Foot : Footballeurs maghrébins dans le football français / 4

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Foot : Footballeurs maghrébins dans le football français / 4
Foot : Footballeurs maghrébins dans le football français / 4 volets (L'équipe.fr, 1516/11/7)
(Sunday, 18 November 2007) - Contributed by Webmaster - Last Updated (Sunday, 18 November 2007)
Foot - Maghreb : Les footballeurs maghrébins dans le paysage footballistique françaisL'équipe.fr, 15-16/11/7Par S.
Raouf4 volets : Au souvenir de l'Hexagone - Ben Barek, le pionnier - 1958, l'équipe du FLN - Les Tunisiens s'exportent
moinsL'équipe.fr a présenté, la semaine dernière, le colloque inédit organisé à Marseille sur les footballeurs maghré
dans le paysage footballistique français. Dans la foulée de cette manifestation, et avant le France - Maroc de vendredi
au Stade de France, le site vous propose une série d'articles reprenant les échanges les plus stimulants enregistrés lors
des débats.
Au souvenir de l'HexagoneIls sont à l'histoire du football français ce que les ouvriers Nord-africains ont été au "Trente
glorieuses". Autant que leurs "compatriotes", les footballeurs maghrébins ont livré, eux aussi, leur part d'efforts aux
années de labeur qui, de 1946 à 1975, ont remis sur pied une France meurtrie par la seconde guerre mondiale. Trois
d'entre eux - et non des moindres - viennent de se rappeler, avec émotion, au souvenir de l'Hexagone. Les Algériens
Rachid Mekhloufi (AS Saint-Étienne, Photo L'Equipe) et Amar Rouaï (CSO Angers), le Marocain Hassan Akesbi
(Nîmes Olympique) ont raconté leurs parts de contribution aux "Glorieuses" du football hexagonal.
Génération de l'après Ben Barek - "La perle noir" marocaine -, ils ont fait parler leurs talents sur tous les terrains de
France. A la différence de leurs "cousins" de Renault Billancourt, de Michelin (Clermont-Ferrand) et du bâtiment, ils
n'ont pas souffert de la pénibilité. Dans leurs "usines" à eux - Geoffrey Guichard, Jean Bouin, Costières -, ils ont "bossé"
moins dur. Pour toute nuisance, ils ont contracté les inévitables blessures.
A l'invitation de deux associations françaises, "Génériques" et "We are football association", les quatre anciens étaient,
ce week-end à Marseille, pour les besoins d'un match inédit. Il n'y était pas question d'un jubilé sur le tard ou de "90
minutes" gala, mais d'une joute sans ballon. Un exercice mémoriel sous forme de colloque. Inspiré d'un projet de travail
universitaire en cours, le colloque a été porté avec passion par "Génériques" et "We are football association". Avec leur
vocations de gardiennes des mémoires de l'immigration et du football, les deux entités s'y sont investies sans
ménagement. Une première, le colloque s'est penché sur un sujet original : "Les footballeurs maghrébins de France au
XXe siècle : itinéraires professionnels, identités complexes".
Depuis les indépendances du Maghreb, colloques et travaux ont été initiés sur l'immigration sur les deux rives de la
Méditerranée. Aucun aspect de cette thématique n'y a échappé. Seul à être resté en marge de cette curiosité, le v
footballeurs maghrébins ou des français d'origine maghrébine en France. Lacunaire, cette séquence est en passe d'être
comblée comme en témoignent les gains du colloque de Marseille. Les organisateurs n'avaient pas la prétention de
boucler, en une seule étape, ce voyage mémoriel. Bien des choses ont été glanées par le public présent. Au premier
rang desquels les motivations des anciens footballeurs, leur rapport aux pays d'origine et à la terre d'accueil, leur
perception de l'argent, la manière de gérer leur carrière si c'était à refaire. Le débat et l'échange croisé a permis de
remettre en perspective leur place dans le feuilleton footballistique hexagonal.
