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Pharma-News Le journal de l'équipe officinale Mai 2005 Numéro 24 Sommaire Nouveautés : ZANIDIP° ZALAIN° LIVIAL° 1,25 mg nouvel anticalcique antimycosique contre la teigne des pieds nouveau dosage Pharmacovigilance : Retrait mondial du MELLERIL° / MELLERETTEN° Suspension de commercialisation du BEXTRA° Pour en savoir plus : Les vaccinations de routine chez le petit enfant Un vaccin anti-nicotine, est-ce de la fiction ? En bref : CORPRIRETIC°, LISINOPRIL HCT° HELVEPHARM CORPRILIN°, LISINOPRIL° HELVEPHARM - CETALLERG° Editorial La vaccination est aussi un geste de solidarité Depuis quelques années, les épidémiologistes (les scientifiques qui suivent les épidémies) s'en inquiètent : les parents hésitent de plus en plus à faire vacciner leurs enfants. Peur des effets secondaires, montée en puissance de médecines alternatives hostiles à la vaccination, disparition, dans la mémoire collective, des ravages causés par les maladies contre lesquelles on vaccine ou simple distraction : les raisons invoquées pour ne pas vacciner sont nombreuses. Disons-le ici tout net : elles sont très rarement justifiées ! En effet, la décision de ne pas vacciner n'engage pas que les parents. Elle engage bien sûr l'enfant qui, s'il attrape une de ces maladies, risque d'en garder des séquelles toute sa vie (voir l apol i o,pa re xe mpl e ) .Ma i se l l ee nga g ea us s it out el as oc i é t é ,e td’ a bor dl e spl usf r a g i l e s d’ e nt r enous:e nf a nt s ,pe r s onne sâ g é e s ,ma l a de s ,e t c … Ca rs il ac ouve r t ur eva c c i na l ede l ’ e ns e mbl edel apopul a t i onbaisse, ce seront les premiers touchés ! Il est donc du devoir des équipes de pharmacie de participer activement aux campagnes de va c c i na t i on se td’ e xpl i que rs a nsr e l â c hea uxpa r e nt sl e se nj e uxdec e sva c c i na t i ons .Una r t i c l e y est consacré dans ce Pharma-News, qui vous aidera à remplir ce rôle essentiel de santé publique. Bonne lecture ! Pierre Bossert Marie-Thérèse Guanter Caroline Mir Christophe Rossier Martine Ruggli Marie-Laure Savoia Bossert Nouveautés ZANIDIP° (lercanidipine) Le ZANIDIP° est un nouvel anticalcique enregistré pour le traitement de l'hypertension légère à modérée. Il se présente en deux dosages : 10 et 20 mg (les comprimés sont sécables) et a ppa r t i e ntàl amê mef a mi l l equel ’ ADALAT°( e tgé né r i que s ) ,l e NORVASC° ou le PLENDIL° (et génériques). LeZANI DI P°e s tc ompa r a bl ea uxa ut r e sa nt i c a l c i que s ,quec es oi ts url epl a ndel ’ e f f i c a c i t é ou des effets indésirables 1.I ln’ yapa sd’ é t udequimont r equ’ i ldi mi nuel amor t a l i t é c a r di ova s c ul a i r ea l or squec e c ie xi s t ep ourd’ a ut r e sa nt i hy pe r t e ns e ur s .Depl usl ’ ut i l i s a t i onde s anticalciques est de plus en Niveau de choix des antihypertenseurs plus controversée : cette c l a s s e t hé r a pe ut i que n’ e s t Il existe de très nombreux médicaments de différentes classes thérapeutiques (diurétiques, bêta-bloquants, IECA, A2A, s ouve ntqu’ un de uxi è meou ant i c a l c i que s …)po uv a ntê t r eut i l i s é spourt r a i t e rl ’ hy pe r t e ns i on;i le s t même troisième choix dans le donc parfois difficile de faire le bon choix. Plusieurs critères doivent être pris en compte (choix de la classe thérapeutique, efficacité, effets traitement de l'hypertension 2. secondaires, interactions, maladies a s s oc i é e s …) .Lor s que pl us i e ur s Ce médicament peut être médicaments pourraient être utilisés et que tous vont permettre de combiné sans problème avec diminuer de la même façon les valeurs de pression artérielle, on devrait pr é f é r e rl emé di c a me ntquiae npl usmont r él or sd’ é t ude squ’ i ldi mi nua i t d'autres anti-hypertenseurs si la mortalité, critère finalement le plus important pour le patient. Souvent nécessaire (diurétiques, IECA onpa r l ed’ e f f e tdec l a s s e ,e nc ons i dé r a ntq ues iunI ECA adi mi nuél a ou bêta-bloquants). mor t a l i t él or sd’ uneé t ude ,a l or st o usl e sI ECA ba i s s e ntl amor t a l i t é . Depuis quelques années, on est devenu plus prudent et on préfère utiliser les molécules qui ont vraiment prouvé cette diminution de la mortalité. 