solo pour gabriella - Charleroi
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solo pour gabriella - Charleroi
FR lamento SOLO POUR GABRIELLA Michèle Anne De Mey LAMENTO SOLO POUR GABRIELLA Créé pour et interprété par Gabriella Iacono Concept, chorégraphie, mise en scène Michèle Anne De Mey Assisté de Grégory Grosjean Lumière, scénographie Simon Siegmann Costumes Zouzou Leyens Accessoires Anne Masset Couturiers Samuel Dronet, Maylis Duvivier, Nalan Kosar Son Boris Cekevda Musique Lamento d’Arianna de Monteverdi - Roberta Invernizzi, Accademia Strumentale Italiana Lasciatemi qui solo de Caccini - Maria Cristina Kiehr, Jean-Marc Aymes, Concerto Soave Amore mio, non piangere du Chœur Gruppo Padano di Piadena - Gaspare de Lama, Giovanna Marini O Surdato Nnammurato - Anna Magnani Cade l’Uliva du Chœur Gruppo Padano di Piadena - Gaspare de Lama, Giovanna Marini Lasciatemi Morire a 5 de Monteverdi - The Consort of Musicke, Anthony Rooley Si Dolce E’l Tormento de Monteverdi - Delitiae Musicae, Marco Longhini Bang Bang de Nancy Sinatra Le Rappel des Oiseaux de Rameau - Mordecai Shehori Lamento d’Arianna (vocal), 1a parte de Monteverdi - Delitiae Musicae, Marco Longhini, Paolo Costa Régisseur de tournée Bruno Olivier Technicien lumière Rémy Nelissen Technicien plateau Clément Bonté Constructeur plancher François Maréchal Remerciements Dominique Warnier Communication Ivo Ghizzardi — Production Charleroi Danses, Centre chorégraphique de la Fédération Wallonie-Bruxelles Lasciatemi morire ! E chi volete voi che mi conforte In così dura sorte, In così gran martire ? Lasciatemi morire Monteverdi, Lamento d’Arianna in L’Arianna Partant de l’unique fragment retrouvé de L’Arianna, opéra disparu de Monteverdi, Michèle Anne De Mey crée pour sa collaboratrice de longue date - l’interprète d’exception Gabriella Iacono - une partition chorégraphique cousue à même la peau. Adoptant dans un premier temps le parti pris de la stricte transposition chorégraphiée du texte, la chorégraphe en fait le point de départ d’une exploration plus vaste, variation sur le thème de l’abandon et de la perte de l’être aimé. Gabriella Iacono y incarne avec force la figure tragique d’une Ariane dévastée par la trahison. Une pièce poignante qui revisite les codes de la tragédie antique pour mieux les propulser dans notre biotope contemporain. À propos de L’Arianna : Naissance et disparition d’une oeuvre En 1607, après le succès remporté quelques mois plus tôt par l’Orfeo de Claudio Monteverdi, le prince Vincenzo Ier de Mantoue commande au compositeur un nouvel opéra à l’occasion des noces du duc héritier Francesco Gonzaga et de la fille du duc de Savoie. Le 10 septembre de la même année, l’épouse de Monteverdi meurt, le laissant seul avec deux jeunes enfants. C’est dans ces circonstances funestes que l’œuvre est composée au cours de l’hiver et achevée en moins de trois mois. Le 9 mars 1608, la jeune chanteuse qui devait interpréter le rôle-titre meurt après une brève maladie, plongeant les préparatifs de l’opéra dans un climat de profonde tristesse. Monteverdi qui connaissait la jeune fille en est très affecté. En mai, après les noces célébrées à Turin, les époux princiers rentrent à Mantoue et L’Arianna, trage dia in musica est créée devant la cour, le 28 du même mois. L’opéra reçoit un accueil des plus enthousiastes. Pourtant, contrairement à l’Orfeo qui avait fait l’objet de deux luxueuses éditions, L’Arianna n’est pas imprimé. Peutêtre faut-il déjà y voir le signe d’un début de disgrâce du compositeur à Mantoue, préfigurant son départ définitif pour Venise. L’œuvre demeurera cependant un succès constant tout au