11 mai 1945 un regard sur la Libération : Edouard Bourgueil
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11 mai 1945 un regard sur la Libération : Edouard Bourgueil
Commando sur Saint-Nazaire Mars 1942, un fait d’armes britannique Chaque année le 28 mars, une cérémonie commémorative se déroule à Saint-Nazaire en souvenir de l’opération Chariot, ce commando britannique de 1942 qui a signé un des faits d’armes les plus éclatants de la Seconde Guerre mondiale. Le Campbeltown encastré dans la porte de la forme-écluse Joubert), le 28 mars 1942 à 8 heures Collection particulière Guillet / Cliché Saint-Nazaire Tourisme et PatrimoineEcomusée. L’année 1942 s’avère cruciale quant à l’issue de la Bataille de l’Atlantique engagée par Hitler contre les Alliés. Le Führer envisage de faire descendre depuis la Mer du Nord les deux grands cuirassés allemands Bismarck et Tirpitz. Leur rôle est d’attaquer les convois maritimes alliés, à partir du golfe de Gascogne, d’une façon coordonnée avec les U-Boot stationnés dans les 5 bases allemandes du littoral français. Nom de code : Chariot Conscients de cette nouvelle menace, Churchill et l’Amirauté britannique décident de projeter une opération militaire sur Saint-Nazaire. Le site est identifié comme le seul lieu sur la façade atlantique susceptible d’accueillir en réparation et en entretien les grands cuirassés allemands, grâce aux dimensions de la forme-écluse Joubert, cet ouvrage portuaire créé pour le paquebot Normandie. Au préalable, les Britanniques effectuent un repérage aérien au-dessus du port afin de bien identifier les cibles à atteindre. Ensuite, un plan relief du port et de ses installations est confectionné pour servir à la formation des militaires du commando constitué. Ceux-ci s’entraînent dans le plus grand secret en mars 1942 dans le port de Falmouth en Cornouailles. Les opérations Le 26 mars, 345 marins et 266 commandos quittent l’Angleterre sur un vieux destroyer chargé d’explosifs, le Campbeltown, ainsi que sur deux navires torpilleurs et dix-sept vedettes rapides. Dans la nuit du 27 mars, la flottille réussit à atteindre l’entrée de l’estuaire de la Loire, trompant un moment la vigilance des batteries côtières en mettant le pavillon allemand sur les mâts des embarcations. Arrivés devant l’entrée du port, les navires subissent un feu nourri des Allemands. Le destroyer Campbeltown réussit néanmoins à s’encastrer au-dessus de la porte aval de la forme-écluse Joubert. Des commandos débarquent la mitraillette au poing. Ils descendent dans la salle des pompes de la forme et détruisent à l’explosif les installations de fonctionnement de l’ouvrage portuaire. Un canon du Campbeltown inséré dans un monument-mémorial, place du commando à Saint-Nazaire Photo : Saint-Nazaire Tourisme et Patrimoine- Ecomusée. Parallèlement, des commandos des autres navires réussissent à débarquer avec pour objectif de faire exploser les portes des écluses des entrées est et sud du port. Ceci afin de paralyser le fonctionnement du port et donc de la base des sous-marins. Ils n’y parviennent pas. S’engage alors un combat sur les quais et dans des rues, parfois au corps à corps, avec les occupants. La plupart des embarcations britanniques, touchées par le tir des batteries côtières, sont la proie des flammes. Les conséquences Seuls 5 navires réussissent à quitter Saint-Nazaire en ramenant en Angleterre 214 hommes sur les 611 initiaux. Les pertes chez les Britanniques sont élevées : 64 commandos et 105 marins tués alors que 148 commandos et 80 marins, la plupart blessés, sont faits prisonniers. Le 28 mars à 11h45, le Campbeltown explose à retardement et tue plus de 300 soldats et officiers allemands en train d’inspecter le navire. Le souffle de l’explosion endommage la porte aval de la forme et rend celle-ci inutilisable jusqu’à la fin de la Seconde Guerre mondiale. Le 30 mars à 17h00, les portes de l’entrée est du port sont détruites par une torpille à retardement. Une véritable panique s’empare des soldats allemands qui tirent sporadiquement dans les rues du quartier du port, faisant 15 morts et 26 blessés parmi la population nazairienne, soupçonnée de cacher des commandos dans leurs caves. Le 31 mars, à la demande des autorités allemandes, des affiches signées par le maire de Saint-Nazaire, Pierre Toscer, sont placardées sur les murs de la ville, annonçant que tout acte de rébellion des habitants entraînerait des sanctions immédiates pour la population. A titre de représailles, les Allemands détruisent à l’explosif certaines maisons du quartier portuaire après y avoir capturé des commandos cachés. Affiche d’appel à la population signé du maire de Saint-Nazaire, datée du 31 mars 1942, suite à l’Opération Chariot. Cette affiche avertit la population nazairienne des menaces de représailles pour leur présumée aide apportée au commando britannique. Collection Ville de Saint-Nazaire. Cliché Saint-Nazaire Tourisme et Patrimoine- Ecomusée. La propagande allemande s’empresse de communiquer que le « raid Chariot » a échoué. Dès le 30 mars, des caméras de la Deutsche Wochenschau filment une reconstitution sur les lieux en faisant défiler des prisonniers du commando les mains levées et encadrés par des soldats allemands. Le même jour, le journal nantais Le Phare, devenu collaborationniste, qualifie dans ses colonnes cette opération de « geste inutile et coûteux ». Une brèche dans la défense allemande Pour les Alliés, l’opération Chariot a permis de tester le système défensif du Mur de l’Atlantique. Les grands cuirassés allemands n’ont pas pu venir dans le golfe de Gascogne. Et l’année charnière de 1942 marque le début de pertes de plus en plus importantes des sousmarins allemands, détectés grâce à l’utilisation du radar et attaqués par des navires militaires escortant les convois. À la mémoire de l’opération Chariot En 1947, un monument commémorant ce fait héroïque est inauguré sur le front de mer de Saint-Nazaire. Et depuis, le 28 mars de chaque année, une cérémonie officielle se déroule devant ce monument en présence d’anciens commandos en vie. Le monument du commando de l’opération Chariot, place du commando à Saint-Nazaire Photo : Saint-Nazaire Tourisme et Patrimoine - Ecomusée En 1951, le réalisateur britannique Compton Bennett tourne un film en s’appuyant sur les récits de vétérans pour adapter une version romancée de l’opération Chariot. Le film sort d’abord en Grande-Bretagne en 1952 sous le titre Gift Horse, puis l’année suivante en France sous celui de Commando sur Saint-Nazaire. Texte : D. Sicard – 2013 .