode tiens quand tu
tisonnes sous la marmite dans la cheminée. Tu vas pas y rentrer avec une grosse comme le trône de
2
l’autre dans son palais. Il faut te faire tout petit pour aller contre le feu. Mais attention, malurous, sans
te brûler ! On se pose, toute légère et en allongeant le bras, on peu gouter le brouet qui mijote avec
les carottes et les patates. Si tu es pas tout près, tu peux pas la voir la soupe qui rigole. Et le fumet,
alors. T’auras jamais le nez assez long pour me le sentir le fumet. C’est ma grand-mère qui l’avait, ma
chaise. Je l’ai gardée. C’est du noyer comme les bahuts des riches. Mon grand père l’a trouvée quelque
part en France d’en haut, quand il faisait colporteur. Tu parles, un chaisou en noyer. C’est pas ici
qu’on en fait. Alors il l’a vite échangée. Il a du leur fourguer des chapelets ou des images pieuses. Tu
parles d’un marché. (elle rit du bon tour qu’il leur a joué) Tiens tu veux l’essayer, même si tu veux pas te
mettre dans la cheminée…
ZITHÉE - Oof, j’sais pas. A me paraît plus dangereuse que la mienne, même.
JEANNE - Je crois que vous exagérez, un brin, vous les Américains … Vous aimez la galéjade je
vois, à vous bercer comme un nouveau né, ça doit quand même vous donner le tournis, à force de
gigoter non ? J’l’essaierai bien, mais j’aurais trop peur de passer cul par dessus tête ? Tu rigoles ? Tu
as pas envie que je pique du nez dans l’âtre, non ?
ZITHÉE - Bon, ben j’essaie la tienne si tu veux bien essayer la mienne.
JEANNE - (après une hésitation, mais finalement avec enthousiasme) Tope- là ! On y va !
Les deux se lèvent et vont se diriger lentement vers la chaise de l’autre. Elles vont se regarder et regarder la chaise
« ennemie » avant de décider de s’assoir. Elles vont presque sauter dedans, tout en jetant un petit cri. Elles vont ensuite
essayer de se mettre à l’aise dans la chaise sans trop réussir.
ZITHÉE - Je vois un peu ce que tu veux dire, ma chère Jeanne.
JEANNE - Et moi aussi, ma chère Zithée.
ZITHÉE - Vu qu’on est dans la place de l’autre, mon amie, il y a aussi des mots et des expressions
que j’ai eu un peu de misère à comprendre quand tu as raconté ton histoire. Par exemple, quand tu
parlais du cochon – les cochons qu’on aime tant toutes les deux. T’as parlé de boudin – ça, je
comprends ça – mais y avait autre chose que j’ai pas compris juste après.
JEANNE- (qui essaie de penser aux mots) – Hm, voyons. Hmmm … boudin … Ah ! La cansalade et la
ventrêche ?
ZITHÉE - C’est ça !
JEANNE - Et bé, c’est la même chose, c’est du cochon bien gras, surtout si tu laisses la couenne.
Alors le lard du cochon tu le prends sur les côtes de la bête, ou bien sur le ventre et là, pardi, ça
devient de la ventrêche (elle se pince le gras du ventre pour bien faire comprendre d’où vient la ventrêche).
ZITHÉE - Ah. Et t’as aussi mentionné quèque chose comme un chat gros … faire un chat gros,
j’pense.
JEANNE - Mais mon Dieu, faire un chat gros ? Qu’est-ce qui aurait pu … Ah ! Chabrot ! Faire
chabrot ! C’était ça ?
ZITHÉE - Oui, j’pas mal certaine.
JEANNE - Tiens, c’est pas dans la haute qu’ils font ça, le chabrot. Ils pensent que c’est boire
comme des chèvres… Moi, j’en ai jamais vu des chèvres qui mettent un peu de vin dans la fin de la
soupe. Et tu le bois à l’assiette, ça te donne un de ces veloutés, de quoi te lécher les babouines de
plaisir … T’as compris quand j’ai dit « oun chignaou » ?
3
ZITHÉE - Pantoutte.
JEANNE - Mais ça c’est du patois ! Comme ce que tu viens de dire, dans le tien de patois. Juste un
peu, un tout petit peu … oun chignaou, c’est quand même aussi bien que tous ceux qui disent « un
soupçon », en faisant le cul de poule avec les lèvres (elle fait la mimique et répète)… « un soupçoooon ».