1 2 La Revue Prescrire, 2001; 21 (271): 337-339 American Heart Association -Guidelines oct 2002 © Pharma-News page 2 Numéro 24, Mai 2005 Une seule prise quotidienne est nécessaire, de préférence le matin. La dose de 10 mg est la dos er e c omma ndé e ,ma i sl ’ e xpé r i e nc ea c qui s eàl ’ é t r a ng e rmont r equeles patients nécessitent 1 fréquemment un dosage plus élevé (20 mg par jour) . Les effets secondaires sont dosedépendants : oedèmes des chevilles, céphalées, fatigue, A pr opos de l ’ accroissement palpitations, rougeur de la face (flush) 1,3. Comme avec les gingival,v oi rl ’ a r t i c l eduPN8, autres anticalciques, un accroissement gingival peut aussi octobre 2003, p.6 apparaître lors de traitement à long terme, d'où l'importance d'une hygiène buccale excellente 4. Le ZANIDIP° expose à un risque impor t a ntd’ interactions car il est métabolisé par les cytochromes P450 (voir encadré, p. 6) : il est déconseillé de le prendre avec du SPORANOX°, du NIZORAL°, du SANDIMMUN° ou même du jus de grapefruit 5. ZANIDIP° –A retenir pour le conseil : anticalcique à effet retard appartenant à la famille de l ’ ADALAT° ,NORVASC°e tPLENDI L° utile dans le traitement de l'hypertension une prise par jour oedèmes, flush, constipation, céphalées, accroissement gingival sont les effets secondaires principaux nombreuses interactions ZALAIN° (sertaconazole) Nouvel antimycosique sous forme de crème de la famille des azolés, comme CANESTENE°, PEVARYL°, NIZORAL°, DAKTARIN° et OCERAL°, ZALAIN° est indiqué officiellement en Suisse (et aux USA) pour le traitement de la teigne des pieds, appelée aussi pi e dd’ at hl è t e( t i ne ape di s )6, bi e nqu’ i ls o i te f f i c a c ein vitro contre de nombreux champignons, dont les levures, telles que Candida 7. A not e rqu’ e nFr a nc e ,l es e r t a c ona z ol ee s ti ndi quéde pui sc i nqa nspourl e traitement local des infections de la peau et des muqueuses à Candida et pour les mycoses. Il e xi s t epourc e si ndi c a t i onss ousf or med’ ovul e sva g i na uxe tdec r è meà2% 8,9. Pourl ’ i ndi c a t i ondup i e dd’ a t hl è t e ,ZALAI N°aunee f f i c a c i t éc ompa r a bl ea uDAKTARI N°7. LeLAMI SI L° ,quie s tuna nt i f ong i qued’ unea ut r ef a mi l l e ,né c e s s i t eunt r a i t e me ntdep l us courte durée (min. 1 semaine) et mène à un taux de récidives inférieur aux antifongiques azolés, ce qui en fait un avantage non négligeable 7. Attention, ZALAIN° est en liste B ! 3 Base de la thérapeutique médicamenteuse, 2001 La Revue Prescrire, 2003; 23 (240): 433-434 5 La Revue Prescrire, 2002; 22 (229): 437 6 Swissmedic Journal 1/2005 7 The Medical Letter, édition française, Juillet 2004; 26 (15) : pp. 62-64 8 La Revue Prescrire, sept 2000; 20(209) :p.587-588 9 La Revue Prescrire, sept 1999; 19(198) :p.578-579 4 © Pharma-News page 3 Numéro 24, Mai 2005 La posologie est dè s12a nsd’ unea ppl i c a t i onde uxf oi spa rj ourpe nda ntqua t r es e ma i ne s , e nt r el e sor t e i l s ,s url e sl é s i onsvi s i bl e se te ndé pa s s a ntd’ unc m sur les surfaces saines adjacentes 6,7. La durée du traitement de quatre semaines (comme pour les autres a nt i f ong i qu e sa z ol é s )doi tê t r er e s pe c t é ea f i nd’ é vi t e runer e c hut equie s tt r è sf r é quente; en e f f e t ,unef oi squ' i l sn’ obs e r ve ntpl usl e sl é s i onsàl ’ œi lnu,l e spa t i e nt sontt e nda nc eàa r r ê t e r l et r a i t e me nta l or squede sc ha mpi g nonss onte nc or epr é s e nt se tl ’ i nf e c t i on pa st ot a l e me nt éradiquée. Si aucune amélioration ne survient après deux semaines, le diagnostic doit être reconsidéré 10. Les effets secondaires locaux sont rares (2% des cas) et surviennent sous forme de dermatite, rougeur, prurit, desquamation, apparition de vésicules ou hyperpigmentation 10, 7. ZALAIN° –A retenir pour le conseil : antifongique topique de la même famille que CANESTENE° et PEVARYL° pour le traitement de la teigne des pieds ZALAI N°pe utê t r eut i l i s édè sl ’ â g ede12a nse tdoi