Récréations scientifiques Allons au théâtre
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Récréations scientifiques Allons au théâtre
ARTS, LETTRES ET SCIENCES Récréations scientifiques Jean Moreau de Saint-Martin (56) [email protected] Pour remettre en marche en douceur vos neurones après les fatigues de l’été, voici quelques problèmes faciles. 1) Ce produit de la gastronomie d’un pays voisin a la forme d’un cylindre de rayon z et d’épaisseur a. Quel est son volume? 2) Avec les nombres π et e, «princes de l’analyse mathé- matique», je forme la somme π + e et le produit π e. Que pensez-vous des affirmations suivantes? a) somme et produit sont transcendants, b) l’un d’eux est transcendant, l’autre non, c) aucun d’eux n’est transcendant. 3) Dans une pyramide à base rectangulaire ABCD, de sommet S, on a mesuré les arêtes SA = 90 mètres, SB = 70 mètres, SC = 20 mètres. Quelle est la longueur SD ? 4) Les bissectrices extérieures des angles A et C d’un tri- angle ABC se coupent en un point J de son cercle circonscrit. Que pouvez-vous en conclure? 5) Après le match de foot Une photo prise juste après le match montre côte à côte 3 joueurs portant les numéros 1, 3 et 6. La photo donne à voir un nombre de 3 chiffres multiple de 7. Quel est ce nombre? Avis à nos lecteurs internautes Si vous ne trouvez pas l’intégralité de cette rubrique (énoncés et solutions) dans la version électronique de La Jaune et la Rouge, vous pouvez me la demander (par message à l’adresse ci-dessus) : je vous enverrai le ou les fichiers (au format PDF) par courrier électronique. Solutions page 104 Allons au théâtre L Philippe Oblin (46) A FAUTE À VOLTAIRE, qui veut que nous cultivions notre jardin : un accident de jardinage, justement, m’assigne temporairement à résidence, de sorte que je n’ai pu me rendre au théâtre. Or je répugne à vous parler d’une pièce en me contentant de l’avoir lue, car cela est contraire aux principes de Molière, pour qui une œuvre dramatique ne saurait être appréciée «qu’aux chandelles». On fera exception aujourd’hui, et j’ai jeté mon dévolu sur Rutabaga Swing, comédie musicale de Didier Schwartz créée en septembre 2006 au Théâtre 13, présentement reprise à la Comédie des Champs-Élysées. À défaut de jugement «aux chandelles», je me suis fié à cette reprise, signe qui d’ordinaire ne trompe pas. Les plus âgés des spectateurs ne retrouveront sans doute pas sans une pointe de nostalgie ces airs qui hantèrent nos oreilles durant les années d’occupation en nous remontant le moral, qui en avait bien besoin : Mon heure de swing, de Georgius et Rawson, Papa pique et Maman coud, de Charles Trenet, Mademoiselle Swing, de Poterot et Legrand et bien d’autres, une bonne dizaine en tout. Les autres spectateurs découvriront ces chansons que fredonnaient leurs aînés, dont il m’arrive de penser qu’elles passaient nettement, en richesse de poésie comme d’invention mélodique, le rap contemporain, sans pour autant manquer de rythme. Que fredonnaient… Il n’y avait pourtant pas tellement lieu de fredonner dans le temps que se déroule l’action, entre 1942 et 1944, en fait en une manière de condensé car y est évoquée comme récente la bataille de Stalingrad – décembre 1942 – alors que la pièce s’achève à la Libération. Peu importe cette liberté quant à l’unité de temps, et même ce flou temporel, car ils n’ôtent rien à notre plaisir. L’unité de lieu du moins est respectée : la salle d’un café de village où répète un groupe de chanteurs amateurs se produisant le dimanche. Il s’agit de Philippe le propriétaire du café, Marie la serveuse, Suzy la coiffeuse-manucure du patelin, Bernard le bibliothécaire municipal et Claude, un facteur à la Tati, du genre ahuri consciencieux. LA JAUNE ET LA ROUGE • AOÛT-SEPTEMBRE 2007 101 Pour faire une comédie, musicale ou non, il faut du comique : la présence, invisible car elle ne quitte pas sa chambre, de la grand-mère