De l`Evian Masters à l`Evian Championship : ce que le tournoi va

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De l`Evian Masters à l`Evian Championship : ce que le tournoi va
De l’Evian Masters à l’Evian Championship :
ce que le tournoi va changer localement
A trois mois du lancement
de l’Evian Championship,
du 12 au 15 septembre,
Yannick Le Hec fait le point.
Où en est la transformation
du golf en vue du tournoi ?
« Nous en sommes aux aménagements de fin de chantier : il
ne nous reste que 5 % du parcours à réaliser, c’est-à-dire les
finitions. Nous devons encore
plaquer 8 000 m² de gazon, ce
qui est bien peu au regard des
12 hectares déjà posés. Et à cette
heure les dix-huit greens sont
jouables. »
La météo difficile a-t-elle eu
un impact sur les travaux ?
« Il est vrai que les conditions
climatiques ont été affreuses.
Entre le 18 septembre et la fin
janvier, nous comptions quatrevingt-dix jours de pluie ! C’est
le quatorzième golf sur lequel je
travaille, et jamais je n’avais eu
affaire à ce type de difficultés.
Heureusement, nous avons pu
compter sur des équipes exceptionnelles, avec pour seule envie : réussir. Les organisateurs
de la LPGA (ndlr : Ladies Professional Golf Association) sont
venus trois fois, et cela s’est toujours très bien passé. Mais depuis la mi-septembre, j’ai dû
passer chaque semaine une
demi-journée sur le terrain
pour tout réorganiser à cause
de la météo. »
Ce passage au niveau “ma-
jor” se traduit-il par des
contraintes logistiques nouvelles ?
« La LPGA ne nous demande
rien de plus… mais c’est nous,
Evian Resort, qui avons choisi
de chercher de nouvelles pistes
d’amélioration. L’accueil, les réservations, etc., rien ne change
sur le fond ; cela dit, nous en
aurons profité pour repenser diverses choses, par exemple les
zones de flux, afin de redonner
de l’espace et de l’ergonomie
pour que la joueuse invitée soit
moins pressurisée. Et la zone
VIP sera étendue. »
Et pour le public ?
« Nous apporterons du service en plus. Ainsi le practice
sur le dix-huit trous va disparaître : ce sont trois hectares qui
vont être récupérés, et dédiés
au village du public qui sera installé à cet endroit. De la sorte,
nous allons aussi récupérer notre parking. Depuis le village
du public la visibilité sera
meilleure, et l’espace sera
étendu là aussi. Et à côté se trouvera une zone d’entraînement
pour les joueuses et leurs cadets, avec un lounge : nous allons améliorer le service pour
nos deux populations. »
Aurez-vous besoin de plus
de personnel ?
« Certainement. Notre développement créera de l’emploi,
par exemple en restauration.
Nous savons aussi que de
quinze jardiniers, mécanique-
Yannick Le Hec, directeur général de l’Evian Resort et superviseur
de l’Evian Championship.
ment nous passerons à trente
pendant le tournoi : c’est le standard pour un tel parcours, il
faut un travail encore plus fin et
soigné, avec du matériel encore
plus précis. »
Avez-vous prévu des formations ?
« Oui, en effet. Nous avons
un plan de formation de nos
équipes, notamment pour qu’elles puissent apporter à nos
clients toutes les réponses liées
à notre nouveau parcours. Le
tournoi devenant “major”, le niveau d’exigence de notre clientèle va lui aussi monter d’un
cran – ou plus. Cela se jouera
dans le petit détail, au quotidien. Nous sommes dans une
mécanique de précision.
« Pour ces formations, nous
avons notamment reçu des personnes venues des USA… avec
cette conséquence que cela
forme aussi nos personnels à
l’anglais. Nous avons aujourd’hui des gens qui se comprennent en anglais alors qu’ils ne le
parlaient pas du tout en septembre ! Nous avions aussi une réceptionniste irlandaise que
nous avons redéployée ici, sur
le terrain, avec les jardiniers,
pour les aider à traduire. Aux repas, nous parlons anglais...
C’est devenu un jeu – et comme
ça, ça rentre. Et pour valoriser
l’expérience, nous allons nous
aussi devenir des formateurs,
auprès de jeunes. »
Qui seront-ils ?
« Nous allons recevoir des
élèves du lycée de Poisy, en spécialisation “terrain engazonné
et sportif” : golf, hippodrome,
football. A partir de fin août,
quinze jeunes passeront une semaine à l’école, puis trois semaines directement sur l’Evian
Championship. Quand ils retourneront à l’école, ils auront
eu d’entrée l’expérience d’un
tournoi événement. Le Resort
souhaiterait même intégrer
deux élèves à l’année. »
Attendez-vous plus de spectateurs et de médias pour l’Evian Championship ?
« Nous ne le savons pas vraiment. Le nombre n’est pas notre priorité. Mais nous entendons déjà dire que la typologie
du public va changer. Pour ce
type d’événement, de haut niveau et qui plus est le dernier
dans la saison, donc avec un enjeu supplémentaire pour le classement mondial, les purs golfeurs se déplacent de loin. Nous
aurons donc moins de touristes,
sans doute, mais plus de golfeurs. Ici, nous sommes déjà
“bookés”, et des hôteliers sur
Evian reçoivent des appels de
golfeurs d’un peu partout. Je
pense que notre événement va
étirer la saison locale de quinze
jours, peut-être dès la deuxième
année.
« Tout cela s’accompagne
donc d’une réflexion sur notre
schéma directeur, en matière de
bâtiments. Par exemple nous savons que le nombre de journalistes va augmenter. Mais c’est un
bon problème à gérer. Nous
trouverons des solutions ; par
exemple, nous avons déjà pris
des contacts avec nos voisins
d’en face… Je pense que de ce
point de vue, l’empreinte sur
l’hôtellerie et le tourisme sera
supplémentaire en septembre
que lors d’un mois de juillet. »
Concernant le tournoi, quels
changements faut-il attendre ?
« L’Evian
Championship
sera ouvert à vingt joueuses de
plus, mais en gardant le même
format. Or les jours sont moins
longs en septembre qu’en
juillet, donc les tournois qualificatifs se dérouleront le jeudi et
le vendredi avec des départs depuis deux trous, pour gagner
du temps. Et nous garderons
soixante-dix joueuses pour le
troisième jour : elles seront
vingt de plus pour le même
nombre de places, ce qui rendra
la sélection beaucoup plus difficile. De plus, sur le nouveau
parcours les erreurs ne pardonneront pas. Le niveau sera encore plus élevé.
« Mais le plus important,
c’est que garderons l’esprit de
l’Evian Masters – son côté très
pro et la grande proximité avec
les joueuses – dans l’Evian
Championship. »
ENTRETEN REALISE
PAR YVAN STRELZYK