chroniques élu pays beaujolais
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chroniques élu pays beaujolais PUBLICATION 1994 ACADÉMIE . · DE VI LLEF RANCHE-EN -B EAUJ 0 LAIS l'RI(,ÉJ: !· '\ \( \DL\llE RO'I \I.E P\H LETTRI" P\11 '\Tl·" DE " · \1. L.OLI..., \.1\ u1 169"i BULLETIN No 17- TRAVAUX DE L'ANNÉE 1993 ACADÉMIE DE VILLEFRANCHE-EK-BEAUJOLAIS EHI(~FE E'\ :..C1\DI~.\IIF I{O't \I.E PAR LIITHI~:-. PXIEi\ Il'> OF'->.\ \1 ,\.f!SIF I.Ol l'> '\1\. E.'\ !6tJ'1 . lssncioliull n:~/(' j)(lr lo lui de 1901 BULLETIN N ° 17 PUBLICATION 1994 TRAVAUX DE L'ANNÉE 1993 COMITÉ kn foncttono.; au :\1 décembre 199:\l Pn~,·ufenl \lon-.ieur le ">ou-.-PrC·Il't de \'illefrandlL·. d'b()/1/lel/r I'H~\lclel/1: l{ohert Pl'\ r r. ancien lütonnier de l'Ordre dL''> \\(lGih de \ïlkfranche. 1ïœ-;m~·.;idents · lien ri IlOt H~. u>n-.eiYateur honol~tirL· de-. .\rchin·o.; dL' la vilk de Lyon. ancien prl'o.;idl'nt de 1· \cadet~1iL' de Lyon. \Tathieu t\ lEHA~. con..,cnateur L'Il chd honor:tire des 1\rchin:s de 1~1 région l{hône-Aipc:s. '!1-e'urier · Loui-. .~d t\'\(; EH. l·;1drc adtninistratil a \ illefranclw. \et n:tcllre fJei1'L'Illel: J'ranc< li'> COHC~ FR. annen di reLieur de colkcti\ ilL' hospitalit:re a \ iliL·franchc. \e<.reltllre orchil'iste. C:h:triL''> GAY. magistral honorairL'. Cht11;!!,<' des relotio11s ;mhl!cj!!('S · l'nnemond Dl l{ll"l •. pn.:-.ident du GXT.B. • Pay-. Lk-aujolaï:-. • .1/eiii!Jres Pierre BOl 'Cil \RD . ,t\ nell honoraire .1 \ illdranche, Hohl.:'rt C\1{1{0\, ,trchitcctL'-urhani'>tl' J \ïlldranche . .Jean Dl lPO'\D, proprietaire-négociant l'Il 'in., ~~ \ illetranchc. president clhonneur de l'Union lntl'rprofc:ssionn<.: lle des \in'> du lkaujolai..,, Louis de LO'\CE\'1 \LLE. pré-.ident du nmo.;cil d'administration de I'L X:-,.S.A .F. de V illefranche. ~!mc _\l.-L. ,\. ODI'\. profc..,scur honoraire . .Jean-Jacque-. PIC'\ \l{D. agrégé de 1uni\L'r-.itl'. maire de\ ilklranche. .\C\DI',\ 111 DF \ ILLLTR.\ '\CI lE rue de la Sou.-,-Prékcture <19100 \'ILLITR\'\CIIE-~l R-Si\0:'\ E ()(> Téléphone du '>L'cret,lriat : 7 1 6-'i 09 10 C.C.P. AC \DE.\lll: · L1 0'\ 1HC>6.2J '\ !.L'O., arttck--, '>Ont publics SOU'> la "l'lill' rcsponsahtlite de kurs :tlltl'Urs. ~~ re,Liu-.ion formelle de celle de L\cadèmie. La rcprodullton de'> tc,tcs L''>t -.uhordonnéc ~~ l'accord de celle-ci. C<>UH't'lltrl': Grantrc du \:\Ill' siede. ,\u centre: ro'>L' de diamants. Devise: ~lutuo clarc:scimus igne ... !.tl fm•senle ji!!IJ!icotion cl L'IL' reoli.,ù• tu·ec l'aide du Couseil,t?,L'IIéml du Rb<ÎIIe et de lt!llllll7icipa/ité de 1'ilk:fi"CIIlc/.?e. Directeur de la publication : Robert PI'\Fl lkalisation '>tXTclarial tk l' \c,tdémie de \ïlll'franchc F. C:ORCER Ch. GAY 1.. Lk l.O'\GF\'L\LLE '\. TOl R'\El'X / LE MOT DU PRESIDENT L'année 1993, celle des classes en 3, dont nous avons fait « l'année Jean Guillermet >>. s'est achevée sur une belle cérémonie en l'honneur de celui-ci, qui aurait eu cent ans cette année. Sous la présidence d'honneur de M. jean-jacques Pignard, maire de Villefranche, nous avons entendu divers orateurs évoquer les aspects de la vie de celui à qui nous devons le re.nouveau de notre Académie après la tourmente de 1939-1945. Il a su cristalliser les bonnes volontés qui ont redonné vie à notre Compagnie en lui restituant son titre d'origine. Il eût été fier d'assister, en 1989, avec les délégués de 21 académies de province fondées avant la Révolution , à la réception sous la coupole des représentants de l'Académie de Villefranche. Comme cela vous a été indiqué, notre Compagnie poursuit régulièrement ses travaux et participe effectivement tant aux réunions de l'Union des sociétés historiques du Rhône qu'à la conférence nationale des Académies. j e ne saurais manquer à l'agréable coutume qui veut que je remercie tous ceux qui apportent leur aide à la bonne marche de notre Compagnie et à la réalisation du Bulletin. Il y a là un travail considérable et digne de tous les éloges. Je ne citerai pas de noms, à leur demande, mais ils savent bien qu'ils ont droit à toute notre grel ti tude. Au cours de cette année, nous avons malheureusement à déplorer le décès de trois de nos membres titulaires. Charlie Pons avait fait partie de la première équipe qui avait vu renaÎtre notre Compagnie. Sous un dehors très amène et plein d'humour, il cachait une solide érudition. Il avait participé à la commémoration du centenaire de la mort de Claude Bernard par une comm unication très remarquée. Ayant pris sa retraite, il s'était retiré à Antibes, près de sa fille. pharmacienne dans le Midi. Ou.oique éloigné de Villefranche, il continuait à s'intéresser à nos travaux et sa disparition a profondément peiné les nombreux amis qu'il avait dans la région. Mme jourdan nous a quittés à 9 1 ans. Assidue à nos réunions, femme d'un e haute valeur professionnelle et morale, ayant beaucoup voyagé, très cultivée, elle n'avait que des amis parmi nous. Elle emporte avec elle la sympathie et les regrets de tous . Georges Gourmoux était le symbole d'une amitié fidèle. Très attaché à l'Académie, il en avait été écarté depuis plusieurs années par une longue et pénible maladie. Il emporte avec lui les regrets attristés de tous ceux qui l'ont connu. Aux familles de nos disparus, l'Académie de Villefranche présente ses sincères condoléances et les assure de sa profonde sympathie. Après avoir évoqué le passé, je me dois de vous inviter à penser à l'avenir. 1994 sera marqué par des événements importants : le cinquantenaire de la mort du grand peintre de Salles, Georges Dufrénoy, la mise en valeur du site gallo-romain de Ludna, la communication du Colonel Dooley, directeur de l'institut militaire de Virginie, qui nous parlera de Claudius Crozet, un enfant de Villefranche, et de ses réalisations aux Etats-Unis, et puis, en septembre. le cinquan tenaire de la libération de Villefranche . j'attire d'ores et déjà votre attention sur le fait que l'année 1995 sera celle du tricentenaire de notre Académie. Nous au.rons tous à cœur de célébrer dignement cette commémoration et nous nous efforcerons de donner à cet événement un éclat digne de notre Compagnie et ce, sous la coupole de l'ancien Hôtel~ Dieu où la mairie nous installera solennellement. Robert PINET Président de l'Académie , , , ACTIVITES DE L'ACADEMIE PENDANT L'ANNEE 1993 DATES de s sé ance s 12 décembre 1992 SUJETS TRAITÉS EN SÉANCE PUBLIQUE ORATEURS PAGES à consulter La resta uration de la faça de de la co ll égiale Not re-Dame des Marais J.-G. MORTAMET 57 Une m ise au po int hist oriq ue: la vérité sur les Fa rei ni stes ).-P. MICHEL-CHANTIN 53 13 février La chi mie à la rencont re du t issage da ns l'i ndu stri e t ext ile calado ise M.-L. ODIN 17 13 ma rs La Compagni e du Sa i nt-Sacrement de Vi ll efranche au XVII" siècle Henri HOU RS 63 17 avril Une chanoinesse au Chapi t re d'Al ix: Marie Féli cité de Savelly de Caseneuve Daniei )AOUEN 25 15 mai Le col lège des Frères de Vill efranche-sur-Saône, 1806-1904 Guy CLAU DEY 73 12 juin Sortie annuelle: La Côte-Sa int-André et Saint-Antoine en Dauphi né 18 septembre La dame d'Arcinges Alain SARRY 41 Parcs et jard ins en Beaujolais Ch. de FLEURIEU 13 La paroi sse d'Arnas et ses églises Edm ond BERTHAUD Vendetta beaujolaise à Ouroux en 1577 Mathieu MÉRAS 33 49 La vie quotidienne de l'aristocratie beaujolaise au XV IW siècle, vue par l'abbé Du ret Paul FEUGA et Marc DU POU GET Séance exceptionnelle sur Jean Guillermet Ch. MÉRIEUX E. DUR IEU M . M ÉRAS M.- L. ODIN F. CORGER R. PINET 9 janv ier 1993 9 octobre 13 no vembre Il décembre avec six communications et la clôture de « l'année lean Gui llermet )) sous la présidence d'honneur effective de 1.-J. PIGNARD D ébut janvier. Activité intense au 96 rue de la Sous - Préfecture pour l'emménagement de l'Académie. Avec l'aide des se rvices de la ma irie, qui met ce loca l à notre disposition. nous déménageons de la Chamb re de comme rce à l'ancien Hôtel-D ieu nos rayonn ages. meub les et cartons (205 cartons contena nt livres et archives ava ient été constit ués la sema ine précédente). Une d iza ine de membres de l'Académ ie ont fa it ce gros trava i l avec cou rage. Ils ont ensuite comme ncé à ranger la doc um ent at ion d ans l es i m menses placards et rayons. 65 1 à xx com mi ssions . le secrétariat . la permanence. la documentation et les archives de l'Académie, puis ·à 16 h . dans l' Auditor i um , où se dérouleront désorma is nos séances publiq ues. Ce même 9 janvier, dans le même lieu, une b rève et sympath ique m an i festa t ion se déro u le à l'occasion du départ de Lyon de not re confrère et ami , Ma rc du Pouget, p romu à la Direction des Archives département ales de Châteauroux. Ce n'est qu'un au revoir! Samedi 13 février. Proclamation de « l'a nnée Jean Guill ermet >l. Samedi 13 mars. Asse m blée géné rale de notre association. Parmi les décisions p ri ses ce jour: n o mi na ti on de six n o u vea u x titula i res (Mm e To urn eux, M. le doct eur R. Beau berna rd, MM . Berna rd Clausel. Guy Clau dey, Paul Feuga. Jack Samedi 9 janvier. Jea n-Jacqu es Pignard , ma ire de Vill efranche, nous accue ille officie llement d 'a bord à 14 h 30 d an s la be ll e sa ll e ancienn e, o ù se t iend ront les réun io ns d e no tre comité et des 2 / LE MOT DU PRESIDENT L'a nnée 1993, celle des classes en 3. dont nous avons fait « l'année Jean Guillermet », s'est achevée sur m1e belle cérémonie en l'fwnneur de celu i-ci. qui aurait eu cent ans cette année. Sous la présidence d' Honneur de M lean- Jacques Pignard. maire de Villefranche, nous avons entendu divers orateurs évoquer les aspects de la vie de celui à qui nous devons le renouveau de notre Académie après la tourmente de 1939- 1945. Il a su cristalliser les bonnes volontés qui ont redonné vie à notre Co mpagnie en lui restituant son Litre d'origine. Il eût été fier d'assister. e11 1989, avec les délégués de 2 1 académies de province fondées avant la Révolution, à la réception sous la coupole des représentants de l'Académie de Villefranch e. Comme cela vous a été indiq ué. notre Compag11ie poursuit rég ulièrement ses travaux et participe effectivement tant au'< réunions de l'Un ion des sociétés historiques du Rhône qu'à la conférence nationale des Académies. le ne saurais manquer à l'agréable coutume qui veut que je remercie tous ceux qui apportent leur aide à la bM1ne rna rche de notre Co mpagnie et à la réalisation du Bulletin . Il y a là un travail considérable et digne de tous les éloges. Je ne citerai pas de noms, à leur demande. mais ils savent bien qu'ils ont droit à toute notre gratit ude. Au cours de cette année, nous avons malheureusement à déplorer le décès de trois de nos membres titulaires. Cha rlie Pons avait fait partie de la première équipe qui avait vu renaître notre Compagnie. Sous un dehors très amène et plein d'humour, il cachait une solide érudition. Il avait participé à la commémoration du centenaire de la mort de Claude Bernard par une communication très remarquée. Ayant pris sa retraite, il s'était retiré à Antibes, près de sa fille, pharmacienne dan s le Midi. Quoique éloigné de Villefranche, il cot~tinuait à s'intéresser à nos trava ux et sa dispa rition a profondément peiné les nombreux amis qu'il avait dans la région. Mme Jourda n nous a quittés à 91 a11s. Assidue à nos réunions. femme d'une haute valeur professionnelle et morale. aya nt bea ucoup vo yagé, très cu ltivée, elle n'a vait que des amis parmi nous. Elle emporte avec elle la sympathie el les regrets de tous. Georges Go urmoux était le symbole d' une amitié fidèle. Très attaché à l'Académie, i/ en avait été écarté dep uis plusieurs années par une longue et pénible maladie. Il emporte avec lui les regrets attristés de tous ceux qui l'ont connu . Aux fa milles de nos disparus, l'Académie de Villefran che présente ses sincères condoléan ces et les assure de sa profonde sympathie. Après avoir évoqué le passé, je me dois de vous inviter à penser à l'avenir. 1994 sera marqué par des événements importants : le cinquantenaire de la mort du grand peintre de Salles, Georges Dufrénoy , la mise en valeur du site gallo- romain de Ludna. la communication du Colonel Doo/ey, directeur de l'in stitut militaire de Virginie, qui nous parlera de Claudius Crozet, un enfant de Villefran che, et de ses réalisations aux Etats-Unis, et puis. en septembre, le cinquantenaire de la libération de Villefran che. l'attire d'ores et déjà votre attention sur le fait que l'année 1995 sera celle du tricentenaire de notre Académie. No us auro ns to us à cœur de célébrer dignement cette commémoration et nous nous efforcerons de donner à cet événement un éclat digne de notre Co mpagnie et ce. sous la coupole de l'ancien Hôtel-Dieu où la mairie nous installera solennellement. Robert PINET Président de l'Académie Ci rel) . cotisation 1993 fixée à 195 F; siège social transféré au 96 rue de la Sous-Préfecture; permanen ce créée Lous les mercredis de 10 h à 12 h, etc. Samedi 12 juin. Sortie d'été de l'Académie. à La Côte-Sain t-And ré et à Sa int-Antoi ne-l'Abbaye. Voi r le « reportage» de Charles Gay quelques pages plus loin. 24 avril. Charles Gay représente notre Académie à Ambérieux-en -Dombes, pour l'assemblée générale de l' Association. pour la mise en valeur du patrimoin e de la Dombes. 22-23 octobre. A Marseille, réunion annuelle de la conférence des Académies des siences, lettres et arts. à laquelle nos deux délégués inscrits n'ont pu finalement participer par suite de contretemps survenus dans les derniers jours auparava nt Le présent bulletin donne un aperçu de cette manifestation rédigé par notre confrère lyonnais, Edmond Rebou l. De ja nvier à ma i. A la demande de la Conservation départementale des musées de l'Ain ·à Bourg, Charl es Gay participe à l'élaboration d'une expos ition « Garder la Dombes» ayant lieu à Chalamo nt de mai à octobre 1993. Il rédige un articl e hi st orique et législatif sous la rubrique<< Les gard es et la protection de la nature)), qui est inséré avec i llustrations et timbres administratifs de l'Ancie n Régime au XIXe siècle. dans une plaquette de b e lle édition , publiée à l 'occasion de l'exposition (un exemplaire de cette plaquette fi g ure maintenant dans la bibliothèque de l'Acad émi e de Villefranche). 2 3-24 octob r e . A Amplepuis , journées de rencontre et d' études de l' Union des sociétés historiques du Rhône (compte rendu dans ce bulletin). 26 novembre . Notre prés ident d 'honneur, le sous-préfet Gérard Thomas, reçoit le Mérite national des mains du préfet Paul Bernard. Cette belle croix au ruban bleu est . certes . tout à fait mé r itée. Pour nous qui connaissons un peu l'activité de notre sous-préfet. au moins par certains côtés, nous joignons sincèrement nos félicitations à celles que toutes les personna lités de la région lui ont déjà exprimées. En mai. Marc Pabois . conservateur régional de l ' Inventaire . est nommé à la Direction du patrimoine, en tant que chargé du patrimoine maritime et fluvial français. Son bureau se trouve à l'hôtel de Vigny à Paris, où est la Direction de l'Inventaire. Félicitations à notre confrère et am i po ur cette promotion. Nous avons appris avec plaisir qu'il ne quitte pas notre Académie, conservant d'ail leurs sa maison de Pommiers. 3 déce mbre. A l'hôtel de ville de Villefranche. remise des prix du concours photos. Nous avons vu avec grand plaisir les photos retenues. Tout en regrettant de ne pouvo ir faire de l' impression cou leur, ce qui nous interd it la publicat ion des meilleures photos cou leur, nous avons été frappés pa r de ux des cl ichés noir et b lanc et avons obt enu l'accord des concurre nts pour les reprodu ire dans le présent b ullet in . Vous les verrez dans ces pages. ill ust rant de belle façon la communication de J.-G. Mo rta met sur la rénovation de la façade de Notre-Dame des Marais. Lund i 17 mai. Centième anniversaire de la naissance de Jean Guillermet. Premiè r e manifestation de l'année Jean Guillermet. sous la forme d'une cérémonie de recueillement sur sa tombe au cimetière de Villefranche, à 17h30, en présence des notabilités et de nombreuses personnes qu i l'ont connu. Discours du président R. Pinet et audition d'un enregistrement de la voix du «Chantre du Beaujolais» . Lundi 17 mai, à 19 h. à Rad io Calade, F. Corger répond à de nombreuses questions se rapportant à jean Guillermet. 8 décembre . Sous la condu ite de notre mai re. prem ière visite officiel le de l'a ncienne chapelle de l' Hôte l -Dieu, après res t aura t ion. La siby ll e ca ladoise aurait prédit que ce li eu magn ifique deviend rait bientôt la <<salle de l'Académ ie» ! Mercredi 26 mai. A 20 h. au théâtre mun icipal. soirée du 20 e ann i versai re du ba r reau de Villefranche, avec notre président l~. Pinet. qu i en fut le premier bâtonn ier. Mardi 1er juin . A 11 h 30, au caveau de l'Office du tourisme de Villefranche, vernissage de la bel le exposition Jean Gui ll ermet. réal isée par not re confrère Guy Claudey, directeur d u service Patrimoine et t raditions de Villefranche-Beaujo lais. avec des textes réd igés par F. Co rger et des photos fourn ies par MM. Eymin, Gruat et Poitrasson. I l décembre. Clôture de l'a nnée jean Guillermet. a u co urs d'un vin d'hon n eu r offert par la mun icipa li té. 17 décembre. Ve r nissage de l'exposition «Georges Dufrénoy » à l'Espace arts plastiques, premier hom mage rendu pa r Vi llefranche à ce grand peintre à l'occasion du 50e ann ive rsai re de sa mort; un nouvel ho mmage lu i se ra rend u lors de notre séa nce pub liq ue du 15 janvier 1994. Le même jour. ve rs 19 h. M. Cla ude Guille rmet. Mmes Cl. Guille r met et Legros receva ient au château de Chervinges les amis de jea n Gui llermet. 3 NÉCROLOGIE Mme Jourdan ( 1902-1 993 ) Anne-Marie Marduel est née à Gleizé. ru e de Tarare. au-dessus de l'usine Marduel où habitaient ses parents. le 30 juin 1902 Son père . Jean Marduel . dirigeait cet établi sse ment avec son frère Jacques Assoc iés à plusieurs Caladois. Polo. Chazy, Mulsant. etc. ils étaient les héntiers de ces fabricants d'indiennes qui avaient fait la renommée de Vi llefranche au XVIII siècle Tous s'occupaient du travail du coton (teinture. filature, etc J Elevée à l'école de Mlle Pons. elle passe son brevet éléme ntatre mai s dott cesser ses études. son père s'opposa nt à ce qu'elle se prése nte au baccalauréat A 15 ans. elle est férue de botaniq ue et se fait donner un ouvrage de référence. le Bonnier Sa tante. de deux ans son aînée l'initie à la musique wagnérienne et à la peinture A 19 ans. elle épouse un Grenoblois. Félix Jourdan. diplômé de l'école d'œnologie de Beaune, qui . à la demande de son beau-père. va suivre les cours de l'école textil e d'Epinal. A sa sortie. il sera nommé directeur des établissements Marduel A la mort de son mari . en 1940. Mme Jourdan va assurer la directi on de l'usine N'ayant pas reçu de formation spéciale. elle va faire la preuve de son ca ractère et de ses capac ités Aidée par M Chouzy et par Georges Dtetsch. elle se ren seigne. écoute les divers avt!> mais ne laisse à personne le soin de décider. Les fonctions qu'elle occupe vice-présiden te des femmes chefs d'entreprises vice-président du syndicat des filateurs. consei ller de commerce extéri eur pendant dix ans. prouvent sa réussite Elle ne néglige pas le plan soctal et s'occupera des œuv res sociales de Gleizé pendant une trentain e d'années Avec son cousin Bastian. elle partictpe à la mise sur pied de la médecine du travail et des caisses cl allocations à Vil lefranche Elle travaille également comme bénévole à la Croix ro uge Passionnée de chasse et de pêche elle voyage beaucoup !lapon Canada US A Ghana. etc 1 Aimant le ri sque, elle tra à Berlin en 1939 et à près de 70 ans. el le partira seule en voiture rend re vtsite à une amie de Magdebourg, derrière le rideau de fer ! Elle lit sans arrêt. s'i ntéresse à l'art roman . à 1art gothique et visite la plupart des églises intéressantes de France. d' Espagne et d'I ta lie. El le laisse le souvenir d' une fem me accomplie. intelligente et cu ltivée qui honorait notre Compagnie Georges Gourmoux ( 1912- 1993) Originai re de Fareins. M. Gourm oux fit ses études secondaires à Mongré et chez les Chartreux avant d'entrer à H.E C et d'obtenir un doctorat en droit. Mobilisé en 1939 comme attaché militaire de première classe au service de l'intendance. il fut maintenu en activité. après l'armi sti ce, au service du ravi taillement général. La paix revenue. il est chargé de missions auprès du ministre de l'Agricultu re puis au conseil de la République La mort de son père. en 1952, le ramène définitivement en Beaujolais où. pendant près de quarante ans. il préside et dirige les Grands Moulins Seigle à Gleizé L'Académie. dès sa résurrection . le vit s'intéresser à ses acttvttés et le compta bientôt parmi ses membres titu laires les plus fidèles. M Gourmoux était intendant militaire de deuxième classe honoraire (lieutenant colonel! et titulaire de la croix de Chevalier de l'Ordre national du Mérite Charles Pons ( 1913-1993 ) Né à Lyon-4c le 11 mai 191 3, Charles Pons. après ses études secondaires. s'inscrit à la faculté de pharmacie de Lyon et reçoit son diplôme le 10 juillet 1937 Il passe quelque temps à l'insti tut Mérieux . puis est pharmacien à Balbigny (Loire ) Il épouse à Villefranche. le 17 janvier 1942 Mlle Jeanne Excoffier fill e du receveur des finances de cette ville où il ne tarde pas à ventr s installer en acquérant en 1945 la pharmacie et le laboratoire du docteur Bost. situés ru e Nationale Il devient membre du Rotary-Clu b de Villefranche en JUi llet 1956 Il fait partie de ceux qui ont relancé 1activtté de notre Académie il est membre de son comité directeu r et le reste jusq u à sa dispa ritio n. Une amie de Claude Bernard et de jean Guillermet nous a quittés Nou~ dvons appns tHX peine le deces d Pans. fln octobre i <Jll~ él 1 âge tle: 76 ans de Mlle Jacqueline Sonolet Elle entretint des reldtlun~ <tm ica les élvec 1Académie et spécialement avec ]edn Cuillermet . en 1965. lorsqu·elle fut cha rgée par le docteur Cha rles Mérieux de pren dre les foncti ons de conservateu r du nouveèlu rn usée Clau de 13ernard El le assura ces fonctions pendan t vingt-cinq an., jusqu à sa retr<11te en 1990 C'est elle qui, partant des « reliques "du grand Sd\'<Jnt et du fond initialement recueilli par 1 Guillermet et le Syndie<ll u·mitiative de Vllldr,mche, dan'> lrt ferme ndtdle de Claude Bern<trd, effectua les aménilgements de Id gentilhommière vo1sine, achetée par la fonddtion ,\1 -Mérieux et réussit ;J y rassembler, élU prix dun effort cons1dérclble et prolongé les remarquc~bles col lections qu on y adm1re :1 présent F.n BedliiOints. on sait moins quelle vecut paré:!l lèlement à PiJris une belle camère rnuséolog1qL1e marquée pa1 les étapes suiva ntes · L'n IW>X elle fut nommée~ la chai r\: d h1stoirt. de lil médecine pour secondu le professeur Courv dans !installation des locaux et 1orgamsc1tion de la ch,dre En J4ï 1 nommée cons.ervateur du muo;ée d hts.totre de l.-1 rnédectne elle en remit les loc,wx en état et <tssuma la clirect10n de ce musé<' IUsqu en 1990 l:.n 19X·1, elle e.,t à l'origllll' de ln créntion, sous l'égide de la londé:!tion Mêrieux. de I'Associ.Jtion européenne des mu sées d histoi re des '>Cienccs médicales donl le siègt> e<,t ju stement au musée Clau de-Be rnnrd à Sat nt-Jul ien De 1<l'l'i ~ 108 1 1orgdntSdlion des expo5itions des Entretiens de B1chat lui fui confiée et ses compétences reconnues firent qu'elle parttclpd à l ' élaborat~<..11l de nombreuses élutres expOsitions dont a Claude Bernctrd inconnu" au collège de France en i <17'i Mme Ar>iliCk Optnel , qu1 lui .1 succédé c1u musee Cldude-Berrldrd a été chargée de transmettre nos condoléctnces à sa f ·lmille C est à elle ((Ill' nous devons les renseignements biographiques c1-dessus F. CO RGER 1993 en Calade ... JANVIER Les trois coups du destin frappent la scène ca ladoise. Alors même que le nouveau théâtre fête son premier anniversa ire. sa d irectri ce. Arlett Picard. nous ad resse un dern ier sa lut. bien trop prématu rément. Da ns la ru e Nationale. le spectacle co ntinue... La vague prépare sa grande pa rade des âges selon une règle des 3. FÉVRIER En dernier ho mmage à Arl ett et à toutes les autres victimes. la popu lation de Villefranche et son dist ri ct se mobilisent autou r du C.A.P.E .. pour aider la recherche contre le ca ncer. Fidèle à sa devise «Espérance», elle bat les record s et remporte la « Marianne de verre» qui i no nde désormais de mille feux la grand e fresque de la vie ca ladoise. Sur cette fresque. Jean Crozier avait su accrocher ses couleurs avec talent. Le membre-fondateur et président d'ho nneur du Groupement des Arti stes Beaujolais no us a quittés. MARS Appelés aux urnes po ur désigner leur député. les Caladois renouvel lent leur confiance à M. Francisq ue Perrut. Il l'e mpo rte. au premier et au deuxième tours. devant M. Barbier, candidat du Front nati o nal. AVRIL Ancien bâto nni er de l'Ordre des avocats de Villefranche. Me Georges Pham-Dinh ava it été l'élu du Front national au conseil régional. puis au conse il municipal. Depui s, il ava it préféré d'autres voies pour défendre ses convictions. Il s'est éteint en ce 15 avril , des suites d'un grave accident dont il rut la victime en septembre dernier. MAl Avec les beaux jours. les chantiers aussi sortent de terre. La rue Nationa le entame son second lifting. de la rue Victor-H ugo jusqu'au parvis de Notre-Dame, ta ndis que le vieu x château d'eau qui permettait aux trains à vapeur de reprendre so uffle cède le terra in à la future gare ro utière. JUIN Un vestige disparaît. un autre renaît. Et non des moindres. puisq u'il s'agit d u célèbre vitrail de la Bessée. œuvre profane du xvesiècle. dont on avait perdu to ute t race depuis 1923. Inscrit au ca talogue des ven tes de l'hôtel Drouot. ce 7 juin . il est allé rejo indre la très belle collection du musée nationa l des Thermes et de l'hô tel de Cluny ill. Dans le même temps. le centre hosp italier fête son 1oe ann iversaire et la Ca lade fête la nuit d'été. JUILLET Un été q ui s'a nn once bien cap ri cieux après la nuit d'orages et de déluge de ce 5 jui llet. AOUT Excusez votre serviteur qui a fa it l'impasse sur cette trève estiva le. SEPTEMBRE Cette rentrée sco la ire nous propose un menu à la carte avec le lycée Cla ude-Bernard. qui remporte le trophée Larousse de bridge sco laire. pendant que nos as de l'ath létisme inaugurent le stade Jean-Le-Mouton. OCTOBRE Retour à l'éco le avec les restaurants d'enfants. qui fêtent leur 20e anni versa ire. et l'école du Cent re. qui prend Je nom de Mano n-Roland. célèbre figure « beaujolaise ». Un Beau jo lais où, une fois n'est pa s cou tume. l'ea u est à l'honneur après l'inauguration du réseau d'interconnexion entre les communes du di strict et ce lles desservies pa r le syndicat Saône-Turd ine. NOVEMBRE Reto ur aux sources: Villefran che fête le bea uj o lais nouveau . DÉCEMBRE Dan s la gri sa ille d 'une actualité écono mique et sociale qui se man ifeste par de seneuses inquiétudes pou r les sa lariés de Bonnet. le plafond de la chapelle restau rée de l'Hôtel- Dieu appo rte une superbe touche de couleurs chaudes. Sa coupo le abritera l'Académie de Villefranche-en-Beaujolais. à laquelle je me plais à rend re hommage pour clore cette année 1993. qui fut aussi l'a nnée Jean Guillermet 121 . Robert LAFOY NOTES ( 1) Mme M.-L. Odin vous en parlera plus longuement le 12 mars 1994. (2) Les d iverses manifestations de cette an née lean Gui llermet sont évoquées par ailleu rs. 5 CONFÉRENCE NATIONALE DES ACADÉMIES DES SCIENCES, LETTRES ET ARTS à Marseille, les 22 et 23 octobre 1993 OMME chaque année depuis 1989, les Académies datant d avant la Révo lution éta ient convoquées pour une assemblée générale, qui avait lieu cette fois à Ma rsei lle. l' ap rès - midi . e m piétant sur l 'étude d'un aut re p rob lème important. ce l ui de la «coopération académique». Auta nt nous sommes ind i ffé rents à la forme des statuts et nous rallierons à la majorité qu i se dégagera pour leur adoption , autant nous sommes intéressés a u principe et au cho ix de travaux académiques com muns et à une coopération entre nos académies de pro vi nee. Le vendred i 22 octobre. journée de travail, ce congrès se dé roulait de 9 h 30 à 17 h à la Chambre de commerce et d'industrie de Marseille-Provence, près du Vieux-Port; puis aux jardins du Pharo, où avaient 1ieu d iverses manifestations officiell es et le dîner. Le samedi 23 éta it consacré à diverses visites gu idées dans l'agglomérati on marseil laise. Cette question sera d 'aill eurs ét ud iée par chaque académie au cours des prochai ns mois et not re confrère lyonnais Edmo nd Rebou l rassembl era les suggestio ns de to us. Concernant les travaux du vendredi, le matin . après les allocut ions du bâtonnier Albert Brunois, ancien président de l'Académie des sciences morales et po litiques, du médecin géné ral Edmond Reboul, ancien président de l'Académie de Lyon et coordonnateur de la conférence nationale, et de M. Constant Vautravers, directeur de l'Académie de Marseill e. l'ordre du jour prévoyait l'étude de projets de statuts. Il a. d'ores et déjà . rédigé une premi ère << propositi on )) après avoir rencontré M. le professe ur Mattéi , cha rgé de mi ssion, rep rése ntant M. Fra nçois Bayrou, mini stre de l'Education nationa le. Cette propos ition. qui se rappo rte à la défense de la langue française à travers un effort en fave ur de la lecture. est à l' étude. Ceux-ci donnaient lieu à des débats animés qui se poursuivi rent pendant le déjeuner-bu ffet et même F.C. Connaissance et sauvegarde du patrimoine historique et architectural de Villefranche Le président de la Nef Caladoise, notre confrère Robert Thévenot , nous a priés de publier les résultats du concours organisé par cette association en 1993. L s'agissa it , rappelons-le, de proposer un classement pour les réali sations architectu rales o u les restaurations récentes de notre vil le. de la plus belle (qui obtiendrait le prix orange) à la moi ns appréciée (prix citron). Le décompte des bulletins-réponses reçus do nn e indi scutablement le prix o range à la façade du nouveau théâtre municipal et le prix citron à la tribune du stade d'athlétisme. Une ment io n spéciale et un gran d bravo pour la rest.auration du 736 rue Nationale. qui a obtenu de nombreux suffrages Au dépouillement des réponses, il ressort que les Caladois apprécient et savent reconnaître une restauration de qualité, mais aussi ils sé lecti on nent vo lo ntiers une recherche architecturale contemporaine. Merci de la participation de chacun et à l'a nnée prochaine ! R. THÉVENOT 6 JOURNÉES D'ÉTUDES ET DE RENCONTRE 1993 DE L'UNION DES SOCIÉTÉS HISTORIQUES DU RHONE Les sa medi 23 et dimanche 24 octobre avaient li eu à Amplepuis, dans les locaux vastes et fonctionnels du col l ège Saint-Viateur, rue Pau I-d e-la-Goutte, les journées annuelles d'études et de rencontre de l 'Un ion des soc iétés historiques du Rhône , présidées par M . Mathieu Méras et remarquablement organisées par MM. Paul Feuga et Georges Bourbon, prés id e nt de l a Société hi s torique d 'Amplepui s. A signaler également le propos très documenté de Mme Burnand sur « Une œuvre de Bossan, l'ég li se de Régnié ». Suivant l'e xemp le de Josep h Descroix, M . et Mme Burnand sont « universitaires et beauj o lais ». Les vis ites du mu sée Thim onnier, du château du Crêt à Amplepuis et du châtea u de Sarron à Fourneaux, l'inaugurati o n de la statue de Louis-Philippe dans le parc municipal, ai nsi que le dîner du samedi et le déjeuner d u dimanche fu rent l'occasion d'échanges sympath iques et fructueux entre les orateurs et les membres des diverses sociétés du Rhône. Parmi l'ass istance nombreu se et intéressée qui participait aux séances de travail , on remarquait la présence de M. Michel Mercier, président du Conseil général, et de M. Maurice Depaix, conseil ler général et maire d'Amplepuis, ainsi que de notre président. Me Robert Pinet. F.C. N.D.L.R.: l'Académie de Vil lefranche est la plus ancienne et l'une des plus importantes associat ions consti t uant l'Un ion des sociétés historiques du Rhône, don t elle est cofo ndatrice. En séa nces de travail , pas moins de quatorze comm unication s furent présentées par des ora teurs de qualité, au nombre desquels plusieurs de nos confrè res: Mme M. - L. Odin traitant de « la réapparition du vit rail de La Bessée>), M. Paul Feuga de« la pensée économique de Jean Paganucci ( 1729-1796). M . Marc Mulsant de «Et ienne Mulsant, entomologiste)) et M . Méras lui-même de deux su jets: « Les so urces de l' histoire médiévale d'Amplepuis aux Archi ves nationales » et « Un bla son peu co nnu de Guichard VI de Beaujeu au châtea u de Revel ». Comité du pré-inventaire des monuments et richesses artistiques Département du Rhône Depui s février 1993, le Comité du pré-inventai re du Rhône a changé d'adresse. Il est maintenant installé à l'adresse des Archi ves départementale s du Rhô ne , 8 che m i n de Montauban , Lyo n-5c, tél. 78 30 43 47. 7 LE PARLER LYONNAIS 'EST le titre d' un petit lexiq ue, à la fois scientifique e t haut e n co uleur. é tabli par Mme Anne-Mar ie Vu rpa s ap rès étude réalisée dans le cadre de l'in stitut Pierre-Gardette avec le concours de l' université Lum ière et paru au cours du derni er trimestre 1993. d'a utres mots mo in s connus te ls q ue « ben o ni )> (benêt). « ca ncorne » (radoteuse). « fa rfoter » (râler). «(se) potringuer »(se bourrer de remèdes ).« sampi lleri e » (guen illes. saletés). Et p o urq uo i ne risquerions-nous pas un e . improvisation: Dans l'introduction. M. lea n- Baptiste Martin précise que le suj et n'est pas l'ancienne langue fran coprovençale jadis utili sée à Lyon, ma is porte sur les traits régionaux qui ont émaillé le françai s parlé dan s cette ville et ses environs. Beaujolais entre autres. La notoriété de ce langage tient auss i à la célébri té de celui de Gu ignol. basé su r une exagération de ces traits régionau x. « Il s fai sa ien t un couple tout détrancané . Elle, c'éta it une gnioche bajafla nte: lu i. c'était un caq uenano et un buvanvin. Il s se t iri pillaient et fai saient du charabarat. De temps en temps, il s se paya ient un petit machon avec des clapotons et de la cervelle de ca nut, arrosé de no mbreux pots. Alors. tout bena ises, ils se di sa ient des gando ises et se fai saient peter la miaille. » 111 Ce travail de recherche fa it suite à une importante série commencée au XVIW siècle. avec le chanoine du Pineau et Etienne Molard, poursuivie à partir de 1894 avec Nizier du Pu itspel u dans son LiU ré de la Grarrd'Côte. puis Adolphe Vachet. Madeleine Miège, Pa ul Lomba rd , plus récemment encore dans les lex iques de Petrus Papela rd et René Giri. Certes. on peut regretter l'amenuisement de la pa rt régionale de ce langage lyonna is. mais il faut noter que les « médias» et certai ns auteu rs semb len t aujourd'hui contri buer quelque peu à son renouveau. Un livre donc à consulte r et à savourer en se rappelant les propos de nos grands-parents et pare nts. L'étude a été complétée par une enquête auprès de divers informateurs qui on t répondu à un questionna ire. Emp loyés en dehors du dictionnaire. de la séma ntique, de la grammaire, voire de la phonétique hab it uelle. les mots figurant dans le lexique de Mme Vurpas sont particulièrement pittoresques. L'on y trouve bon nombre de termes con nus, par exemple : «faire de l'abonde» (faire du profit). «(se) bamba ner >> (flâner). «de bisangoin >> (de travers). ~< co rgnolon >> (gorge). <( équevilles >> (ordures) et Pou r le com ité de lecture Charles GAY ( 1) Traduction : « Ils faisa ien t un couple un peu dé tr aqué Elle, c'était une nia ise qui parlait inconsidérément: lui. c'est un benêt et un ivrogne. Ils se di sputaient et faisa ient du tapage De temps en temps, ils se paya ient un petit repas avec des pieds de mouton en salade et du fromage blanc aux herbes. arrosé de nombreuses bouteil les. Alors. bien repus, ils se elisaient des bêtises et s'embrassaient bruyamment.