centenaire de l’actuel patron. Mariée à quinze ans, au moment de la fondation du café, à un homme de soixante-cinq ans qui participa à la bataille de Waterloo, elle en aura connu trois autres, l’un tué en 1870, un autre à Madagascar en 1897 et le dernier sur la Marne en 1915. Tous ces glorieux deuils, pas plus que son grand âge, ne l’empêchent de rester portée sur le guilledou, penchant que des circonstances exceptionnelles et dignes d’une comédie de Plaute vont lui permettre de satisfaire. Les circonstances exceptionnelles : la présence simultanée dans l’établissement d’un locataire, un peu mystérieux, de l’unique chambre à louer, qui a failli être fusillé comme otage après un attentat contre une voiture allemande mais ressurgit alors qu’on le croyait mort et surtout qu’on vient de relouer la chambre à un jeune officier allemand gentil comme tout, naïf et sincère. Il vient d’être affecté en France comme traducteur, est enchanté de découvrir ce pays dont il parle si bien la langue et ne demande qu’à mieux connaître les Français. Il pensait disposer d’un petit appartement mais a trouvé le local promis réquisitionné par la Gestapo, prioritaire, et préfère une chambre en ville à la piaule de caserne que la Kommandantur lui proposait en compensation. Il faut cacher l’échappé de la fusillade, d’abord d’urgence pendant que l’Allemand défait ses valises et on l’enfouit dans la chambre froide, particulièrement froide car elle est un peu déréglée, puis on l’installe dès que possible à demeure dans la chambre de la grand-mère. Laquelle en profite pour satisfaire ses aspirations refoulées, ce d’autant plus facilement que le malheureux est cloué au lit par une pneumonie contractée dans la chambre froide. Les jours passent. L’attachante jeunesse de Hans l’Allemand, son côté Prince de Hombourg ténébreux, émeuvent d’évidence Marie la serveuse et Suzy la coiffeuse. Pour sa part, il ne cache pas ses désillusions, et même son écœurement de soldat face aux tâches qui lui sont confiées : traduire les lettres anonymes de dénonciation qui parviennent à la Kommandantur! Là, l’auteur exagère peut-être un peu : il y en avait certes, mais sans doute moins qu’il ne le laisse supposer. Toujours est-il qu’Hans voudrait bien, par politesse, rencontrer la grandmère. Il est hors de question de lui donner accès à la chambre de l’aïeule. Et on ne peut pas remettre sans cesse cette rencontre; cela finirait par devenir suspect. On monte un scénario, et prend alors place l’éblouissante évocation de la bataille de Waterloo, récit mené avec un brio époustouflant devant l’Allemand éberlué, et un peu saoul, par Bernard déguisé en vieille dame fêtant ses cent quatre ans le jour même de l’anniversaire de cette bataille. Un morceau de bravoure valant sûrement le déplacement. Encore qu’à la fin, les choses tournent à l’aigre, après un rapprochement entre Bérézina et Stalingrad qui blesse profondément Hans dans son patriotisme sincère, mais la douce Marie sauve la situation pour le protéger. 102 AOÛT-SEPTEMBRE 2007 • LA JAUNE ET LA ROUGE Je ne vous livrerai pas la fin de la pièce, survenant à la Libération, tout à fait inattendue, et tragique de surcroît : plusieurs s’y révèlent en outre tout autres qu’on aurait pu les croire au fil des jours. L’auteur aura su, avec une prodigieuse habileté, teinter de comique les aspects tragiques de cette époque difficile, sans qu’aucun de ses personnages ne se départisse jamais du réalisme de sa touchante, ou décevante, humanité, dans le généreux comme dans le sordide. Du grand art, musicalement émouvant de surcroît. n Rutabaga Swing, de Didier Schwartz, dans une mise en scène de Philippe Ogouz, à La Comédie des Champs-Élysées, 15, avenue Montaigne, 75008 Paris. Tél. : 01.53.23.99.19. Discographie Jean Salmona (56) Élections L’art est-il passible du jeu démocratique? Il y a quelques années, après qu’un panel de critiques ait