tê t re appliqué 2 fois par jour pendant 4 semaines ZALAI N°n’ e s tpa spl use f f i c a c equel e sa ut r e st r a i t e me nt spr é e xi s t a nt s LIVIAL° 1.25 mg (tibolone) Comme mentionné dans le Pharma-News n° 10 (décembre 2003), LIVIAL° est une hormone de synthèse aux propriétés à la fois oestrogéniques, androgéniques et progestatives 11. Il est utilisé pour soulager les différents troubles de la ménopause (bouffées de chaleur, sueurs nocturnes, atrophie vulvo-va g i na l e ,i nc ont i ne nc eur i na i r e ,e t c …)e te n prophylaxie de l'ostéoporose post-ménopausique du fait de son effet favorable sur la densité osseuse 12. LIVIAL° représente une alternative aux associations oestroprogestatives classiques (KLIOGEST°, ACTIVELLE°) qui restent le traitement de référence des symptômes liés à une carence oestrogénique 13. Commercialisé jusqu'à présent au dosage de 2.5 mg, il est disponible maintenant au dosage de 1.25 mg 14. Cette nouvelle présentation permet de réduire facilement les doses après un traitement initial par LIVIAL° 2.5 mg, aussi bien dans le traitement des symptômes climatériques (bouffées de chaleur, sueurs nocturnes) que dans la prévention de l'ostéoporose. Selon la maison Organon, le traitement devrait systématiquement débuter par le dosage de 2.5 mg, puis pourrait être diminué lors d'une nouvelle évaluation après un an dans le cas des troubles climatériques et de trois mois en cas de prévention de l'ostéoporose. Lors du passage d'une association oestroprogestative à LIVIAL°, Organon recommande une pause de 2 à 3 semaines. 10 www.pharmacist.com Pharma-News, 2003, No 10, 12 12 Pharmactuel, 2002, 6, 15 13 Prescrire, 2001, 223, 807-811 14 Compendium suisse des médicaments 2005 11 © Pharma-News page 4 Numéro 24, Mai 2005 Les comprimés sont avalés une fois par jour avec du liquide, si possible toujours à la même heure, en traitement continu. Les effets indésirables les plus souvent rapportés lors de traitements à la tibolone sont une prise de poids, des douleurs abdominales, une augmentation de la pilosité, des tensions mammaires et des hémorragies vaginales (y compris spotting = petits saignements). Il est toutefois intéressant de remarquer que LIVIAL° reste pour l'instant peu évalué quant à ses risques potentiels de cancers du sein ou de l'endomètre et ses risques cardiovasculaires, malgré de longues années de commercialisation dans divers pays d'Europe 15. Pour cette raison, la Revue Prescrire préfère conseiller un recours aux associations oestroprogestatives classiques, l'incertitude quant aux effets secondaires à long terme du LIVIAL° n'étant pas compensée par une meilleure efficacité qu'avec les traitements classiques 13. Remarquons en outre que la dépense médicamenteuse avec LIVIAL° est environ deux fois plus élevée qu'avec une association oestroprogestative continue sous forme d'un comprimé par jour, telle que KLIOGEST° ou ACTIVELLE°, par exemple 13. LIVIAL° 1.25 mg –A retenir pour le conseil : stéroïde synthétique aux propriétés à la fois oestrogéniques, androgéniques et progestatives alternative aux associations oestroprogestatives classiques lors de troubles de la ménopause et prophylaxie de l'ostéoporose dosage à 2.5 mg pour début de traitement nouveau dosage à 1.25 mg pour suite de traitement (si suffisant) Pharmacovigilance Retrait mondial de MELLERIL° / MELLERETTEN° (thioridazine) La firme pharmaceutique Novartis a décidé de stopper la commercialisation de son neuroleptique MELLERIL° / MELLERETTEN° dès le 30 juin 2005. En effet, des troubles graves du rythme cardiaque (tachycardie, arythmie, torsade de pointe, mort subite) sous ces médicaments ont été rapportés depuis le début de leur utilisation il y a 45 ans, mais la première mise en garde date de juillet 2000 aux USA avec une r e c omma nda t i ond’ e f f e c t ue runECG,des ur ve i l l e rl af onc t i onc a r di a quee tdes ’ a s s ur e rde 16 l ’ a bs e nc edef a c t e ur sder i s que . 