Niccolo Paganini - 24 Caprices

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Niccolo Paganini - 24 Caprices
Niccolo Paganini - 24 Caprices
Écrit par Ophanin
Mercredi, 11 Janvier 2006 22:12
Dans la famille Brûlons nos idoles, je voudrais... hmm. Niccòlo Paganini. Je voudrais vous
causer de cet individus qui déchaîna les foules en son temps. Une véritable Rock Star. Sa vie
fut un roman et son oeuvre fut démoniaque. Notre camarade a eut pour petite misère toute sa
vie d'être soupçonné d'avoir fait un pacte avec le Diable. Pourquoi ? Venons-y.
Les 24
Caprices. 'Pour violon soliste. Dédié aux artistes' A l'âge de 12 ans, il était déjà un virtuose du
violon reconnu à Gêne, sa ville natale. En 1801, à 19 ans il était enfin le chouchoux des cours
d'Europe même si elles n'avaient entendu de lui que des échos lointains pour la bonne raison
qu'il ne détenait pas les moyens nécessaires à de tels déplacements. A 23 ans il devient le
violoniste de la sœur de Napoléon Ier.
Ah, vous êtes épaté ? On ne réussit pas une
ascension pareille sans avoir un petit truc.
Niccòlo aimait l'exubérance à en mourir. Il adorait
s'habiller avec de longs manteaux noirs évasés, brodés sur le col et les manchettes. Ca ne
vous rappel rien ? Alors continuons. Il avait des cheveux longs, noirs de jais et gras qui lui
tombaient sur les épaules. Toujours rien ? Décidément. Allons plus loin dans la description. Il
ne mangeait presque pas, d'une apparence cadavérique il avait une peau au teint très très pâle.
Rachitique, habits longs et sombres. Un gothique ! Bravo, vous gagnez une horloge gonflable.
Restons sur son corps. Cet homme détenait fermement ce qu'on appel aujourd'hui entre
scientifiques la 'Classe'. Vous connaissez Lestat dans les Chroniques des Vampires, bah c'est
un petit joueur à côté. Paganini menait une vie intense et on le sent dans son jeu à la fois
musical et de scène. C'est bien simple, il sautait partout. Il vivait sa musique, une attitude rare
de nos jours. Il faisait son show seul sur scène devant une salle comble et effarée. Ses ‘poils
de tête’ démesurés constamment gênants, l’obligeaient à les rejeter en arrière comme
aujourd'hui lorsqu'une personne dotée d'une forte capillarité headbang, fait le ventilo.
Musicalement, chapeau bas. Je ne sais si vous avez en mémoire les violons d'Anorexia
Nervosa mais sachez que ce serait de la rigolade si nous les comparions mais le sujet ne se
situe point là, vous vous égarez mon ami. (Ano = super-balèze). Les 24 Caprices sont
composés en 1817 et décomposés en 24 Caprices, on ne s'en serait pas douté. Nommés
respectivement : premier caprice, deuxième caprice, etc... Il ne s'est pas foulé dites-vous ? Sur
les noms, clair que lyrisme ne sortait pas du lot. Faut dire que le mélange littérature et musique
commençait tout juste. Il développe un exercice de violon déjà excessivement complexe pour
le rendre encore plus dure. Dans ces 24 Caprices il n'y a pas d'émotion à l'origine ensuite selon
l'interprète forcément ça change. Là on s'approche d'Immortal. 'Pure Holocaust' ‘Blizzard Beast'
sont sur ce principe consistant à ne faire que de la rapidité et de la technicité. Il a publié ses
partitions, c'était la tradition lorsqu'un auteur est connu depuis la Renaissance (depuis que
n'importe quel notable peut s'offrir le luxe d'avoir un instrument sans trop d'entretiens), on fait la
démarche auprès des éditeurs et on gagne plein de sous. Le recueil est sous-titré 'aux artistes',
quelle ironie ! Parfaitement volontaire soyez tranquille. Ses compositions sont bigrement
difficiles, dans tous les sens du terme. Elles sont conçues de façon à ce que n'importe qui un
tant soit peu versé dans le solfège puisse les lires. Mais personne, absolument personne, ne
pouvait jouer ces amoncellements de notes si proches les unes des autres et surtout prévues
pour un seul violon ! Personne ? Non. Seul un irréductible génois le pouvait. Paganini
lui-même, vous le saviez. Rappelons qu'e la virtuosité, ça le connaît. Expliquons sa technique
par le biais d'un exemple, faisons une métonymie. (Ca s'écrit bien comme ça ?) Le premier
Caprice. (original dis donc) Les 20 premières secondes montrent l'exercice de base déjà ardu.