A Marseille, les Mekhloufi, Rouaï, Akesbi auxquels se sont joints Mustapha Dahleb (PSG), Taoufik Belghit (Monaco)
Kader Ferhaoui (Montpellier) et Cherif Oudjani (RC Lens) ont déroulé le film de leurs itinéraires. Yvan Gastaut,
enseignant à l'Université de Nice et président de "We are football association", n'a pas caché sa satisfaction de coorganisateur. "Le colloque a permis de mettre en lumière une expérience humaine et footballistique exemplaire. Histoire
de la préserver et de la transmettre à la mémoire collective". Tous comptes faits, "cette histoire des footballeurs
maghrébins a été déterminante pour la France du football. Le football français ne serait pas ce qu'il est aujourd'hui sans
l'apport de générations entières de talents du marocain Larbi Ben Barek aux Benzemma, Nasri et Ben Arafa. ", a fait
valoir, de son côté, Paul Dietschy, enseignant à l'Université de Franche-Comté et vice-président de "We are football
association".
Ben Barek, le pionnierDans ce volet : retour sur le premier des grands Maghrébiens de France, Larbi Ben Barek.
Singulière carrière que celle du Marocain Larbi Ben Barek. Cinquante-deux ans après avoir raccroché les crampons et
quinze ans après sa mort, son nom continue d'alimenter l'actualité footballistique. Natif du Maroc sur fond tragique de
''Grande guere, le joueur occupe une page à part dans l'histoire des diasporas footballistiques. En 1938, il a inauguré,
depuis la cité phocéenne, la liste toujours ouverte des footballeurs maghrébins de l'équipé de France. Depuis,
interruption pour cause de conflit mondial mise à part, sa carrière a été jalonnée de succès. «Même brève, sa vie de
footballeur a été exceptionnelle, médiatique à satiété», rappelle Claude Boli, chercheur à l'Université d'Evry et au
du sport.
Les recherches studieuses de Claude Boli sur ''La Perle noire'' l'ont mené à replonger dans la lecture des archives et des
journaux d'époque. «Peu de sportifs ont nourri, autour de leurs noms, autant de légendes». Son talent et sa bonté
naturelle lui ont valu un traitement médiatique atypique. Morceau choisi : une photo publiée en pleine une de L'Equipe.
Tenue de ville de rigueur, le Marocain jongle dans le bureau du directeur du journal avec une... corbeille. Preuve que la
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talent s'exprime dans toutes les conditions, fussent-elles les moins réglementaires. La pièce archivistique orne, tel un
document rare, le fonds du Musée du sport à Paris.
L'inventeur du transfert à sensation
Frère de l'ex-Marseillais Basile, Claude Boli parle de deux «grands moments» dans la carrière de Ben Barek. Daté de
janvier 1939, le premier coïncide avec sa deuxième sélection sous le maillot bleu contre la Pologne (amical 4-2). Pour
l'occasion, le journal sportif L'Auto demande à ses lecteurs de trouver un surnom imagé au Franco-marocain. La
rédaction reçoit un courrier abondant. Réponses parmi d'autres : «La flèche noire», «la perle noire», «le diamant
noir», «la gazelle noire», «le cobra noir», etc. Sans les énumérer toutes, Claude Boli précise que nombre de
suggestions sont inspirées d'un «certain imaginaire colonial». Bien des adjectifs - «nègre» entre autres - empruntent
aux stéréotypes et aux caricatures apparues neuf ans plus tôt lors de l'exposition coloniale, Porte dorée à Paris. Ben
Barek apprendra, à ses dépens, les dérives du racisme en décembre 1938 à Naples lors d'Italie-France. Au plus fort du
fascisme de Mussolini, les médias et le public transalpins lui réservent un accueil inamical. Sifflets et propos racistes
rythment les clameurs des tribunes napolitaines.
