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Pierre LEVERGEOIS ( LA 34-37 Au 37-40) ) nous a quittés
Dans le carnet du Jour du Figaro du jeudi 2 décembre, le faire-part du décès de Pierre
Levergeois, ancien enfant de troupe, ancien membre de la DST, Prix Raymond Poincaré,
Prix des écrivains combattants, médaillé militaire, chevalier de l'ordre national du Mérite,
croix de guerre 1939-1945 avec étoile d'argent. La cérémonie religieuse sera célébrée le
vendredi 3 décembre en l'église Saint-Hermeland de Bagneux (Hauts-de-Seine) où l'on se
réunira à 10 h 15, suivie de l'inhumation au cimetière communal.
En souvenir de notre ancien, vous trouverez ci-dessous les quatre livres écrits par Pierre
LEVERGEOIS. Il est également l’auteur d’un roman écrit en italien. Il existe aussi une
autobiographie sous la forme d’un DVD.
A sa manière, il avait participé à nos manifestations du centenaire, en effet, Jacques
MASSIAT (LA 54-59 Ai 59-60) a lu un poème de Pierre LEVERGEOIS aux cérémonies du
centenaire de l’Association des AET, aux Andelys le 5 mai 2010, le 8 mai à Auchel (62) pour
l’hommage à René RICOUARD (Bi 1941 1944), et à Montreuil-sur-Mer le 19 septembre
2010.
Vous trouverez le texte de ce poème intitulé « La complainte des soldats morts » à la fin de
cet article.
LES FILS DU LION. Journal de marche d’un enfant de troupe. (Editeur Alsatia. Paru
en 1969. Prix Raymond POINCARE en 1969).
16 juin 1940 :L'Ecole d’Autun se replie sur Billom, puis Tulle, Chaumeyrat (Corrèze) pour
aboutir le 26 août 1940 à Valence dans la caserne "Chareton".
Juin 1940 : Un fait d'armes peut connu mais glorieux sera perpétré lors de ce repli par les
Elèves du Peloton d'Artillerie de l'Ecole :
Lors de leur repli à cheval, une trentaine d'entre eux sous les ordre de l'Adjudant
GRANGERET surnommé 'Le LION' s'opposeront à l'avancée allemande à Toulon-surArroux. L'embuscade qu'ils ont menée coûtera plus d'une dizaine de morts aux Allemands. Le
peloton poursuivi par les forces ennemis réussira à s'en sortir et ralliera l'Auvergne à cheval
(Lire "Les Fils du Lion" de Pierre LEVERGEOIS (Ed. Alsatia) qui relate cet épisode qu'il a
vécu personnellement.)
J’ai choisi la DST. Souvenirs d’un Inspecteur. (Flammarion 1978. Prix des écrivains
combattants en 1978).
J'ai choisi la D.S.T. constitue un document exceptionnel, au sens littéral du terme, car il est
l'exception. Pour la première fois, un inspecteur de la Direction de la Surveillance du
Territoire parle, raconte ses souvenirs accumulés pendant les trente années qu'il a passées
dans le service français du contre-espionnage.
Par le jeu du simple hasard, et non par idéal politique, l'auteur a accompli presque toute sa
carrière dans le groupe chargé de réprimer l'espionnage soviétique en France. En évoquant de
nombreuses affaires dans leurs replis les plus tortueux, affaires pour la plupart demeurées
secrètes, il nous fait pénétrer au fil des pages dans un univers mystérieux, parfois sordide,.
Un vieil air du pays- Souvenirs d’un enfant bas-Normand. (Alan Sutton 2003)
Avranchinais de souche, Normand de cœur, Pierre Levergeois est né en 1921. Il nous fait
revivre ici son enfance et son adolescence, à la ville comme aux champs, jusqu’aux prémices
de la seconde guerre mondiale. Le monde d’autrefois renaît avec ses personnages hauts en
couleur : le maître d’école Salpin et son trombone en cuivre, . . .