long du XVIIe siècle et sera rejouée à plusieurs reprises. Malheureusement, la partition originale disparaît irrémédiablement, lors de la guerre de succession ouverte à la mort du duc Vincenzo II qui mènera à la prise de Mantoue par l’Autriche en 1630, et à la destruction du manuscrit complet de L’Arianna dans l’incendie de la bibliothèque ducale. Seul l’épisode central du Lamento d’Arianna, pleurant seule sur son rocher le départ de Thésée, fut conservé, car consigné en trois versions, dont deux entièrement authentiques. On l’aura compris à la lecture de ces lignes, de sa création à sa disparition, l’histoire de L’Arianna fut jalonnée de moments tragiques : mort de l’être aimé, disparition d’une proche, destruction du manuscrit original, autant d’incidents qui en font une œuvre indéniablement placée sous le sceau de la perte et du deuil. Une relecture contemporaine Il n’en fallait pas plus pour affuter l’imaginaire de Michèle Anne De Mey. La chorégraphe, qui nourrissait de longue date le souhait d’écrire un solo pour sa collaboratrice, la danseuse Gabriella Iacono (Sinfonia Eroica, Neige, Kiss & Cry), et caressait dans le même temps le désir de porter à la scène l’unique fragment existant de L’Arianna, voit dans la relation de ces événements, alors qu’elle se documente sur cette œuvre, plus qu’un encouragement à poursuivre son entreprise. Un présage, pourrait-on se risquer à dire, s’agissant d’une œuvre trouvant ses fondements dans la mythologie grecque. Elle s’en empare et se lance à corps perdu dans le travail de création, faisant du vestige unique de cette opéra disparu, le matériau de départ d’un solo qui n’aura pour autre thématique que la séparation et partant, la solitude, le sentiment de la perte et le deuil. Trois émotions génériques et éternelles ayant traversé une même humanité se dépliant de l’antiquité à nos jours, dont la chorégraphe, détournant les codes de la tragédie antique pour les injecter dans une pièce de danse toute contemporaine, souligne ainsi l’absolue universalité et intemporalité. Chronologie En novembre 2011, un premier « moment » de la pièce est présenté à La Raffinerie à Bruxelles, devant un parterre international de programmateurs, réunis à l’occasion de la plateforme pour professionnels Objectif Danses organisée par Wallonie-Bruxelles Théâtre Danse. Encouragée par l’accueil reçu par cette assemblée, Michèle Anne De Mey décide de développer plus avant le matériau chorégraphique au cours des mois qui vont suivre. En mars 2012, lors du festival In Movement des Brigittines, elle est invitée à en présenter, sous la forme d’un work in progress, une version qui fait déjà montre d’une exploitation précise des différents axes de recherche retenus. Les 25 et 26 mai de la même année, la pièce dans sa version achevée est créée dans cette même Raffinerie de Charleroi Danses qui vit ses premières esquisses. Synopsis Sur une scène réduite à sa quintessence de plan euclidien, se présente à nous, seule et vulnérable, une Ariane émergeant des brumes du sommeil. La fille de Minos, roi de Crète, vient de s’éveiller à une réalité nouvelle et amère : Thésée, l’homme aimé, l’a abandonnée. Ariane s’apprête à pénétrer les eaux froides de la solitude et de l’oubli. Une esthétique du dépouillement Pour dire scénographiquement cet espace mental habité tout entier par la solitude et le deuil, Michèle Anne De Mey a imaginé une forêt d’ombres plantée ça et là de quelques rares rais de lumières. Elle opte pour une esthétique de l’ascèse qui opère la jonction entre classicisme antique et épure contemporaine. Une composition où le plein est atteint par le dénuement, la