un droit pour l`asile qui contacter à aibf
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BILAN 2007 SOMMAIRE EDITO 3 | Dans un monde plus divisé que jamais, renforcer la solidarité S’ENGAGER A-T-IL ENCORE UN SENS ? CAMPAGNES INTERNATIONALES ET NATIONALES 6 | Un e-activisme au service des fondamentaux 7 | Aux armes, etc. 8 | Violence à l’égard des femmes, l’année des bilans 9 | La mort comme punition 10 | Ne pas fermer les yeux… Curieuse question, penserez-vous. L’engagement n’est-il pas au cœur de l’action de milliers de militants d’Amnesty ? N’est-il pas le moteur du mouvement ? «Le militantisme est en perte de vitesse», proclament certains. Peut-être. Sans doute sous certaines formes, dans certains environnements. Ainsi, au sein de certaines sections sœurs, le groupe local composé et animé de militants «de base» se réunissant autour d’une table, tend à disparaître. AIBF EN ACTION 11 | Congo, un pays à reconstruire 13 | Cercle Benenson, la confirmation 13 | Control Arms, vers une résolution ATT ? 14 | Des jeunes pour un projet citoyen Rien de tel chez nous, bien au contraire. Le groupe local vit plus que jamais, même si son mode opératoire évolue. Les informations utiles se reçoivent via e-mail, le militant consulte des sites web (n’oubliez pas Isavelives.be) et publie son rapport d’activités sur des blogs. Ceci dit, la convivialité propre au style de vie militante du groupe local séduit et stimule encore bon nombre de militants. Cinq nouveaux groupes vont ainsi naître dans les mois à venir... Cela ne nous empêche pas d’exploiter et d’explorer d’autres formes de militantisme. Ainsi plus de 2 500 membres individuels ont répondu avec enthousiasme à notre invitation à participer activement à la campagne bougies de fin d’année, à «en faire un peu plus que d’habitude». Ainsi, ce programme ambitieux de mobilisation des plus jeunes que nous allons lancer très bientôt. Tous ces membres individuels, jeunes et moins jeunes, sont devenus ou deviendront militants. Vous l’aurez compris : pour nous, l’engagement individuel au service du respect des droits humains fondamentaux a encore tout son sens. Et pour vous ? Sven Pitseys Président 2 | BILAN 2007 14 | De l’utilité de former 15 | Initials BB 15 | Recruter et militer 16 | Un droit pour l’asile 16 | Qui contacter à AIBF ? 17 | Bonnes nouvelles COMPTES LES LIBERTÉS SE LISENT AUSSI Le Bilan 2007 est le rapport d’activités d’Amnesty International Belgique Francophone (AIBF) réalisé par le mensuel Libertés! et le programme Collecte de Fonds • Rue Berckmans 9 – 1060 Bruxelles • Tél : 02 538 81 77 Fax : 02 537 37 29 • Éditeur responsable : Sven Pitseys • Supervision : Pascal Fenaux et Jean-Marie Pierlot • Rédaction : Julien Winkel • Maquette : RIF • Mise en page : Valérie Bodart • Impression : Unijep, avenue Georges Truffaut, 42 – 4020 Liège • Couverture : Des moines birmans et Irene Khan, la secrétaire générale d’Amnesty International, lors de la journée mondiale d’action pour le Myanmar. Londres, 6 octobre 2007. © Amnesty International• Le siège de l’Organisation des Nations unies. New York, 18 septembre 2007 © AP GraphicsBank DANS UN MONDE PLUS DIVISÉ QUE JAMAIS, RENFORCER LA SOLIDARITÉ À l’aube de 2008, qui verra le soixantième anniversaire de la Déclaration universelle des Droits de l’Homme, on est obligé de s’interroger sur l’impact qu’a eu cet instrument sur la situation des droits humains dans le monde. En y regardant de plus près – et la préparation de ce rapport d’activités en fut une bonne occasion, force est de reconnaître qu’il y a de quoi être sceptique sur l’impact qu’a encore la Déclaration universelle des Droits de l’Homme (DUDH). Un représentant du ministère belge des Affaires étrangères nous disait d’ailleurs récemment : «Aujourd’hui, un tel texte ne rassemblerait jamais assez de voix pour être adopté aux Nations unies, tant les divergences sont grandes». négocié du régime d’apartheid avaient suscité d’énormes espoirs dans le camp des défenseurs des droits humains. Certains n’hésitaient pas à prédire la fin d’organisations comme Amnesty, voire même la fin de l’Histoire tout court. Il a fallu rapidement déchanter. La chute de tyrans – en Europe centrale et ailleurs, les conférences nationales qui inauguraient des réformes démocratiques dans un grand nombre de pays d’Afrique, contribuèrent certainement à améliorer le sort de millions de personnes. Mais, dès 1994 et la tragédie rwandaise, on a dû se rendre à l’évidence : la communauté internationale allait encore être confrontée à un génocide et le Rwanda est venu sonner le glas des espérances d’une humanité qui aurait tourné le dos à ses pires démons. UNE OFFENSIVE IDÉOLOGIQUE Sans remonter à la préhistoire, on se rappellera qu’à la fin des années 80, la chute du «rideau de fer» et le démantèlement Aujourd’hui, le monde apparaît plus divisé que jamais. Les États-Unis, s’ils restent les leaders mondiaux de l’économie, ont ouvert des brèches colossales dans le droit humanitaire et les droits humains. En autorisant la torture (et pas seulement à Guantánamo) et en lançant une offensive «culturelle» sans précédent pour justifier ces pratiques (voir la série 24 Heures), les Américains ont enclenché un processus infernal qui se retourne contre tous les Occidentaux, accusés en bloc d’avoir recours au double langage dès lors que l’on aborde la question des droits fondamentaux. En justifiant des pratiques abominables au nom des droits humains et au nom de la lutte contre le «terrorisme», les USA ont au contraire disqualifié le vocabulaire des droits humains aux yeux d’une bonne partie de l’opinion publique mondiale, même si cette dernière en revendique les effets (personne n’aime être victime de la torture). C’est à la lumière de cette analyse que l’on peut pleinement apprécier les actions que mènent nos groupes, comme ceux qui militent pour des prisonniers injustement 3 | BILAN 2007 détenus dans les prisons «off-shore» américaines. Il est en effet capital de montrer, via des télévisions comme Al-Jazeera par exemple, que tous les Occidentaux ne partagent pas les valeurs de George Bush et de son administration. Cette offensive idéologique des séries américaines provoque également des changements d’attitude chez nous. De même qu’un clip du rappeur 50 Cent peut ruiner des années d’efforts pour sensibiliser les jeunes au respect des femmes, une aventure de Jack Bauer peut convaincre – à tort – une génération entière que la torture peut être efficace dans certains cas (1). C’est la raison pour laquelle nous avons participé à la réalisation d’un film d’animation (Do it Yourself) et de son dossier pédagogique sur l’utilisation de la torture par la CIA. Ce matériel est distribué gratuitement aux enseignants qui en font la demande. Base aérienne de Mihail Kogalniceanu. Ce site militaire roumain aurait été utilisé par la CIA pour y interroger des «terroristes» présumés © Reuters / Bogdan Cristel l’opinion publique sur ces violations massives des droits humains, et tenter d’obtenir que les États membres prennent des mesures adéquates. Il faut malheureusement constater qu’aujourd’hui, on est loin du compte. considérablement augmenté au cours des dix dernières années mais plusieurs États ne se sont toujours pas intéressés à la question de la protection de ces personnes. Là non plus l’Agence ne pourra pas offrir de solution. Bien plus, l’offensive contre les droits humains s’est poursuivie en Europe. Déjà transformée en forteresse, aux pieds de laquelle viennent mourir des milliers d’Africains cherchant une vie un peu meilleure, l’Union européenne s’enfonce dans une logique sécuritaire qui remet en question le respect des droits fondamentaux que l’on croyait acquis et définitifs. Elle a ainsi permis, d’une manière ou d’une autre, que son territoire soit survolé par des vols de la CIA, en vue de transferts de prisonniers vers des pays où la torture est si pas autorisée, en tous cas tolérée et pratiquée couramment, comme en Égypte ou en Syrie. Différents rapports officiels (Conseil de l’Europe, Parlement européen, ...) sont venus confirmer ce qu’Amnesty affirmait déjà depuis un certain temps. Un des effets pervers de cette politique sécuritaire à tout crin est d’ostraciser des parties entières de la population. Selon de nombreux analystes, l’islamophobie — mais aussi l’antisémitisme — a considérablement augmenté. Il est d’ailleurs à noter qu’à côté des questions de lutte contre le terrorisme et de droit d’asile, Amnesty a considérablement augmenté son travail de lutte contre les discriminations en Europe, notamment à l’égard des Roms, qui subissent de nombreuses violations de leurs droits fondamentaux : déni du droit à l’éducation, rejet de leurs communautés, etc., la liste est longue, et le travail ne manque pas. La mise en place d’une Agence européenne des droits fondamentaux, pour intéressante qu’elle soit, ne permettra pas de s’attaquer de front aux violations parfois importantes des droits humains qui hantent encore l’Europe. Le désir