Rue du Théâtre - Compagnie Hanna R
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Rue du Théâtre - Compagnie Hanna R
Rue du Théâtre 1 sur 1 http://www.ruedutheatre.eu/article/print/301/?symfony=c796bee56db7... Critique - Théâtre - Nice Making of Nice Une vérité qui dérange Du 06/04/2009 au 12/05/2009 Par Laetitia HEURTEAU Promenade des Arts, 06300 Nice Théâtre National de Nice Téléphone : 04 93 13 90 90 . Site du théâtre Publié le 14 mars 2009 Adaptation théâtrale du roman de la jeune auteure niçoise, Claire Legendre, Making of nous fait pénétrer dans l’atelier d’un réalisateur américain sulfureux. Sous des airs de polar new-yorkais, le plateau devient un terrain fantasmagorique idéal pour questionner ce « cinéma-vérité ». Dérangeant et captivant. Créée il y a deux ans par Linda Blanchet, la compagnie Hanna R occupe la scène de la salle Michel Simon du Théâtre National de Nice, pour quelques dates. Soir de « première » dans cette petite salle aux allures d’amphithéâtre. Making of de Claire Legendre Théâtre Mise en scène : Linda Blanchet Avec : Lila Aissaoui, Michaël Allibert, Jonathan Gensburger, Frédéric de Goldfiem, Maija Heskanen, Jacqueline Scalabrini Lumière: d’Alexandre Toscani Au cœur de l’intrigue et de la scène, un cadavre. Exquis. C’est celui de la belle actrice Annabella Neva, compagne du réalisateur Caïn Shoeshine, maudit à Hollywood et adulé en Europe. Mais l’enquête menée par le narrateur-journaliste Bastien n’est qu’un prétexte, même s’il reste un personnage-clé pour la compréhension du spectateur. Ce guide au sourire rassurant permet de conserver une certaine distance avec la violence des corps et des peurs qui se jouent sur scène. Scénographie de Lauréline Bergamasco Régie plateau : Sauveur Fargione Régie lumière : Alexandre Toscani Régie son : Guillaume Pomares Chef habilleuse : Elisa Octo Durée : 1h30 Photo : © DR Cadavre exquis et ambiance lynchéenne Cette violence est savamment construite. Elle vient crescendo occuper l’espace. La mise en scène donne aux personnages l’opportunité unique de continuer à vivre sous les yeux du spectateur alors qu’ils ne sont pas forcément sous les feux des projecteurs. Autre liberté de mise en scène, le récit. Le flash-back ou back-forward chers au cinéma est ici utilisé sur scène par le fait même de la narration. Et peu à peu, cette impression de logique (un cadavre, une enquête à mener) s’estompe, comme dans un film de Lynch. Comme le personnage de l’ingénue Pamela (étonnante Maija Heiskanen) qui s’amuse avec une joie enfantine à malmener le cadavre. La pièce joue avec notre horreur de la mort, du vide de ce corps qui pourrit sous nos yeux. Et le maître de cet univers macabre reste tout au long de la pièce, le réalisateur Caïn Shoeshine. Interprété avec justesse par Frédéric de Goldfiem, ce personnage au charisme mystérieux, et au cynisme sans fond, tisse la toile de notre malaise en utilisant comme arme principale, sa caméra, celle qui révèle la vérité de tous les corps. Cette vérité qui dérange… Laetitia HEURTEAU , Nice Source : www.ruedutheatre.eu 08/06/2010 00:03