Rhinite et rhinosinusite

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Rhinite et rhinosinusite
Rhinite et rhinosinusite
Luc Monette, ORL
CSSSG
19 Mars 2008
Objectifs
• Reconnaître l’anatomie du nez et des sinus
• Reconnaître la classification des rhinites et leurs
traitements.
• Discuter du consensus ARIA
• Discuter des lignes thérapeutiques dans la
rhinosinusite
• Évaluer les défis de la résistance bactérienne dans
les IVR
Figure 1: Anatomie du nez et des sinus
Figure 2: Anatomie des sinus paranasaux
Classification des rhinites
- RHINITE ALLERGIQUE
- RHINITE NON-ALLERGIQUE
Classification des rhinites
RHINITE NON-ALLERGIQUE
Rhinite vasomotrice
Rhinite infectieuse
Rhinite non-allergique avec éosinophiles
Rhinite médicamenteuse
Rhinite due aux hormones
Rhinite atrophique
Rhinite associée à des atteintes systémiques
ou anomalies anatomiques
Rhinite allergique
À médiation IgE
Symptômes déclenchés par exposition aux
allergènes
Saisonnière ou perannuelle
Symptômes: démangeaisons des yeux, du nez et du
palais, éternuements, rhinorrhée, congestion nasale
Tests cutanés positifs / RAST
Présence d’éosinophiles dans les sécrétions nasales
Figure 3: Rhinite allergique – mécanisme de sensibilisation
Épreuves diagnostiques
Tests cutanés
Cytologie nasale
IgE sériques
Technique du RAST
Rhinite allergique
Traitement
Éviter l’exposition aux allergènes dans
l’environnement
Pharmacothérapie
- antihistaminiques
- décongestionnants
- corticostéroïdes en application intranasale
- autres agents par voie nasale
Immunothérapie
Mesures environnementales
destinées à réduire
l’exposition aux allergènes
POLLENS
Fermer les fenêtres (utiliser l’air climatisé, p. ex.)
Éviter les activités extérieures durant la saison des pollens
ACARIENS
Enlever les tapis et les meubles rembourrés
Laver la literie dans l’eau chaude ( >54°c)
Recouvrir le matelas et les oreillers d’une enveloppe
antiacarien
Garder l’atmosphère fraîche et sèche
Mesures environnementales
destinées à réduire
l’exposition aux allergènes
MOISISSURES
Enlever les vieux meubles remisés
Garder l’atmosphère fraîche et sèche
Antihistaminiques
Soulagent les symptômes de la rhinite allergique
(éternuements, rhinorrhée, démangeaisons)
Soulagent peu la congestion nasale
Agissent davantage s’ils sont pris avant l’exposition à un
allergène
Peuvent être plus efficaces chez les patients souffrant de
congestion nasale et oculaire, s’ils sont associés à un
corticostéroïde en application intranasale
Moins efficaces dans la rhinite vasomotrice
Décongestionnants
S’administrent par voie orale ou nasale
Soulagent la congestion
Diminuent l’œdème de la muqueuse nasale
Provoquent une vasoconstriction
Corticostéroïdes en
application intranasale
L’inflammation de la muqueuse nasale est la principale cause des
symptômes de rhinite allergique
L’efficacité thérapeutique supérieure des corticostéroïdes en
application intranasale est attribuable à leurs effets antiinflammatoires
Sont rapidement dégradés ou métabolisés s’ils sont absorbés
L’inhibition de l’axe hypothalamo-hypophyso-surrénalien n’a jamais
présenté de difficulté clinique aux doses habituellement
recommandées
Corticostéroïdes en
application intranasale
Effets anti-inflammatoires
Inhibent les réactions d’hypersensibilité immédiate et
retardée à l’antigène
Diminuent l’infiltration cellulaire dans la muqueuse nasale,
l’œdème et le nombre de médiateurs inflammatoires
Peuvent inhiber la montée saisonnière du taux d’anticorps
spécifiques à un pollen
Corticostéroïdes en