de n’offenser personne a été tel qu’il donnait l’impression à certains moments que l’Agence était créée pour protéger les États membres plutôt que pour leur demander des comptes. Si l’Europe est souvent l’excuse avancée par les dirigeants nationaux pour expliquer les dysfonctionnements dont ils doivent rendre compte, il ne faut pas perdre de vue qu’elle est dirigée – essentiellement – par le Conseil des Ministres, et que ces derniers sont avant tout des représentants des intérêts de leur propre pays. Une grande partie du travail de lobbying de notre section est donc dirigée vers nos représentants, même si nous travaillons également avec les parlementaires européens belges. Ceux-ci n’ont pas hésité à agir et mobiliser autour d’eux, notamment dans le cas de projets d’exécutions capitales en Iran, qui a suscité, à l’initiative d’une parlementaire belge, l’intervention du président du Parlement européen — intervention qui fut sans doute décisive. Toute une série d’actions ont été organisées, tant en Belgique qu’à l’étranger, pour alerter Le nombre de personnes victimes de la traite des êtres humains en Europe a Les signaux envoyés par les États-Unis par leur façon de mener la «guerre contre le terrorisme» ont été malheureusement captés cinq sur cinq par des gouvernements qui n’attendaient que cela. Les exemples abondent de mesures prises récemment pour limiter les libertés civiles ou justifier le recours à la torture, en Russie, en Chine ou en Mauritanie et dans bien d’autres pays encore. UNION EUROPÉENNE : LA RÉGRESSION DES DROITS HUMAINS 4 | BILAN 2007 EN BELGIQUE AUSSI Les élections législatives belges de juin 2007 furent l’occasion de rencontrer les partis démocratiques et de leur rappeler les propositions d’Amnesty sur un grand nombre de sujets (l’asile, la responsabilité des entreprises, la lutte contre le terrorisme, la situation dans les prisons belges et, last but not least, la violence conjugale, un CAMPAGNES INTERNATIONALES ET NATIONALES Amnesty se prépare à lancer, fin 2008, début 2009, une grande campagne permanente sur le thème de «la dignité». Orientée vers les droits économiques, sociaux et culturels, elle visera à lutter contre les violations de ces droits qui créent ou entretiennent la pauvreté. Nous avons commencé à préparer cette campagne en nouant des partenariats avec des associations actives sur ce terrain, dont ATD Quart Monde. Le 17 octobre, Journée internationale pour l’Éradication de la pauvreté, nous avons accompagné des personnes vivant dans la pauvreté lors d’une rencontre avec le président de la Chambre, Herman Van Rompuy. Cette action venait compléter les actions de sensibilisation lancées plus tôt, dont l’appel à signer la «Déclaration de Solidarité», afin de faire pression sur les chefs d’État et les Nations unies. des nos axes de campagne prioritaires). Nous avons également rencontré, avec d’autres associations, l’«explorateur» Didier Reynders et certaines de nos propositions ont été intégrées dans sa note de synthèse au terme de sa mission. La situation des droits humains en Belgique reste préoccupante dans un certain nombre de situations, et ces préoccupations furent mises en avant par la Secrétaire générale d’Amnesty International, Irene Khan, lors de sa visite en Belgique au mois de mars. Elle a en effet profité du titre de docteur honoris causa qui lui était décerné par l’Université de Gand pour rencontrer le Premier ministre et des membres du cabinet de la Ministre de la Justice. Au menu notamment, la législation anti-terroriste (illustrée par la condamnation d’un Belge accusé de soutenir une organisation armée turque d’extrême gauche), l’enfermement des mineurs de familles de demandeurs d’asile déboutés, et enfin la situation dans les centres fermés. Ces rencontres furent autant de possibilités de marquer notre profonde désapprobation de mesures prises ou en voie de l’être, comme le projet de loi concernant les services de renseignements, projet qui sous la pression de la société civile n’a pas été adopté. Nous avons également insisté sur la nécessité de refuser de travailler avec des services de renseignements qui ont recours à la torture. RENFORCER LE MILITANTISME Ce qui distingue Amnesty de beaucoup d’autres organisations, c’est le fait qu’elle est une organisation de membres (2 200 000 membres et sympathisants à travers le monde). Nous devons chaque jour montrer que l’engagement individuel n’est pas une valeur morte, même si nous devons nous adapter au monde d’aujourd’hui, et trouver des manières d’agir et de sensibiliser qui correspondent aux différents publics que nous voulons mobiliser. Amnesty reste en Belgique un mouvement relativement jeune (nos membres ont en moyenne la trentaine) et nous allons investir considérablement (en temps, en énergie et en moyens financiers) en direction des adolescents. De même, nous sommes convaincus qu’il est capital de renforcer notre présence sur le terrain ; nous comptons bien créer de nouveaux groupes locaux en Wallonie et à Bruxelles, et renforcer nos équipes régionales. Les actions publiques et médiatiques constituent l’une des marques de fabrique d’Amnesty en Belgique. Pas moins d’une vingtaine de manifestations et d’actions ont ainsi été organisées dans les derniers mois de 2007 sur le Soudan, la Birmanie ou encore la République démocratique du Congo. Ce travail constant nous a valu bien souvent la une des médias, tant audiovisuels que papier ou numériques. Ce type Serge Maheshe, journaliste de Radio Okapi, en RDC. Ce défenseur congolais a été abattu le 13 juin dernier à Bukavu. © MONUC / Radio Okapi d’action est accompagné de dizaines de visites d’ambassades et de rencontres avec le ministère belge des Affaires étrangères, au cours desquelles nous relayons les actions réalisées par nos membres et sympathisants. Certaines d’entre elles ont eu des retombées directes sur certains dossiers individuels que nous suivons. Un bon nombre de ces dossiers concerne des défenseurs des droits humains qui, bien souvent, risquent leur vie pour dénoncer les atteintes aux droits fondamentaux dans leur pays. En plus de nos actions en faveur de nombreux défenseurs, nous avons maintenu notre soutien financier à deux associations du Sud-Kivu (RDC), l’une travaillant pour les femmes victimes du viol, l’autre militant (entre autres) pour l’abolition de la peine de mort. Cette solidarité internationale constitue la colonne vertébrale du travail d’Amnesty, qu’il se réalise via des Actions urgentes par SMS ou via une rencontre avec un défenseur en visite en Belgique, par l’envoi massif de lettres ou une manifestation devant une ambassade. Grâce à votre soutien, elle se renouvelle chaque jour. ■ Philippe Hensmans Directeur (1) Selon le New Yorker, même le Pentagone s’est inquiété de l’effet contre-productif de la série sur les jeunes recrues américaines. 5 | BILAN 2007 CAMPAGNES INTERNATIONALES ET NATIONALES UN E-ACTIVISME AU SERVICE DES FONDAMENTAUX danger. Un cas bien précis dans les actions à caractère individuel car visant seulement les personnes emprisonnées ou menacées pour leurs opinions. Il faut dire qu’en 46 ans d’existence, Amnesty n’en est pas à son coup d’essai en la matière puisque, à force d’appels, mondiaux et de lettres envoyées aux autorités concernées, elle est arrivée à faire évoluer favorablement la situation de quelque 40 000 prisonniers d’opinion alors que les «Opérations Courage», quant à elles, ont tenté de redonner espoir aux détenus en leur envoyant des courriers de soutien. Pourtant, à l’heure des nouvelles technologies de communication, il importait de mettre cette imposante machinerie à jour en la faisant entrer dans l’ère du numérique. Pour ce faire, Amnesty a donc décidé de créer le centre d’action isavelives.be, actif sous la forme d’un site internet (www.isavelives.be) fédérant toute une série de modes d’actions accessibles aux militants comme aux sympathisants. UNE ACTION À PLUSIEURS NIVEAUX Retour aux sources et nouvelle étape technologique. Tels sont les deux mots d’ordre du nouveau programme qu’Amnesty vient de lancer en cette fin d’année et qui s’est concrétisé par la mise en place de l’opération isavelives.be et la création d’un site Internet portant le même nom. Objectifs : faire entrer Amnesty dans l’ère de l’e-Activisme tout en remettant les «individus en danger» au centre des actions. Le monde a bien changé depuis la création d’Amnesty International en 1961. Pourtant, partout sur le globe, un constat dramatique s’impose avec la même intensité qu’aux premières heures : des milliers de personnes souffrent, encore et toujours, de l’arbitraire d’Etat. Dans ce contexte, la section belge francophone d’Amnesty a décidé de consacrer sa campagne de fin d’année à l’un des fondamentaux de l’organisation : la défense des individus en 6 | BILAN 2007 Premier moyen d’action disponible sur cette nouvelle plate-forme, l’«Opération Isavelives.be» elle-même. Véritable refonte de ce qui s’appelait, depuis longtemps déjà, les «Opérations