>> LES LÉGISLATIVES DE MARS J993 EN BEAUJOLAIS vues par Guy HOUPLINE 8 CHARLES GAY PROMENADE ACADÉMIQUE EN DAUPHINÉ OUS étions finalement cinquante-six membres de l'Académie 111 à profiler. le samedi 12 juin 1993. de cette sortie annuelle. excellemment préparée sur place par Mme M-L Odin et M Ennemond Durieu et organi sée par notre secrétaire perpétuel. F. Corger La promenade nous a conduits tout d'abord au musée Berlioz à La Côte-Saint-André. puis à l'abbaye de Saint-Antoine. joyau du Dauphiné. La Côte-Saint-André possède des hal les remarquables du Xlii ' siècle et diverses maisons anciennes. Mais. vu le lemps. notre visite a dû se limiter à la maison natale de Berlioz. Construite à la fin du XVII' siècle. avec sa cour et so n jardin fleuri sur l'arrière. elle possède un charme indéniable. Après avoir appartenu à divers propriétaires depuis le décès du compositeur. elle a été co nfi ée en 1932 à l'Association des amis de Berli oz qu1 en a fait un musée. Dans le car. avant d'a rri ve r à La Côte-Saint-André . F. Corger avait évoq ué la vie el l'œuvre d' Hector Berlioz. l'un des plus grands mus1c1ens de tous les temps 121 . Au m usée. le conservateur. M. Chamard-Bois. nous a raconté en détai l l'histoire tant de cette maison que de la famille Berlioz et particulièrement du père d'Hector. médecin savant et austère. par ailleurs fort économe sur le plan domestique. Détail peu connu. le docteur Berlioz fut l'un des premiers médecins français à s'intéresser à l'acupuncture. écrivant dès le début du XIXe siècle un traité apprécié sur ce sujet. Nous apprîmes aussi que tout jeune, Hector Berl ioz manifestait déjà une maturité étonnant e. dont témoigne pa r exemple la fe rmeté de sa signatu re à un âge où cel le-ci devrait avo ir encore un caractère enfantin . Quant à la maison elle-même, si les meubles. bien que d'époque. ne sont pas d'origine. les plafonds avec leurs poutres apparentes et les peintures mura les sont ceux qui existaient du temps de la famille Berlioz. Des portraits de famille ornent le cabinet du docteur Berlioz père et le salon où le grand compositeur travaillait lorsqu'il se trouvait à La Côte-Saint-André. Da11s la cour de la maist111 Bulio: Après cette vis ite, ta ndis que nous ro ul ions vers Saint-Antoine en adm irant le paysage verdoya nt, not re vice-p rés ident. Mathieu Méras, avec son érud ition coutum ière , nous retraça J'h istqi re du sa i nt erm ite de la Thébaïde, cel le des rel igieux antoni ns et du monastère lu i-même 131 . Né en 251 et décédé à l'âge de 105 ans, sa int Antoine vécut en ermite dans la moyenne Egypte. De nombreux visiteurs venaient lui demander conseils, prières et guérison, pour obtenir particulièrement la délivrance de tentations, auxquelles il fut lui-même souvent exposé. Ses restes ont été apportés vers 1070 par le sire Jocelyn, de La MoU.e-Saint-Didier, et déposés dans l'église primitive, à l'emplacement de laquelle se trouve l'édifice actuel. le service religieux étant confié aux Bénédictins de Montmajour. Aux environs de 1090 a éclaté en Dauph iné l'épidémie dite « mal des ardents>> due à l'ergot de seigle, qui se caractérisait spécialement par une gangrène des membres causant d'horribles souffrances et bien souvent la mort. Allirés par les reliques de saint Antoine, de nombreux malades affluaient au sanctuaire où des jeunes gens, ayant pris le nom de« Frères de l'Aumône». les accueillaient et les soignaient. utilisant des onguents et le« saint vinage». produit par une vigne voisine et mis en contact avec les ossements du saint. Le monastère, haut lieu de pèlerinage au Moyen Age, a été promu abbaye après le départ des Bénédictins en 1289. Les Frères ont alors constitué l'Ordre des « Hospitaliers de saint Antoine)) ou «Antonins» , lequel s'est répandu dans toute l'Europe jusqu'à comprendre trois mille moines el deux cents établissements. Le tau des Antonins Ayant constaté qu'une alimentation saine aidait à la guérison , les Antonins nourrissaient leurs malades. qu'ils hébergeaient toute leur vie s'ils le désiraient, avec du froment et de la viande de porc. Si saint Antoine est d'ordinaire représenté en compagnie d'un cochon - un vitrail de l'église Notre-Dame des Marais en est chez nous le témoin- c'est parce que ces moines avaient reçu le droit de laisser promener leurs porcs dans les rues des villes où ils avaient un établissement. L'abbaye, détruite au XVI' siècle lors des guerres de Religion, a été restaurée aux XVII' et XVI II' siècles, perdant toutefois en partie son esprit charitable au profit d'un caractère plus artistique et culturel sous la direction de supérieurs éclairés auxquels l'on doit la plupart des bâtiments actuellement visibles et qui conslituèrent bibliothèques et collections d'art. En 1777, l'Ordre des Antonins s'est uni à celui de Malte en lui cédant Lous ses biens ; et des chanoinesses ont résidé à Saint-Antoine-l'Abbaye jusqu'en 1792, moment où elles en furent chassées . les bâtiments ayant été vendus et les richesses pillées. Diverses associations. do11l principalement celle des Amis de Saint-A11toine, travaillent efficacement à l'neure présente, avec l'aide des collectivités publiques, pour que l'abbaye redevienne un lieu de culture et d'échanges. 10 D1111s la cour de l'af1ba1Jt' Un A11loni11 ai!Oil!Jme (collect ion particulière) P><crroG GAY Muni s de ces renseignements, nous sommes arrivés à l'Hostellerie du Vieux Saint-Antoine juste à temps pour le déjeuner: l'accueil fut sympathique et le menu excellent, avec un plat dit<< médiéval >> de gigo t «à la cameline» (d'après le dictionnaire. plante de la famille de la camomille). accommodé d'une sau ce que nos gastronomes apprécièrent. l'Académie delphinale, consœur de notre compa gnie au sein de la Conférence nat ionale des Académies de province, et M. Camille jouffre, président de l'Association des amis de Saint-Antoine, nous ont fait l'honneur et le plaisir de part ager ce repas et de nous accompagner une partie de la journée. L ' après-midi, sous la co nduite éclairée de M. Jouffre et d'un de ses collaborateurs 141, nous avons visité l'église et les sacristies de l'abbaye. Invités par notre comité. M. André Laronde , professe ur d 'hi stoire en Sorbonne et président de Avant l'entrée du monastère se trouvait autrefois un bâtiment où les malades étaient reçus avant leur admission éventuelle s'ils avaient besoin de soins. Fleuron architectural du Dauphiné. l'église, romane dans ses fondations et son chœur, élève au-dessus du village- d'où l'on peut aussi monter par une porte précédée d'un escalier monumental- son beau portail gothique flamboyant comportant trois portes ouvragées. Celle du milieu. surmontée d'une grande verrière, présente dans trois voL<ssures quatre-vingt-cinq statuettes représentant dans leur ensemble Dieu le Père et la Créa Lion . La grande nef présente à l'intérieur une excellente perspective grâce à ses proportions bien calculées. donnant une impression de légèreté. Les chapelles des deux nefs latérales comportaient autrefois des tombeaux. Outre des tableaux et retables des XVII' el XIX' siècles, il convient de relever des fresques remarquables du XV' siècle représentant des martyrs. la vie de saint Antoine, saint Christophe et surtout une grande scène du Calvaire. Dans les trois sacristies sont présentés des tableaux de saint Antoine et de sainte Marie l'Egyptienne, un magnifique Christ en ivoire du XVI' siècle et de nombreux reliquaires en forme de « chefs » (bustes) ou de coffres argentés ou dorés . contenant les ossements de martyrs extraits des catacombes de Rome. La troisième sacristie, aux nombreuses boiseries. renferme dans de grands tiroirs tournants des chapes, chasubles et étoles de grande valeur, d'une époque allant du XV' au XVII' siècle. Près du clocher, d'inspiration italienne. le portail du midi est du xvesiècle, présentant des voussures eL un tympan très travaillés. Suivent les très importants bâtiments conventuels eL leurs dépendances longeant et entourant la cour intérieure de l'abbaye eL qui. en même temps que l'édifice d'entrée recouvert de tuiles vernissées , ont été reconstruits en 1757 el 1758. Il Concluant cette journée, M. Suisse. ad joint au maire et président du « pays antonin», nous offrit un vin d'honneur qui donna lieu à l'échange de propos aimables et chaleureux et à la présentation d'un luxueux o uvrage de très belles photos édité pour ce haut lieu spi rituel et artistique. En descendant lentement les rues du vieux vill age pour rejoindre le car, tous les participants, êncore sous le coup d'un enchantement certain, se félicitaient de cette excursion dont ils garde ro nt un excell ent souvenir. Charles GAY NOTES ( 1) Fixé initialement à 48. ce chiffre a pu être augmenté de 8 places . ce qui nous a permis de réduire d'autant les inscriptions refusées pour surnombre. 1985- 1986 page6, après la brillante communication faite à l'Académie le 16 novembre 1985 par M. André Révillon sur «Berlioz. un passionnant homme-orchestre)) _ (2) Le texte de F. Corger est disponible au secrétariat de l'Académie. On peut également se reporter au compte rendu rédigé par M. Frédéric Spée. dans notre bulletin (3 et 4) Un résumé des très intéressants exposés de M. Méras etC. Jouffre. rédigé par Ch. Gay, peut aussi être demandé au secrétariat. L'abbaye vue du bas de l'aggloméralion Pourquoi séparer la musique de l'amour puisque ce sont les deux ailes de l'âme ? Hector Berl ioz 12 CHRISTIAN DE FLEURIEU Président de/' Association des Parcs et Jardins Beaujolais-Dombes HISTOIRE ET ACTUALITÉ DES JARDINS · DES EXEMPLES EN BEAUJOLAIS Si les senliers qui mènent au Paradis sont réputés difficiles, ceux que je vous propose d'emprunter aujourd'hui son/, au contraire, frais, ombragés el bien gravillonnés puisqu'ils conduisent à des paradis particuliers plus ou moins naturels, plus ou moins artificiels, ce sera à vous d'en juger: les jardins. Leur longue histoire impose - avant de vous présenter des exemples facilement visibles dans notre proche campagne beaujo/aise- de faire une incursion dans le passé biblique et mythologique ANS son Paradis Perdu. Milton no us a dépeint l'Eden et ses merveilles comme s'i l y avait vécu en tiers avec nos premiers parents: ce jardin avait pour concepteur Dieu luimême. ce qui- soit dit en passant- valorise grandement le métier de jardinier et rend vaine toute tentative de description. Voici maintenant que la science botanique i ntervient: En Europe, c'est Pise qui abrite dès 1543 le premier jardin botanique: il précède de presque un siècle celui du Jardin des Plantes créé à la demande du bon Roi Henri et toujours en état sur les bords de Seine à Paris. Nous voici parvenus au Roi Soleil, à ses entretiens quotidiens avec son jardinier La Quintinie et à l'orgueil que ressentait sa Majesté en se promenant à Versailles, dont elle écrivit de sa propre main la façon d'en bien visiter les jardins En outre, l'exemple venu de si haut était suivi par les grands personnages de l'époque, soucieux de donner à leurs demeures un complément de ma jesté en appelant Le Nôtre à les entourer de ses créations: nous trouverons en Beaujolais plusieurs réal isations inspirées de son école. La mythologie n'est pas en reste où s'i llu stra Hercule; il convient en effet de rappeler celui de ses travaux qui lui permit de s'emparer des « pommes d'o r >> du jardin des Hespérides en trompant la vigilance de son gardien, le terrible dragon qui ne dormait jamais. Pour en venir plus précisément à la période historique. une première halte s'impose à Babylone, où figure l'une des sept merveilles du monde: les jardins suspendus dus aux fastes de sa reine Sémirami s et qui surplombaient la ville. A partir d'une base carrée de 120 mètres de côté. on accédait de terrasse en terrasse au jardin supérieur: chaque étage avait reçu assez de terre pour y planter des rangées de grands arbres et aussi bosquets et massifs de fleurs en sorte que tout Babylone était embaumée de leurs effluves quand soufflait la bise du soir. Il faut accorder une mention spéciale au XVIIIe siècle, qui voit se développer les grandes expéditions marit imes autour du globe: chacune d'elles comptait à son bord un botaniste chargé d' étudier la flore indigène et de rapporter en Europe les espèces qui y étaient encore inconnues, en sorte que la liste de nos plantes familières provenant de régions lointaines est immen se : le platane, comme la pomme de terre ou la rose. par exemple. y figurent. Et. puisqu'il est question de roses, terminons ce survol historique en mentionnant un trait peu connu du caractère de l'impératrice Joséphine, très sérieuse et très compétente collectionneuse de plan tes et de roses en particulier. si parfaitement peintes par Redouté: c'est à Joséphine que nous devons. venue de Calcutta. la première rose« remontante» introduite en France. Plus près de nous, voici Charlemagne. empereur à qui la légende prête une barbe ... fleurie, alors que l'histoire le voit plutôt imberbe: peu importe d'ailleurs pour nous. Notons simplement qu'il fut le premier chef d'Etal à prescrire- au paragraphe 70 de son Capitulaire - la culture de quatrevin gt-d ix plantes. parmi lesquelles nombre de fleurs. fruits et légumes sont encore connus de nos contemporains . 13 Parc de Beauregard à Satni-Genis-Laval ( R(tône) La période contempora i ne est ma rq uée pa r le vif intérêt que le publ ic porte au jourd'hui aux parcs et aux jard i ns. Les associations où se côto ien t amateurs plus ou moi ns éclai rés, ma is touj ours passionnés. et professionnels sont nombreuses. actives el prospères. Première d'entre elles. la Société Nationale d'Horticultu r e de France (S.N H.r. l compte dix mille adhérents répartis en sections spécial isées et en sociétés régionales. dont celle de Lyon et « les Amis des Fleu rs >> de Villefranche Pl us spécialisée. l'Associat ion des Parcs el jardi ns Botaniq ues de France (A.P B F) compte mi ll e adhérents, dont chacun œuvre da ns son parc ou so n ja rdi n. Au Moyen Age, le jardin , enclos da ns le systèm e de défense du châtea u ou de l'a bbaye, dispose de pe u de place: so n rôle. ava nt tout prati qu e. est de fourni r les «s imp les>> et les plantes méd ici nales employées par la t hérapie de l'époq ue. Quelqu es carrés entou rés d'a ll ées étroites le composent. Aucun ne subsiste- s' i l en exista jamais- en Bea ujola is. mais il fa ut signa ler de ux créatio ns récentes proches de nous et toutes deux dignes d'être vues : le « Labyri nt he aux oiseaux» o u « ja rdi n des ci nq sens>) à Yvoi re en Haute-Savoie et le petit jardin méd iéval de Pérouges. La Re naiss an ce s'a ffran chi t de l'i m péra ti f de défense et pe r met aux jard in s d'occuper des surfaces importan tes. Ce rtes. la rigueur est encore là et même une ce rtain e sécheresse d ue au tracé géométriq ue du jard in ; mais la présence de l'ea u et le choix des végéta ux qui perm et d'associer o u d'opposer des couleurs communiq uent la vie au ja rdi n : enfi n. une com posit ion fa isant appel à des terrasses disposées en nivea ux di fférents donne à l'ensemble une éviden te ma jesté. Le type français de ce ja rdin est Villandry, t rop conn u de tous pour qu'il soit besoin de le décri re. Plus récent enfi n, le Co m ité des Parcs et jardins de Fra nce (C.P. l.F. ) regroupe vingt associations régiona les - do nt l'Associat ion Beaujo lais/Dombes avec mission d'être leur po rte-parole auprès de l'administration; ce ll e-ci procède à l'inve nta ire systémat ique des jardi ns<< remarquables». Da ns le Rhône. par exemple. soixante-qu inze jardins ont été i nventoriés et vingt-quatre d'ent re eux - don t onze en Beaujolais - jugés suffi samment inté ressants pou r devoi r êt re sa uvega rdés (leur l iste figure à la fin de cette rubrique). Que sont donc ces jard ins qui . de tout temps, o nt consti tué le ca dre de vie de leurs contemporai ns (au moin s des pl us favori sés d'ent re eux)? il est évi dent q u'il s ont profondément évo lu é au cours des sièc les. les change m ents co nce rn ant to u t auta nt leur nature que leur fonct ion et leur compositi on: et je vous propose de sui vre cette évolution en fa isa nt référence chaq ue fo is q ue possible à des exemples bea ujolais. Proche de nous. le pa rc de Bea uregard à Sa intGeni s-Lava l présente act ue llement une te rra sse sur les quatre qu e co mp tait l'e nse mbl e créé pa r Th omas Ga dagne. mais la déco rat io n flo rale a laissé place à de vastes pelouses. il n'est nu ll ement ét o nnant d'a i ll eurs q ue ce pa rc so it dû à un Gadagne p uisq ue les Italiens sont les maît res en cette matière comm e en témo ignent les jardins de la villa d'Este et leurs fo nta i nes à Tivoli. 14 Le XVII' siècle et la première partie du XVIW siècle poussent à la perfection le style précédent dans le goût du « jardin à la française>>. Les plus réputés -encore de nos jours- sont évidemment Versailles et Vaux-le-Vicomte, auxquels nu l autre ne peut être compa ré La rigueur antérieure s'attén ue même si la fantaisie n'y est nullement de mise En fait. le jardin est un spectacle de luxe dans un cadre généralement grandiose et le complément du châtea u d'où on le parcourt de l'œil du haut de la terrasse qui le domine animée par des jets d'eau ou des cascades - est présente dans des bassins réguliers. Les végétaux côtoient la statuaire: vasques, statues et arcades. tandis que de vastes escaliers donnent accès aux différents niveaux. En bref, on retrouve dans ces jardins ce que l'on voit à l'intérieur du château: tapis (de fleurs). miroirs (d'eau). statues. vases. escaliers. pièces régulières représentées par les carrés. Enfin. l'espace est délimité et clos. la perspective parfaitement maîtrisée et sou l ignée par l'alignement des allées régulières. Le parterre «à la française». composé de fines broderies de plantes, est bordé de buis taillés: les arbres sont disposés de façon parfaitement régulière et strictement taillés formant parfois des << topiaires »aux formes originales. L'eau- souvent Le Beaujolais possède trois « jardins français» conséquents : La Chaize à Odenas. Longsard à Arnas. dont le jardin se continue par un point de vue romantique et qui a conservé ses << topiaires ». tout comme Pizay à Sa int-Jean-d'Ard ières. lard Ill de La Cfzaize à Oti!'nas ( Rfzône) 15 En fait , nombre de parcs de la fin du XIX<> siècle contiennent une grande va riété d'essenées qui montre la compétence de le urs propriétaires et l'intérêt qu'i ls portaient à l'embellissement de leurs parcs. Le mei ll eur exemple régional est le parc de Bellevue à Vill ié-Morgon. mais il en ex iste plusieu rs autres. tels que les parcs des mairies de SaintGeorges-de-Reneins et Bel levi Ile. Le xxesiècle marque le retour à un dessin plus rigoureux, sans cependant qu'un style défini se soit nettement imposé: i l est illustré da ns notre région par Linossier. qui crée en 19 13 le parc de Vau renard à Gleizé- avec ses motifs classiq ues et ses hautes cha rmilles - et Pollionnay, au parterre coloré et · géométrique. Cette fin de siècle, en revanche. la isse ent revo ir un sty le nouveau ada pté aux jardi ns de villes, dont le jard in Citroën à Paris se ra la tête de file. Parc de Laue à Sai nt -G~orges - de-Re11eins ( Rflône) Dès la deuxième partie du XVIW siècle, revi rement complet dans l'art des jardi ns: nouveau maître à penser, 1 -1. Rousseau donne le ton et l'exemple à Ermenonville: nature, rêverie , mélancolie sont autant d'impératifs à respecte r en particulier naturellement da ns un jardin. Sont rad ica lement rejetés les tracés géométriques des temps révolus: vive les lignes courbes, les bosquets. les vues qui se dégagent progressivement au cours de la promenade. On ne dit pas encore « jardins anglais», mais plutôt « jardins chi nois» et c'est bien ce type de jardin q ue l 'o n envisage pour le te rrain que Perrache a pou r projet d'aménager à la place des marécages entre Rhône et Saône. au sud des remparts d'Ainay. Après la coupu re de la Révolution, le mouvement continue. cette fo is-ci d irect ement in spi ré des Anglais. Le jardin ne doit plus être un spect acle quelque peu compassé. mais offri r charme et fantaisie en se démocratisant pour être accessible à un plus grand nombre d'amateurs. La diversité triomphe, mais les règles de composition- formes, volumes. coloris- semb lables à celles d'un tableau, doivent être connues et respect ées: c'est le triomphe aussi du Roma ntisme. )ardi11 de Vaure11ard à Gleizé (Rhôm•) le souhaite, en terminant. reprendre la proposition q ue je faisais de vous cond uire sur les chemins des jardins en formu lant le vœu de le faire réellement et de servi r un jour de guide aux membres de not re Académie à travers parcs ou jard ins de notre Bea ujolais pour une sortie qui leur serait consacrée. Christian DE FLEURIEU 18 septembre 1993 A Lyon, Buhler crée le parc de la Tête-d'Or : au même moment. Paul de Choulot remodè le le parc de Laye à Sa int-Georges-de-Reneins en y metta nt en œuvre les caractéristiques qui lui sont propres . Le parc est la «pa rtie >> d'un « tout » constitué luimême par le cadre général de son environnement : il doit donc s'y intégrer harm on ieusement. sans lim itation perceptible entre les deux; de plus, le parc et l'ex ploitation agrico le s'inte rp énèt ren t largement. les prairies éta nt destinées à recevoir la nécessa ire animation q ue procure la présence de troupeaux: enfin, des «coulées» guident naturellement le regard vers les points de vue les plus intéressants. Dan s ce type de parcs, l'imagination peut se donner libre cours. en particuli er pour le choix des végétaux. Liste des onze parcs et jardins beaujolais retenus par l'Inventaire des jardins remarquables Arnas : ................................................................ Longsa rd Civrieux-d'Azergues : .... Le jardin de No us Deux Gleizé: ............................................................. Vaurena rd Montmelas : .......... ... ................................... Mo nt melas Morancé : ........................................................... Beaulieu Odenas : . ........................................................ La Chaize Pollionnay : ................................................. ja rdin Colin Saint-Georges-de-Reneins : ............................... Laye Saint -lean-d'Ard ières : ......................................... Pizay Saint-Roma in-a u-Mont-d'Or : ................... La Fréta Yillié-M orgon: .................................................. Bellevue 16 MARIE-LOUISE ODIN LA CHIMIE A LA RENCONTRE DU TISSAGE DANS L'INDUSTRIE TEXTILE CALADOISE AU XIXe SIÈCLE Dans les précédentes communications que j'ai présentées, je me suis attacflée à étudier l'organisation institutionnelle du Beaujolais. Les institutions sont des cadres imposés aux activités humaines. Aujou rd'hui. je voudrais porter mon attention sur ce qui constitue ou a constitué les activités flumaines beaujo/aises. N peut voi r dans le Beaujola is pl usieu rs impératifs naturels li és à la con fi guration géographiqu e. A l'état spontané. dans nos régions, deux fibres s' imposa ien t : la laine des moutons et le chanvre des chenevières. Chaq ue femme sava it comment transformer les fibres. comment laver, carder, filer la laine des moutons, comm ent fil er le chanvre à parti r de l'étoupe préparée par le cardeur ambulant. La va ll ée de la Saône et les va llées affluentes ont imposé les voies de circu lation assorti es de très nombreux échanges com merciaux. Les coteaux granitiq ues orientés au solei l leva nt ont généré le vignoble. Chaque femme savait porter le fi l obtenu par son trava i l à J'atelier du ti sse rand qu 'on ap pe lait « ti ssier » ou << t ixi er ». La zone la plus élevée en altitude. accidentée. gran itiqu e, aurait pu reste r stérile. Bi en a u con traire. ell e a toujours été. dans le passé, fortement peuplée et sa pop ul ation s'est montrée diligen te, inventive . Les ti ss iers son t innombrables dans les villes et les vi 1lages d'autrefois. L'industrie a co mmen cé le jour où les tiss iers ont tissé du fil destiné à une clientè le lointaine, recrutée par des march ands servant d'intermédia ires. Lyon avait ses« fabricants» . donnant de la soie aux canu ts pour obtenir du t iss u de soie. Le bois a contribu é à sa prospérité économique. mais c'est le travail man uel des habitants. filant et tissant. qui a donné à la régio n les bases d'u ne industri e que l'on peut appeler« t extil e». La viticu lture, les voies de com municati on sont des sujets fréquemment traités. Le textile l'est moins et cela, vraisemblablement. à tort. La campagne beauj olaise avait ses marchand s. di stribuant le fil pour retrouver du tissu de chanvre. L'expression utilisée était: « le marchand donnait à employer ». Les toi les ain si produites étaient encore écrues, à l'état brut, et nécess itaien t une présentation pour plaire à la cl ientèle. Villefranche, bien placée dans le val de Saône. utili sant les passages naturels entre les co llines viticoles, a éta bli des liens très étroits et très sol ides avec le textile des montagnes. L'extra it du rapport du so us-préfet de Villefranche, publié en 1826, fait bien co mprendre comment la vi ll e a répondu à cette demande conjuguée des marchands et des vendeurs de toile préparée. (cité pa r Mlle Velu, p. 40.) L'antiquité du textile en Beaujolais « Une fla/le aux toiles a été établie à l'emplacement d'un ancien couvent (il s'agit des Ursul ines) Les négociants de la ville acflètent les toiles pour les vendre, principalement au midi de la France, après les avoir fait teindre et apprêter dans les ateliers de Villefrancfle. >) Le textile impose un nombre considérable d'opérat ions : choix de la fibre . fabrication du fil , tissage des fil s teints ou enco re à teindre, c'es t-à-dire restés «écru s», t einture des tissus éc ru s o u lustrage ou impressions de dessins colorés. 17 Si l'on étud ie, dans le corps du mémoire, 1~ nature des produ its fabriqués, on constate qu' il s'agit. soit de toiles brutes, soit de t issus à usage grossie r. tels que toiles d'e mballage ou toiles à matelas. Un annuaire de 1859 précise • «Marché considérable Lous les lundis pour chanvre en œuvre eL filé. toiles de chanvre. de coton. de lin . » « Foires les 15 et 16 mars. pour le bétail gras. moutons , cochons, toiles en fil et coton. chanvre. fil, coton filé, mercerie et draperie. >> Peu de colorat ion, quelques bandes bleues ou rouges, en rayures ou en carreaux pour les toi les à matelas et une tei nture jaune à base de safran pour certa ines toi les. Nul ne sait à quelle date a commencé ce système de transaction, produit brut-produit commercial. On sait seulement qu'il existait une confrérie des marchands-toiliers. au Moyen Age , la p lus importante de toutes, sous le patronage de sainte Anne, avec chapelle dans l'ég l ise des Cordeliers (J. Balloffet , Histoire de Villefranche), qu'en 1358 Aymard de Roussillon. pour l'abbaye de Savigny, fit arrêter et jeter en prison un facteur des marchands de Béziers qui se rendait à Villefranche pour acheter de la toile (Mlle Velu, p. 25). qu'à la veille de la Révolution l'activité tinctoriale était bien représentée à Villefranche. il existe un recueil de documents, sur cette activité. dans les archives de la ville, sous la cote 3M33. qui permet d'apprécier l'importance de la Maison Louis Romanet qu i p lus tard deviendra Lorrain. La préoccupation. contrai rement à la soierie. n'est donc pas de teindre les fi ls en cou leurs cha t oyantes et de les t isse r ensu ite en mot ifs variés sur les métiers des tireurs à lacs, mais de produire de l'écru ou de teind re le fi l da ns une gamme limitée, ce qui donnera plus tard la cotonne ou coton Vichy. Les t ransformations à faire subir à l'écru son t • le blanchiment. la teinture. les apprêts. Le blanchiment avait pour but d'ôt er la teinte jaunâtre des tissus écrus. li se pratiquait par lavages successifs et étendage sur le pré. D'où la présence de blanchisseries le long des rivières , Ardières à Beau jeu. Azergues à Chamelet. Morgon à Villefranche. Il en est resté les mots de « bla ncherie )) à Beau jeu et de la «grenouillère» à Chamelet. Le frère de Louis Romanet est qualifié de négociant, associé avec Blanc et Dupuy. Joseph Balloffet donne pour les années 1780 les noms de Jean-P ier re Morin au fa ubou rg des Saintes-Maries, Théodore Braun à la Quarantaine, Choppi n aux Grands-Moulins à Gleizé, JeanBaptiste Hum blot à Chervinges, Berna rd à la Rippe, comme blanchisseurs près Villefranche Le mémoire, souvent cité. de Ro land de La Platière. ne concerne pas le commerce, seu lement l'aspect industriel du textile et même essentiellement le tissage Toutefois, le négoce ne peut être totalement absent. Un passage du rapport est intéressant car il est révélateur d'un jugement sur la société caladoise de l'époque On sait par ailleurs comment Mme Roland jugeait les dames de Vil lefranche relevant de la même société. Les apprêts se pratiqua ient manuellement, sur de grandes tables, soit en lustrant. so it au contraire en fa isant apparaître un décor pelucheux obtenu à l'aide d'u n grattage avec des chardo ns (d'après M lle Velu). <z Ici comme ailleurs, le commerce qui résulte des fabriques se subdivise en beaucoup de branches eL c'est alors qu'il est le plus utile. Les uns achètent en gros la matière qu'ils revendent par plus ou moins grosses parties. d'autres, ordinairement de la classe la plus pauvre, les femmes. les enfants, s'occupent de la filature et vendent le fil dans les marchés où les fabricants vont se pourvoir suivant les espèces ou qualités d'étoffes, toiles ou broderies auxquelles ils s'adon nent. Ceux-ci vendent aux ma rchands qui distribuent ou expédient les marchandises fabriquées il est quelques manufactures où l'on achète la matière première, où on lui fait subir toutes les opérations, où l'on fabrique, apprête eL d'où l'on expédie. )e sais que les entrepreneurs de ces grands établissements quelquefois sont fondés à croire quelque chose de l'importance à laquelle souvent on ajoute beaucoup de foi et je ne fais aucun doute qu'ils n'en soient qui méritent d'être protégés . Mais qu'on ne s'y trompe pas. de tous les établissements. les plus utiles sont ceux qui sont répandus dans le plus de mains, les plus indépendants les uns des a~ttres. >> La te i ntu re éta i t. comme le matériau textile. d'orig i ne anima le ou végétale. La cochen i lle, insecte vivant sur le cactus népal , donnait le rouge ama rante : les racines de garance, le rouge vermi l lon: l'i ndigo, feu i lles de l'indigotier, légum ineuse des pays chauds. la cou leur bleue : les feuilles de pastel , un autre b leu : l'orse i lle, un lichen, la teinte rouge violacé: la carthame ou safran , composée dont une espèce est dite« safran bâta rd des te inturiers>), la couleur jaune (d'a près Charles Blondeau) . Roland le souligne • l' usage de la couleur augmen te le prix de revient ca r les substances colorantes sont d'un coût élevé. C'est dans ce désir d'embellissement d'un produit brut qu'i l faut placer la création des ind ienneries ou ateliers d'impression sur étoffe. Les indienneries intéressent les historiens bien davantage que les fabriques de toiles d'embal lage pa rce qu'il y a une recherche artistique avec un décor. généralement de fleurettes ou d'a rabesques. On appelai t auss i les indiennes des «toiles peintes». Bien qu'en 1784 l'industrie soit encore balbutiante. M. Roland (ou Madame). visionnaire, prend position en faveur de l'indépendance contre la concentration , du personnel contre les mach i nes. 18 Joseph Ba lloffet a étudié les indien neries. Il cite. ve rs 1768 . à Béligny, Deni s René Benux, larnat à la Quarantaine, vers 1771 . Samuel Da rde! , vers 1779, une associat ion Humbl ot. Braun, Buisson. Les blanchisseri es . apprêts et t einture sont aux no ms de : Au bonnet, Dessa igne père et fils et Blanc: Lerat. Troncy et Guichard, Vincent -Berger. Les teinturiers sont : Bernard et Rich on, BerthierImbert. Berthier Claude, Berthier frères. BerthierPiasse. Lorrain frères. Les indienneries eurent des existences chaotiques, de courte durée. généralement déficitaires. La lenteur d'exécutio n et le prix des mati ères colorantes suffisent à expliquer les difficultés. Si l'o n se réfère au sens exact des mots, les fabrica nts devaient donner le coton à t isser, soit à de petits ateliers réparti s entre Villefranche et les environs, soit à de petites usines leur appartenant. La lecture du rappo rt de Roland fait apparaître la présence constante du coto n. employé so it seul. soit associé au chanv re. soit au fil. c'est-à-dire au lin (piqué en fil de lin , bazin. futaines dont le nom vient de Fostat. faubourg du Caire. linge de tabl e en lin . chanvre à Chauffailles). Le probl ème crucial. depuis le début. résidai t dans la questi on du fil de coton . Ou bien on importait le coton fil é o u bien on le fi lait sur place. Cublize se mble avoir été un centre de carderi e de coton et Tarare un ce ntre d' importati on. En effe t, o n y trouve, en 1859, un grand nombre d'importateursbanquiers de cotons filés. Le mélange coton-fil porta it le nom de « futaine ». La pratique de la futaine . d'a près l 'é tude de M. Olivier Zeller. paraît remonter à 1543, à l'initiative. tout comme pou r la so ie. de Et ienn e Turquet. La fin du XVII I" siècle et le début du XIX(' furent marqués par la transformation des mécaniques à filer et à tisser Le bl oc us privant des produits d'importation et de la cl ientèle lo intaine. le premi er Empi re semble avoir con nu une crise dans le textile. laquelle en 1826 était oubliée. Le XIX~ siècle allait connaître de nouveaux succès et de nouvelles difficultés Voici quel s étaient ces «négociants>>, «commi ssionna ires en cotons filés » (et banquiers) : Chrétien fils, Duvillard. Ferrière. Vailly et Ribouler . Fion. Gouttenoire frères. Massard et Va rinay, Thora! jeune. maison à Lyon, 7 quai de Retz. La réuni on sous le même toit de l'importation du coton et de la banque écla ire le fonction nement général du textile nécessitant un matériau ét ranger Les opérations de change et d'escompte ont autant d'importance que ce lles de la fabrica ti on. Les changements survenus au XIXe siècle Il est possible de con naître les méthodes bancaires du XVIe siècle et probablement celles des siècles sui vants grâce à un Caladois bien oublié qui cependa nt fit. en son temps, œuv re fort utile. L'annua ire de 1859 permet d'apprécier la situation économ ique de Vi llefranche et du Beauj olais au milieu du siècle. Il s'agit de Etienne de La Roche qui était maître d'« argori sme l>, c'est-à-dire d'a rithmétique. et qui publia, en 1520, précisément L'Aril{tmétique. il signait « Etienne de La Roche dict Vi ll efra nche». Son éd iteur était C. Frad in et son travail a été étudié en 1962 par M. Henri Lapeyre . Villefranche: « Fabriques importantes de toiles de fil et de toi les de coton. nankinets (tissus jaune chamois pour les pantalons! dont il se fait un commerce considérab le de 5 à 6 millions pa r an . )) Les 1< fabricants en ti ssu-coto n pou r panta lons)) étaient Berthier. Bresson 1.-M. Bresson -Ba landras. Chambisse ur-Napoly, Damiron-C hanrion. Damiron 1. Fray, Guillemet oncle. Guillemet neveu, Napo ly, Tarabon. Th omas. Trambouze aîné. Trambouze jeune. Verrier. Moncoffy Etienne de La Roche s'est en partie inspiré d'un con frère pa risien. Nicolas Chuq uet, et d'un confrère fl orentin , Frescobald i. Néanmoins, grâce à lui . i l est possible de connaître en quo i consistait alors le travai l du banquier qui n'était ni de dépôt ni d'investissement. Il s'agissait du calcu l des pa iements à terme. de la va leu r relative des monnaies et de l'usage des taux de change. Les « négociants en toile de coton p o ur doublures» son t . Baillard et Gelay, Balloffet et Guillot. Berthelon , Biollay. Troncy et Aubert. Boisso n. Fa rfo uillon et Cie. Coupry et Cie, Depagneux et Cie, Ducharne frères et Bordet , Durand frères. Forgeot Louis et Lebrun . Germain. Berthelon et Cie. Go utell e aîné, Jou rn é avec dépôt à Pari s, 9 ru e Bertin-Poi rée , Lo rrai n, Damiron et Cie . Lermitte et Cie. Lermitte Joseph et Cie. Marion frères, Mazoyer aîné et Revel , Milliet-Mo rel fil s et Germain, M once l , Sap in et Boisson, More l , Collo nge et Cie. Peigna ud et Cie, Po llet frères. Robert neveu et Besson. Royer-Al ix et Cie. Serre et Louvrier. Suchel frères. Tête Léon et Dupo nt. Les banques étai ent des lieux de change et des com ptoirs d'escom pte. L'in t érêt s' appelait le « mérite» et l'escompte le « discont ». Les paiements pouvaient s'effectuer partie en o r, partie en argent. Les invest i sseme nts. fort nomb re ux, restaient du domaine privé. L' indu st ri e chimiq ue ent ra dan s l 'ent reprise lorsque le blanchiment sur le pré fut remplacé par l'emploi des chlorures décolorants. Le premier pas avait été franchi en 1774 par la découverte du ch lo re du e à Berthollet. 19 Le buste de M. Cui11on Lecilâteau de l'Eclair Le blanchiment utilisa le chlorure de chaux dissous. qu elquefois l'eau, dite tantôt de javel, t antôt de La Barraque qui est de l'hypochlorite de soude. Un chimiste lyonnais obt int avec cette même aniline une substance ro uge qu 'i l ba ptisa « fuchsine». Pour obtenir la fuchsi n e, i l suffit de comb iner de la be nzine avec de l'acide arsénique. On obtient un arséniate d'aniline qu'on transforme ensuite en chlorhyd rate d 'an il ine à l'aide de l'acide ch lorh ydriq ue. L'étoffe est plongée à plusieurs reprises dans des bains de chloru re décolorant puis dans des bains alcalins qui di sso lvent le produit d'oxydation de la matière colo rante Puis des teintu riers de Lyon, MM. Guinon , Marnas et Bonnet, découvri rent l'azu line permettant de teindre «en un bleu d 'un grand éclat ». La fabrication de la soude par le procédé Leblanc était connue depuis 1791. JI exigeait l'usage de l'acide sulfurique. Aussi , voit-on à cette époque l'ascension ext ra ordinaire de Claude-Marie Perret qui se fait producteur de soude et d'acide sulfurique, exploitant les scories des mines de Chessy, finalement installé riche industriel de SaintPi erre-la-Palud et de Saint-Fons. M. Guinon mérite qu'on s'a rrête un instant sur sa destinée. Outre l'azuline et divers autres colorants, M. Guinon mit au poi nt l'acide picrique, source, à la fois d'une resplend issante couleur jaune et d'un explosif puissant, très uti l isé pendant la guerre de 14-18. Cependant, un mouvement beaucoup p lus consid éra ble commençait à agiter les milieux des textiles. On envisageait le remplacement des teintures naturelles par des co lorants chimiques. M. Guinon et son frère développèrent leur usine de Saint-Fons. il s étaient originaires de L iergues et n'oublièrent jama is leur patrie beaujolaise. «Partis M. Charles Blondeau. bibliothécaire de la ville de Villefranche, a consacré, vers 1870-75, des conférences à ce sujet dont voici quelques extraits: « La de leur village en sabots, ils y sont revenus en carrosse», écrit M. Blondeau . «M. Guinon a fait construire à Liergues un magnifique château doté d'un magnifique vignoble (devenu, avec M. Vermorel, l' Ecla ir). Son frère possède également une belle habitation dans la localité.