Compte rendu ELEMENTS DE REFLEXION DANS LE CHOIX DES

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Compte rendu ELEMENTS DE REFLEXION DANS LE CHOIX DES
Compte rendu
ELEMENTS DE REFLEXION DANS LE CHOIX DES MODES DE VITICULTURE
ET L’ADAPTATION DES CEPAGES
Auteur : Eric Serrano – ITV France Midi-Pyrénées
Contact : V’innopôle – BP 22 – 81310 Lisle sur Tarn
Date de publication : 2001
SOMMAIRE
1 – ADAPTATION DES CEPAGES
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2 – DENSITE DE PLANTATION
2.1 – Densité de plantation et sécheresse
2.2 – Densité de plantation et colonisation racinaire
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4
4
3 – LE RAPPORT SURFACE FOLIAIRE/POIDS DE FRUITS
3.1 – Rappel de physiologie
4
4
4 – FAVORISER LA PUISSANCE DE PRODUCTION DU FEUILLAGE
4.1 – Les systèmes de conduite destinés aux faibles densités de plantation
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6
5 – BIBLIOGRAPHIE
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Eléments de réflexion dans le choix des modes de viticulture et l’adaptation des cépages
Aborder le sujet de l’adaptation des cépages et des modes de culture de la vigne nécessite une
approche exhaustive de l’ensemble des facteurs pouvant influer sur le végétal ; chose très ambitieuse à
laquelle nous ne nous risquerons pas ici. Nous nous contenterons de dégager quelques éléments de
réflexion autour du choix des cépages, de la densité de plantation et surtout du rôle du feuillage sur la
qualité du produit fini.
1 - ADAPTATION DES CEPAGES
Les possibilités culturales offertes par la vigne sont très larges. Elle est susceptible de pousser partout
ou presque dans le Monde et ce quel que soit le cépage.
Chacun d’eux possède pourtant des caractéristiques spécifiques dont l’expression peut être modulée
par les éléments naturels (climat et sol) et par les techniques de conduite et d’entretien choisies.
Les exigences spécifiques des cépages concernent avant tout leurs besoins en chaleur et en eau qui
vont déterminer leur précocité et l’époque de maturité. C’est un premier élément de choix des cépages.
Mais, le choix du cépage peut être également fonction de sa productivité. Cette dernière est fluctuante
selon les conditions climatiques et édaphiques, néanmoins le cépage a une productivité qui lui est
propre : forte, moyenne, faible. Chaque cépage peut être ainsi classé selon son niveau de production.
Les contraintes culturales influent aussi sur le choix des cépages. A titre d’exemple, sur les zones où il
existe un risque de gel de printemps, on préfèrera les cépages à débourrement tardif. La réflexion se
portera également sur la sensibilité à la coulure, à la pourriture grise ou aux maladies du bois.
Enfin, et non des moindres, le choix d’un cépage se fera en fonction de ses aptitudes technologiques et
donc de la qualité du produit recherché. Selon que l’on opte pour une production de vins liquoreux, de
vins de garde ou pas, de vins mousseux ou même d’eaux de vie, le choix sera différent.
Le viticulteur français dispose depuis plusieurs années d’un catalogue des variétés et clones de vigne
présentant les aptitudes culturales, la sensibilité aux maladies et les potentialités qualitatives de chacun
des cépages cultivés. Cette source d’informations participe à un choix toujours plus judicieux de
l’encépagement en fonction des terroirs et de l’objectif de production.
2 - DENSITE DE PLANTATION
La densité de plantation a longtemps été considérée comme le paramètre déterminant de la qualité,
aussi est-elle soumise à des règles strictes dans les décrets des appellations d’origine.
Après le phylloxera, le développement de la mécanisation a été l’occasion en France d’établir les
vignobles sur de nouvelles bases. On a assisté à une standardisation des vignobles.
Trois grands types de densité sont aujourd’hui développés :
3000 pieds/ha
4500 pieds/ha
8000/10000 pieds/ha
A travers ces choix de mode de culture, deux schémas s’affrontent ou doivent être conciliés : qualité et
rentabilité
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Rentabilité : une augmentation de l’écartement entre les rangs autorise l’utilisation de matériel
polyvalent et une diminution des charges. La réduction des coûts d’exploitation a été possible par une
diminution des travaux manuels.
Ces vignes hautes et larges qui couvrent plusieurs millions d’hectares (ha), sont caractérisées par des
écartements de 2.50 à 3.60 m pour des densités moyennes de 2.500 à 3.600 pieds/ha. Les troncs sont
généralement hauts avec des systèmes de taille à long bois. Toujours dans un souci de rentabilité, ce
type de vignes est conduit dans un système monoplan vertical.
