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CLYSTERE
E-revue mensuelle illustrée
Histoire des objets et instruments médicaux
Histoire de la santé
SOMMAIRE N° 45 – DECEMBRE 2015
L’image du mois : Cartes postales d’Eleousa sur l’ile de Rhodes (Bernard Petitdant)
Histoire des instruments et de la santé :
-
Julien Marmont, dentiste de Joséphine et occasionnellement de Napoléon Ier (Xavier Riaud)
Guibert, titulaire du diplôme de pharmacien de 1809 « Napoléon Empereur et Roi » (Frédéric
Bonté)
Un « Rosenwald » 1928-1929 (Bernard Petitdant)
Ratery, coutelier marseillais au XVIIIe siècle (Philippe Mereau)
Pierre Broch (1909-1985) et la pénicilline (André Frogerais)
En musardant sur la Toile (Bernard Petitdant)
Actualités
Courrier des lecteurs
OSNI (objets Scientifiques Non Identifiés)
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CLYSTÈRE
(ISSN 2257-7459)
Conception –réalisation : © Dr Jean-Pierre Martin
Service de gériatrie, Centre hospitalier Jean Leclaire BP 139
Le Pouget, CS 80201 24206 Sarlat cedex, France
Abonnement gratuit sur : www.clystere.com
Comité scientifique :
Michèle Moreau (cadre supérieure de santé honoraire, membre fondatrice et trésorière-adjointe de
l'Association des Amis du Musée de l'AP-HP (ADAMAP)
Frédéric Bonté (Docteur en pharmacie, membre de l’Académie Nationale de Pharmacie)
Guy Gaboriau (Docteur en médecine, Collectionneur et spécialistes des instruments médicaux anciens)
Guillaume Garnier (Docteur en Histoire moderne et contemporaine)
Richard-Alain Jean (Docteur en médecine, égyptologue, spécialiste de la médecine égyptienne)
Philippe Lépine (Ingénieur retraité du fabricant d’instruments médicaux Lépine, à Lyon)
Bernard Petitdant (Cadre kinésithérapeute, spécialiste de l’histoire de la kinésithérapie)
Xavier Riaud (Docteur en chirurgie dentaire, spécialiste de l’histoire dentaire et napoléonienne)
Comité scientifique hors France :
Doug Arbittier (MD, MBA & Michael Echols) York, Pennsylvanie, USA. http://medicalantiques.com
Other women or men around the world are welcome.
01 décembre 2015
Clystère sur :
Facebook : https://www.facebook.com/Clystere
www.clystere.com / n° 45.
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L’IMAGE DU MOIS : Cartes postales d’Eleousa sur l’ile de Rhodes.
Bernard PETITDANT
Cadre de Santé - Masseur Kinésithérapeute,
Institut Lorrain de Formation en Masso-Kinésithérapie,
57bis rue de Nabécor F54000 NANCY
Contact : [email protected]
Une visite en Grèce n’offre pas que
des ruines antiques. En circulant sur
l’ile de Rhodes, il nous a été donné de
passer par Eleousa et de découvrir
les ruines du sanatorium qui fut le
principal établissement de soins aux
patients tuberculeux du Dodécanèse
de 1947 à 1970. L’ensemble des bâtiments est réparti autour d’une
place rectangulaire longée par la
route vers Platania. Tous datent des Figure 1 : Façade du bâtiment principal qui occupe la largeur de la place
années
1930
au
début
de
© Bernard Petitdant.
l’occupation italienne. Le bâtiment principal surélevé [Fig. 1-2] occupe une des largeurs de la place,
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et fait pendant à l’église du village, à l’autre bout de la place, surélevée elle aussi.
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Figure 2 : Façade latérale du bâtiment principal sur la route de
Platania © Bernard Petitdant.
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Deux autres bâtiments, avec des arcades en rez-de-chaussée occupent la longueur de la place. Celui
qui longe la route est en bon état et semble repris par la municipalité qui en a fait un gymnase.
Tout ce qui était récupérable dans l’autre l’a été [Fig. 3-4-5].
Figure 3 : Façade d’un bâtiment qui occupe toute la longueur de la place. © Bernard Petitdant.
Figure 4 : Façade arrière de ce bâtiment. © Bernard
Petitdant.
Figure 5 : Incursion dans une pièce du rez-de-chaussée de
ce bâtiment. © Bernard Petitdant.
Le rayonnement de cet établissement est dû à la personnalité de son responsable médical le Dr
Emanuel G. Kostaridis. Ne voulant pas paraphraser le travail de Papaioannou et Kostikas nous y
renvoyons notre lecteur (1)
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REFERENCE
1- Papaioannou A., Kostikas K. The sanatorium of Saint Eleousa: An important part of the history of
respiratory medicine on the island of Rhodes. Pneumon 2010 ; 3, 23 : 304-9.
http://www.pneumon.org/en_US/841/newsid844/354
Toute référence à cet article doit préciser :
Petitdant B. : Cartes postales d’Eleousa sur l’ile de Rhodes. Clystère (www.clystere.com), n° 45, 2015.
www.clystere.com / n° 45.
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Julien Marmont, dentiste de Joséphine et occasionnellement de Napoléon Ier
Xavier RIAUD
Docteur en chirurgie dentaire, Docteur en épistémologie, histoire des sciences et des techniques.
Lauréat et membre associé national de l’Académie nationale de chirurgie dentaire.
Membre libre de l’Académie nationale de chirurgie.
145, route de Vannes, 44800 Saint Herblain
E-mail : [email protected]
Julien Marmont est un dentiste fameux de l’histoire de l’art dentaire français, mais il vient soudain de
prendre une dimension toute nouvelle. Jusqu’à peu, le seul dentiste connu de Napoléon Ier était JeanJoseph Dubois-Foucou (1747/1748-1830) qui a été aussi celui de Louis XVI, de Louis XVIII et de Charles
X.
Mais, il semble que Marmont a bien rencontré et soigné Joséphine de Beauharnais et Napoléon. La
question est de savoir quand, et a-t-il soigné Napoléon de façon récurrente ou ponctuelle. S’est-il
enorgueilli de ce statut temporaire au point de s’en être attribué un statut permanent ?
Qui est Julien Marmont ? Dans son livre paru en 1839, « L’esthioménie », procédé découvert depuis
l’année 1807, contre toutes, en plus d’une étude scientifique, Marmont fait un état circonstancié
sommaire de sa carrière et livre notamment le récit d’une rencontre importante, semble-t-il, mais
sans lendemain compte tenu des événements. C’est donc Marmont qui parle dans les lignes ci-après.
Il commence à exercer l’art dentaire en 1800. Selon lui, il y a alors 14 dentistes à Paris. Il est le 15ème.
Toujours, selon Marmont, il découvre l’esthioménie en 1807, procédé qui consiste à utiliser un appareil spécifique de sa composition qui, grossièrement, consiste à étanchéifier la cavité de manière à
éviter une diffusion iatrogène des liquides employés, conçus à base de substances animales et végé-
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tales, à tous les tissus, à appliquer ce liquide huileux dans la carie en le portant à une température
élevée pour brûler les tissus cariés, et à refroidir aussitôt à l’aide d’une douche frigorifique, ce qui
préserve la vitalité pulpaire.
Il invente un miroir spécifique qui attise la curiosité de Joséphine de Beauharnais. Il l’apprend par Mme
Ristre, l’épouse de l’intendant de l’Empereur et amie de Joséphine. Marmont décide alors de lui faire
fabriquer un miroir spécialement pour elle et de lui offrir. De ce jour, il devient son dentiste attitré.
Napoléon étant alors empereur et toujours marié à Joséphine, il faut situer cet épisode entre 1804,
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date du sacre, et 1809, date du divorce de Napoléon avec Joséphine. Marmont ne mentionne Napoléon que sous son titre d’Empereur. Il rencontre Joséphine au château de la Malmaison, celui de
l’Impératrice, en présence de Napoléon.
Figure 1 : Miroir dentaire en argent de Marmont. ©photo courtesy of
phisick.com
A partir de ce jour, l’Impératrice consulte Marmont régulièrement. « Elle n’a plus, à sa partie supérieure que deux dents de sagesse qui supportent un râtelier beaucoup trop lourd, qui menace
d’entraîner les deux seules dents qui lui restent. A l’inspection de sa bouche, j’ai été bien inspiré pour
concevoir le moyen d’exécuter un râtelier cylindrique qu’elle pouvait monter avec la clé de sa montre,
et qui lui conserva les deux dents de support en les raffermissant dans leur alvéole. L’Impératrice a été
si reconnaissante de mes soins qu’elle m’a mis en rapport avec l’Empereur qui, comme elle, m’a témoigné beaucoup d’intérêt.
J’étais, depuis plusieurs années, chirurgien-dentiste de la vieille et de la jeune garde impériale, et
après avoir esthioménisé plusieurs dents à l’Impératrice en présence de Napoléon, auquel j’ai fait la
même chose, j’ai été nommé le chirurgien-dentiste-esthioménisateur des enfants de France et de
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l’Ecole Polytechnique. »
Comme Marmont le dit si bien, Napoléon est à l’écoute de tout ce qui peut être un bienfait pour
l’Humanité, malgré ses préoccupations et ses visées. Aussi, un jour qu’il esthioménise les dents de
Joséphine au château de la Malmaison, l’Empereur s’adresse en ces termes au dentiste : « Monsieur
Marmont, aujourd’hui que l’on peut compter sur l’efficacité de l’esthioménie pour arrêter les caries
des dents, ne seriez-vous pas flatté de rendre votre procédé universel dans l’intérêt de la société ?
Trop heureux, Sire, lui dis-je, si je pouvais sous vos auspices, etc.
