solo pour gabriella - Charleroi

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solo pour gabriella - Charleroi
FR
lamento
SOLO POUR GABRIELLA
Michèle Anne De Mey
LAMENTO
SOLO POUR GABRIELLA
Créé pour et interprété par Gabriella Iacono
Concept, chorégraphie, mise en scène Michèle Anne De Mey
Assisté de Grégory Grosjean
Lumière, scénographie Simon Siegmann
Costumes Zouzou Leyens
Accessoires Anne Masset
Couturiers Samuel Dronet, Maylis Duvivier, Nalan Kosar
Son Boris Cekevda
Musique Lamento d’Arianna de Monteverdi - Roberta Invernizzi, Accademia Strumentale Italiana
Lasciatemi qui solo de Caccini - Maria Cristina Kiehr, Jean-Marc Aymes, Concerto Soave
Amore mio, non piangere du Chœur Gruppo Padano di Piadena - Gaspare de Lama, Giovanna Marini
O Surdato Nnammurato - Anna Magnani
Cade l’Uliva du Chœur Gruppo Padano di Piadena - Gaspare de Lama, Giovanna Marini
Lasciatemi Morire a 5 de Monteverdi - The Consort of Musicke, Anthony Rooley
Si Dolce E’l Tormento de Monteverdi - Delitiae Musicae, Marco Longhini
Bang Bang de Nancy Sinatra
Le Rappel des Oiseaux de Rameau - Mordecai Shehori
Lamento d’Arianna (vocal), 1a parte de Monteverdi - Delitiae Musicae, Marco Longhini, Paolo Costa
Régisseur de tournée Bruno Olivier
Technicien lumière Rémy Nelissen
Technicien plateau Clément Bonté
Constructeur plancher François Maréchal
Remerciements Dominique Warnier
Communication Ivo Ghizzardi
—
Production Charleroi Danses, Centre chorégraphique de la Fédération Wallonie-Bruxelles
Lasciatemi morire !
E chi volete voi che mi conforte
In così dura sorte,
In così gran martire ?
Lasciatemi morire
Monteverdi, Lamento d’Arianna in L’Arianna
Partant de l’unique fragment retrouvé de L’Arianna,
opéra disparu de Monteverdi, Michèle Anne De Mey
crée pour sa collaboratrice de longue date - l’interprète
d’exception Gabriella Iacono - une partition chorégraphique
cousue à même la peau.
Adoptant dans un premier temps le parti pris
de la stricte transposition chorégraphiée du texte,
la chorégraphe en fait le point de départ d’une exploration
plus vaste, variation sur le thème de l’abandon et
de la perte de l’être aimé. Gabriella Iacono y incarne
avec force la figure tragique d’une Ariane dévastée
par la trahison.
Une pièce poignante qui revisite les codes de la tragédie antique
pour mieux les propulser dans notre biotope contemporain.
À propos de L’Arianna :
Naissance et disparition
d’une oeuvre
En 1607, après le succès remporté quelques
mois plus tôt par l’Orfeo de Claudio Monteverdi,
le prince Vincenzo Ier de Mantoue commande au
compositeur un nouvel opéra à l’occasion des
noces du duc héritier Francesco Gonzaga et de
la fille du duc de Savoie. Le 10 septembre de la
même année, l’épouse de Monteverdi meurt, le
laissant seul avec deux jeunes enfants. C’est
dans ces circonstances funestes que l’œuvre
est composée au cours de l’hiver et achevée
en moins de trois mois. Le 9 mars 1608, la jeune
chanteuse qui devait interpréter le rôle-titre
meurt après une brève maladie, plongeant les
préparatifs de l’opéra dans un climat de profonde tristesse. Monteverdi qui connaissait
la jeune fille en est très affecté. En mai, après
les noces célébrées à Turin, les époux princiers rentrent à Mantoue et L’Arianna, trage­
dia in musica est créée devant la cour, le 28
du même mois. L’opéra reçoit un accueil des
plus enthousiastes. Pourtant, contrairement à
l’Orfeo qui avait fait l’objet de deux luxueuses
éditions, L’Arianna n’est pas imprimé. Peutêtre faut-il déjà y voir le signe d’un début de
disgrâce du compositeur à Mantoue, préfigurant son départ définitif pour Venise. L’œuvre
demeurera cependant un succès constant tout
au long du XVIIe siècle et sera rejouée à plusieurs reprises. Malheureusement, la partition
originale disparaît irrémédiablement, lors de la
guerre de succession ouverte à la mort du duc
Vincenzo II qui mènera à la prise de Mantoue
par l’Autriche en 1630, et à la destruction du
manuscrit complet de L’Arianna dans l’incendie
de la bibliothèque ducale. Seul l’épisode central du Lamento d’Arianna, pleurant seule sur
son rocher le départ de Thésée, fut conservé,
car consigné en trois versions, dont deux entièrement authentiques.
