Montmorillon aux riches heures de sa brasserie

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Montmorillon aux riches heures de sa brasserie
La Nouvelle République, Montmorillon aux riches heures de sa brasserie, 15 juin 2012
Montmorillon aux riches heures de sa
brasserie
L’écomusée du Montmorillonnais dévoile une exposition consacrée à la brasserie en activité
de 1850 à 1963 sur les rives de la Gartempe, à Saulgé.
L'arrivée d'un tank à la brasserie de Montmorillon immortalisée sur cette carte postale. Une exposition va
retracer le siècle d'existence de cette entreprise.
Montmorillon aux riches heures de sa brasserie
La brasserie de Montmorillon qui a fermé ses portes il y a près de 50 ans suscite aujourd'hui
un regain d'intérêt, comme en témoigne l'exposition et le livre que lui consacre l'écomusée du
Montmorillonnais. Les bâtiments aujourd'hui en ruine au bord de la Gartempe, entre
Montmorillon et Saulgé, ont abrité une activité florissante rappelle Monique Gésan,
présidente de l'écomusée, auteure d'un long travail de recherche et d'entretiens avec d'anciens
salariés à la fin des années 80: « La brasserie produisait une bière haut de gamme, distribuée
dans la région, notamment en Charentes et Vendée. L'orge venait d'Indre, le houblon était
importé de pays européens. L'eau était celle de la source qui coule toujours à cet endroit et
qui a fait la qualité de la bière. Cette entreprise a fait travailler jusqu'à 50-60 salariés. Mais
elle n'a pas su se moderniser à une époque qui n'était plus à la petite industrie ».
La vie de la brasserie s'est terminée en 1963, brutalement
La vie de la brasserie s'est terminée en 1963, brutalement: « L'entreprise a été rachetée deux
fois et la production s'est arrêtée. Les installations ont été démontées et déménagées. Tout le
monde a été licencié. » Beaucoup d'ouvriers ont retrouvé du travail dans la foulée chez
Ranger, « il n'y a pas eu de scandale, mais ceux que j'ai rencontrés en 1988 le vivaient encore
comme
une
blessure,
un
traumatisme. »
Quelques passionnés s'efforcent aujourd'hui de retrouver et conserver les objets et publicités à
l'effigie de la marque disparue. Deux de ces collectionneurs se sont associés à l'écomusée
pour enrichir l'exposition qui sera installée en juin, pour une durée de deux ans, sur le site de
Juillé
à
Saulgé.
Les "Bières de Montmorillon" avaient créé une forte identité via la publicité. Les premières
gravures publiées représentent ainsi une brasserie magnifiée sur les rives de la Gartempe. « La
marque a visé une clientèle masculine aisée, d'où les clients en chapeaux hauts-de-forme, puis
a misé sur l'humour, comme sur cette affiche où un enfant pique la chope d'un homme. » Les
documents collectés pour l'exposition seront publiés dans un livre, au plus grand bonheur des
amateurs. Le premier, édité il y a 25 ans, est aujourd'hui introuvable.
La brasserie de Montmorillon: expo au site de Juillé (Saulgé) à partir du 17 juin. Deux
cours de cuisine à la bière les 13 juillet et 3 août (10h à 12h), sur réservation au
05.49.91.71.34.
à suivre
Aubade et Tartarin
Une grande partie de l'histoire de la brasserie de Montmorillon a été conservée grâce à
Monique Gésan qui a mené de nombreux entretiens avec des anciens salariés en 1988. Ce
travail de collecte de souvenirs s'est poursuivi avec d'autres entreprises. L'écomusée a par
exemple rencontré des ouvriers paysans de l'usine Ranger. Le prochain projet concernera les
entreprises Aubade et Tartarin : « Créées à la même époque, elles ont donné du travail à de
nombreux couples, l'homme chez Tartarin et sa femme chez Aubade, explique Monique
Gésan, le collège de Saint-Savin a été créé notamment pour les enfants de ces familles ». Les
anciens salariés qui s'inscrivent dans cette histoire récente et souhaitent en témoigner peuvent
se faire connaître au 05.49.91.02.32.
Sébastien Kerouanton