MESSE DE L`ARMISTICE 11/11/2015 ENGHIEN Monsieur le

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MESSE DE L`ARMISTICE 11/11/2015 ENGHIEN Monsieur le
MESSE DE L’ARMISTICE
11/11/2015
ENGHIEN
Monsieur le Bourgmestre,
Mesdames, Messieurs les Echevins et Membres du Conseil
Communal
Monsieur le Président, Mesdames et Messieurs les Membres du
CPAS,
Messieurs les Représentants des Autorités Militaires,
Mesdames et Messieurs les Représentants des Associations
Patriotiques,
Mesdames et Messieurs,
Frères et Sœurs,
Soyez tous les bienvenus dans cette église d’Enghien où la coutume
veut qu’une célébration rassemble les citoyens de toutes obédiences dans
une commune intercession pour la paix, au jour où nous commémorons
l’armistice de la Grande Guerre de 1914-1918. Nous savons tous combien
la paix dans le monde est devenue de plus en plus fragile, au MoyenOrient, en Afrique ou sous d’autres latitudes. Nous mesurons combien la
moindre étincelle, en ces régions du monde minées par la détresse
économique et les fanatismes religieux, peut mettre le feu aux poudres et
entraîner la planète dans une nouvelle déflagration, qui ruinerait
évidemment aussi notre continent européen et nos pays. Aujourd’hui est
un jour de mémoire et de prise de conscience. Tous, ici, nous voulons la
paix, que nous soyons croyants ou non, nous nous engageons pour la
paix, car seule la paix constitue à nos yeux un horizon possible de
l’humanité et, pour elle, un avenir souhaitable.
Je remercie en particulier les jeunes des Mouvements d’Enghien,
Scouts et Patros, qui depuis quelques années s’associent à notre
célébration, et prennent en charge l’animation de la messe qu’en votre
nom à tous je vais maintenant présider.
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Parmi les lèpres qui défigurent l’humanité, à côté de la maladie, de la
misère économique ou de la misère morale, la guerre et la violence ne
sont pas les moindres. Chaque jour nous rapporte le récit de
monstruosités, d’êtres humains qui se déchirent entre eux, avec
quelquefois des raffinements de stratégie et de cruauté que les espèces
animales, même les plus redoutables, ne soupçonnent pas. Homo homini
lupus : « l’homme est un loup pour l’homme », écrivait le poète latin
Plaute, mais il sous-estimait malheureusement la vérité : l’homme est
bien plus dangereux pour l’homme que tous les loups du monde, même
réunis en une unique meute affamée ou hurlante.
Lorsqu’au matin du 11 novembre 1918 retentit sur les champs de
bataille européens l’ordre de cesser les combats, l’heure était à la
désolation, et dans tous les camps, y compris celui des vainqueurs. La
boucherie de la Grande Guerre avait décimé notre continent, l’avait privé
de sa jeunesse – en particulier de ses jeunes hommes, qui avaient crevé
pendant quatre années dans les tranchées, de faim, de soif, des blessures
des obus ou des empoisonnements des gaz. Les « poilus » comme on
disait, ont été une génération sacrifiée – ils avaient dix-huit, dix-neuf,
vingt ans, guère plus, et leurs noms sont inscrits, modeste récompense,
éphémère souvenir, sur les monuments aux morts de toutes nos places
publiques. Mais, on ne le savait pas encore en 1918, la lèpre de la Grande
Guerre devait récidiver quelque vingt années plus tard, dans une Europe
redevenue malade de ses frustrations et en proie aux idéologies les plus
avilissantes, comme celle du racisme prêchée par les Nazis hitlériens.
Pendant un peu plus de cinq ans, de nouveau, le feu et le sang allaient
enlaidir notre Continent et faire du XXème siècle l’un des siècles les plus
barbares de l’histoire humaine – peu à peu, on allait découvrir l’horreur
des camps d’extermination, la suppression programmée, d’une façon
scientifique, de toute une partie de l’humanité, pour le seul fait qu’elle
appartenait à une race supposée inférieure et non-humaine. La lèpre,
encore, semblait avoir gagné.
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L’Evangile que nous venons d’entendre nous invite à ne pas nous
résigner à la lèpre, mais à la présenter, comme toutes nos autres maladies
humaines, à la guérison du Christ. Cela signifie que la solution n’est pas
complètement entre nos mains : avec la meilleure volonté du monde,
l’être humain ne peut, de lui-même, déraciner de son cœur les âpres
surgeons de haine qui finissent toujours par alimenter les conflits
internationaux. Mais il peut prendre conscience de sa propre plaie et
l’offrir à la guérison de Celui que Dieu envoie vers lui pour l’en guérir.
Une fois guéri, du reste, il ne doit pas manquer, ajoute l’Evangile, de
revenir sur ses pas pour en rendre grâce et mesurer l’étendue de la
guérison en même temps que celle du mal dont il a été tiré. N’est-ce pas
ce regard en arrière que nous appelons tous, croyants ou non, un geste
« mémoriel », un « devoir de mémoire » ? Se souvenir, pour ne plus
recommencer, et surtout ne pas imaginer que nous serions désormais à
l’abri…
Ce n’est pas que la responsabilité de l’être humain soit nulle : la
première lecture, du Livre de la Sagesse, rappelait chefs d’Etats et
puissants de ce monde à leurs devoirs et disait que leurs complaisances
ou leurs crimes ne resteraient jamais impunis. Puissent-ils entendre cette
menace que la Parole de Dieu reprend non pour le plaisir d’humilier, ou
de rabaisser ceux qui sont en charge des Etats, mais pour rappeler que
toute puissance est au service du bien commun, c’est-à-dire au service du
bien de l’humanité tout entière.
Le 11 novembre, commémoration de l’armistice, est aussi le jour où,
dans l’Eglise latine, la liturgie fait mémoire de l’évêque saint Martin, ce
légionnaire hongrois du IVème siècle devenu l’un des évangélisateurs de
nos pays européens, après s’être converti au Christ reconnu dans un
pauvre auquel il avait partagé son manteau, tandis qu’il traversait la
campagne d’Amiens. Devenu moine à Ligugé, près de Poitiers, puis
évêque de Tours, sa figure rayonnante de paix marqua tellement ses
contemporains qu’ils en firent souvent le saint titulaire de leurs églises
paroissiales, comme chez nous, à Marcq. Que saint Martin, ancien soldat
devenu bienheureux moine et saint évêque, soucieux des pauvres et des
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petits, intercède avec nous ce matin pour que la paix règne dans le
monde. Amen.
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