15 16 Prescrire, 2004, 246, 28 Prescrire Mai 2001 ; 21(217) : p.356 © Pharma-News page 5 Numéro 24, Mai 2005 Depuis 2001, à cause de ces effets secondaires cardiaques "Dose-dépendant" signifie dose-dépendants et un an après les USA, MELLERIL° / que l ’ e f f e t s e c onda i r e augmente au fur et à mesure MELLERETTEN°nes ontpl usi ndi qu é se nSui s s equ’ e nseconde quel ’ on augmente la dose. intention, pour le traitement des épisodes aigus et chroniques de schizophrénie lors de réponse insuffisante aux autres antipsychotiques 16,17. De plus ils sont contre-indiqués avec les médicaments inhibiteurs du CYP 2D6 t e l squeFLUCTI NE°ouDEROXAT°e ta ve cd’ a ut r e ss pé c i a l i t é ss us c e pt i bl e s d'augmenter les risques cardiaques, tels que VISKEN°, Les CYP INDERAL° ou FLOXYFRAL° 16. Ma i s d’ a ut r e s Les CYP, ou cytochromes P450 sont des neuroleptiques sont toujours à risque, tels que enzymes métabolisant de nombreuses NOZINAN°, SOLIAN°, DOGMATIL°, substances dans le foie. Il en existe TIAPRIDAL°, RISPERDAL°, ZYPREXA° et plusieurs types différents. A ce sujet, lire our e l i r el ’ a r t i c l equiye s tc ons a c r éda nsl e HALDOL° 18. A noter que ce dernier, à doses PN n° 19 de novembre 2004. modérées, semble de ce point de vue-là moins dangereux que les autres 18. Pour ces raisons, un nouveau traitement avec la thioridazine ne doit pas être instauré et les patients actuellement traités avec MELLERIL° / MELLERETTEN° doivent consulter leur mé de c i na f i ndel ’ a r r ê t e re ndi mi nua n tpr og r e s s i vement la posologie sur plusieurs semaines pour éviter un syndrome de sevrage quipe uts ’ a c c ompa g ne rdec onvul s i onsoudef r i s s ons 19,20 e td’ un phé nomè ne de r e bond . Pour ce qui est du passage du MELLERIL° / MELLERETTEN° à un autre neuroleptique, aucune recomma nda t i onof f i c i e l l en’ aé t éf a i t e car cette transition est effectuée par le médecin spécialiste et individualisée au cas par cas, mais la méthode consistant en une diminution progressive du médicament à arrêter, a c c ompa g né ed’ unea ugme nt a t i onpr o g r e s s i vedu nouveau médicament est recommandée par 19,20 Novartis . Retrait mondial de MELLERIL°/MELLERETTEN° – A retenir pour le conseil : MELLERIL° / MELLERETTEN° (thioridazine) est un neuroleptique utilisé lors de schizophrénie réfractaire aux autres médicaments i le s tr e t i r éduma r c hémondi a lf i nj ui n2005àc a us ed’ e f f e t ss e c onda i r e sc a r di a que s dose-dépendants l ’ a r r ê tdu t r a i t e me ntdoi ts ef a i r e pr ogr e s s i ve me nts urpl us i e ur ss e ma i ne s ,l e remplacement par un autre neuroleptique étant à gérer au cas par cas par le médecin d’ a ut r e sne ur ol e pt i que ss onta us s iàr i s que ,ma i smoi nsquel at hi or i da z i n e ,e tpa r mi ceux-c il ’ HALDOL°s e mbl el epl uss ûr pourdi mi nue rc er i s qued’ e f f e t ss e c onda i r e s ,i lf a ut utiliser la dose minimale efficace des neuroleptiques et surveiller la fonction cardiaque avant et pendant le traitement 17 pharmavista 25.09.2001 Prescrire Avril 2002 ; 22(227) : p.276-281 19 pharmavista 20.01.2005 20 information Novartis 10.01.2005 18 © Pharma-News page 6 Numéro 24, Mai 2005 Suspension de commercialisation du BEXTRA° Un nouvel épisode après le retrait du VIOXX° ! Le 7 avril 2005, Swissmedic, suivant l ’ a vi sdel aFDAa mé r i c a i ne e tdel ’ a ge nc ee ur opé e nnedes é c ur i t édumé di c a me nt( EMEA) ,a de ma ndél as us pe ns i ondel ac omme r c i a l i s a t i onduBEXTRA°( a t t e nt i on,pourl ’ i ns t a ntonne pe utpl usl eve ndr e ,ma i si ln’ e s tpa se nc or eof f i c i e l l e me ntr e t i r éduc ommerce) 21. Le BEXTRA° (valdécoxib) est un inhibiteur sélectif de la COX-2 au même titre que VIOXX° (hors commerce) et CELEBREX°. Dès sa mise sur le marché étranger en 1999, des notices de pharmacovigilance faisaient état lors de la prise du médicament de lésions cutanées comme le syndrome de Lyell ou de Stevens Johnson (pour simplifier ces deux syndromes entraînent la formation de cloques comme lors de brûlures du 2ème degré, puis une érosion de la peau qui part en lambeaux) 22. En Suisse, ce médicament est commercialisé depuis 2003 et déjà trois cas de problèmes cutanés ayant nécessité une hospitalisation ont été signalés 21. Cenouve lé pi s odenef a