La citadelle imprenable

Transcription

La citadelle imprenable
profite d'un amendement autorisant les
communes à sortir d'une communauté
sans l'aval de celle-ci. Elle rejoint l'intercommunalité castelgironnaise. Un
important pourvoyeur de taxe professionnelle quitte la métropole. Edmond
Hervé, président de l'agglomération
rennaise, est furieux. Il porte l'affaire
devant le tribunal administratif. Et perd.
De nombreux élus locaux s'accordent
à qualifier ce scénario de « coup politique ». D’autres y décèlent l'influence
châteauGiron
« Si on est en désaccord
avec le maire, on se lance à
l'assaut d'une montagne »
La citadelle
imprenable
Un élu
La vie démocratique de
Châteaugiron fonctionne depuis
2008 sans opposition politique.
Le maire, Françoise Gatel, dirige la
commune et l'intercommunalité
avec un objectif : faire de
Châteaugiron un pôle attractif.
Sans dépendre à l'excès de la
métropole rennaise.
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Par Xavier Thierry
[email protected]
Photos Romain Joly
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713 Castelgironnais et pas
un seul élu d'opposition.
Depuis les élections de mars
2008, le maire centriste Françoise Gatel et son équipe se retrouvent
chaque mois sans adversaire politique
lors du conseil municipal. Une situation exceptionnelle pour une ville de
cette taille.
Les prémices de cette anomalie politique sont apparues lors du scrutin municipal de 2001. Pierre Le Treut
quitte alors son fauteuil de maire,
occupé depuis 1977. Françoise Gatel,
son adjointe mais également ancienne
opposante dans les années 80, doit
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prendre la relève. Elle se présente face
à Jean-Marc Legagneur, entrepreneur de la commune, et s'empare sans
encombre de la mairie. « Pendant tout
le mandat, nous étions cinq opposants
sur une assemblée de 29. Nous ne faisions pas le poids », se souvient JeanMarc Legagneur.
En 20 08, lorsque Françoise Gatel
renouvelle sa candidature, Jean-Marc
Legagneur abandonne Châteaugiron. Il
se présente à Nouvoitou, sa commune
de résidence, sans préparer sa succession. « Aucune personnalité forte ne se
dégageait », justifie-t-il. bilan : les électeurs se retrouvent sans liste alterna-
tive à la municipalité sortante. Le vote
devient un référendum sur la personne
de Françoise Gatel. Elle est reconduite,
avec toutefois 22% de bulletins blancs.
« Elle fait peur »
Depuis sa première élection, Françoise
Gatel a réussi à s'imposer sans contestation à Châteaugiron, mais également
dans sa communauté, qui regroupe
20 000 habitants et sept communes.
Suffisant pour qu’on lui affuble le surnom de « dame de fer ». Aux dires des
édiles locaux, qui souhaitent pour la
plupart s'exprimer en « off », « elle fait
peur ». Un élu qui la connaît bien la
La communauté de
communes de Châteaugiron
bénéficie depuis 2005 de
la taxe professionnelle
issue des entreprises de
Noyal-sur-vilaine.
qualifie d'« autoritaire et redoutable.
Lorsqu'on est en désaccord avec elle, il
faut bien préparer son argumentation,
car on se lance à l'assaut d'une montagne et on peut être renvoyé assez
sèchement ». Les mêmes politiques
qui la critiquent reconnaissent ses qualités de stratège. Elle agit avec malice,
en maîtrisant son métier. Ses qualités
d'oratrice et sa capacité à persuader
constituent des atouts indéniables.
Cette réputation de femme à poigne
se conjugue avec une sociologie particulière. Les élus ont affaire à un milieu
castelgironnais composé de vieilles
familles conservatrices d'un côté, et
d'une population extérieure à la commune de l'autre. Cette dernière habite
sur place sans forcément s'intégrer à la
vie locale. bilan : « Aucune opposition
forte ne s'est jamais montée, même
sous Le Treut. C'est un mystère », analyse un élu d'une commune voisine.