Qualité : Privilégier l’équilibre de la plante est l’élément moteur de la viticulture moderne. Le choix
des modes de culture sera basé sur cette recherche de l’équilibre. Cependant, de nombreux essais dans
les années 70 ont montré qu’à rendement égal, les vignes à faible densité sont toujours de qualité
inférieure. Globalement, la diminution de la densité de plantation provoque une augmentation de
vigueur des souches. La charge par souche est bien évidemment augmentée pour maintenir un même
niveau de rendement. L’équilibre de la plante en est alors perturbé.
2.1 - Densité de plantation et sécheresse
Les plantations denses sont plus sensibles à la sécheresse parce que les souches sont moins
vigoureuses, le feuillage plus important (donc nécessitant une alimentation supérieure), et les
nombreuses racines des couches superficielles souffrent davantage pendant l’été. C’est pourquoi, en
l’absence d’irrigation, la densité à l’hectare diminue des régions tempérées vers les régions plus
sèches.
La densité de plantation doit tenir compte de la pluviométrie locale, et des possibilités d’irrigation.
Dans une situation où le stress hydrique peut être sévère, de faibles densités sont donc nécessaires
pour conserver les ressources en H2O et éviter de trop forts stress défavorables à la qualité.
2.2 - Densité de plantation et colonisation racinaire
Plus la densité est élevée et plus le sol est rapidement occupé par les racines. Cependant, lorsque la
densité de plantation augmente, le poids des racines par cep diminue, même si la densité racinaire (par
mètre carré de terre) s’accroît.
Plus cette densité racinaire est importante, plus elle sera capable d’absorber les éléments minéraux du
sol (et donc assurer l’activité de la plante). C’est pourquoi, une densité racinaire élevée est d’autant
plus souhaitable que le sol est pauvre en éléments. Elle est obtenue par des densités de plantation
élevée.
3 - LE RAPPORT SURFACE FOLIAIRE/POIDS DE FRUITS
Si l’on fait abstraction des conditions naturelles du terroir, et donc des relations existant entre le sol, le
climat et la plante, le viticulteur peut intervenir directement à travers ses choix sur l’équilibre de la
plante. Un des principaux facteurs est l’équilibre entre la quantité de feuilles et la quantité de raisins
laissés sur la souche. On parle de rapport surface foliaire éclairée (SFE) sur rendement.
3.1 - Rappel de physiologie
La quasi totalité des constituants de la baie de raisin provient de la photosynthèse. Elle a lieu dans les
feuilles. La réaction se fait sous l’influence du rayonnement lumineux et en présence de chlorophylle.
On considère alors la feuille comme un organe source. Le devenir de ces sucres est de trois ordres. Ils
servent au développement végétatif de la plante, au développement du fruit, au stockage d’énergie
sous forme de réserves amidonnées. Les organes de réserves (vaisseaux conducteurs, système
racinaire), les organes en croissance (apex, jeunes pousses), et les fruits sont considérés comme des
organes puits.
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Le feuillage joue donc le rôle de centrale énergétique de la plante. Son efficacité est déterminée par sa
capacité à capter le rayonnement et à distribuer sa production. Pour une même quantité d’énergie
reçue, la puissance sera répartie entre les différents organes puits.
Une production qualitative telle qu’elle est recherchée en viticulture, a deux objectifs :
favoriser la puissance de production du feuillage
assurer une bonne répartition de cette production
4 - FAVORISER LA PUISSANCE DE PRODUCTION DU FEUILLAGE
Selon leur emplacement sur la souche, les feuilles ont un potentiel photosynthétique plus ou moins
important. Il est ainsi acquis que les deux couches externes de feuilles pleinement éclairées reçoivent
en moyenne 2/3 de l’éclairement maximum.
Dès que l’on aborde les zones ombrées du feuillage, à l’intérieur du palissage, l’éclairement chute très
rapidement. Les couches de feuilles internes ne reçoivent que 1/10ème de l’éclairement maximum. Leur
rendement phytosynthétique peut être négligé.
Mesures de diffusion de la lumière au sein de la végétation (source : J.P. Argilier)
En pratique, il est donc très important de privilégier les systèmes de conduite qui permettent de
déployer une surface foliaire importante, tout en lui assurant un très bon microclimat lumineux et
thermique. Un stress hydrique modéré à fort, résultant d’une forte exposition ou de caractéristiques
pédologiques ne nuit pas à la photosynthèse. En cours de maturation, il permet de surcroît, par son
action limitante sur la croissance, d’orienter préférentiellement les assimilats vers les baies.
Il est donc nécessaire d’éviter un entassement trop important de la végétation pour gagner en
efficacité.
Les essais menés dans le Sud-Ouest de la France par l’ITV France montrent que pour des densités de
plantation moyennes (4000 à 5000 pieds/ha), l’augmentation du rapport entre la surface foliaire d’une
parcelle et sa production engendre une élévation de la qualité du produit fini jusqu’à un optimum. 1.5
à 2 m2 de feuilles exposées au soleil sont nécessaires pour faire mûrir 1 kg de raisin.