i tqu’ a mpl i f i e rl apol é mi quef a i s a ntr a gea ut ourde sc oxi bs .Ler etrait du VIOXX° a fait suite à la découverte d'une augmentation du risque cardiovasculaire ( i nf a r c t us ,a t t a quec é r é br a l e )l or sdel apr i s edumé di c a me nt .Da nsl emê met e mps ,d’ a ut r e s études effectuées avec le CELEBREX° et le BEXTRA° ont été stoppées car elles laissaient aussi apparaître une augmentation du risque cardiovasculaire 23, 24. Mais ces faits étaient nouveaux pour ces deux médicaments alors que dans le cas du VIOXX°, ils étaient connus dès sa mise sur le marché. Ainsi CELEBREX° et BEXTRA° sont restés sur le marché, avec des mises en garde : contre-indication chez les personnes ayant eu des événements cardiovasculaires ou étant à risque de problèmes cardiovasculaires 25. De plus, on sait que la toxicité gastrique entraînée par les AINS est aussi présente sous c oxi bs … Làa us s i ,c ’ e s tuneg r a ndedé c e pt i on,c a rc ’ é t a i tunde se s poi r squ’ ona va i ta ve cc e s mé di c a me n t s .Ai ns il aba l a nc ebé né f i c e / r i s queé t a i tc l a i r e me nte ndé f a ve urdeVI OXX° ,d’ où son retrait du marché. BEXTRA° est lui en Attention : les personnes sous anticoagulant sursis pui s qu’ i le st suspendu de commercialisation oral (SINTROM° ou MARCOURMAR°) j us qu’ à l a r é é va l ua t i on de c e t t e ba l a nc e doivent avoir un suivi plus important de leur bénéfice/risque. En ce qui concerne le temps de prothrombine (= temps de coagulation), car le BEXTRA° pouvait CELEBREX° ,i lr e s t es url ema r c h é … j us qu’ à influencer ces valeurs 21. quand ? Un nouveau feuilleton nous attend certainement prochainement ! Sui t eàl ’ a r r ê tdec omme r c i alisation du BEXTRA°, les patients nécessitant un AINS devraient de préférence recevoir du paracétamol ou un AINS bien évalué, tel que le diclofénac ( VOLTAREN°ougé né r i que s )oul ’ i b u pr of è ne( BRUFEN°oug é né r i que s ) . 21 Communiqué de Swissmedic, 7/8 avril 2005 The Pharmacist's letter, Dec 2002; # 181210 23 N Engl J Med 2005; 352 (11): online version 24 The Lancet 2004; 364: 639-640 25 Communiqué de Swissmedic, février 2005 22 © Pharma-News page 7 Numéro 24, Mai 2005 Suspension de commercialisation du BEXTRA° –A retenir pour le conseil : suspension de commercialisation à cause de risque cutané important, de risque cardiovasculaire possible et de risque gastro-intestinal avéré balance bénéfice-risque pas favorable c ont r ôl edu t e mpsdepr o t hr ombi neàl ’ a r r êt de la médication pour les personnes sous anticoagulants oraux P o u r e n s a v o i r p l u s … Les vaccinations de routine chez le petit enfant 26 L'Office Fédéral de la Santé Publique recommande la vaccination systématique de tous les enfants Objectifs de la vaccination au niveau dans leurs premières années de mondial vie contre les maladies dites L'OMS s'est fixé comme objectif infantiles; ces maladies qui, l'éradication mondiale de la comme leur nom l'indique, poliomyélite d'ici fin 2005, ainsi que l ’ élimination de la rougeole en Europe apparaissent surtout pendant l'enfance sont pour la pour 2010. C'est déjà le cas pour la plupart très contagieuses et peuvent entraîner des variole : grâce à une vaccination complications graves ou des troubles du développement. conséquente dans le monde entier, on n'a plus recensé aucun cas de variole Le programme de vaccination est adapté chaque année; depuis plus de vingt ans ! En Suisse, la son but premier est de protéger la population de poliomyélite a disparu depuis 1982 certaines maladies potentiellement dangereuses par (mais on vaccine encore car des virus sauvages peuvent s'introduire à tout les vaccins actifs et sûrs disponibles sur le marché moment). suisse. Les recommandations officielles en la matière n'ont pas un caractère obligatoire, hormis dans certains cantons (diphtérie à FR, GE, NE, TI, tétanos à FR); Couverture vaccinale cependant, les autorités sanitaires veulent sensibiliser les Suivant les maladies, 80 à 95% de parents à la nécessité de faire vacciner leurs enfants. En la population doit être immunisée effet, si la couverture vaccinale devient insuffisante suite pour assurer l'élimination de l ’ a g e ntpa t hog è ne . aux diverses campagnes anti-vaccination, les maladies infantiles devenues très rares ou totalement disparues peuvent réapparaître. 