>) découverte, la fabrication eL ['applicaLion des matières colorantes dérivées du goudron de nouille, en particulier de l'aniline, constituent sans aucun doute le plus grand progrès que les arts chimiques aient accompli depuis longtemps. C'est une industrie importante qui a été créée et, quoiqu'elle ne date en quelque sorte que d'nier, elle se fait déjà remarquer par la beauté des produits qu'elle livre à l'industrie, par la variété des méthodes qu'elle y a introduites eL par l'importance des capitaux qui y sont engagés. » «M. Guinon a appris la chimie à l'école de La Martinière au sortir de cette école, il a été nommé préparateur de chimie au palais des Beaux-Arts. >) el, Le ch imi ste lyonnais qui avait trouvé la substance rouge se nommait Emmanuel Vergu in . C'était aussi un ancien élève de La Mart in ière et un ancien employé de Claude-Marie Perret JI était associé à Natanson et la découverte fut exploitée en société par les teinturiers Renard, d 'où le nom de fuchsine, renard en al lemand étant Fuchs L'aniline a été découverte en 1826 par un chimiste allemand nomm é Unverdorben. C'est un chimiste ang lais, Perkin, qui passa à l'app lication indu st ri elle en obtenant la cou leur mauve de l'aniline et en uti lisant la technique à grande échelle. 20 La société La Fuchsine ne résista pas à la guerre de 1870 . elle dut se dissoudre et ses spécialistes quittèrent Lyon. En 19 13. toutes les maisons indépendantes sont entrées dans la société de blanchiments (S.A.B.T. I. Î. Il y a trois gri3nds établi ssements. l'usine de Frans. l'usine Berthi er près de la Saône. la Société ca ladoise à la Quarantaine. Il est facile de comprendre que l'industrie cotonnière de Villefranche. déjà tributa ire des importateurs-banquie r s. allai t se trouver dans l a dépendance des producteurs de matière co loran te. La chimi e a donné au tissage une impulsion qui en augmente le vo lume. Derri ère la teinture s'accrochen t la confect ion et auss i la fi lat ure des cotons à tri coter, ainsi qu e le coton non fi lé pour les pa nsements. 1 500 ouvriers dans le blanch im ent. 1 000 à 1 500 dans la confection, autant dans la filat ure. tels sont les chiffres que donne Ardou in-Dumazet en 19 11 . L'auteur des Voyages en France célèbre les« noirs grand teint », les t issus qui ressemblent plus à du lin qu'à du coton et qui sont «presque aussi beaux que de la La société Perret fut vendue à Sa int-Gobain en 1872. Le procédé So lvay pour la fabri cat ion de la soude se substituait a u p rocédé Leblanc en excluant l'acide sulfurique. Dans le même Lemps. une banque de dépôts regroupait les disponibilités fina nciè res des familles régionales . El le avait pour nom l'Union générale et pour instigateur Emile Bontoux. très lié au comte de Chambord . Le temps était à l'Ordre Moral. Malheureusement. l'affa ire se termina par un krach retentissant en 1882. Beaucoup de Lyonnais en souffrirent. soie». L'organisation industrielle à Vi llefranche repartit sur de nouvel les bases en tentant de regrouper au maximum les activi tés semblables et en se rattachant à l'étoile qui brillait au ciel lyonnais. En application de la loi de 1884 sur les syndicats professionnels. un syndicat de teinturiers engloba en 1889 les principales usines de la vil le. Les clien ts de provi nee achètent directement leu rs étoffes dans les Vosges et les envoient à Villefranche pour la tei nture et l'apprêt. C'est un mouvement d'affaires qui atteint 8 millions de francs et 40 millions pou r la production des doublures. étoffes de coto n pour parapluie, andrinople. gilets et enco re 3 millions et demi pour le coton à tricoter. Fort heureusement, malgré ce rôle commercial, dit M. Dumazet, malgré les usines qui dressent leurs hautes cheminées entre le chemin de fe r et la Saône. la ville n'a poin t une physionomie industrielle. les quartiers de fabriqu es étant au-delà du chemin de fer. L'étoile qui brillait au ciel lyonnais éta it celle de la famille Gillet. Fra nçois Gillet. né à Bully en 181 3, appartenait au métier. Il avait ouvert en 1838 un atelier de teintu rerie en noir, quai de Serin à Lyon. Il étudia les nouveaux coloran ts. mit au point son <<secret» personne l. envoya ses fils se former en All emagne. travailla avec le ba nqui er lyon nai s Aynard. Son fils. Josep h, né en 1843. s'attacha au coton, mais ce sera Edmond qui conduira l'alliance avec Thaon . Le grand triomphateur de l'époque est donc le «noi r gra nd teint inverdissable ».Les ouvriers teinturiers ont un salaire plus élevé que les au tres car. hélas !. leur tâche n'est pas très engageante. M. Blondeau. ayant visité l'usi ne de la Fuchs ine, diri gée par M . Gu inon. a vu les visages des ouvri ers co lo rés par la teinture. Ceux qui trava illaient avec l'acide picrique étaient colorés en jaune. «L'aniline. lit-on dans un t rai té de ch imie. esl un /iqLtide nui/eux. incolore, qui brunit à l'air en s'oxydant. Elle En 1885 est créée la Société ano nyme des blanchiments. teintu res et impressions de Villefran che dans laquelle entrent les industriels de Mulhouse. L'usine de Frans est co nstruite, dotée de perfectionnements modernes. Désormais. Villefranche teint grâce aux cou leu rs synthétiques en bleu et en noir. a une odeur désagréable. une saveur brûlante el elle est très toxique; ses vapeurs sont particulièrement dangereuses. » Le Crédit Lyonnais. fondé en 186 2 par Henri Germain. persistai t dans la traditio n prudente du refus des invest issements. Néanmoins. les possibilités offertes par les dérivés de l'aniline étaient considérables. toutes les teintes pouvant être mises au point. La production de l'aniline atteignait des millions de kilogrammes. En complémen t, il fallai t un très grand nombre de produits auxili aires. pa r exemple pour le mordançage, c'est -à-dire un prem ier dépôt sur le tissu facilitant la coloration finale. Le vêtemen t de t ravail. les sa rrau s des éco li ers. les blouses des vigneronnes et des fermière s. les tabliers à bavette. les (( devantis >> prennent naissance à Villefranche. Pour fabriquer les indiennes et les dégravés, on a recours à plusieurs techniques. Par mordants: on imprim e d'abord un ou plu sieurs mordants suivant le dessin cho isi. On plonge da ns un ba in uni forme de tei nture et les réactions locales. suivant les mordants. étant différentes, on a une impress ion en plusieurs couleurs sur fond uni. Une so rte de costume folklo ri que se répand, « colletin >>pour les hommes. satinette lu strée pour les enfants. « dégravé » pour les ménagères. Les « dégravés >> ou impressions à fleurettes sur fond noir ou bleu sont des lointains descenda nts des indiennes. 21 Blancht.ment .. ~L ffi\ ~ e1nt AP'PR ,_ ures 1 , 1 ETS. ~- DE NOIRS M••sc~ Berlhl~,- roodee e· /50 ·!- DEMANDER LES TAR IFS llldiertne bi style XVIII'" ( ai1C sur bleu ameublemml) CL/cH( lvi FRAISSE Cl" ill M FRAISS[ 22 L'ouvrage de M. Etienne de La Roche, « maît r~ d'argorisme ». est d'u ne aridité totale. L'impression avec réserves se fait en recouvrant certaines parties de sulfate ou d'acétate de cuivre. On plonge dans un bain de teinture bleue . La teinture ne se fixe pas sur les parties recouvertes. Après lavage, le tissu ressort bleu avec des dess in s blancs . La coule ur bleue a fait l'obj et de nombreuses recherches. Le nom de l'industriel Guimet de Fleurieu-sur-Saône est li é à une couleur bleue. Le bleu d'ani line est appelé «bleu de Lyon ». Les vêtements confecti on nés à Villefranche en tissu bleu sont devenus des «b leus de travail ». Les dégravés en bleu et blanc ont beaucoup se rvi dans le décor local de la mai son beaujo laise en rideaux, dessus-de-lit. ils font partie du « fo lklore textile local ». Autre procédé de teinture imprimée. celui uti lisant les rongeants: acide oxa lique, tartrique , citrique. Les dessins sont obtenus en détrui sant la couleur du fond pa r application loca le des rongeants. Enfin , par plusieurs passages successifs. il est possible de composer des mo tifs Le procédé est plus coûteux. Pour pallier l'action rongeante des matières chimiques. les tissus étaient passés dans les ateliers d'apprêt s d'où i ls ressortaient encollés, lu strés, repassés, prêts à séduire la cli entèle et même à la tromper. Les premiers lavages faisaient tomber l'apprêt: le textile se retro uvait dans sa nudité initiale. pa rfo is décevante. Plus attrayants sont les problèmes humains. De génération en génération, les fami l les se consacrant au textile so nt demeurées au même endroit, se déplaçant parfois un peu de la montagne vers la ville ou conservant une antenne en plusieurs points. Dans le répertoi re de 1859, beaucoup de contemporains peuvent retrouver des ancêtres. Le monde textile beaujolais dessine sur les siècles une t rès longue fresque. M Joseph Balloffet a don né de bonnes informatio ns sur les indienneries ( 1932). M. Ol ivier Zel ler a étud ié les futainiers à la ve ill e de la Révolution ( 1987) Mlle Marie-Hélène Velu a fait une place importante à l'industrie cotonn ière de Vi ll efranche dans son étude de géograph ie urbaine ( 1938) . En 1938, les choses continuaient à peu près comme el les avaient été mises en place en 1890. Aujourd'hu i , cette phase de l'évolution doi t entrer da ns le do maine de l' hi st oire. Ainsi se trouve posé le problème de l'a rchéologie industrielle dont l'objet est la conservation des techni ques abandonnées. i l s'ag it d'une réali sa tion fort difficile, sinon ut opique. en rai son de l'e ncombrement représenté par le matériel et du peu de sign ifi ca ti on imposé par son inertie. Villefranche , centre cotonnier, fa ço nnier et commerçant Seul l'ensembl e a une va leur dans la mesure où il demeure susceptible de production Au terme de cette évocat io n d'une longue tranche de l'activité caladoise, quelle conclusion tirer? Un rouet, un méti er à t isser tiennent peu de place et peuvent être mis en mouvement. Les immenses bâtiments, les lou rdes machines avec les cha udières productrices de l'é nergie-vapeur ne peuvent retrouver la vie qu'avec un véritable usage. Tout d'abord que l'h istoire textile de Villefranche est diffé rente de cel le de Lyon. Villefranche ne fut jamais un centre de la soie. mais un ce ntre toilier et cotonnier. surtout un centre fa çonn ier et commerçant. Les échantill ons de tissu ne pren nen t leu r sens qu'au re ga rd des ob j ets qu'ils serven t à confecti onner. Les historiens ont beaucoup écrit su r la soieri e lyonnaise, car el le est créatri ce d'œuvres d'art. Le coton popu laire. d'un éclat modeste, fait figure de parent pauvre. La photographie constitue un bon réservoi r d'informations, mais les explications sont indi spensables. Il importe d'y joi ndre les documents :plans de bâtiments. brevets de mécani ques, de produ its chimiques, actes de constitution de sociétés, livres de commerce, cours de chimie ou de t issage. Numériquement. toutefo is. il a touché autant de personnes que la soierie. Une autre faiblesse du coton est son absence de pittoresque en comparaison de la légende du ver à soie Les problèmes de longueurs de fibres , de nombres de fil s. de fl ottes passées à la teinture, de compositio n de la chaîne so nt peu spectaculaires. Lorsqu'elle a cessé d'êt re artisana le. la production est devenue la résu ltante des travaux de l'esprit. Le laboratoire a conduit les opératio ns. C'est le sens général que l'on peut donner à la rencontre de la chimie et du tissage da ns le cadre de l'indust rie ca ladoise. A cet égard, le rapport de Roland de La Plat ière est très intéressant, mai s qui l'a lu? Les archives Romanet mériteraient une exploitation détaillée. mais ce sont essentiel lement des pages de calculs plutôt austères. M .-L. ODIN Comm unicati on du 13 février 1993 23 DOCUMENTATION COMPLÉMENTAIRE Vue d'ensemble de l'industrie textile beaujolaise en 1859 Carderies de coton, Cu b lize. Fabrique de cardes: lean, Naton ; carderies: Debiesse veuve. Denis. Dupu is Jacques. Melleton, Pierrefeu frères; déchets de coton: Foui llet, Laroche, Longère Claude. Sa int-Jean-la-Bussière. Carderie: Debiesse. Filature , Amp lepuis. Filateur: Masson aîné . Cours. Chapon, Chapon-Cortay et fils. Sa in t-Bo nne t-le-Troncy. Fav ri chon. Magn in Julien, Pl asse Sa i nt-Jean-la- Bussière . Marti n frères. Sai nt-Vincent-de-Reins. Montibert fi ls. Thizy. Colons filés: Ballagay. Billa rd . Marchand-Canin, Périer, Roure . Son nerot, Chambosc. Beaujeu. Chanvre: Burdin , Cartelier. Laissu. Vi ll efranche. Filateurs: Bulland et Comby, Charmetton. Botton. Couturier et Gui liard . Giraud et Cie, Janin et Cler, Mulsant et Caillat, Robert neveu et Besson. Importateurs de coton. voir précédemment. Blanchiment, Amplepu is: Dury Antoine. Tarare. Champier, Duperray et Zehr. Favre-Pelletier, Pere! fil s aîné. Pérel cadet. Rollet, Varennes. Apprêt-teinture, Cubl ize. Teinturiers: Chavanis, Dupuis. Lièvre. Tara re. Apprêteurs: Chate ll us, Dubost. Mac-Culloch frères, Dellarpe fil s aîn é; teinturiers: Bois fils. Dessalles frères. Maleva l frères, Ville et Semanovisk. Th izy. Teinture et apprêt: Auquier et Cie. Mayennat. Impressions, Saint-Clément-sous-Valsonne. Foulards: Ray jeune et Cie. ma ison à Lyon. 2 place Croix-Paquet Tarare. Impressions sur coton: voir teinturiers. Ample p uis. Teinture: Echamberger Broderie sur tissu noir, Beaujeu. Do ncien frères. Isaac et Roch frères . Corsets, crinolines, coton et laine, recouvrements : Suchel. Damas, maison à Pari s. 31 rue du Mail. Marchands, draps toiles: Lachalle jeune. Rachalle Denis. Sabatier Tarare . Bedin et Lefrère. Thizy. Commissionnaires en achats en articles du Beaujolais: Champalle. Charvin, Fayot fil s et Planche. )ango fils, Lauzerot. Lagrange et Cie , Ovize f i ls et Ta m in , Perrin-Bill ard . Tissages d ivers, Chessy-les-Mi nes. Fabrique de peluches : Brisson frères. maison à Paris. 3 rue Rambuteau ; toiles damassées : Grassot et Cie. Cou rs. Couvertures de coton, bourre de soie. mi-laine. poils cabris. imprimés: Burnichon Antoine. Michal lot jeune, Napolier, Poizat frères; usines hydrauliques et à vapeu r. couve rtures et molletons en tous genres : Remontet jeune. Verchère-Vale ntin. Vi ll e-Chavanon et fils . dépôt à Paris, 8 rue Sa int- Joseph. Cubl ize. Fabrique de molletons: Bodet, Bonnetain. Buchet Fillion Pierre. Fouillot, Lafond . Longepierre. Sanlaville. Thoveste. Lam ure. Fabrique d'étoffes: Mme Drivon : fabrique de soieries. Milloz. Saint-C lément-sous-Va l sonne. Fabrique de foulards: Pradel, mai son à Lyon. Saint-Jean-la-B u ss ière. Fabrique tissus et mousseline: Choyenne cadet. Guillermin, Magnin , Martin ClaudeMarie. Traclet. Trambouze. Tarare. Calicots, cretonnes. doublures: Chanifray Auguste et Baudy, Cœur, Mau ret Claude. Noailly; fabrique de velours: Godde neveu. ve lours uni par système breveté ; fabrique de mousseline: cette spécialité connaît un prodigieux développement. Le nombre d'entreprises s'élève à cent : fabricants articles de Tarare: Boutard et fil s. Balmon, Caire-Dusserre. Cazaban. Matagrin, Chatellus. Dubost. Coquard . Duperray. Emerine fils, Ferrière. Fion , Fou rn y, Godde aîné et fil s Thizy. Fabrique de cotonnades. articles du Beaujolais: Bonnetain, Burnichon. Chalons. Chapon père, ChaponBuisson . Charpin. Chaze l et Badolle. Fayot et Pierrefeu frères . Marchand et Trambouze, Perrin-Badet, PerrinMuguet Poiza t frères. Ampl epuis. Fabrique de calicots et mousseline: Bedin et Lefrère (Tara re). Béroud fils, Chavanis. Demonceau fils. Dessales. Duperay-Vignon. Giraud fils , Goutard aîné. Goutard C., La gay Pierre. Lagoutte jeune, MichonLagoutte, Poyet fils. Raffin Claude-Marie. Ra ffin neveu. Sonnery cousins. Tholin-Bost. Thora! fils. Vignon fils. Villy Auguste; fabrique foulards et lainages: Morelon et Cie (Lyon), Villy (Lyon) Vil lefranche. Voir précédemment. BIB LIOGRAPH I E Mme GAUTHIER-EscHARD B. Leçons de chimie. Paris. Fernard Nathan. 1916 ARDOUIN-DUMAZET. Voyage err France. La Région lyonnaise. Paris. Berger-Levrault. 1911. BALLOFFCT Joseph Les Mellet Villefranche Editions du Cuvier 1932. BAl l OI FFT Joseph. Mémoire de 1.-M Rolar1d de La Platière. Villc[rancire. Imprimerie Auray fils et Deschizeaux. 1933. BLONDEAU Charles. Histoire d'une robe de soie. Villefranche. Léon Pinet-Bussy. 1876. BOURGOIN Alain. Urre famille de notre région. les Perret et Olivia Bulletin de 1· Académie de Ville[randre. 1985-86. Pages 25 à 31. BRULL Marcel et PERIWT Francisque. Villefranche ancien. Vill efranche Syndicat d'initiative. 1971 GALLET P. Rive gauc/1e r1" 84 et n·' 85. Edouard Aynard Lyon Mars. juin 1983 GARRrFR Gilbert, Lequin Le Rhône et Lyon. Deux siècles de transformation économiques et sociales Saint-Jeand'Angely. Edit. Bordesoules. 1987. GurroN Jean-Pierre. Les Lyonnais dans l' Histoire. Edit. Privat. 1985. HouSSEL J.-P. AmplepLlis et sa région. La région de Roanne et la montagne marwfacturière du Haut-Beaujolais. terrains de choix de /'ard1éologie industrielle. LADOUS Régis. Le Rf1ône. naissance d'un département. L'histoire économiqLie d1~ Rhône au XIX" siècle Lyon. Consei l général du Rhône . 1990. LAPEYRL Henri Cahiers d'histoire. Tome Vil. L'a rithmétique de Etienne de La Roche. Lyon Universités Clermont. Lyon. Grenoble. VELU Marie-Hélène. Villefranche en Beaujolais . Vil lefranche Edit. du Cuvier. 1. Gu il lermet. 1938. 24 DANIEL )A OU EN Une chanoinesse au chapitre d'Alix. . en . . Lyonnais à la fi.n du XVIIIe siècle : MARIE FELICITÉ DE SAVELLY DE CASENEUVE Le site d'Alix est habité depuis la plus haute antiquité. Claudius Savoye y a reconnu un atelier préhistorique de Laille du silex ; eL récemment encore, de nombreuses pierres taillées. haches eL autres ont été trouvées lors de travaux d'agrandissement d'un carrefour au lieu-dit « les Quatre-Roules». Selon des documents d'archives détruits à la Révolution, il y serail fait mention d'un couvenL d'hom mes dès le VI Il' siècle. Le doc Leur Serra nd le noLe dans son ouvrage sur Anse. Du Moyen Age au XVIW siècle Mais aussi elles connurent des temps plus diffi ciles: le feu. la ruine, la séparati on. C'est ains i qu 'e n 1562 les troupes du baron des Adrets pri rent. pillè rent et brûlèrent le monast ère. Il fa llut la générosité des grand s (ent re aut res Marie Stua rt. Henri IV et plus tard Louis XV) et l'opiniâtreté de ces dames , pour qu'à chaqu e fois la comm unauté religieuse retro uve ses gra ndeur. rang et fortune, ceci jusqu'à la fin du XVIW siècle, en 1793, année qui vit le chap itre fermé et ses biens vendus com me bien s nat ionaux. Le premier document connu prouvant l'existence de ((re ligieuses» à Alix serait une « charte>) datant des dernières années du règn e du sire de Beaujeu , Guichard IV, mort en 1216. Ce haut personnage promet« aide et assistance aux religi euses d'Alix)) , contre l es menées des Abbés d 'Ainay, qui voudra i ent << protéger>) le m o nastère et ses richesses. ju sque- là sous la juridiction de l'a bbaye de Savigny. C'est ains i que ces Dames ne se crurent jamai s dépendre enti èrement de l' Eg li se de Lyon . En fait, historiquement, Alix se situe en Lyonnais. quoique le Beaujola is soit to ut proche. Au cours des siècles, les monastères. couvents, abbayes, connurent de grands moments de calme, de rich esse et d e puissance Mm • BOUXI!RES·AUX·OAim • C'est le cas d'Alix. où ces Dam es possédaient en 1463 la ha ute. moyenne et basse justice. comme le prouve un procès qui dura de nombreuses années. avant qu'elles ne cèdent la haute justice (seulement) à Guicha rd de Marzé. en 1499. POUSSAY • EPINAL • REMIREMONT • BEAUMf.lfS·OAMES• BESANÇON • CHATfAU{HALON • MONTIGNY • LONS-LE·SAUNIER • SALLES • • NfUVILLH.fS·OAMES LA VEINE• • AliX ) lEIGIIEUX • • L'ARGENTI!RE De plus. ces grandes et nobles dames. rel igi euses puis chano in esses. ava ient le droit de sauver, chaque année . plusieu rs condamnés à mort. Ce qu'elles firent à l'occasion d'un fâcheux conflit en 1778. entre les jeunes gens de Theizé et ceux d'A li x. Il paraît qu 'il ex ista it même une chanson qui rappela it cet évènement. Nous avons essayé vainement d'en retro uver la trace. BLESLE • • JOURSEY • MONTFLEURY Les c{u;rpilres de chanoinesses en France vers 1788 25 Le chapitre de chanoinesses d'Alix C'est aux environ s de 1747 que les rel igieuses sont devenues chanoinesses et leu r couven t un chapitre de fi Iles no bles. Qu'est-ce qu 'un chapitre? C'est une in stitution religieuse de l'ordre de sai nt Benoît. qui s'est peu à peu ouverte au monde Cette institution est ainsi devenue « mo ndai ne ». En effet . ce.s fi Iles nobles n'acceptent plus les rigueu rs du cloître. ne voulant pas se co uper du mond e et de leurs fam i lles. Ell es ne vivent plus en co mmunauté. Au chapitre d'Alix (com me à Sa ll es). ell es o nt chacune leur maison avec cour et jardin Et - à l'exception des professes qui ont pro noncé leurs vœux partiels- ell es quittent le chapit re pour se marier lorsqu'un parti se présente Dans l es registres paroissiaux de Morancé. l 'o n retro uve par exemple l 'acte de mariage d'Antoinette-Françoise-S uzanne de Chaponnay de Beaulieu. avec le seigneur de Pusignan. en 1774 La matSO il du pneur Les différentes chanoinesses : dans la seconde moitié du XVIW si ècle. il y a trois sortes de cha noinesses : Qu'est-ce qu'une chanoinesse? L'aspect mondain a pris le dessus sur l'aspect rel igieux. Les chano inesses sont issues de fam illes nobles et ne prono nce nt pa s le vœ u de pauvre t é. Ell es restent propriétai res de leu rs biens. et on t généralement de grands reven us - les cha noinesses professes · elles ont prononcé les vœux partiels : ce so nt les notables du chapitre ; - les cha noinesses adoptées: elles n'ont pas encore émis de vœux : - les chanoin esses reçues: ell es paient le droit d'être au chapitre. en versan t une somme élevée soit 2 140 livres dans le cas de Mademoiselle de Save lly de Caseneuve Quelle est la composition du chapitre ? Il comporte les personnages suivants . - un prieur homme, dit « le grand prieur» , qui est o bl igatoiremen t un moin e de Savigny, ca r le chapitre d 'A li x dépend des abbés de Savigny, ju squ 'à 1780, date de la suppress ion de cette abbaye: - un e prieure : elle-même chano in esse du chapitre: - une «sacristaine» (idem ) : - une « dam e de clocher >> . - un aumônier, pa rfoi s deux (toujours un abbé de Savigny): - douze chanoinesses « professes», onze dames << ado ptées ». treize dames « r eçues » (n o us donnon s ici à titre indi ca tif la populati o n du chapitre d'Alix figuran t sur l'état nominatif dressé le 1er octobre 179 1). Marso11 de Mme dt• Cn•ssia la dernière prieure Au chapitre. elles disposent d'une maison ca noniale (parfois partagée entre deux chanoi nesses). Elles ne se réuni sse nt que pour les offices Elles sont prése ntes au chapit re pendant troi s ans. puis ont une année de liberté. qu'e lles passent où ell es le dési rent. généralement dans leur famille . Comme on le voit, l'aspect monaca l de leur vie est très li mité. Habit et mœu rs. La vêtu re doit être sobre et sans fioriture. sa uf pour les cérémon ies de réception d'une nouvell e chanoi nesse Quant aux mœurs. en prin cipe, ell es do ivent suivre la règle de sa int Benoît. Mais le respect de cell e-ci ayant été sensiblement relâché, le Pape par lettre du 26 novembre 1755 rappelle ces dames à plu s de respect de la règle. 26 Commen t devient-on chanoinesse à Alix? Les fami lles nobles essayent de faire inscrire leurs filles depuis leur plus jeune âge, parfois à cinq ans; on cite même une enfant in scrite à l'âge de cinq mois. Après de nombreuses démarches, l e chapitre nomme deux commissaires qui on t pour tâche de vérifier les « p reuves de noblesse ». Celles-ci doivent être au nombre de huit quartiers côté paternel, et la mère doit être reconnue « demoiselle». Ces preuves acceptées par les chanoines du chapitre de Saint-Jean, la postulante sera « reçue>> chanoinesse d'Al ix. Voici le récit circonstancié que nous fait Madame de Genlis, qu i , à l'âge de treize ans , en 1759, fut reçue chanoinesse à Alix. avec le t itre de <<comtesse de Lancy» (son père éta it comte de Bourbon-Lancy, en Saône-et-Loire) : L'église d'Alix (état actuel) médaille, que ces Dames sont autorisées à porter dans le chapitre. On devait nous recevoir, une cousine et moi. cfianoinesse du cfiapitre noble d'Alix. Ce chapitre formait par ses nom[mux bâtiments un coup d'œil singulier; il était formé par une quantité de jolies petites maisons toutes pareilles el toutes ai:Jant un petit jardin. Le jour de ma réception fut un grand jour pOLir moi. La veille ne fut pas si agréable; on me frisa, on essai:Ja mes fia&ils, on m'endoctrina. etc. ; enfin, le moment fieureux arrivé, on me vêtit de &fanc. ma cousine et moi, el l'on nous conduisit en pompe à l'église du cfiapitre. ToLites les Dames habillées comme dans le monde, mais avec des robes de soie noire avec des paniers el de grands man/eaux doublés d'f1ermine étaient dans le cfiœur. « L'égli se du chapitre. Bâtie en 1552, l'ancienne église est devenue trop petite et. vétuste. ne correspond plus au rang de ces Darnes. Elle est démolie (plusieurs objets en provenant se trouvent actue llement dans l'église de Bagnols: bénitier. retable, ostensoi r... ). Elle a été remplacée à Alix par celle que nous y voyons aujourd'h ui sous le vocable de saint Denis, construite par l'architecte Marin Decrénice en 1768. Financés par les largesses du Roi Lou is XV, ainsi que nous le rappelle une plaque dans l'église, les travaux coûtèrent 54 384 livres et 6 sols. Un prêtre. qu'on appelait le grand prieur, m'interrogea, me Credo. ensuite me fit meUre à genoux sur fil réciter le des carreau'( de velours. Alors il devait me couper une petite mèd1e de cheveux. Cela fait. il mit à mon doigt un anneau d'or bénit. m'attacha sur la lête un pelil morceau d'étoffe blanc et noir, long comme le doigt. que les chanoinesses appelairnl « un mari» . Il mr passa les marques de l'ordre, un cordon rougr el une &elle croix émaillée. el une ceinture d'un large> ruban noir moiré. Dès ce moment. on m'appela Mmr la comlrsse de Lanclj. Le plaisir de m'entendre appeler « Madame >> surpassa pour moi lous les autres ... » Pour pouvoir terminer l'église, notamment le clocher. la prieure Louise de Muzy de Véronin dut faire appel à Louis <<le bien -aimé». Celui-ci se serait exc lamé : « Décidément, cette dame a la maladie de la pierre . Il lui faut de l'argent? Eh bien ! qu'elle le prenne sur les brouillards du Rhône. » En effet, Madame la prieure avai t déjà, à plusieurs occasions, fait appe l au Ro i , notamment pour construi re certaines maisons du chapitre. Pourtant la somme demandée fut accordée et l'église enfin achevée. Madame de Genlis ne passa que 6 semaines à Alix, après cette «réception » Une petite rectification : elle mentionne une «croix»: nous verrons plus lo in qu'il ne s'agit pas d'une croix , mais d'une Plaque de marbre visible dans l'église d'Alix 27 La mé d aille d es chano in esses. Les chapitres. nombreux en France, sont surtout implantés dans l'est du Royaume. Il est regardé comme un grand honneur d'être admise au chapitre d'Alix, qui à partir de 1754 reçoit 38 chanoinesses issues des plus hautes familles de la France entière. Ces dames désirant pour elles et les chanoinesses à venir, un insigne distinctif, soll icitent le Roi à cet égard. Le droit au port d'une « médaille>> (et non d 'une croix) suspendue à un ruban ponceau (rouge} leur est acco rdé par Louis XV, par lettre patente signée le 17 du mois de novembre J 755. Décision du Roi entérinée par le Parlement de Paris. Ce privilège n'est pas gratuit. puisque pour les lettres et pour l'enregistrement. son coût est de 114 livres et 17 deniers. A la même époque. d'autres chapitres, celui de L'Argen tière, en Lyonnais, et cel ui de Leigneux, près de Boën, en Forez, obtiennent du Roi le même privi lège. Mme de Savelly (tableau du château du Bosc. Aveyron) On aperfoit. en bas.la médaille M a d e m o isel l e d e Sa ve ll y d e Case n e u ve au chapitre. Issue d'une très ancienne famille de Rome, installée en Corse. puis dans le sud de la France (à Pont-Saint-Espri t}. elle vit le jour dans cette ville, le 10 juillet 1752, fil le de Jean Paul Marie de Savelly de Caseneuve et de son épouse, Marie Louise Charlotte de Vanel de Lisleroy, et fut baptisée le lendemain , selon la coutume. Ayant rejo i nt Alix en 1775, elle prit l'habit au chapitre le l er octobre 1778, âgée alors de 26 ans. Elle attendi t l 'acceptation de ses preuves de noblesse, ce qui fut fait en 1783 , et à l'âge de 31 ans, fut reçue chan oinesse avec le t itre de comtesse de Savelly. Jusqu'en 1793. elle vécut au chapitre la vie des autres dames. Quel les so nt les activ ités des d ames au chapitre? Comme nous l'avons vu, la vie monacale et la règle de saint Benoît sont bien peu appliquées. Les dames peuvent recevoir qui bon leur semble , amis, amies . Elles se reçoivent les unes les autres. El les gèrent leu rs biens , ont des activités musicales. littérai res. Lors des vis ites, el les raccompagnent leurs amis ou relations. A ce propos, est tou jou rs vivace la légende du « pont des soupirs», qui Modèle pour la médaille de chanoinesse d'Alix. peint à la fin de la lettre patente 28 prétend que les dames raccompagnaient leurs visiteurs jusqu 'à ce pont, el que les adieux étaient parfois déchirants. Les chanoinesses. et spécialement la prieure, étaient aussi des maîtres d'œuvre. Outre l'égl ise et leurs mai sons. elles entreprirent la cons tru cti on d'une rou te qui devait rel ier Al ix à Villefranche. Le tro nçon partant d'Alix, commencé en 1778, reste encore aujourd'hu i appelé le «chemin des Dames» (ou « de ces Dames») Achevé en 1786. il a une largeur de 3,10 m et une longueur de 1.300 km environ. Il va d'A li x à la route D 39 en ligne rigoureusement dro ite. un peu à l'est de la D 76. Cet ouvrage fut financé en partie par le chapit re. le reste par les fonds de charité On raconte une anecdote au su jet de ce chemin : le sieur Michaud, ayant eu so n champ co upé d'u ne manière désavantageuse pour lui . osa faire quelque réclama tion. La prieu re lui répondit:« Si tu le veux, cela sera ; si tu ne le veux pas. cela sera quand même >) Alors lui s'inclina bien bas , di sa nt: « Que votre vo lo nté soit faite.)) Un autre aspect de la puissance de ces dames se voit dan s le procès qu'elles sou tinrent pour obteni r l'extinction de l'abbaye de Savigny et le partage de ses biens en tre les chapitres de L'Argentière , Leigneu x et Alix . En effet il ne restait à Savigny que six moines âgés. et les bâtiments tombaient en ruines. Une fo is encore. elles eurent gain de ca use. et par une bu l le du Pape Pie VI datée de 1780, l'abbaye fut séculari sée et ses biens partagés entre les trois chap itres, Al ix en étan t le principal bénéficiaire. Le chemin des Dames la commune. Mademoiselle de Savell y de Caseneuve retourne dans sa fami lle à Pont-Saint-Esprit, où el le vit dans une maison avec un e domestique. La Révolution et le chapitre En 18 15, elle rédige so n testament; ell e lègue une somme i mportan t e à sa servante; ses bi joux et ses biens iront à une de ses nièces, Mademoisell e de Sénégra. Elle vivra encore quelques années à PontSaint-Esprit et décédera dan s ce t te ville le 28 décembre 183 7, âgée de 86 ans, après une vie bien rempl ie. aya nt traversé la Révo lution. Mais le vent se lève et annonce la Révolu tion. En mars 1789, l'on prépare les Etats généra ux. Le chapitre désigne deux de ses membres : l'un pour le clergé, l'autre pour la noblesse, afi n qu'i ls se rend ent à Lyon pour él ire les représentants devant aller à Paris Le 2 novembre 1789, les biens du Clergé sont mis à la disposition de la Nation. Biens nationaux, les Après le Concordat propriétés immobiliè res du chapitre (ma isons, vignes. bois) sont vendues pour la somme globale de 28 017 l ivres. En contrepartie. la nouvelle adm ini stration do i t s ub venir aux be so in s des chano inesses. Il faut note r qu'en 1807, le Card inal Fesch créa un séminaire dans les loca ux qui avaient été ceux du Chapitre. Ce séminaire fut supprimé en 1904 et devi nt un hospice pour personnes âgées. Ent ièrement rénové, voici qu elqu es années. c'est maintenant le « Cen tre de gériatri e du Val d'Azergu es» . Le 12 juillet 1790 , le cl ergé est appointé. Mais l'argent tarde à venir; ces dames se plaignent au District de Vi l lefranche. Que reste-t-il du chapitre aujourd'hui ? En 1793, le chapitre est fermé défi nitiveme nt. Les chanoinesses sont dispersées, chacune ren t re dans sa famille. Leur égl ise qui ne sera jamais vendue, sert pour un temps. de remise à un culti vateu r de il reste seulement de cette noble inst itut io n, quel ques bâtiments : l'égl ise, qui devint à partir du Concordat église pa ro issiale. mai s fut agrandie à 29 l'est et à l'ouest au temps du sém inaire. ç:ertains vitraux sont «classés» ; quelques maisons du chapitre : la « maison du Roi >>. la maison du prieur (abbé de Savigny) , quelques aut res maisons de «chanoinesses» (en tre autres. ce lle d'Anne de I'Esca lopier. celle de Madame de Cressia. dernière prieure. etc.) . Et pour conclure Si d'aventure. vous passez dans le vill age de Naucelle. dans l'Aveyron. entre Albi et Rodez. sur la Nationale 88. arrêtez-vous au château Le Bosc. · Vous y serez reçu par Mademoiselle de Ceyleran . descendante par alliance des Savel ly de Caseneuve. Vous pourrez y admirer un grand portrait de notre Chanoinesse. ainsi que d i vers documents la concernant Ce château abrita également l'enfance du pe intre Toulouse-Lautrec. parent des Ceyleran par alliance. La chambre où il passa ses jeunes années est décorée de nombreux dessins de sa main et meublée d'objets lui ayant appartenu. entre autres un lit. une bicyclette ... La maiso11 dite '' du roi)> Daniel JAOUEN (Commun ication du 17 avril 1993) N .D .L.R . Les archives du chapitre d'Alix son t conservées aux Archives départementales du Rhône dans la série 25 G. Ces archives vont de 1298 à 1790. Pour la période étudiée ci-dessus. se réfèrer p lus spécialement aux articles 25 G 39 Reconstruction de l'église ( 1768-1770) et 25 G 38 Visites ( 14 10- 1790). Consulter également à la Conservation des antiqu ités et objets d 'art du Rhône les dossiers concernant le mobilier de l'église (stalles. sculptures) commandé au XV IW siècle. dossiers établis par Mme A. M. Lavirotte et M. Mathieu Méras. En ce qui concerne les relations des seigneurs de Beaujeu avec l'église d'Alix. notons un legs de Guichard IV de Beaujeu vers 1 195. qui lègue dix li vres à cet établissement (Carl. de N.-D. de Beaujeu , éd. M. L. Guigue. p. 51). Dais de lasiCllle de la prieure sur lequel on aperçoit le dt if{re et les armes des Clem1011t T01111erre Ces m~mes armes figurent à la salle des croisades du palais de Versailles REMERCIEMENTS Ma femme et moi tenons à remercier Mademoiselle de Ceyleran pour nous avoir si aimablement accueil li s et nous avoir ouvert les archives familiales de son château. Nous exprimons nos remerciements aussi aux membres des archives départementales du Rhône. section ancienne et section moderne. ains i qu'à ceux des archives du Gard. Les un s et les autres nous ont beaucoup aidés dans nos recherches. Nous sommes éga lement reconnaissants aux habitants et au personnel du Centre hospitalier d'Alix de nous avoir encouragés. et remercions tout particulièrement les membres de la Direction de celui-ci pour leur précieuse participation à notre étude. D.J. 30 Médaille de Mme de Savel/y Médaille de la cfra~winesse d'Alix ... ,. .. L' Argenlière ( Exlrail du Remiremonl Croix de chanoinesse bu/lelin de la Diana. 1899-1900) Croix de cha noinesse Leignieux 31 Neuville-les-Dames Salles-en- Beaujolais «A MOTS OUVERTS>> E verbe est vivant. En ces temps où le visuel règne par l'apparence et l 'a ppel ambigu à l'instantanéité. il est bon de rappeler la force de l'écrit, sa capacité d'expression et de réflexion qui prend ses racines plus profondément que la simple image. Quoi de plus naturel, alors . que de donner la parole à celles et ceux qui font du mot un message, une musique et l'exp ression désintéressée d'une recherche de vérité . C'est dans ce but qu'a été créée. le 3 juill et 199 1, l'association «A mots ouverts >>. dont l'ob jectif est de« promouvoir le fait poétique et ses dérivés à Vi lie franche-sur-Saône et dans le Beaujolais en mettant en place les actions qui nous semb lent assurer cette promotion dans son acception la plus large>>. Nous sommes douze. actifs comme i l se doit, à peupler nos rencontres au rythme minim um de deux pa r mois. Le verbe doit s'adapter à son temps. sans pour autant perdre son âme. C'est pou rq uoi Radio-Calade ( 100.9 M Hz) nous prête ses ondes pour une ém iss ion bimens uelle, le vendredi à 18 h. où poésie contemporaine et chanson française à texte se mêlent harmonieusement. Et les projets existent. Outre la désorma is trad itionnelle participation à la Nuit de I'Eté, «A mots ouverts>> vous proposera. les 3. 