Courage», cette initiative propose ainsi l’envoi de cartes directement aux individus en danger sans s'adresser aux gouvernements incriminés. Deuxième façon de faire bouger les choses, on retrouve également sur www.isavelives.be les différents appels mondiaux permettant aux militants et sympathisants d’envoyer, aux gouvernements cette fois-ci, une série de lettres en faveurs de différents individus ; lettres également disponibles dans les pages du mensuel Libertés! Enfin, les actions urgentes, jadis accessibles à l'adresse www.amnesty.be, seront désormais rapatriées vers le nouveau site www.isavelives.be qui, au-delà de la centralisation de ces différentes possibilités de se faire entendre, a également pour but de permettre aux membres comme aux activistes d'un jour d'être informés, presque en temps réel, du suivi de leur action et, idéalement, de l'issue de celle-ci. Un véritable outil d'e-activisme, donc, qui participe d'une politique plus globale tournée vers les nouvelles technologies. Dans le même registre d'idées, il existe en effet, depuis peu, un service par SMS (disponible au numéro 3313) dont le but est de permettre à l’utilisateur de recevoir chaque semaine un message proposant d'agir en faveur d'un cas. Dans l’éventualité où la personne serait intéressée, il lui suffira de renvoyer un SMS reprenant ses coordonnées et elle aura ainsi signé virtuellement une lettre dont un exemplaire sera remis plus tard à la représentation diplomatique du pays interpellé. Une nouvelle manière de s'engager pour les droits humains qui, bien loin d'un «Fast Activism» vide de sens, inaugure une ère nouvelle pour Amnesty. ■ CAMPAGNES INTERNATIONALES ET NATIONALES Mudawi Ibrahim Adam, un défenseur soudanais des droits humains, dans les locaux d’Amnesty. Bruxelles, janvier 2007. © Bruno Brioni MYANMAR ET SOUDAN, MÊME COMBAT La Birmanie et le Soudan font partie de ces États régulièrement oubliés et que certains événements tragiques viennent sporadiquement remettre sur le devant de la scène. Si les situations de ces deux pays sont a priori différentes, on peut néanmoins y déceler plusieurs points communs, parmi lesquels le rôle de la Chine… Suite à la répression féroce qui a frappé, depuis le mois de septembre 2007, les soulèvements populaires birmans, Amnesty en collaboration avec l’ONG Actions Birmanie a décidé d’interpeller le gouvernement belge, alors membre non permanent du Conseil de Sécurité de l’ONU. Pour que celui-ci fasse pression non seulement sur le Myanmar et sa junte, mais aussi sur l’Inde et la Chine, que l’on sait très influents dans cette région du monde et surtout très soucieux de l’équilibre d’une zone déjà fragilisée par les 200 000 réfugiés postés de l’autre côté de la frontière thaïlandaise depuis de nombreuses années. Il semble cependant que malgré cette situation dramatique, la Chine, à l’instar de la Russie, autre membre permanent du conseil de sécurité disposant d’un droit de veto, ne soit pas pressée de bousculer son allié birman. Un allié qui serait en passe de voir son armée renforcée par le tout nouvel hélicoptère indien «Advanced Light Helicopter» dont la gamme d’armements pourrait recenser, entre autres, un lanceroquettes fabriqué par les Forges de Zeebruges, célèbre entreprise liégeoise d’armement. Interpellé à ce sujet par Amnesty, le gouvernement wallon a affirmé que toutes les mesures nécessaires pour éviter un tel cas de figure seraient prises. Malgré cela, le chemin paraît encore long. La transparence, dans ce domaine particulier qu’est l’armement, n’est effectivement pas un des points forts au sud de notre pays... Le sort du Myanmar paraît donc encore bien incertain… répercussions sur la situation en République centrafricaine, un risque massif de déstabilisation de la région. Et, dans le rôle du pays d’influence, un acteur déjà évoqué précédemment : la Chine. Omniprésente en Afrique et au Soudan où elle consent à des prêts gigantesques sans garantie en termes de respects des droits humains, la Chine joue ainsi un rôle néfaste. Une communauté internationale frappée du mépris d’autorités soudanaises qui multiplient les provocations. Comme lorsque, lors de la visite de l’ambassade du Soudan à Bruxelles, les représentants d’Amnesty se virent poser la question, par un officiel, de savoir qui étaient les Janjawids, ces tristement célèbres milices arabes dont les hommes sèment la terreur au Darfour avec la complicité du gouvernement soudanais... Une région (le Darfour) qui a ainsi fait l’objet, le 29 avril 2007, d’une action organisée place de la Monnaie à Bruxelles par Amnesty dans le cadre de la journée de sensibilisation, de mobilisation et d’action en faveur du Darfour. Mais ici encore, malgré une forte mobilisation, on semble bien loin d’une véritable solution pour le Soudan, tandis que le déploiement de la force de maintien de la paix décidé par l’ONU se heurte aux atermoiements de la communauté internationale et à l’obstruction du Soudan… «Bonne nouvelle» tout de même : en mai 2007, après vingt mois d’enquête, des mandats d’arrêt ont été lancés à l’encontre d’Ahmad Harun et Ali Kushayb par la CPI, pour des crimes commis entre août 2003 et mars 2004 au cours de plusieurs attaques attribuées aux forces armées soudanaises et aux Janjawids sur quatre villes du Darfour occidental (Kodoom, Bindisi, Mukjar, Arawala). ■ Une des manifestations pour demander à l’ONU d’assurer la protection des populations civiles birmanes. Bruxelles, 30 septembre 2007. © Bruno Brioni Le tableau que nous offre le Soudan, s’il n’est pas plus réjouissant, présente cependant d’étranges similitudes avec la Birmanie. Un conflit politique, camouflé en guerre interethnique, qui s’enlise. Une population qui souffre, 200 000 morts, plus de 2 millions de déplacés, 200 000 réfugiés au Tchad, des 7 | BILAN 2007 CAMPAGNES INTERNATIONALES ET NATIONALES VIOLENCE À L’ÉGARD DES FEMMES, L’ANNÉE DES BILANS à venir, pour être vraiment efficaces. Il est également primordial que plus de moyens soient dégagés afin de mieux financer les différentes associations actives dans le domaine de la lutte contre les violences à l’égard des femmes. A ce titre, Amnesty entend jouer un rôle fédérateur afin de relayer le message de ces mêmes associations ou d’autres acteurs (justice, services de police), bien souvent isolés. UNE PROBLÉMATIQUE TRANSVERSALE Marisela Ortiz lors du rassemblement organisé devant l’ambassade du Mexique. Bruxelles, 8 mars 2007. © AIBF / Sabina Jaworek Thème de campagne cher à Amnesty depuis longtemps, la lutte contre la violence à l’égard des femmes s’est prolongée tout au long de l’année 2007. Une action menée tant sur le plan national qu’international. En 2005, un sondage réalisé pour Amnesty International révélait qu’un couple belge sur trois connaît, dans son entourage, des cas graves de violence conjugale. Un constat alarmant qui justifie à lui seul, si besoin en était, le plan national belge de lutte contre la violence à l’égard des femmes développé par le gouvernement fédéral depuis 2004 et qui touche à sa fin cette année. A l’heure des bilans, AIBF ne peut que se féliciter du rôle qu’il a joué dans le bon déroulement de cette entreprise ambitieuse. Notre association a ainsi été fortement impliquée dans l’ensemble des réseaux de lutte contre un des plus 8 | BILAN 2007 grands scandales de notre époque en matière de droits humains. Une implication que l’on a également pu retrouver au niveau local où nos différents groupes, désormais au nombre des intervenants qui «comptent» en la matière, ont mené diverses actions auprès des autorités communales afin que celles-ci intègrent la lutte contre les violences conjugales au sein de leurs programmes. Si elle doit être encore consolidée en Wallonie, cette politique semble néanmoins porter ses fruits à Bruxelles puisqu’il est désormais obligatoire pour chaque commune de posséder un échevin de l’égalité des chances et des affaires sociales. Cependant, malgré ce constat positif, Amnesty continue à ouvrir l’œil. Le plan 2004-2007 n’est qu’un début et bon nombre de mesures prises dans ce cadre (comme la présence de magistrats de référence en la matière dans chaque arrondissement judiciaire) devront ainsi devenir structurelles, dans les années Au niveau international, la situation donne, elle aussi, à réfléchir. Ainsi, une étude fondée sur 50 enquêtes menées de par le monde estime qu’une femme sur trois a subi des relations sexuelles forcées ou d’autres formes de mauvais traitements au cours de son existence. L’Organisation Mondiale de la Santé affirme, quant à elle, que 70% des femmes victimes d’homicide ont été tuées par leur compagnon. Un constat global qui montre combien la problématique de la violence à l’égard des femmes est un sujet transversal que l’on peut retrouver dans la plupart des régions du monde, dans la plupart des situations, à l’échelle d’un pays tout entier en situation de guerre civile (Congo) comme à un niveau beaucoup plus régional à l’exemple de ce qui se passe à Ciudad Juarez, dans