SEQUENCE 3 : l`entrée en scène des héros Séance 4 : un jeune

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SEQUENCE 3 : l`entrée en scène des héros Séance 4 : un jeune
SEQUENCE 3 : l’entrée en scène des héros
Séance 4 : un jeune bachelier
Etude analytique p.54-55
Questions préparatoires :
1. Comment se construit le portrait du personnage principal ?
L’apparition du personnage principal est retardé, il est d’abord identifié comme « un jeune homme
de dix-huit ans » puis clairement nommé de façon distanciée « M. Frédéric Moreau » et enfin,
désigné par son prénom « Frédéric ». L’approche du personnage est construite selon une gradation
notable qui nous conduit du quasi-anonymat à une réelle proximité avec l’usage du prénom. Le
personnage est donc d’abord construit selon une focalisation externe « un jeune homme… auprès
du gouvernail, immobile » puis une focalisation zéro du narrateur de révéler d’où il vient, où il va…
et enfin, une focalisation interne permettant de découvrir pensées et sentiments « Frédéric pensait
à la chambre … » (l. 23) ce qui permet d’avoir une image complète du personnage. Frédéric Moreau
apparait ainsi, dès l’incipit, comme le héros du roman autour duquel toute l’intrigue va se
construire. Le jeune homme romantique comme ses rêves en témoignent mais aussi ses regards sur
le paysage, sa posture à l’avant du bateau, cheveaux longs au vent et album sous le bras constitue
bien un personnage romanesque dont les aspirations ne seront pas peut-être pas satisfaites comme
le regard distancié du N jusqu’à l’ironie peut le faire pressentir. Il entre ainsi dans la catégorie des
héros du désenchantement.
2. Quelle fonction peut avoir ce portrait ?
Ce portrait possède une fonction référentielle car le but est de répondre aux horizons d’attente du
lecteur ainsi on peut savoir qui, où, pourquoi et créer une fiche d’identité du personnage :
- Son nom : Frédéric Moreau
- Son âge : 18 ans
- Son origine sociale : humble « sa mère espère un héritage »
- Son passé récent : « nouvellement reçu bachelier »
- Ses projets : « faire son droit »
- Une caractéristique physique : « longs cheveux »
Il semble par ailleurs, rêveur, voire mélancolique. Le N choisit de nous le montrer observateur,
voire dans l’attente de « passions futures » mais son peu d’action laisse supposer qu’elles
n’aboutiront peut-être pas.
3. Quel cadrage utilise l’auteur pour le mettre en valeur ?
Le cadrage vient renforcer cette impression, tout n’est que vie, activité autour de lui. Lui, immobile
près du gouvernail. Le narrateur le positionne dans un cadre réaliste. En effet, l’univers se réfère à
des lieux géographiques et des sites véritables, identifiables par tout lecteur « le quai SaintBernard », « l’île Saint-Louis… Cette illusion réaliste est renforcée par une référence temporelle
précise « Le 15 septembre 1840 » Les activités sur les quais, les bateaux à vapeur terminent cette
immersion dans l’univers du XIXe siècle situé et daté. Cette inscription dans le réalisme s’accentue
avec une accumulation presque exclusivement bâtie sur une succession de brèves propositions
indépendantes juxtaposées, séparées par un point-virgule qui immergent lecteur et personnages
dans un cadre très réaliste, très visuel où jusqu’aux choses, tout bouge et vit : « les colis
montaient », « le tapage s’absorbait ». Après le départ du bateau, c’est le paysage qui devient le
cœur de l’action avec autant de groupes nominaux qui, dans des rythmes proches de quatre ou
cinq syllabes traduisent la lente et constante avancée du bateau (« grève de sable ; remous des
vagues… »). Le paysage se transforme au fur et à mesure que le bateau avance. Le paysage se fond
avec le regard du personnage principal perdu dans sa contemplation.
4. Etudiez la focalisation
La variation des points de vue est utilisée dans le but de renforcer l’illusion du réel :
Ce resserrement se retrouve avec le jeu sur les points de vue.
Du paragraphe 1 à 3, nous avons de la focalisation externe : « Des gens arrivaient hors d’haleine »
(ligne 3), « les matelots ne répondaient à personne » (ligne 4), « la cloche, à l’avant, tintait sans
discontinuer » (ligne 6-7).
Au paragraphe 4, dans la première phrase nous avons de la focalisation externe : « Un jeune homme
de dix-huit ans, à longs cheveux et qui tenait un album sous son bras, restait auprès du gouvernail,
immobile » (ligne 10-11). Dans ce paragraphe, nous avons un bref passage avec un point de vue interne aux
lignes 11 à 12 : « des édifices dont il ne savait pas les noms ».
Au paragraphe 5, nous avons une focalisation omniscient, le narrateur nous en dit plus sur le
personnage : « M. Frédéric Moreau, nouvellement reçu bachelier, s’en retournait à Nogent-sur-Seine »
(ligne 14).
Plus on avance dans le passage, plus la focalisation permet de découvrir le personnage de manière
de plus en plus précise.
Par sa composition, cet incipit mime une rencontre réelle entre les lecteurs et le personnage tel que
nous rencontrerons des personnes dans la vraie vie.
SYNTHESE
Parallèlement, nous retrouvons des éléments plus symboliques qui lient personnage et cadre.
Le roman débute tôt le matin. Cela correspond à la situation du personnage qui débute sa vie
d’adulte. Le nom « album » ligne 10 qui vient de l’adjectif blanc (du latin alba, ae) désigne un cahier à
dessin constitué de pages blanches. Il n’a pas encore commencé à la remplir et son histoire va commencer
avec la premier page du roman.
Le désordre du quai met en évidence que la situation du personnage n’est encore en place.
La symbolique du bateau, qui part, montre aussi ce lien : il s’agit du début du parcours d’adulte de
Frédéric Moreau et du roman qu’il débute.
Symboliquement le « brouillard » ligne 11, peut évoquer le flou, les incertitudes de la vie qui
commence pour Moreau
Enfin, la longueur de la route est assimilée à la longueur de sa vie « en regagnant sa province par la
route la plus longue » (ligne 18) qui souligne un chemin de la vie remplie d’embouche et de difficultés
avant d’atteindre son but.
Les éléments symboliques que l’auteur crée autour du personnage confirme les liens fort entre le
cadre et le personnage et annonce le roman d’apprentissage (un roman dont le héros / le personnage
principal qu’est un jeune homme fait l’apprentissage de la vie tel que Rastignac de Père Goriot de Balzac).
Frédéric Moreau voyage à travers l’espace. La ville de Montereau est la métaphore d’un espace plus vaste
celui du roman dont la lecture est un voyage immobile comme l’est la position de son héros dans cet
incipit. Attiré par le chant des sirènes, alors que tous semblent avoir un rôle précis avec un but commun le
départ, lui, il contemple, rêve…
PLAN
I.
II.
III.
Un incipit progressif
a) Le cadre
b) Le portrait
c) L’intrigue
Un incipit réaliste
a) L’activité portuaire
b) Les lieux
c) Le temps
Un incipit en impression
a) La variation des points de vue
b) Les symboles d’un personnage en devenir (navire mais aussi le regard porté sur le M.)
c) La touche impressionniste

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