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Chroniques bleues
De Rocheteau à Dembélé en passant par Trezeguet : les gamins à l’attaque
mercredi 31 août 2016, par Bruno Colombari
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Le nouveau trio offensif bleu composé de Martial, Coman et Dembélé affiche 20 ans de moyenne d’âge. Il succède à
Benzema, Nasri et Ben Arfa en 2007, Henry, Trezeguet et Anelka en 1998 et Rocheteau, Platini et Rouyer en 1976.
On ne sait pas si ces trois-là dureront, ni même s’ils joueront bientôt ensemble. La probabilité est tout de même importante.
Ousmane Dembélé, 19 ans depuis le 15 mai, a rejoint chez les Bleus Anthony Martial, qui aura 21 ans le 5 décembre, et bientôt
Kingsley Coman, 20 ans depuis le 13 juin. Ce qui fait royalement soixante ans à eux trois. Si l’attaquant de Dortmund est un
débutant, celui de Manchester United compte déjà 12 sélections (483 minutes, 0 but) et celui du Bayern Munich 11 (503 minutes, un
but). Ils ne sont pourtant pas les premiers à être associés aussi jeunes aux avants-postes des Bleus. Sans remonter au début du 20e
siècle, on peut identifier trois périodes récentes où l’équipe de France a fait appel à trois joueurs offensifs de 21 ans maximum.
1976 : Platini, Rocheteau, Rouyer, les chardons verts
Appelé en sélection à l’été 1975 par Stefan Kovacs alors qu’il n’a que vingt ans, Dominique Rocheteau a pris de l’avance sur les
deux espoirs lorrains de Nancy quand Michel Hidalgo prend en charge la sélection à l’hiver 1976. Michel Platini fait ses débuts contre
la Tchécoslovaquie en mars, et Olivier Rouyer le rejoint contre la Bulgarie à Sofia en octobre. Tous les trois sont natifs de 1955,
Rocheteau de janvier, Platini de juin et Rouyer, le plus jeune, de décembre. Ils disputeront quatre matches ensemble en 1976 et
1977, dont un où ils sont tous trois titulaires (à Dublin contre la République d’Irlande en mars 1977). Rouyer et Rocheteau ne jouent
que quatre matches ensemble, Rouyer et Platini 15 (sur les 17 sélections du premier). Mais le duo Platini-Rocheteau sera associé 32
fois entre 1976 et 1986, dont 25 fois en tant que titulaires.
1998 : Henry, Trezeguet, Anelka, les princes et le banlieusard
Habitués à jouer ensemble en Espoirs, les deux Monégasques Thierry Henry et David Trezeguet et le néo-Gunner Nicolas Anelka ne
seront jamais alignés tous les trois en Bleu, malgré douze ans de carrière internationale. Ils se sont croisés neuf fois entre 2000 et
2007 lors des mêmes matches, mais quand l’un entrait, l’autre sortait. Trezeguet a ainsi remplacé Henry en 2000 contre le Portugal
et l’Angleterre, Anelka a suppléé Trezeguet contre la sélection Fifa en 2000 et l’Argentine en 2007 et Henry contre l’Allemagne en
2005, alors qu’Henry a pris la place de Trezeguet en 2006 contre la Slovaquie.
Le duo Henry-Trezeguet est l’un des plus souvent associé dans l’histoire des attaquants français, avec 42 fois entre 1998 et 2008,
dont 25 fois titulaires ensemble. Henry et Anelka comptent 28 matches en commun jusqu’en 2010 (19 titulaires), tandis que le duo
le moins complémentaire est Trezeguet-Anelka, avec seulement 3 matches titulaires ensemble (sur 16 en commun). Et ce ne fut pas
une réussite, puisque deux de ces rencontres ont été perdues (Slovaquie 2006 et Ecosse 2007, à chaque fois à domicile) pour une
seule gagnée (Angleterre 2008).
2007 : Benzema, Ben Arfa, Nasri, les gones et le minot
Là encore, on retrouve un duo issu du même club (Lyon) et une pièce rapportée (Marseille) avec un vécu commun en équipe de
jeunes (champion d’Europe en U17 en 2004), tous nés en 1987. Karim Benzema, le plus jeune du trio, débute en mars 2007 contre
l’Autriche, en même temps que Samir Nasri. Ils sont tous deux rejoints en octobre par Hatem Ben Arfa aux Féroé, mais il faut
attendre août 2010 et un Norvège-France pour les voir ensemble sur le terrain. Ils le seront encore à trois reprises en 2012,
notamment à l’Euro contre l’Angleterre et la Suède.
Le duo Benzema-Nasri est le plus fréquent des trois, avec 28 matches en commun, dont 15 titulaires. Hatem Ben Arfa, qui ne
compte que 15 sélections, en a disputé la moitié avec chacun de ses partenaires de la génération 87 (8 avec Benzema, 8 avec
Nasri).
En fin de carrière, trois configurations différentes
Si on regarde maintenant ce que sont devenus ces trios sur la durée, on constate qu’il n’y a pas de règle. Celui de 1976 a participé
au Mundial argentin avant de laisser Rouyer sur le bord de la route (17e et dernière sélection en mai 1981). Rocheteau et Platini
auront joué ensemble trois phases finales mondiales et l’Euro 84.
La génération 1998 aura été la plus prolifique en tout (sélections, buts, titres), mais se sera longtemps croisée. Nicolas Anelka a
trouvé sa place pendant qu’Henry et Trezeguet étaient renvoyés en Espoirs après la coupe du monde, puis est revenu en grâce
après l’éviction progressive de Trezeguet à partir de 2006. Il n’y a qu’à l’Euro 2000 où les trois ont été appelés en phase finale, mais
sans jouer ensemble, on l’a vu.
La fameuse promotion 2007 laissera finalement une trace modeste dans l’Histoire des Bleus, sauf si Karim Benzema et Hatem Ben
Arfa reviennent en sélection dans les prochains mois, le sort de Samir Nasri semblant scellé. Associés uniquement à l’Euro 2012, ils
auront largement déçus les espoirs placés en eux.
2016 : Coman, Martial, Dembélé, une préfiguration pour la Russie ?
En 2018, il n’est pas certain qu’Olivier Giroud et André-Pierre Gignac soient encore sélectionnés, et le retour de Karim Benzema en
Bleu semble compromis, du moins tant que Didier Deschamps en sera à la tête. Ce qui laisse une possibilité à notre trio (qui évolue
intégralement à l’étranger) de se faire une place au soleil, surtout si Anthony Martial récupère le poste d’avant-centre.
L’expérience montre qu’il est rarissime de voir trois attaquants jeunes alignés ensemble en sélection, du moins les premières
années de leur carrière internationale. Actuellement, les trois joueurs sont en concurrence sur le même poste à gauche de l’attaque
que convoite également Dimitri Payet, mais rien ne dit que la situation n’évoluera pas.