Ère glaciaire et migrations humaines - Racines et Traditions

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Ère glaciaire et migrations humaines - Racines et Traditions
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Ère glaciaire et migrations humaines
Dr. Marco Zagni
Article aimablement transmis à thule-italia.com par l'auteur
info @centrostudilaruna.it
«« Cet article peut être interprété comme une contribution ultérieure et une intégration
de mon essai, L’Impero Amazzonico [l’Empire Amazonien], publié récemment (1).
Après environ 20 ans de recherches continues, de voyages et d’explorations, en
parlant aussi avec d’autres spécialistes, archéologues ou simples passionnés, je me suis
définitivement convaincu que nous sommes maintenant dans une phase fondamentale
et définitive pour chercher à comprendre de manière concluante l’Histoire de
l’Homme. Il est nécessaire, j’oserai dire vital, de faire enfin un effort conjoint pour
abattre le paradigme archéologique orthodoxe séculaire qui voit exclusivement le
Moyen-Orient et la Méditerranée comme le berceau des premières grandes civilisations
(Sumer et l’Égypte). Si nous ne réussissons pas à abattre cette "grande muraille du
préjugé", la bataille des spécialistes d’avant-garde, auxquels je sens que j’appartiens,
sera pour l’instant perdue.
Jamais comme dans cette période je ne me suis rendu compte à quel point le
pouvoir des médias peut avec une extrême facilité faire que certaines nouvelles
(normalement futiles) soient discutées continuellement, pendant que d’autres
(fondamentales) ne sont jamais annoncées. Pour ne prendre qu’un seul exemple: la traduction de certains textes étrangers en italien. Certains ouvrages d’extrême importance
n’ont jamais été et ne seront jamais traduits dans notre langue (2). Ils sont choisis, voulus et imposés pour faire en sorte que certains sujets ne soient vus qu’à travers une
pâle image déformée. Mais tournons-nous vers le vrai but de notre écrit.
Dans la première partie de mon livre, j’avais exposé l’argumentation concernant le mystère du peuplement des Amériques: dans divers milieux de l’archéologie
“alternative”, on pense que, outre l’immigration reconnue en Amérique de peuples
asiatiques à travers le détroit de Béring, il y a eu deux autres immigrations, probablement précédentes: une venant de la région atlantique/ européenne et une autre par la
voie australienne/ antarctique. Pour l’instant je m’occuperai de la première migration
venant d’Europe.
Ce qui sera exposé ci-après se base, comme je le fais toujours, sur des conceptions de départ connues et acceptées de la communauté archéologique/ anthropologique internationale, pour parvenir ensuite à des conclusions qui, par contre (et on ne
comprend pas bien pourquoi), n’ont pas encore été retenues comme valides. Je pense
que cela est surtout dû au fait que la dénommée “culture dominante” a toujours besoin de beaucoup de temps avant de prendre sous son large parapluie protecteur les
innovations de tous types présentées par des spécialistes qui, pour ainsi dire, devancent
le temps.
L’espèce humaine à laquelle nous appartenons tous est actuellement représentée sur la Terre par l’homo sapiens sapiens : nous nous sommes nous-mêmes appelés
ainsi et ce n’est pas le moment de trop méditer pour savoir si nous sommes vraiment
des “sages” ou plutôt des “suicidaires fous”, étant donné la situation actuelle de notre
planète.
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En tous cas, et j’adopte une optique prudente, on pense que l’homo sapiens sapiens est présent sur la terre avec nos propres caractéristiques depuis au moins 50.000
ans – en pratique, il y a cinquante mille ans pouvait déjà naître un être égal à nous et
avec les mêmes capacités potentielles d’entendement. Sur cela tous sont d’accord,
mais à partir de ce point les avis de la communauté internationale commencent à diverger sur cette question : où est né le premier homo sapiens sapiens?