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Eh, bien, 50 000 francs comptant, 6 000 francs en viager comme chirurgien-dentiste-esthioménisateur
des enfants de France et la croix de la Légion d’honneur, cela vous va-t-il ? »
Je lui témoignai ma reconnaissance pour tant de bienveillance et il me donna aussitôt un mot pour
me présenter au Garde-des-Sceaux, auquel je portai mon procédé sous cachet, mais les circonstances
ayant amené un changement de gouvernement, le tout me fut rendu dans le même état. Je suis donc
resté seul possesseur de mon secret. »
A côté de ce récit, Marmont, toujours dans cet opus de 1839, mentionne ses honoraires :
1 dent décariée par esthioménie (6 francs) ; si elle est aurifiée (5 francs), plombée (3 francs), séparée
(3 francs) et égalisée (3 francs) ; dents passées au gaz (6 francs) ; saignée buccale (5 francs) ; 1 dent
ligaturée (3 francs) ; dents nettoyées (selon l’état de la bouche) ; un flacon de bol d’Arménie (6
francs), de liqueur Marmont (6 francs) ou de mastic dentaire (5 francs) ; 1 boîte de poudre dentifrice
(5 francs).
Il est à noter 2 choses essentielles : l’esthioménie n’a été vraisemblablement utilisée que par Marmont, car il en est peu fait état ailleurs, et est tombée en désuétude après sa mort, ce qui rend difficile, en l’absence de photos et de source secondaire, la description de ce procédé (d’ailleurs, il parle de
« secret » qu’il a emporté avec lui) ; le dentiste vend ses propres bains de bouche et dentifrice, ce qui
ne se fait pas aujourd’hui, et est interdit sur un plan déontologique, un professionnel de santé étant
un soignant, pas un épicier.
Autres travaux littéraires de Marmont :
-
Traité sur les maladies des dents, 1807 ;
-
Odontotechnie ou art du dentiste : poème didactique et descriptif en 4 chants, dédié aux
dames, 1825 ;
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-
L’esthioménie, procédé découvert depuis l’année 1807, contre toutes, 1839.
Autres inventions :
-
Miroir odontoscopique (1803) ;
-
Réformateur, instrument pour redresser les dents des enfants (1804) ;
-
Procédé de cuisson des dents humaines pour détruire l’effet désagréable qu’éprouvent les
personnes qui portent des dents naturelles et pour en prolonger l’existence (1811) ;
-
Pinces pour resserrer les ressorts des dents artificielles (1817) ;
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-
Du gaz pour enlever le vernis verdâtre qui se forme sur les dents par les mauvaises exhalaisons qui s’émanent de l’estomac dans les digestions plus ou moins laborieuses (1817) ;
-
De l’étau buccal au moyen duquel on lime les dents sans les ébranler, ni les agacer (1833).
Quel crédit accorder au témoignage fourni par Julien Marmont dans son livre
L’esthioménie, procédé découvert depuis l’année 1807, contre toutes, paru en 1839, car il
me semble qu’il convient de rester circonspect sur ce récit ?
-
Absence de témoignage ou de source secondaire venant confirmer les dires de l’auteur ;
-
Dans le travail de Pierre Baron paru à Amsterdam, il est fait un inventaire des dentistes officiant à Paris. Outre que le nombre de dentistes excède largement le chiffre 15, Marmont
n’apparaît nulle part et Pierre Baron va nettement au-delà de l’année 1800. Pierre Baron estime à 34, les praticiens qui exercent dans la capitale cette année-là. Si Baron est un historien
pointu, ce chiffre n’est évidemment pas exhaustif, ce qui implique donc que Marmont a très
bien pu exercer effectivement à Paris. Toutefois, pourquoi n’est-il pas référencé alors que Baron se borne à citer les annuaires et almanachs de l’époque ? Mais, pourquoi ne pas le croire
quand il affirme en avoir été ?
-
Il y a plusieurs remaniements du gouvernement sous Napoléon, avec changement ou reconduite de ministres : deux en 1804, un en 1806, deux en 1807, un en 1808 et deux en 1809. Il y
a une reconduite aux mêmes fonctions de ministre de la Justice le 18 mai 1804 et un changement en 1813, mais cette dernière date n’est pas possible puisque Napoléon a divorcé en
1809 ;
-
L’éthioménie est un procédé dont je n’avais jamais entendu parler et sur lequel je n’avais rien
lu auparavant, ni après d’ailleurs. Procédé dont Marmont est à l’origine, il a disparu avec lui.
Quel est-il précisément ? Comment le figurer ? Cela semble difficile.
-
En janvier 1805, Corvisart, premier médecin de l’Empereur, propose à Jean-Joseph DuboisFoucou d’occuper la fonction de chirurgien-dentiste de l’Empereur sans traitement. Dubois-
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Foucou est cité pour la première fois dans l’Almanach impérial de 1806. A partir de cette
date, Dubois-Foucou devient le dentiste officiel de Napoléon. Si le besoin s’en fait sentir, c’est
lui, et personne d’autre, qui est appelé. Si Marmont a été le dentiste de Napoléon, c’est donc
obligatoirement entre le 18 mai 1804 et mi-1805, date d’acceptation et d’entrée en fonction
de Dubois-Foucou à son poste.
-
Marmont a-t-il été dentiste systématiquement ou juste ponctuellement ? Il n’y a que peu de
doute pour moi quant à ses soins dans la bouche de Joséphine. Sa description est trop précise.
Alexandre de Beauharnais était dégoûté de Joséphine, sa femme, parce qu’elle n’avait pas un
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comportement assez sophistiqué à son goût et qu’elle avait des dents noires, et gâtées pour
avoir trop mangé de sucre dans son enfance. Pourtant, elle utilisait brosse à dents et grattelangue. A la fin de sa vie, il est même dit qu’elle n’avait plus de dents. En outre, on sait qu’il y
a eu de nombreux nécessaires à dents au château de la Malmaison. Mais, vieillesse oblige, le
séducteur qu’a été indéniablement Marmont – voir son livre intitulé Odontotechnie ou l’art
dentaire : poèmes… dédié aux dames (1825), qui plaisait jeune, et cherche à plaire encore.
Quoi de plus élogieux que d’être le dentiste attitré de Napoléon, ou de le devenir l’espace de
quelques lignes ! Il affirme pouvoir parler, car Joséphine est décédée à présent et qu’il ne
pouvait pas le faire de son vivant. Mais, elle est morte en 1814. Pourquoi avoir attendu 1839
et la 4ème édition de son livre pour parler ? Conjectures, spéculations, mais il convient de rester, à ce propos, circonspect.
-
Joséphine, nous l’avons dit, a de mauvaises dents et est mariée à Napoléon de 1796 à 1809.
Les bactéries de la carie sont les plus transmissibles entre toutes. Marmont fait état de
l’usage de l’éthioménie sur Napoléon, ce qui sous-tend qu’il a traité des caries dans la bouche
de l’Empereur avec ce procédé. Dubois-Foucou, son dentiste attitré à partir de 1805, exerce
dans la bouche de Napoléon jusqu’en 1813. Ce dernier stipule qu’il n’a fait que des détartrages à Sa Majesté du début à la fin de sa présence à ses côtés. On sait aussi que Napoléon
n’a connu de très sérieux déboires dentaires qu’à Sainte-Hélène. Tous les témoignages concordent sur ce plan. Dès lors, pourquoi des caries sous l’ère « Marmont » et pas sous l’ère
« Dubois-Foucou » ? C’est invraisemblable. Spéculations certes, mais il me semble qu’il convient encore de demeurer prudent.
-
Enfin, Marmont, suite à cet épisode, disparaît des tabloïds impériaux. Pourquoi ? Sous
l’Empire, sous un régime à caractère totalitaire, soit ce récit est le fruit d’un montage en
épingle, soit cela ressemble à une disgrâce. Pour quelles raisons ?
Références
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-
Almanachs impériaux, Testu & Cie imprimeurs, Paris, 1805 à 1813.
Baron Pierre, « Dental Practice in Paris », in Dental Practice in Europe at the End of the 18th
Century, sous la direction de Christine Hillam, Rodopi (ed.), Amsterdam, 2003.
fr.wikipedia.org, Ministres de Napoléon Ier, 2013.
Marmont Julien, L’esthioménie, procédé découvert depuis l’année 1807, contre toutes, Chez
l’auteur, 4ème édition, 1839.
Riaud Xavier, Napoléon Ier et ses médecins, L’Harmattan (éd.), Collection Médecine à travers
les siècles, Paris, 2012.
Rousseau Claude (a), « Histoire de l’aménagement opératoire du cabinet dentaire – Le coffret
d’instruments de chirurgie dentaire de Napoléon, l’énigme de son testament », in Actes de la
Société Française d’Histoire de l’Art Dentaire, http://www.bium.univ-paris5.fr, sans date, pp.
1-5.
www.clystere.com / n° 45.
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-
-
Rousseau Claude (b), « Histoire de l’aménagement opératoire du cabinet dentaire – L’énigme
posée par l’attribution à Louis XVIII ou à Charles X d’un « nécessaire à dents » de PierreFrançois Grangeret », in Actes de la Société Française d’Histoire de l’Art Dentaire,
http://www.bium.univ-paris5.fr, sans date, pp. 1-7.
www.napoleonprisonnier.com, Portraits de Joséphine, 2006, pp. 1-8.
Toute référence à cet article doit préciser :
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Riaud X. : Julien Marmont, dentiste de Joséphine et occasionnellement de Napoléon Ier. Clystère
(www.clystere.com), n° 45, 2015.
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Guilbert titulaire du diplôme de Pharmacien de 1809 « Napoléon Empereur et Roi ».
BONTÉ Frédéric, Ph D
Membre de l’Académie nationale de Pharmacie
E-mail : [email protected]
La découverte récente d’un diplôme de Pharmacien de 1809 nous donne l’occasion de retracer brièvement la carrière de son récipiendaire Auguste Marie Denis GUILBERT. Né à Saint-Denis, près de
Paris, le 15 février 1782, fils de Denis Guilbert, notaire de l'abbaye royale de Saint-Denis, enfant, il fut
témoin oculaire, en octobre 1793, avec ses deux sœurs Marie-Anne Sophie et Emilie-Françoise de la
profanation des tombeaux des rois en l’abbaye de Saint-Denis. Ne pouvant ou désirant pour cause de
révolution poursuivre la carrière paternelle, il fut commissionné à l’âge de 20 ans, comme officier de
santé. Pendant près de 8 ans il servit les armées en Allemagne. Il était rattaché au corps du général
Bernadotte dans les hôpitaux du Hanovre. Lors d’une épidémie de typhus, il se porta volontaire pour
prendre le poste de pharmacien de l’hôpital de Landshut. Il y fit des modifications notables qui améliorèrent en profondeur et rapidement l’état sanitaire [1].
