La longue route vers les tarifs
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La longue route vers les tarifs 24 ACTU FSP AKTUELL: ??? PSYCHOSCOPE 5/2014 X-X/200X La prise en charge de la psychothérapie effectuée par les psychologues par l’assurance de base implique des négociations tarifaires. L’idée très répandue selon laquelle quelques discussions avec les assureurs suffiraient ne correspond pas à la réalité. Sur le chemin de l’introduction des prestations des psychothérapeutes psychologues dans l’assurance de base selon le modèle de la prescription, la première étape consiste à réaliser une modification d’ordonnance. Dès que cela sera fait, les patient-e-s verront ces prestations couvertes par l’assurance de base. Le texte de l’ordonnance établit certaines conditions cadres, telles que le nombre maximal de séances par prescription. Mais la question du barème tarifaire à appliquer reste encore ouverte : selon quelle conception et sous quelles conditions ces prestations peuventelles être facturées ? En marge du processus de modification d’ordonnance, un processus tarifaire doit donc être mené. La structure tarifaire en premier Le processus tarifaire comporte plusieurs étapes (voir tableau ci-contre). Tout d’abord, une structure tarifaire est nécessaire. Celle-ci comporte des postes pour les différentes prestations, par exemple dans les domaines du diagnostic et de la thérapie. A chaque prestation est attribué un nombre de points tarifaires, qui représentent pour ainsi dire son « poids » dans la structure tarifaire. Une obligation légale impose de calculer les points tarifaires sur la base de « données représentatives des prestations et des coûts ». En d’autres termes, les données de référence qui donnent des précisions sur les prestations et les coûts qu’elles engendrent doivent être connues. Cela inclut également le salaire dit de référence, à savoir le montant restant aux psy- chothérapeutes après déduction de tous les coûts associés à la prestation. Ce n’est que lorsque l’on dispose d’une structure tarifaire approuvée par le Conseil fédéral que la valeur du point (l’estimation du point tarifaire exprimée en francs) peut être négociée avec les assureurs maladie. Un an dans le meilleur des cas Pour l’ensemble du processus tarifaire, il faut compter au minimum un an. Le processus ne commence officiellement qu’après que le Conseil fédéral ait décidé d’inclure la psychothérapie psychologique dans l’assurance de base (voir Psychoscope 5/2013 au sujet du processus de modification d’ordonnance). Idéalement, une structure tarifaire soutenue conjointement par les prestataires et les assureurs peut alors être soumise pour approbation. Comme de nombreux travaux préparatoires sont nécessaires, la FSP s’y emploie depuis un certain temps déjà. Les discussions avec les assureurs doivent bientôt démarrer, afin d’être prêt au moment de la décision du Conseil fédéral. Cette dernière était à l’origine prévue par l’Office fédéral de la santé publique (OFSP) pour l’été 2014, mais a été reportée à une date indéterminée. Nous élaborons notre propre tarif. Le tarif propre ? Une chance Tarmed est une structure tarifaire existante sur la base de laquelle les prestations des psychiatres, ainsi que celles de la psychothérapie déléguée sont facturées. Il s’agit, comme son nom l’indique, du système tarifaire pour les prestations ambulatoires médicales en Suisse. La psychothérapie est une prestation fournie par deux groupes professionnels différents : les psychiatres et les psychothérapeutes psychologues. Leurs prestations devraient donc logiquement être régies par le même type de barème. La FSP a, de ce fait, en collaboration avec l’Association Professionnelle Suisse de Psychologie Appliquée (SBAP.) et l’Association Suisse des Psychothérapeutes (ASP), adressé une demande Nous visons le niveau tarifaire des psychiatres. officielle à la Fédération des médecins suisses (FMH), partie prenante importante de Tarmed. Sans surprise, la réponse est négative. Les raisons invoquées sont principalement d’ordres technique et juridique. La FMH a notamment précisé que la structure tarifaire Tarmed était un instrument pour l’évaluation des prestations médicales, et que des prestations fournies indépendamment par du personnel non médical ne pouvaient être tarifiées via Tarmed que si la responsabilité incombe au médecin, ce qui n’est en fin de compte pas dans l’intérêt des associations de psychologues et de psychothérapeutes. Par ailleurs, un tel accord devrait être renégocié avec tous les partenaires Tarmed. En revanche, la FMH a proposé, avec son savoirfaire, de soutenir les associations de psychologues pour mettre sur pied un tarif qui leur soit propre. Une offre particulièrement généreuse. Au cours des derniers mois, les travaux avaient été menés en parallèle pour ces deux options. C’est-à-dire que, en marge de l’éventuelle possibilité d’intégrer Tarmed, les travaux pour la création d’une structure propre ont déjà démarré et vont désormais être intensifiés. 25 1. Etablir une structure tarifaire Idéalement, la structure tarifaire est élaborée conjointement par toutes les associations professionnelles. Elle peut se baser sur les systèmes tarifaires existants tels que Tarmed, mais peut aussi comporter de nouveaux éléments qui lui sont propres. Certaines données sont indispensables pour les calculs. Il est notamment nécessaire d’avoir une idée précise des chiffres et de la situation dans la pratique. Nous en sommes ici ! 2. Remise de la structure tarifaire au Conseil fédéral Il est judicieux d’arriver à un consensus avec les assureurs au préalable, afin de remettre une version commune de la structure tarifaire au Conseil fédéral. 3. Adoption par le Conseil fédéral ➞ Contrat national sur la structure tarifaire Après diverses consultations administratives externes et internes (entre autres auprès de l’OFSP et du surveillant des prix), la structure tarifaire est approuvée par tout le Conseil fédéral. Si les partenaires ne parviennent pas à un accord, le Conseil fédéral fixe la structure tarifaire. 4. Négociation de la valeur du point tarifaire avec les groupements d’achat* des assureurs La valeur du point tarifaire, qui doit tenir compte de critères économiques, est négociée par canton et par groupement d’achat des assureurs maladie. Des négociations par région sont également possibles. 5. Adoption par les différents gouvernements cantonaux Dès que les négociations sur la valeur du point ont abouti à un accord entre les partenaires, c’est aux gouvernements cantonaux respectifs de l’approuver. Le nombre de points tarifaires est multiplié par la valeur du point pour constituer la facture de la prestation en francs. Si les partenaires ne parviennent pas à un accord, le gouvernement cantonal fixe lui-même le tarif. * Groupements d’achat des assureurs : regroupement de différents assureurs, comme par exemple tarifsuisse, qui fédère 47 assurances maladie. Se servir du réseau Mener de tels travaux tarifaires est une nouveauté pour les associations de psychologues. Pour cette raison, nous devons compter sur la collaboration avec des expert-e-s et sur des échanges avec d’autres prestataires de soins. Nous pouvons aussi à cette occasion profiter de notre bon réseau. Aucun autre groupe professionnel dans le domaine de la santé ne semble à l’heure actuelle faire face à un tel défi, mais beaucoup ont déjà acquis une expérience précieuse en matière de négociation. Pour l’élaboration de notre structure tarifaire, nous nous appuierons sur ce qui est connu et éprouvé. Il va sans dire que nous désirons obtenir le niveau tarifaire des psychiatres et que nous souhaitons les meilleures conditions possibles pour les psychothérapeutes psychologues. Jacqueline Hofer Coresponsable Politique professionnelle A propos du projet Psychothérapie : www.psychologie.ch > Dossier Psychothérapie FSP ACTU FSP AKTUELL: ??? PSYCHOSCOPE 5/2014 X-X/200X Cinq étapes jusqu’au tarif : un aperçu