Équipements intercommunaux
L'habileté politique de Françoise Gatel
a achevé de lui donner les mains libres
pour diriger la ville. En 2005, la présidente de la communauté de communes de Châteaugiron dame le pion
aux élus rennais. Noyal-sur-vilaine, qui
faisait partie de rennes Métropole,
en coulisses du député-maire de vitré
Pierre Méhaignerie (UMP). Françoise
Gatel estime que Noyal a fait un choix
de gouvernance. « Certains ont nié l'évidence et ont crié à des complots foldingues. Et pourquoi pas la CIA ? »
Depuis cet épisode, la communauté
de communes de Châteaugiron profite
d'importantes ressources financières.
60 à 65% de la taxe professionnelle
perçue par la communauté provient
des entreprises de Noyal. Le territoire
castelgironnais accueille de nouveaux
équipements intercommunaux : piscine
Inoxia, futur pôle de la petite enfance
(lire p.58). Un centre commercial d'envergure doit par ailleurs pousser à
proximité du centre-ville (lire p.59). Les
rares adversaires de la municipalité
reconnaissent l'action du maire pour la
commune. « Sur le fond, nous n'avons
pas grand-chose à redire », admet un
socialiste.
Le quidam qui débarque à Châteaugiron découvre une ville avec un certain
cachet, comme le soulignent avec fierté
ses commerçants. Nichée dans une surface très petite (870 ha), la commune
est labellisée « petite cité de caractère ». Le château, sur le flanc de la colline où s'est construit le bourg, voisine
avec des maisons à colombage et des
ruelles pentues. Parmi elles, la rue de la
Madeleine, l'artère la plus dynamique,
condense les commerces de proximité
et les restaurants.
châteauGiron
Agglomération
Châteaugiron
35
-6 713 habitants
-870 ha
-177 entreprises et commerces
-24% de professions
intermédiaires, 23% de cadres,
20% d'ouvriers, 15% de retraités
« Croissance maîtrisée »
Le maire avance avec un projet en
tête : faire de Châteaugiron un pôle
secondaire attractif dans le sud-est
de rennes. La ville grandit à marche
lente et constante. En témoignent les
50 ha de la zone d'aménagement
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dossier spéciaL châteauGiron
Les extravagants
projets de « monsieur u »
eSPace commercIaL unIver
bISbILLeS
Le casse-tête
des antennes-relais
La Zac de la Perdriotais constitue le projet urbanistique du mandat. 700
logements doivent pousser d'ici huit à dix ans. objectif : attirer les rennais
qui ne peuvent se loger dans la métropole.
concertée (Zac) de la Perdriotais,
côté est. Selon les mots de l'adjoint
à l'urbanisme, Jean-Claude beline, la
municipalité veut y créer « un pendant
du centre-ville ». La construction de 700
logements doit s'étaler sur une durée
de huit à dix ans. Les premiers pavillons
sortaient à peine de terre, en 2008, que
les habitants profitaient déjà des nouveaux équipements de la Zac : terrain
de football synthétique, école maternelle, piscine, salle de spectacle. Une
preuve, pour l'adjoint à l'urbanisme,
que « Châteaugiron souhaite maîtriser son développement. A la première
année du lancement de la Zac, nous
avons eu 240 demandes pour un seuil
fixé à 100 nouveaux logements. »
Depuis 1982, la population croît au
rythme de 3,5% par an en moyenne.
« beaucoup de jeunes couples qui
vivaient en appartement à rennes veulent s'installer dans une maison », affirme
Françoise Gatel. 40% de la population
est âgée de moins de trente ans et plus
d'un habitant sur trois ont emménagé
depuis moins de quatre ans*. Prochain
challenge : intégrer ces nouveaux arrivants à la vie de la commune.
*Source : Insee, 2006
La nouvelle crèche en chasse une autre
L
a crèche associative et parentale Babillages doit fêter ses
vingt ans en janvier prochain. L'établissement fonctionne
depuis ses débuts grâce à la coopération des parents bénévoles
et aux subventions municipales. Mais son prochain anniversaire
coïncidera avec sa fermeture.