On l’aura compris à la lecture de ces lignes,
de sa création à sa disparition, l’histoire de
L’Arianna fut jalonnée de moments tragiques :
mort de l’être aimé, disparition d’une proche,
destruction du manuscrit original, autant d’incidents qui en font une œuvre indéniablement
placée sous le sceau de la perte et du deuil.
Une relecture
contemporaine
Il n’en fallait pas plus pour affuter l’imaginaire
de Michèle Anne De Mey. La chorégraphe, qui
nourrissait de longue date le souhait d’écrire
un solo pour sa collaboratrice, la danseuse
Gabriella Iacono (Sinfonia Eroica, Neige, Kiss &
Cry), et caressait dans le même temps le désir
de porter à la scène l’unique fragment existant
de L’Arianna, voit dans la relation de ces événements, alors qu’elle se documente sur cette
œuvre, plus qu’un encouragement à poursuivre
son entreprise. Un présage, pourrait-on se risquer à dire, s’agissant d’une œuvre trouvant
ses fondements dans la mythologie grecque.
Elle s’en empare et se lance à corps perdu dans
le travail de création, faisant du vestige unique
de cette opéra disparu, le matériau de départ
d’un solo qui n’aura pour autre thématique que
la séparation et partant, la solitude, le sentiment de la perte et le deuil. Trois émotions génériques et éternelles ayant traversé une même
humanité se dépliant de l’antiquité à nos jours,
dont la chorégraphe, détournant les codes de la
tragédie antique pour les injecter dans une pièce
de danse toute contemporaine, souligne ainsi
l’absolue universalité et intemporalité.
Chronologie
En novembre 2011, un premier « moment » de la
pièce est présenté à La Raffinerie à Bruxelles,
devant un parterre international de programmateurs, réunis à l’occasion de la plateforme
pour professionnels Objectif Danses organisée
par Wallonie-Bruxelles Théâtre Danse. Encouragée par l’accueil reçu par cette assemblée,
Michèle Anne De Mey décide de développer plus
avant le matériau chorégraphique au cours
des mois qui vont suivre. En mars 2012, lors du
festival In Movement des Brigittines, elle est
invitée à en présenter, sous la forme d’un work
in progress, une version qui fait déjà montre
d’une exploitation précise des différents axes
de recherche retenus. Les 25 et 26 mai de la
même année, la pièce dans sa version achevée
est créée dans cette même Raffinerie de Charleroi Danses qui vit ses premières esquisses.
Synopsis
Sur une scène réduite à sa quintessence de plan
euclidien, se présente à nous, seule et vulnérable,
une Ariane émergeant des brumes du sommeil.
La fille de Minos, roi de Crète, vient de s’éveiller à
une réalité nouvelle et amère : Thésée, l’homme
aimé, l’a abandonnée. Ariane s’apprête à pénétrer
les eaux froides de la solitude et de l’oubli.
Une esthétique
du dépouillement
Pour dire scénographiquement cet espace
mental habité tout entier par la solitude et le
deuil, Michèle Anne De Mey a imaginé une forêt
d’ombres plantée ça et là de quelques rares
rais de lumières. Elle opte pour une esthétique de l’ascèse qui opère la jonction entre
classicisme antique et épure contemporaine.
Une composition où le plein est atteint par le
dénuement, la richesse par la soustraction et
où le dépouillement le plus total est au service
d’un raffinement visuel accompli. La démarche
est, pourrait-on dire, stoïcienne. Bannis les
effets de scène, il faut gagner l’essence des
choses avec une scénographie qui dans sa
pureté claire-obscure se revendique écrin pour
la pièce, comme l’écriture chorégraphique se
veut parure sur mesure pour une danseuse au
faîte de son art, dédicace personnelle pour une
interprète habitée.