Second temps fort : son départ, en 1948, à l'Atlético Madrid. Claude Boli, qui a consulté la presse de l'époque espagnole et française - parle d'un débauche rédactionnelle sans précédent. Le transfert inspire des articles et un
traitement rédactionnel jamais observés auparavant. «C'est devenu une véritable affaire». Dans les rédactions de
Marca et de AS, on s'intéresse à tous les tenants et aboutissants du transfert. Ambition sportive pour booster une
carrière. Motivation financière pour nourrir sa famille et faire face aux impératifs d'un second mariage. Attachement Ã
l'Espagne andalouse que séparent de son Maroc natal quatoze bornes maritimes : tout y passe. Ben Barek, l'initiateur du
transfert à sensation. - S. RAOUF
1958, l'équipe du FLNDans ce troisième volet : retour sur l'incroyable histoire de l'équipe du FLN, en 1958.
Cause directe de la chute de la IVe République et de l'avènement de la Ve sous la présidence du général de Gaulle, la
guerre d'Algérie n'a pas épargné le football français. Ses dommages collatéraux ont touché les clubs et affecté la
campagne des Bleus à la Coupe du monde suédoise de 1958. Le 14 avril de cette année, au soir, neuf «Français
musulmans d'Algérie» s'éclipsent de leurs clubs respectifs. En deux groupes distincts, ils franchissent clandestinement
les frontières italienne et helvétique. De là , ils rallient Tunis, base du Gouvernement provisoire du gouvernement algérien
(GPRA, gouvernement du FLN en exil). Le lendemain, cette évasion spectaculaire - la première de cette importance
dans l'histoire du sport mondial - s'étale sur les unes de la presse française et internationale. «L'équipe du FLN» ou
«L'équipe de l'Algérie combattante» vient d'être constituée à mi-chemin de la guerre d'Algérie.
Préparée clandestinement et dans le secret le plus absolu, la fugue exerce un effet immédiat sur l'opinion. Reprise en
boucle par les stations de radio et occupant les premières pages pendant trois jours consécutifs, elle a convaincu les
Français que le conflit algérien allait continuer à peser sur leur vie quotidienne. Hormis le précédent de l'équipe de
Hongrie de Puskas qui a préféré prolonger éternellement son séjour à l'étranger après l'échec de l'insurrection de
Budapest contre la dictature communiste, aucune sélection n'a connu une aventure similaire à celle de l'équipe du FLN.
Outre qu'elle a érigé le football en instrument politique et de ''propagande révolutionnaire'', la page du 14 avril 1958
déstabilise le football hexagonal.
Zitouni et Mekhloufi ratent la Coupe du monde
A quelques exceptions près, tous les membres de l'équipe - ils atteindront la trentaine à mesure des ralliements - sont
des vedettes incontestées et des cadres à part entière de leurs clubs respectifs. Fraîchement convoqués dans le
groupe France, le Monégasque Mustapha Zitouni et le Stéphanois Rachid Mekhloufi sont à la veille d'une participation
acquise au Mondial suédois. Leur défection aura perturbé l'équipe, selon un avis partagé à l'unisson. Monaco subit un
véritable saignée. «Avec Abdelaziz Bentifour et Zitouni que j'avais été obligé de remplacer en défense centrale, je s
certain que nous aurions gagné la Coupe de France cette année-là », reconnaîtra, plus tard, Louis Pirroni, l'entraîneur
monégasque.
Confrontée à une offensive diplomatique du FLN dans les couloirs des Nations unies, la France subit, ce faisant, une
autre attaque : sportive celle-là . La Fédération française sollicite la FIFA pour une annulation des contrats des
''déserteurs'' et des sanctions contre toute fédération qui accueillerait les ''footballeurs-combattants''. Une dizaine de
pays membres de la FIFA bravent l'interdiction. Parmi lesquels l'URSS, la Yougoslavie, la Hongrie, la Tchécoslovaquie,
la Roumanie, la Tunisie et le Maroc voisin. L'équipe a aligné 58 matchs dont 44 ponctués de succès et 10 nuls. Mais
plus que le résultat sportif, c'est le gain politique et diplomatique qui importait à ses membres et au FLN. - S. RAOUF
Les Tunisiens s'exportent moinsDans ce quatrième et dernier volet : la présence des joueurs tunisiens en France.