Depuis 2005, la petite enfance est devenue une compétence de la
communauté de communes. La collectivité a choisi de construire
un nouveau pôle, en lieu et place des locaux de l'ancienne école.
Pour piloter la nouvelle crèche, elle a choisi une délégation de
service public. Confier la garde des enfants à une société privée :
la décision a suscité quelques remous. « J'ai des réserves quant
à ce mode de gestion pour nos enfants », avoue une élue de
l'opposition à la communauté de communes.
Elisabeth Douet, présidente de Babillages, aurait aimé que les
deux structures cohabitent. Mais il a fallu se rendre à l'évidence :
les collectivités et la Caf devaient en choisir une. « Nous ne
voulons pas polémiquer, mais nous ressentons bien sûr un peu
d'amertume à l'idée de perdre une crèche associative », confiet-elle. La nouvelle structure accueillera 35 places, contre seize
pour Babillages. Les quatre salariés devraient être réintégrés.
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Deux antennes-relais téléphoniques,
implantées à proximité d’une école
castelgironnaise, doivent déménager
par précaution. L’une d’elles sème la
pagaille entre les élus. Aucun lieu n’a
encore été trouvé pour la seconde.
Une immense zone commerciale doit voir le jour à partir de 2011 à la sortie de
Châteaugiron. Le patron de l’actuel Hyper U porte le projet avec enthousiasme.
Il promet une zone aménagée en arc de cercle autour d'un parking composé
à 40% d’espaces verts. Les commerçants du centre-ville s'interrogent.
L
a première antenne avait alimenté la
polémique. Que va-t-il advenir de la
seconde ? Courant 2009, la municipalité
se retrouve embarrassée. Les ondes
émises par deux antennes-relais téléphoniques
sont pointées du doigt. Elles auraient des
conséquences néfastes sur la santé. SFR et
Bouygues occupent depuis 1997 le toit d'un
château d’eau situé à une quarantaine de mètres
d’une école maternelle, rue Sainte-Croix. Les
enfants font partie des populations considérées
comme fragiles. La préfecture applique donc le
principe de précaution : les opérateurs doivent
déménager.
« La mairie a longtemps ignoré le problème, car
elle possédait un document qui l’incitait à ne
pas bouger, estime Bruno Mechin, du collectif
Châteaugir’ondes, qui lutte contre la prolifération
des antennes-relais. Un organisme indépendant
avait pourtant relevé des mesures d’ondes
inquiétantes. »
Bail jusqu'en 2017
Heureuse coïncidence : le bail de l’antenne
Bouygues arrivait à échéance fin 2009. L’opérateur
a donc dû retirer son antenne. La polémique a
enflé lors de la recherche d’un nouveau terrain.
Le maire, Françoise Gatel, assure qu’elle n’avait
d’autre choix que de l’implanter aux abords d’un
terrain de tennis, sur le territoire de Noyal-surVilaine, juste à l’entrée du bourg de Domloup.
A l’endroit exact où une nouvelle zone d’activité
doit sortir de terre ces prochaines années. De quoi
irriter le maire de Domloup, qui a porté l’affaire
devant le tribunal administratif.
La seconde antenne, celle d'SFR, n’a en revanche
toujours pas été déplacée. Le bail court jusqu’en
2017. La municipalité va devoir forcer la main
de l’opérateur. « Nous lui mettons la pression
pour trouver un nouveau site d’implantation »,
assure Françoise Gatel. Mais pour l'heure, malgré
les recherches, aucun site n'a encore mis tout le
monde d'accord.
Les travaux de terrassement ont démarré pour préparer le déménagement de l'ancien Hyper U. D'autres enseignes devraient compléter la grande surface.
«ç
a va être un nouveau centre
commercial Alma ! » « Ce sera
l’équivalent de Cap Malo ! » Le
futur ensemble Univer, qui doit
s'implanter à la sortie de Châteaugiron à partir
de 2011, alimente les conversations –et les
fantasmes– des commerçants du centre-ville.