richesse par la soustraction et où le dépouillement le plus total est au service d’un raffinement visuel accompli. La démarche est, pourrait-on dire, stoïcienne. Bannis les effets de scène, il faut gagner l’essence des choses avec une scénographie qui dans sa pureté claire-obscure se revendique écrin pour la pièce, comme l’écriture chorégraphique se veut parure sur mesure pour une danseuse au faîte de son art, dédicace personnelle pour une interprète habitée. Dans l’infini suggéré de l’espace scénique, ombre et lumière se livrent le combat de toujours : lumières, dont le spectre a été patiemment réduit et la gamme savamment dosée pour cerner un lieu précis : le théâtre intime de la tragédie, celui de la déchirure et de l’abandon, l’île perdue dans l’océan intérieur de tous ceux qui furent un jour quittés, lumières léchant le sol de leurs langues mordorées, évoquant d’autres feux : ceux des torchères de quelque amphithéâtre grec, de la Rome incendiée par Néron ou encore au loin, d’un phare - celui de Naxos ?- où Ariane s’éteint dans la douleur, lumières crépusculaires faisant surgir des eaux noires un reflet dans lequel Ariane se mire et y contemple toute l’étendue de sa solitude, lumières qui font par moment se détacher des ténèbres le visage, un bras, les jambes, d’un corps meurtri pas la blessure intime et qui cherche vainement à se réchauffer aux derniers rayons d’un disque solaire déjà tombé dans la mer, disparu derrière le fil de l’horizon, lumières sculptant les abîmes, pour en dégager la silhouette, d’une Ariane comme en apesanteur. Celle d’un temps qui paraît avoir arrêté son cours. Le temps de la souffrance qui semble ne jamais devoir prendre fin. Une danse des états d’âmes Tandis que l’œil s’habitue à la pénombre, se fait entendre le Lamento. Débute alors un rituel, celui d’une stricte transposition chorégraphiée des paroles de ce chant baroque. Danse d’une littéralité assumée, elle déploie dans l’espace, chronologiquement, les uns après les autres les idiomes qui composent ce chant. D’une sobriété toute en retenue, exposant « à froid » le propos, elle se déplie sans pathos mais non sans grâce, n’explicitant rien de plus que se qui est donné à entendre, invitant le spectateur à l’introspection. Cet « exposé » littéral achevé, sorte d’antichambre de cette pièce de danse, vont alors se dévoiler une à une, une série de vignettes chorégraphiées, qui sont autant d’éclairages, d’illustrations, de transpositions, des différents états d’âme traversés par cette femme au sortir de l’abandon. Le développement du propos se veut linéaire, jusqu’à son terme, comme le veut la codification de la tragédie antique. Exploration raisonnée du ressenti de la séparation. Césure classique et ellipse consacrée, un fondu au noir sanctionne la fin de chaque tableau, offrant à l’interprète l’éclipse nécessaire pour investir le nouvel ethos du personnage, revêtir une nouvelle carnation, incarner sa blessure sous une nouvelle dimension. Car pour dire cette déchirure, Michèle Anne De Mey a choisi la variation sur le même thème. Dans chaque vignette de ce seul en scène se déclinent les différents états, sensiblement distincts par lesquels nous fait passer la déréliction sentimentale : la résignation, l’abattement, la révolte, la détresse, la colère mais aussi une certaine forme de joie. Car si la douleur domine, peut parfois sourdre l’exaltation d’un défi lancé à soi-même, celui d’une résilience à venir. Une traduction de la vibration Ces différents états sont le chemin, la vibration qui parcourt chacune des variations. Ils sont le souffle qui traverse la pièce et irradie le corps D’une sobriété toute