application intranasale
Effets thérapeutiques
Soulagent efficacement les éternuements, la rhinorrhée et la
congestion nasale
Soulagent efficacement la congestion nasale contrairement
aux antihistaminiques
Peuvent favoriser la fidélité au traitement grâce à leur prise
uniquotidienne (préparations récentes)
Corticostéroïdes en
application intranasale
Utilisation adéquate
Délai possible de 7 à 14 jours avant l’effet maximal
Mode d’administration adéquat:
- réduit les effets indésirables potentiels
- incliner la tête vers l’avant
- diriger le jet légèrement à l’opposé de la cloison
nasale
Autres agents par
voie nasale
Cromoglicate sodique
- pour la prévention des symptômes d’allergie
Bromure d’ipratropium
- en prophylaxie ou au besoin dans la
rhinorrhée vasomotrice
Solution saline ou gels lubrifiants
- soulagent la sécheresse nasale et la gêne des
croûtes nasales
Corticostéroïdes oraux
(prednisone)
Rhinite allergique grave
Rhinite médicamenteuse
Polypes nasaux
Immunothérapie
Indications
Uniquement dans la rhinite allergique
Importance d’une corrélation étroite entre:
- les symptômes
- les résultats de l’examen physique
- les résultats positifs des tests cutanés aux allergènes
Utile lorsque les symptômes persistent, malgré:
- l’application de mesures visant à éviter les facteurs
déclenchants
- une pharmacothérapie adéquate
Immunothérapie
Renseignements aux patients
Obligatoire d’attendre 30 minutes après l’injection
Éviter tout effort important 4 heures avant ou après
l’injection
Signaler immédiatement tout symptôme
d’anaphylaxie
- démangeaisons de la paume de la main, de la plante du
pied ou du cuir chevelu, dyspnée, gêne respiratoire
Rhinite vasomotrice
Aucune preuve de réaction provoquée par des IgE
Rhinorrhée claire, éternuements
Congestion nasale possible
Symptômes pouvant être associés aux
changements de température et à certains irritants
Tests cutanés négatifs
Absence d’éosinophiles dans les sécrétions
nasales
Rhinite vasomotrice
Traitement
Bromure d’ipratropium par voie nasale
Antihistaminiques, décongestionnants et
corticostéroïdes en application intranasale peuvent,
de façon non prévisible, apporter un certain
soulagement
Rhinite infectieuse
•
•
•
•
•
•
Congestion nasale et sécrétions mucopurulentes
Toux provoquée par des sécrétions rétronasales
Halitose, malaise général
Sinusite généralement associée
Neutrophiles dans les sécrétions nasales
Traitement: antibiotiques, solution saline topique
Rhinite non-allergique avec
éosinophiles
Symptômes: congestion nasale, prurit, éternuements,
rhinorrhée claire
Exacerbations paroxystiques, fréquemment avec stimuli
physiques
Aucune preuve de réaction provoquée par le IgE
Présence significative d’éosinophiles dans les sécrétions
Présence possible de polypes nasaux
Traitement: corticostéroïdes en application intranasale
Rhinite médicamenteuse
Associée à l’utilisation de décongestionnants topiques en
application intranasale
Muqueuse rougie et oedématiée, avec peu de sécrétions
Traitement: prednisone par voie orale et corticostéroïdes en
application intranasale
Traitement de l’affection sous-jacente pour laquelle le
décongestionnant en application intranasale a d’abord été
prescrit
Rhinite due aux hormones
Congestion nasale, rhinorrhée claire, éternuements
DURANT LA GROSSESSE
- Généralement au second et troisième trimestre
- Les symptômes subsistent après l’accouchement
- Traitement: évaluer si l’utilité thérapeutique
l’emporte sur les risques potentiels
Rhinite due aux hormones