Le 11 novembre 1809, en exécution de la loi du 21 germinal an XI, ayant passé les épreuves théoriques et pratiques de dix opérations chimiques, il fut reçu Pharmacien. Il passe la première épreuve le
13 septembre 1809 sur la chimie et la pharmacie, puis le 31 octobre sur l’histoire naturelle et la botanique, le 7 novembre sur le choix de substances simples exposées pour la préparation de médicaments, et le 11 novembre sur la préparation de médicaments [2]. Son diplôme de pharmacien est
délivré par Bouillon-Lagrange secrétaire de l’Ecole. Ce document sur vélin [Fig.1] est signé de Nicolas
Vauquelin directeur de l’Ecole de Pharmacie depuis 1803, de Trusson directeur- adjoint, de Thouret
doyen de la faculté de médecine et de deux professeurs de l’Ecole de Médecine, Deyeux et Chaussier
[3-4]. Deyeux est professeur de la chaire de Chimie médicale et de Pharmacie depuis 1795 et a été
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nommé le 1er décembre 1803 avec Chaussier pour présider aux examens de l’Ecole de Pharmacie. Il
est également premier pharmacien de l’empereur Napoléon. Chaussier, très proche de Fourcroy,
promoteur de la loi du 21 germinal an XI, base de la pharmacie moderne, est professeur de la chaire
d’anatomie et de physiologie.
De retour de l’armée, le 22 octobre 1810, A. Guilbert se marie à Paris avec Caroline Wilhelmine Langerfeldt née le 3 octobre 1786 à Hanovre. Puis, pharmacien, il s’établit successivement à Paris, en
1811, rue de Grenelle Saint-Honoré, puis en 1813 rue de Thionville qui en 1814 reprend son nom rue
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Dauphine (5). Si sa pharmacie est d’abord répertoriée au 30, cette adresse devient le 38 lors de la
modification du cadastre. Il y reste jusqu’en 1829 ou il cède son officine à Gautier (6). Sa carrière universitaire évoluera peu. En 1825, en remplacement de Joseph Pelletier nommé titulaire, il fut nommé
professeur adjoint d’histoire naturelle à l’Ecole de Pharmacie de Paris. Il le restera jusqu’en 1855. Son
cours portait sur l’histoire des médicaments d’origine végétale et animale et en 1833, il fut à l’origine
du premier cours de zoologie à la faculté. Le 24 mai 1831, il est reçu Docteur en médecine (7). Il
se dépense sans compter en 1832 lors de l’épidémie de choléra de Paris qui fera plus de 12000 victimes. Il décèdera le 29 octobre 1855 à Paris 10e. Son épouse lui survivra et décédera le 22 février
1860 à Paris en sa demeure 45 rue de Sèvres. Il avait un frère, Jean Nicolas Guilbert, professeur à la
faculté de médecine de Paris de 1822 à 1830. La présentation de ce document exceptionnel est un
moyen de rendre hommage à ce confrère parisien qui écrivit quelques ouvrages mais mis surtout son
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énergie au service de ses enseignements et des autres (8,9).
Figure 1 : Diplôme de Pharmacien d’Auguste Marie Denis Guilbert, 1809. Coll. privée.
Références :
1- G. Dillemann. Historique des Facultés de Pharmacie. Produits et problèmes pharmaceutiques, années 1970. Dossier biographique BIU Santé, Paris.
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2- Catalogue des Maîtres en pharmacie, 204-208, BIU Santé, Paris.
3- Ce modèle de diplôme est aussi connu sous une version légèrement différente en date du 6 fructidor an 13 (1805) avec la mention République Française Consulat de Bonaparte, le récipiendaire qualifié de Citoyen (et non de Monsieur), sans mention imprimée « professeur secrétaire pour sa signature » et non visé par le doyen de la faculté de médecine.
4- O. Lafont. Vauquelin : itinéraire d’une chaumière à l’Institut, An. Pharm. Fr., 2014, 72, 221-228
5- En 1811, il achète la pharmacie de Caubet qu’il revend à Hebert pour s’installer rue Dauphine ou il
restera 16 ans. La rue Dauphine a été percée en 1607 sous Henri IV et entre 1792 et 1814, l’ensemble
de la rue a été débaptisée en « de Thionville » avant de reprendre son nom d’origine. L’évolution de la
vie économique et la croissance de la population va aussi entrainer de profondes modifications cadastrales. A la même époque que Guilbert, un confrère est établi au 12 puis 20, il s’agit de Renault qui
cédera en 1828 sa pharmacie à Lesuffleur. Au 38 rue Dauphine, il a surement croisé le père de
l’archet moderne, François Xavier Tourte surnommé le stradivarius de l’archet, qui y résidait.
6- Almanachs impériaux et royaux 1819 -1835.
7- A. M. D. Guilbert. Du Soufre, de ses usages et de l’art de guérir, Thèse de doctorat en Médecine,
1831, 15p., imprimerie Didot jeune, Paris. Sur son diplôme de Docteur en médecine, délivré par
l’Université de France figure sa signature.
8- A. M. D. Guilbert. Moyens préservatifs contre le choléra-morbus, suivis d'une méthode simple pour
soigner le cholérique en attendant le médecin, précédés d'une définition de cette maladie éclairée par
les observations météorologiques faites à Paris en 1832 et confirmées par celles de 1849. Edition de
1849
9- Jean-Noël Hallé, Auguste-Marie-Denis Guilbert et Pierre-Hubert Nysten. Article « bains »in Dictionnaire des sciences médicales, par une société de médecins et de chirurgiens, 1812, t.II, p. 518-576,
Paris.
Toute référence à cet article doit préciser :
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Bonté F. : Guilbert titulaire du diplôme de Pharmacien de 1809 « Napoléon Empereur et Roi ». Clystère (www.clystere.com), n° 45, 2015.
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Un « Rosenwald » 1928-1929
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Cadre de Santé - Masseur Kinésithérapeute
Institut Lorrain de Formation en Masso-Kinésithérapie,
57bis rue de Nabécor F54000 NANCY
Contact : [email protected]
Depuis le 30 novembre 2014, l’annuaire Rosenwald s’est définitivement refermé que ce soit en version
papier ou numérique. Cette véritable institution référençait les professionnels de santé depuis 1887.
Exemplaire de 1928-1929
Nous proposons cet exemplaire de 1928-1929, tiré à 10
000 exemplaires certifié par l’imprimeur. Il se subdivise en
plusieurs parties repérées par des pages de couleur différente et séparées par des encarts publicitaires sur papier
type bristol, bien plus rigide que le papier des pages standard. La publicité, souvent redondante, est omniprésente
sur la couverture [Fig. 1, 2 et 3], les tranches [Fig. 4, 5 et 6]
et tout au long des 1328 pages. En le feuilletant on trouve
une carte de visite du Docteur Jean Rosenwald [Fig. 7] qui
nous présente ses compliments et un marque page, publicitaire, bien sûr [Fig. 8 et 9].
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Figure 1 : Plat de devant © Bernard Petitdant.
Figure 2 : Dos de l’annuaire © Bernard Petitdant.
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Figure 3 : Plat de derrière © Bernard Petitdant.
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Figure 2 : Tranche de tête © Bernard Petitdant.
Figure 3 : Tranche de gouttière.
© Bernard Petitdant.
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Figure 4 : Tranche de queue. © Bernard Petitdant.
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Figure 7 : Une page avec la carte du Dr Jean Rosenwald
© Bernard Petitdant.
Figure 8 : Recto du marque-page.
© Bernard Petitdant.
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En page 2 se trouve une table thématique qui permet
une première orientation, puis une page entière consacrée aux abréviations utilisées, puis les conditions
d’admission des médecins civils au Service de Santé
militaire. Douze pages sont consacrées à l’Académie de
Médecine, ses membres et des détails sur les 97 prix
qu’elle décerne. Après l’Académie, la Faculté de médecine de Paris dont le Doyen est le Pr. Roger et la Faculté
de Pharmacie dont le doyen est le Pr. Radais. Après 4
pages pour les associations, coopératives et syndicats
médicaux nous arrivons aux listes de l’Assistance Publique (AP) : liste alphabétique des médecins-chefs de
service, liste par consultations, liste des hôpitaux et
Figure 9 : Verso du marque-page.
© Bernard Petitdant.
hospices déroulent leur cascade de noms et de lieux.
Les établissements indépendants de L’AP et le tableau
du service médical de la préfecture de la Seine au 1er novembre 1927 arrivent ensuite.
Après plusieurs pages de publicité, nous arrivons page 65 aux pages roses rassemblant les établissements privés classés d’abord par spécialités puis par ordre alphabétique pour Paris et sa banlieue puis
pour les départements.
De nouvelles pages de publicité nous conduisent aux pages bleues de la liste alphabétique des médecins de Paris et du département de la Seine, précédée d’une courte statistique : 6241 docteurs en médecine et officiers de santé et 2330 pharmaciens pour Paris et le département de la Seine et 22149
médecins et officiers de santé et 13219 pharmaciens pour la province, l’Algérie et la Tunisie. Après de
nouvelles publicités arrive la liste des chirurgiens et médecins spécialistes de Paris classés par spécialités, suivie de celle des pharmaciens de Paris sur pages saumon. Toujours pour Paris se trouve ensuite
un classement des médecins, officiers de santé et pharmaciens par ordre alphabétique des rues. Puis
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c’est le tour de ceux des communes de la Seine qui à l’époque ne se limitait pas à Paris intra-muros.
Les pages jaunes qui suivent, sont pour les professions dites para-médicales ambulances, bandagistes,
appareilleurs, éditeurs de journaux et livres médicaux, infirmiers et garde-malades, fabricants
d’instruments en caoutchouc ou chirurgicaux, location de matériels et même assureurs.