en retenue, exposant « à froid » le propos, elle se déplie sans pathos mais non sans grâce, n’explicitant rien de plus que se qui est donné à entendre, invitant le spectateur à l’introspection. de l’interprète. Et c’est dans la traduction de ce souffle, de cette vibration qu’intervient la maestria de la danseuse, sa technicité et son contrôle du corps. Un corps littéralement traversé par cette tempête affective et qui devient le champ visible du tumulte intérieur. Il est l’exergue d’un matériel chorégraphique vibrant et plein. Comme le conteur dans la tragédie antique, le corps devient vecteur du récit et récit lui-même. Il est tour à tour tourmenté, fragile, habité, ou encore pantelant, défait. L’abandon, essence du propos de la pièce, finit par habiter chaque muscle, chaque tendon, chaque respiration de Gabriella Iacono pour in fine accoucher d’une théâtralité dansée. Et, aussi paradoxal que cela puisse paraître, à travers cette douleur incarnée, les tourments nombreux de la protagoniste, on devine chez cet interprète accomplie le plaisir palpable de s’abandonner à la danse. Celle qui fit ses armes à l’Académie Nationale de Danse à Rome et à la London Contemporary Dance School à Londres avant que de danser pour de nombreux chorégraphes dont Frédéric Flamand, Thierry Smits, Joanne Leighton ou Ted Stoffer nous en apprend encore sur la notion d’interprète, passeur sensible, vecteur créatif, conducteur émotionnel tout entier au service du chorégraphe. Antiquité et contemporanéité Si l’Ariane de Michèle Anne De Mey est bien celle de la mythologie grecque, elle renvoie aussi à d’autres grandes figures tragiques et méditerranéennes du panthéon de notre imaginaire contemporain. Drapée de sa robe noire de vestale, prête au sacrifice, elle évoque l’Anna Magnani de Roma, città aperta bravant le cordon des soldats allemands pour tenter d’arracher l’homme aimé des griffes de l’envahisseur, avant que d’être arrêtée dans sa course, atteinte d’une balle dans le dos. Ou encore à la Sylvana Mangano de Riso amaro, femme trahie exécutant son amant avant de retourner l’arme contre elle-même. On pense à toutes ces icônes tragiques du cinéma néoréaliste italien, filles-mères, femmes adultères, mères-courage pour la plupart endeuillées, bravant les tempêtes de la vie au nom de l’amour qu’elles portent aux leurs. Un parallèle pourra également s’opérer sur le plan musicologique. Si la pièce musicale de Monteverdi constitue incontestablement le point de départ à cette pièce danse, Michèle Anne De Mey s’autorise toutes les incursions possibles dans le champ musical contemporain afin, encore une fois, de souligner le caractère intemporel de ces sentiments génériques que sont l’abandon, la perte et le deuil : de la chanson napolitaine, à la pop douce-amère, en passant par les madrigaux, la chorégraphe brasse le matériau sonore avec jubilation dans le seul but de le mettre au service du propos. Dans une démarche assumée, celle-ci fait de la musique véhicule d’une affirmation articulée et sonore du déchirement qui habite cette Ariane nouvelle. La convocation de textures sonores achèvera de projeter cette œuvre dans l’iconographie et l’imaginaire cinématographique, et partant, dans notre contemporanéité. Lamento d’Arianna Texte intégral Laissez-moi mourir ! Que voulez-vous qui me réconforte Dans un si rude sort Dans un si grand martyre ? Laissez-moi mourir ! Ô Thésée, ô mon Thésée, Oui, je veux te dire mien car tu es à moi, Bien que tu fuies, cruel , loin de mes yeux. Retourne-toi, mon Thésée ! Retourne-toi, Thésée, ô Dieu ! Retourne-toi pour revoir celle Qui a quitté pour toi sa Patrie et son Royaume, Et