décidé quels étaient les dix «plus grands chefs-d’œuvre de l’histoire du cinéma» (parmi lesquels Citizen Kane, La Grande Illusion, etc.), une chaîne radiophonique décida de faire appel aux auditeurs pour désigner les plus grands chefs-d’œuvre de la musique (ce fut Don Giovanni qui arriva en tête). Une autre chaîne, aujourd’hui, soumet chaque semaine aux suffrages de ses auditeurs quelques œuvres musicales très connues pour leur faire élire celle qu’ils préfèrent. Au fond, pour aller au bout de cette logique, il suffirait de rechercher les statistiques de vente sur une longue période d’un grand disquaire. Dieu – ou plutôt Orphée – merci, les éditeurs ne se contentent pas des « blue chips » pour grandes surfaces et, avec courage, ils publient des enregistrements d’œuvres hors des sentiers battus. C’est à quelques-unes de ceux-là qu’est consacrée la présente chronique. Un oratorio, un opéra, des arias Haendel avait 22 ans quand, en séjour à Rome, il composa La Bellezza revveduta nel trionfo del Tempo e del Disinganno (la Beauté repentie dans le triomphe du Temps et de la Désillusion), oratorio sur le très vertueux livret d’un cardinal mécène, que viennent d’enregistrer Le Concert d’Astrée dirigé par Emmanuelle Haïm et des solistes parmi lesquels Natalie Dessay 1. On est frappé dès l’abord par l’extraordinaire inventivité de la musique, vocale et instrumentale : Haendel jeune, et stimulé par l’Italie, est, faut-il s’en étonner, beaucoup plus créatif que dans sa maturité; et aussi par l’ambiguïté, plus subtile et plus perverse, qui règne tout au long de l’oratorio et qui est bien celle du XVIIIe siècle à la fois moralisateur et libertin (reli- sez les Mémoires de Casanova et les Confessions de Rousseau) : la Beauté, qu’il s’agit pourtant de fustiger, est bien plus attirante – heureusement - que le Temps et la Désillusion. Superbe interprétation à tous égards. Un siècle plus tôt, Stefano Landi composait La Morte d’Orfeo, «tragi-comédie pastorale», quelques années après l’Orfeo de Monteverdi. Il s’agit d’un opéra sur un épisode peu exploité de la mythologie, la mort d’Orphée déchiqueté par les Ménades. La musique instrumentale est évidemment plus primitive que celle de Haendel, les polyphonies vocales étant, elles, très élaborées, avec des effets jamais rencontrés auparavant (d’écho notamment). C’est l’ensemble Akademia dirigé par Françoise Lasserre qui a ressuscité cette œuvre rare 2, avec des instruments inhabituels comme archiluth, sacqueboute, ceterone. Marijana Mijanovic, alto, chante dans un disque tout nouveau, accompagnée par le Kammerorchester Basel dirigé par Sergio Ciomei, des arias d’opéras de Haendel destinés à l’origine au castrat Senesino 3, extraits de Rodelinda, Radamisto, Siroe, Giulio Cesare, Orlando. L’altiste serbe, célèbre depuis le Festival d’Aix 2000, a un timbre et une puissance vocale – sans vibrato – qui en font une des interprètes les plus authentiques de la musique baroque telle que, semble-t-il, la chantaient les castrats comme Senesino. Chansons Faire revivre le chant «courtois» (de cour) du XIIIe siècle, tel que le pratiquaient les trouvères : au-delà de l’archéologie musicale, il y a la recherche d’une sensibilité, celle du Moyen Âge, que les historiens peinent à retrouver, et que la musique, qui fait appel à nos émotions plus qu’à notre capacité d’analyse, peut nous laisser entrevoir. Sous le titre « D’amoureus cuer voel chanter », l’ensemble Les Jardins de Courtoisie, dirigé par Anne Delafosse-Quentin (trois chanteurs, quatre instrumentistes) 4 restitue une vingtaine de chansons d’Adam de la Halle, trouvère du Nord qui a repris la tradition occitane, et qui est un des premiers «auteurs» français. On a plaisir à découvrir une musique fraîche et étrange, rien moins qu’ennuyeuse, aussi éloignée que possible de ce que l’on nous a longtemps présenté comme la musique médiévale. Sous le titre « Les