Avis cours de secourisme - Conseils de la jeunesse
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Avis cours de secourisme - Conseils de la jeunesse
AVIS du Conseil de le Jeunesse Proposition de résolution relative au développement et à la promotion des cours de secourisme au sein de l’ensemble des secteurs de la Fédération Wallonie-Bruxelles Préambule La Ministre de la Jeunesse, Evelyne Huytebroeck, a sollicité l’avis du Conseil de la Jeunesse sur la proposition de résolution relative au développement et à la promotion des cours de secourisme au sein de l’ensemble des secteurs de la Communauté française – Fédération Wallonie-Bruxelles. Ayant marqué de l’intérêt pour travailler à ce projet dans le cadre de sa Commission Sport-Santé, le Conseil de la Jeunesse développera son avis selon deux axes. Le premier abordera un aspect théorique relatif à la thématique et le second la mise en pratique proposée dans ce projet de résolution. Le Conseil de la Jeunesse se réjouit de ce projet visant à soutenir et favoriser la formation aux premiers secours à travers toute la Fédération Wallonie-Bruxelles et s’adressant prioritairement aux acteurs de l’éducation, du sport, de la jeunesse et de la santé. Aspect théorique Il nous semble toutefois important d’apporter quelques précisions à l’argumentaire développé dans cette proposition. Selon nous, l’obtention du Beps s’avère nécessaire pour tout professionnel amené à encadrer des activités scolaires, sportives, culturelles ou de jeunesse et vivement conseillé pour tout bénévole amené à encadrer des activités dans le cadre du secteur jeunesse. Nous connaissons en effet la propension des jeunes, et des enfants en particulier, à vivre intensément les multiples activités qui leur sont proposée en toutes circonstances, que celles-ci soient liées à l’éducation formelle ou non formelle. Ces professionnels et bénévoles étant souvent en première ligne lorsque survient un accident, qu’il soit anodin ou plus grave, ils sont régulièrement amenés à prodiguer les premiers soins. Il serait dès lors opportun de rendre cette formation obligatoire dans le cadre de la formation initiale et continue de ces différents intervenants. On serait bien évidemment tenté d’étendre cette formation à tout citoyen, mais cela semble utopique. La formation postscolaire présente en effet de nombreuses difficultés liées, par exemple, au coût ou à la logistique. De même que dispenser une formation de 15 heures1 durant le temps scolaire semble difficile à mettre en place si l’on tient compte des contraintes horaires ou financières. Toutefois si l’on considère les chiffres en matière de santé, on dénombre environ chaque année en Belgique 25 000 accidents vasculaires cérébraux, 15 000 infarctus du myocarde2 et 15 000 décès suite à un arrêt cardiaque3. Dans le cas des morts inconscientes, il s’avère qu’une personne sur deux ne se sent pas capable d’intervenir, soit par peur, soit ne sachant 1 http://www.croix-rouge.be Communiqué de presse – Semaine du cœur 2011 – Ligue Cardiologique Belge 3 Publication du Dr M. Goethals – Hartziekenhuis Roeselare-Menen Conseil de la Jeunesse Commission « Sport-Santé » Boulevard Léopold II, 44 - 1080 Bruxelles www.conseildelajeunesse.be - [email protected] 2 pas que faire4. Or, dans le cas d’un arrêt cardiaque, il est fondamental d’intervenir dans un délai de cinq à six minutes afin de préserver un maximum les chances de survie de la victime, sans lésions cérébrales irréversibles. Suite à ces constats et parallèlement à la mise en place régulière de campagnes de sensibilisation sur la prévention des maladies cardiovasculaires5, comme le recommande l’OMS, il nous parait essentiel de donner la priorité à ces trois types d’accidents. Nous proposons dès lors d’axer la formation en secourisme sur ces trois urgences vitales en proposant une formation de courte durée destinée à les reconnaitre, à alerter les secours et poser les gestes qui sauvent en attendant leur arrivée. Dans le cadre