qui, restée sur ces sables, Proie de fauves sans pitié et cruels, Laissera ses os dénudés ! Ô Thésée, ô mon Thésée Si tu savais, ô Dieu ! Si tu savais, hélas, comme souffre La pauvre Ariane, Peut-être, repentant, Tu retournerais ta proue vers le rivage ! Mais grâce aux vents sereins Tu t’en vas heureux, et moi je pleure. Athènes te prépare La pompe d’un accueil joyeux, et moi je reste La proie des fauves sur des sables solitaires. Chacun de tes deux vieux parents T’embrasseront joyeux, et moi Je ne vous verrai plus, ô ma mère, ô mon père ! Où donc, où est la foi Que si souvent tu me jurais ? Est-ce ainsi que, sur le trône sacré de mes pères, Tu me replaces ? Sont-ce là les couronnes Dont tu pares ma chevelure ? Sont-ce là les sceptres, Les diamants et les ors ? Me laisser à l’abandon À un fauve pour qu’il me déchire et me dévore ? Lasciatemi morire ! E chi volete voi che mi conforte In così dura sorte, In così gran martire ? Lasciatemi morire. O Teseo, o Teseo mio, Si, che mio ti vo’ dir, che mio pur sei, Benchè t’involi, ahi crudo, a gli occhi miei Volgiti, Teseo mio, Volgiti, Teseo, o Dio ! Volgiti indietro a rimirar colei Che lasciato ha per te la Patria e il Regno, E in queste arene ancora, Cibo di fere dispietate e crude, Lascierà l’ossa ignude ! O Teseo, o Teseo mio, Se tu sapessi, o Dio ! Se tu sapessi, ohimè, come s’affanna La povera Arianna, Forse pentito Rivolgeresti ancor la prora allito ! Ma con l’aure serene Tu te ne vai felice et io qui piango. A te prepara Atene Liete pompe superbe, ed io rimango Cibo di fere in solitarie arene. Te l’uno e l’altro tuo vecchio parente Stringeran lieti, et io Più non vedrovvi, o Madre, o Padre mio ! Dove, dov’è la fede Che tanto mi giuravi ? Così ne l’alta fede Tu mi ripon degl’Avi ? Son queste le corone Onde m’adorni il crine ? Questi gli scettri sono, Queste le gemme e gl’ori ? Lasciarmi in abbandono A fera che mi strazi e mi divori ? Ah Thésée, ah mon Thésée, Laisseras-tu mourir, En vain pleurant, en vain criant à l’aide, La pauvre Ariane Qui se fia à toi et te donna gloire et vie ? Hélas, tu ne réponds même pas ! Hélas, tu es plus sourd qu’un aspic à mes plaintes Ô nuées, ô tornades, ô vents Engloutissez-le dans ces flots ! Accourez, orques et baleines, Et de ces membres immondes Emplissez les gouffres profonds ! Que dis-je, hélas, quel est ce trouble ? Malheureuse, que demandè-je ? Ô Thésée, ô mon Thésée, Ce n’est pas moi, non ce n’est pas moi, Qui ai prononcé ces cruelles paroles ; C’est ma souffrance, c’est la douleur qui a parlé C’est ma langue, oui, mais ce n’est pas mon cœur. Malheureuse, je fais encore place À l’espoir trahi ? Et il ne s’éteint pas, Malgré tant de dérision, le feu de l’amour ? Toi, mort, éteins désormais ces flammes indignes ! Ô ma mère, ô mon père, ô de l’antique Royaume Les superbes demeures où d’or fut ma couche, Ô mes serviteurs, ô mes fidèles amis (hélas sort injuste !) Regardez où m’a conduite la fortune cruelle Regardez quelle douleur m’ont donné en héritage Mon amour, Ma foi Et celui qui m’a trahie ! Voilà le sort de qui trop aime et se fie. Traduction française : Michelle Blanckaert Source : kulturica.com Ah Teseo, ah Teseo mio, Lascierai tu morire Invan piangendo, invan gridando ‘aita, La misera Arianna Ch’a te fidossi e ti diè gloria e vita ? Ahi, che non pur rispondi ! Ahi, che più d’aspe è sordo a’ miei lamenti ! O nembri, O turbi, O venti, Sommergetelo voi dentr’a quell’onde ! Correte, orche e balene, E delle membra immonde Empiete le voragini profonde ! Che parlo, ahi, che vaneggio ? Misera, ohimè, che chieggio ? O Teseo, O Teseo mio, Non son, non son quell’io, Non son quell’io che