« Cap Malo ? C’est un peu fort », tempère Alain
Jouzel. L’ambition transpire toutefois dans le discours du patron des magasins U à Châteaugiron
depuis trente ans. L’extension de son enseigne
et la création d’une nouvelle zone commerciale attenante deviennent « son » affaire. Après
avoir effectué sa carrière dans la commune, il
entend, à soixante ans, partir à la retraite sur un
coup d'éclat. « Je veux créer le magasin de nos
enfants », s'exclame-t-il avec passion.
Alain Jouzel a obtenu un permis d’aménager
pour une immense zone de 190 000 m². Sur les
plans de l'espace commercial, des labyrinthes
végétaux, un mini-golf, une aire de loisirs avec
plans d'eau et centre d'accrobranche entourent
les magasins. « Nous réfléchirons à ces idées dans
les 25 prochaines années. rien n'est concret pour
l'instant », prévient le bâtisseur.
Dans l'immédiat, le panneau publicitaire installé sur les lieux du futur chantier annonce un
terrassement de 100 000 m². Dans un premier
temps, seuls 38 000 seront utilisés. Ils seront
consacrés au déménagement de l'Hyper U, situé
aujourd'hui à une centaine de mètres de là. Il passera de 3 000 à 6 200 m². La galerie marchande
restera identique à l’existante. Une douzaine de
boutiques, installées dans des cellules plus spacieuses pour certaines, ainsi que de « grandes
enseignes », jouxteront la grande surface.
« Un laboratoire
pour notre planète »
Le patron, semble-t-il converti à l’écologie,
déborde d’enthousiasme. Son idée : « Créer un
laboratoire pour économiser notre planète ! »
L’ensemble doit ressembler à un « petit village ».
Les commerces, « disposés en arc de cercle
autour de l’Hyper U, éviteront aux clients de
prendre leur voiture. Les espaces verts occuperont 40% de la surface totale. Chaque allée de
parking sera séparée par une noue paysagère
avec des herbes hautes et des roseaux. Un secteur en bord de route sera réservé à des jardins familiaux. »
Farfelus, ces projets ? La mairie accompagne
l’entrepreneur de longue date. En 1995, Pierre
Le Treut, prédécesseur du maire Françoise Gatel,
avait déjà reçu sur sa table les premiers plans
d’Alain Jouzel. La municipalité y voit toujours
l’occasion d'attirer la population du sud-est de
la capitale bretonne, de Chantepie jusqu'à Janzé.
« rendez-vous compte, Châteaugiron ne comptait aucun magasin de bricolage ! Il fallait se
rendre à rennes », répète Alain Jouzel.
Tout le monde ne partage pas son enthousiasme.
Par la voix de Yannick Glevarec, l’Union du commerce estime que « le centre-ville et la nouvelle grande surface peuvent être compatibles, à
condition que la signalétique soit bonne ». Mais
« Je veux créer le magasin
de nos enfants »
Alain Jouzel, patron de l'Hyper U
le porte-à-porte dans les boutiques laisse plus
dubitatif. « Je crains de perdre une partie de ma
clientèle, lâche un commerçant installé rue de la
Madeleine. L’activité a légèrement baissé depuis
cinq ans, cela ne devrait pas s'arranger. »
La municipalité cherche à rassurer. Elle promet
d’éviter les doublons entre la nouvelle zone
commerciale et le centre-ville. Françoise Gatel
a encouragé Alain Jouzel à ouvrir une nouvelle
supérette rue Saint-Nicolas, dans le centre-ville.
objectif : dynamiser le commerce des alentours.
reste à vérifier que les promesses et les paris
seront tenus.
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dossier spéciaL châteauGiron
françoISe GateL, maIre
« châteaugiron n'est pas
une république populaire
démocratique ! »
L'absence d'opposition au conseil municipal rend inédite
la tâche de Françoise Gatel, maire et présidente de la
communauté de communes de Châteaugiron. Accusée
d'autoritarisme par ses adversaires, elle assure qu'un débat
existe dans sa propre équipe municipale et avec les habitants.
Le Mensuel : Comment faites-vous
vivre la démocratie sans opposition
au conseil municipal ?