l’état mexicain de Chihuahua. Depuis 1993, plus de 400 filles et jeunes femmes y ont ainsi été assassinées, dont au moins un tiers après avoir subi de graves violences sexuelles, sans que les autorités locales enquêtent sur ces meurtres. Une situation que nous avons pu dénoncer lors de notre visite à l’ambassade du Mexique, le 8 mars 2007, en compagnie de Marisela Ortiz. Cette dernière, militante sociale de l’association Nuestra Hijas de Regresso a Casa, se bat depuis 2001 afin de mettre la problématique de Ciudad Juarez sur le devant de la scène et s’était déplacée à Bruxelles dans le but d’interpeller les partenaires européens à ce sujet. Des partenaires qu’Amnesty interrogera également, en 2008, à propos de la question des droits sexuels et reproductifs des femmes. ■ http ://www.amnestyinternational.be/doc/ spip.php?article12028 CAMPAGNES INTERNATIONALES ET NATIONALES LA MORT COMME PUNITION En Chine, une femme est emmenée devant le peloton d’exécution. Guangzhou, avril 2001. © Reuters Alors que l’Assemblée générale des Nations unies devrait examiner, en décembre, un projet de résolution pour un moratoire sur la peine de mort, 69 pays de par le monde continuent d’appliquer la peine capitale. Un chiffre en constante régression mais qui reste néanmoins beaucoup trop important... L’évocation du Rwanda fait désormais poindre un début de sourire sur les visages des défenseurs des droits humains. En 2007, ce pays africain a en effet aboli la peine de mort sur son territoire, rejoignant ainsi le cercle de moins en moins fermé des 133 États ayant supprimé la peine capitale de jure ou de facto. La lutte contre l’application d’un châtiment qu’Amnesty juge cruel et inhumain connaît donc une évolution positive qui devrait d’ailleurs se voir confirmée par le traitement, en décembre 2007, d’un projet de résolution des Nations unies pour un moratoire sur la peine de mort. Rédigé par 10 pays représentant toutes les régions du monde (l’Albanie, l’Angola, le Brésil, la Croatie, le Gabon, le Mexique, la NouvelleZélande, les Philippines, le Portugal et le Timor Leste), ce document constitue en effet une occasion unique d’attirer l’attention d’États qui, sans être de grands opposants à la peine de mort, pourraient, à cette occasion, basculer dans le camp des abolitionnistes. Consciente de cette opportunité, Amnesty a d’ailleurs entrepris un intense travail de lobbying auprès de nations où la peine de mort est suspendue depuis peu et qui accompliraient donc un pas de plus en signant la résolution. Néanmoins, malgré ce bilan positif, de nombreux pays continuent d’exécuter une série de plus en plus impressionnante de condamnés à mort. Ainsi, l’Iran s’est particulièrement fait remarquer ces derniers temps puisque, avec 177 exécutions en 2006 (on en serait à plus de 210 pour 2007), l’État iranien se classe deuxième d’un sinistre classement mondial au sein duquel il devance des pays comme le Pakistan (82 personnes légalement mises à mort), l’Irak (65), le Soudan (65) et les États-Unis (53). Un statut de vice-champion du monde dû à l’envolée des peines capitales dans ce pays depuis l’arrivée au pouvoir du président Mahmoud Ahmadinejad il y a deux ans. Ainsi, pour la seule journée du 5 septembre 2007, ce sont 21 personnes qui ont été exécutées publiquement un peu partout en Iran, où l’on n’hésite pas non plus à mettre à mort des individus qui étaient mineurs d’âge au moment des faits (4 pour l’année 2006)... Afin de dénoncer cette situation, Amnesty a d’ailleurs organisé, le 10 octobre 2007, une action devant l’ambassade de ce pays à Bruxelles. JEUX OLYMPIQUES DE PÉKIN : UNE OCCASION À SAISIR Cependant, parler du «dauphin» mondial en termes d’exécutions capitales n’aurait aucun sens si l’on n’envisageait pas également le cas du leader absolu en la matière : la Chine (où un chiffre officieux fait état de plus de 8 000 exécutions en 2006). Avec un petit bémol toutefois, car là où la situation s’empire du côté de Téhéran, l’amorce d’un espoir semble poindre du côté de l’Empire du Milieu. En effet, l’approche des Jeux Olympiques, se déroulant à Pékin, a contraint les autorités à tenter de soigner leur image de marque. Dans ce contexte, Amnesty International s’est récemment félicitée des déclarations de responsables de la Cour suprême chinoise ayant exprimé la nécessité d’une plus grande transparence dans le domaine de la peine de mort et de l’application de critères uniformes pour l’imposition de ce châtiment. À un an des Jeux olympiques, Amnesty a lancé un message à l’intention du Comité international olympique (CIO) et du Comité olympique et interfédéral belge (COIB) afin de rappeler à la Chine ses engagements en matière de droits humains. ■ AGIR CONTRE LA PEINE DE MORT : http ://www.amnestyinternational.be/ doc/rubrique315.html COMMUNIQUÉ DE PRESSE CHINE : http ://www.amnestyinternational.be/doc/ spip.php?article11450 MORATOIRE NATIONS UNIES http ://www.amnestyinternational.be/doc/ spip.php?article12067 CHIFFRES 2007 CONCERNANT LA PEINE DE MORT http ://www.amnestyinternational.be/doc/ spip.php?article11859 9 | BILAN 2007 CAMPAGNES INTERNATIONALES ET NATIONALES À l’occasion du 5e anniversaire de l’ouverture du centre de détention de Guantánamo Bay, un «Unhappy Birthday» a été «célébré» devant l’ambassade des Etats-Unis. Bruxelles, 11 janvier 2007 © Bruno Brioni NE PAS FERMER LES YEUX... Après la campagne «Devenez le cauchemar des bourreaux» de 2006, Amnesty a continué de porter une attention soutenue, tout au long de l’année 2007, à la problématique de la torture et de sa sous-traitance. Également en ligne de mire : les centres de détention secrets situés sur le territoire de membres du Conseil de l’Europe et utilisés par la CIA dans le cadre de la lutte contre le terrorisme. Un procédé récemment dénoncé par le second rapport «Marty». Il y a un an, Amnesty s’inquiétait du recours à la torture de plus en plus fréquent opéré par un certain nombre d’États dans le cadre de la «guerre contre le terrorisme». En réponse à ce constat inquiétant, notre organisation lançait donc dans la foulée la campagne «Devenez le cauchemar des bourreaux», destinée à dénoncer une pratique qui, rappelons-le, est interdite par la Convention des Nations unies contre la Torture, la Convention 10 | BILAN 2007 européenne des Droits de l’Homme et le Statut de Rome de la Cour pénale internationale (CPI). Douze mois plus tard, à l’heure où les États-Unis s’entre-déchirent sur la question du «Waterboarding» (technique d’interrogatoire consistant à simuler une noyade afin d’arracher des informations à d’éventuels suspects), force est de constater que la situation n’a guère évolué. Pire, le second rapport du sénateur suisse Dick Marty, commandé par le Conseil de l’Europe, vient de confirmer les soupçons émis il y a déjà longtemps par Amnesty International concernant la présence de prisons secrètes sur le territoire de plusieurs pays européens comme la Roumanie et la Pologne entre 2003 et 2005. Si l’on ne peut bien sûr pas affirmer avec certitude que des cas de torture y ont été commis, il y a cependant lieu d’être préoccupé. SOUS-TRAITANCE DE LA TORTURE Un autre phénomène inquiétant est celui des «restitutions» (de l’anglais «renditions»). Véritable technique de sous-traitance de la torture, ce procédé permet aux États-Unis et à nombre de leurs alliés européens d’interpeller, sur leurs territoires, un citoyen étranger qu’ils transfèrent ensuite vers son pays d’origine afin d’y être interrogé. Effectué bien souvent dans des contrées peu regardantes en matière de droits humains, l’interrogatoire qui s’ensuit permet d’obtenir des informations utiles à l’aide de moyens frappés d’illégalité sur le territoire de l’Union européenne. Ce procédé, dénoncé de longue date par Amnesty, figure également dans les pages du rapport de Dick Marty. Au niveau belge, notre association n’a bien sûr pas manqué de s’inquiéter de ces pratiques et en a averti le gouvernement fédéral. Des contacts ont également été noués avec l’ensemble du monde politique afin de s’assurer que des mesures soient prises après les élections pour éviter ce type de comportement de la part de nos autorités. L’occasion aussi pour Amnesty de rappeler aux services de renseignements et à l’ensemble du monde judiciaire que la Convention des Nations unies contre la torture prohibe toute utilisation d’informations arrachées sous la torture, même infligée par un pays tiers. Si les autorités belges ont bien sûr affirmé que tout serait fait afin d’éviter ce genre de situation, Amnesty reste cependant vigilant et ce d’autant plus que la Belgique n’a toujours pas ratifié le protocole facultatif à cette même convention. Il est également à noter que notre pays vient d’être épinglé par le Conseil des Droits de l’Homme des CAMPAGNES INTERNATIONALES ET NATIONALES Nations unies au sujet de la torture et des mauvais traitements dans les commissariats de police. Lors d’une arrestation, il est en effet impossible pour tout citoyen de notre pays de