i feri detti sciolse ; Parlò l’affanno mio, parlò il dolore, Parlò la lingua, sì, ma non già il cuore. Misera ! Ancor dò loco A la tradita speme ? E non si spegne, Fra tanto scherno ancor, d’amor il foco ? Spegni tu morte, ornai, le fiamme insegne ! O Madre, O Padre, O dell’antico Regno Superbi alberghi, ov’ebbi d’or la cuna, O servi, O fidi amici (ahi fato indegno !) Mirate ove m’ha scort’empia fortuna, Mirate di che duol m’ha fatto erede L’amor mio, La mia fede, E l’altrui inganno, Così va chi tropp’ama e troppo crede. Presse « Sur une suite de musiques sublimes, Gabriella Iacono raconte par son corps, le chagrin, la révolte, le deuil, avec une beauté envoûtante. […] À chaque étape, la danse change, toujours aussi dépouillée, mais où chaque tendon, chaque angle compte. Pleine d’émotions et de sensualité. » Guy Duplat, La Libre Belgique, 19 mai 2012 Biographies Michèle Anne De Mey Gabriella Iacono Formée à Mudra, l’école de Maurice Béjart à Bruxelles, de 1976 à 1979, Michèle Anne De Mey donne une nouvelle orientation à la danse contemporaine en signant ses premières chorégraphies et collabore, parallèlement, à la création et à l’interprétation de plusieurs pièces d’Anne Teresa De Keersmaeker. Bien qu’une attention particulière soit toujours portée au lien entre la danse et la musique, la structure chorégraphique des créations de Michèle Anne De Mey nourrit un contenu dramaturgique fort et place le danseur dans un rapport scène/public spécifique et novateur. Son travail chorégraphique est le point de départ de la réalisation de plusieurs films dont Love Sonnets et 21 Études à danser de Thierry De Mey, Face à Face d’Eric Pauwels. Créant son univers chorégraphique à partir de musiques fortes et des compositeurs de renom, elle a travaillé avec Thierry De Mey, Robert Wyatt, Jonathan Harvey. Depuis plusieurs années, elle développe des collaborations étroites avec d’autres artistes tels que Simon Siegmann, Stéphane Olivier, Grégory Grosjean, Sylvie Olivé et Jaco Van Dormael. Elle a signé Sinfonia Eroica (1990), Châteaux en Espagne (1991), Pulcinella (1994), Love Sonnets (1994), Katamenia (1997), Utopie (2001), Raining Dogs (2002), 12 Easy Walt zes (2004), P.L.U.G. (2007), Koma (2009), Neige (2009) et Kiss & Cry (2011). Après en avoir été directrice artistique de 2005 à 2011 aux côtés de Thierry De Mey et Pierre Droulers, Michèle Anne De Mey est aujourd’hui artiste associée à Charleroi Danses, Centre chorégraphique de la Fédération Wallonie-Bruxelles. Originaire d’Italie, Gabriella Iacono a fait ses études à l’Académie Nationale de Danse à Rome et à la London Contemporary Dance School de Londres. En Italie, elle a dansé pour plusieurs chorégraphes comme Roberta Garrison, Roberta Gelpi, Enzo Cosimi et Michele Pogliani avec qui elle a collaboré en tant qu’assistante à la chorégraphie de la pièce Illinx pour le Balletto di Toscana. Par la suite, elle a continué sa collaboration à Bruxelles en participant au projet X-Group, une collaboration de Bruxelles 2000 et P.A.R.T.S. pour continuer, en suite, au sein de la compagnie Charleroi Danses avec Frédéric Flamand, Joanne Leighton et Ted Stoffer. En 2005, elle a présenté un duo avec Yasuyuki Endo au Festival No. Mad.ic. project 2 à Tokyo. Depuis 2006, elle travaille avec Michèle Anne De Mey entre autre comme danseuse pour le remake de Sinfonia Eroica, la pièce Neige et plus récemment, sur le projet de Michèle Anne De Mey et Jaco Van Dormael, Kiss & Cry. Grégory Grosjean Grégory Grosjean est un danseur et chorégraphe français. Après avoir étudié la danse au conservatoire national supérieur de danse de Paris, Grégory est engagé dans diverses