Certains spécialistes soutiennent, comme Cavalli Sforza, que même dans ce cas
il faut adopter le principe de “l’Out of Africa” : le premier homo sapiens sapiens aurait
été africain et ensuite se serait dispersé sur les divers continents, en changeant la couleur de sa peau selon les lieux où il est arrivé. Songeons bien qu’on ne parle pas du
premier être qui a des caractéristiques humaines (l’australopithèque d’il y a quelque
millions d’années) mais plutôt du dernier : précisément dans le cas de l’homo sapiens
en effet, la théorie de “l’Out of Africa” n’est pas acceptée par tous. En particulier,
certains scientifiques chinois sont plus enclins à penser à une autre hypothèse appelée
“multirégionalisme” : dans diverses régions de la terre, plus ou moins en même temps,
se seraient développés plusieurs “homo sapiens sapiens”, avec les caractéristiques raciales particulières que nous connaissons bien, comme la couleur de la peau, jaune,
blanche, noire, rouge, etc. Cette hypothèse est probablement exactement alternative à
celle soutenue par le spécialiste Cavalli Sforza, mais comme nous sommes en Italie, de
braves chauvinistes soutiennent seulement la thèse de notre compatriote, surtout dans
la presse. On ne parle jamais de l’autre possibilité, comme si elle n’existait pas, et ceci
du moins ne me semble pas correct. De toute façon je n’ai exposé ces différents avis
que par un besoin de plus grande exhaustivité vis-à-vis des lecteurs, parce que ce que
je vais vous dire ne peut être invalidé ni par la première ni par la seconde hypothèse: je
peux les accepter toutes les deux.
L’épouvantable glaciation de Wisconsin/ Würm commença il y a environ 70 ou
80.000 ans. Elle fut la plus froide de l’Histoire, autant qu’on le sache, et frappa très
profondément notre planète. En ce qui concerne ses causes nous n’en savons pas encore beaucoup et je ne veux pas me risquer en conjectures, cependant nous savons
une chose : lorsqu’elle commença, notre race sapiens sapiens n’était pas encore là
alors que notre «cousin», l’homo sapiens neanderthaliensis, existait déjà depuis quelques dizaines de milliers d’années et se comporta vraiment comme un «dur» parce
qu’il affronta la glaciation pratiquement sans se déplacer et en restant là où il avait toujours été, en Europe*. Cette dernière ère glaciaire ne fut pas ininterrompue mais comporta une phase «interglaciaire» assez longue et chaude, d’environ 40.000 à 30.000
ans. Celle-ci fut vraiment la phase dans laquelle l’homo sapiens sapiens prit le dessus
sur la terre, en contribuant de fait à l’élimination de l’encombrant “cousin” Neandertal
qui disparaissait déjà de lui-même parce qu’incapable de supporter ces forts changements climatiques. Nous disons, sans demi-mesures, que notre instinct assassin commença malheureusement alors à manifester toute sa potentialité aux frais de notre parent humain concurrent. Depuis lors, évidemment, nous y avons pris goût, mais il vaut
peut-être mieux pour l’instant ne pas trop penser à cela et aller de l’avant.
A partir de maintenant, mes hypothèses divergent considérablement de l’historiographie officielle et, par conséquent, tenez-vous bien. Je pars d’une simple prémisse,
par ailleurs énoncée et soutenue par le représentant médiatique italien le plus célèbre
de la science officielle, Piero Angela (3), c’est-à-dire qu’en termes de pures probabilités
on pense que des êtres intelligents, dans des conditions favorables, ont été en mesure
de constituer une sorte de “civilisation” – je ne parle pas de civilisation technologique
égale à la nôtre mais d’une civilisation de type “organisé” comme celle de l’Egypte,
par exemple – il y a environ 15 à 20.000 ans. Fantastique ! me dis-je. Ceci veut dire
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qu’en termes de probabilités, l’homo sapiens sapiens aurait pu atteindre un degré de
civilisation de type “développé” au moins trois fois déjà (aujourd’hui, il y a 15 à
20.000 ans, et il y a 30 à 40.000 ans) et pas seulement dans l’ère post-glaciaire actuelle! Ce raisonnement très simple a littéralement mis en crise plus d’une sommité :
qui plus est, vu que la «date de naissance» de l’homo sapiens sapiens, avec les plus récentes découvertes, a lentement reculé jusqu’à il y a environ 100.000 ans (4), il pourrait y avoir un espace pour une autre paire de civilisations possibles en plus (de trois
fois à cinq). Certes la statistique parle de probabilités et non de certitudes, mais grâce à
cette discipline nous sommes maintenant prêts à répondre dans les termes justes quand
les spécialistes orthodoxes contestent la possibilité de l’existence d’une civilisation évoluée pendant l’époque glaciaire. Des éventualités tout aussi “invraisemblables” sont
proposées continuellement ! C’est une hypothèse très plausible, et nous l’avons démontrée en utilisant précisément les informations que nous fournissent les historiens
officiels.