Ensuite il rajoute des notes en accélérant. Puis il fait deux autres mouvements sur ce même
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thème compliqué, en le rendant encore plus dure et plus rapide avec plus de notes. Ca clou sur
place. Tant d'aisance. D'énergie. A l'écoute il y a comme 2 violons. Alors que non, pas du tout,
là encore vous vous égarez stupidement ! Un violon, un archer et deux mains. Seulement.
Pourtant la vitesse semble telle qu'il s'entend deux instruments véloces en même temps qui
auraient note après note chacun leur tour le droit de faire un son, dans une succession
endiablée. Les autres Caprices sont du même acabit. Mais le niveau augmente. Plus dure.
Plus long. Plus éreintant. Oui, effectivement, j'oubliais sottement : L'artiste finissait en sueur
après l'effort surhumain qu'il venait de fournir. Technique et intense. Froid et énervé. Les
grandes idées du Black Metal et du Death s'y retrouvent. Et le Dark Ambient ? Hélas, croyez
bien que j’en suis navré pour vous mais ça n'a strictement aucun lien. Révélations
fracassantes ! (Je le fais bien ?) Paganini tombe dans la drogue ! Paganini trompe le prince
Charles avec Michael Jackson ! Paganini toujours le né entre les côtelettes de Benoît XVI !
Oups. Rien de tout cela ne possède la moindre parcelle de véracité. Par contre sa façon de
jouer si innovante, si impraticable, si époustouflante, si. Je ne m'embrase pas ! Réalité, mon
ami, rien que la vérité. Si personne ne pouvait jouer ses 24 Caprices, il fallait bien une raison
valable. Tous les virtuoses de l'époque s'y sont mordus les doigts. Il manquait un
je-ne-sais-quoi, les suraigus ne pouvaient pas s'atteindre. Comment faisait-il pour jouer avec
des sonorités suraiguës ? Une octave plus aiguë que la science ne le permettait ? De là est
né le 'mythe', là c’est le Drame : Paganini a juste fait un pacte avec le Diable. Si aucun virtuose
même les vieux loups de la musique ne pouvait faire autant que ce gamin c'est forcément qu'il
trichait, qu'il mentait ou qu'il était d'essence démoniaque... Certains sont allés le voir à Gêne,
Naples, Rome, Venise, là où on l'invitait tout bêtement. Ils ont pus constater qu'un cadavre
jouait vigoureusement sur scène. Remuait les bras et les doigts extrêmement vite. Trop vite.
Bien plus que les livrets sur lesquels ils travaillaient ne le demandaient. Pour l'anecdote : tout le
monde cherchait à distinguer un pied crochu sous ses longs vêtements. Un Diable ! Seul
Satan peut faire des mélodies aussi dures et rapides à la fois sans mourir d’une crise cardiaque
irrémédiablement. Une bête de scène aussi. Son petit truc pour la foule en délire, partagée
entre l'horreur et la fascination, c'était de sortir des ciseaux de sa poche pour ... pour ? Bah
Pour couper les cordes de son violon ! Il continuait de jouer à la main gauche en coupant toutes
les cordes sauf une, sur laquelle bien entendu il poursuivait son show. Alors là, vous dites
'Wouah ! La vache !' en version anglophone 'Hauow. The cow.' Mais vous avez raison.
Déchaînez-vous. Vendez votre grand-mère, hypothéquez vos enfants et fumez de la coke en
buvant du tabac ! 'Mais bon sang ! Tu vas nous le dire ce que c'est que son truc à la fin !' Ah
ah. Suspense... Après une page de pub, vous saurez tout, tout, tout sur le Paganini.
'Aquawater ! L'eau en poudre officielle de l'équipe de France. N'hésitez plus, Aquawater c'est le
bonheur. Aquawater et on chante tous en chœur' Bonjour mes amis ! Pour ceux qui prennent
l'émission en route, sachez que notre invité du jour est ... PAganiNI ! Alors, mon petit
bonhomme, quel est ton truc pour jouer dans les suraiguës alors que techniquement, c'est
impossible ? Et pour faire autant de notes à la main gauche ? Bref ! Dis tout à nos braves
gaillards de téléspectateurs. 'Eh bien, simplement... J'ai une... une... Ca me 'Gênes'...' Oh oh !