4, 5 et 7 février 1994, une exposition à la galerie du passage de l'Ancienne-Mairie, sur le thème« Peinture et poésie » Enfin . un spectacle est prévu en avril 1994, à la salle des fêtes de Pomm iers. en association avec l'école de danse Maryse Rampon. Poètes. à vos manuscrits ! Plus que jamais. n'hésitez pas à nous rejoindre. Pierre-Jean BLAZY Prés ident d' « A mots o uverts » 57 rue La borbe, 69480 POM MIERS Tél.74626601 VIVE NOTRE DAME DES MARAIS ou LA PIERRE ET LA FOl RENAISSANTES Ils ont bâti de leurs mains nues, la Collégiale Aux temps de pierre vive et d' fwmme colossal Dressant nos temples de prière Souriant dans l'effort: soleil dru, froid , poussière Marquant ces visages d'extase Dorée comme la poudre, sous les ciseaux som1ant A mille carillons, cristal parfois blessant Leurs doigts toujours serrés sur le marbre, en embrase De leur corps, pour savoir mieux la forme des corps Recréés dans les drues argiles de ln terre. Par grâces du Seigneur, l'on se souvient encore Des forces de ceux-là, en nos temps de1étères, Où l'être ne sait plus la sueur et l'effort. Mais voici revenu le doux tailleur de pierre ! A nouveau l'outil tinte aux frontons de vertige Pour redonner jouvence aux gâbles de prestige Aux balustrades et pinacles , aux dais rosés Des murailles 1Que dis-je : des falaises dressées Où l' fwmme par sa Foi, sans cesse est remonté Comme ard1ange vers l' Eternel. Jaloux de celui-ci, splendide Gabriel Que tu ne peux qu'étreindre dans le roc et sculpter Figé dans les gothiques et pour que nos mémoires Ne l'occultent jamais ! Ni Jésus ! Grande Histoire Que nos anciens, nos bâtisseurs d'orfèvrerie De pierre font vibrer, jusqu'à la flèche qui prie Très {~a ut, pour que ce Dieu ne soit jamais d'oubli. 0 vous les compagnons d'âge médiéval, Nous saurons remonter à la croix sommitale ! Sachez que vos chefs-d'œuvre, gargoules inspirées, Vos strates et balcons , taillés dans les rochers De notre foi, toujours, nous viendrons relever 1 Dessus les portiques, les ceintres en statuaires Sont élevés nos Saints, nos maîtres de pensée 1 Voici sur leur triangle, comme en haute marée Les coquilles, crochets et le l!Js séculaire Prime à Pierre de Bourbon , et da fiS les airs Gargouilles en pignons, piquées aux quatre vents ! Monstrueuses, riant vers le ciel en abîme ! Hurlant à un démon de chair, puis adorant Bientôt, le Créateur de nos finalités. Il n'est pas que nos glaises, sommes enfants des cimes! Nos cohortes souffrantes crient vers l'Emp!Jrée Comme monstres et puis comme l'Ange Souria11t, remontant au ciel et sur ses langes. Partout lève11t des flèdJes fleuries, stalagmites Fichées près les balcons, rosaces, où nos m!Jthes Célestes et humains, aux tons multicolores Des vitraux nous redisent, à verts, ponceaux, bleus, ors ! Qu'il n'en est de légende. Les siècles ont beau jeu Si par la Foi des Pierre et An11e de Beaujeu, Ils o11t vu s'élever si tangible merveille. 1mpossible est la mort de Dieu, ni le sommeil De notre infrangible cro!Jance, Qua11d ln pierre même chante ses renaissances Et clnme aussi notre espérance. Oui ! Tou fours aux eaux troubles de nos humains reflets, Est repêchée la Vierge, la Dame des Marais. Albin JANOT-DELAYE de l'association « A Mots ouverts» 32 EDMOND BERTHAUD LES ÉGLISES DE LA PAROISSE D'ARNAS communauté rel igieuse de «vierges. veuves et pénitentes consacrées à Dieu )), communauté appelée du nom charmant de « Puellare SainteEulalie)) Le fonda teur est connu: c'est l'évêque Sacerdos, qui l'instal le en 549 sur la rive droite de la Saône. près de la cité épi scopale ; à la même époque et sur la même rive. le roi Childebert bâtissait le premier hôp ita l lyonnais qui serait à l'origine du fameux Hôtel-Dieu sur les bords du Rhône. A qu elle date et à la su ite de quelles viciss itudes le« Puellare Sainte-Eulalie>> émigra -t -il sur l'autre rive de la Saône. à l'ent rée de Lyon et à proximité de la basilique des Apôtres (a ujourd'hui égl ise Saint- Ni zier)? Les monia les ont toujours prétendu que l'évêque sain t Ennem ond (654-658) fut l'auteu r de ce transfert et du choix d'un patronage nouveau : saint Pierre. Dans le fond s concernant le monastère SaintPierre, aux Archives départementa les du Rhô ne, classé récemment, on trouve mention d'une copie de cha rte relatant la donation d'une église d'Arnas à l'abbaye lyonnaise (A.D.R. fonds Saint-Pierre 27 H 1, folio 1, et 27 H, fol io 2). Vo ici l'essentiel du document:« La 26e année du roi Gontran, le noble Girard et sa femme Gimberge . paren ts de la servante de Dieu Adaltrude. religieuse de l'abbaye Saint-Pierre, donnent à cette abbaye une église sise à Arnas, avec ses dîmes, tout en s'en rése rvant l'usufruit leu r vie durant... etc. >> 'ÉGLISE actuelle d'Arnas fut bénie le 27 mai 1906. Sa construction a demandé près de six ans à cause de la longueu r des démarches adm ini stratives et des difficultés su rgi es penda nt l'exécution des travaux. Cette nouvelle égli se remplaçait une église dont l'o rigine remon tait à la fin du XIe siècle lo rsque l'abbaye de Savigny établit à Arnas un prieuré qui assura le servi ce pa roissial jusqu'a u XVW siècle. relayé ensuite par le clergé diocésain. Avant la venue à Arnas des moines bénédictin s de Savigny, des documents conse rvés aux Archives départementales du Rhône rappellent l'existence d'un lieu de culte dans un grand domaine situé à Arnas. Cette première église ful l'objet d'une do nation. vers le milieu du xc s i èc le. au monastère lyonnais de SaintPierre-les-Nonnains. Il conv ient de rappeler l'h istoire de ces deux anc iennes églises avant de raconter celle de la constru ction de l'église actue lle. Malgré l'existence dans notre région d'autres lieuxdits du même nom. on a toujou rs prétendu que l'ég lise, objet de la donation, se trouvait sur le terri toire de la commune d'Arnas, proche de Vi l lefranche-sur-Saône. Par contre , l a date de la donation pose un prob lème. La 26e année du règne de Gontran, prince mérovingien , correspond à l'an 587; or, à cette date, aucun des personnages cités dans le texte n'est viva nt. Marie-Claude Gu igue. cé lèbre archiviste lyonnais. à la suite d'études minutieuses, propose de date r la donation au milieu du xesiècle, précisant même l'année 957 alors que le roi Conrad le Pacifique. de la dynast ie rodolphienne, exerçait sa so uve rain eté sur notre région En tout cas, à cette époque so nt connus: le noble Girard qui po rtera pl us ta rd le t itre de comte de Lyon , son épouse Gimberge et sa fille Adaltrude , qui deviendra abbesse de Sa int-Pi erre. « Ecclesia villae », l'église d 'un domaine au xesiècle Le mona stère lyonnais de Saint-Pierre-lesNonnains est vra isemblablement issu d 'une 33 co nti guës: l'une, Sain t-Pier re, dont le po rche su bsiste enco re ru e Pau i-Chenavard au service des monia les; l'autre, Sa in t -Sat urn in, aujo urd'h ui démolie, au service de la population voisine du monastère. La gé nérosité des donateurs est inspirée par le souci d'échapper aux flammes de l' Enfer grâce aux p ri ères des moniales. « Elec mosina ex tinguit peccatum >> 111 • Mais Girard est un amb itieux ; au temps de la féodalité nai ssan te , ce se i gneur d'origine forézienne veut étendre sa puissance sur la région lyonnaise; par cett e donat io n. il ass ure sa mainmise su r une riche abba ye à Lyon même et ce au détriment de l'archevêq ue. L'église des moines du Prieuré , fondé par Savigny L'église qu'il donnait éta it le li eu de culte d'un grand domaine (villa) qu'il possédait à Arnas. On sait qu'à l'époque gallo- roma in e, et même auparavant, de grandes propriétés s'étaient co nstituées dans la ri che vallée de la Saône. aux comm uni cations aisées (la rivière et la route). avec Lyon et les autres cités en amont. Cette va llée fut évangélisée dès la fin du W siècle . Pour assu rer le service religieux de leur famille et de leur domesticité. les maîtres bâti rent des églises desservies par un clergé docile et souvent peu éd ifiant. Ces églises de domaine « ecclesia villae >> fo rm aient relais entre les égl ises de bourgades << ecclesia vici » en liens directs avec l'évêque L'église d'A rnas resta moins d' un siècle sous l'obéd ience de Sa int -Pierre-les-Nonna in s. Ve rs les années 1030-1033, elle fut l'objet d'une nouvell e donation à une autre abbaye , l'abbaye roya le de Savigny située aux confins du Lyon nais et du Forez. Dans le cartu lai re de Savigny, une « pan carte>> ra ssemb le cinq documents sous le tit re« De ecc/esia Sancti Saturnini de Arnaco », relatant le transfert de l'abbaye lyonna ise à l'abbaye de Savigny. Au début du Xie siècl e, le domaine d'Arnas avec son église appartenait à un chevalie r nommé Frédeland (Fredoaldus). vassal du comt e Gi rard Il (q ui avait succédé à Girard 1). et à l'abbesse de Sa int -Pierre Adzelina (ou Adélaïde). sœur de Fredeland . Ce dernier périt au cours d'un combat. Deux de ses fi ls, Hugues et Birard. réalisant un souhait de leur pè re et voulant assu rer le salut de son âme, décidèrent de donne r « à Dieu et à sa i nt Martin, patron de l'abbaye de Savigny dont l'abbé s'appe lle lti er », l'église d'Arnas et ses dépendances, ainsi que tout ce que l'a bbesse Adzelina, leur tante . possédait à Arnas «à titre de bénéfice et d'alleu; curti ls, prés, forêts, vignes, labours, eaux et rivi ères. terres cu ltivées et incu ltes». L'abbesse souscrivit d'un cœur joyeux à l'in itiative de ses neveux. il y eut, certes, quelques difficultés avec certains membres de la fami lle et avec l' abbesse de SaintPierre qui succéda à Adzel ina à la mort de cette dernière. Tout cela fu t résolu par la médiation des archevêque s de Lyon et de Vienn e et d'autres personnages. En tout cas, le comte Gi rard Il, qui avait renoncé aux prétenti ons de son prédécesseur sur l'immédiate région lyo nna ise. se réjou it du transfert d'Arnas à l'abbaye de Savigny. Son ambition était de s'implanter fortement dans le Forez dont l'abbaye de Savigny était proche. L'a bbaye de Savigny fonda à Arnas un prieuré; cinq ou six moines bénédi ctins assuraient le service religieux de la pa roisse dans l'église qu'ils construisirent à parti r de la fin du Xie siècle. Le prieu r d'Arnas ava it la collation des pa ro isses de Sa inte-Marie d'O uilly, Sai nt -Pierre de Dracé et de Saint-Pierre de Boernaco , dont la local isation est ma l ident ifiée. Au XIW siècle. le prieuré d'Arnas fu t cédé à l'abbaye de La Chaise-Dieu puis, dans la suite, fit retou r à Savigny. Au XVW siècle, le prieu ré étant deve nu en commende, l'égl ise d'Arnas fut desservie par le Saint Saturnin C'est probablement È. !-,;On appartenance au monastère Saint-Pierre que l'église et la paroisse d'Arnas o nt bénéficié du patronage de l'évêque martyr de Toulouse, dont le culte s'est répandu en Gau le sous les noms de Cernin. Sern in. Sorlin ou Saturnin (à Arnas. sa int Saturnin; à Montmelas, saint Sorli n) En effet. le monastère lyonnai s avait deux églises 34 La vieille église démolie en 1905 1 MAILLET clergé diocésai n ; en contrepartie. le prieur versa it au curé résidant une certa ine somme d'argent . En 1791 . le bâtiment du prieuré et ses dépendances furent vendus comme bien nati ona l. Aujourd'hui. le prieuré , rema rquable bâtiment, est la propriété de M. Pierre Lemau de Talancé. Plan de l'ancienne église 1904. Avant sa démo l it ion. l'architecte Eugène Mehu fit un relevé du plan et des façades. relevé dont un e copie luxueuse exist e à la ma i rie d'Arnas. Ce re levé met en relief les pa rt ies romanes de l'éd ifice. ai nsi le clocher rectangula i re percé de p lusieurs baies gémi nées et couvert d'un toit plat, semblable aux clochers de Sa i nte-Marie d'Oui lly et de Sain t-Paul de Lacenas. Il souligne les transformations au xvesiècl e du gothique flamboyant dans les nervu res de la nef et dans les baies de la chape l le Saint-Sa t urn in dont l'une fut réut ilisée pour l'écla i rage de l'actuelle sac ristie. Enfin, il soul i g n e enco r e l es agrandissements d u XI Xe siècle, en pa rtic ulier la cons truct ion de chape lles de chaque côté de la nef principale qui donneront à l'égl ise un p lan crucifo rme. En 1795 . l'égl ise et le presbyt ère d'Arnas furent ve ndu s; les acquéreurs laissèrent les deux bâtiments à l'aba ndon . Lorsque. avec le Concordat. le culte fut rétab l i. que lq ues membres du consei l municipal . dont le maire Michel Gu i llot et l'adjoint Jean-Fran ço is Bernard, acquièrent. au nom de la comm une sa ns resso urces. église et presbytère; la comm un e les remboursera dans la suite. Au cours du XIXe. l'église sera l'objet de réparations et d'agra ndi ssements; elle restera en service jusqu'en ' -::• La chapelle d'Ouilly Saint-Paul 35 La construction de la nouvelle église 1899-1 906 Aussi un rapp ort est demandé à l'architecte Perrayon sur l'état de l'église. La réponse est nette : cette église. qui n'a rien de remarquable architecturalement , menace ruine et o ffre un danger d'écroulement partiel et même total : sa remise en état sera plus onéreuse que la construction d'un bâtiment neuf. Pou r savoir si on peut espérer sur les ressources nécessaires pour bâtir une nouvelle église, les fabricien s demandent à l'abbé Veyret de lancer une souscription dans la paroisse. En 1845, en réponse à une circulaire préfectorale, le maire d'Arnas affirme que l'église de sa commune est en bon état, suffisante pour l'accueil des paroissiens aux jours d'affluence Une quarantaine d'années après. le jugement de la population est différent C'est pourquoi le curé Nicolas Brun, qui administra la paroisse pendant trente ans, légua à sa mort, en 1887. la somme· importante de 30 000 F, non pour réparer l'église, mais pour en construire une nouvelle. Au bout de six mois. l'abbé, qu i a multiplié ses visites dans les familles d'Arnas et auprès de ses amis caladois, annonce qu'il a reçu de 126 souscripteurs la promesse d'un versement total de . 34 000 F Cette somme, s'ajoutant au legs du curé Brun avec les intérêts produ its au cours de vingt années, représentait un avoir de 74 000 F. Son successeur, Joachim Troncy, préféra construire d'abord un presbytère neuf, ayant trouvé trop inconfortable celui qu'on lui offrait à son arrivée à Arnas. Grâce à la générosité des paroissiens et aux ressources de la fabrique, il fit bâtir un beau presbytère devenu depuis quelques années la belle mairie d'Arnas. Néanmoins, avant son départ, le cu ré Troncy demanda à un architecte de Villefranche, A. Perrayon. d 'étab lir un projet pour une nouvelle église. Compte tenu de subventions espérées, i l était raisonnable de décider la construction de l'église nouvelle. Aussi, le curé Veyret est chargé de rédiger un rapport à la municipalité pour solliciter une autorisation de construire et so n aide financière. Le 5 août 1900, le conseil municipal a communication de ce rapport. Hélas ! Le moment est défavorable; à la suit e d'une élection réce nte , la municipalité vient d'être renouvelée : J.-A. Dam iron, républicain modéré et représentant du bourg d'Arnas. est mis en minorité: le nouveau maire élu est François Duchamp, représentant de la GrangePerret, républicain bon teint, c'est-à-dire teinté d'anticléricalisme. La nouve lle majorité ajourne l'examen du projet, i l faut fa ire des économies. il y a des travaux plus urgents comme la couverture d'un lavoir au lieu-dit des « Fontaines>>. Ce rejet, auquel on s'attendait un peu. fut une déception. La sagesse éta it de laisser couler le temps po ur permettre à la municipalité de reven ir sur sa décision. Plus tard, on lui présenta un nouveau rapport: on insi sta sur l'urgence des réparat io ns dans l'église en service, dont le coût sera très élevé po ur la commune; on insista sur la déception des familles qui avaient répondu généreusement à la souscription ; on ne sollicitait de la commune que l'achat d'un terrain nécessaire pour l'implantation du nouvel édifice qui sera plus grand que l'égl ise en service. Cette fois, la mun icipalité examina le nouveau doss ier, s'e ngagea pour la somme de 4 000 F afin d'acquérir le terrain nécessaire De son côté, le conseil de fabrique demanda à Perrayon d'établir un nouveau projet, plus économ ique. Ancien preSVIJlère. mairie actuelle En 1897, l'a rchevêque de Lyon nomme à la paroisse d'Arnas un vicaire de Saint-Pierre de Villefranche, l'abbé lean Louis Veyret, avec mission d'entreprendre la construction de cette nouvelle église. Le 2 juil let 1899, le nouveau curé annonce au consei l de fabrique que le moment est venu d'entreprendre cette construction: les paroissiens et le maire, jean Antoine Damiron, la désirent et d'autre part le vignoble beaujolais a retrouvé sa prospérité. L'abbé Veyret ignorait alors dans quelle longue et difficile entreprise il se lançait. Nous connaissons les péripéties de cette aventure grâce aux registres municipaux et paroissiaux, mais surtout grâce à la co rrespondance conservée de l'abbé Veyret et à l'histoire qu'il en a décrite dans un modeste cahier vert d'écolier. Perrayon, surchargé de travail, tout en gardant la responsabilité du projet et de son exécution, demanda de s'adjoindre un collaborateur. Son choix se porta sur un jeune architecte: Eugène Mehu. Originaire d'une famille charolaise installée à Villefranche, où son père était pharmacien, Méhu, après ses études secondaires à Mongré, fut élève de l'Ecole d'Architecture de Paris. Pour ne pas s'engager à la légère. les fabriciens décidèrent de réfléchir sur l'urgence de la construction et la possibilité de garantir son financement. 36 Il est connu comme l 'historien érudit de «Sa lles-en-Beaujolais». Jeune architecte. il éta it fier de participer à la construction de l'église d Arnas. qui serait sa première grande œuvre dans la région En réalité, la collaboration des deux architectes ne fut pas très heureuse. Perrayon. homme d'une grande expérience dans son métier, eut sans doute le tort de ne pas assez contrôler les projets et les devis de son collaborateu r de 30 ans, novice dans le métier. Méhu avait le goût du travail bien fait et le sens du beau . mais manquait de rigueur dans l'établissement de ses comptes. En tout cas. le nouveau projet qu'il fit représentait par rapport au premier une économie importante: en effet. un toit unique devait recouvrir les trois nefs de l'église. Le projet fut facilement agréé par la fabrique et la municipalité. Le maire d'Arnas le transmit rapidement à la sous-préfecture pour être examiné par la« commission départementale des bâtiments». Le pro jet n'ayant pas eu l'agrément de la commission. il faudra encore la rédaction de deux autres projets pour obtenir une approbation définitive le 2 juin 1902 Un pas important était franchi · l'approbation de la commission départementale c'était l'espoir d'une subvention du conseil général du Rhône. lustin Cfraf>ert du conseil. mini stre de l'Intérieur et des Cultes. Sans refuser le concours de Castel nau . quelqu'un, sa ns doute in spi ré par l'Esprit Sa int, suggéra de so lliciter le député de la circonscri pt ion de Vi llefra nche, Justi n Chabert. député radical du Bloc des Gauches. Il venait d'être réélu en 1902 et avait obtenu à Arnas. fort heureusement. une majorité substantielle: sur 216 votants, 156 voix. contre 56 seulemen t à son adversa ire républica in modéré: Joseph Chatillon. D'autre part. Justin Chabert, domicil ié à Gleizé, est presque voisin de l'ancien ma ire d'Arn as, 1.-A. Dami ron. très favo rable au projet d' un e église nouvelle da ns sa comm une. L'abbé Veyret et le prés ident du conse il de fabrique. Philippe Pontbichet. pour hâter les choses. décidèrent une démarche auprès du docteur Lassalle. conseiller général du canton de Villefranche. Celui-ci les accueillit fort aimablement. mais ne laissa aucune illusion. Dans le contexte politique du moment. le gouvernement s'orientait vers une politique de séparation de l'Eglise et de l'Etat. Le conseil général du Rhône avait supprimé dans son budget tous les fonds al loués aux différents cultes. «Surtout. déclara Lassalle. ne faites aucune démarche spéciale pour votre église. vous risqueriez de provoquer une démonstration antireligieuse Laissez l'administration préfectorale examiner votre dossier comme il est normal et le transmettre au ministère des Cultes.>> Le rapporteur du dossier au consei l général, M. Courju. fut très favorable et le dossier fut t ransm is sans prob lème au min istère en octobre 1902. Allait-il dormtr dans les ca rtons du ministè re? Que l personnage influent pourrait le prendre en charge? En 1900, à la Belle Epoque- bel le époque politique pour les rad icaux- quel député rad ical aurait refusé son concours à ses électeurs et à ses amis. même s'il s'agissa it de la construction d'une église? C'est ainsi que Chabert. accompagné de Castelnau. prit contact avec Du may. directeu r des Cu ltes, et fut introd ui t dans le cab inet d'Emi le Co mbes pou r plaider le doss ier de l'ég lise d'Arnas, sans omettre une demande de subvention. Em il e Combes prom it une aide de l'Etat dès que le dossier de l'église aurait été approuvé par la «commission ministérielle des bâtiments diocésains et paroissiaux». Arnas avait un paroissien d'été très disposé à offrir ses services· le comte Léonce de Curières de Castelnau. député de Saint-Affrique (Aveyron). En effet. chaque année à la belle saison. il vena it se reposer dans sa famille, à Arnas, au châtea u de la Sablière; là. c'éta it le voisin de Ph il ippe Pontbichet. président du conseil de fabrique. Ma is Léonce de Castelnau était un député conservate ur! Etait-ce le parlementaire idéal pou r inte rveni r auprès d'Emile Combes. ancien séminariste et même docteur en théologie. devenu docteu r en médecine et sénateur de Charente << inférieure», inscrit au parti radical et promu en 1902 président Même scéna ri o avec la «comm iss io n minis téri ell e» qu'avec la« comm ission dépa rte menta le)): d'abord un refu s, d'a il leurs asso rti de critiq ues justifiées . Ce refus, trans mis à Chabert, éta it accompagné d' une lettre de Dumay disant de ne pas perdre t ou t espoi r, que les architectes, tenant compte des obse rvations faites à leu r projet. envoient au pl us tôt un projet corrigé. En effet. le projet mod ifié fut accepté en ju in 1903 . Chabert renouvela sa demande de subvention et Emile 37 Combes, qui avait dû faire une enquête su r les convictions républicaines de la population d'Arnas, promit le versement d'une subvention de 9 000 F. L'abbé Veyret pouvait adresser une lettre de remerciement au député Justin Chabert. lettre dont voici la conclusion bien ecclésiastique: «J'aime à espérer que Celui qui peut mieux que moi recon naître les services n'oubliera pas de vous récompenser. » de l'époque, voyant la persécution se déçhaîner contre l'Eglise. quelle serait la destination de cet édifice religieux qui allait passer au mai ns de l'Etat? Le maire d'Arnas, devenu responsab le de cette construction , fixa au le' mars 1904 l'adjudication des travaux. L'entreprise Plazanet de Beaujeu fut choisie, bénéficiant de sa bonne réputation et offrant les conditions financières les p lus avantageuses. Dès que les célébrations pascales de 1904 furent terminées dans l'église plusieurs fois centenaire, on entreprit sa démol ition. C'est le déménagement par les paroissiens, y compris les enfants, du mobilier et des objets de culte et ensuite l'écroulement du bâtimen t dont les parties supérieures menaçant ruine s'abattent comme château de cartes, tandis que les parties inférieures sont plus résistan tes. En janvier 1904, le préfet du Rhône chargeait le maire d'Arnas. François Duchamp, d'en t reprendre la construction de la nouvelle église de sa commune. Cette autorisation était assortie de conditions très dures pour le conseil de fabrique: il devait aliéner toutes ses ressources au profit de la commune et renoncer à tout droit de propriété sur le futur édifice: la municipalité assumerait la responsabi lité des travaux de la construction. On comprend que certains fabriciens , alors que toutes les démarches administratives venaient enfin d'aboutir, se soient posé la question de l'opportu nité de cette construction. Dans le climat politique Puis , c'est le nivellement du sol dans lequel on découvre deux anciens tom beaux et de très nombreux ossements: enfi n, la délimitation par une murette des contours du futur édifice. La bénédiction de la première pierre est l'occasi on d'une belle cérémonie au cours de laquelle on dépose dans la base du pilier le plus proche de l'entrée de la sacristie la traditionnelle boîte de plomb contenant parchemin, monnaies et objets souvenirs de l'époque. Maçons et artisans se mettent à l'œuvre. On espère que les travaux seront rapidement conduits. illusion ! Au compte rendu des travaux en décembre 1904, on s'aperçoit que la moitié des ressources est déjà absorbée alors qu'on est loin d'avoir réalisé la moitié des t ravaux prévus. L'erreur est imputable aux architectes. Méhu ayant sous-estimé la dépense dans son pro jet et Perrayon ayant t rop fait confiance à son collaborateur. On se trouvait dans une situation difficile. Un nouveau maire. Pierre Sapin, déclara n'accepter aucune charge nouvelle pour la commune: il était prêt à suspendre les travaux . Cftapileau non swlplé Alors Perrayon proposa de modifier encore une fois le projet pour réduire la dépense grâce à l'emploi de matériaux moins coûteux que la pierre de taille et à la remise à plus tard de certains tra va ux. Ce projet-hécatombe fut accepté par le maire: on imagine l'a mertume du curé Veyret et de Méhu qui avaient rêvé d'une belle église A cause d'u n hiver rigoureux, les trava ux arrêtés en décembre reprennent au printemps suivant. Reprise de courte durée puisque le 25 mai les maçons se mettent en grève. En effet. en mai 1905. une grève massive et dure paralyse ateliers et usines à Villefranche et fait tache d'huile en Beaujolais. A Villefranche, la grève fut rapidement et durement réprimée. Sur le chantier d'Arnas , où elle ne troublait pas l'ordre public, la grève s'éternisait. Les maçons réclamaient une augmentation de deux centimes par heure que Plazanet. réputé bon patron. re fusa d'accorder. Le seul cftapileau swlplé 38 Lm_lemment. le travail reprit et à la fin de I<JU5. Id construction était presque achevée Il ne manquait que la flèche du clocher. Ah ! Les flèches des clochers en Beaujolais· en 1862, un cardinal nommé Donnet. qui fut curé de Notre-Dame des Marais avait bien béni une flèche inachevée sur le clocher de son ancienne église L abbé Veyret prit ses dispositions pour la bénédiction de la nouvel le église d'Arnas, fixée en accord avec le vicaire général au dimanche 27 mai 1906. La loi de séparation de l'Eglise et d e l'Etat fut votée le 5 décembre 1905 On peut comprendre que certains fabriciens furent opposés à solenniser la mise en service d'une église dont on ignorait quel serait l'avenir L'abbé Veyret ne céda pas à le ur désir La plupart des gens d'Arnas qui avaient tan t désiré celle église ne comprendraient pas qu'on ne célébrât pas son inauguration. Lepordtl' Stallt•s des Ursuli11es Le 27 mai fut un dimanche ensoleillé; la cérémonie attira une grande foule autour du clergé, de la municipalité et de tous les artisans de la construction de l'église. Evidemment. il manquait une flèche au clocher. Dans le compte rendu de la fête du « Réveil du Beaujolais», l'auteur de l'article lançait un appel dans sa conclusion : « leu ne église. achevez votre parure. surmontez votre clocher pour un joyeux carillon ! ». Le vœu fut exaucé; quelque temps après l'inauguration, le maire et le curé, ressentant l'absence d'une flèche sur leur clocher, se concertèrent pour entreprendre une souscription auprès des gens d'Arnas Bien accueillis. ils collectèrent une petite somme pour une petite flèche, plus pellte que celle prévue. mais qu'importe ! Le projet primitif de l'église d'Arnas prévoyait un édifice de style « néo » selon l'expression du critique d'art Bruno Fourcart. à la ressemblance des églises néoromanes ou néogothiques construites en Beaujolais à partir de 1850, telles Denicé. Lacenas ou Cogny. Dans un contexte po litique défavorable. les difficultés financières surgies en cours de construction ont donné à cet édifice « un style indéfinissable» Eglise actuelle 39 En particulier, les dépenses excessives au cours des premiers mois de la construction ont fait qué l'intérieur de l'édifice a été sacrifié; les éléments architecturaux en beaux matériaux qui ava ient été prévus (ogives. nervures. arcs doubleaux et formerets) ont été supprimés. C'était un mal que la rénovation intérieure de 1988 ne pouvait réparer Par le jeu des pierres appa rentes et des peintures heureu sement choisies. cette rénovation a donné un plus bel aspect à l'intérieur de l'ég lise. Les seules richesses de cet inté rieur sont une série de vitraux réalisés sur le même modèle et qui forment une procession de sa ints parmi lesquels saint Benoît, patron des moines de l'ancien prieuré. Façade qui borde la route de Longsard Il y a aussi, outre le tambour du fond, les belles stalles données à leur ancien vica ire pa r les Ursulines de Villefranche. chassées de leur couvent par la loi sur les congrégat ions. Peut-être le joyau est-il la belle vierge du XVII" siècle, relique de l'ancienne église? L'extérieur de l'édifice a été plus favorisé. C'est le mur qui borde la route de Longsard, construit en moellons de pierre taillée (Lucenay). avec ses con treforts. ses baies en arcs brisés, sa corniche à modillons. C'est surtout le majestueux clocherporche; clocher à double batière su rm onté de sa flèche effil ée; une tourelle abrite l'escalier d'accès. elle «évoq ue l'art militaire médiéval avec son couronnement qui rappellerait des consoles de bourdage » (Véron ique Belle). Pour celui qui la découvre à une certaine distance, l'église avec son clocher dominant le village d'Arnas est le symbole d'une mère qui rassemble et protège ses enfa nts. Edmond BERTHAUD Communication du 9 octobre 1993 ( 1) L'aumône éteint le péché. Vierge du XVII' siècle BIBLIOGRAPHIE SOMMAIRE Archives dépa rtementales du Rh ône : fond s Saint-Pierre (sé ri e 27 H 1, 27 H 754). Veyret J.-L. , cu ré d'Arnas: La constructi on de l'église d'Arnas . manuscrit ( 1907). Picot Joseph : L'abbaye Saint-Pierre de Lyon. Bernard Auguste: Cartulaire d e Savigny ( n° 664-648) publié en 1853. Belle Vé ron iq ue: In ve ntaire des ég li ses et chapell es du ca nto n de Vi llefranche-s ur-Saô ne (mémoire de maîtrise de l' h isto ire de l'a rt. 1988- 1989). Archives communa les et paro issia les d'Arnas ( 1898-1907 ). 40 ABBÉ PETIOT (t) - ALAIN SARRY LA DAME D'ARCINGES Annexion en 1308~ 1309 du fief d'Arcinges par Guichard VI, sire de Beaujeu L'abbé Petiot a étudié l'histoire du Haut-Beaujolais et notamment de Tniz~. Ses notes manuscrites. consen1ées d'abord à la mairie de Tfliz~. onl été versées par M. Mercier, maire de Tftiz~. président du Conseil général du Rhône, aux Archives départementales du Rhône. Plusieurs de ses chroniques ont été publiées dans les « Bulletins paroissiau~ de Tftizy >l entre 1910 el 1925, aujourd'hui introuvables. L'abbé Petiot ~ relate entre autres l'acquisition du fief d'Arcinges par Guichard VI de Beaujeu Cette étude, complétée par un épilogue elles notes d'Aiai11 Sarr~. se devait d'être de nouveau publiée pour aider à notre connaissance de l'expansion territoriale des sires de BeaujeLc au XIV'' siècle. E 21 février 1308. Gilles de Maubuisson , bailli du Roi à Mâcon. écrivait au châtelain de Châteauneuf 111 : « Nous vous mandons par les présentes que officiers du sire de Beaujeu pour ce qui esl du ressort de la baronnerie ... )) Le ressort dont il s'agi t. c'est le droit de juger en appel ; baronnerie signifie ici suzeraineté. Pour mieux fa ire comprendre le conflit de juridiction qui s'élevait ainsi entre le ba illi de Mâcon , il nous faut rappeler d'abord quelques faits antérieurs. les malfaitetm ci-dessous désignés . Guidwrd Persane, le nommé Boyssan. le nommé Cf1acipol et leurs complices qui, par la force et la violellce. ont enva{Ji le cftâleau d'Arcinges 111 • y ont {ail effraction el y ont commis d'autres nombreux excès, dit-on . vous soient présentés en personlle à Cflâteauneuf à nos prodtaines assises, pour recevoir de nous la preuve de ces délits. ce qui nous paraîtra conforme au droit donné à Saint-Georges, le mercredi avant les brandons . année 1308. » Les seigneurs d 'Arcinges Ils appartenaient à une fam i lle bien oubliée au jourd'hui, ce lle des Saint-Haon 171. Cependant, elle a été puissante et nombreuse. Son nom semble indiquer qu'elle était originaire du Forez. En effet. Guillaume de Saint-Haon, l'un deux. possédait des biens à Chérier 181 , à Vil lemontais 191 , etc. 1101 . Un autre était seigneur d'une partie de Roanne, mais on les rencon tre aussi en Bourgogne et dans le Beaujolais Tous leu rs domaines auraient pu faire une petite province s'ils ava ient été réunis dans les mêmes mains. En réalité, la famil le s'était divisée en plusieurs branches et ce lle qui nous intéresse se distinguait des autres par le surnom de Richer, qu'elle prenait aussi souvent que le nom de Sai ntHaon. Dès le lendemain. jeudi . fête de la chaire de saint Pierre, le lieutenant du château de Châteauneuf écrivait à deux sergents royaux «de se rendre à Thizy 131 pour convoquer aux assises de Châteauneuf, pour le dimanche suivant (25 février). lous ceux qui avaient pris part à l'effraction du château 141 d'Arcinges. alors qu'il était placé dans la main du Roi» et. comme ils avaient porté les armes au-delà du Beaujolais et jusqu'a u Chandonnet 111, il ordonnait de citer devant le bailli le sire de Beaujeu et le châtelain de Thizy Il prescrivait aux sergents d'aller de porte en porte convoquer nommément tous les bourgeois et habitants de Thizy qui avaient pris part à cette expédition ; voici le nom des gens à citer: suit l'énumération de 50 noms. entre autres Guichard Persane, Hugues Cftofer, Boysson, Chacipol, maître Hugues de Cluny ... 