Toujours avec le même code de couleur, viennent les listes alphabétiques des médecins et officiers de
santé des départements et des colonies sur pages bleues, celle des pharmaciens sur pages saumon.
Tous sont ensuite réunis dans la liste suivante par département pour la métropole et par territoire
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pour les colonies. Pour chaque département nous trouvons d’abord la liste des médecins et pharmaciens de la préfecture avant celle des communes classées par ordre alphabétique. Si cette préfecture
est le siège d’une faculté, la présentation est la même que pour Paris, la liste des professeurs de la
faculté de médecine et de la faculté de pharmacie par ordre alphabétique des disciplines, puis les
chefs de service des différents hôpitaux.
Ouvrons au hasard (!!!) notre exemplaire, page 832, tout autant au hasard prenons une commune sur
cette page, SARLAT par exemple, ce nom est suivi d’un chiffre qui correspond au nombre d’habitants
du recensement de 1926 puis suit la liste des noms des médecins et des pharmaciens avec leurs décorations et leur date d’installation [Fig. 10].
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Figure 10 : Liste des médecins et des pharmaciens de Sarlat. © Bernard Petitdant.
Sur pages jaunes la rubrique hydro-climatique nous donne le répertoire des stations minérales et climatiques établies au 1er janvier 1927, par ordre alphabétique des stations. Enfin sur pages couleur
saumon la liste des principaux laboratoires de spécialités pharmaceutiques. Tout cela est bien évidemment séparé par des encarts bristol et de la publicité.
Une table des matières termine l’ouvrage.
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De nos jours des recherches généalogiques, historiques sur un laboratoire, une station thermale, sur
la démographie médicale, la publicité, etc, … peuvent passer par les guides Rosenwald. Vous pourrez
retrouver les premières éditions numérisées sur Gallica et la Bibliothèque Inter-Universitaire Santé
possède des exemplaires récents.
Toute référence à cet article doit préciser :
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Petitdant B. : Un Rosenwald 1928-1929. Clystère (www.clystere.com), n° 45, 2015.
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Ratery, coutelier Marseillais au XVIIIe siècle
Philippe MEREAU
Contact : [email protected]
Vignette prospectus
De style Louis XVI, ce prospectus [Fig. 1] recouvre une boite en carton de 12 couverts (couteaux),
vendu aux enchères publiques.
Le texte imprimé est simple et précis :
« RATERY, maitre coutelier
fait et vend Couteaux, Cizeaux, Gratoirs,
Canifs, Grattoirs,
Instrumens (sic) de Chirurgien et
généralement tout ce qui à
raport à la coutelerie
Il demeure Rue des Fabres
à Marseille »
Cette rue se situe derrière le vieux port en paral-
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lèle de la canebière à Marseille.
Figure 1 : Vignette de Ratery, Maître coutelier.
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A la base de ce feuillet, nous pouvons nous apercevoir que ce coutelier n’a pas réalisé que des couverts mais aussi des instruments de chirurgie [Fig. 3] :
Trépan, scie, scalpels, tous de forme typique de la fin du XVIIIe siècle.
Figure 2 : Détail du bas de la vignette montrant divers instruments de chirurgie.
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On retrouve le côté cocardier d’après la révolution en haut du feuillet. Ce motif se retrouve sur des
pièces de boiseries [Fig. 3] ou de faïences de la fin du XVIIIe siècle notamment sur la faïence de Nevers
[Fig. 4]. Ainsi on peut dater cette vignette de la fin du XVIIIe siècle.
Figure 4 : Cocarde sur faïence de Nevers.
Figure 3 : cocarde sur boiserie,
cathédrale de Saint-Omer.
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Ratery, coutelier
Plusieurs références à ce coutelier nous apportent quelques précisions :
Son prénom est Bernard (1), une adresse différente en 1809-11 le localise rue du pavé d’amour à
Marseille (2,3), et sa période de production se situe en 1795 (4)
Il se peut qu’il y ait eu une alliance de commercialisation avec le coutelier Veuve Gourdet : on retrouve une boutique au 8 rue du pavé d’amour. Sa marque est un calice, verre ou coupe.
L’enseigne
L’enseigne choisie par ce coutelier est « A l’enseigne du bâton turc » [Fig. 5].
Figure 5 : A l’enseigne du bâton turc.
Tout comme pour le coutelier Beligné, le motif du bâton à fleur de lys ou bâton royal a été modifié en
bâton turc. En effet, trois membres de la famille Beligné recevront le titre envié de coutelier du roi
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(Nicolas, Pierre et Hyacinthe). En 1793, le marquage du bâton Royal est remplacé par celui au bâton
turc, ou spectre qui représente le pouvoir. La fleur de lys a disparu au profit d’un symbole étranger
et éloigné de la France, en période de Révolution.
Il existe beaucoup de marques au bâton turc et les attribuer à un coutelier en particulier n’est que pur
spéculation, sauf si bien sûr, le nom ou la ville sont inscrits sur l’instrument [Fig. 6,7].
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Figure 6 : Marque « bâton
turc », supposée être celle de
Béligné. Coll. privée.
Figure 7 : Marque « bâton turc »,
lame signée I.E. Gauthier à Angers.
Un rasoir coupe-choux signé Ratery
Nous présentons un coupe-choux ou rasoir qui fait partie du contenu d’une trousse de chirurgie de la
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fin du XVIIIe siècle [Fig. 8].
Figure 8 : rasoir coupe-choux signé Ratery.
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Sur la lame, on retrouve le nom du coutelier, la ville et l’enseigne du coutelier Ratery [Fig. 9]
Figure 9 : détail du marquage. © Philippe Mereau.
Son successeur fut le coutelier Seignot (5) qui a
repris son enseigne " au bâton turc " [Fig.10].
Le rasoir de sécurité, également appelé « rasoir
de sûreté » est un rasoir sécurisé inventé en
1762 par un coutelier français, Jacques Perret,
appelé alors « rasoir à rabot » afin de populariser le rasage domestique qui n’était pas du tout
en vogue à l’époque, les hommes se rendant
chez le barbier afin de se faire raser au rasoir
droit (appelé également coupe-choux).
Jean-Jacques Perret l'a décrit en 1770 dans son
ouvrage « La pogonotomie, ou L'art d'apprendre à se raser soi-même » [Fig. 11].
Figure 10 : Marque « au bâton turc » de Signot sur une
lancette. © Philippe Mereau.
Les couteliers marseillais
Dans cette belle ville de Marseille, le nombre de
couteliers a été important (5), mais de nouveaux
artisans liés à cette discipline peuvent être découverts, ce qui fait le bonheur du collection01 décembre 2015
neur.
Je pense à Gourdet par exemple qui a certainement dû réaliser des instruments de chirurgie.
Malheureusement, la marque « coupe », lorsFigure 11 : le coupe-choux. In Perret, 1770.
qu’elle est présente sur un instrument, peut difficilement lui être attribuée, vu le nombre impres-
sionnant de couteliers l’ayant utilisée (Perret, par exemple)
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Références :
1 – Pagé C. : La coutellerie depuis l'origine jusqu'à nos jours : la fabrication ancienne & moderne, Châtellerault , 1896-1904.
2- Chardon J.: Tableau historique et politique de Marseille, ancienne et moderne. 1812
3- Almanach des commerçants Marseille, 1809.
4- Verdier R. : Le barbier- chirurgien. Saint-Martin-de-la-Lieue, Editions du cabinet d’expertise, volume
2, 1999.
5- Martin JP : Instrumentation chirurgicale et coutellerie en France, des origines au XIXe siècle. Paris,
L’Harmattan, 2013.
Toute référence à cet article doit préciser :
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Mereau P. : Ratery, coutelier marseillais au XVIIIe siècle. Clystère (www.clystere.com), n° 45, 2015.
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Pierre BROCH (1909-1985) et la pénicilline
André FROGERAIS
Contact : [email protected]
Figure 1 : Pierre Broch sur le seuil de l’usine des laboratoires SOBIO à Mayenne, entouré de son personnel.
Pierre Jean François Broch [Fig. 1] est né le 30 septembre 1909 à 2 heure du matin à Barbezieux (Charente), son père Pierre est inspecteur d’école primaire, sa mère Jeanne Louise Gabrielle Fossecave est
sans profession.
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Le militaire
Il est admis à l’Ecole du Service de Santé militaire de Lyon en octobre 1928, il est classé au concours
d’entrée 42è sur 59 et contracte un engagement pendant la durée de ses études augmenté de 6 ans. Il
est détaché à la Faculté de Bordeaux à partir du 28 octobre (1). Il est promu au grade de souslieutenant le 31 décembre 1930 puis de lieutenant le 31 décembre 1932. Il soutient sa thèse de Doctorat à la Faculté de Lyon le 7 novembre 1933, intitulée : « Trente-deux observations d’hystérotomies
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recueillis à la clinique obstétricale de la Faculté de médecine de Lyon. » L’Ecole du Service de Santé lui
délivre un certificat le 8 novembre 1933 où il est précisé qu’il a obtenu un certificat d’hydrologie à la
Faculté de médecine de Lyon, qu’il parle allemand et anglais et qu’il a obtenu le brevet de conduite
automobile. Nous ne connaissons pas son rang de sortie mais l’appréciation générale n’est pas brillante : « Elève moyen qui doué de qualités suffisantes pour accomplir une bonne scolarité, n’a jamais
au cours de ses années d’études, fourni l’effort nécessaire ». Négligeant dans sa conduite et sa tenue,
il a mérité plusieurs observations à ce
double point de vue ce qui lui vaudra pendant ses années d’étude 66 jours d’arrêt
simple, on lui reproche sa tenue négligé et
de porter le képi de travers ainsi que 49
jours d’arrêt de rigueur pour avoir découché à plusieurs reprises. Il est affecté à
partir du 8 novembre à l’Hôpital du Val de
Grace de Paris, puis du 31 décembre au 1er
aout 1934 à l’Ecole d’application des armées. Le 5 septembre 1934 il est nommé
au 2è régiment du génie de Metz. Suite à la
mobilisation il est affecté au 149è RIF puis
au 139 è à partir du 23 aout 1939, le 25
mars 1940 il est promu médecin-capitaine.
