Chronique à Saint Nicolas d`Aliermont
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Chronique à Saint Nicolas d`Aliermont
Chronique à Saint Nicolas d'Aliermont I ) L’origine de Saint Nicolas d’Aliermont L'Aliermont, Seigneurie de l'Archevêque de Rouen : Le plateau de l'Aliermont à l'Est de Dieppe (15 Km) s'étire entre les forêts d'Arques-la-Bataille et du Hellet. Il domine les vallées de l’Aulne et de la Béthune. Longtemps, cette petite région naturelle resta le domaine de l'arbre. C'est en 1197 au 12iéme Siècle, que Richard Coeur De Lion Roi d'Angleterre, l'avant dernier duc de Normandie et Philippe-Auguste le Roi De France se disputèrent la Normandie. Le Roi Richard veut protéger son duché des intentions de la Couronne de France, il construira une très grande forteresse contrôlant la Seine de Paris à Rouen. Ce prestigieux château fut édifié sur l'éperon des Andelys à Gaillard. Le 16 octobre 1197... Lettres patentes de Richard Roy D'angleterre, contenant l'échange des villes d'Andely à celles de Dieppe, Bouteilles, Louviers, Aliermont et d'autres dont jouit à présent Monseigneur l'Archevêque de Rouen. A cette époque L'Aliermont était recouvert de grandes forêts. De chaque côtés d'une longue rue démarrant dans la forêt d'Arque jusqu'à la forêt du Hellet, les paysans défrichèrent les meilleurs terres du plateau, construisant peu à peu les paroisses de Saint Nicolas-d'Aliermont, Saint Jacquesd'Aliermont, Notre Dame-d'Aliermont, Saint Agathe-d'Aliermont et Croixdalle. Eude Rigaud, disciple de François d'Assise, est élu archevêque de Rouen, il est proche de son peuple, il vit avec eux, il sillonne le diocèse en permanence. ( aux archives Départementales de Rouen est conservé le "Pouille", c'est le journal de visites Pastorales. Il séjournait des semaines entières au manoir de Saint Nicolas ( situé à proximité de l'ancienne usine Bayard ). Là, il y accueillait ses amis comme Louis IX. LA GUERRE DE CENT ANS mis à feu et à sang cette paisible communauté. De 1337 à 1450, les armées Anglaises occupent L'Aliermont, la famine, les réquisitions, les épidémies réduisent de moitié sa population ; Croixdalle fut pendant plusieurs années inhabitée et inculte. C'est dans les grandes forêts d'Arques et du Hellet que se cachent les résistants. Rouen est sous la tutelle des gouverneurs anglais, l'Archevêché de Rouen est impuissant, les communications sont dangereuses, on ne sait plus à qui appartiennent les terres, le pays s'appauvrit, tel un bateau sans gouvernail ni voilure, L'Aliermont est à la dérive. LA RENAISSANCE période de développement de l'économie. Après la mort de Jeanne d'Arc à Rouen en 1431 le féodalisme ne va plus très bien, le travail de la terre se modernise, la charrue remplace la bêche, il y a de l 'évolution entre les productions et la productivité, entre les prix et les salaires, entre les prélèvements et la population. Les paysans qui exploitent une parcelles de terre prennent le nom de Laboureurs, moyennant des redevances qui sont dûment remis au roi et aux seigneurs. Ils deviennent propriétaires de leurs terres, le manoir reste la seule réserve de l'archevêché pour 24 hectares. Un regroupement des terres se dessine en exploitations à charrue de plus de 15 hectares. De nombreux Manouvriers travaillent au service des fermes. II ) L’HORLOGERIE Aliermontaise : Les historiens de Dieppe laissent entendre que l'origine de l'industrie horlogère de Saint Nicolas viendrait d'un bombardement par la flotte Anglo-Hollandaise de la ville de Dieppe en 1694... Les horlogers dieppois n'étaient pas plus de 10 ou 15, ils ne purent pas fonder de par leur faible nombre une corporation d'art et métiers indépendante. Ce n'est qu'en 1779 qu'ils atteignirent une quarantaine et purent se rattacher à la communauté des Orfèvres, Joailliers et Lapidaires. Avant 1694, les " orlogeurs " de Dieppe ne semblent pas avoir laissé de chefs-d’oeuvre faisant passer à la postérité leurs