161 La maison principale des Richer était la maison forte d'Arcinges. mais leur pouvoir s'étendait sur les paroisses voisines ou sur une partie, tou t au moins Ecoche 1111 , Mars 1121 , Coublanc 1131 , Cuinzi er 1141 et Sevelinges 1151 . Or, ce territoire se trouvait sur les confins du Beaujolais et du comte de Mâcon. Tous les chefs avaient été plus d'une fois en guerre. JI est probable que la fidélité des seigneurs d'Arcinges fut quelquefois hésitante et qu'ils donnèrent des gages aux deux adversaires. Que dans la suite, le procureur du Roi, à Mâcon. ait découvert un titre quelconque rappelant ces précédents, il n'en fallait pas davantage au bai lli pour contester à Guichard VI tout pouvoir sur ce canton ; Avec un ensemble parfait. il s ne répondirent pas à la citation . Le jour même où il envoyait les deux sergents royaux contre les habitants de Thizy, le lieu tenant de Châteauneuf en dépêchait un autre à la Dame d'Arcinges (22 février 1308). « Nous lui avons défendu ainsi qu'à ses officiers d'entendre el d'obéir en rierJ aux officiers du sire de Beaujeu au sujet du ressort de la baronnerie. Or. on vous donne à comprendre que malgré notre défense. ladite Dame essaye de les écouLer eL de leur obéir, chose grave si elle est vraie. Nous vous prescrivons donc et vous mandons de nous transporter en personne à Arcinges et/à, de défendre à nouveau à la Dame d'Arcinges de la part du Roi et de la nôtre d'obéir et d'entendre aux 41 car dans l'intervalle Saint-Louis avait acquis le Mâconnais et si le bon roi avait respecté rigoureusement les droits d autrui. les légistes de Philippe le Bel n'avaient pas eu les mêmes scrupules de justice Il semble b1en que leurs revendication s aient été plutôt vagues. que Guichard VI avait pour lui la possession et des Litres solides C'est ainsi qu'entre 1270 et 1272. sa grandmère Isabelle avall assuré le pouvoir des Beaujeu sur Arcinges et son territoire Comme il lui était arnvé quelques biens à Ecoche. en particulier la propriété d'un clerc nommé Girard de La Chapelle. elle en fit abandon à Messi re Hugomn de Saint-Haon. chevalier. à la condition qu'il se reconnaîtrait son vassal En effet. il lui fit hommage de son château d'Arcinges et d'un revenu de 100 sous au plus près de sa maison puis d'un hameau de Belmont. Noyallon 1m Enfin de tout ce qu'il possédait à Ecoche. so1t un revenu de 60 livres viennoises En 1276. il était mort et sa veuve. QUI sappelait aussi Isabelle. renouvelait l'hommage précédent au sire de Beaujeu, sans doute comme tutrice de son fils aîné Hugonin de Saint-Haon. Dans la période qui suit, Arcinges est rattachée à la châtellerie de Thizy, mais son seigneur l'administre avec assez d'indépendance Il a non seulement pour sujets les paysans de la montagne, mais quelques nobles de fortune inférieure se reconnaissant ses vassaux Il exerce la justice par lui-même ou par les juges qu'il nomme et peut même Infliger le dernier supplice aux criminels. Mais si les plaideurs faisaient appel des décisions prises. l'affaire devait se passer devant les juges du BeauIOiais. qu'ils venaient tenir à Thizy. De plus. ils reconnaissaient le sire de Beaujeu pour baron. ce qui assurait celui-ci des pouvoirs de haute police sur Arcinges et imposait à son vassal le devoir de foi et d'hommage. le service militaire en certains cas et quelquefois obligations pécuniaires Telle fut la Situation pendant une trentaine d'années au mo1ns pendant lesquelles les relation s semblent avoir été excellentes entre les Richer et leur suzerai n. On voit en 1301 Isabelle de Saint-Haon. qui s'était retirée à Coutouvre 11 x1 vendre à Messire Guichard. seigneur de Beaujeu. la maison et grange où elle habite. avec tous les droits seigneu riaux qu'elle possède dan s les paroisses de Coutouvre. Perreux 1 ., Montagny ~·JI Boyer ·' Nandaxs '' La Gresle n exceptant que la dîme quelle percevait à Coutouvre •' Quant au fils d'Isabelle. Il mourut 1eune. laissant un fils unique nommé lean .. Au moment de l'affaire que nous racontons. il était sous la tutelle de sa mère Marguerite de La Sarrée ·'.d'origine bourguignonne semble-t-il C'est elle qu1 10ue l'un des premiers rôles dans la tragi-comédie de 1308. sous le nom de la Dame d'Arcinges il semble que la querelle d'Arcinges commence en 1302 Aux assises de Carême, le bailli du Roi, prétendant que cette seigneune relevait Immédiatement du comté de Mâcon. ordonnait au châtelain de Châteauneuf d'empêcher le sire de Beaujeu d'envoyer des hommes d'armes à Arcinges et d'y faire aucun acte de souveraineté D'abord. Guichard VI et ses ofriciers se gardèrent bien de céder. ma1s les représentants du Roi insistèrent et enfin. le 4 janvier 1308. le châtelain de Thizy. Geoffroy de Thélis 1 ··~ faisait évacuer la place. Il prescrivait d'en retirer tous les hommes d'armes qu Il y avait placés en prenant garde qu au départ des soldats on ne fit nul tort à la dame du lieu Sinon. Il faudrait obliger les soldats à restituer ce qu'ils auraient emporté En outre il ordonnait à son lieutenant d'entrer encore une fois en personne dans la tour et la forteresse. au nom du sire de Beaujeu et pour y attester son pouvoir Ll'châleatl de Cftâleauneuf Peu de jours après. le lieutenant de Châteauneuf mettait Arcinges« en la main du Roi »,commettait un sergent pour garder le château. enfin y faisait arborer la bannière royale. Puis au commencement du mois de février. il réclamait à lean de Sedan. qui semble avoir commandé dans la seigneurie, au nom de Marguerite de La Sarrée, le compte des revenus de cette terre. Telle était la situation jusqu'au milieu du mois de février 1308. mais elle n'était acceptée volontiers ni des officiers de Thizy, ni surtout de Guichard VI. Peut-être craignait-il de voir se prolonger cette saisie d'Arcinges au nom du Roi, peut-être eurent-ils à se plaindre- comme ils l'ont dit plus tard - de La Sarrée et de ses gens. En tout cas. pendant que le procureur du sire de Beaujeu portait plainte au bailli de Mâcon contre les entreprises du châtelain de Châteauneuf. à Thizy, on décidait une petite expédition dont le commandement fut confié à Guichard Persone, lieutenant et châtelain, bourgeois de Thizy. Il y avait aussi maître Hugues de Cluny .... peut-être quelque homme de loi qu'on emmenait pour tout prévoir. Surtout. Guichard entraînait un certain nombre de jeunes gens de Thizy. tentés par une aventure qu'ils se promettaient « fraîche et joyeuse» Ils partirent armés de lances et d'épieux. descendirent le chemin des pierres bleues. traversèrent la Trambouze '261 à Pont-Tarres. puis gnmpèrent sur la montagne en direction de La Gresle et de Sevelinges et se dirigèrent vers Cuinzier. Telle était la rou te du temps et c'était même, sur une partie du moins. la grande route de Lyon à Paris. ou de Thizy à Charlieu Ils suivirent même un peu trop longtemps cette voie. non pas seulement parce que le chemin était meilleur. mais puisqu'on était en querelle avec les moines 1' 71 de Charlieu sur les limites des deux seigneuries. l'occasion était bonne de faire une petite démonstration militaire dans leur direction. Nos troupes se portèrent donc jusqu'aux frontières que Guichard VI, leur seigneur, assignait au Beaujolais. jusqu'au Chandonnet Alors. tournant à l'est, elles vinrent se déployer sous les murs d'Arcinges Persane trouvait porte close. mais aux fenêtres paraissait Marguerite de La Sarrée avec quelques nobles du voisinage. Sommation d'ouvrir les portes- Refus- Persone fait briser le guichet à coups de hache et envahit la forteresse Les assiégés n'avaient préparé aucune résistance et ne songèrent qu'à se dérober On en vou lait spécialement à leur chef, Jean de Sedan. mai s on ne put le découvrir On brisa cependant une arche "x' où l'on disait qu'il s'était caché On ne l'y trouva pas. ma1s à la place il y avait une somme de 1 500 livres tournoises. qui disparut. De plus. les envahis42 seurs enlevèrent à jean de Sedan ses chevaux et. autre part. la noble dame d Arcinges se retirant devant eux «de cham bre en chambre)), Avec sa petite cour, elle se retira dans une tour, en dernier lieu, mais les assiégeurs en brisèrent la porte et la poursuivirent jusqu'au sommet. Enfin, ils dévastèrent les provisions. tout cela au mépris des défenses royales Telle est du moins l'accusation. mais elle renferme quelques invraisemblances. Il est assez probable que les vainqueu rs aient dû satisfaire un appétit aiguisé par la cou rse aux dépens de leur conquête. En revanche, cette somme de 1 500 livres tournoises paraît énorm e pour le temps. Marguerite de La Sarrée ne se plaint pas de sévices. ni même d'une injure: pourquoi a-t-el le été poursu ivie jusque sous le toit? Les actes d'accusation ne font pas de l'histoire, surtout au Moyen Age. En ce temps, si quelqu'un avait commis le moindre méfait. on le chargeait volontiers d'autres crimes et l'on insinuait parfois qu'il y avait commerce avec le diable. Au reste. nous verrons Gu ichard Persone soutenir que ces exploits avaient été fort exagérés. Gilles de Montbrison remit l'affaire au 29 ma rs ; en reva nche, il exigeait qu'on lui présentât les accusés à Mâcon et au jour fixé, sous peine d'une amende de 10 000 livres tournoises. S'il y eut une audience, il ne s'y passa rien et la procédure devait encore durer plus d'une année. Heureusement pour nos compatriotes, la prison préventive était moins rude que de notre temps. Si quelques-uns peut-être furent arrêtés, si leu rs biens furent saisis, l'intervention de leur seigneur fit délivrer les prisonniers et relâcher les biens. Guichard VI donna caution pour les sujets prisonniers de faire venir aux prisons de Mâcon et au tribunal du bailli dix hommes de Thizy capables de répondre pour tous. Pendant cette année, ses officiers se présentèrent au tribunal avec constance pour défendre les accusés et surtout pour soutenir les droits du sire de Beaujeu sur Arcinges. protestant avec véhémence contre la saisie de ce château et de cette terre en demandant main levée. requérant que fût enlevée la bannière du Roi. Peut-être manœuvraient-ils pour faire durer le procès .. En effet, on ne devait guère avoir confiance dans l'impartia li té du baill i. puisqu'il était à la fois juge et partie, ayant ordonné lui-même la saisie d'Arcinges. Surtout. en gagnant du temps, on donnait à Gu ichard VI le loisir de plaider la cause en d'autres lieux. Le procès Donc. le 25 février 1308, au jour fixé par Gilles de Maubuisson. bailli de Mâcon . Guichard Persone et ses compagnons ne se présentèrent pas aux assises de Châteauneuf. Le texte ci-dessous semble indiquer qu'ils firent défaut. Cependant. dès le lundi 26 février. nous trouvons en présence du bailli le procureu r du Beaujolais. Geoffroy de Thélis. châtelain de Thizy, et un autre encore Ils n'étaient là évidemment que pour défendre et représenter les accusés. Le bailli ne fut probablement pas enchanté de cette substitut ion. Au lieu de quelques têtes folles qu'il comptait bien faire courber. il trouvait des gens rompus à la chicane et, derrière eux, il apercevait Guichard VI. un des premiers seigneurs de France, familier du Roi. A la demande du procureur. qui déclara que le si re de Beau jeu devait venir prochainement. Au mois de juillet, il obtenait une lettre 12')1 datée de Poitiers. Voulant couper court au débat qui s'était élevé entre son cher et fidèle seigneur de Beaujeu et son bailli de Mâcon au sujet du premier ressort de la terre d'Arcinges. Philippe le Bel abandonnait tous les droits qu'il pouvait avoir sur cette terre. En revanche. Guichard et ses successeurs feraient hommage au Roi du château de juliénas 1301 et. de plus. ils se reconnaîtraient ses vassa ux pour tout ce que le seigneur d'Arcinges tiendrait lui-même en fief des sires de Beau jeu. il ne faudrait pas connaître les légistes du XIVe siècle pour penser que le bai II i de Mâcon se tint pour battu. Le 19 octobre 1308, comme il tenait à nouveau ses assises à Château- Armés dr lances et d'épier1x. ils grimpèrent la montagne en direction de La Gresle et de Sevelinges . . 1dessi11 à la pit~ me deTfwmas Tanzilli) 43 neuf. il ordonnait aux procureurs de Guichard VI de faire comparaître devant lui les gens de Thizy pour le 29 octobre. sous peine de 1000 marcs d'argent (encore une somme énorme). Il menaçait Geoffroy de Thélis de la même amende, l'impliquant dans l'affaire. le sommant de comparaître en personne et de lui amener une cinquantaine dadministrés dont il lui donnait la liste Quant à la lettre du Roi. il l'écartait par le procédé classique chez les légistes de Philippe le Bel La Dame d'Arcinges. y lisait-on. s'était plainte vivement que dans la cause pendante le sire de Beau jeu avait négligé de laire connaître que ses intérêts à elle étaient engagés dans l'affaire. Le Roi prescrivait donc de faire une enquête et de lui en faire parvenir le résultat pour le prochain parlement . A tout cela. le procureur du Beaujolais ne peut que protester qu'il entendait bien ne pas se délivrer de ses conclusions et de ses appels. Guichard VI avait obtenu cependant un avantage, celui de n'être pas jugé par le bailli de Mâcon, qui vraiment prenait l'affaire bien à cœur. Mais. comme celui-ci restait chargé de 1enquête. Guichard Persone dut comparaître devant lui le 9 décembre Il répondit avec assez d'assurance «S'il est partr et, dans ce cas. Guichard VI aurait sans doute payé son officier, d'autant plus qu'il avait le plaisir de triompher sur le point principal. celui de sa suzeraineté sur la petite seigneurie de la famille des Richer. En effet, le dimanche de « )udica me» année 1309, c'està-dire le 10 mars. le Roi en son parlement rappelait J'intervention de Marguerite de La Sarrée. qui s'était plainte de la première décision royale. reconnaissant à Guichard VI sur la terre d'Arcinges, un droit de supériorité et celui de juger en appei 1H 1• Il avait ordonné une enquête auprès de deux pa rties et, après en avoir pris connaissance. déclarait qu'en faisant abandon de ses droits au sire de Beau jeu, il n·avait porté aucun préjudice à la Dame d'Arcinges. Philippe le Bel maintenait donc sa décision tout en réservant les droits et libertés dont dame Marguerite et ses prédécesseurs avaient joui dans leur terre et dans leur château. Une seconde affaire La querelle n'était pas termmée. grâce à l'observation du bailli de Mâcon En effet. le sire de Beaujeu voulut faire reconnaître aussitôt son pouvoir, il envoya donc quelques hommes d'a rmes au château d'Arcinges. Mais le bail li intervint de nouveau et , le 9 mai 1309, il écriva it au châtelain de Châteauneuf· « Nous appre11011s que la main du Roi el que la am tHIL' troupe de lances el d épieux, c'est la coutume d'agir ainsi en Beaujolais qtrand on va rendre la justice. il s'est dirigé sur Arcinges à cause des désobéissar1ces et. des délits que l'o11 pouvait reprocher à Marguerite de La Sarrée, airrsi qu'à ses officiers >l Arrivé là. il avait prié la Dame d'Arcinges de le délivrer des « malfaiteurs» dont quelques-uns se montraient. avec elle. aux fenêtres. gens qui avaient chassé le sanglier sur la terre du Beaujolais. gens que Guichard devait punir et avec promesse de lui livrer lean de Sedan, certain jour qu'il était venu à Thizy. Et comme Marguerite et ses officiers refusèrent, lui qui parle comme lieutenant et châtelain de Thizy au nom du sire de Beau1eu. fit briser à la hache le premier guichet de la porte de ladite maison Puis, 11 ordonne de prendre et conduire à Thizy deux ou trois chevaux qui appartenaient à Jean de Sedan, en punition de ce qu'il avait manqué à sa parole. et il laisse quinze hommes d'armes dans le château pour le tenir au nom de Guichard VI Il nie tout ce que l'on a pu lui reprocher de plus. se déclare prêt à répondre en justice. donne caution en réservant de présenter ses raisons pour lui et les autres accusés et nomme pour ses répondants Hugues Rossignol et Hugues Chofer de Thizy Elle ne manque pas d'allure. ce qui fait supposer qu'il se senta it soutenu . d'ailleurs le sire de Beaujeu allait bientôt triompher. vôtre éta111 posées sur la maison forte d'Arci11ges. le sire de Beaujeu a mis ses officiers dar1s celle maison elles 1:1 laissait au mépris de la mairr ro~:~ale >> Il lui ordonna d'éloigner ses officiers et de remettre toutes choses en l'état précédent et ce jusqu'à nouvel ordre. Le lieutenant du châtelain exécuta les ordres du bailli puis désigna Georges Aurey, sergent royal. pour garder la forteresse au nom du Roi. A son tour Au rey confia cette mission à un collègue Girard Bernessin de Châteauneuf Un seul fonctionnaire. et d'un grade si peu élevé, ne pouvait gêner beaucoup dame Marguerite. D'autre part. il fa llait que l'on eût grande confiance dans l'ascendant roya l pour garder si peu un bien si violemment contesté Ou bien espérait-on provoquer une nouvelle attaque? Cependant. le château demeurait toujours occupé au nom du Roi Bien que Philippe le Bel eût renoncé à tous ses droits et que rien ne fa isa it prévoir la fin de cette situa tion, il se produisit un fait nouveau qui perm it au procureur du Roi de relancer l'affa ire. Le 22 octobre. aux assises de Châteauneuf, il requérait la condamnation d'Etienne Syrot. châtelain de Thizy, pour avoi r en déshonneur, au blâme et mépris du Roi , notre sire. pénétré au château d'Arcinges par escalade et arraché les clefs à Gira rd Bernessin... Etienne Syrot, chevalier, était seigneur du mas « Don Chescuiz », situé sur la paroisse de Mars (le village de Chescuise existe encore à un kilomètre d'Arcinges) JI disait avoir aussi quelques possessions entre l'église de Coublanc et Arcinges. C'était un voisin de Marguerite de La Sarrée: cela ne veut pas dire un ami. Aussi voyons-nous cette dame se porter partie au procès et veni r en personne, cette fois . aux assises de Châteauneuf. Décision du parlement On a remarqué peut -être le nom des deux représentants de Guichard Persone: l'un deux était Etienne Rossignol. connu comme le plus ancien hôtelier de Thizy m1 • l'autre. Hugues Chofer. était inscrit le deuxième sur la liste des accusés dans l'affaire d'Arcinges S'il pouvait se porter caution pour un autre. on peut en conclure que les poursuites cont re lui et les autres habitants de Thizy étaient abandonnées. Pour eux. l'aventure ne se terminait pas trop ma l. En fut-il de même pour le chef de l'expédition? Je le pense. non pas parce qu on ne retrouve pas trace d'une condamnation. mais parce que nous verrons un nouveau châtelain de Thizy se comporter dans la même affaire avec une audace qui ne s'expliquerait guère si quelque punition récemmen t infl igée à un de ses cama rades ne lui avait inspiré des craintes. Au reste, il ne pouvait être question que d'une pei ne pécuniaire, la prison n'étant guère en faveur au Moyen Age. Que de toutes façons. les amendes étaient d'un meilleur profit Mais Etienne Syrot n'était pas pris au dépourvu: sans doute il n'avait pas agi sans mandat de Guichard VI : aussi. dès ce jour du 22 octobre, en face de dame Marguerite et du procureu r du Roi, le trouve-t-on assisté du procureur du Beaujolais donna nt aussitôt caution et présentant pour ses répondants. son frère Jean Syrot et deux habitants de Varen nes 1341 en Brionnais. 44 Le lendemain. il déposait« qu'il étai! ve11u comme cf1âtelain de devant la porte de la forteresse. il avait demandé à Girard Ber- Bien que le bai lli de Mâcon eût promis de donner sa décision 1111 pour la Sa int-Martin (Il novembre) . il n'en fut rien et. vers la fin de l'an née, le procureur du sire de Beau jeu devait donner encore caution pour que Syrot se présente devant son juge. Au reste. de même pour Guichard Persane. nous ignorons s'il fut acquitté ou condamné. Nous savons seulement que son seigneu r Guichard VI obtenait enfin mainlevée de la saisie d'Arcinges le 25 décembre 1309. Dans la suite. le sire de Beaujeu se réconcilia avec la Dame d'Arcinges et il manœuvra si bien que. favorisé par les circonstances. de simple suzera in de cette seigneurie. il en devi nt le seul propriétaire. Tl1iZ~I IWSSill d~ lui ouvrir avec sécurité, parce que le cf1âtelairl de Châteauneuf ri moi (œs changements de style sont dans le te~te) nous (nous) sommes mis d'accord: Tu resteras dans la maisor1 d'Arcinges pour le Roi et moi i1' mettrai m•ec toi tm autre sergent. de la part du sire de Beaujeu "· Girard répondit qu'il n'ouvrirait point. sinon par l'ordre de Georges Aurey et sur ce. lui , Etienne. entra dans la maison forte d'Arcinges avec une échelle. par dessus les murs. à cause des désobéissances qu'avait faites la Dame d'Arcinges. disait-il. au sire de Beaujeu . Il avoua qu'il prit les clefs à la ceinture de Girard Bernessin , que celui -ci disait n'être pas celles de la porte. mais néanmoins il tenta d'ouvrir le guichet de la porte avec une des dites clefs. et il l'ouvrit. Pour 100 livres tournoi ses. il ne voudrait pas avoi r agi autrement En effet. Guichard VI lui en voulait de n'avoir pas réprimé les excès commis par plusieurs familiers de Marguerite. Si clone il a encore une amende. il la payera car il a bon trésor mais il n·a forfait en rien Il a bien servi son maître et. au lieu de son indignation il a retrouvé auprès de lui la paix et son amitié Acquisition d 'Arcinges Marguerite de La Sarrée. veuve de Hugonin Richer. ou de Saint-Haon. n'avait qu'un fils. que les contemporains appelaient aussi bien jean de La Sarrée que lean de Saint-Haon . Ce double nom indique la place que sa mère avait prise. C'est elle qu'on avait toujours vue paraître et détenir le pouvoir. d'abord comme tutrice. enfin , il semble qu'avantagée par le testament de son mari. elle avait des droits égaux sur les biens de la famille. La santé de lean de SaintHaon dut aller en déclinant et. en 13 17. on lui fit prendre des dispositions au sujet de ses biens. Au commencement du mois de mai. il fit donc don à sa mère de tout ce qui lui appartenait « pour ses services à titres gracieux. pour le secours et l'aide qu'elle lui avait souvent donné». Il ne se réservait que l'usufruit sa vie durant Au mois de novembre. il était mort et avec lui dispa raissait la famille des Richer ou Saint-Haon. seigneurs d'Arcinges. Marguente, sa mère. avait probablement d'autres biens en Bourgogne. Elle se laissa convaincre par Guichard VI de procéder à un échange qui devait la rapprocher de cette province et qui avait avantage pour le sire de Beaujeu d'assurer définitivement son autorité sur un territoire où elle avait été vivement contestée moins de dix ans auparavant. L'acte fut passé le 24 novembre 1317 au château d'Arcinges, en présence de plusieurs nobles de la région: furent témoins en particulier les chevaliers Jean de Sedan et Etienne Syrot 1361 • L'héritière des Richer cédait leur maison forte et tout ce qu'ils avaient possédé en revenus. droits seigneu riaux. fiefs. ou autres biens aux paroisses d'Arcinges. Ecoche. Cuinzier et de Sevelinges. Elle reconnaissait d'ailleurs qu'elle avait tenu tout cela en fief et hommage du sire de Beaujeu. Elle réservait ses droits sur Mars et Coublanc. En échange, Guichard VI lui versait 1 500 livres 1371 en argent, puis lui donnait. mais seulement sa vie durant. le château de Chavaigne avec 1 500 livrées de terre. C'est-à-dire la quantité de terre suffisante pour rapporter 1 500 livres tou rnoises de revenus annuels. C'était. dit l'acte. le double de la valeur des revenus cédés par la Dame d'Arcinges. De même. elle obtenait encore. toujours sa vie durant. le double des droits qu'elle aurait perçus sur les nobles. ses vassaux. à l'occasion des hommages qui lui étaient dus. Ainsi des deux parts. l'une augmentait considérablemen t ses revenus et l'autre. par un sacrifice d'argent momentané. accroissait son pouvoir et son domaine personnel. Abbé PETIOT Swol, rllâtl'lnill de Tfli:y. soute11u par ses f10mmes d'artHes. escalade la muraille de la maiso~1 forte d'Arc111ges (dessi11 à la pll1mc de Tliomas Tanzillil 1922 45 ÉPILOGUE L'abbé Petiot n'a point pui sé ses sources dans quelques légendes floues : mais à partir de données authentiques il a retracé fidèlement l'annexion du petit fief d'Arcinges par Guichard VI de Beaujeu. Emile Salom on, dans Les châteaux historiques du Forez el des enclaves du L!::fonnais, du Beaujolais el du Mâconnais , qLfi onl formé le dépariernenl de la Loire. consacre, dans son chapitre sur le château d'Arcinges. quelques lignes à cet épisode. revenus d'Arcinges, estimés à 300 livres viennoises. Cependant. dans le cas où cette somme ne serait pas atteinte, Guichard de Perreux 1401 , so n frère, devra la compléter. Le 2 mai 135 1. au château d'Arcinges, Guichard de Beaujeu, sire de Perreux. déclare son fils Edouard comme étant son héritier universel 1411 . Edouard de Beaujeu et sa mère Marguerite de Poitiers, veuve de Guichard de Beaujeu. seigneur de Perreux . s'accordent au sujet du douaire de ladite dame, à laquelle Edouard cède sa vie durant les châteaux d'Arcinges et de Lay, les prévôtés de Ranchal 1421 et de Varennes 1431 et en out re 350 livres de rente en la châtellen ie d'Uchon provenant de la succession de Jeanne de Châteauvillain, mère dudit Guichard de Beaujeu, pour indemn iser ladite Marguerite de 6 000 florins qu 'elle avait apportés en dot à son mari. L'acte 144 1 est passé au consentement de Guillaume et Robert de Beaujeu, oncles dudit Edouard, de Philibert de Lespinasse . seigneur de La Clayette. et Jean et Pierre de Semur 1451 . M. Mathieu Méras, dans Le Beaujolais au Mo!::fen Age. donne une biographie de Guichard VI, nommé<< Le grand ». Il semble avoir mené une vie belliqueuse remplie d'anecdotes analogues à l'affaire d'Arcinges. La détention et la stabilité du territoire d' un domaine. à l'échelon du Beaujolais, demeure précaire pendant le Moyen Age . Les relations parfois tendues entre voi sins éclatent et s'enveniment par des querelles d'origine insignifiante. Les menaces co nstantes d'une invasion d'une partie de leur terre , d'une usurpation d'une place forte, la trahison d'un capitaine , d'un vassal choisissant le camp contraire aux intérêts des Beaujeu sont autant de pièges tendus. Edouard Il, sire de Beaujeu, mentionne dan s son testament. effectué en 1391 . que dans le cas où Eléonore de Beaufort ne pourrait pas jouir des terres qu'il lui lègue à cause des dettes d'Antoine de Beaujeu , il lui cède en leur place les châtellenies de Perreux et d'Arcinges . les prévôtés de Ranchal et Varennes, la ville de Lay, les châteaux d'Amplepuis et de Charnay 1461 • avec leurs justices pour en jouir durant sa vie 1471 • Les sires de Beaujeu, par Guicha rd VI, caractérisent cet état d'esprit vif et belliqueux des grands seigneurs de ce temps. Pour consolider leur position territoriale. il s édifièrent aux limites du Beaujolais une succession de places fortes formant une véritable « ligne Maginot », en face de leurs plus virulents adversaires, comme le souligne Annet Fustier 1381 . Plu s tard . par le jeu des alliances, le rôle stratégique de ces places fortifiées s'est amoindri. pour devenir parfois complètement désuet devant le développement technique de l'armement, en particulier de l'artil lerie. Ensuite. nous ne trouvons plus de trace des Beaujeu à Arcinges : comme seigneur, nous voyon s apparaître Guy Bénéd ict le 9 février 1447 1481 • Un siècle plus tard , la justice appartient à jean de Beaupoil Saint-Aulaire qui en fit le dénombrement le 19 mai 1540. Il y avait haute, moyenne et basse justice. La seigneurie acquise ensuite par la famille d'Amanzé 1491 passa par alliance à celle des SaintGeorges, pui s à celle des Vichy qui l'a détenue jusqu 'à la Révolutio n 1501 . Quant à la maison forte d'Arcinges, elle reste sous la tutelle des sires de Beaujeu jusqu 'à la fin du XIVe siècle. Dans son testament du 18 mai 133 1, Guichard VI, sire de Beaujeu , lègue à son fil s Robert 1391 qui , dit-il. entrera en religi o n et pour ce faire lèvera les Alain SARRY 18 septembre 1993 NOTES ( 11 Châteauneuf canton de Chauffailles. département mère. et de Guichard . son frère Plus tard. ces biens se retro uven t parmi ceux de Charlieu cités par Etienne Fournial dans Charlieu des origines à l'aurore des temps modernes, p. 275. et Chartes de Cluny. no 1775 de Sa ône-et-Loire. C' était le siège d' un e ju stice roya le. (2) Ar c i nges: ca nto n de Be lm o nt-de-la - Lo ir e. départem ent de la Loire. La pa ro i sse es t anc ie nn e. Ve rs 987-996 . un perso nn age. nomm é Guy, avait d o nn é l'église d'Arcinges. avec d'autres biens. à Cluny pour le repos de l'âme de Bl isardu s, son père. de Blimo rdi s. sa jean Ri chard dans Le carlu/aire de Marcigny-sur- Loire 1045- 1144- essai de recofJStitution d'un manuscrit disparu , p. 119, relate <( •.• Après 11 30 , Hugues de La Barge. entrant en religi on, donne à Marcigny le quart des 46 revenus de la te rre de sa mère Flandine à Arcinges » L'abbé Auguste Comby, page 18. dan s Histoire de Bellerocfle et des environs dit que« ... Gérard de Vil lion teste en septembre 123 4, il donne à son deuxième fi ls Renaud ... tou t ce qu'il possède à Coublanc. à Cu inzier. à Arcinges et à Chazet... >> Cet acte est conservé dans le fonds des Archives départeme ntales du Rhône. série 17 G Beaujeu, carton 4 no 12. ( 31 La châtellenie de Thi zy avait été achetée en 1297 par Guicha rd VI de Beaujeu à Guicha rd de Marzé. Il fit éleve r au-dessus du prieuré un puissant fort avec donjon et une ci terne de forme octogonale qu i subsi ste encore de nos jours. (21) Boyer: canton de Charlieu, dép. de la Loire. (22) Nandax : canton de Charl ieu. dép. de la Loire. (23) A.N. série P 13890l N 384. ( 24) De La Sarrée ou de La Sarepte. (25) Les Thélis avaient empru nté leur nom à l'ancien fief de Théli s. situé près de Lay-en-Bea ujo lai s. Ils ont possédé dans le Forez un grand nombre de seigneuries et notamment: Corni llon. Combres, L'Espinasse, Valprivas. Châtel, Cléppé et La Celle. dans le Bea u jo lai s, Les Fo rges (Fourneaux), La Verpill ière (Lay), Peisselay et Le Sou et dans le Lyonna is la seigneurie de Charnay. (41 Les anciens textes relatent non pas un château mais une maison forte. Des vestiges subsiste nt des ancien nes fortifica t io ns, dans des bâtiments agglutinés autour d'une cou r au centre du bourg. Au début du siècle. une tour ronde s'élevait à l'un des angles (il est vraisemblable qu'il y en ait eu une dan s chaque angle). (26) Trambouze : cette rivière prend sa source sur la m o ntagne d e la Chév relu s. au-dessus de Cours-la-Ville. département du Rhône. et se jette dans la Rhi ns. au-dess us de Régny, dans le département de la Loire. (27) Les moines sont ceux de l'abbaye bénéd ictine fondée en 872 et ratta chée à l'ord re de Cluny. Au Xli" siècle , ell e a été réduite en pri euré (51 Chandonnet: afflu ent de la rivi ère du Sornin, qui prend sa sou rce sur la com mune de Cu inzier. (28) Arche : coffre en bois. (61 La liste comp lète peut être demandée au secrétariat de l Académie. (291 A.N . série P 1388J. côt e 3 1, o riginal latin sur parchemin, jadis scellé. Huillard-Breha l les Alphonse. Titres de la maison ducale (71 La branche beaujolaise des Saint-Haon est connu e depuis 11 80 pa r Damas de Saint-Haon , témoin de la donation du vicomte de Mâcon à Ambierle (charte de Clu ny, n" 4272) En 1260. Hugu es de Sai nt-Haon reçoit de Gi rard de Sem ur. en raison d'un écha nge. le fi ef des héritiers de Hugues d'Arcinges. cheval ier (AD 71, séri e H 143 n" 21 Seize ans plus tard. Isabelle, veuve de Hugues de Saint-Haon. tient en fief la maison d'Arcinges du seigneur de Beaujeu (cha rt es du Forez no 198 ) d ' après Dupont Henry dans . notes sur les Saint-Haon. publiées dans le bulletin de La Diana. tome XX.XIII n" 2. de Bourbon, Bourbonnais. Beaujolais, Forez. Auvergne, Marcne, voir titre no 1205. (301 juliénas : canton de Beaujeu (Rh ône}. ( 3 1) A. N. série P 1388 2, cote no 32. (32) Bulletin paroissial de Thizy, année 1921 (33) A.N. série P 1388 1 , cote 106. o riginal sur parchemin jadis scellé. (34) Varennes : Varenne I'A rc o nce. canto n de Semur-en-Brionna is. dép. de Saône-et- Loi re. (35) Gilles de Maubu isson, bailli de Mâcon, remet au dimanche avant l a Saint - Mart i n d ' hiver la prononciation de son jugement entre Guichard. sire de Beaujeu. et Marguerite de La Sarrée . dame d'Arcinges, au sujet du premier ressort de la maison fo rte et de la terre d'Arcinges que le sire de Beaujeu prétendait détenir. Guichard Persane. lieutenant du châtelain de Thizy, et d'autres officiers du sire de Beau jeu à Thizy avaient usé de violence contre la Dame d'Arcinges pour prendre possessio n dud it lieu . A.N. série P 13882 , côte no 32. rô le o riginal sur parchemin non signé, non scellé. (8) Chérier . canton de Saint-just-en-Chevalet (Loire). (9) Villemontais : canton de Roan ne-Sud (Loire). r 101 En décembre 1277, Guillaume de Saint-Haon et sa femme Alice de La Perrière vendent pour 700 livres viennoises à Guil laume du Vern ay, bourgeois de Montbrison. tout ce qu'ils possèdent dans les paroisses de Bu ll y, Chérier. Villemontais, Saint-Polgues, Crémaux , M o ntouse (Sain t-Alban-l es-Eaux) et Saint-Maurice. (I l l Ecoche : canton de Belmont-de-la -Loire (Loire). r 12) Ma rs canton de Charlieu (Loire). (36) 24 novembre 1317, contrat d'échange par lequel Gu ichard. sire de Beaujeu . cède à Marguerite de La Sarrée. veuve de Hugues Richard de Saint-Haon, la terre de Chevagny (Chavaignes) et 500 livres de ren te cont re la terre d'Arcinges et ses dépenda nces à Seveli nges. Ecoche, Coublanc. A. N. séri e P 1398 3 , côte 386 , o rig i nal latin parchemin jadis scellé. ( 13) Coublanc: canton de Chauffailles (Saône-et-Loire)_ ( 14) Cuinzier : canton de Belmont-de-la-Lo ire (Loire) ( 151 Sevelinges: ca nton de Belmont-de-la-Loire (Loi re) . ( 16 ) Gu ichard VI, sire de Beaujeu, perdit sa grand-mère, Isabelle de Beaujeu, en janvier 1297. ( 17) Noyallon. probablement N oai lly-l e- Petit les-Be lmo nts, connu aujourd'hui sous le nom de Noailly (37) Huillard-Breholles ne cite que 500 livres de rente. (38) Fustier Annet. Expansion des sires de Beaujeu au s ud-o uest de leur suzeraineté et la « ligne Maginot» Xl au XI IIe siècles. p. 29 à 32 dans Actes des journées d'études et de rencontres 1984, Amplepuis et sa région, Unio n des Sociétés Histori ques du Rhô ne. éd. Lugd, Lyon. 1986. ( 18) Coutouvre : ca nto n de Perreux. département de la Loire. ( 19) Perreux: chef-lieu de can ton, dép. de la Loire. (20) Montagny : canton de Perreux, dép. de la Loi re_ 47 (391 Robert de Beaujeu était le troisième fils de (44) Cel accord du 30 juillet 1368 est rédigé en kltin sur parchemin avec le scea u du bailliage de Mâcon AN. série P 1389 1, cote 149 Guichard VI et !eanne de Châteauvillain Bien que son père le destinât à servir Dieu. il devint néanmoins seigneur de joux el épousa Agnès de Vienne_ Il fut tué à la bata ill e de Brignais contre les « tard-venus , en 1361 (401 Guichard de Perreux. premier fil s de Guichard VI et (eanne de Châteauvillain, a été uni le 14 mai 1343 à Marguerite de Poitiers. En 1356. il trouva la mort à la bataille de Poitiers contre les Anglais (45) Semur : Semur-en-Brionnais. chef-l ieu de canton . dép. de Saône-et-Loire (46) Charnay canton dAnse. dép du Rhône. (47) Billet Henri , opus cité note n 15, voir p. 178, tome 1. (48) Salomon Emile. Lt>s cfrâteaux fristoriques du Forez el des (411 AN série P 1366 . cote 1484 A.N. série P 1368 1• cote 1585. enclaves du Lyomrais. du Beaujolais et du Mâconnais qui le département de la Loire. voi r tome 3, p. 1. 011 1 fo rmé (1121 Ranchal : canton de Lamure-sur-Azergues. dép du Rhône (491 Archives de la bibliothèque municipale de Roanne , série : 1 F 42/7 prèce n 1 (431 Varennes (50) Prajoux fief su r Coutouvre. canton de Perreux. dép de la Loire J (abbé) Le canton de Belmont-de-la-Loir!! el ses COIJ!tnlllll'S BIBLIOGRAPHIE AuDIN Marius. Le Lyon. 1926 Beaujolais. édit Pierre Masson. BILLET Henri. Beaujolais. rare::. Dombes. Tftizy rons. imp. Rey. Lyon. 1899-1906 Cm1BY Auguste (abbé). Histoire région. La Clayette. 1981 LA ROCHE LA CARELLE tDfl ba ron Ferdinand . 1listai re du Beaujolais et des sires de Beaujeu , suivie de l'armorial de la provi~1Ct', imp. Louis Perrin. Lyon . 1853 et les envi- MARCT A .. Lyonnais, Fort'z. 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VACHEZ A., Les AJain SARRY 4R MATHIEU MÉRAS Vice-président de I'Acadén1ie de Vi/le{ra~rd1e. conservateur en cne{ fronoraire des Ardrives de la région Rfrône-Aipes VENDETTA BEAUJOLAISE A OUROUX AU TEMPS DE LA RENAISSANCE s'empare d'une échelle et trouve« moyen d'entrer>> par une fenêtre, sans doute ouverte opportun ément. car on ne parle pas de bris d'icelle. Tout va d'ailleurs se passer en douceur. Mme Testenoire était couchée, en son lit. «endormie» . L'habile Berthet se glisse alors dans le lit conjugal «et en aurait fait son plaisir par force ou violence ou autrement». C'est du moins ce que déclare ensuite l'épo ux bafoué. Cet «autrement>> fait rêver. Ne peut-on supposer que Mme Testenoire a cru fort honnêtement que son époux était revenu exercer le plus légitimement du monde son devoir conjugal? La nuit, tous les chats sont gris et Claude Berthet pouvait fort bien passer pour Jean Testenoire. Les ardeurs de Berthet pouvaient rivaliser avec celles de Testenoire et vice versa. donc Mme Testenoire. dans son grand lit à colonnes. clos par des courtines, a pu ne rien remarquer, sinon des gestes familiers et sans doute plaisan ts pour l'intéressée, puisque tout se déroule dans une nuit el un silence propices. Surprises de la nu it et de l'amour! du clocher trapu de son église romane, Ouroux coule actuellement des jou rs paisibles et heureux. il n'en fut pas toujours ains i, notamment à l'époq ue troublée de la fin du XVI' siècle. t OMBRE Vers 1577 vivaient «au bourg d'Ouroux, pays de Beaujolais>> lean Testenoire, dit Caput. «chargé de femme)) et pourvu déjà de quatre enfants, et Claude Berthet. Jean Testenoire se qualifie de 11 pauvre marchand ». Quant à Claude Berthet. esprit aventureux. il va s'engager, on verra pourquoi. dans les« o rdonnances » du duc de Mercœur, beau-frère d'llenri Ill . Les deux hommes s'entendent fort bren. d'autant que Claude Berthet est <<cousin remué de germain » 1 du brave Testenoire cousinage qui engendre presque toujours en Beaujolais des relations cordiales et confiantes. C'est pourquoi notre Jean Testenoire «souffrait que Berthet ai ll e el vienne familièrement» dans sa maison Le trop confiant cousin ne pouvai t se persuader que Berthet était «si méchant» qu'il voudrait «attenter à l'honneur et pudicité» de la bonne dame Testenoire qui. cha rgée de quatre enfants, pouvait songer à toute autre chose qu'à accueillir des soupirants. fussent-ils des « ordonnances >> de Mgr le duc de Mercœur. frère de la reine de France. Fort de la confiance de l'aveugle Testenoire, le perfide Berthet. qui occupe facilement le terrain, fait « tous ses efforts» pour << suborner et débaucher l> la femme de son cousin. Vainement. ca r Mme Testenoire paraît avoir été la vertu même ! Mais ce qui rend cette hypothèse cependant peu plausible. c'est que l'affreux Berthet récidive et, loin de cacher sa bonne fortune, la claironne. «Tout le monde en éta it averti », soupire le bonhomme Testenoire, et bien sû r avant que la victime n'« en sût rien». Et Berthet. en compagnie. bien sûr, se jactait et vanta it de jouir et de faire son plaisir de la femme du pauvre Testenoire et, ajoutait-il , «quand il le voulait» ! Quelquefois même, il la montrait du doigt. . Mais Claude Berthet ne manque pas de ruse. Pour arriver à ses fins. il «épie l'heure et le temps» durant lesquels notre brave marchand est «allé dehors pour le fa it de son trafi c». Claude Berthet. machiavélique. songe, lui, à un tout autre« trafic>>, plus galant « De nuit à heure indue», pendant que chacun «s'estait retiré», Claude Berthet, lui, veille devant la maison du cousin Testenoire. L'innocente Mme Testenoire repose dans la chambre du couple, au premier étage. N'importe. Claude Berthet La vendetta C'en était trop pour le mari bafoué qui en «fut si fâché. troublé et irrité » qu'il en crut « perdre l'esprit» . Et il finit par où, peut-être, il aurait dû commencer. en faisant défense à Claude Berthet de « hanter et fréquenter sa maison». Jean Testenoire joignit à cette interdiction des «menaces de fa ire 49 La grâce royale mourir>> le séducteur s'i l le rencontrait et. <<pa r justice ou autrement». il remédierait au déshon neur que Berthet lui ava it infligé. Penda nt quelques mois. Jea n Testenoi re, n'osa nt rester à Ouroux, va prend re la fuite. Se réfugiera-t-il sur les pentes du Fût d'Avenas. du Tourvéon ou de la montagne d'Ajoux? On ne sait. Mais comme le temps est «ga lant homme » à cond ition de ne pas le perdre. sa fam ille et lui faisaient appel à de puissa nts intercesseurs. nous essayerons de deviner lesquels. Si bien que. très rapidement . pendant le beau moi s de mai 1577, la grâce roya le atteint lean Testenoire, sous forme de « lettres de rémission » données pa r le ro i Henri Ill et con tres ignées par le grand aud iencier de France à la Chancellerie, le célèbre chroniqueur Pierre de l'Estoile 111 . Mais l'effronté cousin << remué de germain >> ne tint pas grand co mpte de l'ave rtissement . tout au con traire . Pour avoir une << plus grande liberté de porter bâton s à feu ct pisto lets ». le mauvais su jet s'est engagé dans l'a rmée, dans la compagnie du duc de Mercœur. ce qui lui permettait d'avoir des armes qu'un civil ne pouvait posséder légalement C'est alors que le drame va se déclencher. Le de rn ier jo ur de févri er 1577. à quatre ou cinq heures du soir. Jea n Teste no ire vient de faire co llation dan s la maison de Marc Antoine de la Font. avec deux sergen ts royaux du bailliage de Beaujo lai s et quelques autres. Apparemment. on a bien bu et bien mangé. car nos gaillards ont pris « leur réfection joyeusement et sans pen se r à noi se ni querell e» . l lélas. après ce joye ux festin , Claude Berthet tombe sur Jean Testenoire, peut-être un peu éméché. en face de la maison Testenoi re. Comme on le sait. le roi pouvait exercer le droit de grâce puisque toute ju stice émanait de lui. Si de nos jou rs celle-ci est rend ue au nom du pe uple françai s. sous la mo narch ie elle l'était au nom du roi . Bi en en tendu . l es « lett res de rémission >> donnaient les moti fs de la grâce. Jean Testenoi re a fait rendre compte au roi de l'affaire, qui est relatée dans les lettres roya les. c'est lui qui «supplie >> le roi .