Il est cité à l’ordre de la division le 10 juin
1940 par le général de division Perraud
pour les soins qu’il apporte à des blessés en Figure 2 : Pierre Broch, 1944.
avant des lignes ; le 1 è mai, il ramène le
corps d’un soldat tué. Il est fait prisonnier le 25 juin et s’évade le 14 septembre. Il est affecté le 18
septembre à l’Hôpital de Toulouse. Il y rencontre Suzanne Vernier qu’il épouse le 4 décembre 1940 à
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Argentat (Corrèze) ; ils n’auront pas d’enfants. Le 10 avril 1941 il est nommé à l’hôpital Montbeton
(Tarn et Garonne) puis le 1er juillet à l’Hôpital Saint-Gabriel de Clermont-Ferrand. Il suit au cours de
l’année 1942 des conférences de pathologie et de bactériologie. Mal vue de sa hiérarchie pour son
opposition au régime de Vichy, il est désigné le 2 février 1943 pour remplacer un médecin prisonnier.
Le 15 mars, il est à Paris, il décide de désobéir et de rallier la France Libre. Il déserte le 23 mars et
s’évade de France en passant par l’Espagne. Il est interné au camp de Miranda du 5 mai au 18 août
1943 puis gagne le Maroc. Dans un certificat délivré en juillet 1979 à un camarade de détention, il
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dénonce les conditions inhumaines de détention des camps espagnols où les internés sont soumis à la
dénutrition et l’avitaminose. Il s’engage dans la 2è Division Blindée et commande la 3 è Compagnie
Médicale du 13 è Bataillon Médical à partir du 31 décembre. Le 13 avril 1944 son régiment est à Oran,
il embarque pour l’Angleterre le 10 juin, le 30 juillet il est à Southampon et débarque le 1er août en
France à Grandcamp. Il gagne par camion Mobecq (La Haye du Puy) et arrive dans la zone
d’opération de la campagne de Normandie. Du 7 au 22 aout il participe aux combats du Mans,
d’Alençon, d’Exemes et enfin de Paris. Du 23 août au 7 septembre il est engagé dans les combats de
la Vallée de la Bièvre, du Pont de Sèvres, de l’Etoile et de la banlieue Nord. Il est de nouveau cité à
l’ordre de sa division pour sa conduite au front les 24 et 25 août ce qui lui vaut d’être décoré de la
Croix de guerre avec une étoile en argent. Du 8 septembre au 11 novembre il participe à la Campagne
des Vosges et à la libération de Baccarat, puis est détaché à Paris au Centre de la Pénicilline le 8 décembre 1944 ; le 25 janvier 1945 il est nommé commandant. Etudiant très moyen, rétif à des règlements qu’il n’apprécie pas, il va se révéler volontaire, déterminé, courageux: il est cité à deux reprises
à l’ordre de l’armée, il s’évade puis déserte pour intégrer les forces armées dissidentes. C’est un rebelle qui va perpétuellement forcer le destin. Son camarade de la 2è DB, le médecin-capitaine Chauliac
le décrit comme un fonceur (2).
L’homme de la pénicilline
La pénicilline a été découverte par Alexander Fleming en Grande Bretagne en 1929. Dix ans plus tard
Howard Floray et ses collaborateurs mettent au point une méthode de production industrielle ce qui
rend possible des essais cliniques. Le corps médical dispose dorénavant d’un médicament efficace, la
production industrielle commence aux Etats-Unis puis en Grande Bretagne (3). Pierre Broch est informé de l’intérêt de la pénicilline lors de son séjour forcé en Espagne. Il va avoir la possibilité d’en vérifier l’efficacité au Maroc, le Service de santé américaine en dispose et en met à la disposition des médecins militaires français dans la limite de leur stock. Les américains et les britanniques sont seuls
capable d’en fabriquer, Pierre Broch est convaincu que la France doit de toute urgence en produire. En
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mai 1944, la priorité est au Débarquement mais Pierre Broch profite de son séjour en Grande Bretagne pour se renseigner sur les modes de production utilisées par les firmes britanniques. Il fait partager ses certitudes auprès des décideurs qu’il côtoie dont le Général Leclerc. Il remet un rapport le 2
septembre au médecin-général Debénédétti, directeur général du Service de Santé des Armées dont il
a été le collaborateur à l’Hôpital Saint-Gabriel de Clermont-Ferrand et qu’il a retrouvé au Maroc. Il
devient pour le Service de Santé le spécialiste de la pénicilline, à ce titre il participe en novembre 1944
aux réunions du Comité de la Pénicilline crée à l’initiative du Ministère de la Guerre. Parallèlement
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Pierre Broch propose la création d’un Centre militaire de fabrication de la Pénicilline. Le médecingénéral Debénéditti accepte avec enthousiasme et obtient des crédits du ministre de la guerre André
Diethelm, qui met un local à disposition : un ancien garage de la Wehrmacht situé 6 rue Alexandre
Cabanel à Paris [Fig. 3].
Figure 3 : Le Centre Cabanel (Paris 15°).
Un comité de direction est constitué de militaires autour de Pierre Broch, le pharmacien-capitaine
Joseph Kerhaho les médecin- capitaines Netik et Joffre ainsi que des membres de l’Institut Pasteur,
Jacques Tréfouël et Francisco Nitti. Le comité se réunit tous les jeudis dans les locaux de l’Institut. Les
pasteuriens ne sont pas très satisfait de cette organisation qui donne aux militaires le rôle principal,,
afin de les satisfaire, la raison sociale s’intitule désormais Centre Militaire d’Etudes et de Fabrication
de la Pénicilline, on le désigne comme le Centre Cabanel (3).
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L’organisation est la suivante : la pénicilline sera cultivée par le Centre Cabanel sous la responsabilité
des militaires selon la méthode de culture en surface, l’extraction de la pénicilline des jus et le conditionnement pharmaceutique seront faits par Rhône-Poulenc. Les Pasteuriens utiliseront le Centre
comme usine pilote afin de mettre au point une méthode d’extraction spécifiquement française. Le
laboratoire de pharmacie galénique de la Faculté de pharmacie de Paris est chargé de l’entretien et
des sélections des souches (4). Le directeur général de Rhône-Poulenc Nicholas Grillet donne son accord pour que l’extraction soit réalisée dans l’usine de Vitry-sur-Seine (Val-de-Marne) ainsi que le
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conditionnement. L’atelier d’extraction est achevé le 15 janvier 1945. Le local de la rue Cabanel est un
garage de six étages «encombré de chenilles, de chars et de véhicules blindés Renault » soit 600
tonnes de matériel automobile abandonnées par l’armée allemande ; il faut le transformer en une
usine, créer des ateliers de fabrication et des laboratoires. Le général Leclerc met à disposition le personnel militaire de la 2è DB, les moyens de transports et le carburant, 20 000 litres d’essence. Il faut
trois mois pour livrer les locaux aux entrepreneurs qui commencent les travaux en décembre 1944. La
France de la Libération manque de tout, les problèmes matériels ne sont pas simples, il va falloir
beaucoup d’énergie et d’imagination à Pierre Broch pour transformer ce garage en une usine de fabrication, il faut trouver : 210 tonnes de briques, 190 tonnes de plâtre, 80 tonnes de ciment, 175 m3 de
bois, 25 tonnes d’acier, 21 tonnes de fonte, 1 tonne d’acier inoxydable, 1 tonne de bronze, 6 kilomètres de câble électrique. Les camions de la 2è DB sont réquisitionnés, 30 millions de francs sont
investis(5). Pierre Broch a résumé en une phrase cette période : «ce fut la lutte quotidienne d’une
équipe de camarades, solidement soudée. » En février il participe à une mission d’information en
Grande-Bretagne sur la production de pénicilline à l’initiative de la représentation scientifique française dirigée par Louis Rapkine. Il visite de nombreuses usines. Il faut quatre mois pour que la phase
biologique de la préparation de la pénicilline démarre au Centre Cabanel alors que Rhône-Poulenc est
disponible pour commencer l’extraction à partir de janvier 1945. Pierre Broch va avoir une idée pour
le moins originale : récupérer la pénicilline des urines des soldats américains traités par ce médicament. Cet épisode de la pénicilline urinaire est connu sous le nom de la PIPILINE (6). Elle consiste à
réaliser la collecte des urines dans les hôpitaux de la région parisienne où sont soignés les soldats
américains : d’abord à l’hôpital de la Pitié, puis dans sept établissements. La collecte commence le 17
janvier. Le pharmacien-capitaine Desbordes est le responsable du French Military Penicillin Team mais
c’est toujours Pierre Broch qui dirige. Il doit résoudre tous les problèmes d’hygiène, de logistique, de
conservation des urines, il surmonte toutes les difficultés, trouve des solutions à tous les problèmes,
réussi à convaincre le personnel soignant américain qui accepte de collaborer, il franchit tous les obstacles et les contourne s’il le faut. Les débuts sont difficiles, la mise en route délicate, l’urine doit parfois être jetée. Le ramassage occupe 12 hommes de 9h à 20 h, 7 jours par semaine, progressivement il
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est étendu à 12 établissements. Il faut 25 litres d’urine pour produire 100 000 unités de pénicilline.
Pierre Broch a raconté cet épisode dans un ouvrage et rendu hommage à ses collaborateurs qui partis
pour délivrer la France, ont pendant quatre mois collecté deux fois par jour des litres d’urine en parcourant la Région Parisienne au volant d’une camionnette Simca : « ils se sont soumis avec discipline
et ponctualité à un métier qu’ils ne prévoyaient surement pas d’exercer en s’engageant dans notre
division. Tous ont immédiatement compris l’intérêt de ce travail obscur. »
La méthode finie par fonctionner et permet d’atteindre la production de 10 millions d’unités par semaine. La collecte d’urine cesse fin mars 1945.