bénéficier des services d’un avocat ou d’un médecin tant que l’affaire n’a pas été saisie par un juge. S’ensuit donc une longue période de «nonprotection» durant laquelle la plupart des cas de mauvais traitement ont lieu. Sami al-Hajj, journaliste d’Al-Jazira détenu à Guantánamo DES ACTIONS SUR LE TERRAIN Parallèlement à ce travail auprès du depuis décembre 2001. © AI monde politique, Amnesty a également organisé un certain nombre d’actions destinées à sensibiliser le grand public. Une des plus importantes d’entre elles fut mise sur pied le 20 juin 2007 à Louvainla-Neuve. Dénonçant l’existence du centre de détention de Guantánamo, l’action avait aussi pour but de soutenir Sami al-Hajj, cameraman de la télévision arabe Al-Jazira qui y est détenu depuis 2001. Quelques jours plus tard, le 26 juin, c’était au tour de la gare centrale de Bruxelles d’abriter une action organisée dans le cadre de la «Journée mondiale de solidarité avec les victimes de la torture». Enfin, toujours au rayon des événements d’envergure, il est également important de mentionner le lancement du DVD Do It Yourself. Partant du constat que l’usage de la torture avait tendance à se banaliser dans certaines sériés télé comme «24 heures», Amnesty a décidé d’agir en collaborant avec le réalisateur Éric Ledune. TERRORISME : UNE DÉFINITION QUI POSE PROBLÈME Mot dont il n’existe aucune définition officielle, le terme «terrorisme» a néanmoins vu son champ d’application fortement élargi depuis le début de la «guerre» que lui mènent de nombreux États. Conséquence, en Belgique notamment, de cette «extension» : une augmentation, pour des organes comme la police judiciaire, des possibilités de violation des droits fondamentaux dans le cadre de la lutte contre le terrorisme. Les peines prévues en cas d’implication dans une affaire ainsi qualifiée s’en sont quant à elles trouvées fortement alourdies, au point de susciter une intervention du Comité des Droits de l’Homme des Nations unies afin de revenir à plus de pondération. Dans notre pays, le cas du procès de Bahar Kimyongür a parfaitement illustré cette situation. Condamné à cinq ans de prison pour appartenance au groupe d’extrême gauche DHKP-C, Kimyongür a été libéré en avril 2007 après que la cour de cassation ait brisé le verdict. Si son appartenance au groupe d’extrême gauche est avérée et que Kimyongür prône la violence dans certains cas, il n’en reste pas moins qu’Amnesty estime que la peine qui lui avait été appliquée était disproportionnée et que le jeune homme n’avait pas eu droit à un procès équitable. Notre association n’a pas manqué de le rappeler aux membres du gouvernement belge et a exigé qu’une définition plus claire de ce que l’on entend par «terrorisme» soit mise sur la table. ■ Auteur d’un film d’animation sur le thème de la torture et de l’«École des Amériques» (une école qui forma, dans les années 60, la plupart des dictateurs sud-américains et dont le cursus proposait un cours de torture), Ledune y explique comment, bien loin des théories de la «Thicking bomb» (la bombe prête à exploser justifiant l’usage de sévices corporels afin d’obtenir des informations), la torture se révèle en fait comme une technique froide de gestion politique. Une gestion politique accompagnée, ces dernières années, d’une offensive idéologique menée notamment par la chaîne de télévision «Fox», productrice de «24 heures»... Disséminées au gré des 6 saisons de ce célèbre soap américain, les 50 scènes de torture (toujours interprétées par les «bons») qui y ont été recensées auraient donc valeur de propagande idéologique et de référendum puisque les dirigeants de «Fox» n’hésitent pas à affirmer que le taux d’audience de la série représenterait un sondage d’opinion sur l’acceptation par les américains de l’usage de la torture à l’égard des «terroristes»... Le DVD Do it Yourself, disponible gratuitement pour tous les enseignants, contient le film d’Éric Ledune accompagné d’un dossier pédagogique réalisé par Amnesty. ■ CAMPAGNE CONTRE LA TORTURE http ://www.amnestyinternational.be/doc/ rubrique915.html LE SECOND RAPPORT DE DICK MARTY http ://assembly.coe.int/Documents/WorkingDocs/ Doc07/edoc11302.pdf COMMUNIQUÉ DE PRESSE SECOND RAPPORT DICK MARTY http ://www.amnestyinternational.be/doc/ spip.php?article11040= 11 | BILAN 2007 CAMPAGNES INTERNATIONALES ET NATIONALES CONGO, UN PAYS À RECONSTRUIRE En République Démocratique du Congo, 8 ans de conflits armés ont causé la mort de près de 4 millions de personnes. Si les premières élections démocratiques de juillet (législatives) et octobre (présidentielles) 2006 avaient laissé présager une amélioration de la situation, l’échec du brassage de l’armée et des milices, couplé à un processus de réconciliation nationale basé sur l’impunité, ont tôt fait de ramener le pays de nombreuses années en arrière. Avec, au programme, une reprise des affrontements et une liste de violations des droits humains qui ne cesse de s’allonger... Depuis septembre 2007, au Nord-Kivu, les combats font rage entre les milices du général Laurent Nkunda et les Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC), illustrant l’échec du processus de désarmement, de démobilisation et de réinsertion (DDR) des milices au sein des troupes gouvernementales. Pourtant, un grand nombre de membres des groupes armés avaient répondu favorablement à celui-ci en se rendant massivement dans un ensemble de centres de réception où le choix leur était donné entre l’intégration au sein de la nouvelle armée nationale et la réinsertion dans la vie civile. Malheureusement, mis en œuvre sans réelle volonté politique, le DDR s’est révélé inefficace, laissant de nombreux anciens combattants complètement désœuvrés alors qu’ils se voyaient également menacés de mort par leurs anciens généraux, hostiles au programme. En danger et sans moyens de subsistance, les miliciens n’ont bien souvent pas eu d’autre choix que de reprendre des armes que tiennent également toujours un nombre important d’enfants soldats, autres grands oubliés du DDR L’ARMÉE GUÈRE MIEUX LOTIE... Du côté des FARDC, la situation n’est pas plus reluisante. Sous-payés, continuant de défendre des intérêts particuliers, les militaires seraient responsables de la majorité 12 | BILAN 2007 Des enfants soldats fraîchement démobilisés du Front de Libération du Congo. Beni, 2004. © AP GraphicsBank des atteintes aux droits humains signalées actuellement au Congo. Viols, pillages et usage d’esclaves sexuelles sont ainsi redevenus monnaie courante dans un pays dont le système judiciaire, dévasté par des années de conflit, garantit une impunité de fait aux militaires ou aux miliciens coupables de ce genre de délits. Les forces de sécurité, quant à elles, seraient responsables des cas d’arrestations arbitraires, de torture et de meurtres à l’égard d’opposants au président Joseph Kabila ayant eu lieu pendant et après la campagne électorale 2006-2007. Les craintes d’Amnesty, maintes fois répétées depuis plusieurs années, se trouvent ainsi confirmées de bien triste manière. Très tôt en effet, notre organisation avait averti les gouvernements occidentaux du fait que les élections libres n’étaient qu’un début. Il importait donc, pour assurer un «après» serein, de reconstruire le système judiciaire, le système d’éducation et de garder l’armée dans ses casernes tout en réformant les forces de police. Il n’en a rien été... Cependant, malgré ce constat quelque peu décourageant, Amnesty continue de travailler pour le Congo. Notre association soutient ainsi deux ONG au Sud-Kivu. L’une d’elle, la SOFAD, travaille en faveur des femmes victimes de viol. L’autre, l’Arche d’Alliance, s’occupe des enfants recrutés par les forces armées. Enfin, nous avons également effectué un intense travail de lobbying auprès des autorités (sous forme d’échanges avec l’ambassade du Congo notamment). Pour que ce cycle de violences prenne un jour fin et que le Congo puisse se reconstruire... ■ QUELQUES RAPPORTS D’AI : ENFANTS EN GUERRE : SUSCITER UN ESPOIR D’AVENIR http ://web.amnesty.org/library/index/ fraafr620172006 TORTURE AND KILLINGS BY STATE SECURITY AGENTS STILL ENDEMIC http ://web.amnesty.org/library/Index/ ENGAFR620122007 QUELQUES COMMUNIQUÉS DE PRESSE : LAURENT NKUNDA http ://www.amnestyinternational.be/doc/ spip.php?article11688 FORCES DE SÉCURITÉ http ://www.amnestyinternational.be/doc/ spip.php?article11987 AIBF EN ACTION CERCLE BENENSON, LA CONFIRMATION dernières catégories ont un contenu bien défini, la notion de ‘droits culturels’ reste floue. Comment déterminer son contenu de manière universelle ? Les droits culturels défendent-ils un libre accès à la vie culturelle ? Dans l’affirmative, pourquoi sont-ils considérés comme un droit humain ? Sont-ils institués pour protéger les caractéristiques de chaque communauté culturelle, et quelles en seraient les limites ? Autant de questions auxquelles il a apporté des réponses convaincantes devant un public très attentif, réuni pour la circonstance dans une des salles de