<< attendu la juste dou leu r » qu'il a éprouvée de voir « un tel dés honneur et scanda le en sa maison pa r un ad ultère incestu eux» et commis. ce qu i l'aggrave. « par un si proche pa ren t comme éta it ledi t Berthet ». Testen oire rappelle aussi, argument plein de force à l'époq ue. « l'incertitude de lignée» qu'il éprouve «envers ses enfants>> En effet. qui peut ga ran tir que les petits Testenoire ne sont pas , suivan t la nature. des peti ts Be rth et? El du roi au laboureur. chacun défend alors sa lignée. Aussitôt qu'il aperçut Jean Testenoire. Claude Berthet met la main sur un pistolet qu'il avait à sa ce inture et abat le chien de l'a rme sur le rouet << pour en tuer>> l'arrivant Testenoire en fut « si fort épouvanté» que soudain il se précipite dans sa maison , d'a utant plus enragé q u'i l croyait q ue Berthet venait de sortir de chez lu i «po ur abuser de sa femme >> une nouvelle fois. Sans perdre un moment. de sa fenêtre, Testenoire ajuste Berthet de so n pistolet. un coup part, c'est le bon. Berthet reste sur le ca rrea u. Il est << attei nt et blessé au côté droit, au-dessus de la hanche ». Blessé. après to ut bien soigné. Berthet aurait pu s'en tirer Mais « faute de bon et prompt appareil. bon régime, gouvernement ou autrement», le blessé. trois ou q uat re jou rs après, succombe . Apparemmen t , Ou roux manqua it de bons ch iru rgiens ou médecin s. Il convient, bien entendu, de noi rcir la victime qui «n'a cessé de venir fureter à l'entou r de la maison du futu r meurtrier. pour continuer ses abominables impudicités». Si Berthet n'est qu'un abom inab le satyre, au cont raire Jean Testenoire est bri llant d'innocence. « il s'est tou jours bien et honnêtement gouverné», il «est de bonne vie et honnête conve rsat ion >>, i l n'a jamais été «attei nt o u convaincu d'a ucun vilai n cas. blâme o u reproche >>. Bref. notre Testenoire est de « bonne vie et mœurs ». comme on disa it naguère. C'est pourquoi le roi Henri. vou lant «miséricorde être préférée à rigueur de justice». pardonne au suppli ant Testenoire de sa <<grâce spéciale. pleine pui ssa nce et autorité roya le>>. La fuite du coupable Ainsi. sa ns doute ma lgré lui. le patient Testenoire était devenu assassin. A toutes les époques, un crime est un crime et mérite chât iment. même si c'est un «dé li t d'honneu r >> comme o n di ra plu s tard D'a utant que lean Testenoi re n'a pa s su rpris Claude Berthet en flagrant délit. sortant du lit de la cha mbre conjugale, du grand lit à courtines. De puissantes interventions Donc il convient de qu itter pour quelq ue temps le lieu où le crime a été commis. ca r Jean Testenoire, non sans rai son, cra int« rigueur de justice». Mais pendant ce temps. la justice suivait son cours. cours rapide, et une sentence de mort par co ntumace avait été portée contre le coupable. On peut s'ét o nn er de la rap idité de l'« ample grâce>> roya le qui abso ut. Deux mois à pei ne se sont écoulés ap rès le me urtre de Cla ude Berthet et Jea n Teste noire est rend u à sa famille et rem is en sa « bo nne renommée>> en pay s bea u jo l ais. Comment un «pa uvre ma rchand» a-t-il pu fai re 50 compagnie de M. de Bouthéon , sé néchal d e Lyon». Il s'agit de Tho mas Ill de Gadagne, seigne ur de Bouth éon, qui sui vra le part i d'Henri IV au momen t de la Ligue. On le voit, les Testenoi re, bourgeois asp irant à la noblesse, évol uent dans les mi li eux influents de la cour, où les Florentins son t nombreux autour de Catherine de Médicis. En 1596, notre «ma rchand>> jean Testenoi re a achevé sa mue. Le voici <<marécha l des logis de la compagni e de cent hommes d'armes de Mgr le duc de Retz». il s'agit ici d'un personnage part icul ièrement influent: Albert de Gondi qui, ap rès avoi r été surnommé « l'âme de la reine mère, Catherine de Méd icis», est devenu un co nse i ller éco uté du nouveau roi Henri Ill. Des Guadagn i , nos Testenoire sont passés aux Gond i . Et. comme on disait alo rs. Jean Testeno ire «est à Mgr le duc de Retz)) Dess111 de Et quelque tem ps après, nous t rouvons « noble Jean de Testeno ire. sieur de Bacot. écuyer, gent ilhomme ordinaire de la maison du ro i ». La protection des Gondi et peut-être les mérites de notre Beaujolais lui ont permis de mener à la cou r une brill an te ca rrière. Notons to utefois qu'il n'est qu'écuyer et que lorsq ue sa fe mm e est veuve, elle s'in titul e modestement «demo ise ll e» , bien que so n mari ait acquis la ju stice de Sa i nt-Christophe-la-Montagne le 3 février 1604 et qu'il ait été châte lain de Coux et d'Aioignet. Eglise d'Ouroux ( R(Jônej ro rnan en BeauJolais» PicrT~ CARRON d(II1 S «Art jouer de puissantes interventions en sa fave ur auprès de la cour et quels furent ses protecteurs éventuels? C'est ce que les« lettres de rémission>> ne ment ionnent pas et que la personna li té de jean Testenoire pe rm ett ra peut-être d 'élucider. Comme o n le voit, les Testeno ire so nt très représenta tifs de cette nouve lle noblesse qui perce au momen t des guerres de religi on . Souvent issue du négoce, elle en t re au service des «grand s». Le « marchand >> Jean Testenoire, co mm e son parent Claude Berthet, rompus au métier des armes, so nt bien les dignes enfants du «temps des troubles» . La personnalité de Jean Testenoire Oui est le<< pa uvre marchand>> d'Ouroux grâcié par Henri Ill ? Notre hypothèse est qu'il appart ient à la puissan te famille des Testenoire, qui a donné de nombreux cha no ines au chapitre de Beaujeu. jean Testeno ire et sa fam ill e connaissen t d'a illeu rs l'utilit é de la protection des grands po ur se tirer d'un mauvai s cas Pierre de l'Estoi le , en con tresi gnant les lettres de rémission. dut peut-être sourire sous cape en songeant à la fin t o ute différent e d'une affaire semblab le qui l'avait frappé trois ans auparavant, celle d'un ge ntilh omme du pays de Brie « nommé de Hacqueville sur une opinion qu'il ava it prise » qu'un autre genti l ho mme nommé de la Mo rlière abusait de sa femme, il t ua à la fois l'amant et la femme pour fa ire bonne mesure. Mais pour ce double meurtre, le meurt rier fut déca pi té à Paris, aux Halles. Sans d oute le genti lhomme de la Brie et sa fami lle n'ava ient-ils pa s su manœuvrer aussi habilement que le Beaujolais Jean Test enoire et ses pui ssa nts protecteurs ... 13 l Le père de jean Testenoire, Michel de Testenoire, possède la maison forte de Bacot, dans la paroisse de Saint-Ch ri stophe- la-M ontagne Il est« archer de la compagnie de Mgr le duc de Nem ou rs» . Hom me de guerre, ce n'est pas un «cap itaine )), mai s il a accès à la co ur. il ne cesse d'arrondir ses domaines autour de sa ma i son fo r te de SaintCh risl ophe-la -Montagne Son fil s, Jea n Teste no ire , com mence par être << marchand», mai s il est aisé Sa mai so n d'Ouroux a au moins un étage, il fréquente des «sergents>> du ba illiage au moment du meurtre de Berthet. Quel âge a-t-il en i577? Peut-être la trentaine , pui squ'il a déjà quatre enfants de sa « femme et compagne» , dem o iselle Gabrielle Sallemand. Peu après l'affaire Berth et, no us voyons Mich el Testenoire en 1580 « homme d 'a rmes de l a Mathieu MÉRAS 51 NOTES 11J Issu de germain. 121 Il m est très agréable de remeroer M. M1chel Fleury. qu1 m'il très a1mablement communiqué la photographie des lettre" de rémission d'Henri Ill qui font partie de ses arch1ves pnvées 131 Un certCtin doute subsiste au sujet de l'identificallon de lean Te!'.tenoJre, surnommé Caput, avec lean Testenoire, fils de Michel Testenoire. L'homonymie est, en eftet , le grand danger qui menace 1histonen Comme le::. regi'llres paroissiaux cl Ouroux et de S<lint-Christophe n cx1stent actuellement qu'à partir de 1676 pour Ouroux et de 1630 pou r Saint-Christophe. il c::.t impos::.1ble d'étudier la généalogie Tcstcnoirc de léîçon préc1sc. Claude Berthet est mo1ns identifiable encore Au marnent du cnme, il habite Ouroux. mais peut-être sa lamille e::.t-elle originême de Beaujeu. Un lean Berthet est prêtre à Beaujeu IG Paradin. journal. éd M. Méras, p 12'il. un autre lean est échevin de Beaujeu (1/lid p 91-IIHl Notons la dame Jeanne Berthet" maistresse de 1 escholc " 1lf1id p 191 . Ma1s là aussi une identification sure est délicate Pour les Testenoire, seigneurs du Bacot (commune de Sdint-Chnstophe-la-Montagnel. un fonds d'archives assez important existe aux archives du Rhône Citons f· 21 '59 11 '5'52-1 '566). qui concerne Michel de Testenoirc. " c1rchier de !<1 compagnie de Mgr de Nemours " , 1" 2260 11 '570-1 '5771 ventes au profit de Michel Testenoire, Claudine Pallssier est l'épouse de « noble Michel cie Testenoire ,, . [ 2161 (1'580-1'586). on y voit que Testeno1re est " homme cl'drrnes de la compagn ie de M de Bottéon "· sénéchal de l.yon (Thomas Ill Guadagn i. sénéchal de Lyon et o.;eigneur de Bouthéon) . E 2162 11587- 1'591 ). ventes au pro f it de Michel Tcstenoire. qualifié de " sieur de Bacot ,, ; E 2163 11 '592-1 '596). ventes au profit du même, qui ne cesse d'arrondir ses domames . E 2164 11 '596-1 '5981. ventes au profit de« noble lean de Testenoire. fils de Michel. maréchal de logis de la compagnie de cent hommes d'armes de Mgr le duc de Raiz (Albert de Gondi duc de Retzl lean de Testenoire est qual i fié de « noble Jean de Testenoire. sieur de Bacot, écuyer, gentilhomme ordinai re de la maison du roi ,. E 216'5 ( 1'599-! 6021. on y voi t que lean de Testenoire est « 1un des cent gentilshommes du roi " . E 2170, « Maître lean de Testenoire est châtelai n de Coulx et d'Aioignet », E 2172 (16 10-16201 men t ionne la «demoiselle» Gabrielle de Sallemand, veuve de« Sieur de Testenoire, tutrice de leurs enfants>) A l'appui de l'identification de Jean Testenoire Caput avec le fi l s de Michel, nous avons les puissantes relations des Guadaglll et surtout des Gondi Louvet (His!. du Beaujolais Il , p. 27'51 indique la maison forte de Bacot "assise en la paroisse de Saint-Christophe-la-Montagne >) et mentionne la vente de la justice de Saint-Christophe-la-Montagne le 3 février 1604 à lean Testenoire. "écuyer. sieur de Bacot » (41 "Journal de l'Estoile», règne de Henri Ill, éd L.R Ferté. 1943. p. 42 Le passage de l'Estoile montre que le« délit d'honneur>) était souvent sévèrement puni Au début du XVI I' siècle, la « vendetta des Gadagne» contée par M l'abbé Vignon valut à ses auteu rs u n long bannissement. ma lgré leur qualité el les appuis dont ils pouvaient jouir. tant à Paris qu'à Florence 1L. Vignon. La Vendetta des Gadagne. 197'5, p 72-74 ) Ils fu rent exilés pendant neuf ans et ce ne fut qu'en 1622 qu'ils fu rent adm is à bénéficier d u privilège de la «Fierté» de Sai nt -Romain-de-Rouen Notre co11{rère JeaH Cfluzeville, qLti a rencontré les principales familles de la région d'Ouroux au cours de ses red1ercf1es. a bien voulu do1111er connaissance à notre assemblée du 13 11overnbre 1993 dt's rellseignemellls suivants · QU ELQUES NOTES DE LECTURE CONCERNANT LES TESTENOIRE Le mardi 3 février 1604, à O uroux, dans la maison où pend pou r enseigne « La tête no ire». Hen ri de Bou rbon vend à lean de Testenoire, sieur de Bacot, l es droits seigne u ria u x de Sai n t-C h ristophe-la-Montagne (AD Rhône, E 2222, p 12) Le 7 décembre 1695, à Sai nt -Ch ri stophe, lean-Chrisostome Dul iger Testenoire, praticien, signe Duliger avec beau pa raphe (calligraphié) et p lu s simplemen t Testenoire parrain JI privilégie nettement Duliger. lean Testenoire. le gracié de 1577. fit son testament devant Pierre Auclerc à Belleville le 28 octobre 1586 (Insinuations du Beaujolais n' 291 le 21 mars 1587) Son épouse est An t oinette Delafont, fille de Cl aude Delafont, notaire à Ouroux. Il a un frère Georges Du liger. Thomas Test enoire, châ t elain de Coux et Al ognet, sentence d u 25 février 1553 (A.D. Rhône, 18 G 213) Les noms Liger et Tes teno ire sont anciens. Rome, le 28 décembre 1495. b ull e d'Alexa ndre VI pou r Thomas Légierd i t Testenoire, chapelain de la chape lle Saint-Cla ude de la col légiale de Bea u jeu (A.D. Rhô ne, 18 G 284) Il ne faut pas confond re les Testenoire de Sa in t-Christophe et ceux d'Ou ro ux. lean le gracié n'est pas de Bacot. Ses descendants sont restés bo u rgeo i s et nota ires à O uroux pendant deux cents ans. Les Testenoi re de Bacot. de la Croix et de Va u jon fure nt a nob lis pa r le mét ie r des arm es et leur nom s'est rapidement éteint. Michel de Testenoire, sieur de Bacot. est genda rme de la com pagnie du Ma réchal de Retz (A.D Rhône. E2 169, 25octobre 1591). Jean et François de Testenoire. fils de M ichel et de Cl audi ne Pâtissier (A.D Saône-et-Loire. E 1264, 25 novembre 1599). En 1596- 1598, noble Jea n de Tes tenoire. si eur de Bacot . est ma réchal des log is de la Compagn ie de Mgr le Duc de Retz et l'un des cent gent il sho mm es de la chambre du ro i. Jean de Test eno ire. m ari é à Gab ri elle de Sa llema rd : leur fi ll e Made leine Dulig ier. ma ri ée à Antoine d e Sa rro n . J. CHUZEVILLE 13 novem b re 1993 52 )ean~Pierre MICHEL-CHANTIN Chargé de cours à l'Université Lyon-Il l Membre de l'Institut d'histoire du Cf!Yislianisme UNE MISE AU POINT HISTORIQUE : LA VÉRITÉ SUR LES << FAREINISTES >> Chacun de nous a entendu parler de ce que l'on présente généralement comme une secte, chez nos voisins dom8istes de Fareins. On sait que le mouvement a été fondé à la fin du XVI W siècle par un curé du village, François Bonjour. après la crucifixion d'une paroissienne dans l'église même. Le groupe aurait ensuite survécu au moins pendant le X I X~ siècle et se serait éteint peu à peu depuis. Or. cela ne reflète qu'à peine la réalité et présente même des inexactitudes. Une mise au point historique est donc nécessaire pour une meilleure approche de la «vérité». En fait , de tout ce qui précède, seule la crucifixion est vien réelle. Ces erreurs que l'on colporte imprudemment proviennent de quatre causes: le mouvement a rarement été sérieusement étudié: certains auteurs ont manqué d'objectivité (les ecclésiastiques notamment) ou recherché le sensationnel ; beaucoup se sont contentés de recopier leurs devanciers. Nous tentons de combler ce vide par une thèse en cours dont voici la primeur des conclusions. Nous reprendrons les pseudo-informations données ci-dessus pour les critiquer et ainsi faire la lumière sur ce mouvement religieux voisin. Ainsi. nous nous demanderons quelle est l'origine réelle du groupe, si le nom même de Fareinistes n'est pas impropre. enfin si l'extinction est t.otale. A crucifixion. origine du mouvement, aurait donc converti la majorité des mille habitants de Fareins en 1787. Le fait est attesté par l'e nquête du vicaire général Jolyclerc et le témoignage du marquis de Sarron. seigneur du lieu, qui a fait venir la suppliciée en son château de Fléchères et a pu voir ses plaies Le procès-verbal du premier nous apprend que la «cérémonie>> a eu lieu devant douze témoins et a été dirigée par le cu ré Bonjour, assisté de son frère aîné, Claude. qui l'a précédé à la tête de la paroisse. et du vicaire Farlay. partie lorsqu'ils dirigent la paroisse de Fareins à partir de 1755, soit douze ans avant la crucifixion ! Beaucoup de villages foréziens sont aussi touchés comme Saint-Médard, au nord-est de SaintEtienne, dirigé par l'abbé jacquemont. Mais ce groupe régional. apparu vers 1770, n'est qu'un rameau d'un mouvement plus large qui touche toute la France au XVIW siècle. issu de la lutte que se font jansénistes et jésuites à propos de la grâce. A bout d'arguments au début du siècle. chacun fait appel au jugement divin qui doit trancher en faveur des uns ou des autres par des miracles. En 1727 meurt «en odeur de sainteté» le diacre janséniste Pâris, et des «s ignes» sur sa tombe plaident pour la cause qu'il défendait. Ces miracles, guérisons en général, sont accompagnés de convu lsions. témoins de la possession divine, et de messages, d'où le nom donné à ce mouvement de« Jansénisme convulsionnaire». Les autorités ayant fermé le cimetière où une foule de plus en plus nombreuse accourait, des réu nions chez des particuliers prennent le relais et le mouvement, parisien à l'origine, se répand en province. Les miracles doivent y être provoqués: coups portés à la personne inspirée, sans douleur, avant la révélation du message, selon une hiérarchie allan t du Ces trois protagonistes appartiennent en fait à un groupe régional. « Les Amis de l'Œuvre de vérité» On peut décomposer celui-ci en trois catégories d'adhérents. Une vingtaine de réguliers (dominicains et o ratorien s pour l'essen tiel) professe dans les sémina ires lyonnais ou les collèges. ils dirigent aussi quelques laïcs qui forment un deuxième sous-ensemble. Au nombre d'une trentaine. ces derniers appartiennent à de bonnes familles lyon naises. tel Claude François Desfours de Genetière. fil s du dernier président de la Cour des monnaies de Lyon. Enfin vingt curés, anciens élèves des professeurs précités. prolongent l'e nseignement reçu parmi leurs ouailles. Les Bonjour en font 53 L'événement de Fareins n'a donc rien d'exceptionnel pour le groupe. Les idées jansénistes convulsionnaires sont ainsi obtenues par voie surnaturelle et valent pour tout le mouvement, groupe de Lyon et Fareins compris. Ainsi les jésuites, et avec eux l'Eglise toute entière, sont dans l'erreur et persécutent ceux qui détiennent la «vérité». Cette persécution est le signe de la fin des temps annoncée comme imminente: c'est l'Apocalypse de la bible avec le retour du prophète Elie précédant celui du Christ pour mille ans. le châtiment de l'Eglise félone et de son peup le aveugle dont le petit nombre d'élus préservé forme le groupe des Amis. Le nom de Fareiniste est donc trop restrictif. d'autant que le groupe régional s'élargit après la crucifixion et la publicité faite de l'événement. Accompli devant témoins , dans une église de surcroit, ce n'est donc pas une séance particulière comme les autres crucifiements. Une campagne de libelles suit pour en répandre le bruit puis défendre les officiants, emprisonnés ou exilés dans leur pays natal. Il ne fait pas de doute qu'était ainsi recherché l'affrontement avec les autorités ecclésiastiques afin de pouvoir développer devant le tribunal diocésain leurs thèses publiquement Cruci{idlHI du Cf1rist qu'imit,•nt dans /t'urs dn>n10nics les COIJVtllsiOfll1aires tdo( ument COIISI'm' dans Wlln•n' fareinistel Quoi qu'il en soit, les incrédules de Fareins même ne représentent plus que la moitié des mille habitants du village. D'autres prêtres se joignent aux Amis avec leurs paroissiens. telle curé de Lacenas. Claude Germain. Mais l'archevêque de Lyon. Malvin simple coup de poing ou de bible. jusqu'à la crucifixion A Paris. une vingtaine de personnes subissent cette dernière régulièrement de 1758 à 1789, l'une d'elles jusqu'à dix-huit fois en cinq mois! '54 de Montazet. évite le procès en obtenant du roi Louis XVI des lettres de cachet contre les Bonjour et leur vicaire. le 21 janvier 1788. Il n'y a pas d'idées o ri gi nal es propres à celui-ci : nous sommes toujours en présence de Jansénistés convul sionnaires. La seule nouveauté réside en fait dans le passage aux actes. ce qui les distingue des Lyonnais attentistes face aux événements révo lutionnaires. L'engagemen t des Bonjouristes es t résolument ultra-révolutionnai re pour accompagner l'apocalypse. Ils détruisent à Fareins le clocher de l'église aussitôt reçu l'ord re du représentant en mission dans l'Ain, Albitte, pou rchassent les aristocrates coupables d'être complices de l'Eglise (le château de Fléchères est sévèrement perquisitionné et le marqui s de Sarron envoyé à la guillotine). adoptent le calendri er révolutionnai re qui débute à la naissance d'Elie... L'a rrivée de l'apocalyse allendue renforce encore plus le groupe. La Révo lution. dès 1789. leu r apparaît comme la punition divine tombant sur les coupables. l'Eglise est persécu tée à son tour et le roi est exécuté cinq ans. jour pour jour. après les lettres de cachet. De plus. les événemen ts permetLent le retour des Bonjour. Mai s le groupe lyo nnais des Amis se scinde en deux dès 1792. François Bonjour est en effet devenu le père d'un enfant qu'il présente comme étant Elie. mais les laïcs lyonnais influents ne le reconnaissent pas et sont su ivis par la plupart des curés du Fo rez ainsi que l'abbé Germa in. Ceux qui suivent Bonjour sont-ils enfin les Fareinistes? L'épisode suivant répond à cette question. En novembre 1794, un rassemblement d'une centaine de personnes dans les bois au sud de Saint-Etienne est réprim é alors qu'il se mettait en route pour Jéru sa lem. Interrogé s. hommes. femmes et en fants qu i y participent, répond ent tous au nom de Bonjour et porten t un prénom de l'Ancien Testament. juif (Aaron. Isaac, Jacob. Jephté ... ) Ce sont les élus qui rejoignent la Terre Promise et quelques-uns viennent de Fareins. Mais la plupart son t originaires du Forez, plus proche • Marcilly, Marcoux. Saint-lean-Bonnefonds, Sai ntEtienne-le-Molard ... ils attendent Elie pour partir. Le groupe qui suit François Bonjour et son fils. est donc beaucoup plus large que Fareins. et ne mérite pas le nom de Fareiniste. Nous proposons celui de Bonjourisle. qui se réclame des Bonjour. L'affaire du nom éta nt réglée , il reste à savoir ce qu'il reste actuellement du groupe. Mais de quel groupe s'agit-il? Des Amis de l'Œuvre de vérité n'ayant pas suivi Elie Bonjour? Des Bonjouristes. y compris ceux du Forez ou du groupe exclusivement de Farein s même? Les Amis sont encore représentés de nos jours mais en ordre dispersé. Ils se sont en effet divisés en 1801 sur la question du concordat conclu entre Bonaparte et le pape, qui fonde une nouvel le Eglise de France. La majorité du groupe a accepté de rester dans la commun ion des nouveaux évêques sous la conduite de l'abbé Jacquemont. curé du Forez. où ces concordataires sont assez nombreux. Les Germain de Montauzan sont de ce nombre. Au début de notre siècle. ils ne se distinguent plus des au tres fidè les. dans lesquel s ils se sont fondus. 55 autres» : une femme pou r son mariage avec un cathol ique romain Voici là les deux prin.cipales raisons des «changements». Après rencontre avec l'ancien cu ré de Fareins ainsi qu 'avec le pasteur de l'Eglise protestante baptiste à Beau regard. nous pouvons conclu re par plusieurs rema rques. Généalogie des groupes convulsionnaires régionaux La personne convertie à son mariage n'est. depuis, jamais retournée à l'église alors même qu 'elle habita it en face! Le desservant s'est vu refuser son aide pou r pratiquer à domici le la cérémonie destinée aux ma lades. De plus. d'après témoignage de sa fil le. il apparaît que cette ancienne bonjouriste ava it une peur poussée au paroxysme du moindre péché. C'est là. le signe d'une vo lonté de perfectionnement toute « janséniste ». une att itude d'élue ne voulant pas abandonner la religion «de ses pères». Elle attendait seule la fin des temps et les signes qui doivent l'a nnoncer Convulsionnaires du cimetière Saint-Médard à Paris ( 1727) 1 Groupe d es Ami s d e l'oeuvre d e vérité à Lyon ( 1770) Le couple. quant à lui. est issu de deux familles bonjouristes. ce qui mont re la persistance des liens même entre convertis D'a près le curé. ils sont tous deux très actifs dans la paroisse. et le pasteur constate la même chose chez les sectaires gagnés par le protestantisme. Celle hyper religiosité semble héritée du temps où leur groupe était exclu; c'est aussi une atlitude d'élus. Bon jo u ris tes 11792) 1 Béguins ( 1846) Petite Eglise d e Lyon ( 180 1) Concordataires ( 180 1) Nous pouvons donc en déduire que le groupe de Fareins n'est pas éteint: il n'y a qu'apparence d'extinction. Il reste un tout o riginal parmi les autres chrétiens qui continuent parfois à les désigner par le sobriquet de « jansénistes». Les traces se perdront sans doute au fil des générations, mais les groupes du Forez et de Lyon se maintiennent. en marge de l'Eglise de France. le nombre de leurs membres restant stable. Mais la minorité anticoncordataire, elle. subsiste C'est la Petite Eglise de Lyon dirigée. entre autres. par l'abbé Germain et des laïcs lyonnais influents telles les familles Duc. Berliet ou Rolland. Au nombre d envi ron cinq cents. ils possèdent encore deux écoles à la Croix-Rousse financées par les revenus de vignes à Odenas. Une so rte d'école supérieure a même fonctionné au siècle dernier dans le hameau de Nuits. à SaintGeorges-de-Rene in s. Il s sont surtout encore présents à Lyon Jean-Pierre MICHELrCHANTIN Communication du 9 janvier 1993 COMPLÉMENT BIBLIOGRAPHIQUE !l ors de Fareins. les Bonjouristes sont su rtout foréziens. Il s vivent toujours à Marcilly et à Saint-leanBonnefonds sous les noms de Bleus (c'est-à-dire républicains) o u Béguins (ce qui sig nifie «entêtés») Il s n'ont plus de lien s avec Fareins depuis le début du XIX' siècle et le décès des prêtres initiateurs. et ont connu un «réveil » en 1H48 avec l'arrivée d'un nouveau prophète. ils sont aujourd'hui trois cents. Sur les lansén istes convulsionna i res - C.L. Maire «Au cimetière Saint-Médard, la passion des convulsionnaires» i11 «Not re Histoi re >> n" 28, p 38-43 - C L Maire « Les convulsionnaires de Saint-Médard ». collection Archives. édit Gallimard-Julliard, 1985 Sur les groupes lyonnais et régionaux des <<Amis )> : - C Latreille « La Pet1te Eglise de Lyon ». Lardanchet. Lyon 1911 - B Laurent «LEglise janséniste du Forez>>. SaintEtienne. Loire Républicaine. 1942 Pour Fareins même. le groupe est réputé éteint depuis 194'5 environ. Après des recherches personnelles. il appa raît que la dernière <• conversion » (les Bonjouristes disent «changement ») date du bélptême sous conditi on d'une femme âgée en 19ôH. et il se peut que d'autres aient subsisté nonreconciliés après cette date. Nous avons rencontré des« changés>>· un couple l'ayant fait enfant pour la première commun ion afin de faire ,, comme les - B Laurent « Les Béguins. des Foréziens en quête de Dieu», édit Le Hénaff. 1980 (rééd 1 Sur les « Fareinistes »: - P Oudon «Le Fareinisme >> dans les Bulletins de la société d'histoire ecclésiastique et archéologiq ue du diocèse de Belley. 1908 à 1914 - C Hau 'i6 « Le messie de l'an Xli "· Denoël. 1955 Jean- Gabriel MORTAMET Inspecteur général des monuments historiques pour la Franche-Comté et la Bourgogne, A.C.M. H. LA RESTAURATION DE LA FAÇADE DE LA COLLÉGIALE NOTRE~DAME DES MARAIS Par Eric Tu pin. /" u11e des meilleures p(wlos du co neau rs 1993 de la mairie de Vil/efm 11d1e 57 Mesdames el Messieurs les Académiciens, L ne paraît pas nécessa ire de rappeler à un public tel que le vôtre, l'histoire de l'église Notre-Dame des Marai s . mai s je vou s propose de partager cel le de la restauration de la façade occidentale qui vien t de se te rmin er. d'un ca mion nacelle, il a été m is au po int un pro jet de restaurat ion. Un plan d'instal lation de chantier et d'échafaudage a ét é établ i en tenant compt e de la nécessité d'entraver le moins poss ible l'utilisation de l'égl ise, mais auss i d'a ccéder à toutes les part ies de la façade, en réservant la possibi lité de déposer des éléments de sculpture ou de pierre de ta ill e. Depuis quelques années, la Direction du patrimo in e qui gère les t rava ux de restauration des monuments classés, demande que soit établi e pour chaque opération une étude préalable qui, après approbation , est sui vie d'un projet arch itectu ral et techniqu e. Il est ensui te procédé à des consultations d'entreprises, puis à la réalisation des travaux ju sq u'à leur réceptio n Pour effectuer le nettoyage, ap rès plusieurs essais, il a été décid é de traiter les pa rties coura nt es par projection de poudre d'alumine, après décrassage des éléments du rs à l'outil. Pou r les parties les plus fines et en particulier les sculptures origi na les, il a été décidé de procéder, après fixation des parties pulvérulentes par des pulvérisations de silicate d'éth yle, à des nettoyages par des pro jections, avec des microbuses, de microfine de verreries. L'« étude préalable>> de la restauration de la façade occid enta le de l'église Notre-Da me des Marais a été entreprise au cou rs de l'année 1988. Elle a com porté des « recherches historiques» et une «ca mpagne de reconna issance>>; un « rapport de synthèse>> à partir des renseignements recueillis définissan t la nature des interventions à effectuer et les raisons de leu r choix ; puis l'estim ation du coût de la réa li sation et des projections d'échelonnements des travaux. Après avoir effectué le nettoyage de chacune des parties, il est possible de déterminer les pierres à remplacer et de le reporter sur le p lan dit de « calepin age». Ce lui-ci fait apparaître les pier res à remplacer avec une référence permettant de se reporter au ca lepin qui indique les dimension s de chaque élément. Si la façade a conservé dans son ensemb le les dispos iti o n s d' o rigin e, l es interventi o n s du XIXc siècle ont modifié toute la sculpture figurative, mais aussi un e part ie de la sculpture ornementale . On se trouvait donc en présence d'une composition «composit e>> qui soulevait à la fois des problèmes archéo logiq ues et architectu raux. Un e recherche documenta ire a été faite; les archives o nt fait connaît re les interventi o ns de l'a rchitecte To ny Desjardins et du sculpte ur Fabisch après 1854. Il a été possib le de reconnaître les scu lptures d'origine qu i tém oignen t de manière t rès o ri ginal e du passage entre l'art got hiqu e et ce lui de la Renaissance à la fin du xvesiècle et au début du XVIe. Les sondages de reconna issance on l permis de confirmer les résultat s de l'étude hi storique , mais aussi de déterminer la nature de la pierre et de son altération. Comme de nombreux éd ifices de la région, l'église a été construite en pierres ca lca ires venant des carrières de Lucenay. Les émanat ions de sul fures en provenance des vo itures ou des chaufferies altèrent les carbonates de ca lci um des pierres et transforment leur pa r emen t en sulfo-ca rbonates qui forment une croûte noire à la surface. sous laquelle se développent des pulvérulences importantes Ces phénomènes se manifestent fo rtem ent à Notre- Dam e des Marais. En fonction de ces données et après plusieurs visites su r place avec examen à la jumelle et à partir Détail balustrade" à gommer'' 58 ) Les travaux de remise en état ont été entrepris en janvier 1990 dans la partie nord de la façade correspondant au bas-côté. L'intervention la plus spectaculaire a été la resta uration de la gargouille des deux fous située à l 'a ngle de l a rue An ne-et- Pierre-de-Beau jeu. Très détériorée. elle nécessitait une dépose. mai s son usure était telle que l'i nterprétation de son iconographie était d ifficile. A partir .des traces de sculpture et en se référant à des ouvrages sur le Moyen Age. on a pu retrouver l'image des deux fou s juchés l'un su r l'autre. habillés de vêtements tailladés et coiffés d'un chaperon à oreilles de bête. Dans la partie centrale. se posa it en premier lieu le problème de la re sta uration du pignon. en pierres assisées. pénétrant dans les rampants ornés de coqui lles et de crochets. Cet ouvrage, très altéré. comportait des ornements devenus peu lisibles. Sa stabi lité n'étai t plus assurée malgré des confortements en béton réali sés après la seconde guerre mondiale. Compte tenu de cet état. il fut décidé de le déposer et de le reconstituer. Après relevé des dispositions existantes. un plan de calepinage fut établi et complété pour défin i r le volume et la taille de la pierre à fournir et à remettre en place. en réservant la possibilité de réali ser la sculpture. Clwu. eL dwuxà sculp!er(en lwu!) Après approbation du dessin d'exécution. le s pierres furent remises en place par les tailleurs de pierre. puis les sculpteurs procédèrent au report du dessin d'exécution sur la pierre. puis à la réa li sation de l'ébauche au ciseau. puis à la sculpture des ornements. Les dessins de fleurs de lys qui avaient été mis à jour. ont été seulement évoqués ainsi que le monogramme central dont l'a uthenticité de l'interprétation reste douteuse. Autre élément important. la rosace a dû. compte tenu de son état. être refaite à l'identique. tandis que les éléments de balustrade ont pu en grande part ie être conservés. De chaque côté de la partie centrale. de remarquables dais sculptés au XV siècle étaien t encore en place mai s en très mauvais état. Leur restauration a nécessité des approches progressives. En premier lieu. a été établie une documentation photographique précise. Il a été nécessaire de procéder à leur dépose pour envisager leur remplacement. Les sculptures ont été reconstituées en plâtre jusqu 'à retrouver les dispositions primitives en s'aidant des éléments restés apparents su r les dais voisins et dans les ouvrages sur la sculpture du Moyen Age. On a obtenu ainsi un modèle en plâtre qui a été ensu ite copié et sculpté dans la pierre rem ise en place tandis que les parties courantes de la façade son t traitées pour leur repri se en pierre d'Euville (Meuse) au lieu de la pierre de Lucenay (Rhône) introuvable. la pierre à sculpter est en provenance de Tervoux Dais sndptt' restauré 011 voit le déla[wment de la tête du sai11t 11011 n1core restaurée 60 Mise en place d'u11 élément Bloc posé prJI à être taillé il tl motif crochet La masse sera swlptée en c{wu SLir place rinilion au ciseau plat Partit' dr ba/us/rad~ remplacée, rosace centrale encore à tailler. La partie de droite sera gommée. Sculpture sur site 61 TÎ'I•' d,• la Viaw et I'Eil{alll Etat avalltlrcll'tiUX Parallèlement. ce rtain s pinacles ont été remplacés avec la même méthode. d'autres ont seulement été ragréés avec des mortiers spéciaux à base de chaux ct d'adjuvants Toutes préca utions sont prises pour éviter la pénétration d'eau dans les fissures ou les brisures des sculptures. D'autre part. des traitements hydrofuges par des produits à base de si licate d éthyle ont été appliqués comme consolidants Des interventions ont été faites sur les sculptures figuratives réfection de la main de la Vierge cl un doigt de l'en fant Jésus. réfection de la tête de saint Paul (qui n'est peut-être pas cet apôtre qui traditionnellement était chauve). réparation de la tête de saint Pierre Les travaux cie reprises des ornements des cont reforts de la partie basse sont conçus de la même manière que ceux mis en œuvre pour les dais nettoyage. photographies. recherche documentaire création de modèle. remplacement de pierre et sculpture suivant modèle par moulage Le trumeau de la porte principale tel qu'il se présente. n est certainement pas conforme à la disposition d'origine. mais est une composition du XIX' siècle. Il existait probablement une rep résentation de la Vierge au-dessus du trumeau. Dans l'état de nos connaissances. on ne peut que remettre en état les dispositions existantes. Dans la partie de la façade située sous le clocher. il n'y a pas de reprises de pierres importantes à effectuer mais. par souci de cohérence. la rem ise en état est indispensable. L'ensemble de ces travaux vient d'être terminé . Cetle importante opération au ra permis de retrouver la qualité de cet édifice caractéristique de Villefranche. On peut souhaiter que la pollution diminue et que la façade restaurée reste propre le plus longtemps possible et nous rappelle le temps où « les cathédrales étaient blanches» Jean-Gabriel MORTAMET 12 décembre 1992 A 1exception de celles des pages 57 et 62 (en haut à droite) les photographieS ont été réalisées par M. Emile Savoye Réfection de l'Nitrée de la parle pmrcipale 62 Henri HOURS Conserva leur honorairedes Ardlives de la ville de Lyo11 Vice-présidNII de l'Académie de Ville{raflcfle-ell -Beaujolais LA COMPAGNIE DU SAINT~SACREMENT DE VILLEFRANCHE (XVIIe siècle) A Compag ni e de Jésus a remi s aux archives de l'archevêché de Lyon. vo ici quelq ues années, un regi stre de la Compagnie du Sa int -Sac rement de Vill efran ch e. Ce reg istre conce rnait une période allant de janvier 1677 au 12 mai 1686. A l'origine , il éta it se lon to ute vra isemblance précédé et suivi d'a utres documents du même ge nre. disparus au cours des siècles, alors que celui-ci avait été conservé au doma ine de Mongré. o ù les Jés uites construi si rent leur coll ège au mil ieu du XIXe siècle. rendrait très diffici le une action co mmun e des Compagnies dans tout le roya um e. si cette act ion était o ffi cielle. Il faut admettre que ma lgré le secret . la Compagn ie est connu e et a des ennemis. tant d u côté des libertin s qu e du côté de l'Etat. Un arrêt du parlem ent de 1666 prohibe les « réun ions so us le voil e de la piété » : arrêt à la su ite duquel la Compagni e de Paris semble disparaître : mais en fai t . el le cont inu e à exi ster au moi ns ju sq u'en 1679, com me le prouve nt des écrits de cette date. Cell e de Vil lefranch e continue au moins jusqu'en 1686, terme du registre en question. et sa ns doute plus tard . A Lyon. on en trouve encore des traces en 173 1. D'a utres institutions catholiques prendront le relai s: les« A.A. >> au XVII I" siècle, la co ngrégation des Messieurs au La Compagnie du Saint-Sacrement doit être nettement distinguée des confréri es du même nom existant dans tou te la France. Elle faisait partie d'une société fondée en 1629 pa r le du c de Ventado ur, à une époque où l'o n put parl er d'une « inva sion mystique ». société aya nt un double but : développer la pi été de ses membres et réalise r par eux une act ion de ch ristiani satio n des milieux sociaux . Cette soci été était une «société secrète» dan s la mesure où y éta it de règle le secret absol u sur la société. ses membres et son acti o n. Elle pratiqua it à la foi s la centrali sation et la déconcentratio n : chacune de ses 66 Compagnies est autonome. mais n'ex iste que par délégation de la société mère de Pari s et il leur est interdit de communiquer entre elles. Xl Xe Reve nons p lus précisément à la Compagnie de Villefranche. On n'a qu 'une idée très approximative de sa fin : mais de quand datent ses débuts? Sans dou te de 1660- 1665. grâce au curé Alexa nd re ChailIard. lequel curé de Notre- Darne depu is 1641 fut le premier directeur. Son existence était soupçonnée par divers auteu rs ca ladois et M. le docteur Besa nço n fit une copie (déposée à la bibli o thèq ue de Vill efra nche) du d ocument qui se trouvait alors à Mongré. Le regi stre nous révè le le nom de vingt-huit membres: dix ecclésiastiques. huit o fficiers et dix bourgeo is. Parmi les ecclésiast iques: le cu ré de Not re-Dame des Marai s. qui est directeu r de la Co mpagnie, le chapelain de l'Hôtel-Dieu et aussi Claude Bottu de la Barmo ndière ... Les huit o fficiers occupent les plu s hauts rangs du Beaujo lai s. Ce son t : - Noël M ignot de Bussy, le premi er personnage du Bea ujo lais. lieu tenant général du bailliage qui . dirigea nt la justice, la police, détient les prin cipaux pouvo irs: ancien échevin , capita ine de la mi l ice bou rgeo ise . i l deviendra « ma ire» quelq ues années plus tard : - David de Phélines. sieur de la Chartonnière. lieutenant criminel du bailliage : Chaque Compagn ie se co mpose d' un petit nomb re de personnes qui sont soit des laïcs. soit des clercs sécul iers : ces ad hérents agissen t chacun da ns leur sphère: ce n' est ni la Société ni la Compagnie qui agit. c'est chaque adhérent. Ainsi l'action su r le corps soc ial passe par les propres in stitutions de ce lui -ci, créa nt une «sp iritualité social e». Ce qui incite les membres de la Compagnie à l'hum i lité, chacun ne devan t se considérer que comme un instrument de la Compagnie. C'est là un des avan tages du secret. Autre aspect favorable du secret : il évite de soulever des oppositi ons. que ce so ient celles des « l ibertins >> (l e «Ta rtuffe >> est de 1669) ou du po uvoi r royal , parti cu li èrement sourcil leux so us Louis XIV. celui-ci 63 - Laurent Battu de la Barmondière. procureur du roi au bailliage, d'une famille réputée pour sa grande piété (nous avons cité son frère Claude parmi les ecclésiastiques): - Alexandre Bessie du Peloux. juge assesseur en la maréchaussée de Vil lefranche. un des fondateurs de notre Académie (en 1677 justement) el son premier secrétaire perpétuel . - Aimé de Bussières. procureur du roi pour la fiscali té. - 1.