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Le 10 avril commence la production biologique au Centre Cabanel, le 23 avril 1945, les premiers jus de
fermentation sont livrés à l’usine de Vitry-sur-Seine, le 8 mai Rhône-Poulenc effectue les premières
livraisons de Pénicilline au Service de Santé des Armées. La fabrication s’effectue en deux temps : la
phase biologique de culture et la phase chimique d’extraction. La production industrielle est réalisée
en cultivant le penicillium sur des milieux nutritifs liquides. Pour produire il faut obtenir du Ministère
du ravitaillement la réquisition de 3 400 tonnes de maïs nécessaire au milieu de culture et mobiliser
340 wagons de 10 tonnes soit 24
trains par priorité militaire au
rythme de 400 tonnes par semaine. Au bout de quelques jours
il se forme une solution de pénicilline dont elle est extraite par
traitement chimique. Enfin elle
doit être soumise à un dosage et
un contrôle clinique (7). Le milieu
de culture est préparé dans
quatre cuves de 500 litres chauffées à la vapeur, l’usine traite
Figure 4 : Autoclave Lecqueux.
quotidiennement 5.000 litres. Les matières insolubles sont éliminées au moyen d’une centrifugeuse
Alfa Laval. Le liquide de culture est ensuite réparti dans des fioles de Roux, la surface du liquide au
contact de l’air doit être la plus grande possible. La production est de 3 000 bouteilles par jour, les
flacons sont bouchés avec un coton et
une capsule puis sont stérilisées dans
un autoclave Lecqueux [Fig. 4, 5] qui
contient 2 300 bouteilles. Après refroidissement les flacons sont débouchés et
ensemencés, cette opération est réali-
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sée aseptiquement, puis placés dans
des étuves à 24° C pendant 10 jours. Le
mycélium et le liquide sont ensuite filtrés, pressés et refroidis dans des bidons
qui
sont
livrés
à
l’usine
d’extraction chimiques de Vitry-SurSeine (8).
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Figure 5 : Machine de répartition Pernin.
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Il existe plusieurs méthodes
d’extraction,
Rhône-Poulenc utilise
la méthode d’Aberaham et Chain sans
chromatographie (9).
La
pénicilline
injec-
table doit être rigoureusement stérile, la
dessiccation est réalisée par lyophilisation,
elle est conditionnée Figure 6 : les flacons de pénicilline fermés à l’aide d’un bouchon de caoutchouc et d’une
en poudre dans des
capsule métallique.
ampoules ou des flacons. Une ampoule contient 15 000 unités, compte tenu que le traitement journalier est de 100 000 unités on lui préfère un conditionnement original : des flacons multi doses fermés à
l’aide d’un bouchon de caoutchouc et d’une capsule métallique [Fig. 6].
Le Centre Cabanel est visité par
de nombreuses personnalités : le
général Leclerc le 7 avril 1945
[Fig. 7], le professeur René Dubos
du Rockefeller Institut de New
York City, découvreur de la tyrothricine, le général-major médecin Voncken de Belgique. Il fait
l’objet de nombreux articles dans
la presse française et étrangère
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Figure 5 : Le général Leclerc visitant le Centre Cabanel, à sa droite le commandant Broch, le capitaine Kerharo est le troisième à gauche.
(10).
Pierre Broch et ses collaborateurs participent du 11 au 14 avril au premier congrès français consacré à
la pénicilline, il se tient à Paris sous la présidence du professeur André Lemierre. Ils présentent deux
communications. La première « la pénicilline faite chez soi » décrit une méthode simplifiée
d’extraction de la pénicilline à partir des urines dans les services hospitaliers afin de produire une
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pommade à usage dermatologique (11). La seconde fait le bilan des recherches galéniques entrepris
par le personnel militaire dans deux domaines : l’étude de formes retards afin d’espacer les injections
et la mise au point de formes orales (12).
Le 26 juillet 1945 le ministre de la guerre André Diethelm inaugure le Centre, sa visite est filmée par
les actualités cinématographiques (13). Sir Alexandre Fleming se rend à Paris le 5 septembre 1945
pour être décoré par le général de Gaulle au Ministère de la Guerre de la rosette de Commandeur de
la Légion d’Honneur, l’après-midi, il visite le Centre Cabanel. Il reçoit la Médaille d’honneur du Service
de Santé. Il remet un échantillon de pénicillum notattum, actuellement exposé au musée de la Faculté
de médecine de Paris (14). En décembre 1945, Le Centre participe au Palais de la découverte de Paris
à une exposition sur la pénicilline (15). En Février 1946 le Centre produit mensuellement un milliard
d’unité de pénicilline, il pourrait atteindre trois milliards ce qui reste insuffisant, il est toujours nécessaire d’importer de la pénicilline des Etats-Unis. François Jacob, le futur prix Nobel de médecine entre
en 1946 au Centre Cabanel pour rédiger sa thèse que la déclaration de guerre ne lui a pas permis de
préparer. Il rencontre Pierre Broch qu’il a connu à la 2è DB et qui lui propose comme sujet la tyrothricine. Il présente sa thèse le 29 avril 1947 à la Faculté de médecine de Paris, le président du jury est le
Professeur M. Moreau. Dans ses mémoires il nous livre un jugement très négatif sur le Centre et un
portrait sévère de Pierre Broch qu’il désigne comme le médecin commandant B. sans jamais le nommer : « c’était un homme ambitieux et volontaire. Petit, mince, noir de poil, il était tantôt aimable,
tantôt insupportable, passant sans transition de la colère à la blague. En matière de recherche et
d’industrie, les scrupules ne l’étouffaient guère (16).» Il ajoute : « le commandant B., n’avait ni le savoir, ni l’enthousiasme, ni la présence nécessaires pour animer son monde, pour en faire une équipe. »
Néanmoins il cosignera avec lui un ouvrage sur la tyrothricine et le remerciera chaleureusement dans
l’introduction de sa thèse : « Nous avons pu réaliser cette étude grâce à la bienveillance des dirigeants
du Centre Militaire d’Etudes et de Fabrication de la Pénicilline et en particulier le médecincommandant Broch qui mit à notre disposition le laboratoire, le personnel et la documentation nécessaire à ce travail. Le médecin-commandant Broch ayant l’extrême obligeance de mettre à notre dis-
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position deux souches de Bacillus Brovis provenant d’Amérique (17). » Ce jugement est surprenant
concernant deux membres des Forces Françaises Libres, mais François Jacob a choisi son camp, il intégrera en 1948 l’Institut Pasteur, il manque certainement d’objectivité. Le Centre va ensuite produire
de la streptomycine puis après les travaux de François Jacob de la tyrothricine (18). En juin 1946,
Pierre Broch participe à un voyage d’étude en Grande Bretagne, il visite de nombreuses usines et peut
juger de l’évolution de la technologie, il comprend que la culture en surface est dépassée et que le
Centre Cabanel est condamné. Au début de l’année 1947, le marché de la pénicilline évolue : il y a
désormais surproduction et les prix s’écroulent, les pouvoirs publics en tirent les conclusions, le Centre
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va cesser ses activités. Le bilan est positif, en quelques mois il a permis à la France de rejoindre le
cercle des producteurs de pénicilline et redonner espoir à l’Industrie pharmaceutique française et à
ses chercheurs mais c’est l’échec d’une alliance entre militaires et scientifiques. Les conflits se sont
multipliés, les frictions permanentes. Ils n’étaient d’accord ni sur les objectifs ni sur l’organisation ni
sur les moyens (19). Les premiers désiraient mettre en place un centre de production basé sur
l’exploitation des techniques de culture en surface, leur objectif était de produire rapidement, un flacon de plus par jour c’est une vie humaine sauvée ; les seconds voulaient conduire des recherches
pour améliorer la qualité et mettre au point une méthode originale afin d’éviter aux industriels français de verser des redevances à l’étranger.
Le Centre est un établissement militaire, Pierre Broch en est le directeur et il le dirige mais c’est sans
compter sur les Pastoriens qui refusent l’autorité de personnes qui selon eux ne connaissent rien à la
microbiologie. Les militaires considèrent qu’ils ont conquis leurs légitimités sur les champs de bataille,
ils sont soutenus par le général Leclerc qui met à leurs dispositions les moyens nécessaires, ils ont peu
d’estime pour des savants qui ont passé l’Occupation dans leur laboratoire. Jacques Tréfouël et ses
collaborateurs sont les héritiers de Pasteur, ils veulent atteindre la perfection, leurs décisions sont
raisonnées, le temps n’est pas leur principale préoccupation. En 1945, ils doivent se défendre contre
les accusations d’avoir été complaisant avec l’occupant et n’ont pas les moyens matériels pour
s’imposer. Même la politique les oppose : les premiers suivent Leclerc et de Gaulle, les autres adhérent à l’utopie communiste. En quelques années, dans un pays dévasté par l’Occupation et les combats de la Libération, avec l’aide des pouvoirs publics et des milieux scientifiques la France va entrer
dans le cercle des fabricants de pénicilline. Le Centre Cabanel est la première réussite scientifique et
industrielle de l’après-guerre. C’est un exemple et un message d’espoir pour tous ceux qui croient que
la France peut retrouver sa place parmi les
grandes
puissances.
L’aventure du Centre
Cabanel n’a été pos-
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sible
que
l’action
grâce
de
à
Pierre
Broch : persuadé que
la France devait produire de la pénicilline,
il a su vaincre tous les
problèmes pour accéFigure 6 : carte militaire d’officier de réserve de Pierre Broch, 1951.
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der à son but. Après les épreuves et l’isolement scientifique liés à l’Occupation, la France retrouve sa
place dans la communauté scientifique. Le 1er janvier 1949 il est admis à faire valoir ses droits à la
retraite et est nommé officier de réserve [Fig. 8].
Pierre Broch est décoré de la Croix de guerre 1939-1940 (étoile d’argent), de la médaille des évadés. Il
est nommé chevalier de la Légion d’Honneur à titre militaire le 4 septembre 1949 puis officier le 23
janvier 1956, l’appréciation est meilleure qu’en 1933 : « Le médecin-commandant Broch a donné, en
toutes circonstances les meilleurs preuves d’un officier de haute valeur et d’un médecin de tout premier ordre. » Il postule pour le grade de colonel de réserve mais ne l’obtient pas pour le motif suivant
: malgré ses états de service élogieux, il est trop jeune. Pour la hiérarchie militaire l’ancienneté est
plus importante que la compétence à moins qu’elle ne règle ses comptes envers un rebelle qui a déserté.