Fastes de Bacchus », La Compagnie Baroque dirigée par Michel Verschaeve a enregistré un ensemble d’airs sérieux et à boire de l’époque de la Régence (entre Louis XIV et Louis XV) dus pour une bonne part au chansonnier Jean-Baptiste de Bousset 5. C’est un bel échantillon des airs à la mode que prisait fort la société de l’Ancien Régime. On prend conscience d’un goût que l’on n’imaginait pas tel qu’il fut : assez rustique, égrillard, et qui nous fait voir d’un autre œil les tableaux de Boucher et Watteau. Péchés de vieillesse et autres Sous le titre « Gammes et spécimens », le pianiste Stefan Irmer a enregistré un des volumes des « Péchés de vieillesse » que Rossini a composés vers la fin de sa vie 6. Il s’agit de pièces assez fantaisistes, dont les titres parfois farfelus («petite promenade de Passy à Courbevoie la parcourant – homéopathiquement et à la pesarese – dans tous les tons de la gamme chromatique»), mais aussi la structure, annoncent Satie et, au-delà, les minimalistes contemporains. Tout n’est pas génial mais, sous une forme qui évite de se prendre au sérieux, Rossini a résumé le résultat de recherches musicales dont certaines – la « gamme chinoise» – seront reprises par Debussy et Ravel. Déodat de Séverac est un compositeur négligé car peu prolifique, disparu assez tôt, et, de surcroît, provincial (il se retira assez vite à Céret). Il n’a évidemment pas l’étoffe d’un Ravel ou d’un Debussy, auxquels il était comparé de son temps, et il n’a pas cherché à innover. Mais sa musique est agréable et sans prétention, comme un de ces vins de pays du Roussillon. On connaît assez bien ses pièces pour piano, celles, plus secrètes et subtiles, pour orgue. Roberto Benzi a enregistré quelques-unes des œuvres pour orchestre avec l’Orchestre de la Suisse Romande 7. C’est une musique légère et reposante, un peu datée, témoignage d’une époque (les années 1900). Le disque du mois Les Variations Goldberg par Glenn Gould sont, dans leurs diverses versions, des disques culte. La première version, chère aux inconditionnels de Gould, date de 1955, une époque où l’enregistrement était analogique et relativement peu sophistiqué. Un laboratoire californien a mis au point une technique dite «re-performance» : on analyse les divers paramètres de l’enregistrement analogique microsillon, on les numérise – y compris les caractéristiques acoustiques du local d’enregistrement d’origine – puis on fait jouer ce logiciel sur un piano contrôlé par ordinateur (du type Disklavier). On obtient ainsi une interprétation virtuelle de Gould aujourd’hui, que l’on enregistre 8. Le résultat est saisissant : c’est l’interprétation de 1955, mais enregistrée aujourd’hui, donc parfaite techniquement, inespérée. Glenn Gould, qui était passionné de techniques nouvelles et qui faisait lui-même des enregistrements virtuels en enregistrant une œuvre par paquets de huit mesures collés ultérieurement, aurait aimé, sans doute. En tout cas, ce sont les meilleures Goldberg par Gould, de très loin. Et… l’on n’entend pas les ahanements de Gould, évidemment. (Sur le même disque, un deuxième enregistrement, techniquement différent, destiné aux écoutes avec casque). n 1. 2 CD VIRGIN. 2. 2 CD ZIG ZAG. 3. 1 CD SONY. 4. 1 CD ZIG ZAG. 5. 1 CD ARION. 6. 1 CD MDG. 7. 1 CD SRG SSR. 8. 1 CD SONY. LA JAUNE ET LA ROUGE • AOÛT-SEPTEMBRE 2007 103 Musique en Image Marc Darmon (83) Richard Wagner : Lohengrin 1 K. F. Vogt, S. Kringelborn, W. Meier, DSO Berlin, Kent Nagano Lohengrin fait partie, avec le Vaisseau Fantôme et Tannhäuser, des premiers opéras célèbres de Richard Wagner. Le système de «leitmotiv», ces thèmes attachés à des personnages, des objets, des sentiments ou des événements, qui reviennent tout au long de l’ouvrage, se développe réellement pour la première fois. Lohengrin est aussi le premier à dépasser les trois heures et demi, format en dessous duquel Wagner ne redescendra