l’Hôtel de Ville de Bruxelles. UN PEU PLUS DE LÉGÈRETÉ Parallèlement à ces débats et conférences, événements somme toute très sérieux, le Cercle Benenson a également tenté de faire passer son message par des moyens plus ludiques comme des films ou des pièces de théâtre. Le cercle des noyés, long-métrage au programme de la Sélection officielle du Festival de Berlin 2007 et traitant des détenus politiques noirs en Mauritanie enfermés à partir de 1987 dans l’ancien fort colonial de Oualata, a ainsi été diffusé le jeudi 22 mars 2007 au Studio 5, place Flagey. Bloody Niggers, pièce de théâtre traitant du sujet de l’esclavagisme, a quant à elle été proposée au public du Cercle lors d’une représentation au Théâtre National. Enfin, pour ne frustrer personne, l’accent a également été mis sur la musique avec une représentation de La Flûte enchantée de Mozart au Théâtre Royal de la Monnaie. ■ Pour sa deuxième saison, le Cercle Peter Benenson – ainsi nommé en mémoire du fondateur d’Amnesty International – se devait de confirmer une année 2006 riche en conférences et débats de qualité. Un pari réussi. «Entendre, apprendre, débattre pour agir». Cette devise que le Cercle Benenson a faite sienne depuis sa création à la rentrée 2006 n’a probablement jamais été aussi indispensable. En effet, à l’heure où la télévision n’offre plus, en prime time, que le spectacle quelques fois douteux de shows au contenu décidemment bien maigre, il est agréable de se voir offrir, en semaine et en soirée de surcroît, la possibilité de rallier un endroit où faire fonctionner ses méninges dans une ambiance détendue. Loin de l’agitation, le Cercle Benenson a ainsi proposé, tout au long de cette année 2007, une série de 14 conférences, débats, pièces de théâtre et projections de films autour des thèmes qui lui sont chers. Des thèmes également proches de l’actualité d’Amnesty International comme le prouvent, entre autres, les soirées organisées sur la peine de mort en Chine ou autour de la question « Les droits culturels sont-ils des droits humains ? ». Les droits culturels font partie des droits humains dits ‘de la seconde génération’ au même titre que les droits économiques et les droits sociaux. Selon Pierre SANÉ, actuel sous-directeur général pour les sciences sociales et humaines à l’UNESCO et auparavant, secrétaire général d’Amnesty International pendant plusieurs années, si ces deux CONTROL ARMS, VERS UNE RÉSOLUTION ATT ? En 1995, Amnesty International et plusieurs lauréats du Prix Nobel de la Paix demandaient l’élaboration d’une réglementation internationale sur les transferts d’armes. Le principe était – et est toujours – de rejeter tout transfert d’armes qui pourraient être ensuite être utilisées pour des violations des droits humains ou du droit international humanitaire. Un rêve en passe de devenir réalité puisque le 6 décembre 2006, 153 États membres de l’ONU ont voté en faveur d’une résolution posant le principe d’un traité sur le commerce des armes (Arms Trade Treaty ou ATT) juridiquement contraignant et universel ; résolution qui instituait également le principe d’une consultation de ces mêmes États à propos de la viabilité, du champ d’application et des paramètres généraux d’un tel instrument. À l’heure actuelle, 97 États ont déjà fait connaître leur avis au Secrétaire général Ban-Ki-Moon, ce qui fait de cette initiative un véritable succès auquel la Belgique a d’ailleurs pris une part importante. Il faut dire qu’Amnesty y a également mis son grain de sel en assurant le contact de manière permanente avec celui-ci et en faisant également pression sur d’autres pays plus réticents. ■ 13 | BILAN 2007 AIBF EN ACTION DES JEUNES POUR UN PROJET CITOYEN Depuis 2006, le programme jeunesse d’Amnesty planche sur un projet ambitieux nommé «Citoyens du Monde». Objectif : mettre écoles et maisons de jeunes en contact avec les ONG. On a des idées du côté d’Amnesty Jeunes. Et des ambitions aussi. Depuis 2006, on y travaille ainsi au projet «Citoyens du Monde» dont l’objectif est de mettre les écoles et les maisons de jeunes en contact avec différentes ONG suivant un modus operandi d’une simplicité enfantine : chaque école ou maison de jeunes choisit une ONG et entame une correspondance avec cette dernière. Sur base de ce que les jeunes ont appris des activités de celle-ci, ils créent ensuite un projet qui sera présenté lors d’un concours final dont la date a été fixée au 5 mars 2008. Les lauréats gagneront le droit de se rendre dans le pays d’origine de leur organisation d’adoption afin de se rendre compte par eux- mêmes du travail qu’elle effectue sur le terrain. Qui sait dès lors si l’Athénée Jean Absil de Bruxelles, par exemple, ne se retrouvera pas bientôt au Cameroun afin d’assister au travail de «son» ONG engagée dans la lutte contre l’homophobie ? Parallèlement à ce concours, le programme Jeunesse d’Amnesty vient également de sortir un petit conte, intitulé Chen, une lumière dans la nuit, traitant des droits humains en Chine. Écrit par Roland d’Hoop (responsable du programme jeunesse) et illustré par Pascal Lemaître (dessinateur ayant publié de nombreux livres pour enfants), ce «Récit Express» à destination des enfants constitue un outil utile pour sensibiliser les plus petits à une problématique qu’aborde également un volumineux dossier pédagogique réalisé, quant à lui, pour les élèves du secondaire. ■ DE L’UTILITÉ DE FORMER Membres, sympathisants, donateurs, grand public, ils sont nombreux parmi ces différentes catégories à avoir profité cette année des modules de formation organisés à leur intention par Amnesty. Une «éducation aux droits humains» plus qu’importante... Aspect mal connu du travail d’Amnesty, le formation est cependant primordiale pour une association comme la nôtre. Consciente de cette 14 | BILAN 2007 réalité, AIBF en organise, chaque année, plusieurs types. Entre autres formations, on retrouve en premier lieu les séances mises en place par le Secrétariat national (SN), liées principalement aux campagnes en cours et dès lors fréquentées par un public assez large qui aura ainsi la chance d’aborder des thèmes comme la peine de mort, les droits humains ou encore les violences conjugales. Deuxièmement, il existe aussi une série de formations davantage qualifiantes et donc réservées aux seuls membres. Le but, dans ce cas de figure, est de les préparer efficacement à leur travail militant et bénévole. Prise de parole en public, vente de bougies et gestion d’un groupe local sont ainsi au programme. Enfin, des formations générales aux droits humains à destination des enseignants, des responsables de mouvements de jeunesse ou des responsables de groupesécoles d’AIBF sont également mises à disposition. Lorsqu’elles sont thématiquement liées aux programmes d’Amnesty, les formations fonctionnent sur base d’un échange de compétences et grâce à la participation de responsables du Secrétariat national et des coordinations thématiques. ■ AIBF EN ACTION INITIALS BB * La bougie est probablement l’un des symboles les plus connus d’Amnesty. Pourtant, peu de gens savent que c’est en Belgique que ce produit dérivé a trouvé son jardin d’Éden… et de les vendre. Ainsi, en 2007, ce sont 2 300 Bénébous qui ont répondu à l’appel pour un total escompté de 30 000 bougies vendues. Des bougies qui ne sont d’ailleurs pas les seules à faire l’objet d’un «commerce au service des droits humains» de la part d’Amnesty, puisque à côté d’elles se retrouvent également divers produits sous forme de bics, stylos, post-it, et autres tee-shirts assurant eux aussi leur part de rentrées pour Amnesty. Les cartes postales, quant à elles, en plus de garantir une marge bénéficiaire assez importante, permettent de faire la promotion des artistes belges qui les illustrent. ■ * Pour BénéBou, Bénévole Bougies. 