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13.6
13.2
12.8
12.4
Degré volume
12.0
11.6
11.2
10.8
10.4
10.0
9.6
9.2
8.8
8.4
8.0
0.0 0.2 0.4 0.6 0.8 1.0 1.2 1.4 1.6 1.8 2.0 2.2 2.4 2.6 2.8 3.0 3.2 3.4 3.6 3.8 4.0 4.2 4.4 4.6 4.8
Indice SFE / rendement
Evolution du degré des vins en fonction du rapport SFE/poids de récolte sur 3 cépages du Sud-Ouest de la France
L’augmentation des écartements entre les rangs s’accompagne d’un accroissement de la vigueur
comme nous l’avons vu. Cet accroissement se traduit généralement par une végétation plus
importante, difficile à palisser sans réaliser des entassements, feuilles de 3ème ou 4ème niveau peu
efficaces pour la photosynthèse. En outre, la diminution de la densité de ceps à l’ha s’accompagne en
parallèle d’une baisse de la Surface Foliaire Eclairée (SFE) à l’hectare. Ainsi, il apparaît qu’au-delà de
2 mètres d’écartement la SFE diminue très rapidement. Pour conserver des niveaux de potentiel
photosynthétique proches de ceux d’un vignoble à 1 – 1.5 mètres d’écartement, il est nécessaire
d’augmenter la hauteur de palissage. Or, pour des raisons pratiques (pressions latérales exercées par le
vent, matériel enjambeur), la hauteur du feuillage par rapport au sol ne peut excéder 2 m, 2.20 m.
Une solution sur vignoble à 2 m – 2 .50 m est d’abaisser au maximum la hauteur du tronc (0.4 m) dans
le cas de vignobles non sensibles aux gelées de printemps.
Lorsque les écartements sont plus importants, les palissages classiques monoplans apparaissent
souvent insuffisants pour assurer une bonne SFE à l’ha. Il est alors intéressant de faire appel à des
formes nouvelles de palissage conciliant écartement large et SFE importante. Les systèmes à double
plan de palissage, en particulier, répondent à cette exigence.
4.1 - Les systèmes de conduite destinés aux faibles densité de plantation
Les premiers travaux concernant l’amélioration de la production et de la qualité des systèmes à rangs
larges ont été entrepris aux Etats-Unis en 1965. La mise au point d’un système de cordon élevé, ouvert
vers le haut et comportant sur chaque rang deux haies de végétation retombante (GDC) a permis
d’améliorer le microclimat lumineux, d’augmenter la fertilité et de favoriser la maturation des raisins.
Depuis, différents systèmes, basés sur le principe de l’augmentation de la surface foliaire éclairée ont
vu le jour sur différents vignobles du monde.
La majorité des résultats indique que les systèmes de conduite larges en V et en U notamment donnent
à la fois des rendements plus élevés qu’un système monoplan tout en obtenant des maturités
comparables. C’est le cas par exemple des systèmes de conduite en Lyre ouverte.
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Exemples de systèmes de conduite destinés aux faibles densités de plantation (source : A. Carbonneau)
Le choix des modes de culture de la vigne doit s’appuyer sur les connaissances biologiques de la
plante et les données agronomiques du milieu. Cependant, il convient avant toute chose de préciser
quel type de produit on désire tirer de la vigne : un rendement maximum ou un vin de qualité. Il n’est
en effet plus besoin de démontrer l’antinomie de ces deux objectifs. L’utilisation des connaissances
scientifiques en est souvent inversée :
dans le choix des sols, très fertiles d’un côté, pauvres de l’autre
dans le choix des cépages, productifs ou non
dans la fertilisation pour obtenir une forte vigueur ou non
dans la taille, généreuse ou non …..
Le choix des modes de culture repose sur les réponses que l’on donne à ces questions. Cependant,
dans les deux cas de viticulture, la préoccupation du viticulteur doit être d’assurer une protection de la
vigne contre les ennemis et maladies du vignoble afin de ne pas compromettre la récolte mais
également d’assurer un niveau de maturité convenable au raisin.
En ce sens, il apparaît que la recherche d’un microclimat satisfaisant des feuilles et des baies doit être
une des préoccupations majeures du technicien lors de l’établissement d’un vignoble.
5 - BIBLIOGRAPHIE
F. Champagnol, 1984 – Eléments de physiologie de la vigne et de viticulture générale
P. Huglin, C. Schneider, 1998 – Biologie et écologie de la vigne – Editions Tec & Doc Lavoisier
A. Reynier, 1997 – Manuel de viticulture – Editions Tec & Doc Lavoisier
A. Carbonneau, C. Cargnello, 2001 – Analyse des architectures de vigne – Actes des 12èmes journées
du GESCO
Catalogue des variétés et clones de vigne cultivés en France, 1995 - ENTAV
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