RAREMENT AVEC L’ŒSTROGÈNE
PAR VOIE ORALE
- Contraceptifs oraux, hormonothérapie
- Traitement: discontinuer ou réduire la dose
Rhinite atrophique
Peut être provoquée par une infection antérieure, un
traumatisme, une intervention chirurgicale
Peut être idiopathique
Sensation d’obstruction grave malgré la perméabilité des
voies aériennes
Muqueuse sèche, rougeâtre, croûteuse
Sécrétions épaisses, malodorantes
Traitement: solution saline topique, gels lubrifiants
Polypes nasaux
Apparence de « raisin pelé »
Anosmie fréquente
Complications des rhinites allergiques et non-allergiques
Souvent associés à la sinusite
Habituellement bilatéraux
Rares chez les enfants (envisager la FK)
Traitement: corticostéroïdes par voie orale ou par voie
nasale, chirurgie
Autres considérations sur la
rhinite et l’obstruction nasale
Troubles granulomateux auto-immuns
Atrésie choanale unilatérale congénitale
(nourrissons)
Encéphalocèle congénital
Corps étrangers enclavés
Hypertrophie adénoïdale
Déviation de la cloison nasale
néoplasmes
Figure 4: Pathologie du nez et des sinus
Traitement chirurgical
INDICATIONS POSSIBLES
Déviation du septum
Fractures traumatiques nasales ou maxillaires
Hypertrophie adénoïde et autres lésions
rhinopharyngiennes
Polypes nasaux
Hypertrophie chronique du cornet inférieur et rhinite
hyperplasique rebelle au traitement médical
Obstruction du complexe ostéoméal
Résumé des options
thérapeutiques pour la rhinite
MESURES ENVIRONNEMENTALES
PHARMACOTHÉRAPIE
Antihistaminiques
Décongestionnants
Corticostéroïdes en application intranasale
Cromoglicate sodique par voie nasale
Bromure d’ipratropium par voie nasale
Lévocabastine par voie nasale
Lubrifiants nasaux
Prednisone
Résumé des options
thérapeutiques pour la rhinite
IMMUNOTHÉRAPIE
TRAITEMENT CHIRURGICAL
Consensus ARIA (résumé)
• Fréquence
– Intermittents: < 4 jours/sem ou < 4 semaines
– Persistants : > 4 jours/sem ou > 4 semaines
• Gravité
– Léger (pas de trouble du sommeil ou d’absence au
travail)
– Modérée-sévère
Rhinosinusite
• Prévalence: 135/1000 de population
• 90% des rhumes se transforment en rhinosinusite
• 2% sont des rhinosinusites bactériennes
Rhinosinusite
Facteurs prédisposants
•
•
•
•
•
•
•
Atopie (en particulier, la rhinite allergique)
Infection nasale
Polypose nasale
Anomalie anatomique
Rhinite tabagique
Déficit immunitaire
Fibrose kystique et dysfonction ciliaire primaire
Rhinosinusite
Mécanismes de défense
•
•
•
•
Ostium
Mucus
Transport ciliaire
Mécanismes immunologiques
Rhinosinusite aiguë
pathophysiologie
•
•
•
•
•
•
•
•
infection virale
inflammation persistante
multiplication bactérienne
relâche d’enzymes protéolytiques
dommage sévère à la muqueuse
acidose métabolique
défense antimicrobienne amoindrie
dommage ciliaire sévère
Rhinosinusite : classification
• La classification est fondée sur les caractéristiques physiopathologiques
et sur la durée de l’infection :
– Aiguë. Les symptômes durent moins de 4 semaines
et les changements inflammatoires se résolvent spontanément ou
grâce au traitement médical approprié.
– Subaiguë. Comme dans l’infection aiguë, mais les symptômes sont
présents depuis 4 à 12 semaines.
– Aiguë récurrente. Les symptômes se manifestent
au moins 3 fois par année, mais la résolution des symptômes est
complète entre ces épisodes.
– Chronique. L’infection dure plus de 12 semaines et les changements
inflammatoires persistent même après 4 semaines ou plus de
traitement médical approprié.
Desrosiers M, et al. J Otolaryngology 2002;31(Suppl. 2):2S2-14.