-B. Noyel, receveur des tailles: - François Tournier, receveur des consignations. secréta ire et trésorier de la compagn ie: - Jean Battu de Saint-Fonds. écuyer: tous également assidus aux réun ions de la Compagnie. Dix bourgeois. parmi lesq uels François Damiron , notaire. procureur. plusieurs fois échevin . Jean Degus. notaire. procureur. secrétaire de la ville: Jacques Demeaux, marchand: André Jacquet, marchand et échevin. Ces hommes, surtout les «officiers», tiennent la ville, rassemblant en leurs mains toute l'autorité civi le et militaire de Villefranche: plus les ecclésiastiques qui conduisent la vie paroissiale. Leur petit groupe est en mesure de «fa ire marcher» toute la cité. Celle-ci est répartie en quartiers: chacun de ceux-ci est sous la responsabilité de l'un des membres de la Compagnie. A quoi va servir cette mainmise effect ive de la Compagnie sur la vie publique? Laissant de côté ici l'influence tout à fait réelle de la Compagnie sur la vie intérieure de chacun de ses membres (avec pratique fréquente de prières. de messes ... ). nous cons idérerons seulement l'action de la Compagnie sur la vie publique. Cette action comporte trois secteu rs: a) la morale publique. b) l'action cha ri Labie, c) les petites écoles : al Action sur la morale publique: il s'agit d'améliorer la moralité sur la vie sociale. en particulier par la surveillance. le contrôle et l'amendement des personnes de mauvaise vie. par des actions concrètes individuelles. les membres de la Compagnie vont entreprend re de régler le s problèmes délicats. toujours avec un souci évident de charité et d'humanité. b) Action charitable. spéc ialement contre le paupérisme: cette action pourra concerner soit des particuliers, par des secours attribués à ceux qui en ont besoin (exemple : un artisan taillandier. en difficulté. reçoit une somme d'argent lui permettant de« repartir »l. soit un groupe ou même la collectivité. par exemple la distribution de pain par quartier. en hiver. Dans le regi stre. on trouve plusieurs de ces cas: par exemple : le 27 décembre 1678. M. Démia. fondateur de la cong régation des sœurs SaintCharles à Bourg, fait filer du chanvre par les femmes pauvres; le 3 janvi er 1679, la Compagnie achète un stock de chanvre et dresse un état de ces femmes par quartier: fin mars, l'expérience est arrêtée, à Villefranche, les femmes pauvres ne voulant pas filer. En 1679.1a distribution de pain pendant l'hiver occupe beaucoup les gens de la Compagnie. Dans le même esprit. la Compagnie voud rait créer un hôpital général où l'on pourrait mettre à l'abri les pauvres. Ce projet revient à plusieurs repri ses. spécialement en 1683. où une grand e réunion à ce sujet est préparée par la Compagn ie mais le pro jet échoue. c) Les « petites éco les>> : elles ont sans doute constitué la préoccupation maj eure de la Campa- . gnie à Villefranche . Après le départ du directeur de la petite école, puis de celui qui l ui ava it succédé. la compagnie demanda à M. Démia de lui envoyer des maîtres. En 1707, Zacha rie Noyel fera une fondation qui résoudra le problème financier. Peut-on tirer un bilan de ce que nous savons de la Compagnie de Vi llefranche à pa rti r du registre? Il paraît certain que les petites écoles lui doivent leur existence à Villefranche. En ce qui concerne les deux autres secte urs d'action. sur tout pour l'influence morale. i ls sont beaucoup plus difficiles à apprécier. Néanmoin s. on peut affirmer que c'est aux membres de la Compagnie, et plus spécialement à David de Phélines. qu'on doit la réorganisation. durable et définitive. de l'hôpita l. Le registre prouve d'autre part que les membres de la Compagnie, officiers et ecclésiastiques , ont été assidus et consciencieux dans leur action, donnant de leur temps et de leur argent. de façon désintéressée. puisqu e secrète. On ne peut passer sous sil ence le caractère autoritaire souvent revêtu par l'act ion de la Compagnie, qui n'hésitait pas à utiliser l'autorité administrative et jud iciaire que ses membres pouvaient détenir au titre de leurs fonctions officielles. Il est certa in que la Compagnie a joué le rôle d'une chambre de réflex ion et, en quelque sorte. d'une conscience de l'autorité publique dans la ville. même si les résultats, sans doute non négligeables. ne peuvent en être perçus aujourd'hui_ Henri HOURS 13 mars 1993 N.D.L.R. La date de 1677, qui marque le début du registre, est aussi celle des premières réunions de la future Académie de Villefran che (qui recevra ses lettres patentes du roi en 1695). Sur les huit officiers identifiés comme membres de la Compagnie du Saint-Sacrement. quatre au moins faisaient partie de l'Académie naissante: Noël Mignot de Bussy, Alexandre Bessie du Peloux. Laurent Battu de la Barmondière. Jean Battu de Saint-Fonds. 64 PAUL FEUGA Président de l'association des amis des arcf1ives de la ville de Lyon LA VIE QUOTIDIENNE DE L'ARISTOCRATIE ' BEAUJOLAISE AU XVIIIe SIECLE vue par un chroniqueur lyonnais, l'abbé Duret Vous m'avez admis dans le cercle restreint de l'Académie de Villefranche alors que je n'avais pas fait mes preuves. que je n'avais présenté de t ribut comme il se doit dan s les sociétés savantes. Vous m'avez choisi. bien que je ne sois ni de Villefranche. ni du Beaujolais. Toutefois. afin de vous rassurer. je dois préciser que mes deux grands-mères sont de famille beaujo/aise. Du côté paternel. ils ont quitté Theizé pour Lyon vers 181 O. Et ma grand-mère maternelle descend de deux frères qui ont laissé Ville-su r-jarnioux pour s'installer à Lyon vers 1830. C'est pourquoi j'ai pensé qu'un étranger pouvait parler du Beaujolais et je laisserai à l'abbé Dure/ le soin de le faire . !ERR E Duret 111 naît à Lyon , rue du PalaisGrillet. le 29 avril 1722 et meurt sous la guillotine révolutionnaire le 7 janvier 1794. Fils d'Antoine-Barthélémy, tireur d'or, et de Marie Giraud, après les p remières études dans sa vi lle natale, il ent re au sémina ire Sa int-Sulpi ce à Pari s. En 1744, bacheli er en t héologie et en philosophie et revêt u des ordres mineurs, il postule pour un e nomination dans son diocèse. Ordon né à Lyon en 1749. il entre sa ns doute chez les Oratori ens. puis revien t chez les Sulp iciens et passera la majeure partie de sa vie au Séminaire Saint-Irénée. où il constitue une belle bibliothèque 121 et a le loisir de lai sse r de nombreux écrits . Parmi ces derniers, subsistent à la bibliothèque municipale de Lyon quelque 1 500 pages intitulées Nouvelles généra les et particulières de Lyon , écri tes de 1761 à 1792. régiment du Lyonnais avec lequel il participe au siège de Gibraltar puis obtient de se faire muter aux Cent-Suisses à Paris . En séjour à lu llié, l'a bbé Duret se rend pour la première fois à Va ren nes en 1774. Il raconte son voyage et évoque les person nes ren contrées. le suis allé à Varennes le 10 octobre, avec M. l'abbé Charrier et M . de Chenas 131 el un laquais par Emeringes, Fleurie, Villié, Régnié, Saint-Nizier, Ouincié et revenu par Ouincié, Mo~1be (?). le Moulin , Varennes. la Plagne, les Bâties, la Chapelle-de-Saint-Roch, Va urenard , Emeringes. Avons vu le château de Poncié de M . de Grolier à Fleurie, de Grandpré à M . de Cf1ênelette, de Saint-Amour à M . de Saint-Amour. de la Terrière, de la Pierre. de la Palud , de Va renne, le malin. L'après-midi, celui de la Rochelftulon à la marquise des Prés. Avons vu de loin Lanligné, où M . Milanais a une fort jolie maison provenant du chef de sa femme qui esl de Beaujeu. Partis à 5 ft 1/2 de la Roche, arrêtés à Emeringes à 6ft et arrivés à Varennes à 9 fi 3/4 , mais perdus en détours inutiles trois quarts (d'heure) . L'après-midi, partis de Varennes à 3 h 1/4 et arrivés à 7ft 3/4, mais perdus une fteure à s'être arrêtés ou égarés, essuyé un brouillard de 4 heures 1/2 le malin et de 3 f1eures 1/ 2 l'après-dîner. M . et Mme Giraud seuls à demeure, mais vinrent pour le dîner les deux fils La Chapelle, don/ un régisseur de la Pallud, marié depuis ftuil jours avec une demoiselle Teillard de Beaujeu 141 , l'autre officier du régiment lyonnais 151, M. Pressavin, médecin de Beaujeu, et sa femme , tante de Mm e La Chapelle, un chanoine de Beaujeu, M . des Croix (de la Croix). seigneur d'Azolette. Mme Coupier et Mme Berger Cette communication a pour objet de p résenter les observa tions recueillies pa r l'abbé Duret lors d e visites en Beaujolais ou durant des co nversations avec certa in s de ses habitants. Ecrites à la diable et sans autre o rdre que chronologique, nous livrons ces notes telles quelles à votre appréciation. La fortune d 'un bourgeois-gentilhomme Un cous in de l'abbé, Pierre Gi raud , ma rié à Franço ise Nolhac, acquiert des Nagu la terre de Varen nes le 6 mars 1770 Son fils sert dans le 65 doivent aller passer quelques jours à Varennes. On y attend M. Giraud des Sauvages. Le fils Giraud doit revenir de son régiment à son congé... ( J774. f0 23/JJ ). terre (de Varennes) 500 000 L., ses maisons de ville 300 000 L., l'emploi de son fils 50 000 L... ( 1784: f0 B/23 v" et B/30 V0 ). Auparavant, l'abbé Duret s'était enquis de cette propriété. Peut-être a-t-il servi d'intermédiaire pour la vente. Voici une belle et récen te fo rtun e que la Révol ution détruira en grande part ie. La terre de Varennes de J3 à J4 mille livres (L.) de rente, un &ois de 40 000 L. prêt à couper à Ouincié, chêne. El à Belleroche, pour 80 à J00 000 francs dont 25 de sapin, pour 9 800 L. de fermes, y compris la rente qui vaut plus de J 200 L. Les terriers renouvellés, tant à Belleroche qu'à Varennes dep uis 4 ou 5 ans , ont coûté pour Belleroche 40 000 L. el pour Varennes 20 000 L. Plus de 25 domaines. Belleroche ... une grande pièce d'eau où beaucoup de poissons. 9 vignero11S , outre cela , qui donnent. année commune, 80 pièces el mis en état donneront J50 pièces. Un vigneron à Brouilly qui a fait J6 pièces celte année J769. M. de Varennes (Nagu) a fait celle année pour 3 600 L. de vin. Celte terre pourra rendre, dans quelques années, 4 pour cent el davantage Prix : 450 000 L. et 400 louis d'étrennes. les clefs à la main , tOLtS les frais du contrat et des lods payés par le vendeur. A Belleroche, un marché de toile tous les jeudis ou vendredis de l'année, comme à Chauffailles . et à Thizy ... M. Giraud veut meUre en bois Belleroche, le diviser en quatre parlions, faire une auberge, y établir une blancherie. C'était le projet de M. de Nagu ( J769. f0 J2/30 et J2/3 J ; Quelques visages du Beaujolais M. de Juliénas (Cola&aud) a obtenu le privilège de faire exp/ailer la mine de plomb de Juliénas et doit commencer après les vendanges. A la même époque, M. de Laurencin en fa it autant dans son d oma ine de Machy à Chasselay, mais l'un et l'a utre doivent arrêter leur prospecti o n, le gisement s'avérant trop . pauvre. Le même M . de Juli énas s'était-JI van té d'avoir une pièce d'ea u pouvant conten ir t o ute sa récolte de vin? La pièce d'eau ... contient 54 000 pieds cubes, or un tonneau de Beaujolais a deux pieds cubes à peu près , ... par conséquent. les 54 000 pieds cubes donnent à peu près 27 000 pièces ou 24 000 ânées, or la paroisse ne donne guère dans son produil total qu e J0 à J J ou 12 000 ânées au plus ( J765 , f0 5/ 19 et 20 ). Dix ans après, l'abbé Duret nous apprend un grand accident survenu chez M. de Juliénas. Faisait creuser poLtr les fondations d'un pavillon qui doit faire pendant à la chapelle. Un éboulement de terre considérable a écrasé deux hommes qui sont morts sur place. Un troisième tout moulu qui vit encore. mais qui ne peut en réchapper. Son cocher a eu la jambe cassée et quelques au tres estropiés ( 1775, J770, fO23/ 11 ). La nouvelle posi tion de M. de Varennes permet à son fils une belle carri ère dans l'armée. Engagé à 20 ans dans le régiment du Lyonnais. il est sousli e utenant en 1772, lieutenant en second en 1776. Par lui, l'a bbé Duret reçoit des informations de première main su r le siège de Gibraltar, la prise de Sa in t-Ch ristophe .. et en fait bénéficier ses lecteurs Passé à la compagnie des Cent-Suisses en 1780, le fils Giraud caracole à Versailles. Selon lui. la meilleure alliance est celle de l'argent ( 1784, f0 B/49) JI a grand train : cheval de M. Giraud , pie espagnol, qui fait l'admiration de Versailles. M . le Maréchal de (un blanc) lui a proposé de le vendre. M. le prince de Lambesc le lui a emprunté ( J786, f0 B/J36) JI obtient enfin la croix de Saint- Lo uis, couronnement d'une ca rrière de d ixneuf ans , ce qui ne l'empêche pas de poursu ivre ca r la Révol uti on l'incarcère pour avoir défendu le Roi le 10 aoOt 1792. fO26/17) (6 } Mme de Montmelas (Arad) aime son mari à en être jalouse. L'abbé Duret la dépeint comme grande, bien bâtie et belle. mais froide , roide et sans grâce, parlant peu ( 1769, F 12/12) . Le le' octobre 1784, il rencon tre Mme de Vaurenard (Corteille), la mère... se portant bien. gaie. couleurs naturelles , et note qu'e lle avait été trois fois à la messe, n'y alla pas dimanche passé à cause de l'humidité. Mlle de Vaurenard n'avait plus la fièvre. mais très faible , ni parfaitement bien . Un abbé, habit violet. fort grand et maigre ... 171 Trois jou rs après, il se rend à l'invitat ion de Mme de Vaurenard, où i l retrou ve à dîner M . et Mme~ l'Escluse (Mogniat ), mariés depuis t rois semaines, et note le nom de la jeune fille, Tave rn ost (Bellet) . Il remarque un cuvier de 16 cuves et de 6 pressoirs, marchons de pierre, 10 appartements complets, cour et avant-cour, 3 écuries de 12 chevaux chacune, grande pièce d'eau de 90 pas de long sur 75 de large ( 1784, F B/67) . Lors d'une visit e à Sa int-Trys , l'abbé Duret re trouve les Vaurenard, ma is déchire le filet servant de garniture Son père meurt en J784: l'abbé Duret laisse d'uti les informations sur sa fortune. Giraud de Varennes mort âgé de 80 ans le dimanche J6 mai. Laisse 1 100 000 L. suivant sa propre estimation qui est fort modérée. Donne à sa femme 10 000 L. de rente. quittes de toutes charges, son mobilier y compris et 20 000 L. d'argenterie, son carrosse et ses chevaux ... Le fils héritier auquel doit rester 30 000 L. de rente. 3 000 L. à son laquais. 350 L. de pension à sa gouvernante et sa cuisinière. Mille écus à chaque hôpital (de Lyon). 250 L. au cu ré de Montmort (?) M. Peisson .. . A estim é dans son testament sa M. à la robe de Mme de Va urena rd avec la boucle de (ses) jarretières ( 1786, f0 B/ 175 bis V0 ). Les Chaponay possèdent la terre de Morancé. Un jour que M. de Chaponay est aux eaux d'Aix pour douleurs venues en conséquence d'une chute, Mme de Chaponay, très honnête, me donne un bouquet et propose de le mettre à ma boutonnière, dit l'abbé Duret ( 1768. 66 r· B/20 v' 1 Parvenu à l'âge du mariage, leur fils avait {ail demander Mlle de la Rodw !C{wrrier). mais voulait 200 mille comptant et qu'on s'e11gageal à ne point favoriser la cacielle au préjudice de l'aîné. Ioules W11dilions qLii 11 ont PL1S C011vem1 Ella négociation n'a duré que f~t~il jours ( 1788. Bien d'autres fami l les sont citées d'une phrase. parfois de quelques mots. mais les Giraud de SaintTrys occupent une place particuliè re dans les chroniques. f ' C/10). rinalement. Chaponay épouse Mlle Durand de Chatil lon et les demoiselles de la Roche '>Ont mariées aux marqu is de la Condamine et de Monspey 1x1• Les dames de Saint-Trys Avec l'abbé Duret, nous pénétrons dans l'intimité de deux fam il les proches. les Giraud de Saint-Trys (Pommiers) et les Charrier de la Roche (Juliénas). Leurs mères sont les deux filles de Jean Durret. seigneur de Grigny. avec lequel l'abbé cherche à démontrer sa parenté Les Brac reviennent souvent dans les d1roniques car ils demeurent à Lyon comme l'abbé Ils étendent leur domaine La Pilonière vendue 100 000 L. à M. Brac il Sai11t-Laqer. Mme Bergeron a vendu son bien de SainlLaaer M . Brac. le fermier général, l'a acheté, le même qui était d1'jà acquéreur de la Pilonière appartenant à M ChareyZIL'li La galanterie invite à commencer pa r les dames pour lesquelles les chroniques ne cachent aucun détai 1. (17R6, f" B/ 152 v' et 272 v" ) 1'". Mme de Saini-Trys se purge, jeudi, lendemain du concert L'abbé Duret s'info r me de l'ancienneté des familles . il lit Guichenon. la Mure Mme de Saint- ( 1761, f" 1/ 11 ). Mmede Sainl-Trys accouchée mercredi d'un garçon ( 1762 , f" 3/ 11). Elle aura deux autres fils les deux années suivantes. aussi Mme de Saint-Trys Amour. h1m~re. s'appelle de Bussière. d'une famille du Beaujolais Et les M ignol (de Bussy) sont alliés par une wa11d-m~re à la même famille. do11t leur est venu le CfuJle/cnd (1786, f' B/ 148) Le grand-père de M. de la CfwsSUflllC, lieau-pl're de M. de Law1'11Cill, était secrétaire de la Grande Clranœllerie. So11 père, qui était brave au service. se liat/il l'Il duel à Lyon avec un seigneur el le tua ... fut obligé de qui/la le royaume. se relira en Piémont où devint colonel . . l~evinl e11 rrance el finit par être brigadier li est brigadier lui-HIÎ'me. La {emme de M de la Rocfll'tfiLIIOfl rsl une Sainte,\ulaire, ni~CI' de l'évêque de Poitiers Son nom est Thibaud, ori9i1wirc de Beaujeu. et (l'ienl) d'Lill commissaire à terrier. mais ano(J/i depuis le règne dï-lmri IV ( 1786 f' B/ 259 v· . 1775, f 29/7) fi prend une consultation sur le mal de ses jambes. en l'absence de son mari. On lui dit qu'elle Ill' peut plus faire d'en{a11l sa HS s'exposer... A son ma ri la décision ( 1766. f0 8/17 v' ) Les époux se séparent momentanément. Une sœur et une bel le-sœur de M. de Sa int-Trys onl aussi des soucis de santé. Mlle de Saint-Trys inoculée Son p/umaceau imprégné de merwre el autres drogues. Se rendent chez Gavinel 1111 A11lidote contre toutes sortes de venin ( 1767. f'' 9/19 v' ) Mme de Montbellet, allaque mercredi, se mel tau lit?) que l'après-midi Vésicatoires le lendemain. M Rasl " 1, SOil médecin. Après ces incidents, la vie reprend son cours. émaillée de faits divers. Généal o gie. fortune. illustrations familiales ... drames aussi Mlle d'Avenas (Gui/lin?). de I l ans. menée du'z M de Damas d'Antigny, cousin de Mlle Damas, à Mme de Saini-Trys, jouant avec l'ambassadeur d'Espagne, celui-ci lui dit en lui voyant el lui prenant une bague chargée d'un portrait en miniature: « Est-ce le portrait de votre époux ou de votre amant?». <t L'Lin el l'autre répondit-elle» . Il y en a qui veulent qLt'elle se soit trompée et qu'elle ail voulu dire de /'u11 ou de t·autre (1771 . f' 17/ 13). Sous le d1eval par son père. montée sur un d1eval el emportée un quart de lieLil' par les pieds. la tête penda~lle el ballante, sans COIIIlaissal!ce , toute défigurée. deux jambes rompues. trépanée el mort!.' ( 1762. f 5/20 v· ). 67 bénéfice du doute, rendons justice à sa vertu. Les relati o ns du ménage ne cessent d'être bonnes . M. de Saint-Trys (lui) a donné une garniture en point d'Alenço n de 1 800 L., vers le premier de l'an ( 1771 , f0 17/13 v0 ). Pendant que son mari se rend en Provence voir son fils. Mme de Saint-Trys et M. de Granoux 1131 vont à Paris pour deux mois à l'hôtel d'Autun (1773. f0 19/ 16) . Son mari , séjournant seul à Paris l'an née su iva nte, payera ses dettes qui se montent à 12 o u 13000L. ( 1774. f0 23/ 14). Le brave abbé, attent if à tout. note encore que Mme de Sa int-Trys a le père. (Il) est à Montbellet et ils sont chez Mme de Varissan. leur grand-mère. Jalousie entre eux et leur frère 'aîné que leur mère aime mieux ( 1784, f0 B/75) 1141. En effet, le fils aîné est l'objet de toute l'attent ion de ses parents . Agé de 13 ans, le petit Saint-Trys , après un séjour de 2411eures à Paris , mande à son père qu'il le trouve (Paris) si charmant qu'il y passerait volontiers sa vie ( 1775, F 27/7). Qu'est-il allé y fai re ? Il est reçu dans le mois de janvier ( 1776) au régiment de Commissaire Général par le marquis de Beuvron 1151 , à la sollicitation de M. l'Archevêque qui a été des plus chaudes et des plus vives. Mais son père n'a pu obtenir le brevet d'officier nécessaire pour faire carrière, les 25 ans de la croix de Saint-Louis. Aussi. Mm e de Saint-Trys écrit à M. de Montbarrey, . adjoint de M. de Saint-Germain, le même qui avait logé chez elle où il avait été malade, et sans doute entouré de les plus jolis pieds et les plus belles mains qu'on n'ait jamais vus. El l'on a à Grenoble le modèle de ses mains pour les gantS ( 1782, fOJ/ 189 V0 ). Faut- il att ribuer ses ennuis de sa nté au climat mal sai n du quartier d'Ainay, sous l'effet des odeurs et des miasmes des travaux Perra che quand souffle le vent du Midi? L'abbé Duret ne le dit pas. lui qui a tant décri é ce bouleversement de la vi lle. JI se contente de noter. M. de Saint-Trys venu me voir. .. Sa beaucoup de soi ns ( 1776. f0 27/14 et 28/3) . Officier dans un régiment renom mé, héri tier potentiel d'une gra nde fortun e. le destin de ce fils attire les familles désireuses de marier leurs fi lles. M. de Saint-Trys pourrait bien marier son fils à Paris à Mlle de Dreux, fille de 300 000 L. Loge enez M. de Rachais et Mme de Saint-Trys a fait retenir un appartement tout à côté. On croit qu'il lui achètera, tout de suite, une charge dans la maison du Roi ( 1784 , f0 B/ 18). Mais. du rant leur sé jour à Pari s. les parents ne parviennent pas à concl ure femme a une forte grippe et n'a pu sortir pour aller à la messe. L'hiver passé, un e cure pourrait la guérir. El le part mercredi. premier du mois de mai, pour aller consulter, en Suisse. le médecin de la montagne M. Tissot et prendre les eaux de Basseux (?) en Fra nche-Comté ( 1775, f0 27/7 et 28/ 13) . ce mariage. Deux ans ap rès, un nouveau pro jet se dessine. M. de Mais ri en ne l'épargne co mme nous l'a pprend cette histoire de la dent de Mme de Saint-Trys qu'on fut trois heures à lui arracher et qu'on ne lui arrachât pas ( 1781 , f0 NI 07) . Et les enn uis de repren dre les années suivantes. Mme de Sai nt-Trys n'est pas entièremen t guérie. mais elle monte. descend, marche. se promène à pied, a bon appétit. déjeune à merveille. i 1 est vrai que ses obstructions se ramollissent. leur volume diminue et on espère tout ( 1784, fa B/1 0) . Espé ran ces déçues. car peu après Mme de Saint-Trys retombée dans les accidents el obligée de garder le lit une dizaine de jours ( 1786, F B/86 v0 ) et son mari aussi fort oppressé d'une flu xion de poitrine et d'un gros rhum e ( 1786, f0 B/ 185). Saint-Trys donnera à son fils, mariage faisant, la terre de Montbellet, ses biens de Bresse. ceux d'Yzeron et se réserve la jouissance de Bagnols sa vie durant. (Il) l'institue son héritier, à charge de donner 100 000 écus à chacu n de ses frères . Il lui reste encore (à M. de Saint-Trys) Saint-Trys , Chambost et les maisons de ville. et il s'est chargé de la pension de Mme de Varissan. Malgré une bell e dotation, le père ne s'est donc pas totalement dépossédé Il est vrai que sa fortun e le permet 1161 • Sans dire encore son nom. l'abbé Duret note quelques précisions sur la jeune fille. Le père de la demoiselle porte le nom de Tory (?) et est maréchal de camp de 62 (nom mé en 1762). Vit à Saint-Germain ( 1786. F B/143). Et ce qui ne gâte ri en. el le a été élevée à l'abbaye au Bois. ordre de Citeaux, paroisse de Saint-Germain ( 1788, f° C/97 V0 ). Qua nd les Saint-Trys marient leur fil s aîné. apparaît une nouvelle Mme de Sai nt-Trys . On l'appelle Mme de Montbel let et l'abbé Du ret note les événements naturels d'un jeune ménage: Mm e de Mont bellet accouche d'un fils (1789 , f° C/ 162 v0 ) ; Mmede Ce fil s prend le nom de Montbellet et se marie le mercred i 5 juillet. A Saint-Trys, le 16 octobre, l'abbé Duret voit le jeune ménage et note que M. de Montbellet et son épouse ont été présentés au Roi avec leurs parents par M. de Segur. M. de Saint-Trys y était. Le Roi a signé Montbellet sur le point d'accoucher. Ira faire ses couches à Saint-Trys ( 1790. f0 C/208): Mme de Montbellet enceinte. Ce sera le troisième car elle a déjà un fils et une fille ( 1790. f° C/236 v" ). Les enfants de Saint-Trys (Montbellet, de Lys, Saint-Oyend) au contra t et ensuite ont été présentés à toute la famille royale qui en a fait autant ... C'est la faute du notaire si l'on n'a pas mis dans la GazeLLe que le Roi avait signé le contrat de mariage de M. de Montbellet ( 1786, F0 B/ 148. B/ 158 V0 , On a vu Mme de Saint-Trys souffrir des naissances répétées de ses fils. Le prem ier s'appel lera Montbel let. le second s'appelle du Lys. le troisième de Saint Oyend ( 1782 . f0 N l74 ). Les deux fils cadets brouillés avec B/17'5). Il l'écrit, partageant - semble-t-il- le regret des parents que les jou rn aux n'aient pas signalé un si beau mariage. La demoisel le n'est autre que Juli e- Paulin e de Colbe rt, fille du marquis de Chabanais. maréchal de camp des armées du Roi . 68 Portrait de Mme de Vau renard nt'.• Elisa[1elf1 Cuss1'l Barlf1éh•my Cortei/h• de Vau renard ( 1680-1770) Après le mariage.... les naissances. La famille de Colbert entre dans l'environnement familial des Saint-Trys. M de Sourdis <nt Colbert. qui a tenu (sur les {o111s 6aplismau'<)l'en{anl de M de Montbellet avec Mme de Quant aux autres fi ls. ils subiront le sort des cadets de famille. En 1783. on parlait du mariage du second avec M lle de Montfort. fille du trésorier de la ville. futur prévôt des marchands. Mais il semble que ses parents se soient opposés à ce mariage. Il en est fort contri. les Tholosan aussi ( 1782. f" B/170). Brouillés avec leur frère aîné. préféré de leurs parents. recueillis par leur grand-mère. ils s'épaulent mutuellement. En 1788. le troisième. M de Saint-Oyend. officier de la vieille marine. devait embarquer à Toulon et pour deux ans. Son frère Varisswr . lui a {ail présent comme à sa commère. de deux ma911i{iques f]irandoles sur pied à trois branches de cristal de roc lie mo111ées en or moulé de la piLts wande beauté ( 1788. f C/22) Ft. lors de la première émigration. Mme la marquise de Cfwbanais. qtti sortait du royaume. sera accompagnée de M. de Sa1nt-Trys ( 1789, f' C/75) Li') dl' il\ tal)/t•,HI\ de Mesdmwisdles de Vau renard l.'ww des deu\ esl cel ft• donl parle l'abbé Du rel 69 famille se trouve à Saint-Trys. On échange de.s informations sur les faits politiques. De Paris. M. de Montbellet écrit que le parti de la Reine va tous les jours M. de Lys s'est mis dans la brouette du courrier pour aller hti dire adieLt. Mais l'embarquement n'a pas lieu et ils se retrouvent tous deux à Lyon ( 1788, roC/263 el 277). diminuant. Presque seule, (elle) se tient fermée dans son appartement où elle brode ( 1789 , f0 C/97 v0 ). Un visiteur de Montbellet retrouverait aujourd'hu i le décor observé par l'abbé Duret. Ses notes ont va leur de souvenir. En 1766, M . de Saint-Trys a acheté pour 80 ou 90 L. d'oranges (orangers) à la Chaise ( 1766, 8/ 11 ). Dix-sept ans après , il en reparlera. Le château de Saint-T rys et ses hôtes Pendant les vacances d'été. l'abbé Duret séjourne à Monlluzin (Chasselay) chez ses cousins Lacour 1171. De là, il rend visite à leurs vo isins proches, les Laurencin à Machy, les Bellescize, les Chasseing.. Il tente aussi des expéditions plus lointaines chez le président Charrier de la Roche à Juliénas ou chez l'abbé Charrier, son frère, dans son château d'Estours en Mâconnais. Chaque année ou presque. il va à Saint-Trys et note les personnes formant la compagnie et les aménagements de la propriété. Cabinet de M. de Sairrt-Trys. à pans coupés. Quatre jolis petits tableaux représentant des génies ... en cadres richement sculptés dorés au-dessus des portes. Urr dessus de cheminée et vis-à-vis, au-dessus d'une porte d'alcôve une guirlande. Dans l'alcôve, le plafond peint, Espagne(?). bronzée et dorée, carreaux de Bohême. Ensuite une garde-robe avec une très belle fontaine. où point de robinet. .. ( 1770. rn 15/14). Mme la MaieLtre, Mme de Jouis, Mme de Mions avec des A11glais et quelques agréables Français ... Mme de BuLtery, Mlle de Montbellet, M. et Mme de Verna à Saint-Trys le vendredi 17 ( 1773 . f" 20/2 V0 et 21/3 v" ) Vaste et magnifique salle de billard . Les mansardes renferment une suite d'appartements . (Le propriétaire) a dix lits de maître à donner, outre ceux de sa femme. enfants. précepteur et le sien ( 1774. f0 22/9) . L'année suivante. le 4 août. allé de Montluzin à Sai~rt Trys Trouvé sur le perro11 Mme de la Collo11ges qui s'en allait. le curé de (illisible) qui avait apporté urr lièvre, le chanoine Laval, M. et Mme de Verna, Mme de Grésa/les, Mlle de Foumillon arrivées la veille qui s'en retournaient à 4 f1 1/ 2 Mme de Saint-Trys devait revenir de Paris et arriver ce iour-là même ( 1774, r 22/9) . En 1775. poursuite de grands travaux: Ses agencements du premier étage, ses commodités surtout avec pompe el tapisserie en forme de porcelaine. Les commodes faites exprès à la grecque et en couleur du meuble, les tables. secrétaires. driffonnières , tabagies de même. Les tapisseries d'un goût exquis. )'ai vu Mme de Saint-Trys dans son boudoir à toi/eUe. la plus jolie dwse du monde ... (M. de Saint-Trys) est bien dans le dessein de faire une barrière au fond de l'avenue. Lors d'une visite à l' abbé, le En 1775, allé à Saint-Trys le mercredi 8 novembre. Mme de Saint-Trys y est. M. de Vaurenard y vient. Sa femme a une extinction de voix. M . de la Chassagne y vient. M. de la C{rapelle fils , M. Jonquet , M . de Margnolas en partant d' Anse . Mme la Majeure . M. de Saint -Clou (?) , Mlle Crosse. M. le chevalier de Saint-Fons . M . le Majeur les avait précédé à cfreval ( 1775, f' 26/5). 27 décembre « jour de Saint-Etienne», M. de SaintTrys annonce qu'il va passer une partie de l'hiver à Saint- Trys et y faire des choses qui étonneront. Doit faire sa machine err rouage cuivre (?) et la loger dans un ouvrage de maçonnerie de pierre. On peut supposer qu'il s'agit d 'une pompe. peut-être mun ie d 'une mach ine à vapeur. ce qui est de la dernière mode . Quelques jours après, l'abbé note encore: M . de Saint-Trys a plus de 500 aunes de tissus de soie pour meubler el tapisser le Un an après, l'abbé Du ret retrouve à peu près la même compagnie. Allé à Saint-Trys le 13 septembre. N'y trouve que Mme de Sairrt-Trys , M. de Saint-Trys étant à Montbellet. Mme de Varissan y étant depuis la veille. Une dame de compagnie, M. de la Chapelle, M. de la Chassagne le fils . De la conversation, l'abbé Duret retient que M. de la Chapelle (est) po ur 10 000 L. chez M . de Montriblou. La fa il lite du trésorier de la vill e est la grande affaire des familles lyonnaises ( 1776, f') Nll7 v0 ) rez-de-chaussée de Saint-Trys. que son père avait fait fabriquer à M. Denis, le grand-père. Il dispose aussi d'une très &elle ca rrière de pierre de taille auprès de Saint-Trys, dont la qualité est de résister à la gelée. Ma is les entrepreneurs de chemins l'y viennent prendre sans aucune façon, disant qu'ils en ont le droit partout où ils jugent convenable (l ill ( 1775, Des lacunes dans les chroniques ne permettent pas d'énumérer toutes les visites. ce serait fasti d ieux. fO 26/5 V0 , 26/13, 27/2 V0 , 27/10 V0 , 27/15). L'a n née suivant e, l'abbé Duret pe ut juge r des no uvea ux aménagements: Bâtiments en trois endroits; la basse-cour où les bâtiments auront au fond 100 pieds de large et par côté plus de 250; bâtiment au bas de l'aven ue Après le ma ri age d u fils aîné. on retrouve encore les mêmes ge ns le 16 octobre 1786. Les jeun es mariés sont insta l lés dans l'appartement que leurs parents ont fait aménager pour eux. Ils porten t le nom de Montbellet. ce qui permet de noter que Montbellet (était) reconnu com me baron nie par cinq aveux. deux dénombrements el cinq prestations de foi et hommage enregistrées ( 1786, fD B/ 175). La dern ière visite date à l'entrée du bois qui est au couchant, une /avanderie, une cframbre pour (re)passer, une petite cour et au-delà un four eL un pâtissier. Au-dessus du bois qui est au midi, une prolongation de la terrasse terminée par une balustrade en pierre et, en &as, on doit faire un potager ( 1776, du 20 octobre 1789. Plus de mondanités. seule la f0 Nl l 7 70 0 V ). joseph Fabre du Verrray ( 17 15) à lëige de 33 atts Père de Marie Bonne Mme Josepft Fabre du Vernay (née Jeamte de Nolftac) . Mère de Marie Bonne, parente de l'abbé Du ret Les grand s travaux semblent achevés. Se ul un accident va provoquer des réparations ca r le feu a pris à Saini -Trys dans une ancienne basse-cour par un four crevé, mai s on a arrêté le progrès en coupant le toit ( 1780, f0 N38). Ain si aménagé, le vieux château de Sai nt-Trys sera digne d'accueillir les Colbert, ai nsi que l'intendant de la Généra lité, M. de Flesselles, et sa femme qui en apprécient le sé jour ( 1785 , f0 N49, N 139 et N 169 V0 ). Il ne suffit pa s de bâtir, i 1 faut pla nt er aussi. Les Conclusion orangers de M. de Saint-Trys commencent à porter des fleurs et des fruits malgré ce qu'on dit. Et l'abbé Du ret s'excla me: Est-ce un miracle? Je vous le laisse à juger ( 1780, f'' N81 ). Le suj et n'est pas épuisé . mais votre patience, Monsieur le Préside nt, Mesdames , Messieurs. commence à l'êt re. L'abbé Duret cite bien d'a utres Mme François-Gabriel Corleillede Vau renard née Marie Bonne Fabre du Vernay t 3 1 janvier 1837 François-Gabriel Corteille de Vau renard ( 1734- 1793). condamné à mort parletributwl rfvo lutiomwire el guillotiné le 21 décembre à Lyon 71 faits com me cette histoire du wré d'E meringes trouvé au fond d'un puits, quinze jours après avoir été perdu ( 1771 , Et pour achever, permettez-moi d'exprimer. publiquement ma gratitude à une jeune Ca ladoise. inconnue aujo urd 'hui, Sybille Durret de l' Etang qui . le 10 ju in 1795, p réleva des séquest res révol ut ionna i res une mul ti t ude de papiers dont les écrits de son onc le, ainsi qu 'à MM. Cochard, Coste et de Verna grâce auxquels il s sont parve nu s jusqu'à no us. Paul FEUGA 13 novembre 1993 f'' 17/ 5) Grâce à lui . o n peut dresser une liste des catas trophes naturell es su rvenues en Beau jolais : grêle, gel, tremblement de terre ... On pe ut établir une mercuriale des vins selon les crus et les années. le lai sse à l'Académie de Villefranche la sé lection beaujolaise des 1 500 pages de chroniques. L'abbé Du ret a lai ssé, au total, près de 10 000 pages manuscrites ! N .D .L.R. Paul Feu ga nous prie de renouveler auprès de nos lecteu rs sa demande faite à la fin de la séa nce du 13 novembre : Les papiers et l' héritage de l'abbé Duret sont parvenus entre les mains de son frère Maurice Durret (sic) de l'Etang. Après avoir servi au régiment de Bresse, celui-ci devi nt lieutenant civil et cri minel en l'élection de Vi llefran che, en 1765. Marié à Angélique-Louise Royer de Fo ntenay, il eut plusieu rs enfants nés, sans doute, à Ville franche, dont un e fille qui y épousa le 17 avri l 1787 loseph Bourdon , avocat du roi au bailliage et présidial de Mâcon. Une autre fille, Sibi lle, recueillit pour le compte de son père la succession de l'abbé; ainsi que cela est rapporté à la fin de l'exposé de M. Feuga. Une petite recherche de posté ri té enrich i rait notre connaissance. On pourrait espérer trouver un portrait de l'abbé et la façon dont ses manu scrits sont parvenus ju squ 'à nous. la bibl iothèque muni cipale de Lyo n n'aya nt pas conservé trace des «origines de propriété >) . Le lecteur des chro niques trouvera une multitude d'info rmati o ns s ur la vie et les conflits du clergé, les manufactures , l' urbanis me, les querelles municipales. la pol itique. les guerres. les grands procès en la Sénéchaussée et en l'Officialité , etc. Ce n'est pas d e la grande hi stoire, mais une accumulation de faits d'imp o rtance s diverses qui décr ivent l'am biance dan s laquelle vivait un observateur averti. En vous rem erci ant de vot re attention, je voudrais aussi manifester ma reco nnaissa nce à M . Marc du Pouget qui m 'a permis pendant plus d'un an de viv re avec l'abbé Du ret cette fin du XVIW siècle .. . et notre tâche n'est pas achevée. NOTES ( 1) Le véritable nom est Durret. mais la coutume est aujourd' hu i d'écrire ce nom avec un seul « r » ( Il ) Antoine-Nicolas Gavi net. 1724- J 795. pharmacien et membre de l'Académ ie de Lyon . (2) ADR, E 803. ( 12) Jean-Baptiste-An toine Rast de Maupas. 