Pierre Broch n’insiste pas, il postule à un autre grade, celui de capitaine d’industrie, il est définitivement rayé des cadres de l’armée le 1 juillet 1967. Malgré toutes les difficultés il a réalisé ses objectifs, cet homme ne renonce jamais.
L’industriel
Les pouvoirs publics ayant renoncé à produire de la pénicilline, Pierre Broch propose de reprendre à
son compte le catalogue du Centre militaire de la Pénicilline et la marque déposée SOBIO. Il fonde une
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SARL en novembre 1949, la Société d’exploitation des produits SOBIO, l’usine est en plein cœur de
Figure 7 : laboratoire de contrôle, atelier pommade, Paris.
Paris, 47 rue des Francs Bourgeois et les bureaux 20 rue d’Aumale, le laboratoire conditionne de la
pénicilline, de la streptomycine, de la tyrothricine et le Solvant Retard SOBIO [Fig. 11]. L’entreprise est
renommée en 1952 Laboratoires SOBIO et est transformée en société anonyme en 1956. Compte-tenu
de l’évolution du marché des antibiotiques et de la surproduction, le laboratoire se concentre sur la
commercialisation de tyrothricine et de gramicidine, les matières premières sont achetées à des gros-
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sistes et transformées en comprimés, dragées, pommades, gouttes nasales et collutoires (20) [Fig. 910].
Figure 8 : publicités pour les dragées Tyrothricine et l’antibiotique Gramicidine, des laboratoires Sobio.
A partir de 1952 le laboratoire se
diversifie en fabriquant des produits
non antibiotiques: la Chlorophylline
sous forme de dragées et de pommade, une association de vitamines
l’Ageron, un hypnotique le Sobial
(1955), l’Athéran pour le traitement
de l’hypercholestérolémie et un revitalisant
en
ampoules
buvables
l’Arginine Glutamique (1965). A partir
de 1958, l’ancien de la France Libre a
son entrée dans les Ministères, il
n’hésite pas à mobiliser ses relations
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pour obtenir des commandes à
l’exportation. L’entreprise se développant les locaux parisiens deviennent complètement inadaptés, la
production est délocalisée à Mayenne
en 1960. L’usine couvre 4 000 m2
(21).
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Figure 9 : Réception des stagiaires de l’Ecole Nationale de la Santé Publique conduits par M.Volckringer et le Professeur Sénécal par Pierre
Broch (1962).
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De 80 salariés en 1960 SOBIO
emploie 350 personnes en
1965 dont la moitié en production, notamment grâce au
développement des activités
de
façonnage,
l’entreprise
met à profit sa connaissance
de la production des antibiotiques pour produire pour des
tiers ; l’Hexacycline des laboratoires Diamant, les pénicil-
Figure 10 : atelier de dragéification.
lines Roussel … L’usine produit
des comprimés, dragées, granulés, sirops, suppositoires, ampoules, gélules, pommades. Elle est équipée d’un atelier de lyophilisation et un bloc stérile équipée d’une microdoseuse de poudre [Fig. 12-1316].
En mai 1965 le général De Gaulle
lors
d’une
Mayenne
visite
fait
officielle
à
halte
à
une
l’entreprise de son compagnon de la
France Libre [Fig. 14-15]. Il rend
hommage à celui qui après avoir
participé à la libération du territoire
participe à la reconstruction du
pays (22).
SOBIO devient à partir de 1970 le
façonnier exclusif du britannique
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Beecham pour lequel il fabrique une
ampicilline la Penbritine puis en
1974 une amoxicilline le Clamoxyl.
Le laboratoire commercialise de
Figure 11 : fabrication de gélules de gélules de Florocycline.
nouvelles spécialités : le Dexambutol, la Florocycline, le Cervoxan. Elles ne sont pas très originales
comme c’est à l’époque le cas de toutes les spécialités des laboratoires familiaux et ne doivent leurs
succès qu’a la complaisance de la Sécurité sociale qui les rembourse automatiquement. En 1977, les
productions de Beecham représente 60% du chiffre d’affaire de SOBIO, Pierre Broch sans descendant
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décide de céder son entreprise, c’est tout naturellement Beecham qui se porte acquéreur. Beecham
fusionne en 1989 avec Smith Kline and French puis en 2000 avec Glaxo-Wellcome pour former le
groupe Glaxo Smith Kline (GSK).
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Figure 12 : mai 1965, le général De Gaulle visite l’entreprise de Pierre Bloch.
Figure 13 : Pierre Bloch et le Général De Gaulle.
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Figure 14 : publicité pour les laboratoires Sobio.
Les spécialités des laboratoires SOBIO vont
progressivement disparaitre, mais Pierre
Broch, chef d’entreprise a su constituer une
équipe compétente qui va s’imposer comme
spécialiste de la fabrication des antibiotiques
[Fig.
17], l’outil
industriel de
Mayenne subsiste et continue se développer
dans le cadre du groupe Glaxo, c’est aujourd’hui la plus importante usine de conditionnement d’antibiotiques. Pierre Broch se
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retire des affaires, il est riche, c’est une
personnalité reconnue de l’Industrie Phar- Figure 15 : boite en métal lithographiée de tyrothricine Sobio.
maceutique, il a réussi tous ses objectifs, il a refusé la défaite, participé à la libération du territoire,
fait produire de la pénicilline en France à une période où cela semblait impossible et créé une entreprise industrielle qui lui a survécu. Il est décédé le 19 septembre 1985 à son domicile parisien 23 boulevard de Montmorency. Dans les locaux ultra modernes de l’usine de Mayenne ou travaillent près de
300 personnes qui se rappelle aujourd’hui de Pierre Broch ?
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Remerciements :
- Pauline Brunet de l’Association les Filles de la 2è DB.
- René Foucart, ancien responsable de production aux laboratoires SOBIO.
- Philippe Ganalopoulos, Conservateur à la bibliothèque interuniversitaire de santé (Paris V) et
ses collaborateurs.
- Le capitaine Pierre Laborde du Service Historique de la Défense.
- Charles Pegulu de Rovin, Conseiller historique du Mémorial du Maréchal Leclerc.
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Références
1- Service historique de la Défense, Château de Vincennes, Dossier individuel du médecincommandant Pierre Broch, Cote GR 2000 Z 207 14 334
2- Marc Flament, Médecin au combat, Pygmalion 1986, 35-38
3- Pierre Broch, J.Kerharo, J.Netik, J.Joffre, Fabrication de la Pénicilline, Vigot, 1946, 169-171
4- Maurice-Marie Janot, La production industrielle française des antibiotiques, La Gazette Médicale
de France, 1951, Bilan thérapeutique, 58°, 51-56
5- Pierre Broch, J.Kerharo, J.Netik, La pénicilline, Naissance d’une industrie française dans l’armée,
Société de Médecine militaire française, séance du 3 mai 1945, 34, 1, 125-136
6- Pierre Broch, J.Kerhaho, J.Netik, J .Desbordes, La Pénicilline, Une expérience française de récupération, Vigot, Paris 1945
7- Pierre Broch, J.Kerhaho, J.Netik ,La Pénicilline, dosage, Vigot 1945
8- Pierre Broch, J.Kerharo, J.Netik, J.Joffre, Fabrication de la Pénicilline, Vigot, 1946, 19-110
9- Pierre Broch, J.Kerharo, J.Netik, J.Joffre, Fabrication de la Pénicilline, Vigot, 1946, 113-118
10- Anonyme, French Penicillin Production began in a garage, Manufacturing Chemist and Manufacturing Perfumer, November 1945, XVI, 11, 417 10
11- Pierre Broch, J.Kerharo, J.Netik, M.Desbordes , Récupération de la pénicilline dans les services
hospitaliers, Ministère de la Santé Publique, Service central de la pharmacie, Masson 1947, 318-319.
12- Pierre Broch,J. Nétik, Courtade, Colas, Ciampi et Duhamel, Méthodes de retard à la diffusion et à
l’administration par voie orale de la pénicilline, Ministère de la Santé Publique, Service central de la
pharmacie, Masson 1947, 320-326
13- INA.fr, Fabrication de la pénicilline : http://www.ina.fr/video/AFE86003206
14- J.Bioche, J.Haron, Nous avons vu Sir Alexander Fleming, Caravane, N°27, 1-2
15- Exposition de Paris, Université de Paris, 1945
16- François Jacob, La Statut intérieure, Editions Odile Jacob, 1987, 214- 222
17- François Jacob, Etude expérimentale et clinique sur la Tyrothricine, Thèse de Médecine, Paris 1947
18- Pierre Broch, Un proche parent de la pénicilline ; la tyrothricine, Vigot, Jean-Paul Gaudillière, «
Entre biologistes, militaires et industriels : l’introduction de la pénicilline en France à la Libération »,
La revue pour l’histoire du CNRS [En ligne], 7 | 2002, mis en ligne le 23 février 2006, consulté le 07
avril 2014. URL : http://histoire-cnrs.revues.org/536
19- Anonyme, Les laboratoires SOBIO, France Pharmacie, 1954, 274-275
20- Anonyme, L’Ecole Nationale de la Santé Publique a visité les laboratoires SOBIO, France Pharmacie, 1963, 967- 969
21- Institut SmithKline Beecham, La Saga des Beecham, l’aventure française, Institut SmithKline Beecham
22- Entretient avec René Foucart, Octobre 2014
Toute référence à cet article doit préciser :
Frogerais A. : Pierre Broch (1909-1985) et la pénicilline. Clystère (www.clystere.com), n° 45, 2015.
