Carte Aix.doc.de cours

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Carte Aix.doc.de cours
Khâgne – Cartographie – 2014-2015
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Carte Aix-en-Provence / 3143 ET
Types d’Etablissements Publics de Coopération Intercommunale (EPCI) :
Nom
Communauté de
communes
Communauté
d’agglomération
Communauté urbaine
Population totale
Commune principale
Pas de seuil. Continuité géographique
obligatoire
Au moins 50 000
Au moins 15 000
habitants
habitants ou chef-lieu
Au moins 450 000 habitants (500 000 pour les
métropoles créées en 2010)
Corrigé :
En quoi la carte éponyme d’Aix-en-Provence nous donne t-elle à voir un espace urbain soumis à des
dynamiques à la fois endogènes et exogènes ?
1. Un espace d’étude dominé par le périurbain
Depuis une trentaine d’années, la croissance urbaine se fait surtout par périurbanisation,
spécialement dans les régions méditerranéennes très dynamiques. Alors qu’il est par essence
périphérique, l’espace périurbain domine l’espace étudié par son étendue, montrant ainsi sa
principale caractéristique : l’étalement.
1.1. L’espace périurbain aixois est bien occupé et bien irrigué par les voies de
communication, mais présente des réserves foncières
Très occupé par un bâti présent sur toute la carte, l’espace périurbain aixois s’organise néanmoins
selon une opposition Est-Ouest : à l’ouest de l’A51, l’occupation est plus dense et diversifiée alors
qu’à l’est ce sont les espaces naturels qui dominent. Cette opposition marque le contact entre la
bande littorale à l’est et la basse vallée du Rhône à l’ouest. Si l’on retrouve de l’habitat résidentiel
sous forme de mitage sur l’ensemble de l’espace, il est plus présent et systématique au nord d’Aix,
sur une bande d’environ 4 kilomètres de large de la vallée des Pinchinats à Eguilles, offrant une
occupation typique des hauteurs des villes méditerranéennes. C’est aussi à l’ouest de l’A51 que l’on
retrouve la majorité des cultures, les zones industrielles et commerciales (Pôle d’Aix, Les Milles, Les
Vallades, Puyricard et Venelles), et les espaces de loisirs (nombreux tennis, deux golfs).
Les voies de communication organisent l’espace périurbain. Les axes autoroutiers A8 et A51
dessinent une croix dont les branches indiquent les points cardinaux et se rejoignent au sud-ouest
d’Aix. Elles ont la triple fonction de desservir le pôle central aixois, permettre son contournement par
l’ouest et la traversée de l’agglomération. Un réseau de routes nationales et départementales vient
compléter le maillage dense générant une forte emprise foncière, sur un espace déjà très occupé.
Par contraste, l’Est, bien que desservi aussi par des voies de communication, présente un couvert
végétal plus important et une anthropisation moindre. L’altitude s’élève légèrement (environ 300m)
pour marquer le domaine de la garrigue et des forêts de feuillus. C’est un espace en réserve qui
bénéficie de politiques de préservation ou de protection pour des raisons environnementales
(écomusée au sud du Montaiguet, réserve naturelle Sainte-Victoire à l’est hors carte), mais aussi
patrimoniales (paysage de la Montagne Sainte-Victoire immortalisé par Paul Cézanne). On observe
cependant un mitage présent mais plus diffus.
1.2. De multiples activités mises en concurrence sur un territoire réduit
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Soumis à une forte pression foncière liée à la diversité de son occupation, l’espace périurbain aixois
est marqué par une mise en concurrence des activités.
Au nord et à l’ouest, sur des terrains favorables à l’agriculture, celle-ci entre en concurrence avec un
étalement urbain qui change de forme lorsque l’on entre sur le terroir viticole. En effet, le mitage
triomphe autour d’Aix grignotant les terres consacrées aux cultures annuelles mais les résistances
semblent plus importantes lorsque l’on atteint les communes de Puyricard ou Venelles. Ici, la vigne
s’impose élevant la valeur du foncier. La périurbanisation s’organise alors plutôt sous forme de
lotissements compacts, comme ceux du Village du Soleil ou des Fauris. L’importance de la vigne
dans la société locale est confirmée par la très importante coopérative vinicole de Venelles.
Au sud-ouest, la concurrence pour le foncier s’organise davantage présentant une distinction assez
nette des activités. Les activités industrielles et commerciales sont regroupées de façon très nette en
deux espaces réservés : le pôle d’activité d’Aix-en-Provence, créé en 1970, qui regroupe 1437
entreprises et 26 827 emplois et la zone d’activité des Milles qui héberge notamment un grand centre
commercial et une patinoire. L’étalement urbain prend au sud une forme plus organisée avec
d’importants lotissements comme aux Milles et à Luynes, communes périurbaines typiques dotées
de mairies annexes.