de l’arrêt cardiaque, une formation spécifique d’une heure pourrait être dispensée par les professeurs d’éducation physique ou de biologie à tous les étudiants du secondaire au moyen d’un matériel de base peu couteux et réutilisable (poupée symbolisée et dvd remis à chaque élève). La reconnaissance de l’arrêt cardiaque, l’appel au 112 et l’apprentissage de la compression du thorax seraient les principaux éléments de contenu de cette formation à la réanimation cardio-pulmonaire. Dans le cadre de l’accident vasculaire cérébral (AVC) et de l’infarctus, une formation de deux à trois heures peut s’avérer suffisante. Elle pourrait trouver tout son sens dans le cadre du cours de biologie au niveau secondaire et viserait principalement à comprendre le processus physique amenant l’AVC ou l’infarctus et à pouvoir les identifier (par exemple via la méthode FAST : Fast Arm Speech Test6 dans le cadre de l’AVC). Après lecture de la proposition de résolution et en tenant compte des éléments développés précédemment, le Conseil de la Jeunesse propose de prendre en compte les remarques suivantes : Mise en pratique Dans le cadre des paragraphes 1° et 2° de la propos ition de résolution 4 • Lier l’obtention du Beps aux diplômes décernés dans le cadre de la formation initiale des professionnels amenés à encadrer des activités scolaires, sportives, culturelles ou de jeunesse ainsi qu’aux brevets décernés dans le cadre de la formation d’animateur ou de coordinateur amené à encadrer des activités dans le cadre du secteur jeunesse. • Proposer ponctuellement à ces mêmes personnes, dans la cadre de la formation continue, les remises à niveau nécessaires. • Développer parallèlement une offre de formation de courte durée visant à reconnaitre prioritairement les cas d’arrêts cardiaques, d’AVC et d’infarctus, à alerter les secours et à poser les gestes qui sauvent en attendant leur arrivée. Dispenser cette formation dans le cadre de l’enseignement secondaire au travers, par exemple, des cours de biologie et d’éducation physique, en partant du postulat que les professeurs concernés seraient détenteurs du Beps et auraient reçu la formation adéquate. Dans cette optique, des supports Communiqué de presse – Mort subite cardiaque – Dr Ch. Scavée – Cliniques universitaires Saint-Luc http://www.who.int 6 http://www.stroke.org.uk Conseil de la Jeunesse Commission « Sport-Santé » Boulevard Léopold II, 44 - 1080 Bruxelles www.conseildelajeunesse.be - [email protected] 5 pédagogiques intéressants et durables, telle la poupée « Minipop » développée par l’équipe du Professeur Pierre Mols, pourraient être diffusés à grande échelle dans les écoles. • Dans un souci d’efficacité, il semble par ailleurs opportun de renouveler cette formation plusieurs fois en cours de scolarité mais aussi dans le cadre des formations en cours de carrière ou des formations continues. • D’autres procédures d’urgence demandant peu de temps d’apprentissage, telle la manœuvre de Heimlich dans le cas des étouffements ou la sensibilisation à l’utilisation d’un défibrillateur automatique externe, pourraient également intégrer cette formation aux gestes qui sauvent. Dans le cadre de paragraphe 6° de la proposition de résolution Si l’on ne peut nier l’importance d’équiper un maximum de lieux publics en défibrillateurs automatiques externes (DAE), il nous apparait toutefois important d’éviter certaines dérives. Il faut en effet cibler avec discernement les lieux où seraient implantés les DAE afin de ne pas créer un effet de marchandisation extrême. Il semble pertinent d’équiper prioritairement toutes une série de lieux publics à risques (centres sportifs et culturels) ou à grands passage (gares, aéroport) ainsi que les lieux où un accident cardiaque se produit tous les deux à cinq ans. D’autre part, il nous semble également opportun d’équiper tous les véhicules d’urgence et de transport en commun (ambulances, véhicules de police, bus, trains…) d’un DEA couplé à un système de