Réaliser un fantasme en couple, est-ce possible?
Transcription
Réaliser un fantasme en couple, est-ce possible?
Réaliser un fantasme en couple, est-ce possible? Selon les résultats d’une étude préliminaire menée à l’Université du Québec à Trois-Rivières (UQTR), pas moins de 95 % des hommes et 88 % des femmes ont des fantasmes sexuels… c’est-à-dire pratiquement tout le monde! Mais est-ce une bonne idée de vouloir les réaliser avec son conjoint? Par Amélie Cournoyer «Mais bien sûr, répond d’entrée de jeu la sexologue clinicienne Élise Bourque. Pourvu que l’autre soit inclus dans le fantasme et que l’on tienne compte de ses envies et de ses limites.» La bonne nouvelle, selon l’étude de l’UQTR, c’est que les fantasmes sexuels les plus populaires sont sensiblement les mêmes chez les femmes et les hommes. L’ambiance et le lieu occupent par exemple une place très importante dans les fantasmes des deux sexes, de même que ressentir des émotions romantiques et affectives pendant une relation sexuelle et avoir une relation sexuelle dans un endroit romantique ou inhabituel. Choisir le bon moment On sait maintenant que ça peut être une bonne idée de réaliser un de nos fantasmes avec son conjoint (on l’avoue: on en a plusieurs!)… et, mieux, c’est possible qu’il partage le même que nous! Mais attention, il faut savoir détecter le bon moment pour en discuter. «Quand ça va bien dans le couple, qu’il y a une bonne communication et une belle relation de confiance entre les partenaires, on peut envisager de partager avec l’autre notre envie d’essayer quelque chose d’inusité qui bousculera nos habitudes sexuelles et qui nous fera explorer de nouvelles avenues», avance Élise Bourque. C’est par contre moins approprié de demander à son conjointde réaliser son fantasme quand le couple bat de l’aile ouqu’il y a une baisse de désir. «Réaliser un fantasme n’aide pas à solidifier le couple, ça peut au contraire le fragiliser», spécifie la sexologue. Ça peutd’ailleurs être le cas lorsque notre conjoint ne partage pas notre fantasme... et c’est fort possible si l’on se fie aux données de l’UQTR, qui révèlent entre autres que 47 % des hommes fantasment sur le sexe anal contre 19 % des femmes; que40 % des femmes ont le fantasme d’avoir une relation sexuelle avec deux hommes, contre 21 % chez la gent masculine et que faire l’objet de photos ou de vidéos pendant une relation sexuelle allume 32 % des hommes, mais seulement 18 % des femmes. Puis, recevoir la fessée et être dominé sexuellement excitent davantage les dames, tandis que les messieurséprouvent plutôtdes envies de domination. D’où l’importance de partager son fantasme avec son partenaire en gardant la tête froide plutôt que dans le feu de l’action, c’est-à-dire d’évaluer son ouvertureà l’idée avant de procéder.Par exemple, l’idée dutrip à trois peut lui plaire, mais il espérait peutêtre inviter une femme dans le lit conjugal, tandis qu’on rêvait à un homme… ou notre proposition d’échangismepouvait impliquerdes amis, alors qu’il envisageait de demander à des inconnus… Bref, discuter auparavant de tous les détails permet des’assurer d’être sur la même longueur d’onde. «L’objectif du fantasme est de procurer du plaisir, mais les deux doivent en retirer pour conserverdes rapports sexuels sains», souligne Élise Bourque. Les pièges à éviter Tout d’abord, gardons en tête que certains couples choisissent de ne pas partager leurs fantasmes l’un l’autre et ont tout de même une vie sexuelle épanouie. Mais si l’on désire qu’il se déguise en policier et qu’il nous menotte au lit et que ça le branche... Tant mieux! Il faut par contre accepter qu’il n’acquiesce pas tous les soirs à notre demande ou qu’il refuse carrément de jouer le jeu.«Quand seulement un des deux partenaires retire du plaisir, qu’il y a du chantage pour que se concrétise un fantasme ou qu’il y a une imposition du fantasme à l’autre, ça devient malsain», précise la sexologue. Bref, les fantasmes ont pour but de nous exciter, mais ils ne doivent pas devenir obligatoires à l’excitation. En même temps, il n’y a pas vraiment de limites à respecter dans le partage ou la réalisation d’un fantasme sexuel en couple, tant et aussi longtemps que les deux conjoints sont à l’aise. «Aussitôt qu’un partenaire exprime une réticence, on arrête l’expérience en acceptant la situation complètement et sans culpabilitéde part et d’autre», dit Élise Bourque.Et qui a dit qu’il fallait réaliser tous nos fantasmes? «Certains sont sans aucun doute plus excitants dans nos rêves qu’ils le seraient dans la réalité!», ajoute la sexologue.Ainsi, ce n’est pas une mauvaise idée d’en garder quelques-uns dans notre jardin secret. «Dans un couple, on devrait suffisamment se connaître pour partager ses fantasmes en toute liberté et avec plaisir. C’est normal d’être un peu gêné et hésitant, parce qu’on dévoile une partie de notre inconscient, mais si l’on a peur d’être jugé par notre conjoint; c’est soit notre fantasme, soit notre relation qui pose problème… Notre fantasme est-il trop osé? L’autre est-il trop dans le jugement?», questionne finalement la sexologue. — 30 —