A l’est, la concurrence pour le foncier change de logique pour s’orienter sur la préservation d’un
espace naturel encore épargné. Celle-ci semble une gageure car le mitage a déjà fait son œuvre au
contact d’Aix et au sud dans la zone de Montaiguet.
Marquée par la concurrence pour l’espace, dans une région très attractive où le foncier fait l’objet
d’une forte spéculation, la zone périurbaine à l’étude n’est pourtant plus attractive. La note d’analyse
de l’INSEE indique ainsi une croissance lente en raison d’une désaffection du pays d’Aix au profit
des zones périurbaines plus lointaines. L’explication est financière : « Ces échanges reflètent
vraisemblablement un parcours résidentiel de familles qui s’installent dans l’espace périurbain moins
dense pour accéder à la propriété ou gagner de l’espace à un moindre coût ». Les réserves foncières
visibles existent donc aussi parce qu’elles sont inaccessibles en raison du coût très élevé du foncier.
1.3. Des conflits d’usage et des nuances inhérentes à ce type d’espace
Mettant en concurrence de multiples activités sur un espace convoité, l’espace périurbain aixois est
un espace de tensions.
L’espace d’étude est soumis à un climat méditerranéen, ce qui induit une tension sur l’utilisation de
l’eau. La carte présente de nombreux aménagements, preuves que cette ressource est un enjeu
local : en amont, le captage d’eau domestique est réalisé à partir du canal de Provence près de
Venelles, de nombreux puits au nord, de multiples rivières (Touloubre au nord, l’Arc et ses affluents
au sud), roubines, canaux sont utilisés pour irriguer ; en aval, plusieurs stations d’épuration entourent
la ville (les Logissons au nord-est, les Feuillades au nord-ouest, la Pioline au sud-ouest). Il faut aussi
relever les nombreux bassins, réservoirs, citernes, notamment dans le massif du Montaiguet,
essentiels pour la lutte contre les incendies de forêts. Cette eau si précieuse, est convoitée dès le
printemps et surtout en été, par l’agriculture pour l’irrigation, les activités de loisir pour l’arrosage (golf
notamment), et les particuliers pour remplir leurs piscines ou arroser leurs jardins. C’est au nord et à
l’est que les conflits d’usage doivent être les plus grands car c’est là que les cultures annuelles, les
villas avec jardins et les golfs (le Quervalat, camp de Manthe) se partagent l’espace. Certaines zones
à forte pente posent immanquablement la question du ruissellement et des dégâts induits par les
orages méditerranéens sur des surfaces artificialisées (piémont de la Sainte-Victoire, versant nord du
Montaiguet).
Les pratiques spatiales induites par les multiples activités présentes conduisent aussi certainement à
des conflits emblématiques des espaces périurbains. Outre les conflits d’usage qui opposent
agriculteurs, promeneurs, chasseurs et résidents, dans leurs pratiques respectives de l’espace, les
massifs forestiers situés à l’est, directement au contact de l’espace urbain, sont soumis à des conflits
d’usages spécifiques liés à la préservation et au principe de précaution appliqué aux incendies de
forêts. Le Plan de Prévention des Risques d’Incendies de Forêts (PPRIF) impose ainsi aux résidents
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un débroussaillage annuel des abords de leur propriété et interdit les massifs aux promeneurs en
été.
Enfin, la juxtaposition d’activités différentes et l’importance de la circulation dans cette région
entraine des nuisances que l’on peut déduire sur la carte de la proximité entre les activités. L’espace
périurbain aixois amène les activités agricoles, industrielles et commerciales, à cohabiter avec des
zones résidentielles. La pollution atmosphérique et aquatique, due à une circulation automobile
importante, est une nuisance pour les résidents du sud de l’aire étudiée, le long des autoroutes A8 et
A51. Enfin, l’espace périurbain accueille de nombreuses infrastructures, indispensables à
l’agglomération, créatrices de nuisances et de débats lors de leur implantation. Les riverains s’y
opposent souvent selon le principe « Not In My Backyard » (NIMBY). On retrouve ces
problématiques sur la carte à proximité de l’aérodrome, des stations de traitement des eaux (nord
d’Aix) ou d’épuration (Foncouverte, le long de l’Arc), des déchetteries (La Parade au sud). Mais ces
problématiques peuvent aussi se poser lors d’implantations de centre pénitentiaire (Bigaron), de
centre de réinsertion (C.A.T de Luynes) ou même de cimetières, nombreux sur la carte. A l’inverse,
l’espace périurbain accueille des équipements structurants tels qu’une université (Puyricard), lycées
(Luynes), mairies annexes, bâtiments médicaux, maisons de retraite, propres à créer de l’attractivité.