noms comme certains autres , Duboule Jean Baptiste horloger du Roi à Paris en 1552, Maillard (Jean Jacques Dole 1638 - Jean à Rouen 1664 - Charles Claude à Paris 1692- Jean Pierre ° 1726 à Paris en 1743 Michel à Paris 1748 - Charles à Paris +en 1792), Portier Pierre Horloger de la ville de Paris en 1565, Le Noir un très grand nom de l'horlogerie en 1552 horloger du roi et du Palais du Louvre jusqu'en 1814, Etiene Lenoir exécuta en 1792 le mètre-étalon et reçu la croix sous l'Empire, Binet horloger du Roi en 1560 à Paris, Roulier lapidaire à Genève en 1681, Rousseau un autre grand nom de l'horlogerie de 1501 Saint Laurent de Langeais jusqu'en 1876 dans toute la France, il peut être cité encore beaucoup d'autres ( le dictionnaire des Horlogers Français en compte 23 000...) De nombreux horlogers étaient implantés sur Dieppe avant 1700, Ballan Jacques qui se converti à 48 ans en 1689; Bichot Jacques il abjura à 50 ans en 1689 ; Bloud Charles ; Boucherot Jean abjura à 35 ans en 1689; Constantin Vincent; Delballe Pierre abjura en 1689; Falaisi David se converti à 25 ans en 1689; General Jacques à Dieppe en 1600 Gloria Jacques à Dieppe en 1696 il faisait travailler à Saint Nicolas sur une pendule Louis XVI; Le Moyne Charles est venu à Dieppe en 1650 ; Le Villain Nicolas; Quesnay horloger à Rouen depuis 1522, Nicolas le fils de Vincent installé à Dieppe part à Amsterdam en 1688; Selle Simon après s'être remarié à Rouen en 1687 s’établit à Dieppe et se converti à 32 ans en 1689; Simon David à Dieppe se convertit à 55 ans en 1689. L'année 1689 semble avoir été le déclenchement d'une passion pour l'horlogerie sur Dieppe. Si le bombardement de la ville de Dieppe en 1694 les a fait fuir; les horlogers ne se sont pas réfugiés à saint Nicolas. C'est l'arrivée de la famille d'Horlogers CROUTTE vers 1725, qui après un détour par Arques, permet à l'Horlogerie de Saint Nicolas d'atteindre sa maturité; c'est une quinzaine de maîtres qui dominent : Michel Cailly, Romain et Jacques pierre Delépine, Etienne Stallin, Michel et François Douillon et quelques autres pratiquant l'horlogerie comme activité principale. Ils sont pour la plupart propriétaires de l'atelier où ils fabriquent les "Horloges simples, belles et bon marché ". Le premier des nombreux élèves de Croutte Charles Antoine a été Guillaume Rousseau, un fils de cordonnier né en 1705, il épousa en 1733 la soeur de Charles Antoine Croutte. L'un des premiers apprentis de maître fut Jacques Delépine fils de Jacques, il était tisserand chez son père, d'autres fils de laboureurs, comme Jean-Baptiste Legrand, fils de chaudronnier, comme Jean Dumouchel, Nicolas et Guillaume Papin. En 1750, plus de huit ateliers d'horlogeries sont actifs dans la commune, la réputation de Saint Nicolas s'étend sur les communes des alentours; des apprentis arrivent des villages, des campagnes, Ancourt, Capval, Saint Aubin le Cauf, Saint Martin Eglise, Freulleville, Grèges, Londinières, Dieppe des départements de l'Oise, des Ardennes, de la Somme et de Paris. Des familles se sont créées par des mariages d'horlogers venus chercher le nouveau métier, restant en développant une famille ou repartant vers leur ville d'origine, implantant de ce fait des patronymes dans d'autres régions de France. Une vingtaine d'artisans travaillent chez eux ou dans les ateliers des maîtres; ils font des rouages " en blanc " à partir d'un outillage très rudimentaire que chacun adapte, modifie pour les maîtres horlogers qui les montent dans des horloges. Un menuisier, Noël Lemaître s'établira en 1740 à Saint Nicolas, il y développera les coffres d'horloges, sa fille épousa Jean Baptiste Delabos, sa soeur épousa Charles Croutte, puis un second Nicolas Breton, arrivant de la paroisse de Saint Rémy de Dieppe est sculpteur-graveur, il transformera les caisses de pendules en bois en de merveilleuses sculptures de fleurs d'oiseaux avec des paniers dans un style qui va donner