Dans l’infini suggéré de l’espace scénique, ombre
et lumière se livrent le combat de toujours :
lumières, dont le spectre a été patiemment
réduit et la gamme savamment dosée pour
cerner un lieu précis : le théâtre intime de la
tragédie, celui de la déchirure et de l’abandon,
l’île perdue dans l’océan intérieur de tous ceux
qui furent un jour quittés,
lumières léchant le sol de leurs langues mordorées, évoquant d’autres feux : ceux des
torchères de quelque amphithéâtre grec, de la
Rome incendiée par Néron ou encore au loin,
d’un phare - celui de Naxos ?- où Ariane s’éteint
dans la douleur,
lumières crépusculaires faisant surgir des eaux
noires un reflet dans lequel Ariane se mire et y
contemple toute l’étendue de sa solitude,
lumières qui font par moment se détacher des
ténèbres le visage, un bras, les jambes, d’un
corps meurtri pas la blessure intime et qui
cherche vainement à se réchauffer aux derniers rayons d’un disque solaire déjà tombé
dans la mer, disparu derrière le fil de l’horizon,
lumières sculptant les abîmes, pour en dégager
la silhouette, d’une Ariane comme en apesanteur. Celle d’un temps qui paraît avoir arrêté son
cours. Le temps de la souffrance qui semble ne
jamais devoir prendre fin.
Une danse des états d’âmes
Tandis que l’œil s’habitue à la pénombre, se
fait entendre le Lamento. Débute alors un
rituel, celui d’une stricte transposition chorégraphiée des paroles de ce chant baroque.
Danse d’une littéralité assumée, elle déploie
dans l’espace, chronologiquement, les uns
après les autres les idiomes qui composent ce
chant. D’une sobriété toute en retenue, exposant « à froid » le propos, elle se déplie sans
pathos mais non sans grâce, n’explicitant rien
de plus que se qui est donné à entendre, invitant le spectateur à l’introspection.
Cet « exposé » littéral achevé, sorte d’antichambre de cette pièce de danse, vont alors
se dévoiler une à une, une série de vignettes
chorégraphiées, qui sont autant d’éclairages,
d’illustrations, de transpositions, des différents
états d’âme traversés par cette femme au sortir
de l’abandon. Le développement du propos se
veut linéaire, jusqu’à son terme, comme le veut
la codification de la tragédie antique. Exploration raisonnée du ressenti de la séparation.
Césure classique et ellipse consacrée, un fondu
au noir sanctionne la fin de chaque tableau,
offrant à l’interprète l’éclipse nécessaire pour
investir le nouvel ethos du personnage, revêtir
une nouvelle carnation, incarner sa blessure
sous une nouvelle dimension. Car pour dire
cette déchirure, Michèle Anne De Mey a choisi
la variation sur le même thème. Dans chaque
vignette de ce seul en scène se déclinent les
différents états, sensiblement distincts par
lesquels nous fait passer la déréliction sentimentale : la résignation, l’abattement, la
révolte, la détresse, la colère mais aussi une
certaine forme de joie. Car si la douleur domine,
peut parfois sourdre l’exaltation d’un défi lancé
à soi-même, celui d’une résilience à venir.
Une traduction
de la vibration
Ces différents états sont le chemin, la vibration
qui parcourt chacune des variations. Ils sont le
souffle qui traverse la pièce et irradie le corps
D’une sobriété toute en retenue, exposant
« à froid » le propos, elle se déplie sans
pathos mais non sans grâce, n’explicitant
rien de plus que se qui est donné à entendre,
invitant le spectateur à l’introspection.
de l’interprète. Et c’est dans la traduction de ce
souffle, de cette vibration qu’intervient la maestria de la danseuse, sa technicité et son contrôle
du corps. Un corps littéralement traversé par
cette tempête affective et qui devient le champ
visible du tumulte intérieur. Il est l’exergue
d’un matériel chorégraphique vibrant et plein.
Comme le conteur dans la tragédie antique, le
corps devient vecteur du récit et récit lui-même.