Destinés à l’ensemble de l’agglomération, ces équipements montrent que les dynamiques de
l’espace périurbain sont indissociables du pôle central aixois.
2. Un espace à dominante périurbaine mais sous domination du pôle aixois
2.1. Un centre historique de taille réduite mais riche
L’œuf médiéval est bien visible sur la carte. Il est d’une ampleur très réduite preuve d’un dynamisme
ancien mais heurté. En effet, Aix-en-Provence a connu une histoire marquée par des rythmes de
développement inégaux. Dynamique à l’époque gallo-romaine (thermes), la ville a connu une
seconde période faste lorsqu’elle était capitale de la Provence du XIIe siècle au rattachement de la
province au Royaume de France au XVe siècle. Le « Bon Roy René » a notamment fait d’elle un
centre urbain reconnu en y développant la culture et l’université.
Aix n’a quasiment pas connu le développement industriel au XIXe siècle. Cela s’observe à la faible
emprise des faubourgs et à la gare qui jouxte le centre médiéval. A l’écart des voies ferrées
principales, l’espace urbain de la « belle endormie » présente donc peu de formes caractéristiques
de cette période : le cours Mirabeau est la seule pénétrante visible. C’est à cette époque que la ville
s’est lentement développée vers le nord-est.
Au XXe siècle, la ville a accéléré sa croissance en comblant l’espace entre le centre historique et
l’autoroute A8, davantage qu’autour de la gare, montrant à nouveau la faible influence de ce mode
de transport pourtant déterminant ailleurs. Le grand nombre de bâtiments publics (Facultés, Lycées,
Hôpitaux, Aviation civile), de musées, et le centre-ville marchand font d’Aix une ville tertiaire, souvent
présentée comme bourgeoise en opposition à Marseille plus populaire.
Cette histoire heurtée explique le faible développement spatial de la ville qui rend difficile
l’identification d’une césure nette entre le centre et son espace périphérique.
2.2. Des limites floues avec l’espace périphérique
En effet, Aix apparaît comme un pôle central parfaitement intégré à son environnement proche.
Au Nord, la densité du bâti diminue très lentement jusqu’à l’oppidum celto-ligurien, ancien
emplacement de la ville, pour laisser place au mitage déjà évoqué.
A l’Ouest, le quartier du Jas de Bouffan, dont le nom indique une ancienne bergerie à l’écart de la
ville, a été construit dans les années 1970. On le reconnaît à l’architecture caractéristique faite de
grands ensembles organisés autour de patios et jardins. Cette construction tardive, qui montre que la
ville ne s’était pas étendue dans cette direction, fait le lien avec l’espace périurbain et intègre les
axes structurants (A8 et A51) à l’espace urbain.
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Au sud et à l’est, la rupture est plus franche en raison de la présence de l’Arc, fleuve méditerranéen
capricieux et dangereux, et du massif de la Montagne Sainte-Victoire. Dans ces deux directions,
l’espace périurbain se poursuit le long des axes de communication ou par un mitage diffus.
2.3. Un pôle dynamique situé au cœur d’un bassin d’activités
Le rôle de centre est ancien pour Aix. Centre thermal et stratégique pour protéger l’accès à Marseille
sous l’Antiquité romaine, l’importance prise par la ville à l’époque des comtes de Provence se lit dans
le grand nombre de bastides et de pigeonniers présents dans la campagne environnante, témoins
des liens forts entre la ville et son environnement immédiat où les familles nobles s’établissaient.
L’activité économique, héritée comme actuelle, est aussi à lire dans les relations entre la ville et son
environnement : les activités du bâtiment destinées à la construction de la ville se lisent sur la carte
avec de nombreuses carrières, une tuilerie aujourd’hui abandonnée et le lieu-dit les Plâtrières au
nord ; l’activité agricole (viticulture) mais aussi agroalimentaire (chocolaterie Puyricard, usine avec
silo de la Petite Calade) trouve un débouché naturel sur le marché de consommation aixois.
Mais le lien le plus évident semble être celui qui lie l’espace résidentiel et les activités tertiaires du
centre. Les multiples radiales qui mènent à la ville centre sont le support des migrations pendulaires
incontournables.
Cependant, les activités tertiaires de haut niveau, comme le développement économique au sud, ne
peuvent s’expliquer seulement à cette échelle. L’activité aixoise est en effet intégrée à un ensemble
plus important, qui a pour ambition de s’ériger en métropole : la conurbation Aix-Marseille.