120 000 unités. C’est à cette hauteur que devraient se situer, en 2007, les ventes de bougies Amnesty en Belgique francophone. Un chiffre énorme lorsque l’on sait qu’en France il s’en vend à peu près cinq fois moins pour une population de 63 millions de personnes… Quelles que soient les raisons d’un tel engouement, cette situation fait bien les affaires d’une association comme Amnesty qui, plus que d’autres peut-être, cherche à assurer son financement d’une manière qui puisse garantir la conduite indépendante de ses missions, campagnes et enquêtes. Avec une participation de 15,5 % dans son budget annuel, les bougies contribuent donc de manière significative à ce bon fonctionnement et se déclinent dès lors en une multitude de variantes oscillant entre le basique monochrome et le haut de gamme parfumé… Ce commerce, véritablement primordial, nécessite d’ailleurs l’implication de plusieurs permanents affectés à la centralisation de la gestion des stocks, au travail de sensibilisation et de distribution via des canaux spécifiques comme les écoles et les entreprises et à la gestion de stands promotionnels lors de grands événements. Un renfort est également apporté, depuis 2006, par le projet Bénébou (de la contraction de «bougies» et «bénévoles») dont le principe repose sur le fait de contacter 8 000 membres et donateurs en leur proposant de prendre 12 bougies RECRUTER ET MILITER À l’instar du merchandising, le recrutement a pour fonction de trouver des sources de financement qui puissent garantir à Amnesty un fonctionnement en toute indépendance. Concrètement, il s’agit pour notre association de rallier un maximum de donateurs grâce à deux programmes de collecte de fond intitulés YEKES (recrutement dans les lieux publics) et KISES (porte-à-porte et rendez-vous par téléphone). Pour les mener à bien, des équipes de recruteurs, chapeautées par plusieurs responsables de terrain, sont sollicitées toute l’année. But de la présence de ces derniers : cadrer les recruteurs et veiller à ce que le militantisme préside toujours aux opérations de collecte, sous peine de donner une image tronquée d’Amnesty, celle d’une société commerciale qui serait uniquement préoccupée par le bénéfice. Dans cette optique, une attention toute particulière est ainsi portée au fait de s’assurer que les donateurs potentiels sont bien conscients de la spécificité du travail d’AIBF. Un travail auquel les recruteurs sont d’ailleurs de plus en plus associés afin de leur permettre d’intégrer ce fameux militantisme qui reste plus que jamais le mot d’ordre de la maison. En 2007, les différentes campagnes de recrutement devraient permettre à 7 000 nouveaux donateurs de nous rejoindre contre 5 800 en 2006. Un bon cru donc. ■ 15 | BILAN 2007 AIBF EN ACTION UN DROIT POUR L’ASILE Il y aurait 12 millions de réfugiés et de demandeurs d’asile dans le monde. Régulièrement présentées comme de possibles fauteurs de trouble, ces personnes ont en fait bien souvent fui des gouvernements violents ou des conditions de vie par trop dures. Amnesty rappelle qu’en tant qu’individus, ils ont aussi des droits… Ne pas être renvoyés dans un pays où ils risqueraient d’être victimes de graves atteintes aux droits humains, ne pas être séparés de leur famille, bénéficier d’une procédure équitable dans la détermination de leur statut de réfugié… Tels sont quelques-uns des droits des demandeurs d’asile qu’Amnesty entend faire respecter, tant aux niveaux international que national. Ainsi, en Belgique, l’année 2006 avait vu la mise en place de la fameuse réforme de la procédure d’asile. Si notre association s’était félicitée à l’époque de certaines avancées prévues par la réforme (qui créait, notamment, un statut de protection subsidiaire pour les étrangers ne pouvant pas être considérés comme réfugiés mais qui, s’ils étaient renvoyés dans leur pays, pourraient subir de graves atteintes à leurs droits fondamentaux), elle s’était aussi matière, des attentes mises à mal par l’interminable crise communautaire belge. chargée de faire savoir que certaines lacunes subsistaient, notamment par rapport à l’augmentation des possibilités de détentions en cours de procédure. Une inquiétude qui s’est malheureusement vue confirmée et aggravée cette année, par le cas de la petite Angelica, fillette équatorienne de 11 ans incarcérée au centre fermé 127bis. À cette occasion, Amnesty n’a pas manqué de rappeler aux autorités belges que, selon le droit international relatif aux droits humains, la détention de mineurs en centres fermés doit être une mesure de dernier recours et que des solutions alternatives doivent être privilégiées... Une exigence également mentionnée dans le mémoradum remis aux autorités de notre pays à la veille des élections législatives de juin 2007 et dans lequel un chapitre entier était consacré au droit d’asile et aux attentes d’Amnesty en la LE PROBLÈME DES RÉFUGIÉS IRAKIENS Au plan international, notre mouvement n’a pas manqué d’attirer l’attention sur le cas des réfugiés irakiens. Le conflit qui sévit actuellement en Irak a entraîné le déplacement à l’intérieur du pays d’environ 1,5 millions de personnes et contraint quelque 2 millions d’autres de se réfugier à l’étranger, principalement en Syrie et en Jordanie. Une situation catastrophique qu’Amnesty s’est empressée de dénoncer en demandant, notamment, à la Syrie et à la Jordanie de stopper les expulsions de ces mêmes réfugiés vers l’Irak, une pratique qui met ces «candidats» au retour forcé en grave danger, eu égard à la situation qui y règne... ■ Des centaines d’échelles taillées par des immigrants à la frontière hispano-marocaine. Melilla, octobre 2005. © AI QUI CONTACTER À AIBF ? Téléphone général : 02 538 81 77 E-mail général : [email protected] ACCUEIL Elisabeth DELEU [email protected] COLLECTE DE FONDS Jean-Marie PIERLOT [email protected] FORMATIONS Sophie YPERSIEL [email protected] 16 | BILAN 2007 E-ACTIVISME ET ACTIONS URGENTES Clarence JAMESON [email protected] LOBBY ET RELATIONS EXTÉRIEURES Montserrat CARRERAS [email protected] JEUNESSE Roland D’HOOP [email protected] MATÉRIEL PROMOTIONNEL ET CAMPAGNE BOUGIES Jean-Michel VERLINDEN [email protected] LIBERTÉS! – LE MENSUEL Pascal FENAUX [email protected] PRESSE ET FEMMES Françoise GUILLITTE [email protected] RECRUTEMENT Dounia MELIANI [email protected] RÉFUGIÉS Estelle DUBOST [email protected] SOUTIEN AUX COORDINATIONS Arnaud COLLIGNON [email protected] SOUTIEN AUX GROUPES Olga BELO-MARQUES [email protected] BONNES NOUVELLES BONNES NOUVELLES Tous les jours, grâce aux lettres et aux messages envoyés par les membres du réseau des Actions urgentes et par la plate-forme d’action Isavelives.be, des victimes et des prisonniers voient leur destin basculer, pour le meilleur. MEXIQUE MILITANTE INDIGÈNE LIBÉRÉE Le 9 novembre 2007, Amnesty International Magdalena García Durán était libérée par les autorités mexicaines, après une campagne lancée par Amnesty International. Magdalena García Durán figurait également en tête de l’Opération Isavelives.be. Amnesty demande désormais aux autorités locales et fédérales mexicaines de reconnaître que l’opération policière menée à Atenco en mai 2006 a donné lieu à de nombreuses procédures judiciaires injustes et infondées. Pour rappel, les 3 et 4 mai 2006, des centaines de personnes avaient été arrêtées suite à un mouvement de protestation mené à San Salvador Atenco et Texcoco, dans l’État de Mexico. La répression s’était entre autres exercée au travers de violences sexuelles commises contre au moins 26 femmes. Plus de 150 personnes font toujours l’objet d’une procédure judiciaire et 20 sont toujours détenues pour les mêmes chefs d’inculpation que ceux dont Magdalena García Durán faisait l’objet et ce, sur la base de témoignages similaires à ceux qui avaient été retenus contre elle. Amnesty International demande aux autorités de réexaminer immédiatement les dossiers de toutes les personnes encore détenues et de veiller à ce que plus personne ne soit victime des injustices qu’a subies Magdalena García Durán pendant plus d’un an et demi de détention. Dans la nuit du 9 novembre 2007, les autorités ont libéré Magdalena García Durán du centre pénitentiaire de Molino de las Flores, à Texcoco, dans l’État de Mexico, en application d’une décision judiciaire du 16 octobre 2007. Cette décision concluait à l’absence d’éléments pouvant justifier la détention de Magdalena García Durán et son jugement pour les infractions dont elle avait été accusée : séquestration et attaques de voies de communication. Magdalena García Durán a été détenue arbitrairement, maltraitée et inculpée sans fondement parce qu’elle se trouvait à San Salvador Atenco le 4 mai 2006. Alors qu’elle et ses proches n’ont cessé de clamer son innocence, elle a été incarcérée plus de 18 mois avant de recouvrer la liberté. SOUDAN LIBÉRATION Mohamed Jalal Ahmed Hashim a été libéré le 25 août 2007. Il a vivement remercié Amnesty International de son soutien. Les fax sont arrivés en si grand nombre que les forces de sécurité qui le détenaient l’ont considéré comme une personnalité importante ayant des contacts dans le monde entier. De nombreux fax ayant fait état de son diabète, le personnel médical de la prison a en outre commencé à surveiller son état de manière quotidienne. À sa libération, il a déclaré à Amnesty International : «Au Soudan, la détention illégale est une pratique si courante que les détenus redoutent seulement d’être torturés, et pas d’être privés de liberté.» Il a été libéré après s’être engagé par écrit comme ses codétenus à ne pas participer à des activités politiques publiques ; il aurait consenti à signer parce que ses codétenus en avaient fait de même. Mohamed Jalal Ahmed Hashim, figure de proue du mouvement d’opposition à la construction du barrage de Kajbar, avait été arrêté avec d’autres opposants le 16 juin 2007 à l’Université de Khartoum. Plusieurs opposants à ce projet avaient été interpellés au même moment. Les habitants protestent contre la destruction de leurs villages et contre le fait que les autorités n’ont organisé aucune consultation sur le projet. La construction du barrage de Kajbar est prévue au niveau de la troisième cataracte du Nil, dans le nord du Soudan. 