Frères et sœurs, nous écoutions dimanche dernier le récit de la

Transcription

Frères et sœurs, nous écoutions dimanche dernier le récit de la
HOMÉLIE POUR LE 18° DIMANCHE ORDINAIRE – B – 5 AOÛT 2012
Frères et sœurs, nous écoutions dimanche dernier le récit de la
multiplication des pains; ce récit est suivi dans l’évangile de Jean du discours
sur le pain de vie que nous entendrons tout au long des dimanches de ce mois
d’août. Cette insistance pourrait nous apparaître excessive ; nous nous
ennuyons très vite quand on nous parle plusieurs fois de suite du même sujet.
Nous préférons les feuilletons, jadis écrits, aujourd’hui télévisés, où chaque
épisode nous fait vivre une nouvelle aventure.
Cependant, si la liturgie dominicale nous propose l’intégralité des
paroles de Jésus, c’est qu’elles nous donnent un message vivant, un message
nourrissant puisqu’il s’agit du pain de vie, de l’eucharistie, du corps du Christ
lui-même que nous recevons dans la foi. « Ma grande souffrance », disait
récemment une personne qui ne pouvait communier à cause de sa situation,
« est de voir les autres recevoir le pain de vie et retourner joyeusement à leur
place pendant que je ne bouge pas de la mienne ». Un chrétien non-catholique
exprimait la même peine de ne pouvoir prendre part à l’eucharistie lors de la
messe.
Je pense à la profonde émotion ressentie il y a plusieurs années, alors
que je donnais la communion le jour de Pâques dans un village perdu au milieu
des Andes péruviennes, de voir le visage de ces hommes et de ces femmes qui
recevaient le corps du Christ avec une telle foi, une telle intensité dans le
regard ; oui, Dieu venait vraiment chez eux, dans leur pauvreté ils recevaient
un trésor inestimable, « le pain de Dieu, celui qui descend du ciel et qui donne
la vie au monde ».
La théologie catholique a exprimé en des termes savants, difficiles à
comprendre parfois le mystère eucharistique ; elle nous parle de
« transsubstantiation », au sens ou le pain et le vin consacrés, sans que soit
modifiée leur apparence, deviennent une tout autre réalité, le corps et le sang
du Christ ; c’est la présence réelle à laquelle nous croyons, que nous recevons,
que nous adorons. Le curé d’Ars, - c’était hier la saint Jean-Marie Vianney expliquait en termes très simples le mystère de l’eucharistie à ses paroissiens :
« Quand nous avons communié, si quelqu’un nous disait : “Qu’emportez-vous
dans votre maison ?, nous pourrions répondre : J’emporte le ciel”. Et encore :
« La communion fait à l’âme comme un coup de soufflet à un feu qui
commence à s’éteindre, mais où il y a encore beaucoup de braises ! »
Frères et sœurs, le feu de l’amour de Dieu, déposé en nous au baptême,
de ce Dieu que le Deutéronome, puis la Lettre aux Hébreux qualifient de « feu
dévorant », brûle-t-il toujours en nous ? S’il est mourant ou en passe de
s’éteindre, si notre cœur ressemble plus à une veille cheminée où la cendre
recouvre le feu, la communion d’aujourd’hui, reçue avec foi et amour, peut
rallumer en nous un brasier ardent. Supplions Jésus dans notre prière
commune : « Seigneur, donne-nous de ce pain-là, toujours ». Amen !