3. Un espace d’étude soumis à des dynamiques exogènes
3.1. Aix : pôle secondaire dominé par Marseille
Aix-en-Provence appartient à l’aire urbaine statistique d’Aix-Marseille et devrait intégrer la Métropole
Marseille Provence en 2016, devenant ainsi Aix-Marseille Provence (AMP). On ne peut toutefois pas
parler de conurbation car Aix, avec 126 900 habitants indiqués sur la carte contre un million pour
Marseille, est clairement sous l’influence de la capitale régionale. Ce n’est d’ailleurs qu’un centre
administratif secondaire (sous-préfecture). Le pôle d’Activité d’Aix-en-Provence, situé entre les deux
villes, doit d’ailleurs être compris sous cet angle.
Cependant, même moins importante en population, la ville d’Aix est complémentaire de Marseille.
C’est ce qu’indiquent les établissements universitaires de l’Aix-Marseille Université par exemple. De
la même façon, on observe dans le document annexe que les flux domicile-travail les plus importants
se font entre les deux centres urbains.
Pôle urbain d’importance limitée, Aix ne doit cependant pas être réduit à une banlieue marseillaise
mais subit des dynamiques exogènes. C’est un pôle dont l’importance peut être lue à différentes
échelles.
3.2. Un espace urbain qui s’inscrit dans une dynamique régionale
En raison du coût du foncier aux alentours directs de la ville (aire d’étude), le bassin de vie aixois
déborde largement son espace périurbain. Il doit être lu à l’échelle régionale, ce qui explique la
constitution d’AMP. Le document annexe l’illustre par une carte des déplacements montrant Aix au
cœur d’une étoile dont les branches vont jusqu’aux confins du Vaucluse (Pertuis), jusqu’aux limites
du Var (Saint-Paul-lès-Durance) et qui englobe l’étang de Berre.
En outre, les activités tertiaires de haut-niveau donnent à Aix une attractivité plus large : l’offre
universitaire en complémentarité avec Marseille draine des étudiants de tout le sud-est de la France.
L’importante offre culturelle enfin, dans une région très touristique, donne à la ville une visibilité
importante : programme des « Chemins de Mémoire » intégrant le Camp des Milles et la nécropole
nationale ; festival international d’art lyrique ; célébrité des paysages de la Sainte-Victoire.
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L’espace étudié, au contact du littoral et de l’arrière-pays, et au débouché de la vallée du Rhône,
s’inscrit donc dans des dynamiques multiscalaires.
3.3. Un espace de contact et d’échanges
L’importance des voies de communication visibles sur la carte nécessite un changement d’échelle
pour comprendre l’organisation de cet espace et les enjeux en matière d’aménagement. L’espace
d’étude est en effet un espace polarisé par le centre urbain aixois, mais les enjeux locaux classiques
d’un espace périurbain méditerranéen se doublent d’enjeux à l’échelle régionale, nationale et
européenne.
A l’échelle régionale, l’autoroute A8 est l’axe principal reliant la Côte d’Azur, partie est de la région
Provence-Alpes-Côte d’Azur, à la vallée du Rhône et son delta, partie ouest. Quant à l’A51, c’est
l’unique axe autoroutier régional donnant l’accès au massif alpin. Aix-en-Provence est donc un nœud
de communication en position de carrefour régional.
A l’échelle nationale et européenne, le carrefour prend une autre dimension. Porte d’accès à la Côte
d’Azur depuis la vallée du Rhône et le nord de la France, il est au cœur des déplacements estivaux
vers le littoral méditerranéen. En hiver, c’est la porte d’accès aux stations de ski des Hautes-Alpes.
Enfin, Aix-en-Provence est à la convergence des arcs méditerranéen et alpin à l’échelle européenne.
On comprend donc que cet espace reçoive des flux très importants, qui se surimposent à certaines
périodes de l’année, accentuant les nuisances déjà évoquées, et renforçant ainsi les problématiques
d’aménagement.
Conclusion :
Espace complexe qui doit être analysé à différentes échelles, le pays d’Aix rassemble les
problématiques propres aux espaces périurbains méditerranéens, mais aussi celles des espaces
métropolisés, lieux de dynamiques endogènes et exogènes et d’échanges intenses à la fois internes
et externes. Ces enjeux multiples, où les échelles s’emboitent, expliquent les nombreux conflits
provoqués par les choix d’aménagement, qu’il s’agisse des débats sur la gouvernance de l’AMP ou
sur le tracé d’une ligne à grande vitesse vers Nice.

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