Les oubliés de la taïga : Trois jeunes Français au Goulag (1947-1955). (Edition de ParisMax Chaleil 2010)
Dans les années 1950, l'auteur a mené des recherches dans le cadre de son travail à la DST
pour retrouver des Français disparus en Union Soviétique à la fin de la Seconde Guerre
mondiale. Il réunit les témoignages de trois d'entre eux, deux femmes et un homme, arrêtés
par le NKVD et condamnés à tort au travail forcé, sur leurs conditions de vie dans le camp du
goulag de Inta.
La complainte des soldats morts
Nous sommes les soldats morts de toutes les batailles
Surgis de la tranchée, fauchés par la mitraille,
Sur un lit de fortune, ô funeste agonie,
Dans le sang, dans la peur, sans une main amie.
Nous sommes les soldats sans nom et sans visage
Dont les restes mêlés embrassent l’ennemi.
Ossuaires géants ou nécropoles sages,
Les champs, landes ou bois nous gardent, endormis.
Nous avons fécondé le sol de notre sang,
Faisant monter les blés de la terre brûlée,
Et les pantalons rouges, bérets noirs ou dolmans
Ont fondu leurs couleurs pour verdir la ramée.
Nous sommes les soldats morts des combats aériens,
Là-haut, près des étoiles… Nous l’avons vue, la Mort,
C’est un grand oiseau noir ! Et le fer et le feu
Ont mordu nos entrailles et lacéré nos corps.
Nous sommes les soldats morts des batailles navales
Dans le cercueil d’acier des coques sous-marines
Et les ensevelis des grands vaisseaux coulés
Qui ne connaîtront pas la douceur de la terre,
Epaves éternelles au creux des océans.
Nous sommes les soldats morts sur la terre étrangère
Sans autre horizon que ceux des barbelés,
Et ces autres soldats, debout, sans uniforme,
Les traqués, fusillés dans la pâleur de l’aube,
Les morts exterminés dans les camps de l’enfer,
Nous, les héros sans gloire, cohortes sans drapeaux,
Morts de faim et de froid, de misère et de coups,
Morts pour la liberté, morts pour avoir dit «Non !»
Nous sommes les soldats morts sur les plages normandes,
Touchant du pied un sol tant de jours espéré,
Sans pouvoir approcher le bocage ou la lande,
Là, si proches. Et pourtant… Ah ! Pouvoir les toucher…
Nous sommes les soldats tombés pour un drapeau.
Nous étions «de couleur» et lui en avait trois !
Mêlant tous notre sang pour un même flambeau,
Gisant sous le croissant, l’étoile ou bien la croix…
Nous sommes disparus dans le vert des rizières
Pour la patrie lointaine et qui nous méconnut,
Privés de la douceur de nos horizons clairs,
Au pied d’une pagode et d’un dieu inconnu.
Nous sommes les soldats morts au vent chaud du désert,
Une lâche embuscade, un poignard dans le dos,
Et le gentil Breton ne verra plus sa mère,
Ni sa femme chérie et ses deux angelots.
Nous sommes les soldats morts de ces terres lointaines,
Du Tchad ou du Liban, d’Irak ou Somalie,
De Bosnie ou d’ailleurs, képis blancs, casques bleus,
Paras venus du ciel pour protéger la vie.
Nous sommes les soldats morts de toutes les batailles
Pour qui sonne le glas ou l’envol des clairons,
Sous la croix, dans un champ, couchés sous les semailles,
Sans même un caillou blanc qui porte notre nom.
Nous n’avons pas connu l’ivresse des victoires
Le regard extasié de la femme, au retour,
Le baiser de l’enfant effleurant nos joues noires,
Ses boucles, sa peau fraîche et les gestes d’amour.
Nous sommes les soldats morts de toutes les batailles !
Pour nous n’ont pas sonné les joyeux carillons,
Les cloches de la paix réjouissant la campagne,
Notre berceuse fut l’âpre voix du canon.
Comme il est doux le chant du vent dans nos montagnes !
Mais notre âme frémit dans la soie des drapeaux
Et monte avec la flamme sous l’Arche des Victoires,
Car tous, nous sommes là, inscrits dans les mémoires
Afin que nous restions de lumineux flambeaux !
Nous sommes les soldats morts de toutes les batailles !
Pierre LEVERGEOIS (LA 34-37 Au37-40)