Il est tour à tour tourmenté, fragile, habité, ou
encore pantelant, défait. L’abandon, essence
du propos de la pièce, finit par habiter chaque
muscle, chaque tendon, chaque respiration de
Gabriella Iacono pour in fine accoucher d’une
théâtralité dansée. Et, aussi paradoxal que cela
puisse paraître, à travers cette douleur incarnée,
les tourments nombreux de la protagoniste, on
devine chez cet interprète accomplie le plaisir
palpable de s’abandonner à la danse. Celle qui
fit ses armes à l’Académie Nationale de Danse à
Rome et à la London Contemporary Dance School
à Londres avant que de danser pour de nombreux
chorégraphes dont Frédéric Flamand, Thierry
Smits, Joanne Leighton ou Ted Stoffer nous en
apprend encore sur la notion d’interprète, passeur sensible, vecteur créatif, conducteur émotionnel tout entier au service du chorégraphe.
Antiquité
et contemporanéité
Si l’Ariane de Michèle Anne De Mey est bien
celle de la mythologie grecque, elle renvoie
aussi à d’autres grandes figures tragiques et
méditerranéennes du panthéon de notre imaginaire contemporain. Drapée de sa robe noire
de vestale, prête au sacrifice, elle évoque
l’Anna Magnani de Roma, città aperta bravant
le cordon des soldats allemands pour tenter d’arracher l’homme aimé des griffes de
l’envahisseur, avant que d’être arrêtée dans
sa course, atteinte d’une balle dans le dos.
Ou encore à la Sylvana Mangano de Riso amaro,
femme trahie exécutant son amant avant de
retourner l’arme contre elle-même. On pense
à toutes ces icônes tragiques du cinéma néoréaliste italien, filles-mères, femmes adultères, mères-courage pour la plupart endeuillées, bravant les tempêtes de la vie au nom de
l’amour qu’elles portent aux leurs.
Un parallèle pourra également s’opérer sur le
plan musicologique. Si la pièce musicale de
Monteverdi constitue incontestablement le
point de départ à cette pièce danse, Michèle
Anne De Mey s’autorise toutes les incursions
possibles dans le champ musical contemporain afin, encore une fois, de souligner
le caractère intemporel de ces sentiments
génériques que sont l’abandon, la perte et
le deuil : de la chanson napolitaine, à la pop
douce-amère, en passant par les madrigaux,
la chorégraphe brasse le matériau sonore
avec jubilation dans le seul but de le mettre
au service du propos. Dans une démarche
assumée, celle-ci fait de la musique véhicule d’une affirmation articulée et sonore du
déchirement qui habite cette Ariane nouvelle.
La convocation de textures sonores achèvera
de projeter cette œuvre dans l’iconographie
et l’imaginaire cinématographique, et partant, dans notre contemporanéité.
Lamento
d’Arianna
Texte intégral
Laissez-moi mourir !
Que voulez-vous qui me réconforte
Dans un si rude sort
Dans un si grand martyre ?
Laissez-moi mourir !
Ô Thésée, ô mon Thésée,
Oui, je veux te dire mien car tu es à moi,
Bien que tu fuies, cruel , loin de mes yeux.
Retourne-toi, mon Thésée !
Retourne-toi, Thésée, ô Dieu !
Retourne-toi pour revoir celle
Qui a quitté pour toi sa Patrie et son Royaume,
Et qui, restée sur ces sables,
Proie de fauves sans pitié et cruels,
Laissera ses os dénudés !
Ô Thésée, ô mon Thésée
Si tu savais, ô Dieu !
Si tu savais, hélas, comme souffre
La pauvre Ariane,
Peut-être, repentant,
Tu retournerais ta proue vers le rivage !
Mais grâce aux vents sereins
Tu t’en vas heureux, et moi je pleure.
Athènes te prépare
La pompe d’un accueil joyeux, et moi je reste
La proie des fauves sur des sables solitaires.
Chacun de tes deux vieux parents
T’embrasseront joyeux, et moi
Je ne vous verrai plus, ô ma mère, ô mon père !
Où donc, où est la foi
Que si souvent tu me jurais ?
Est-ce ainsi que, sur le trône sacré de mes pères,
Tu me replaces ?