ZITHÉE - Merci mon amie. Tu sais, ça me surprend que tu me comprends … avec le mauvais
français que je parle. On a eu un curé d’la France ça fait une vingtaine d’années. Ben quand y est
arrivé, la plupart de nous autres, on comprenait pas un mot qui disait avec ses « eusses » pi ses
« eumes » pi ses « furent » pi ses « futes » pi des affaires comme ça. On écoutait son sermon le
dimanche, mais on comprenait rien. Pi lui, y passait son temps à nous dire qu’on parlait mal.
JEANNE - Et tiens …toi tu finis par croire que tu parles un mauvais français ! C’est pareil que nous
quand on a pris la vergogne de parler patois, après qu’on a reçu les coups de règle sur les doigts à
l’école. Va, crois-moi, tu les écoutes de trop et tu as la peur de pas être comme eux, avec leur bonne
langue. Bientôt ta langue de la maison, tu l’apprends plus à tes enfants. Et eux ils veulent plus la
parler. Tu vois le tableau. Déjà qu’on avait pas grand chose à leur laisser, là, maintenant, ils auront
plus rien…
ZITHÉE - Eh bien, on fait le mieux qu’on peut. On est pas allé à l’école, ça fait qu’on parle comme
nos parents. Quand on sait pas comment dire quèque chose, on poigne un mot anglais. C’est plus
facile, parce que les anglais sont partout alentour de nous autres. Par exemple, sais-tu quoi c’est que
c’est, une « mitaine » ?
JEANNE - Bien sûr, c’est le gant sans les doigts couverts au bout. Que c’est pas commode l’hiver.
Il y a que ça pour te prendre l’onglet !
ZITHÉE - Ben pour nous, une « mitaine, » c’t’aussi une église protestante. Pi ça, c’t’à cause de
l’anglais. C’est Albert Lagassey qui a appris ça d’un livre en quèque part pi y a expliqué ça à mon
garçon Clifford qui m’a raconté ça. Y a gros des protestants qui appellent leur église une « meeting
house. » Pour nous autres, c’est une « mitaine » … « meeting » prononcé en français. Y en avait
d’autres mais j’les ai oubliés parce que ça m’a pris toute pour comprendre celui-là.
JEANNE - Ben tu sais nous on connait rien en anglais et c’est tant mieux. S’il faut aussi apprendre
l’anglais ! On a bien du mal à se faire entrer le français dans les oreilles, alors… Et « pantoutte », c’est
du patois anglais aussi ?
ZITHÉE - Euh … non … j’pense pas. Le « toutte » à la fin c’est comme quand on dit qu’on est
toutte partis pour aller à messe … ou ben que quèqu’un est pas toutte elà . T’sais, y est un peu fêlé.
Le « pan, » j’sais pas où ça d’vient. Mais « pantoutte, » c’est la même chose que quand le prêtre nous
dit : « du tout, du tout, madame. » Comme ça, « pantoutte » dans not’ façon de parler, c’est la même
chose que le « du tout » du prêtre.
Pause
ZITHÉE - Eh, bien, Jeanne, tu aimes ça te bercer dans ma belle chaise berceuse ?
JEANNE - Alors, ça peut aller si je le prends calme, mais j’irai pas te dire que je vais y passer toute la
vie sur ta chaise qui a la dandinette.
ZITHÉE - Mais j’pense que tu aimes toujours mieux la tienne. (elle se lève)
JEANNE - Et toi la tienne. (elle se lève)
4
ZITHÉE - Mais ça fait du bien de l’essayer. Ça fait toujours du bien d’essayer quèque chose de
différent et de nouveau de temps en temps. Mais ça fait presque plus de bien de retrouver nos belles
vieilles affaires.
Les deux femmes s’assoient dans leur propre chaise, poussent un petit soupir et se donnent un petit sourire.
______________________________________________________________________________
Excerpt 2: WHAT WOULD MEN WITHOUT US?
(pp. 34-37 of Booklet)
JEANNE - Elle chantonne les paroles de « Se Chanto » en occitan.
Devant de ma fenestro
ia un auzeloun
Tuoto la neuch chanto,
Chanto sa chansoun
Se chanto, que chante
Chanto pa per iuo
Chanto per ma mio
Qu'es da luenh de iou
Aquelos montanhos
Que tant autos soun
M'empachon de veire
Mes amors ount soun
Se chanto, que chante
Chanto pa per iuo
Chanto per ma mio
Qu'es da luenh de iou
… Alors cette photo que tu voulais que je regarde de ta famille. Tu vas me les montrer tous, ta
ribambelle ? Ta kyrielle ? Je sais plus comment dire, ta smala ? ta portée ? ta vaste nichée ? Enfin,
tous tes enfants !