26 Br oc h u r ea r g ume n t a i r edel ’ OFSP,«Vacciner les enfants ? Oui ! Pourquoi ? » © Pharma-News page 8 Numéro 24, Mai 2005 La vaccination est une composante de la co-responsabilité sociale. En effet, si on ne vaccine pas, les agents pathogènes peuvent circuler librement et ainsi contaminer des personnes particulièrement sensibles aux maladies (personnes âgées, femmes enceintes, immunodéficients, enfants); au-delà de nos frontières également, les touristes non vaccinés risquent de réintroduire les maladies dans des pays desquels elles avaient complètement disparu (par exemple la rougeole en Finlande, alors qu'on rencontre encore aujourd'hui des cas en Suisse). Les recommandations de vaccination chez le petit enfant en Suisse concernent les huit maladies suivantes : diphtérie (D) tétanos (T) coqueluche (Pa pour Pertussis vaccin acellulaire) maladies à Haemophilus influenzae type b (Hib) poliomyélite (IPV pour inactivated poliomyelitic vaccine) rougeole (R) oreillons (O) rubéole (R) Les cinq premiers vaccins sont regroupés dans un seul produit (INFANRIX° DTPa IPV Hib ou PENTAVAC°) qui doit être injecté par voie intramusculaire (i-m) à 2,4 et 6 mois, avec un rappel entre 15 et 24 mois et un autre entre 4 et 7 ans. Les trois derniers sont également regroupés dans ce qu'on appelle couramment le "ROR" ("rougeole-oreillons-rubéole", PRIORIX° ou M-M-RI I ° ) .I ls ’ a g i td' unva c c i nvi va nta t t é nué (contrairement aux DTPa-IPV-Hib qui contiennent les toxines ou les antigènes correspondants); la première injection (i-m également) doit être effectuée à 12 mois et le rappel entre 15 et 24 mois. A noter qu'en cas d'épidémie ou de risque élevé, le ROR peut se faire dès 9 mois (avant, la réaction du système immunitaire semble insuffisante). Il est nécessaire de commencer à vacciner les nourrissons dès les premiers mois de vie car ils ne sont protégés par les anticorps maternels qu'au maximum jusqu'à 6 mois (s'ils sont allaités); d'autre part il faut laisser à leur organisme suffisamment de temps pour produire les a nt i c or psc or r e s ponda nt s ,a f i n qu’ i l ss oi e nti mmuni s é sc ont r ec e sma l a di e sda ng e r e us e s auxquelles ils sont particulièrement exposés durant leurs deux premières années . Durant cette période, leur système immunitaire est déjà beaucoup sollicité pour lutter contre diverses maladies infectieuses qui n'entraînent heureusement pas le même risque de complications graves; il est donc important que leurs défenses soient prêtes pour éliminer directement les agents pathogènes des huit maladies contre lesquelles on vaccine. En cas d'oubli d'une dose d'un vaccin, il est toujours possible de la rattraper à tout âge, en accord avec le pédiatre. Les vaccinations de routine chez le petit enfant –A retenir pour le conseil : même si cela n'est pas obligatoire, l'OFSP recommande la vaccination de tous les enfants selon le plan mis à jour chaque année et résumé dans le tableau 1 une dose oubliée doit généralement être rattrapée © Pharma-News page 9 Numéro 24, Mai 2005 Tableau 1 : Plan de vaccination suisse 2005 chez les enfants Age 2 mois 4 mois 6 mois 12 mois 15-24 mois 4-7 ans Diphtérie Tétanos Pertussis = coqueluche DTPa DTPa DTPa Haemophilus influenzae type b Hib Hib Hib Poliomyélite DTPa DTPa Hib Hib IPV IPV Rougeole Oreillons Rubéole IPV IPV IPV ROR ROR Spécialités de vaccins sur le marché : INFANRIX° existe en 3 compositions : DTPa-IPV, DTPa-IPV+Hib, HEXA (DTPa-IPV+Hib+HepB =hépatite B) Idem pour TETRAVAC°, PENTAVAC° et HEXAVAC°, respectivement On trouve encore BOOSTRIX° (DTPa) et BOOSTRIX POLIO° (DTPa-IPV), DT VACCIN MERIEUX°, HIBERIX° (Hib) Pour la vaccination ROR : PRIORIX°, M-M-R II° Il existe un vaccin contre la rougeole seule : MORATEN BERNA° Et contre la rubéole seule : RUBEATEN BERNA° 27 Tableau 2 : Manifestations et principales complications des maladies infantiles Maladie diphtérie Manifestations