Sont-ce là les couronnes
Dont tu pares ma chevelure ?
Sont-ce là les sceptres,
Les diamants et les ors ?
Me laisser à l’abandon
À un fauve pour qu’il me déchire et me dévore ?
Lasciatemi morire !
E chi volete voi che mi conforte
In così dura sorte,
In così gran martire ?
Lasciatemi morire.
O Teseo, o Teseo mio,
Si, che mio ti vo’ dir, che mio pur sei,
Benchè t’involi, ahi crudo, a gli occhi miei
Volgiti, Teseo mio,
Volgiti, Teseo, o Dio !
Volgiti indietro a rimirar colei
Che lasciato ha per te la Patria e il Regno,
E in queste arene ancora,
Cibo di fere dispietate e crude,
Lascierà l’ossa ignude !
O Teseo, o Teseo mio,
Se tu sapessi, o Dio !
Se tu sapessi, ohimè, come s’affanna
La povera Arianna,
Forse pentito
Rivolgeresti ancor la prora allito !
Ma con l’aure serene
Tu te ne vai felice et io qui piango.
A te prepara Atene
Liete pompe superbe, ed io rimango
Cibo di fere in solitarie arene.
Te l’uno e l’altro tuo vecchio parente
Stringeran lieti, et io
Più non vedrovvi, o Madre, o Padre mio !
Dove, dov’è la fede
Che tanto mi giuravi ?
Così ne l’alta fede
Tu mi ripon degl’Avi ?
Son queste le corone
Onde m’adorni il crine ?
Questi gli scettri sono,
Queste le gemme e gl’ori ?
Lasciarmi in abbandono
A fera che mi strazi e mi divori ?
Ah Thésée, ah mon Thésée,
Laisseras-tu mourir,
En vain pleurant, en vain criant à l’aide,
La pauvre Ariane
Qui se fia à toi et te donna gloire et vie ?
Hélas, tu ne réponds même pas !
Hélas, tu es plus sourd qu’un aspic à mes plaintes
Ô nuées, ô tornades, ô vents
Engloutissez-le dans ces flots !
Accourez, orques et baleines,
Et de ces membres immondes
Emplissez les gouffres profonds !
Que dis-je, hélas, quel est ce trouble ?
Malheureuse, que demandè-je ?
Ô Thésée, ô mon Thésée,
Ce n’est pas moi, non ce n’est pas moi,
Qui ai prononcé ces cruelles paroles ;
C’est ma souffrance, c’est la douleur qui a parlé
C’est ma langue, oui, mais ce n’est pas mon cœur.
Malheureuse, je fais encore place
À l’espoir trahi ?
Et il ne s’éteint pas,
Malgré tant de dérision, le feu de l’amour ?
Toi, mort, éteins désormais ces flammes indignes !
Ô ma mère, ô mon père, ô de l’antique Royaume
Les superbes demeures où d’or fut ma couche,
Ô mes serviteurs, ô mes fidèles amis (hélas sort injuste !)
Regardez où m’a conduite la fortune cruelle
Regardez quelle douleur m’ont donné en héritage
Mon amour,
Ma foi
Et celui qui m’a trahie !
Voilà le sort de qui trop aime et se fie.
Traduction française : Michelle Blanckaert
Source : kulturica.com
Ah Teseo, ah Teseo mio,
Lascierai tu morire
Invan piangendo, invan gridando ‘aita,
La misera Arianna
Ch’a te fidossi e ti diè gloria e vita ?
Ahi, che non pur rispondi !
Ahi, che più d’aspe è sordo a’ miei lamenti !
O nembri, O turbi, O venti,
Sommergetelo voi dentr’a quell’onde !
Correte, orche e balene,
E delle membra immonde
Empiete le voragini profonde !
Che parlo, ahi, che vaneggio ?
Misera, ohimè, che chieggio ?
O Teseo, O Teseo mio,
Non son, non son quell’io,
Non son quell’io che i feri detti sciolse ;
Parlò l’affanno mio, parlò il dolore,
Parlò la lingua, sì, ma non già il cuore.
Misera ! Ancor dò loco
A la tradita speme ?
E non si spegne,
Fra tanto scherno ancor, d’amor il foco ?