François Gatel : Nous organisons des
réunions thématiques avec les associations sportives, des visites de quartiers
avec des élus, des rencontres avec les
habitants, des cafés citoyens…
F. GateL
Née en 1953 à
Rochefort-en-Terre (Morbihan),
Françoise Gatel effectue ses
études à l'Institut de gestion
de Rennes, où elle obtient un
DESS gestion des entreprises.
Elle se présente une première
fois aux municipales dans les
années 80 contre Pierre Le Treut,
son prédécesseur, avant de lui
succéder en 2001. En 2008, elle
est reconduite pour un deuxième
mandat. Le maire continue
à travailler à la Chambre de
commerce de Rennes, où elle
exerce depuis 1976. Elle est
également suppléante du député
Pierre Méhaignerie (UMP) depuis
2002.
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Mais comment le débat s'organise-t-il
lors des séances ?
L'absence d'opposition ne fait pas de
Châteaugiron une république populaire démocratique ! Au sein de notre
équipe, il arrive que nous ayons des
visions différentes. Nous discutons et
échangeons. Des socialistes, des gens
de toutes les associations et de toutes
sensibilités débattent dans mon équipe
municipale.
Beaucoup d'élus vous qualif ient
d'autoritaire...
Cette remarque est souvent adressée
aux femmes. Elles doivent toujours forcer le ton. La vie politique est dure.
Même lorsque les femmes ont des
choses à dire, elles doivent parler plus
fort. Ensuite, elles sont taxées d'autoritarisme.
Jean-Yves Le Drian (PS)
est arrivé en tête des dernières régionales dans
votre commune avec 45%
contre 30% pour BernaLe Mensuel
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dette Malgorn. Êtes-vous inquiète ?
Cela ne me surprend pas. Châteaugiron n'est pas un trophée pour les
gens de droite. Sinon, on fait la politique d'Attila. Chacun colonise l'autre.
Je considère que ces votes sont différents. Une élection municipale se
focalise sur une personne pour incarner une ville. Ce n'est pas le cas des
conseillers régionaux.
Vous ne voulez pas être étiquetée à
droite. Mais le député Pierre Méhaignerie, dont vous êtes la suppléante,
possède sa carte à l'UMP. Cela n'implique pas une sympathie pour le
parti de Nicolas Sarkozy ?
Quand je suis devenue sa suppléante
en 2002, il n'en faisait pas partie. Son
choix d'y adhérer ne le rend pas infréquentable pour autant. Je partage des
valeurs avec lui, mais pas avec l'UMP.
Je garde ma liberté de parole. J'ai
d'ailleurs pris ma carte à l'Alliance centriste depuis un an et demi.
Les commerçants et leurs clients se
plaignent du nombre de places de
parkings insuffisant en centre-ville.
« Je partage des valeurs
avec Pierre Méhaignerie,
mais pas avec l'umP »
oPPoSItIon
« il peut
y avoir une grosse
surprise en 2014 »
Absents des dernières
municipales, les socialistes
assurent se préparer en coulisse
pour les prochaines échéances. Les
résultats des derniers scrutins les y
encouragent. Mais la question du
leader reste en suspens.
a
Que leur répondez-vous ?
400 places sont disséminées à moins
de trois minutes du centre. Nous avons
mis en place des zones bleues pour éviter les voitures « ventouses ». Quand il
pleut, c'est difficile, car chacun veut se
garer devant la boulangerie. Mais les
gens sont davantage sensibilisés à l'environnement et acceptent de marcher.
Par ailleurs, la commune a acheté deux
terrains pour aménager des parkings.
Au total, il y aura 180 nouvelles places.
Une importante zone commerciale
doit s'implanter à la sortie du centreville. Ne craignez-vous pas un affaiblissement du petit commerce ?
Je n'ai aucune inquiétude. Il y a
quelques années, des commerçants
craignaient l'installation d'Unico dans
le centre-ville. Les mêmes, plus tard,
s'opposaient à son départ. L'Union du
commerce a bien compris la complémentarité du projet. Il contribuera à
éviter l'évasion commerciale. Nous
sommes attentifs à la conservation des
commerces en centre-ville. Ils forment
notre identité et notre architecture.