angine tétanos crampes musculaires douloureuses et dangereuses affaiblissement ou paralysie des muscles quintes de toux asphyxie poliomyélite (ou paralysie infantile) coqueluche haemophilus influenzae rougeole oreillons rubéole 27 Complications graves obstruction des voies respiratoires par des membranes asphyxie mort par blocage de la respiration paralysie définitive pneumonie, convulsions, lésions cérébrales, mort colonisation du nez et du si passage dans le sang : pharynx méningite, infection des os et des articulations, épiglottite potentiellement mortelle refroidissement, fièvre, pneumonie, otite, éruption caractéristique convulsions, encéphalite potentiellement mortelle atteinte des glandes salivaires méningite virale, atteinte du pancréas, douleurs intenses des testicules (mais entraîne rarement la stérilité) fièvre, gonflement des durant les 3 premiers mois de ganglions du cou, douleurs grossesse : risques de articulaires, éruption malformations cardiaques et caractéristique cérébrales, de cécité et = maladie bénigne en général s ur di t é ,demor tduf œt us Compendium suisse des médicaments, 2005 Documed SA © Pharma-News page 10 Numéro 24, Mai 2005 Un vaccin anti-nicotine, est-ce de la fiction? Actuellement en Suisse, un adulte sur trois est fumeur 28. 2930 Pour aider ceux qui souhaitent arrêter de fumer, il existe différents moyens dont la plupart permettent de réduire progressivement la dose de nicotine absorbée de façon à atténuer les symptômes de manque. L'absorption de nicotine par des produits tels que patch transdermique, gomme à mâcher, comprimé ou inhalateur est beaucoup moins rapide qu'avec la cigarette et n'entraîne pas, de ce fait, de pics de concentration cérébrale élevée. Elle permet ainsi d'atténuer les symptômes de sevrage sans procurer les effets de "plaisir" de la nicotine fumée 30. La nicotine La nicotine est la cause principale de la dépendance à la cigarette. Alcaloïde majeur du tabac, elle est rapidement absorbée par les membranes cellulaires. Son entrée dans la circulation sanguine se fait directement par le système veineux pulmonaire 30. Ainsi, après chaque bouffée de cigarette, la nicotine atteint le cerveau en 9 à 19 secondes (plus rapidement qu'après une injection intraveineuse) 30. A ce niveau, elle déclenche une cascade de réactions très proches du plaisir. Une interruption brusque de l'apport de nicotine provoque un syndrome de manque qui se manifeste par un besoin irrépressible de fumer, une altération de l'humeur et une tendance à la déprime 29. Le plus souvent, les fumeurs s'arrangent pour restaurer leur taux de nicotine, afin de faire cesser les symptômes de manque. Il est intéressant de constater qu'ils peuvent contrôler très précisément la dose de nicotine qu'ils s'administrent bouffée par bouffée. Ainsi, lorsqu'un fumeur change de types de cigarette, il effectue inconsciemment, un dosage très précis de son absorption de nicotine. C'est-à-dire qu'il modifie sa façon de fumer (intensité, durée et nombre de bouffées, profondeur d'inhalation, degré de dilution de la fumée avec l'air inspiré) afin d'obtenir la quantité de nicotine nécessaire à sa satisfaction (c'est d'ailleurs pour cette raison que le terme de cigarettes "light" ou légères a été interdit récemment). Signalons encore que, contrairement à une idée très répandue, la nicotine n'est pas cancérigène. Cependant, à ses côtés, la fumée de cigarette contient plus de 4'000 composés chimiques, dont neuf au moins sont cancérigènes. La plupart des effets néfastes du tabac sur les systèmes respiratoire et cardio-vasculaire sont dus au monoxyde de carbone (CO) et autres gaz irritants et oxydants 30. Pour cette raison, il est de toute façon préférable d'utiliser des substituts nicotiniques ( pa t c he s ,g omme s ,e t c …) ,pl ut ôtquedec ont i nue ràf ume r ,mê mes ion n'arrive pas à se passer complètement de nicotine. Nous reviendrons sur les doses de substituts nicotiniques à utiliser en fonction de la consommation du fumeur dans un prochain article. Ne ratez donc pas les prochains Pharma-News ! Une nouvelle approche thérapeutique est actuellement en développement. Il