Rhinosinusite
Facteurs diagnostiques
• Majeurs
–
–
–
–
douleur/pression au visage/dents
congestion/plénitude du visage
congestion/blocage nasal
écoulement nasal/rhinorrhée purulente
Rhinosinusite
Facteurs diagnostiques
• Mineurs
–
–
–
–
–
–
céphalées
halithose
fatigue
fièvre
toux
otalgie/pression/plénitude
Rhinosinusite
radiologie
• Radiographie simple des sinus
– plus précise pour les atteintes des sinus maxillaires,
frontaux ou sphénoïdes
– opacification, niveau liquidien
– aucune utilité pour l’évaluation des sinus ethmoïdiens
et du complexe osteoméatal
Rhinosinusite
radiologie
• Ct scan des sinus
– imagerie de choix pour la rhinosinusite aiguë sévère
ou chronique
– précision anatomique avant toute chirurgie
– détecte l’obstruction ostiale, les micropolypes et
l’épaississement de la muqueuse, signe
d’inflammation
Rhinosinusite et asthme
• L’arbre respiratoire commence avec le nez et se
termine dans les poumons.
• 80% des asthmatiques ont une rhinite
• 15% des patients avec rhinite allergique ont de
l’asthme
Rhinosinusite et asthme
• Théorie
– Réflexe neurologique entre le nez et les bronches
– Théorie de l’écoulement nasopharyngé
– Voies respiratoires supérieures dysfonctionnelles
• Cliniquement, amélioration de l’asthme avec le
traitement de la rhinosinusite
SBA : raisonnement à l’appui du
traitement antimicrobien
•
•
Symptômes d’infection virale depuis
≥ 7 jours = risque élevé d’infection bactérienne
Buts du traitement :
– soulagement rapide des symptômes
– amélioration de la qualité de vie
– prévention des complications (surtout
intracrâniennes ou orbitaires)
Desrosiers M, et al. J Otolaryngology 2002;31(Suppl. 2):2S2-14.
Rhinosinusite
traitement
• Humidification intranasale
– douche nasale
• Décongestionnant, les premiers jours
• Corticostéroïde topique
• Corticostéroïde systémique
Rhinosinusite
traitement
• Durée : > 7 jours
• Antibiothérapie en aigu
–
–
–
–
–
–
Amoxicilline (1er ligne)
Moxifloxacine
Amoxicilline-clavulanate
Clarithromycine
Céphalosporines
Clindamycine
Rhinosinusite (traitement 2e ligne)
•
•
•
•
•
Aucune réponse au traitement pour 72hrs
Sinusite frontale ou sphénoidale
Allergie
Antibiotiques dans les 3 derniers mois
Maladie chronique sous-jacente
SBA : étiologie
M. catarrhalis
5%
Anaérobes
7%
Autres
13 %
S. aureus
2%
S. pyogenes
3%
H. influenzæ
35 %
S. pneumoniæ
35 %
Desrosiers M, et al. J Otolaryngology 2002;31(Suppl. 2):2S2-14.
S. pneumoniæ résistant à la pénicilline
Isolats canadiens (1988-2003)
% des isolats résistant à la pénicilline
Résistance élevée (%)
Résistance intermédiaire (%)
10
9
8
7
6
5
4
3
2
1
0
1988
1993 1994 1995
Réseau canadien de surveillance des bactéries, avril 2004.
1996 1997 1998
1999 2000 2001
2002 2003
Pneumocoques résistant à l’érythromycine
Isolats canadiens (1988-2003)
% des isolats résistant à l’érythromycine
18
16
14
12
10
8
6
4
2
0
1988 1989 1990 1991 1992 1993 1994 1995 1996 1997 1998 1999 2000 2001 2002
Réseau canadien de surveillance des bactéries, avril 2004.
2003
Pneumocoques résistant
aux fluoroquinolones
% des isolats résistant aux fluoroquinolones
Isolats canadiens (1997-2003)
2
Moxifloxacine
Gatifloxacine
Lévofloxacine
1,8
1,6
1,4
1,2
1
0,8
0,6
0,4
0,2
0
1997
1998
Réseau canadien de surveillance des bactéries, avril 2004.
1999
2000
2001
2002
2003
Résistances bactériennes
• Résistance aux macrolides
• Alternance des prescriptions orales
• Éradication bactérienne rapide
Rhinosinusite
traitement
• Indications chirurgicales
– polypose massive
– rhinosinusite aiguë compliquée
• abcès orbital ou sous-périosté
• infection des tissus mous du front
• abcès cérébral ou méningé
– rhinosinusite fongique allergique ou invasive
– suspicion de tumeur
– rhinorrhée cérébro-spinale
Merci
• Questions ?

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