géolocalisation. Cette mesure, accompagnée d’une formation du personnel, permettrait d’envoyer sur les lieux non équipé d’un DEA le véhicule le plus proche. Par ailleurs, d’après une étude menée par le Professeur Scavée7, 20 % des personnes interrogées n’ont jamais entendu parler d’un DEA, 76 % ne se sentent pas prêtes à l’utiliser et 95% ne reconnaissent pas le pictogramme signalant la présence d’un DEA. Face à ces chiffres, il apparait essentiel de mettre en place dans les meilleurs délais une campagne de sensibilisation et d’information de grande ampleur à l’usage des DEA (sensibilisation à la problématique, confiance en l’appareil et démonstration du fonctionnement). Sans cette dernière mesure, il serait en effet inutile d’équiper un maximum de lieux publics en DEA. Dans le cadre de paragraphe 7° de la proposition de résolution Il nous apparait important d’ajouter au rapport prévu un état des lieu des ressources humaines disponibles pour assurer les formations ainsi que les budgets qui seront alloués à l’ensemble du projet. Il est aussi nécessaire de prévoir les indicateurs qualitatifs et quantitatifs qui permettront d’évaluer ce projet dans la durée. 7 Communiqué de presse – Mort subite cardiaque – Dr Ch. Scavée – Cliniques universitaires Saint-Luc Conseil de la Jeunesse Commission « Sport-Santé » Boulevard Léopold II, 44 - 1080 Bruxelles www.conseildelajeunesse.be - [email protected] Dans le cadre de paragraphe 8° de la proposition de résolution Une étude Eurobaromètre réalisée en 2012 montre qu‘un peu plus d‘un quart de la population de l‘UE seulement (26 %) peut spontanément citer le 112 comme numéro d‘appel d’urgence à partir de n‘importe quel endroit dans l‘UE8. Il apparait dès lors essentiel de ne pas cantonner la campagne d’information et de sensibilisation à l’utilisation du 112 aux seuls établissements scolaires mais bien à l’ensemble de la population. Sur le plan pédagogique, il conviendra, en outre, de contextualiser au maximum la diffusion de ces informations. Dans le cadre de paragraphe 9° de la proposition de résolution La proposition de mesure visant à rendre obligatoire la détention du Beps préalablement à l’obtention du permis de conduire nous parait difficilement concevable pour plusieurs raisons. Premièrement, les compétences relatives à l’obtention du permis de conduire peuvent difficilement être mises en relation avec celles requises pour l’obtention du Beps. Lier formellement les deux pourrait donc empêcher un jeune de se déplacer sous prétexte qu’il ne maitrise pas certaines compétences liées aux soins d’urgence. Par contre, l’obligation de suivre une formation, liée à l’obtention du permis de conduire théorique, portant sur la procédure d’urgence à adopter en cas d’accident de la route nous semble plus appropriée et moins contraignante. Cette formation pourrait se concentrer sur l’appel aux services d’urgence, la protection de la scène d’accident. Deuxièmement, sachant que l’obtention du Beps est liée à une formation de 15h dispensée par des formateurs brevetés, la mise en place d’une telle réglementation nécessiterait d’énormes moyens humains et matériels afin que chaque prétendant au permis de conduire puisse être formé dans un délai relativement court. Le contraire pourrait retarder l’obtention du permis de conduire et donc l’accès, par exemple, à une formation ou un emploi. Il serait donc impératif de veiller, si une telle mesure devait voir le jour, aux conséquences structurelles liées à sa mise en place Troisièmement, la question du coût lié à cette mesure n’est pas abordée dans la proposition de résolution. On peut donc en déduire qu’il serait répercuté sur le futur conducteur et donc augmenter le budget, déjà fort conséquent, consacré à l’obtention du permis de conduire. 8 Publication « 112 avec vous partout » - Commission européenne – Février 2012 Conseil de la Jeunesse Commission « Sport-Santé » Boulevard Léopold II, 44 - 1080 Bruxelles www.conseildelajeunesse.be - [email protected]