Mais poursuivons notre raisonnement. Il semble donc extrêmement plausible
qu’au cours de l’ère glaciaire de Wisconsin/ Würm, les bases existaient pour que se développe une première forme de civilisation humaine évoluée: mais quand, et surtout,
où ? Ce sont des questions auxquelles il n’est pas facile de répondre, mais nous essaierons quand même. Il y a fondamentalement deux courants de pensée parmi les spécialistes favorables à l’existence d’une civilisation “glaciaire” : commençons par la première.
C’est l’hypothèse “polaire”: les conditions pour la naissance d’une culture développée il y a 30.000 ans dans les régions nord du monde, alors chaudes, auraient pu
se créer pendant la phase interglaciaire de Würm. Nous parlons des régions arctiques
mais en réalité les glaces n’étaient pas présentes à cette époque, en premier lieu parce
que ces régions étaient, comme je l’ai dit, dans une phase chaude interglaciaire, et en
second lieu, probablement, du fait d’un emplacement différent de l’axe terrestre (cette
seconde hypothèse est cependant plus faible). En substance, il s’agit de la théorie soutenue par ce grand précurseur de l’archéologie d’avant-garde que fut Bal Gangadhar
Tilak, déjà magistralement décrite au début des années 1900 (5), avec la différence cependant que les études plus récentes des passionnés ont considérablement reculé cette
possibilité par rapport à la période supposée du grand savant indien (10.000 av. J.C.).
Et l’«Atlantide du Nord», c’est «Thulé». Avec la fin de la phase interglaciaire et la reprise soudaine d’une glaciation terrible (de 25.000 AEC jusqu’à environ 10.000/ 8.000
AEC, la plus froide qu’on connaisse) les Aryens/ Thuléens furent obligés d’abandonner
leur demeure arctique et d’émigrer dans les régions plus au Sud: en Asie, en Europe,
en Amérique du Nord et du Sud. Ce sont les migrations des Aryens/ Nordiques décrites dans les romans de l’écrivain-explorateur allemand oublié, Edmund Kiss (6), jamais
traduits dans notre langue.
La seconde hypothèse est la traditionnelle “Atlantide” de Platon, située vers
12/ 10.000 AEC [N1], dans une période géologique précédant à peine la fin de l’ère de
Würm. Précisément, la fin soudaine et mouvementée de l’ère glaciaire, peut-être provoquée par un évènement catastrophique extérieur à notre planète (impact sur la
Terre d’une comète ou un astéroïde de dimensions considérables), aurait provoqué
l’effondrement [dito] de la civilisation atlantidéenne, déjà durement éprouvée par le désastreux échec de l’expédition partie à la conquête de la Méditerranée [au XIII° s. AEC].
Même si dans ce cas se produisirent des migrations de la part des survivants, qui à partir des régions “atlantiques” auraient rejoint l’Afrique, et l’Amérique.
Comme vous avez pu le lire, les deux hypothèses prennent en considération un
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peuplement des Amériques dans un sens “alternatif” à l’habituelle migration provenant du détroit de Béring mais, cela n’exclut naturellement pas cette voie asiatique
d’immigration, qui sûrement exista, mais donne aussi crédit à une hypothèse d’immigration en Amérique d’homo sapiens sapiens nordiques/ atlantiques/ européens.
Indépendamment de la volonté d’accepter la première ou la seconde hypothèse
(Thulé ou l’Atlantide de Platon), et déjà ceci serait peut-être un faux problème parce
que dans mon esprit une hypothèse n’exclut pas l’autre, comme nous le verrons plus
loin, le point fondamental est de rassembler des indices sérieux de ces plausibles migrations atlantiques/ nord-européennes en Amérique.