un nouvel aspect aux pendules. En 1789 malgré le début de la révolution , l'afflux des horloges continua, la crise dans le monde agricole et dans la dentelle se développent le chômage les atteint, les femmes aident leurs maris à fendre les roues. La pauvreté en 1790 gagne du terrain, le travail manque dans la dentelle et l'horlogerie. Pour soulager cette misère, les enfants sont placés en nourrice, la mortalité infantile a été très importante jusqu'en 1808 environ. Les femmes se consacrent entièrement à l'horlogerie, qui reprend à cette période un peu de flamme. D'après un rapport sur l'industrie Dieppoise de 1806, "chaque ouvrier fabrique son mouvement comme il l'a appris de ses pères. Il ne connaît que la lime. Les rouages ainsi réalisés sont envoyés sur Paris pour les maîtres qui les terminent. Mais beaucoup d'autres vont vendre eux mêmes sur la capitale le fruit de leur travail. La production est d'environ un mouvement par ouvrier et par semaine soit entre 2500 à 3000 mouvements par an, qui sont vendus à 36 livres " en blanc " et 60 livres en produit achevé. Il reste ensuite une vingtaine d'ouvriers qui réalisent de façon occasionnelle des mouvements pour se faire de l'argent en plus. L'étude des catégories professionnelles à Saint Nicolas réalisée par Tadami Chizuka d'après les Rôles de la Taille ( les impôts locaux de cette époque ) de 1734, 1780 et 1789 montre bien le développement de l'activité horlogère à Saint Nicolas. Activité Laboureur Manouvrier Chaudronnier Maréchal Forgeron Horloger 1734 19 39 40 4 1 1780 35 51 14 6 23 1789 39 52 7 7 50 Remarques Classe paysanne aisée Classe populaire modeste ou pauvre Les Artisans sont de moins en moins de chaudronniers et de plus en plus horlogers L'époque des marchands d'horloges se développe avec Charles Cauchy, Michel Cailly, Nicolas Quetteville, le marchand forain Jacques Dumouchel et bien d'autres, la vente des horloges dans tout le pays Caux en est accélérée, il faut rechercher de nouveaux marchés. Les recherches de produits dans la petite mécanique de précision sont d'actualité. Delepine construit des chronomètres et des régulateurs, Villon fabrique des lampes et des moteurs de jouets. Ces nouvelles activités se développent à côté de l'horlogerie qui reste artisanale, beaucoup d'horlogers se spécialisent, c'est ainsi qu'en l'an XII (1803) 60 ouvriers travaillent dans 20 ateliers, l'année d'après en comptant les femmes, 300 ouvriers sont répartis dans 60 ateliers. En 1807, le ministre de l'Intérieur sur la demande du préfet de la Seine Inférieur Mr Savoye-Rollin, décida Honoré Pons un maître horloger qui apprit le métier à l'école d'horlogerie de Cluse à venir s'installer à Saint Nicolas d'Aliermont. Il donnera un nouvel essor, en créant une manufacture basée sur la division du travail. (un avant goût de la production industrielle). Cette nouvelle ère ne séduira pas tous les horlogers, beaucoup quittèrent Saint Nicolas, la concurrence s'organisa. Pour lutter contre, les horlogers de Saint Nicolas ont dû diviser le travail mais aussi baisser leur salaire. En 1865, sur les 2 000 habitants de Saint Nicolas, 1 400 à 1 500 étaient horlogers ou vivaient de l'horlogerie, soit dans l'usine soit en artisanat. Vers 1900, une grave crise survint, toutes les maisons sombrèrent, sauf deux Duverdrey et Blocquel fabriquant des pendules de voyage et des montres de marine, elle périclita après la guerre de 1914-1918 et les Réveils Bayard. Il faudra attendre 1907 pour voir l'établissement des enregistreurs Lambert s'installer dans la commune. Ils occupèrent tout d'abord une partie de l'usine Denis, puis vers 1922 ils occupèrent la totalité de l'usine; le développement de l'horloge électrique et la distribution de l'heure dans les établissements à partir d'une horloge maître et des horloges dites "esclaves". Elles reçoivent des impulsions électriques qui font avancer leurs aiguilles. L’horlogerie et les BINET : Les BINET