Spegni tu morte, ornai, le fiamme insegne !
O Madre, O Padre, O dell’antico Regno
Superbi alberghi, ov’ebbi d’or la cuna,
O servi, O fidi amici (ahi fato indegno !)
Mirate ove m’ha scort’empia fortuna,
Mirate di che duol m’ha fatto erede
L’amor mio,
La mia fede,
E l’altrui inganno,
Così va chi tropp’ama e troppo crede.
Presse
« Sur une suite de musiques sublimes, Gabriella Iacono
raconte par son corps, le chagrin, la révolte, le deuil,
avec une beauté envoûtante. […] À chaque étape, la danse
change, toujours aussi dépouillée, mais où chaque tendon,
chaque angle compte. Pleine d’émotions et de sensualité. »
Guy Duplat, La Libre Belgique, 19 mai 2012
Biographies
Michèle Anne De Mey
Gabriella Iacono
Formée à Mudra, l’école de Maurice Béjart à
Bruxelles, de 1976 à 1979, Michèle Anne De
Mey donne une nouvelle orientation à la danse
contemporaine en signant ses premières
chorégraphies et collabore, parallèlement, à
la création et à l’interprétation de plusieurs
pièces d’Anne Teresa De Keersmaeker.
Bien qu’une attention particulière soit toujours
portée au lien entre la danse et la musique,
la structure chorégraphique des créations de
Michèle Anne De Mey nourrit un contenu dramaturgique fort et place le danseur dans un
rapport scène/public spécifique et novateur.
Son travail chorégraphique est le point de
départ de la réalisation de plusieurs films dont
Love Sonnets et 21 Études à danser de Thierry
De Mey, Face à Face d’Eric Pauwels. Créant son
univers chorégraphique à partir de musiques
fortes et des compositeurs de renom, elle a
travaillé avec Thierry De Mey, Robert Wyatt,
Jonathan Harvey. Depuis plusieurs années,
elle développe des collaborations étroites avec
d’autres artistes tels que Simon Siegmann, Stéphane Olivier, Grégory Grosjean, Sylvie Olivé et
Jaco Van Dormael. Elle a signé Sinfonia Eroica
(1990), Châteaux en Espagne (1991), Pulcinella
(1994), Love Sonnets (1994), Katamenia (1997),
Utopie (2001), Raining Dogs (2002), 12 Easy Walt­
zes (2004), P.L.U.G. (2007), Koma (2009), Neige
(2009) et Kiss & Cry (2011).
Après en avoir été directrice artistique de 2005
à 2011 aux côtés de Thierry De Mey et Pierre
Droulers, Michèle Anne De Mey est aujourd’hui
artiste associée à Charleroi Danses, Centre chorégraphique de la Fédération Wallonie-Bruxelles.
Originaire d’Italie, Gabriella Iacono a fait ses
études à l’Académie Nationale de Danse à
Rome et à la London Contemporary Dance
School de Londres.
En Italie, elle a dansé pour plusieurs chorégraphes comme Roberta Garrison, Roberta
Gelpi, Enzo Cosimi et Michele Pogliani avec
qui elle a collaboré en tant qu’assistante à la
chorégraphie de la pièce Illinx pour le Balletto
di Toscana. Par la suite, elle a continué sa collaboration à Bruxelles en participant au projet
X-Group, une collaboration de Bruxelles 2000 et
P.A.R.T.S. pour continuer, en suite, au sein de la
compagnie Charleroi Danses avec Frédéric Flamand, Joanne Leighton et Ted Stoffer.
En 2005, elle a présenté un duo avec Yasuyuki
Endo au Festival No. Mad.ic. project 2 à Tokyo.
Depuis 2006, elle travaille avec Michèle Anne
De Mey entre autre comme danseuse pour le
remake de Sinfonia Eroica, la pièce Neige et plus
récemment, sur le projet de Michèle Anne De Mey
et Jaco Van Dormael, Kiss & Cry.
Grégory Grosjean
Grégory Grosjean est un danseur et chorégraphe français.
Après avoir étudié la danse au conservatoire
national supérieur de danse de Paris, Grégory
est engagé dans diverses compagnies de
danse en Espagne, France et Angleterre.
