quotidien - Harmonie Begon
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quotidien - Harmonie Begon
QUOTIDIEN 74 75 76 77 Quotidien, Observations Ici la photographie est beaucoup plus spontanée et franche. Souvent prise avec mon smartphone, ces photos sont au cœur de ma propre vie et de mes expériences. Peu à peu ma problématique glisse jusque dans mon quotidien. Une véritable obsession, un questionnement perpétuel et inépuisable. 78 79 Essaouira, avril 1014, 1dh le morceau de fruit. 80 81 82 83 Goûter avant d’acheter, Maroc, Souk d’Agadir. 84 85 86 87 Ecosser les petits pois, Royan, Avril 2014 Le geste, faire soit-même, cuisiner, choisir, manipuler ses aliments, sont des choses qui se perdent chez beaucoup trop de personnes. Ce qui était une habitude devient quelque chose que l’on s’accorde pendant les fêtes et les vacances (et encore! Si ce n’est pas une corvée). Mais le reste du temps, c’est à dire au quotidien, nous recherchons rapidité et pratique, mais à quel prix? 88 89 90 91 Norma, Strasbourg gâteau pour 4 personnes à 40 euros en pâtisserie. Ces choses-là sont pour moi des objets d’exposition, de décoration. On dirait du faux, ce n’est même plus de la nourriture, tout est dénaturalisé : arôme et colorant, on a perdu de vue les aliments de départ. On mange quoi finalement, on est perdus dans des recherches esthétiques ratées, qui veulent nous en mettre plein la vue, on oublie la fonction première de l’alimentation, nous nourrir et correctement. Pendant les fêtes je crois que c’est le pire, le beau prime, on veut du spectaculaire, du coloré, de la chantilly, de la crème et des noms plus appétissants que « biscuits » ou « sablés », des fleurs, des glaçages, des pépites, du brillant, du clinquant. Je suis en train de penser que c’est la même chose dans une bonne pâtisserie : la première fois on achète la gueule du gâteau, pas son goût. La tarte aux pommes, c’est une valeur sûre, une bonne pâte, une bonne compote au fond, des pommes bien caramélisé dessus, servie un peu tiède… Mais certains choisissent cet énorme gâteau avec une tonne de crème chantilly bien blanche, des fruits rouges, oranges, jaune. Ça claque sur la table et ça fait des grosses parts. Unité des saveurs, le beau prime sur le goût et la qualité, disparition de l’identification et de la singularité, de la richesse visuelle de l’aliment pour ce qu’il est naturellement. Le supermarché discount du centre- ville, la plupart des étudiants font leurs courses là-bas. « Harmonie tu m’aides à trouver le cidre ou quoi ? » Nan mais regarde c’est dingue, regarde ce qu’ils appellent « Tarte à la Fraise », c’est tellement beau, mais tellement écœurant, en fait on dirait de la fausse nourriture… Les seules fraises qui constituent ce produit se trouvent sur la photo de l’étiquette. Le plus important c’est le rapport au nom. Si on prend la collection de biscuits « Bonne-Maman » Pourquoi ces biscuits s’appellent « tartelettes au citron » « tartelettes à la fraise », on a ici une perte d’identité du dessert, dès qu’il a une pâte et une saveur de fraise on peut appeler cela « tartelette à la fraise » ? Chez bonne-maman, on mange un sablé à la confiture, et encore, c’est plus une gelée fruitée. Chez Norma, on mange un gâteau nature au coulis aromatisé à la fraise. C’est donc tout sauf une tarte et encore moins à la fraise. J’étais tiraillée entre un sentiment de dégoût et de fascination. Je n’ose même pas regarder ce qu’il y a dedans. Mon intention n’est pas de critiquer les compositions chimiques de ces desserts immondes, j’adore le coca, les bonbons Haribos, les kinders et pourtant tous ça est bien chimique. Ce qui me fascine c’est l’imitation, comment faire un truc pas cher qui ressemble à un bon 92 93 Simply Kleber, janvier 2014, Délice Restaurant Universitaire, 3 euros 10 centimes, décembre 2013 94 95