1732- 181 0, médecin et membre de l'Académie de Lyon. (3) Jacques-Catherin Charrier, d it M. de Cflénas, pui s Charrier de Grigny, frère du président Charrier de la Roche et de l'abbé Cha rri er. Install é à Lyon vers 1775. il devint un intime de l'abbé Duret. Les chroniques désignent les personnes par leu r nom de terre et non par l e ur pat r o ny m e. ce qui en rend l'identification plus difficile. (4) An ne-M a r ie Teilla rd ( 13) Hen ri-Frédéric de la Pimpie, seigneur de Granoux. époux de Lu crèce Giraud, sœur de M. de Saint-Trys. M. de Granoux, demeurant à Paris et en Ardèche, est un fidèle informateur de l'abbé Duret. (1 4) A nne - H esseler de Bagnols , épo u se de Jean-Baptiste Lou is Croppet de Varissan t. eut deux filles. Mme de Saint-Trys et Mme la Majeure. épouse de M. d e la Ve rp illi ère, major pu is prévôt des marchands de la vi lie de Lyon. Les trois fi ls de M. de Sai nt -Trys son t Georges-Marie, baron de Montbellet. Jea n-Baptiste. M. de Lys, célibataire guillotiné en 1794. e t Jean-Bapt i ste, M. de Sai nt-Oyend, marié en 1797 à Augustine de Reveton, veuve de Jean-Baptiste Desvernay, sur la famille duquel l'abbé Duret avait ironisé à ca use de leur fortune récente. mariée à Bea uj e u l e 27 septembre 1774 à André de la Chapelle. écuyer. fils d'un échevin de Lyon Jean-Baptiste Pressavin, médecin. oncle d'Anne-Marie Teillard, siége ra à la Convention et aux Cinq-Cents. !5) lean-Ma ri e-Geoffroy de la Chapelle, officier du régiment de Lyonnais de 1760 à 1775 (6) Jacques Colabaud. seigneur de juliénas , marié à Françoise Vande de Sa int-André. (7) Mme de Vaurenard la mère: Elisabeth Cusset, veuve de Barthé lémy Corteille de Vaurenard . En 1786. Mme de Vaurenard est Marie-Bonne Fabre du Vernay, nièce de l'abbé Duret ( 15) Anne-François d'Harcourt. marquis de Beuvron , 1ieutenant généra 1. ( 16) Les chroniques donnent par ailleurs d'utiles ren seignements sur la fortune de M. de Saint-Trys, l'héritage de Mme de Varissan et le partage avec Mme de la Verpillière Voir aussi M. Garden. «Lyon el les Lyon nais au XVII I~ siècle», p 270 et 271 . !81 En 1768, Mme de Chaponay est Suzanne Nicolau. fille du receveur de la ville. En 1788, M. de Chaponay est son fils. Pierre-Anne, qui épouse ra en 1796 Marie-Bonne-Antoinette Durand de Chati ll on. ( 17) lean-Bapt iste Lacour, seigneur de Montluzin, (9) François- Pi erre-Suzane Brac de l a Perrière, 1725-1800. avocat et échevin de Lyon. échevin de Lyon, ma rié à Fra nçoise Gira ud, cous ine germa ine de l'abbé Duret. 1101 Les généalogies de toutes ces familles sont (18) Les personnes rencontrées à Saint-Trys son t des données par Clavière. louvencel. Salomon. etc. voisins ou de proches parents des propriéta ires 72 GUY CLAUDEY Directeur du Service municipal« Patrimoine et TraditiMrs Villefranche-Beau jolais » LE COLLÈGE DES FRÈRES Villefranche ...sur... saône, 1806 ... 1904 21 janvier 1964 ... Très nombreux sont les habitants de Villefra nche qui passent leur soirée en n'ayant d'oreilles que pour leur poste de radio, pour suivre avec passion le jeu radiophonique Seul contre tous qui se déroule ce jour-là en leur ville. Tandis que la passion et l'angoisse montent au fur el à mesure des bonnes réponses aLrX questions posées. c'est subitement la consternation : leur candidate, Mlle Sicard, vient de perdre, mettant alors {in au suspense caladois. La qLfeslion est d'autant plus perfide qu'elle fait appel à un aspect de la mémoire locale dans laquelle l'histoire du collège de Villefranche el du collège de Mongré ont toujours éclipsé celle de l'école el du collège des Frères. Avant de faire la lumière sur cette facette de la vie scolaire caladoise du X lXi siècle, il est nécessaire de présenter les lieux et décors de cette petite cité scolaire. à savoir l'ancien couvent des Dames de la Visitation soit la partie ouest de l'actuel ensemble immobilier de la rue Paul-Bert. Err 1632, sur le territoire de Gleizé, près des remparts de Villefranche, vers la porte ouest, appelée aussi porte des Abreuvoirs ou porte des Frères . fut édifié le couvent des Dames de la Visitation Sa inte-Marie. Ce monastère, s'il engendra à sa création, mais pour peu de temps, le mécontentement des échevins de Villefranche, se développa tout en se consacrant, parallèlement à la vie conventuelle, à l'éducation des jeunes filles de la noblesse el de la bourgeoisie, jusqu'à la tourmente révolutionnaire où il fut vendu en plusieurs lots com me bien national, le 10 octobre 1792. 1 la Révolution française ava it mis à mal. en les supprim ant. tous les établissements confessionnels, le Consulat. tout en rétablissant l'ordre public. permit le reto ur des écoles, réo rganisées de toute part avec le plus grand empressement par les so ins du clergé et des autorités municipales. Au prix d'acqu isition s successives, la ville parvint à redevenir propriétaire de tous les bâtiments de l'a ncien couvent des Vis itandines: elle en affecta une partie au collège de Villefranche, di t collège des Echevins, qui s'y installa en 1804, quittant définitivement l'immeuble de la rue Nationale (actuel no 362) qu'il occupai t depuis 1591 L'a dministration des Hos pices. en accord avec M . Genevey, curé de Villefran che, co nfia alors ce projet à la société des Frères des écoles chrétiennes qui avait pour mi ss io n principale l'éducat io n des enfants pauvres. Par la voie d' un e co nvention pa ssée le 23 décembre 1806, les Hospices de Lyon s'engagent à régler la rétributi on de deux institu teurs à raison de 600 F chacun, pui s une somme de 2 000 F pou r les meubles, linges, batteries de cuisine et autres objets nécessaires. et prend à sa cha rge la fabrication et l'entretien des bancs et pupitres et la fourniture des poêles. Le 16 janvier 1807, 203 enfants se pressent devant l'immeuble situé au n° 84 de l'actuelle rue Déchavanne pour effectuer leu r rentrée scolai re sous la direction du frère Adelard. ass isté de deux autres frères. En 1804, Claude-Marie Philibert Déchavanne . ancien médecin en chef de l'hôpital, qui fut nommé officier municipal en 1784, décède. alors qu'il est conseiller de préfecture du Rhône, en désignant comme héritiers uni versels les Hosp ices de Lyon, sous réserve que so it établie dans l'une des deux maisons qu 'il possède à Villefranche une école pour les garçons. à charge d'assurer le logement des instituteurs. leurs traitements et frais accessoires . Bien qu'ayant approuvé l'établissement de cette école, l 'admini stration municipa le at tendra le 1er juillet 18 19 pour accorder 250 F d'aide, so us l'influence de M. Humbl ol, négociant et adjoi nt au maire, tandi s qu e M. le Curé com plète le traitemen t des frè res qui ne receva i ent que 1 200 F de 73 l'admini s tr atio n des H os pice s En 1824 . M llumblot fonde une rente à partager en tre les pauvres (3/5). 1école des filles des sœ urs SaintCharles ( 1/5) et les frères ( 1/5) En janvier 1847. tandis que l'abbé Vanel succédait à M. de Faubert. nommé chano1ne à la primatiale de Lyon.<( La Providence >>sert de lieu de résidence à 17 frères employés à l'orphelinat . au cou rs d'adultes. à l'école payante. à l'éco le gratuite Déchavanne et à l'école de la Claire fondée en 1843 par Mme de La Barmondière. qui céda aussi sa propriété de Mongré aux jésuites. En 1833 la ville aya nt acquis le bâtiment attenant à la chapelle de l'ancien couvent où se trouva it déjà le collège communal. y installe l'école normale départementale des in st ituteu rs à laq uel le es t annexée une école primaire. dite éco le mutuelle 1innovation pédagogique fort à la mode provenant d'Angleterre) dont les élèves doivent payer une rétribution an nu elle. En septem bre 1842. le conseil municipal décide que cette école ne fera it plu s partie de l'école normale et serait entiè remen t communale En 1839. le frère Serene. directeur depuis 1830. organise un cours d'adultes fréquenté par un grand nombre d'ouvriers et sollicite de la muni cipalité la prise en charge des frai s d'installation du gaz. Peu empressée à augmenter sa participation à l'éco le congrégan iste. la ville mettra deux ans pour voter un créd it de 300 F pour ces travaux . Les cours d'adultes nécessitant un quatrième frère. l'administ ration des Hospices de Lyon fait passer sa pa rticipatio n à 1 500 Fau titre de la rétribution de tro is frères. sous l' impulsi o n du mai re d e Lyon , M Terme, qui, d'a bord imbu de préj ugés contre les frères. éta it devenu un de leurs plu s dévoués parti sans en arri va nt à la tête de l 'ad mini st rati o n lyonnaise En 1850, Frédérix Falloux . ministre de l'In struct ion publiqu e. fit vot er une loi scolaire assurant la liberté de l' enseignement secondaire. décisio n très favo rable à l'Eglise. Aussi, dès 1851 , s'ouvre le collège de Mongré avec l'appui imméd iat des autorités et des classes aisées de la cité caladoise et du Bea ujo la is. jusqu 'a lo rs, « l'administ ration municipale ne prenait intérêt au collège de Villefranche qu'à la condition qu'il ne coûte rien à la ville» (d iscours des prix de 1899) ; aussi, lorsqu 'une nouvelle loi mit le collège à sa charge, le conseil muni cipal. profitant du départ à la retraite du principa l. M. Canac. qui avait lutté mais en vain co ntre la concurrence de Mongré, décide la fe rmeture du collège le 2 juin 1854. Au co urs de la même séa nce muni cipa le. le mai re. Barthélémy Boi ron, donne lecture de la donation fa ite à la vill e par Charles de Faubert, ancien curé de Villefranche, portant sur sa propriété de « La Providence » à la condition d'en la isser la joui ssance aux frères des écoles chrétiennes tant qu'ils auraient une existence légale. Cependant, est-il précisé, « la ville a la faculté de donner à cette propriété la Malgré cette augmentation. le traitement de quatre frères. soit 2 400 F. ne pouvant encore être assuré, Cha rl es Barthélemy Courbon de Faubert. curé de Villefranche. qui donnait déjà une participation ann uell e de 600 F, sollicita le conseil municipal pou r une allocation annuelle de 300 F En réponse, le conse il et le maire. M. Du rieu-Millet. l'invitent à s'entendre avec le titulaire de l'éco le primaire comm unale pour lui envoyer ceux des enfants qui . faute de place. ne peuvent être admis chez les frères .. destina lion qui lui conviendra à la charge pour elle de fournir aux frères un autre local convenable et équivalent quant aux bâtiments seulement ». Deux mois seu lement après ce conseil municipal q ui avai t alors accepté la donat ion, M. le Maire expose à ses conseillers que, face à l'épidémie de cholé ra qui sévit et qui nécessite de réprimer le vagabo ndage, la ville ayant besoin d'un local sain et spacieux, il propose de tran sférer l'éco le payante des frères, « dont l'enseignement plaît davantage à la bourgeoisie caladoise », du bâtiment de « La Providence » où elle est établie dans les locaux libérés par le collège. Le transfert accepté est imm édiat, tandis que le frère Serene. après vingt-trois ans de présence. la isse sa place au frère Presidie qui fut nomm é instituteur communal En face de ce parti pris et craignant qu'après lui l'œuvre de l'école chrétienne ne pOt se maintenir, M le Curé. q ui avait acq uis en 1837 une propriété pour un o rphe linat de garçons dit (( La Providence>> et en avait confié le so in aux frères. fit en 1844 l'acquis iti on d'une mai son située rue de la Cure dans l'i ntention d'y insta ller un demi-pensio nnat ou école payante. Ce projet ne fut pas autorisé par crainte de nui re au co ll ège. et la m aison fut revendue. Les frères ouvrent cependant une école payante en 1846 pour se créer des ressources et s'affranchir au plus tôt de « La Providence» dont le sé jour devenait de plus en plus pénible. les frères n'y ayant aucune initiati ve. attendu qu'ils sont subordo nn és à MM. les Vicaires qui ont la directi on de l'orph el i nat et ne fo nt rien pour l'e ntretien du matériel et du bâtiment. En 1855. à la suggestion du frère directeur de créer un pen sionnat. la muni cipa lité déclare que non seulement elle ne s'y oppose point, ma is encore qu'elle voit cette création avec satis faction; ainsi se créa le pensionnat Sainte-Ma rie. En 1861, il comprend 193 élèves (51 pens io nnaires, 12 demipensionna ires, 130 externes payants) et l'école g ratui t e de la mais o n Déchavanne compte 300 enfants répartis en trois classes. 74 Cette même année. l'école normale départementale s'insta lle dans ses nouveaux loca ux éd iriés près de la place du Promenoir (actuel lement collège Jean-Moulin). libérant le local qu 'elle occupe en face du pensionnat , tout à côté de la chapelle. metlant fin également à quelques querelles de voisinage. L'administration décide alors d'installer l'école de la rue Déchavanne (ainsi que ce lle du château d'eau tenue aussi par les frères) dans ce local disponible Ce transfert fait alors l'objet d'une conven tion avec les Hospices de Lyon qui l'acceptent so us réserve que le nom de Déchavanne reste lié à l'éco le gratuite et que la ville prenne à sa charge son entretien comme les Hospices l'avaient fait jusqu'alors La maison Déchavanne est alors affectée. après réparations , aux classes pour jeunes filles tenues par les sœurs Saint-Charles. l'éco le du soir, lai ssant espérer au maire la possibilité de transformer ces cours en une éco le profêssionnelle ... idée qui n' eu t pas de suite dans l'immédiat. Le pensionnat ne cesse de se développer, avec des cours de gymnastique, des cours de musique qui permettent la créat ion d'un ensemble instrumental. .. Les élèves, admissibles dès l'âge de 16 ans, sont fiers de leur uniforme: veste et pantalon en drap noir. gi let noir avec boutons à grelots, cravate de soie noire, casquette noire avec li seré d'or remplacée par un chapeau de paille l'été ... Outre la nécessité de nouveaux travaux, la place fait vite défaut. En 1868, le pens io nnat accueille 229 élèves, aussi le frère directeur avec l'accord du maire fit démolir un vieux bâtiment pour construire un nouvel immeuble. En 1864, c'est le frère Orbanis qui prend la direction de la com munauté qui compte 20 frères avec 5 classes gratuites (330 élèves). 7 classes payantes et le pensionnat ( 185 élèves) . Les vacances estivales sont employées à d'importants travaux et aménagements effectués tant par les frères que par la comm une, et la fin de ces chantiers d'utilit é et d'e mbellissement est couronnée par l'érection d'une statue de l'Immaculée Conception au-dessus de la fontaine de la place dite du Collège. La commu nau té achète également. à M. Lorrain. un vaste terrain voisin qu i permet d'agrandi r la cour de récréation tout en maintenant un vaste jardin à l'usage des frères La ville augmente aussi son concou rs financier pour les cours d'adultes fréquentés par près de 80 personnes. l'empressement que mettait la classe ouvrière à se rend re à La municipalité , qu i avait été élue en 1867, n'étant pas favorable au pensionnat qui était payant, accrut cependant son aide à l'école gratuite en installant deux nouvelles classes au premier étage du bâtiment reliant les deux ailes au fond de la place, tout en acceptant la charge de deux frères supplémenta ires (il en fut de même pou r une classe chez les sœurs). Les fra is de construction ayant absorbé les fonds disponibles. le frère directeur doit alors avoir recours aux hypothèques sur le jardin pour faire face aux difficultés financières. La guerre de 1870 est particulièrement funeste pour la communauté. Des bruits ma lveillants circulent quant à un départ proche des frères : de toutes parts arrivent dès lors les notes des fourn isseu rs et créanciers tand is que les débiteurs cherchen t à 75 l' administration. que l 'o n dit pourtant «sans entrailles». modifie sa position : le maire vient en personne demander aux frères de continue r leurs classes sans avoir à ouvrir leu rs portes aux instituteurs laïques. Le conseil municipa l du mois d'avril 1880 modère le projet initial de la comm une, reconnaissant l'existence des deux types d'écoles. pour répondre aux aspirations légitimes de toute la population. gagner du temps en vue d'un éventuel départ qui sauverait leurs dettes ... Le climat se dégrade à tel point qu'il devient dangereux pour les frères de paraître dans les rues, ce qui. en l'absence de leur aumô nier. engage M. le Curé à leur faire dire la messe sur p lace. dans la chapelle. To ute désirée qu'elle est, la prochaine rentrée des classes est cause de perplexité en présence de l'effervescence entretenue dans les esprits par les clubs démagogi ques et des publications incendiaires. Le maire provi so ire , M . Cornier. ne s'oppose point à cette rentrée, mais lai sse entendre que le concours financier de la ville sera it en partie supp rimé .. Le 9 octobre 1870. les frères ouvrent leurs établissement s et accuei ll ent 347 enfa nts (251 à l'école gratui te 92 au pensionnat) ! L ennemi ne dort pas [115!'11111/t• 1115tnoll!'lltll/ du colli·fle. Devant libérer le local de l'école gratuite. les frères se réinstallent dans la maison Déchavanne; un inventaire du mobilier et des effets scolaires est dressé pour faire un partage, les co mptes sont apurés et les sommes dues aux frères sont soldées tandis qu'une participation au chauffage et aux traitements est maintenue. sous la direcliOI1 du frère riarc·- BapliSlt' L'école laïque ouvre le 4 décembre 187 1 et compte pour autant Su ite à la démission du maire. c'est Casimir Jugy, président d'honneur de la Loge maçonnique " La Fraternité progressive » et du Comité démocratique. qui est placé à la tête de la ville Il fait immédiatement adopter la création d'une école communale laïque et la suppression de toute aide aux écoles chrétiennes En décembre. le maire. déclarant que to utes les écoles primaires sont laïcisées. demande aux frères la restitution des locaux de l'école gratuite. l'administration des Hospices de Lyon intervient alors pour obtenir un référé si la ville persiste dans ses projets à la fin de l'année scolaire 130 élèves. les frères accueillant 392 enfants (251 à l'école gratuite et 141 au pensionnat). Le voisinage des deux écoles engendre quelques troubles durant plusieurs semaines. que 1on ne put faire cesser sans l'intervention de la pol ice. Tandis que des conseill ers mun icipa ux, partisans farouches de l'école laïque. se mettent en quête de procurer des livrets de Caisse d'Epargne aux élèves. M. Morin. notaire prend l'initiative de créer un comité en faveur des écoles chréllen nes Au même moment, malgré les garanties qui leur avaient été données, les frères doivent accueillir et héberger une légion militaire composée d'Alsaciens et de Lorrains. puis une ambu lance du rant quatre mois Leur accueil et leur dévouement produisent alors un effet favorable sur l'esprit public. et Mais, sur le refus de M. le Curé d'y prend re part pour ne pas créer deux clans dans la vi lle. ce pro jet n'eut pas de sui te. ce qui n'empêche pas l'ecclésiastique de fourni r des subsides pour le mobi li er. le chauffage, les fournitures et le versement de 76 divers dons. Le pension nat apporte aussi so n concours en orga nisant des séances littérai res et récréatives. A la rentrée suivante, le 12 septembre 1872, l'éco le laïque compte 125 élèves, celle des frères 243 et le pensionnat 149. que leu rs écoles gratuites compten t autant d'élèves que les écoles laïques. Lors de ce même budget, une rétribution scola ire men suelle de 2 F fut établie sur les enfants étrangers à la comm une ( I l chez les frères. 16 à l'école laïque). En 1873, ou tre la décision d'ouvrir une école laïque de filles. le conseil municipal annule sa participati on pour les fo urnitures des écoles chrétiennes qui avaient to rt de n e p o i nt les achet er ch ez M. Moguenet, libraire et maire ! Les élect ion s de jui n 1873 permettent J'a rrivée d'une nouvelle mun ic ipa l ité avec M . DumontSaun ier. qu i t ient à réparer t rès rapidement les «erreu rs» du maire précéden t : tout en annul ant des décisions antérieures. le conseil mun icipal sign ifie à M. Moguenet de n'avoi r plus à livrer. à l'aven ir. aucune fourn itu re au com pte de la ville pour les écoles communa les ... En février 1874 . le no uvea u maire , M . Monin. notaire, engage le frère Orban is à créer un cours d'enseignemen t supéri eur publ ic avec l'appui des chefs d'us ines et d'ateliers de la cité. mai s les cours ne durèren t que deux ans. Diverses répa ra t ions et t rava ux sont effectués au pensionnat avec l'affectation de nouveaux loca ux qui permettent aux frères de quitter à no uvea u la mai son Déchava nne. qui voi t le retour des sœurs Saint-Cha rl es; en outre, la comm une augme nte ses con tributi ons po ur l'achat de mobilier scolaire. le réaj ustement des traitements et des logements supplémentai res. En 1875. le budget scolaire de la commune se monte à 2 1 190 F co ntre 15 750 Fen 1873 , so i t 30% d'augmentat ion en deux ans. Frère Abel-Polycarpe. directeur de 1878 à 1904 M . Mogue net, res p o nsa bl e de la co mm i ss ion scolai re, lança l'idée d'établir une école supérieure à Vi l lefranche en motivant sa propositio n sur l'obligation qu'allait imposer la lo i d'avoir une école de cette nat ure dan s chaque ca nto n. «Cette mesure, déclara-t-il au conseil , a d'autant plus d'importance La mun icipalité suivante. qui compte à nouveau M . Moguenet comme co n se i ll er, se montre à nouveau moins favorable en réd ui sant son aide aux frères. all ant ju squ 'à co ntester l 'u sage de la chape ll e afi n d'y installer la ju stice de paix. Ce pro jet. maintes foi s débattu pa r les muni cipa lités précéden tes. n'eut pas plu s de suite qu'a upara vant, le préfet co ntesta nt cette opératio n. qu'elle est un moyen efficace pour Villefranche d'échapper aux influences de la loi Falloux par laquelle toute la jeunesse de la ville se trouve en tre les mains du cléricalisme. La ville alors possédait un très bon collège dont la haute réputation portait ombrage aux amis des ténèbres. Ainsi fut -il supprimé pa r « l'homme du 2 décembre» et l'instruction confiée à l'obscurantisme.)) Son cœur ai nsi so ulagé co ntre les jésuites de Mongré et les frères des écoles chrétiennes , M. M oguenet estim e néanmoin s que « tout n'est pas perdu et que l'on peut remédier En 1878. c'est donc da ns un climat défavorable qu e le frère Abel-Polycarpe prend la direction de la communauté. La popu lation scola i re de Vil lefranche est alors la suivante: école laïq ue de ga rçons 253. école laïque de filles 230. soit 483 ; école des sœ urs 270. école Décha va nn e 237 , pensionnat 2 10, soit 717. au chancre inoculé à la France par M. de Falloux , si l'on crée à Villefranche une école supérieure dans les plus brefs délais. )) Les es prits des édiles muni cipa ux ne furen t pas t rop conva i ncus à en juger par le rés ultat du vote qui don na 9 voix po ur, 8 voix contre et 1 abstent ion. Le conseil ne pouva it se montrer pl us indifférent. Aussi. l'a dmini stration muni cipale préféra-t-elle la réouverture du collège com munal en octobre 1886, dans les anciens loca ux de l'éco le norm ale (qui ava it ém igré à Lyon en 1884) . Ain si recom mence l'hi sl oi re du collège Claude-Bern ard. Lors du budget municipa l de 1879 . contestan t le nombre des insti t uteu rs congrégan istes. le conseil supprim e deux postes afi n que le no mbre de postes soit éga l dans les deux types d' écol es (7 post es) et adopl e diverses mesures vexatoires. Sur le budget scolaire de 26 935 F en 1880, les éco les chréti en nes ne disposent que de 5 075 F. soit envi ro n 1/5, alors 77 La cour dite du Collrge, devenue rue G - Gag~tepain DL1ra~1lla première guerre mondiale. le bâlimn11 de /'anciefl collège des Frères servil d'ftôpilal militaire 78 Le maire exigea alors que le capital de la rente fondée par Mme de La Barmondière. et dont les jésuites et les frères étaient les bénéficiaires. so it versé entre les mains du receveu r municipal et fit la même dema nde pour la rente Déchavanne. Les jés uites et les Hospices de Lyon refu sèrent. attendu que l'on ne pouvait ainsi ri squ er les fondatio ns lorsqu'el les se raient aux main s des ennem is de l'enseignemen t ch réti en. En cette même année de la grand e Expositi on universe lle de Pari s et celle de la ca nonisation de Jean -Bapti ste de La Salle . fondateur de la société des frères des écoles chrétiennes. le gouvernement fait connaître son intention de supprim er toutes les co ngrégatio ns enseignantes en France. Les Chambres font d'abord table ra se des congrégations non reconnues en 1901, accordant ainsi un sursis aux frères. Ma is les sectai res veul ent anéantir tout l'e nse ignement religieux en France ; pendant deux ans. l'opi nion p ubliq ue est trava i l lée pour déprécier l'e nse ignement des frères. En 1904, un e nouve ll e loi suppri me to us les ord res ense ignants approuvés antérieuremen t. En réponse. et en s'appuyant sur le fait que le conseil départementa l de l'in struct ion publique ava it classé l'éco le des frères dans la catégorie des écoles « lib res», le consei l municipal décide la suppress io n de tous créd its municipaux à l'école li bre Ce vote i ndigne une partie de la popu lation qu i n'oubl ie pas les 79 années de services ren du s par les religieux Préjugeant que leurs établ issements sera ient les premiers fermés à Vi llefranche. les frères se mirent en quête de nouveaux locaux en pensant se sécularise r su r place. L'école libre gratuite s' installe dan s un immeuble avec cour et jardin situé rue Roland avec 150 élèves. Malgré de multiples recherches. aucune so luti on n 'est trouvée p o ur le pensionnat nécessitant le logement de près de 75 internes inscrits. Un externat gratuit est cependant ouvert avec une centaine d' élèves sur le cours Gambetta, mais ne fonctionn e qu e t rès peu de temps . Dans sa démarche. comme dan s le financement des éco l es publiq ues. la vill e est puissamment secondée par une société d'encouragement pour l'instruction co mmun ale laïque et le Sou des écoles ; de même. el le sol licite les d ons. l'un des plus prestigieux demeurant cel ui d'Etienne Poulet. Parallèlement. un comité des écoles libres est créé le 30 mars 188 1 et vient en aide aux frères et aux sœurs Sai nt-C harles. En dépit de toutes ces difficul tés. le frère directeur peut procéder à des travaux et améliorations au pensionnat. Ai nsi se termi ne. après un siècle de durée à Villefranche. l'histoi re des frères des écoles chrét ien nes . qui furent les seuls i nstituteurs pri maires de la vi lle de 1805 à 1870. Malgré la partialité et la pression d'une administration hostile. malgré les mesures vexa toires telle l'i nterdiction au groupe instrumental , composé de 40 enfan ts (parmi lesqu els Lo ui s Pla sse). de jouer à travers la vi ll e. voire même devant la porte de l' établissemen t. al o rs que la fanfare sco laire pouva it circul er librement dan s la cité. malgré ce la. l'e nseignement des frères arri ve à maintenir sa position. En 1888. ils affirment 429 élèves (226 à l'éco le Déchavann e et 203 au pensionnat ) et l'éco le laïq ue co mpte 250 élèves. L'a ncien couvent des Dames de la Visitation fi t alors l'ob jet de diverses utilisations et de démolitio ns partielles pour permettre l'agrandissement du groupe scolai re de la rue Boiron constru it en 1880. Les murs ayant abrité le pen sionnat accuei ll irent jusqu 'en 1967 la société des Am is de l'e nse ignement qui assurait des cours pour ad ultes depu is 1900. Dès 1963 , le con se il municipa l. dans le cad re de l'opératio n d'urbanisme de la ru e Pau l-Bert. ava it décidé la démolition des bâtim ents qui di sparu rent en 1969. Seul s s u bsi s t e nt aujourd'hui un immeub l e, prop ri été privée . 24 p l ace RogerRousset , et l' ancienne chapelle, actuellement Bo urse du travail. L'étab l isse men t des frères co ntin ue alors so n chemi n . la vie sco laire est agrément ée de soi rées récréatives et littéraires. de la création d'un musée. de trava ux et aménagemen ts divers tel l'achat de l'imme uble vo isin (ma iso n Lorain) en 1895. sans oublier les fêtes reli gieuses et les distributi ons des pri x. Guy CLAUDEY Communication du 15 mai 1993 Tou s les documents illustrant ce texte ont été mis à notre disposilio11 par le service municipal « Patrimoi11e et traditions Villefra ~J cne- Beaujolais ». 79 TABLE DES ~TIÈRES PAGES Liste des membres du Comi té ....................................................................................................................... Couverture Il Robert PINET Le mo t du prés ident ................................. .............................................................. . Activités de l'Académie en 1993 .......... ........................................................... ......................................................................... 2 Nécrologie .................................................................................................................................................................................................. 4 Robert LAFOY 1993 en Calade ....................................... .................... ............................................ 5 François CORGER Conférence nati o nal e des Académies ......................................................... 6 Jo urnées d 'études et de rencontres 1993 de l'Union des sociétés histo riq ues du Rhône ............... 7 Com ité de lectu re Le parler lyonna is Les législati ves 1993 vues par Guy HOUPLINE .................................... 8 Charles GAY Pro menade académiq ue en Dauphiné ........................................................ 9 Christian DE FLEURIEU Hi stoi re et actualité des jardins: des exemples en Bea ujo lais ........... ................................................................... 13 La ch imi e à la rencon tre du tissage dans l'industri e texti le caladoi se au XIXe siècle .. ............................... 17 Une cha no in esse au chapitre d'Alix: Marie Félicité de Save lly de Caseneuve .. ............................................... 25 Marie-Louise ODIN Daniel JAOUEN Pie rre-Jean BLAZY A mots ouverts ............................................................................................................ 32 Edmond BERTHAUD Les égli ses de la paroi sse d'Arnas ......................................................... ...... 33 Alain SARRY La dame d'Arcinges .................................................................................................. 41 Mathieu MÉRAS Ve ndetta beaujolaise à Ouroux au temps de la Renaissance .... 49 Jean-Pierre MICHEL-CHANTIN Une mi se au point hi sto rique : la vé rité sur les Fareinistes ....... 53 Jean-Gabriel MORTAMET La resta urati on de la façade de la coll égiale Notre-Dame des Marais ................................................... 57 Henri HOURS La Compagnie du Saint-Sacrement de Vill efranche (XVW siècle) ............................................................................... 63 Paul FEUGA La vie quotidienne de l'aristocratie beauj olaise au XVIW siècle ............................................................................................................. 65 Guy CLAUDEY Le co ll ège des Frères de Villefranche ( 1806-1904) ............................ 73 Tabl e des matières ............................................................................................................................................................................ 80 Supp léme nt Jean Guillermet. cha ntre du Beau jo lais { 1893- 1975) .................. 1 à XX Liste des o uvrages ent rés en bibliothèque au cours des douze derniers moi s .......... Couverture Ill 80 OUVRAGES REÇUS EN 1993 par la bibliothèque de l'Académie DU COMITÉ DÉPARTEMENTAL DU PRÉ- INVENTAIRE lH . HOURS ET Mme LAVIGNE) Plaquette 11 22 · l.a Tour-de-Salvagny, mai 1993 Plaquette n :!3 : Sainte-Consorce, décembre l9tJ'3. DE J. -P. MICHEL-CHANTIN « Le:-, e::.pcJLe:, revolutionnaires des janséni~tes convulsionnaires à Fareins)), TA P ill « Actes du 1 14 congrès national des Société~ savantes » Paris . 1989 DU PROFESSEUR JEAN-PAUL GUTTON « Sur des cah1ers de doléances particuliers>> T.A P 111 " Maisons de Dieu et hom- mes d'église " Publication de l' Université de Sai nt- Elien ne 1992. " Charles Démia et les pauvres"· T.A.P in " t\ctes du colloque Démia ''· Lyon, 1990. " Mendicité bcaujolaise el prophétisme cévenol les cra1ntes d'un intendant " extra it d'un ouvrage cc mélanges André Corvisier " · « Le cahier de doléances de la noblesse du Beaujolais aux états généraux de 1649 » ill « Revue historique » 1975. DE GEORGES CUER , conservateur des Archives départementales du Rhône << Répertoire des Arch1ves notariales Notaires de Lyon "·tomes 1 et 2. Archives départementales elu Rhône. sous-série 3 E Répertoire établi par G. Cuer. avec le concours de Ph de Bé1gneux et Benoît Fau re-Jarrosson. et publié sous la direction de Philippe Rosset. conservateur généra 1 directeur des AD du Rhône DE PAUL FEUGA, président des amis des Archives de Lyon l:xtraits des,, Chron iques de 1 abbé Duret >> concernant le Beaujolais. période 1760/1792, AD l~hône DE RÉGIS NEYRET, président du patrimoine rhônalpin "Annua ire des associations du patri mo1ne rhônalpin », col lection des guides elu patrimoine rhônalpin guide ne 23, 1993 DE RÉGIS NEYRET ET J.-LUC CHAVANT ,, 100 monuments reconvertis »(des utilisations nouvelles pour des bâtiments anciens). ibidem, guide 11° 21, 1992 . DE MARC DU POUGET « Un journal de recettes du péage de Belleville au xve siècle», extrait de la Revue de linguistique romane, janvier/juin 1990 DE Mme ANNE-MARIE VURPAS ,, Autrefois dans les monts du Beaujolais. vie et langue d'une communauté rurale Saint-lust-d'Avray 1Rhône) », Edit. Action graphique. décembre 1988 '' Le parler lyonnais >> Edit Rivages. 1993 DE PIERRE GUÉRIN « Marguerite d'Autriche-Bourgogne. archiduchesse de Brou », Editions Sellier. Lyon DE C. RUËNEUVE ET R. GARNIER « Cours au temps de la Carmagnole ''· 1984. DE G. FOUILLANT ET G . PATAY « 70 chapelles autour d'Amplepuis. SaintSymphorien-d e- Lay, Néronde >>, 1988. DU Dr ROBERT BEAUBERNARD " Montceau-les-Mines. un laboratoire social au XIXe siècle>>, Edit. de la Taillandene, décembre 1990 ,, L'héritage biologique l>, Edit. Chnstian, novembre 1992. DE CHARLES GAY ET DIVERS AUTEURS « Garder la Dombes >> (les rapports de l'homme à la nature à travers l'action des gardes et agents asserm entés dans la Dombes), catalogue édité par l'association << Patrim o ine de la Dombes» con joi ntemen t à l'exposition réalisée aux haras de Chalamont (Ain) de juin à octobre 1993 chroniques du pays beaujolais BULLETIN N° 17 DE L'ACADÉMIE DE VILLEFRANCHE-EN-BEAUJOLAIS _· S O M M A I R E - - - - - - - - -- Edmond BERTHAUD Les églises d e la p aroisse d 'Arnas GuyCLAUDEY Le collège des Frères de Villefranche PaulFEUGA La vie quotidienne de l'aristocratie beaujolaise Christian de FLEURIEU Histoire e t actualité des jardins Charles GAY Promenade académique en Dauphiné Henri HOURS La Compagnie du Saint-Sacrement DanielJAOUEN Une chanoinesse au chapitre d 'Alix Mathieu MÉRAS Vendetta beaujolaise à Ouroux Jean-Pierre MICHEL-CHANTIN La vé rité sur les Fareinistes Jean-Gabriel MORTAMET Restaut·ation de Notre-Dame des Marais Marie-Louise ODIN La chimie dans l'industrie textile caladoise Alain SARRY La dame d 'Arcinges - -----. SUPPLÉMENT - - - - - - - - - - - - - - - . Jean GUILLERMET ( 1893- 1975), Chantre du Beaujolais Cll\ll'l l'ITIO:\ l <l RL <.tt\1'111<}1 E'> \ IU.I-.IIt\:\l Ill .\(Ill' \"! D 1 \!PlU \1 F R l''\; J .\:-. \1ER 1 'J'J 1 \ 1"1\IPRI\IŒII: 1>1 C0 \1\Il' R<: t:. \îUITR.\:\1 Ill" I>EP< H 1 1.< •.\l 1 ' TRI\IISrRI: 1'!9 1