Il a ensuite collaboré avec de nombreux chorégraphes en Belgique dont Stephan Dreyer, Thomas Hauert, Samuel Lefeuvre.
Depuis 2001 il travaille comme danseur dans la
compagnie de Michèle Anne De Mey et depuis
2006 il assiste Michèle Anne pour l’ensemble
de sa création à Charleroi Danses. Ils ont collaboré entre autre sur Utopie, Raining Dogs,
12 Easy Waltzes, 13 reasons…, P.L.U.G., Neige,
Kiss & Cry et Lamento.
Zouzou Leyens
Scénographe, costumière et metteur en scène,
Zouzou Leyens est diplômée de l’École Nationale Supérieure des Arts Visuels – La Cambre.
Elle réalise depuis lors des scénographies, costumes et objets scéniques pour le théâtre et
collabore avec des metteurs en scène et chorégraphes tels que Pierre Maillet, Michèle Anne
De Mey, Isabelle Pousseur, François Verret, Ruud
Gielens, Virginie Thirion, Isabelle Gyselinkx,…
En 2001, elle a fondé la Cie TransatlantiK avec
Catherine Bernard et Didier Escole (Un sapin
chez les Ivanov de A.Vvedenski).
Pour le Kunstenfestivaldesarts, elle crée In The
Forest Is A Monster (2004) et Monelle (d’après
M. Schwob, 2008). En résidence au Théâtre Les
Tanneurs, elle a mis en place des laboratoires
autour du son et du mouvement (Monelle/Maté­
riaux) et a créé, Il vint une année très fâcheuse
d’après les minutes du procès de Gilles de Rais
et du conte Le Petit Poucet (2009).
Depuis septembre 2010, elle enseigne la scénographie à La Cambre.
Elle prépare actuellement un projet autour de
l’œuvre de Roberto Bolano.
SIMON SIEGMANN
Scénographe français, Simon Siegmann vit
et travaille à Bruxelles, où il a étudié les arts
visuels à l’ERG (École de recherche graphique).
Après des premières interventions dans le cadre
d’expositions d’arts plastiques, il confronte son
travail en tant qu’artiste visuel avec les arts
vivants. Parmi ceux-ci : Pierre Droulers, Thomas
Hauert, Michèle Anne De Mey, Thierry Smits, David
Zambrano, Claude Schmitz, Fabrice Murgia.
Depuis 2001, il crée des projets personnels,
résultant de recherches croisées entre les arts
visuels et les arts vivants, dans lesquels ses installations deviennent des espaces d’intervention pour d’autres artistes. Parmi ces projets,
épinglons deux interventions programmées lors
du Kunstenfestivaldesarts : Agora (2005) installation plastique, mobilier urbain et espace de
représentation ; et Assiscouchédebout (2007),
projet entre installation et scénographie.
En 2007 il participe au film de Michel François
la ricarda, à flux tendu et collabore avec la ligne
de design D&A Lab pour un projet de lampe.
Durant sa residence entre 2008 et 2010 comme
artiste associé à La Bellone, Simon Siegmann
conçoit et dirige le projet hybride Putainde­
bordeldemerde.
Il prête également son talent à des projets tels
que les défilés de mode de la section stylisme
de La Cambre dont il conçoit et dessine la scénographie et les éclairages depuis 2005.
Récemment il a conçu et dessiné une installation scénographique pour les danses au festival
d’Uzés et en 2011, comme en 2007, il a été invité
à penser le centre du Kunstenfestivaldesarts.
Production / diffusion
Gladys Brookfield-Hampson
[email protected] – M +32 (0)498 14 43 29
Charleroi Danses
Centre chorégraphique de la Fédération Wallonie-Bruxelles
siège social
Charleroi
Boulevard Mayence, 65c
B 6000 Charleroi
T +32 (0)71 20 56 40
F +32 (0)71 20 56 49
Bruxelles
Rue de Manchesterstraat, 21
B 1080 Bruxelles
T +32 (0)71 20 56 40
F +32 (0)71 20 56 48
charleroi-danses.be
© Photos : Thibault Grégoire - Design by signélazer.com
Centre chorégraphique
de la Fédération Wallonie-Bruxelles
T +32 (0)71 20 56 40
charleroi-danses.be

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