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Que l'on soit fidèle ou amateur distant du Championnat de France, le constat n'échappe pas à la curiosité. Les Tunisiens
y brillent par leur absence. Autant les accents algériens et marocains sont légion sur les terrains de l'Hexagone, autant
les intonations tunisiennes répondent aux abonnés absents. Ancien protectorat français, la Tunisie n'a pas été un vivier
important pour le football français. Depuis 1956, date de son accession à l'indépendance, la vieille contrée phénicienne
n'a pas envoyé une armée de footballeurs vers la rive nord de la Méditerranée.
Même arrondi à la hausse, le nombre de tunisiens enrôlés par les clubs français ne s'est jamais inscrit dans une
tendance inflationniste. Le volume des Tunisiens signataires d'une licence frappée du logo de la "FFF" ou de la "Ligue du
football professionnel" dépasse, tout au plus, une vingtaine de noms. Binationaux compris. Le football tunisien s'exporte
difficilement vers la France", souligne, en bon connaisseur du sujet, le journaliste d'origine tunisienne Mahjoub Faouzi.
Invité par "Génériques" et "We are football association" au colloque de Marseille, il a brossé le profil d'une relation
footballistique bilatérale presque nulle. Avant 1956, la représentation tunisienne sur les terrains de France se réduisait
quasiment à un seul nom : Mokhtar Ben Nacef. Premier tunisien à passer professionnel outre-méditerranée, il a débarquÃ
d'abord à Cannes avant de s'établir à Nice. En 1954, il a crée la sensation en menant son club vers la victoire en Coupe
de France contre Marseille de Larbi Ben Barek (2-1). Le trophée glané, il est retourné à Bizerte pour terminer sa carrière.
Présence accrue à partir de 1998
Entre 1956 et 1968, deux autres noms ont apposé leurs signatures au bas d'une licence fédérale française. Le premier,
Hassouna Hadj Kacem, a inscrit son nom sur les tablettes de la Coupe de France en compagnie de Havre Football club.
Le second, Brahim Kerrit, a accompli un passage anodin sous les couleurs de Nice. Les années 1970 et 1980 n'ont pas
changé la donne. Si Taoufik Belghit a connu des moments de joie à Monaco qu'il a aidé à monter de la seconde à la
première division, Lahzami Temim n'a pas été heureux. Il est resté à peine six mois à l'Olympique de Marseille, avant de
s'envoler vers le Golfe. Signe frappant que le football tunisien s'exporte mal en France, le sort de l'équipe talentueuse du
mondial argentin de 1978. Ses sociétaires ont pris majoritairement la direction du golfe et de ses pétrodollars. «Le choix
de 90 % d'entre eux s'est porté sur l'Arabie Saoudite», rappelle Mahjoub Faouzi.
Il va falloir attendre les années 1998-2007 pour assister à un regain de visibilité tunisienne dans la France du football.
Faouzi Rouissi (Caen), Selim (Nantes), Ziad Jaziri (Troyes, Photo L'Equipe), pour ne citer que les meilleurs, ont dopé la
présence tunisienne. Mais, comparée à celles des Marocains et des Algériens, leur importance numérique reste
insignifiante. Cette pénurie fait dire à Mahjoub Faouzi que le footballeur tunisien souffre d'une «malédiction» en France.
«Talentueux et n'ayant rien à envier à ses homologues algérien et tunisien, il a du mal à s'éclater dans l'Hexagone».
S'agit-il d'un problème d'adaptation, de culture, du peu d'engouement tunisien pour l'expatriation, de leur attachement Ã
des clubs plus sains que leurs homologues algériens et marocains ? Le conférencier n'a pas de réponses.
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