s'agit d'un vaccin anti-nicotine. Comme pour toute vaccination, l'objectif est d'obtenir une production d'anticorps spécifiques, qui, dans le cas présent, seraient dirigés contre la nicotine. Ces anticorps ont pour mission de capter la nicotine dès qu'elle pénètre dans le sang via les poumons et l'empêcher d'atteindre le cerveau. Ainsi, la quantité de nicotine parvenant au cerveau pourrait être fortement diminuée, diminuant par la même le plaisir de fumer et la dépendance. Pour obtenir une réponse immunitaire de notre organisme face à la nicotine, le casse-tête réside dans la taille des molécules de nicotine, trop petites pour être naturellement perçues comme une menace. Pour que ces molécules soient perceptibles par le système immunitaire, il faut donc leur donner du volume. 28 www.pharmavista.ch allez savoir, n°18, octobre 2000 30 Médecine et Hygiène, 1er octobre 2003, no 2452, 1845-1848 29 © Pharma-News page 11 Numéro 24, Mai 2005 L'astuce consiste à les greffer sur l'enveloppe d'un virus inactivé. On obtient ainsi des structures assez grosses dont la surface est hérissée de molécules de nicotine 29. Dé j àt e s t és u rde sr a t s ,l eva c c i nar é us s iàdi mi nue rl ’ e f f e tdel ani c ot i nes url as e ns a t i onde manque et sur la pression sanguine. Les taux de nicotine libre dans le sang (non liée à un anticorps) ont même chuté de 40 à 60 % 31. Ce vaccin pourrait donc s'avérer très utile chez l'humain, à la condition toutefois que la baisse du taux de nicotine parvenant au cerveau soit suffisante (on estime que cette baisse chez l'homme devrait être de 90%) 32. Si tel était le cas, les applications d'un tel vaccin seraient essentiellement l'aide au sevrage tabagique et la prévention des rechutes. Vaccin anti-nicotine –A retenir pour le conseil : la nicotine est la cause principale de la dépendance au tabac la nicotine n'est pas cancérigène l'interruption de l'apport de nicotine provoque un syndrome de manque un vaccin anti-nicotine est à l'étude actuellement il pourrait être utile dans l'aide au sevrage et la prévention des rechutes Précision Dans le dernier Pharma-News (PN n° 23, p.14), nous avons dit dans le paragraphe sur le dé pi s t a geduSI DAqu’ a pr è sl ’ i nf e c t i on," il s'écoule un certain temps jusqu'à ce que les anticorps puissent être assez nombreux pour être détectés dans le sang (le patient est alors dit "séropositif")". Cela signifie que le patient est déclaré séropositif lorsque les anticorps ont été détectés et non pa squ’ i le s ts é r opos i t i fpe nda ntl apé r i odeoùl e sa nt i c or psne sont pas encore détectables. "Séropositif" signifie donc bien "infecté par le virus". Comme cette phrase pouvait prêter à confusion, nous avons préféré vous donner cette précision. 31 32 www.doctissimo.fr www.e-sante.be © Pharma-News page 12 Numéro 24, Mai 2005 E n b r e f … CORPRIRETIC°, LISINOPRIL HCT° HELVEPHARM Voici deux nouve a ux g é né r i que s de l ’ a nt i hy pe r t e ns e urc ompos é( I ECA + di ur é t i que ) ZESTORETI C° ,c omme r c i a l i s é ss ousl e smê me sd os a ge se tt a i l l e sd’ e mba l l a gequel ’ or i g i na l , respectivement par les maisons Streuli et Helvepharm. CORPRILIN°, LISINOPRIL° HELVEPHARM On repr e nd é vi de mme ntl e smê me se ton r e c omme nc e ,ma i ss a nsl ’ hy dr oc hl or ot hi a z i de (diurétique) pour avoir deux nouveaux génériques du ZESTRIL° (IECA). Là non plus, pas de s ur pr i s e s ,s ic en’ e s tqueniCORPRI LI N° ,niLI SI NOPRI L°HELVEPHARM nes o nt commercialisés à 30 mg. CETALLERG° Ceg é né r i q u eduZYRTEC° ,l ’ a nt i -allergique bien connu, existait seulement sous forme de comprimés. Désormais, Ecosol a aussi pensé aux enfants et il existe aussi sous forme de g out t e squines e r ontLSqu’ àpa r t i rdu1er juin (au moment de la rédaction, on ne trouvait d’ a i l l e ur spa se nc or el e sg out t e sa uf i c hi e rGa l da t ) . Note de l'éditeur Les avis exprimés dans le Pharma-News reflètent l'opinion de leurs auteurs en fonction des données disponibles au moment de la rédaction et n'engagent en aucune manière le CAP. © Pharma-News page 13 Numéro 24, Mai 2005