se sont fait remarquer dans le monde de l’horlogerie depuis 16iéme siècle. En 1560 : Horloger du roi à Paris. En 1587 : Pierre BINET est Horloger à Poitiers et à Niort, il s'établit à Blois où il se marrie avec Rachel Petit en 1609, il meurt en 1618. C'est à Blois que François 1er établit dans son château le premier atelier d'horlogerie... En 1637 : Pierre BINET est à Niort. En 1780 : à Paris En 1786 : à Clamecy Etienne BINET né en 1753 à Chatillon sur Loire 45, fils de Jean Etienne également horloger, son fils Jacques Etienne né en 1793 sera lui marchand d'horloges à Clamecy, il décédera en 1871, cette famille d'horlogers s'éteindra avec lui. (l'étude complète de cette famille a été réalisé ) En 1865 :Henri Benjamin BINET dépose le 02 décembre 1865 le brevet N° 69538 à la Préfecture de Villeneuve sur Yonne 89. Un brevet destiné à retirer les barillets d'un pendule sans démontage préalable. Il serait né en 1835, il a épousé Alexandrine Louise Debout, il ont eu un fils Henry Jean Baptiste né le 14 mai 1860 à Villeneuve sur Yonne, Horloger et célibataire, il décéda très jeune à 23 ans le 26 juillet 1883 à Villeuneuve sur Yonne. En 1867 : Edmond BINET & THURET Edouard , ils déposent le 10 octobre à Paris au 51 rue de vert bois. Le brevet N° 77012 porte sur l'invention des tampons pour les montres à cylindre, finis et prêt à poser ainsi que la machine pour les fabriquer. En 1870 : Un horloger BINET est installé rue de Nazareth à Paris. Les BINET et les horlogers de Saint Nicolas d’Aliermont 76 : A ce jour aucun lien de parenté des BINET arrivés à Saint Nicolas vers 1700 et les grands horlogers du XVI et XVIIiéme siècle BINET n'a été établi. Deux hypothèses peuvent être retenues : 1) Les BINET qui se sont implantés en Haute Normandie, sur Dieppe vers 1600 sont des descendants des BINET horlogers du XVIiéme siècle que l'ont a retrouvé sur Poitiers, Blois, et Paris. Ils seraient Venus là en connaissance du développement de l'horlogerie dans cette région... 2) Les BINET de la région de Dieppe ont fait comme beaucoup d'ouvriers du début du XVIIIiéme siècle, ils ont profité de la venue de Maîtres horlogers pour s'adapter à l'évolution du travail. Cette hypothèse semble la plus probable; Des BINET ont pris la profession d'horloges à Saint Nicolas par des alliances avec des familles d'horlogers. Ce qui est le cas de Jean Pierre BINET le fils de Pierre BINET et Françoise Deletoille, qui épousa Marie Catherine Villon, une famille d'horlogers, leur fils Michel François épousa Marie Françoise Andrieu, une autre famille d'horlogers, Marie Magdeleine BINET la soeur de Jean Pierre épousa le fils d'une grande famille d'horlogers les Delepine, se n'est pas de leur père Pierre BINET le garde des bois de l’Archevêque que la passion de l'horlogerie leur vinrent, s'est bien par mariage avec des familles d'horlogers. Il en sera de même de la branche du frère de Pierre BINET, il s'agit de Pierre BINET qui épousa Marie Langlois, une autre famille d'horloger très largement connue dans le monde de l'horlogerie, implanté sur Rouen depuis 1591, à Paris depuis 1671, puis à Dieppe en 1749, une famille aux origines Anglaise dit on , son fils Jean louis éloi BINET Horloger épousa Marie Françoise Dumouchel, une autre famille d'horlogers par Jacques Dumouchel ; leur fils Charles Louis BINET horloger épousa Marie Stéphanie Chevalier encore une très grande famille d'horlogers à Blois en 1578, à Paris horloger du Roy en 1748 et reconnu comme horloger de Paris jusqu'en 1900, leur fils Louis Charles BINET horloger épousa Maria Julia Lemonnier la dernière grande famille d'horloger que la famille BINET de Saint Nicolas d'Aliermont épousera, ils auront ensemble douze enfants, six filles et six garçons, ils quitteront Saint Nicolas vers 1888, pour aller s'installer à Beaumont sur Oise comme marchand d'horloge de nombreux descendants de cette famille sont répartis sur l'ensemble du territoire Français.