En effet, entre l’Amérique Centrale et l’Amérique du Sud, il est possible de
trouver des pétroglyphes et des pictogrammes préhistoriques dont les représentations
(en général des représentations cosmologique/ cosmogoniques et symboliques*) sont
très semblables aux pictogrammes et aux gravures rupestres qu’on peut admirer entre
l’Angleterre et la France. Un éclatant exemple concerne la célèbre Pedra Pintada au
Brésil et les pétroglyphes de Pusharo au Pérou, déjà décrits dans mon ouvrage (7).
En outre, le spécialiste Andrew Collins a trouvé récemment d’autres pictogrammes
très semblables à ceux trouvés près de l’île de Cuba (8). En considérant aussi les énigmatiques représentations d’hommes indiscutablement blancs et barbus retrouvées dans
diverses régions d’Amérique Centrale et d’Amérique du Sud, également de dimensions considérables, existant sur les roches des montagnes andines (voir par exemple le
visage barbu d’Ollantaytambo qui apparaît sur la couverture de mon livre) et la récente aide apportée par des études de l’ADN des Amérindiens qui ont révélé au moins
un groupe haploïde d’ancienne dérivation caucasienne/ européenne (de 30.000 à
15.000 AEC) (9), voilà qu’il est possible de supposer une forte migration “glaciaire”
provenant aussi du contexte atlantique/ européen.
Nous pouvons donc penser à une solution satisfaisante pour tous : l’habitat des
“Polaires” nordiques dut être abandonné de force avec l’arrivée de la nouvelle et dernière phase glaciaire (25.000 AEC). Cette migration étalée sur des millénaires poussa
ces peuples à rejoindre des territoires libres de glaces dans les régions atlantiques (où la
mer était plus basse d’au moins cent mètres et où on pouvait trouver un vaste espace
et des îles suffisantes pour instaurer une sorte de culture “Atlantide”). La catastrophe
suivante que provoqua la fin de la glaciation et l’élévation soudaine des mers obligea
les survivants à tenter de constituer un nouvel ordre social en Amérique Centrale et en
Amérique du Sud. Avec les frères indiens provenant de Béring se constitua ainsi cet
“Empire Amazonien”, si longtemps recherché par les explorateurs et par le soussigné
– décrit dans mon ouvrage – et contemporain des autres cultures post-glaciaires qui
s’étaient formées dans d’autres parties du monde au cours des millénaires, par l’œuvre
d’autres rescapés du déluge* : en Inde, en Chine, au Moyen-Orient et en Egypte. »»
Marco Zagni
NOTES
- 1) Marco Zagni, L’Impero Amazzonico, Mir Edizioni, Florence, 2002.
- 2) Dans ce cas spécifique je considère comme incroyable que l’ouvrage de
Posnansky sur Tiahuanaco n’ait été jamais traduit. Voir Arthur Posnansky, Tiahuanacu: Cradle of American man, ed. J. Augustin, New York, 1945.
- 3) Piero Angela, Nel cosmo alla ricerca della vita, ed. Garzanti, Milan, 1983.
- 4) Alan Alford, Il mistero della genesi delle antiche civiltà, Newton-Compton éditeurs, Rome, 2000.
- 5) B.G. Tilak, La dimora artica nei Veda, Ecig, Genova, 1994.
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- 6) Voir par exemple le livre d’Edmund Kiss, Die letze Konigin von Atlantis, Koehler
& Amelang, Leipzig, 1931.
- 7) L’Impero Amazzonico, op. cit., chap. 4 et 6.
- 8) Andrew Collins, Le porte di Atlantide, Sperling e Kupfer ed., Milan, 2000.
- 9) Voir l’article d’Antonio Aimi, «Quei navigatori della Preistoria», dans Sole 24
Ore du 25 juin 2000.
[N1] : Cette date doit être ramenée un peu avant 1200 AEC car les Prêtres de Saïs que cite Platon
calculaient en lunaisons (cf. aussi l'opinion de Jürgen Spanuth). Le reste de la phrase concernant
les éventuelles causes de la déglaciation est correct, ce que nous développons dans notre article Déluges* sur notre site < racines.traditions.free.fr> mais pas la fin de la dite phrase évidemment !