Le cerveau a un sexe - Pagesperso
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L e cerveau a un sexe V ous avez surement entendu parler du livre "Les hommes viennent de Mars et le femmes de Vénus" de John Gray. Même si l’astrophysicien Paul S. Wesson affirme qu’il n’est pas impossible que la vie sur terre soit d’origine extraterrestre, Il n’est pas besoin de faire référence à une hypothétique provenance galactique pour constater qu’au moment de l’adolescence les filles sont en général plus matures que les garçons. Qui peut nier aussi que ces derniers sont infiniment plus turbulents et amateurs de comportement à risque ? Il n’est pas non plus très contestable que beaucoup des comportements humains à l’âge adulte semblent influencés par le sexe. Réfutant la thèse selon laquelle tout se joue dans les trois premières années du développement cérébral (voir zero to three debate), le neuroscientifique américain Jay Giedd montre par ses travaux sur l’adolescence que cette période de la vie est extraordinairement importante pour le développement des capacités cognitives. Le pic de production de matière grise se situerait au environ de la 11 ème année pour les filles et de la 13 ème pour les garçons. Le cortex frontal du cerveau, probablement la masse de matière la plus complexe de l'univers, y est alors le siège d’un combat sans merci qui va voir s’éliminer un grand nombre de neurones et de connexions par élagage et sélection compétitive. Jay Giedd compare la métamorphose qui s’opère dans le cerveau à l’adolescence au travail d’un Michel Ange qui, partant d’un bloc de marbre brut, va par élagage minutieux et précis nous offrir une extraordinaire œuvre d’art totalement unique et imprévisible avant le dernier coup de ciseau de l’artiste. Il souligne aussi l’ironie cruelle de la nature qui rend les adolescents si fragiles face aux drogues et à l’alcool au moment où le cerveau est le plus vulnérable. Durant ces longues années de recherche Jay Giedd a cartographié par IRMf les cerveaux de prés de 300 adolescents âgés de 9 à 22 ans. L’étude minutieuse de ces milliers de clichés lui a permis d’établir le film du développement cérébral de l’adolescent. Le résultat de ce travail met en lumière des différences significatives dans le développement et la taille de certaines zones du cortex en fonction du sexe. En particulier le cortex des filles s'épaissit plus que celui des garçons dans certaines zones clés intervenant dans le langage et le contrôle des émotions. Celui des garçons devient plus épais dans des zones dédiées à la visualisation tridimensionnelle et aux opérations mentales. Mais le caractère le plus novateur des travaux de Jay Giedd est qu’ils ont permis d'établir que le degré de maturation de ces zones dépend de l'action d’hormones androgènes. La raison de ces différences ne seraient donc ni d’ordre génétique ni d’ordre environnemental mais d’ordre hormonal c'est-à-dire d’ordre sexuel comme la pilosité, la hauteur du timbre de voix, etc. Il n’est point donc nécessaire de faire appel à des extraterrestres pour expliquer les différences de comportement entre homme et femme. S’il insiste pour dire que le surpoids de 10% du cerveau de l’homme par rapport à la femme n’est pas un avantage qualitatif, le professeur ne dit par contre pas si cette différenciation sexuelle du cortex peut expliquer pourquoi les hommes se croient obligés, lorsque les vapeurs d’alcool ont atteint une certaine concentration dans l’air, de raconter des blagues stupides, graveleuses et vaseuses. Patrice Leterrier 17 Novembre 2010