L'ouverture prochaine d'une supérette
dans le centre-ville, de la médiathèque,
de la crèche… participe à maintenir
un dynamisme.
Deux antennes-relais étaient installées sur le château d'eau, à moins de
100 m d'une école maternelle. L'une
a été déplacée. Mais l'autre n'a pas
encore déménagé. Qu'allez-vous
en faire ?
Juridiquement, sauf à raser le château d'eau, la municipalité ne peut
pas mettre l'opérateur dehors. Nous
sommes en discussion continue pour
« Les femmes doivent toujours forcer le ton. La vie politique est dure »
trouver un site. Nous avons deux pistes.
L'entreprise a fait des études sur un des
lieux, ça n'a pas marché. Un autre site
est sélectionné dans le sud-est de la
ville mais, a priori, il ne conviendra pas
non plus.
L'opérateur, SFR, est-il d'accord sur
le principe de quitter le lieu actuel ?
Ils ne sont pas volontaires, mais nous
les pressons. C'est du harcèlement.
on leur écrit, on leur fixe des dates de
rendez-vous…
La population croît au rythme de
3,5% par an en moyenne depuis les
années 80. Cette croissance ne va-telle pas s'accélérer avec la construction de la Zac de la Perdriotais ?
Le r y thme restera identique. L'essentiel de la croissance urbaine se
concentre sur la Zac, les gens ont
donc l'impression qu'une foule va
débouler. 80 à 100 nouveaux loge-
ments vont être construits chaque
année sur huit à neuf ans.
Vous êtes à la fois maire, présidente
de la communauté de communes et
de l'association des maires d'Illeet-Vilaine, suppléante de député
et salariée de la Chambre de commerce de Rennes. Comment pouvezvous être efficace en exerçant toutes
ces fonctions ?
Je ne suis pas seule pour tout ça. J'ai
choisi de garder mon emploi, car je
n'ai pas ef fectué de carrière politique. Je suis passée à mi-temps, je
travaille donc chaque matinée. Je me
rends à la communauté de communes
chaque jeudi. Et je suis en mairie tous
les jours. J'ai la chance d'être entourée d'élus très engagés. J'aime ce que
je fais, je ne compte pas mes heures.
Quant à mon travail de suppléante de
Pierre Méhaignerie, il me prend très
peu de temps.
quand une alternative à Françoise
Gatel à Châteaugiron ? « Il y
aura une liste d'opposition aux
prochaines municipales », assurent en
chœur les quelques militants de la section
socialiste du pays de Châteaugiron. « Il
peut y avoir une grosse surprise en 2014 »,
ose même l'un d'eux, sous le regard gêné
de ses camarades.
A l'heure actuelle, pourtant, le problème
reste identique à celui posé lors des
précédentes municipales. Lorsqu'un
journaliste demande à rencontrer
l'opposition, aucune tête ne dépasse.
« L'absence de leader est une question
de conjoncture, selon l'un d'eux, élu dans
une commune voisine, mais qui tient à
rester anonyme. Une nouvelle population
de jeunes cadres arrive à Châteaugiron.
La plupart ne s'intéressent pas pour le
moment à la vie politique de la commune.
Ils commencent juste à s'impliquer dans
les associations. »
Pourtant, le contexte actuel laisse penser
qu'un espace s'entrouvre pour une liste
alternative. « beaucoup de gens sont
mécontents de la politique menée. 634
personnes se sont déplacées pour voter
blanc lors des municipales », assure l'un
d'eux. Les derniers scrutins encouragent
par ailleurs les socialistes : Jean-Yves Le
Drian (PS) est sorti vainqueur des élections
régionales dans la commune. « Sur cinq
bureaux, tous ont penché à gauche, sauf
celui du centre », se réjouit un militant de
longue date.
En coulisse, la section PS de Châteaugiron
assure qu'elle se prépare. Comment ?
Par des réunions. « Nous nous sommes
vus deux à trois fois en deux ans. Nous
sommes une vingtaine de militants et
une quarantaine de sympathisants. Un
mouvement émerge. »
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