17 | BILAN 2007 BONNES NOUVELLES IRAN JOURNALISTES GRACIÉS CANADA SOMALILAND MAHER ARAR MIS HORS CAUSE JOURNALISTES GRACIÉS Suite aux conclusions de l’enquête menée par le Canada sur le rôle de certains fonctionnaires canadiens dans l’expulsion et la détention de Maher Arar, un consultant en télécommunications de 34 ans, ce dernier a été rétabli dans ses droits en janvier 2007. L’enquête menée par le Canada a permis d’établir, entre autres, que Maher Arar, d’origine syrienne, avait été torturé durant sa détention en Syrie, qui a duré près de 12 mois, du 9 octobre 2002 au 5 octobre 2003. Amnesty International a contribué activement à ce qu’une instruction soit ouverte dans l’affaire Maher Arar. Elle s’emploie depuis de nombreuses années à réunir des informations sur des cas de torture en Syrie et à demander que des enquêtes en bonne et due forme soient menées. Le 29 mars, le président du Somaliland a gracié par décret Yusuf Abdi Gabobe, Ali Abdi Dini et Mohamed Omar Sheikh Ibrahim, journalistes du réseau Haatuf. Les trois hommes ont été libérés de la prison de Mandera, où ils purgeaient des peines allant de 24 à 29 mois, après avoir été déclarés coupables, le 4 mars, d’avoir «diffusé de fausses informations sur le gouvernement, discrédité le président et sa famille et créé des tensions intercommunautaires». Un quatrième journaliste de Haatuf, qui avait été jugé par contumace et déclaré coupable des mêmes faits, a lui aussi été gracié. Ali Farahbakhsh a été libéré le 9 octobre après avoir passé onze mois en prison. Arrêté le 27 novembre 2006, à son retour d’une conférence sur le gouvernement et les médias organisée à Bangkok par des ONG, un tribunal révolutionnaire de Téhéran l’avait condamné à trois ans d’emprisonnement, le 26 mars, pour espionnage et pour avoir bénéficié d’un «financement de l’étranger». Dans une interview accordée à l’Iranian Students’ News Agency (ISNA, Agence de presse des Étudiants iraniens), son avocat a indiqué que la peine avait été réduite à seize mois en appel. Ali Farahbakhsh a ensuite bénéficié d’une libération anticipée sous certaines conditions. Journaliste spécialisé dans l’économie, il a écrit pour un certain nombre de journaux iraniens, dont Sobh-e Emruz, Norouz, Yas-e No et Sarmayeh. À l’exception de Sarmayeh, tous ces périodiques ont été fermés entre 2004 et 2006 sur ordre des autorités judiciaires de Téhéran. VOICI DIFFÉRENTS MOYENS D’APPUYER FINANCIÈREMENT LE TRAVAIL D’AMNESTY : • Faites un don ponctuel (à partir de 30 €, vous bénéficiez d’une attestation fiscale) – n° de compte 001-200070-06 • Soutenez-nous régulièrement par un ordre permanent : demandez notre formulaire par téléphone au 02 543 79 80 ou par e-mail : [email protected] • Devenez membre (vous recevez chaque mois notre publication Libertés! et vous avez le droit de vote à l’Assemblée Générale) : la cotisation est fixée à 14,87 € (non déductible fiscalement) – tout don complémentaire donne droit à une attestation fiscale lorsqu’il atteint 30 €. • Achetez (et offrez !) une bougie Amnesty : visitez notre Boutique en ligne http://www.amnestyinternational.be/boutique/ • Envisagez d’inclure Amnesty dans votre testament (le legs en duo permet d’éviter à vos proches de payer d’importants droits de succession et d’offrir à Amnesty des moyens supplémentaires de préserver les droits des générations futures). Demandez notre brochure explicative par téléphone au 02 543 79 80 ou par e-mail : [email protected] 18 | BILAN 2007 CAMPAGNES INTERNATIONALES ET NATIONALES COMPTES 2006 Les comptes 2006 ont été approuvés lors de l’Assemblée Générale d’Amnesty International des 5 & 6 mai 2007. Si nous n’avions qu’un seul mot à écrire ce serait : MERCI ! Votre soutien financier ravive la flamme de l’espoir. Votre générosité nous offre les moyens de poursuivre, d’améliorer voire d’étendre nos campagnes et actions. Votre engagement nous motive à donner le meilleur de nous-mêmes dans une cause qui malheureusement se confronte chaque jour à de nouvelles violations. Grâce à VOUS, la défense des droits humains peut continuer... 3 986 207 € Charges Administration/ Gestion: 7 % Actions: 46 % Collecte de fonds: 21 % Recherche: 26 % Récolte de Fonds 21 % Trois modes de collecte de fonds contribuent à assurer les rentrées financières de sorte à assurer à Amnesty son indépendance d’actions : Récolte de dons (6 %) 243 956 € Un trimestriel Amnesty en Action vous informe régulièrement de nos campagnes en cours, des actions et des thématiques dont nous nous occupons. Matériel promotionnel (9 %) 365 585 € Ces dépenses financent nos publications (rapport annuel et pays) ainsi que l’achat et la promotion des bougies et des objets vendus au profit d’Amnesty International. Recrutement (6 %) 227 404 € Il s’agit ici de nos équipes de sensibilisation qui sillonnent Bruxelles et la Wallonie afin de recruter de nouveaux membres. En 2006, 6.800 nouvelles personnes ont ainsi adhéré aux valeurs et au travail d’Amnesty. Administration 7% 278 281 € Frais liés à la bonne gestion administrative de notre section. 3 986 207 € Produits Recherche et soutien international 26 % 1 038 261 € 836 945 € Cotisations: 11 % Divers: 1 % Les fonds sont alloués au Secrétariat International à Londres qui poursuit un travail de recherche et de lobbying actif. 400 personnes s’y investissent au quotidien et constituent le centre nerveux du travail d’Amnesty. Actions 46 % 1 832 720 € Aides directes (3,6 %) 144 257 € Il s’agit essentiellement de soutien aux défenseurs locaux des droits humains partout dans le monde. Campagnes et sensibilisation (20 %) 785 460 € C’est vraiment le cœur du travail d’Amnesty : la sensibilisation du public et des pouvoirs publics aux problématiques des droits humains via l’information, la formation et l’action. En 2006 ce sont non seulement les campagnes «Halte à la violence contre les femmes» et «Stop Torture» qui ont mobilisés les ressources d’Amnesty, mais également «le contrôle des armes légères» et les exactions commises à Guatanamo. Communication (9 %) 362 534 € Ce poste comprend diverses revues et outils audio-visuels à destination du grand public, des médias et de nos membres : notre magazine Libertés!, les communiqués et conférences de presse, Amnesty interne,... . Actions locales (4 %) 168 764 € Les groupes locaux d’Amnesty promeuvent des actions locales d’information et de sensibilisation aux droits humains dans le cadre des différentes campagnes. Provisions (9 %) 371 705 € Cet argent à été réservé pour des actions futures dans le cadre des nouvelles campagnes «Individus en danger» et «Le respect des droits économiques, sociaux et culturels». Collecte de fonds: 73 % Subsides: 14 % Récolte de Fonds 73 % 2 889 843 € • Dons • Vente bougies et matériel promotionnel (57 %) 2 282 243 € (16 %) 607 600 € Cotisations 11 % 457 856 € Subsides 14 % 586 524 € 1% 51 984 € Divers AMNESTY OFFRE DES GARANTIES DE TRANSPARENCE SUR SES COMPTES ANNUELS • En conformité avec la nouvelle loi sur les asbl, les comptes, bilan et budget d’Amnesty sont présentés selon les nouveaux critères de la comptabilité normalisée des sociétés. • Ceux-ci sont examinés chaque année par un réviseur d’entreprise indépendant avant d’être soumis à l’Assemblée générale pour approbation. Les comptes de 2006 ont été approuvés les 5 et 6 mai 2007. • Un contrôle du Ministère des Finances a lieu dans le but d’établir et de suivre le dossier d’agrément fiscal : celui-ci a été renouvelé en 2007 pour une durée de 6 ans. • Amnesty est membre fondateur de l’AERF : Association pour une Ethique dans la Récolte de Fonds. A ce titre, elle se soumet à son code déontologique, incluant une série de prescriptions de présentation des comptes en vue de garantir leur transparence pour l’ensemble de ses sympathisants (voir le site http://www.vef-aerf.be) 19 | BILAN 2007 LES LIBERTÉS SE LISENT AUSSI Chaque mois, Libertés! fait le tour de l’actualité des droits humains et propose des actions concrètes. Le mensuel n’offre pas seulement à s’indigner d’une actualité rarement emballante en matière de droits humains. Au-delà d’articles d’actualité, Libertés! offre chaque mois un dossier de fond et invite les membres et les lecteurs occasionnels à réfléchir et à prendre un recul raisonnable et lucide par rapport à la déferlante d’informations à laquelle nous soumettent les médias écrits, audiovisuels et électroniques. La version imprimée de Libertés! est envoyée automatiquement à tous les membres d’AIBF en ordre de cotisation. Mais le mensuel d’Amnesty International est aussi accessible en ligne à l’adresse www.libertes.be. De même, chaque numéro est intégralement et gratuitement téléchargeable au format PDF. Voici quelques-uns des dossiers-phares de l’année 2007 : Janvier : Le chantier sud-africain Février : Histoires à occire debout Avril : Corée du Nord, le goulag de la faim Juin : Droits humains, le défi israélo-palestinien Septembre : Congo, chaos debout Octobre : Birmanie, l’éruption Décembre : L’équation pakistanaise