C'est un bon début ! Continus, mon pote. 'J'ai une déformation de la main gauche.' Oooooooh
'Ainsi je peux bouger mes doigts différemment, aller plus loin sur les cordes, jouer plusieurs
gammes en même temps et plus vite.' Incroyable ! Quelle révélation époustouflante !
Arrêtons là cette émission étrange. Parlons du succès de notre homme. Retentissant. Toutes
les villes où il se rendait pour jouer, voyaient se rallier des milliers d'individus qui ont tout fait
pour le voir. Beethoven est parti de Bonn à pied sans le sou. Des gens vendaient leurs
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meubles. Il passionnait par son talent, ses prouesses uniques de chez unique et son intensité
remarquable instantanément. Cette façon de transpirer comme un suidé dans un bain turc…
Brrr. Tout déchaînait les passions les plus hystériques. Je vous mets un extrait du Journal des
Débats de Paris (qui faisait la pluie et le beau temps de ce milieu) publié lors d’un passage à
l’opéra : ' Que les femmes nouvellement accouchées y mènent leur nourrisson afin que dans
soixante ans, ils puissent se vanter de l'avoir entendu ! ' Paris était la capitale de la musique,
ça donne une idée de son apogée... En 1834, après de multiples tournées couronnées de
gloire, Paganini rencontre l'homme de sa vie, son idole par-dessus tout : Berlioz. Il fut très
impressionné par la représentation de la Symphonie Fantastique. Pour l'anecdote (j'aime ça) :
Niccòlo s'est mis à genoux pour lui embrasser la main droite. Il lui demanda de composer une
oeuvre toute destinée, qui soit vraiment à sa hauteur pas comme les autres minus, ses
détracteurs. Berlioz créa 'Harold en Italie' et Paganini trouva cela trop facile... Vexation du plus
grand compositeur français de tous les temps avant que je ne me mette à créer mon matériel
musical. Bref, énorme reconnaissance, adulation totale et jalousie partielle. Paganini fut le
plus grand virtuose violoniste depuis Vivaldi, le Maître Roux. Non seulement, tout humain sensé
le pensait mais lui-même en était convaincu. A partir de 1835, le syndrome Darkthrone le
gagne, il arrête toute représentation. Estimant qu'il détient une fortune assez conséquente, il se
retire dans sa villa de Parme avec du jambon... De temps à autre, il fait une petite scène mais
ça s'arrête là. Il aura de graves soucis de santé. Il ira à Nice dans l'espoir vain (comme tout
espoir) de se faire soigner. Il y meurt en 1840. La puissance et l’ultra-rapidité de ses
compositions ont fasciné son temps et ses plus formidables acteurs : Liszt, Schumann, mais
aussi les compositeurs plus récents tels que Rachmaninov, Brahms ou Dallapiccola.
Résumons. Extrêmement rapide. Extrêmement difficile. Extrêmement fatigant. Merveilleux, que
de l'extrême. Tout son instrument était poussé dans ses derniers retranchements. La sonorité,
une gamme supérieure. Une main allongée pour faire encore plus de notes, encore plus
variées, encore plus vite. Une dextérité hors du commun. Une apparence mortifère. Une
personnalité maniaco-dépressive à forte tendance neurasthénique. Un génie sincère sans
fioriture. Une conscience nouvelle du spectacle. Et enfin, une composition inédite, mêlant deux
morceaux. Un pour chaque main qui donnent l'impression qu'un troisième se joue sous vos
oreilles éberluées. Le meilleur interprète ‘contemporain’ (selon moi) campe en la personne
d’Itzahk Perlman. Il a su révéler la face cachée, plus émotive, des 24 Caprices. Une œuvre
dérangeante par ses expressivités variables selon les violonistes de très haut niveau qui s’y
collent. Fondamentalement perverse et démoniaque, elle plaira aux fanas de musiques
extrêmes. Ca fonce, ça dépote, ça avoine sévère, c'est Paganini.
Tracklist :
1.premier caprice
2.deuxième caprice
3.troisième caprice
[...]
24.vingt-quatrième caprice
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