Étude sur le dégroupage et sa mise en œuvre
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Étude sur le dégroupage et sa mise en œuvre
Étude sur le dégroupage et sa mise en œuvre Résumé du rapport Analysys Consulting pour le CSTI – 29 novembre 2002 Le Conseil stratégique des technologies de l’information (CSTI - http://www.csti.pm.gouv.fr) a mandaté Analysys (www.analysys.com) pour réaliser une étude sur la mise en œuvre du dégroupage dans huit pays où l’accès au haut débit est développé : l’Allemagne, la Belgique, la Corée du Sud, le Danemark, les Etats-Unis, le Japon, le Royaume-Uni et la Suède. Principaux messages sur le développement du dégroupage • Le développement du dégroupage n’est pas directement lié à celui du haut débit mais apparaît relativement plus important dans les pays où le développement des autres technologies d’accès au haut débit (principalement le câble) est faible. • Le prix des lignes dégroupées n’est pas (pour le moment) un facteur structurant du dégroupage. • En revanche, les facteurs importants liés au développement du dégroupage sont sa date de lancement et les conditions techniques et opérationnels de sa mise en œuvre. Ces conditions traduisent le comportement des différents acteurs de l’industrie, et en particulier : – la volonté de l’opérateur historique à empêcher ou ralentir le bon fonctionnement du processus – la capacité des opérateurs alternatifs à s’organiser et à défendre leurs intérêts face à l’opérateur historique – la capacité du régulateur à faciliter le bon déroulement du processus du dégroupage. Étude sur le dégroupage et sa mise en œuvre - Résumé Comparaison des conditions techniques et opérationnels des différents pays étudiés Les principales difficultés et facteurs clés de succès rencontrés dans les pays étudiés sont illustrés dans la Figure 1. Principales difficultés z z z z z Pas ou peu d’accès aux informations pertinentes pour le dégroupage (adresse et couverture des répartiteurs, utilisation des salles de colocalisation, qualité des lignes, créneau horaire de mise en service des lignes dégroupées) Délais dans le traitement des informations et dans la prise de commandes avec l’opérateur historique, manque de coordination entre les différentes prestations fournies, notamment pour la fourniture des liens métropolitains Comportement discriminatoire de l’opérateur historique (qui peut privilégier ses divisions de vente au détail par rapport à la concurrence) Nouveaux entrants pénalisés par le retard de leurs offres DSL par rapport à celles de l’opérateur historique Complexité du processus d’allocation d’espace dans les salles de co-localisation Figure 1: Principaux éléments de réussite z z Régulateur contrôlant le bon fonctionnement du processus Organisme (régulateur ou autres) disposant : z z z z d’un réel pouvoir pour influencer l’opérateur historique d’un pouvoir de décision rapide (si possible en moins de trois mois) Bonne visibilité sur les objectifs du régulateur et son plan d’action (les tests de ciseaux sont par exemple souvent sollicités pour comparer les prix de détail et des options du dégroupage) Bonne entente entre les opérateurs alternatifs Echanges d’informations sous format électronique entre les opérateurs alternatifs et l’opérateur historique, et processus automatisés Option de co-mingling disponible (option de colocalisation rapide à mettre en place et significativement moins chère que les solutions de co-localisation physique classiques) Principales difficultés et éléments de réussite pour la mise en oeuvre du dégroupage [Source: Analysys] Le tableau ci-après (Figure 2) résume et compare la mise en œuvre du dégroupage dans les huit pays étudiés. Dans ce tableau, le niveau de développement du dégroupage est donné par « tiers », en fonction du pourcentage de lignes dégroupées par rapport au nombre total de lignes DSL : • le « 1er tiers » correspond aux pays ayant plus de 10% de leurs lignes DSL dégroupées • le « 2ième tiers » correspond aux pays ayant plus de 1% de leurs lignes DSL dégroupées • le « 3ième tiers » correspond aux pays ayant moins de 1% de leurs lignes DSL dégroupées. 2 Étude sur le dégroupage et sa mise en œuvre - Résumé Pays Niveau de développe- Lignes DSL Evaluation 3 Commentaires dégroupées (% du mise en œuvre ment nombre total de du dégroupage lignes DSL) dégroupage* Allemagne 2ième tiers 100 000 (3,8%) 1,33 Belgique 3ème tiers 1 000 (0,3%) 2 Malgré une bonne entente entre les opérateurs alternatifs, l’opérateur historique a pris une avance importante dans le lancement de services haut débit Corée du Sud 3ème tiers 0 (0%) ND Dégroupage lancé en août 2002. Une politique volontariste du gouvernement pour le développement d’infrastructure haut débit et une forte densité de population ont permis le développement d’une concurrence essentiellement fondée sur des opérateurs possédant leur propre infrastructure Danemark 1er tiers 41 321 (27%) 3 Pays européen le plus avancé concernant le dégroupage du fait d’un lancement relativement précoce, un bon positionnement des opérateurs alternatifs avant le lancement du dégroupage et une bonne entente entre les différents acteurs de l’industrie Etats-Unis 1er tiers 539 000 (11%) 3 Lancement du dégroupage précoce avec tentative de motivation des opérateurs historiques pour offrir un comportement non discriminatoire Japon 1er tiers 1 913 517 (58%) 2,33 Pays le plus avancé concernant le développement du dégroupage. Le lancement du dégroupage a eu lieu avant qu’une loi ne l’impose officiellement (décision politique de la part de NTT pour défendre son image publique) RoyaumeUni 3ème tiers 600 (0,2%) 1,67 La mise en œuvre du dégroupage a connu un retard important dû au mauvais fonctionnement du processus d’allocation d’espace dans les salles de co-localisation Suède 2ème tiers 5 063 (1,5%) 2 Lancement relativement précoce par rapport aux autres pays européens et existence d’autres technologies d’accès haut débit Figure 2 : Lancement opérationnel du dégroupage précoce mais de nombreux retards dus aux difficiles négociations entre l’opérateur historique très protectionniste et les opérateurs alternatifs très agressifs Synthèse de la mise en œuvre du dégroupage dans les différents pays étudiés. *La note « 3 » représente la situation la plus favorable au dégroupage et la note « 1 » la moins propice à son développement [Source: Analysys] Étude sur le dégroupage et sa mise en œuvre - Résumé Enseignements en première approche pour la France • Les services DSL sont disponibles en France depuis fin 1999, et les premières lignes DSL totalement dégroupées sont apparues au troisième trimestre 2001. Par rapport aux autres pays étudiés, ceci représente un développement relativement tardif. • Fin juin 2002, la France avait 964 000 lignes haut débit (1,6% de la population), dont 731 000 lignes DSL (76% des accès haut débit) et 756 lignes dégroupées (0,1% des lignes DSL). Ceci place la France dans le troisième tiers des pays étudiés. Les récentes baisses du prix des offres dégroupées et des offres de détail DSL peuvent faire évoluer cette situation rapidement. • Les points opérationnels suivants devraient favoriser le développement du dégroupage en France : – informations de l’opérateur historique disponibles sous format électronique – automatisation progressive des échanges d’information – disponibilité du co-mingling (depuis juin 2002). • Le régulateur est actif sur le dégroupage. En cas de montée en charge rapide, il faudra s’assurer qu’il a les ressources nécessaires pour : – arbitrer le plus rapidement possible les différents entre opérateurs – observer le comportement non discriminatoire de l’opérateur historique concernant le dégroupage (notamment entre ses activités de fourniture de services xDSL de détail, et les opérateurs alternatifs offrant des services équivalents grâce au dégroupage). 4