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En musardant sur la Toile …
Une rubrique de Bernard Petitdant
Pour vos recherches, un catalogue de matériel de labo, comme la centrifugeuse décrite par J.P. Martin
(N°7 de Clystère), le catalogue du Comptoir Central d'Histoire Naturelle Nerée Boubée & Cie.
https://archive.org/stream/CatalogueN.Boubee1938/Boubee#page/n0/mode/2up
Un catalogue d’appareillage de Gemrig de Philadelphie
http://collections.nlm.nih.gov/bookviewer?PID=nlm:nlmuid-101181056-bk
« Trembleurs de guerre », « War Neuroses » un film des médecins anglais de l’hôpital militaire de
Seale Hayne à la fin de la Grande Guerre : https://www.youtube.com/watch?v=sP2ravKtcY8
Les 21 photos originales du livre de Lewis Albert Sayre (1820-1900), Spinal disease and spinal curvature : their treatment by suspension and the use of the plaster of Paris bandage. London, Smith, Elder,
& Co. 1877 : http://www.artandmedicine.com/biblio/authors/Sayre.html
et d’autres à découvrir en cliquant sur le logo en bas de la page qui vous mènera à l’accueil du site.
Salmigondis photographique, prothèses, instruments chirurgicaux chinois ou américains, défibrillateur de Beck, etc, … http://www.documentingreality.com/forum/f226/medical-tour-past-139608/
Un article gratuit de Jeffrey LH O’Riordan, publié dans le Journal of Bone and Mineral Research, sur le
rachitisme au XVIIème siècle http://onlinelibrary.wiley.com/doi/10.1359/jbmr.060703/epdf
Clinical Orthopaedics and Related Research réédite l’article original de WJ. Little :Hospital for the
Cure of Deformities : course of lectures on the deformities of the human frame, publié dans Lancet de
1843. http://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC3314778/
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et une étude biographique : http://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC3314775/
Excellentes fêtes de fin d’année !
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Actus
A découvrir, le site de l’Association Sauvegarde du Patrimoine Pharmaceutique. Le Patrimoine Pharmaceutique doit servir de base fondamentale aux pharmaciens
d'aujourd'hui pour faire comprendre aux yeux du monde leur légitimité et leur savoir-faire dans la
continuité de leurs prédécesseurs qui ont tant œuvré pour l'amélioration du bien-être de l'Humanité.
Sur ce site, présentation des activités et de quelques objets anciens.
Cette association dispose également d’une page FaceBook.
L’association Aseiste dont nous
avions déjà parlé a ouvert son
musée de physique au lycée
Bertran de Born de Périgueux.
Ce ne sont pas moins de 137
instruments de physique anciens destinés à l’enseignement
qui ont été sauvés, restaurés, et
classés monuments historiques,
dont un écorché Auzoux. Les
visites seront assurées par Francis Gires, président de cette association, le deuxième mercredi aprèsmidi ouvrable de chaque mois en quatre visites d'une heure de 14h à 18h. On peut faire une visite
virtuelle sur le site ASEISTE http://www.aseiste.org
Il manque les moyens financiers pour une vitrine supplémentaire pour présenter les plus beaux objets
d'histoire naturelle : crâne à la Beauchène, modèle d'œil, mâchoire d'enfant sur socle, modèle à la cire
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de langue et oreille...
Ce musée intéressera sans aucun doute les collectionneurs d’instruments médicaux anciens liés aux
phénomènes physiques (électrothérapie, etc…).
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Un nouveau venu dans le paysage
muséologique médical français : le
musée de la kinésithérapie, dont le
créateur est Alain Garnier. Il existe un site http://musee-kine.fr
La version 1.7 du Cahier de Clystère n° 1 sur « les couteliers chirurgicaux français » a été mise en ligne sur www.clystere.com Nouveaux ajouts (couteliers, poinçons etc.) pour atteindre les 300 couteliers recensés, ce qui en fait le corpus le plus important sur le
sujet.
Autres cahiers mis en ligne, qui remplacent les pages du site :
N° 3 : Les jetons et monnaies de nécessité des hôpitaux français.
N° 4 : Les fabricants français de matériels médicaux.
N° 5 : Les fabricants étrangers de matériels médicaux
N° 6 : Les étains médicaux
Richard-Alain JEAN nous informe de la parution du
deuxième numéro des « Cahiers intégrés de médecine
égyptienne » (CIME), II, 1, Cherbourg - Angers - Paris Le Caire, novembre 2015 (ISSN 2270-2105) Paru le
mercredi 25 novembre 2015. Parmi les auteurs, Fawzia
HADGE-DIN, Abdel HAZIZ, Richard-Alain JEAN, AnneMarie
LOYRETTE,
Jean-Pierre
MARTIN,
Xavier
RIAUD et coll., Cahiers intégrés de médecine égyptienne.
Tous les détails sur http://medecineegypte.canalblog.com/
Ce document est téléchargeable sur www.academia.fr et
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www.YouScribe.com
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Courrier des lecteurs
A propos de l’article de Philippe Mereau intitulé « Une Visite de la pharmacie de l’Hôtel-Dieu
de Saint-Lizier » (Clystère n° 44, novembre 2015), le Dr Gilbert Guiraud (31600, Muret) fait le
commentaire suivant : « A propos des 69 flacons en verre soufflés à la bouche de la pharmacie de
Saint-Lizier leur provenance ne serait-elle pas à mettre sur le compte des verriers de Gabre, les fameuses familles de Verbizier, de Robert et de Grenier, protestants anoblis par Louis XIV avant la révocation de l'Edit de Nantes ?. » Commentaires éventuels à [email protected]
A propos de l’article de Jean-Claude Leleux intitulé «Un amateur éclairé fabrique des instruments chirurgicaux anciens » (Clystère n° 44, novembre 2015), quelques mails ont été échangés dont voici la synthèse :
Bernard Petitdant : « Félicitations pour votre article et surtout ses illustrations. Que de talents, maitre
du fer et du feu mais aussi maitrise du tournage du bois, bravo. Je me permets une question : apposez-vous une marque sur ces instruments ? Si oui bravo mais laquelle ? Pour qu’elle soit référencée.
Si non pourquoi ? Vous annoncez bien honnêtement que ce sont des copies. Mais, la semaine prochaine ou dans 150 ans, après un vieillissement chimique et/ou mécanique, quelque malandrin, alléché par l’appât du gain, pourrait les faire passer pour des instruments d’époque. Certes, une marque
peut toujours être meulée mais cela entraine une dégradation de l’instrument. En vous renouvelant
mes félicitations. »
Réponse de JC Leleux : « je vous remercie pour vos félicitations et de votre intérêt pour mes bricolages. Mais non, je ne suis ni maître du feu ou du fer, juste un amateur qui aime le travail bien fait.
On a déjà parlé de poinçon avec JP Martin, je n'en avais jamais vu l'utilité jusqu’à présent car je n'ai
qu'une très faible production, de plus fabriquer une reproduction coute assez cher, mais j'y pense. »
Le Docteur Louis-Charles Barnier, con-
01 décembre 2015
servateur du musée de Hautefort (Dordogne) nous a informés que la cire anatomique
présentée lors de l’exposition temporaire « De
la conception à la naissance » a pu être acquise
grâce aux dons collectés au musée. Merci aux
généreux donateurs.
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Jean-Claude Leleux, très inspiré par les instruments de fumigation présentés par Louis-jean
Dupré dans son article intitulé « L’antisepsie, Joseph Lister, Just Lucas-Championnière et les pulvérisateurs à vapeur » (Clystère n° 43, octobre 2015) a reproduit avec le
talent qu’on lui connait (voir article JC Leleux « un amateur éclairé fabrique des instruments de chirurgie anciens » Clystère n° 44, novembre 2015) un fumigateur de
Guyton Morveau pour désinfecter une salle avec des fumigations d’acide chlorhydrique. Le résultat est plutôt
satisfaisant, ce fumigateur est fonctionnel … et à vendre.
Contact : [email protected]
Michel Pineau informe les lecteurs de Clystère qu’un catalogue du SHD (origine fonds dit de
MOSCOU) se rapportant à la période XIXe & XXe siècle, notamment vers les pages 65/75, fait état de
nombreux appareils et matériels médicaux... Les cotes des dossiers afférant sont référencées et peuvent être consultées sur réservation préalable au SHD, château de VINCENNES (94). Cet inventaire
intéressera sûrement les amateurs d’histoire de la médecine militaire.
Le Docteur Ivo Giulietti (Musée didactique de
l’histoire de la médecine tessinoise, Suisse) a redécouvert l’art de la céroplastie en chirurgie. Il est à l’origine
de superbes créations à découvrir dans son musée. Un
avant-goût dans ce post publié sur le site DocCheck News :
http://news.doccheck.com/fr/blog/post/3230-lart-de-la01 décembre 2015
modelisation-de-la-ceroplastie-en-chirurgie/
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OSNI (Objets Scientifiques Non Identifiés)
A. Ciaux sollicite les
lecteurs
de
Clystère
pour identifier un instrument signé
Luër,
manche ébène, longueur 26 cm (dont
manche, 10 cm). Il
s’agit
probablement
d’un instrument clastique à usage obstétrical ?
01 décembre 2015
Réponses à : [email protected] qui
transmettra.
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Sylvain PONT, du Muséum National d’Histoire Naturelle, Institut de Minéralogie, de Physique des
Matériaux et de Cosmochimie, a trouvé dans son laboratoire un instrument ancien dont tout le
monde a perdu la mémoire de la fonction. Il a été fabriqué par E. COGIT & Cie et s'apparenterait à
une sorte de tour de paillasse. Ce fabriquant étant spécialisé dans le matériel médical et scientifique,
il sollicite l’aide des lecteurs de Clystère pour l’identifier.
J’ai proposé à Sylvain
qu’il pouvait s’agir
d’un microtome.
Qu’en pensez-vous ?
Réponses à [email protected]
qui transmettra.
Les amis du forum de l’outil ancien font également appel aux lecteurs de Clystère pour identifier cette
curieuse pince signée Weck. Google renvoie vers une société US fabricant des instruments de chirurgie.
Pince chirurgicale ou non ? si oui, pour quel usage ?
Le propriétaire la cède gratuitement, frais de port à la charge de l’intéressé.
01 décembre 2015
Réponses à [email protected]
Prochain numéro :
1er Janvier 2016
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