ZITHÉE - Ah, ben j’avais presque oublié. Ainque un p’tit peu sur chacun, parce qu’autrement, on
va être icit pour une semaine. (elle indique la personne dans la photo en parlant de lui/elle) Bon, ben
commençons avec nos maitresses d’école … ça c’est Térese, que t’as rencontré … Yvonne … pi
Laurette. Icit … icit, pi icit. Ces trois gars là, c’est Gilman, Clifford, pi Ti-Jean … t’sais, les trois que
j’avais tant de misère avec. Y sont encore malcommodes comme tout, mais y se calment un peu.
Gilman pi Clifford veulent travailler la terre, comme leur père. Gilman va avoir notre terre mèque
qu’on soyent trop vieux pour s’occuper de toute ça, ça fait qui va s’arranger pas mal ben. C’t’un bon y
travailleur. Clifford, lui, ça va être plus dur pour lui, j’ai ben peur. Ça coute cher, s’acheter une terre,
pi y en reste pas gros par icit. Comme ça, tedben qui va décoller pi aller travailler dans le moulins
dans le sud comme Ti-Jean pi Simone pi Marie veulent faire. Y peuvent se faire des grosses gages si y
travaillent dans ces moulins-là. Moué, j’sais que j’aimerais pas ça. T’es enfermé toute la journée pi
c’est noir pi ça même assez de train que c’pas drôle. Mais j’comprends pourquoi qui veulent y aller.
Y a vraiment rien icit pour eux-autres, à moins qui veulent marier des bonriens comme les maris à
Laura pi Anna. Ça, c’est mon beau Armand qui est allé à la guerre, chez vous en France. Tu vois. Y
est dans son uniforme icit. L’armée y a appris gros des choses. Y travaillait avec les docteurs pour
soigner les blessés. Y a appris à propos des remèdes, ça fait que quand y est revenu, y a commencé
une pharmacie pi j’te dis qui fait ben avec ça.
Pause assez longue
JEANNE - Tu en as pas oublié un ? Celui-là, le garçon avec son uniforme pareil à Armand ?
5
ZITHÉE – (pause avec soupir de tristesse) Ah oui. Lézime. Mon pauvre p’tit Lézime. (pause, elle va pour
dire quelque chose, mais Jeanne se rend compte de l’heure et l’interrompt)
JEANNE - Ben faudrait mieux qu’on aille à la table de la cuisine et puis y a pas à tarder, les
hommes vont rentrer pour le souper.
ZITHÉE - Mon Dieu. C’est vrai. J’aimais tant parler avec toi que j’ai oublié que le premier devoir
des femmes par chez nous, c’est de faire à manger pour son homme. Après avoir rempli la maison
d’enfants pour lui, certain. Eh, ben, à l’ouvrage, mon amie.
JEANNE - J’suis pas sûre que ça devrait durer tout ce tintouin des hommes et des femmes.
M’enfin, chère Zithée, on a peut-être raison d’accepter. Je te demande : Qu’est-ce qu’ils feraient sans
nous les hommes, hein ? Bon, y va, mais on en chante une toutes les deux ensemble pour y aller…
Tiens on s’en prend une facile …
ZITHÉE - Ben, j’sais « Au clair de la lune, » mais ça, c’est ainque une chanson pour les enfants, ça.
JEANNE - Mais pas du tout !
ZITHÉE - Bon, ben, allons-y. (elle se met à chanter tout doucement. Jeanne commence à chanter avec elle. Avec
l’aide de Jeanne, Zithée va chanter de plus en plus fort et avec une certaine confiance. Les deux femmes sortent en
chantant).
Au clair de la lune
Mon ami Pierrot,
Prête-moi ta plume
Pour écrire un mot,
Ma chandelle est morte
Je n'ai plus de feu,
Ouvre-moi ta porte
Pour l'amour de Dieu
______________________________________________________________________________
Excerpt 4: CROSSED PARALLELS?
(pp. 39-50 of Booklet)
(NB : The script of this third and last part of the play is not provided during the reading)
© 2015 Chabot/Redonnet
6

Documents pareils