compagnies de danse en Espagne, France et Angleterre. Il a ensuite collaboré avec de nombreux chorégraphes en Belgique dont Stephan Dreyer, Thomas Hauert, Samuel Lefeuvre. Depuis 2001 il travaille comme danseur dans la compagnie de Michèle Anne De Mey et depuis 2006 il assiste Michèle Anne pour l’ensemble de sa création à Charleroi Danses. Ils ont collaboré entre autre sur Utopie, Raining Dogs, 12 Easy Waltzes, 13 reasons…, P.L.U.G., Neige, Kiss & Cry et Lamento. Zouzou Leyens Scénographe, costumière et metteur en scène, Zouzou Leyens est diplômée de l’École Nationale Supérieure des Arts Visuels – La Cambre. Elle réalise depuis lors des scénographies, costumes et objets scéniques pour le théâtre et collabore avec des metteurs en scène et chorégraphes tels que Pierre Maillet, Michèle Anne De Mey, Isabelle Pousseur, François Verret, Ruud Gielens, Virginie Thirion, Isabelle Gyselinkx,… En 2001, elle a fondé la Cie TransatlantiK avec Catherine Bernard et Didier Escole (Un sapin chez les Ivanov de A.Vvedenski). Pour le Kunstenfestivaldesarts, elle crée In The Forest Is A Monster (2004) et Monelle (d’après M. Schwob, 2008). En résidence au Théâtre Les Tanneurs, elle a mis en place des laboratoires autour du son et du mouvement (Monelle/Maté riaux) et a créé, Il vint une année très fâcheuse d’après les minutes du procès de Gilles de Rais et du conte Le Petit Poucet (2009). Depuis septembre 2010, elle enseigne la scénographie à La Cambre. Elle prépare actuellement un projet autour de l’œuvre de Roberto Bolano. SIMON SIEGMANN Scénographe français, Simon Siegmann vit et travaille à Bruxelles, où il a étudié les arts visuels à l’ERG (École de recherche graphique). Après des premières interventions dans le cadre d’expositions d’arts plastiques, il confronte son travail en tant qu’artiste visuel avec les arts vivants. Parmi ceux-ci : Pierre Droulers, Thomas Hauert, Michèle Anne De Mey, Thierry Smits, David Zambrano, Claude Schmitz, Fabrice Murgia. Depuis 2001, il crée des projets personnels, résultant de recherches croisées entre les arts visuels et les arts vivants, dans lesquels ses installations deviennent des espaces d’intervention pour d’autres artistes. Parmi ces projets, épinglons deux interventions programmées lors du Kunstenfestivaldesarts : Agora (2005) installation plastique, mobilier urbain et espace de représentation ; et Assiscouchédebout (2007), projet entre installation et scénographie. En 2007 il participe au film de Michel François la ricarda, à flux tendu et collabore avec la ligne de design D&A Lab pour un projet de lampe. Durant sa residence entre 2008 et 2010 comme artiste associé à La Bellone, Simon Siegmann conçoit et dirige le projet hybride Putainde bordeldemerde. Il prête également son talent à des projets tels que les défilés de mode de la section stylisme de La Cambre dont il conçoit et dessine la scénographie et les éclairages depuis 2005. Récemment il a conçu et dessiné une installation scénographique pour les danses au festival d’Uzés et en 2011, comme en 2007, il a été invité à penser le centre du Kunstenfestivaldesarts. Production / diffusion Gladys Brookfield-Hampson [email protected] – M +32 (0)498 14 43 29 Charleroi Danses Centre chorégraphique de la Fédération Wallonie-Bruxelles siège social Charleroi Boulevard Mayence, 65c B 6000 Charleroi T +32 (0)71 20 56 40 F +32 (0)71 20 56 49 Bruxelles Rue de Manchesterstraat, 21 B 1080 Bruxelles T +32 (0)71 20 56 40 F +32 (0)71 20 56 48 charleroi-danses.be © Photos : Thibault Grégoire - Design by signélazer.com Centre chorégraphique de la Fédération Wallonie-Bruxelles T +32 (0)71 20 56 40 charleroi-danses.be