plus (à part naturellement pour l’Or du Rhin, mais qui n’est qu’un «Prologue»). Comme chaque fois, le livret est réalisé par Wagner lui-même d’après une légende nordique, celte ou germanique. Ici se mélangent la Geste de Garin de Lorraine (« Lorraine-Grin ») et le cycle des Chevaliers du Graal (Lohengrin est fils de Perseval-Parsifal apprend-on à la fin de l’acte III; il est d’ailleurs saisissant de réaliser que Wagner réutilisera pour son dernier opéra, Parsifal, plus de trente ans plus tard, les thèmes musicaux du Graal et du Cygne découverts dans Lohengrin). Il serait trop long de décrire ici l’intrigue, toujours complexe et pouvant se lire à plusieurs degrés comme les contes de fées, pleine de chevalerie, de merveilleux, de serments, secrets et parjures, de complots et jalousie. Mais on comprendra que l’ouvrage gagne beaucoup à la représentation scénique, en direct ou en DVD. En effet, cela permet d’ajouter à la beauté de la musique la compréhension du livret et la perception d’une action très « visuelle » (tournoi, mouvements de foules, jeux des conspirateurs…). Pour tout cela, le film réalisé lors du festival de Baden-Baden en juin 2006, avec une distribution dominée par une magnifique (à tout point de vue) Waltraud Meier et les forces (chœurs et orchestre) de Kent Nagano, est idéal. La direction d’orchestre est magnifique, de la finesse du prélude jusqu’aux scènes de combat. La mise en scène est très efficace. En particulier le jugement d’Elsa de Brabant et l’arrivée de son sauveur, Lohengrin, sont extrêmement prenants. La direction d’acteurs, souvent imperceptible dans une salle d’opéra, est ici très marquante et réussie. Bien sûr, nous n’avons pas ici les grands chanteurs wagnériens de l’après-guerre (la prétendue décadence du chant wagnérien est de toute façon un lieu commun depuis plus de cinquante ans), et nous n’avons pas non plus, à part 104 AOÛT-SEPTEMBRE 2007 • LA JAUNE ET LA ROUGE Waltraud Meier déjà citée, les plus célèbres des wagnériens actuels; j’avoue d’ailleurs pour ma part un faible pour l’interprétation poignante et absolument contre-nature de Lohengrin par le grand puccinien qu’est Placido Domingo (sous la direction de sir Georg Solti). Mais cette production est d’un niveau très supérieur à la moyenne de ce que l’on voit dans les grandes maisons d’opéra aujourd’hui. Elle est absolument recommandable. n 1. 3 DVD OPUS ARTE. Solutions des récréations scientifiques 1) Volume gastronomique Réponse : « Pi.z.z.a, évidemment!» nous dit (avec un clin d’œil) Christian Romon (75). 2) Question de transcendance Dans l’état actuel de nos connaissances : – l’affirmation a) est plausible, mais non démontrée; – l’affirmation b), sans être vraisemblable, n’est pas exclue; – l’affirmation c) est certainement fausse : si s = π + e était solution d’une équation algébrique f(s) = 0, et p = πe solution d’une équation algébrique g(p) = 0, l’élimination de s entre les équations f(s) = 0 et g(sx – x2) = 0 fournirait une équation algébrique h(x) = 0 (à coefficients entiers comme f et g) admettant x = π et x = e pour solutions, contredisant les résultats classiques de Charles Hermite (X 1842) et Ferdinand von Lindemann sur la transcendance de e et de π. 3) Pyramide à mesurer Comme les segments AB et CD sont égaux et ont même médiatrice, on a pour un point H quelconque du plan ABCD HA2 – HB2 = HD2 – HC2, puis par Pythagore, si H est la projection de S sur ce plan, SA2 – SB2 = SD2 – SC2, d’où on tire SD = 60 mètres. 4) Drôle de triangle La configuration de l’énoncé recèle une anomalie. Si J appartient aux bissectrices extérieures des angles A et C, il n’est ni sur l’arc BC ni sur l’arc AB du cercle circonscrit au triangle ABC ; il est donc sur l’arc AC, et les angles du triangle JAC sont π – B en J, (π – A)/2 en A, (π – C)/2 en C, de somme π + (π – B)/2> π. 5) Après le match de foot Le nombre est 931 : un des joueurs (le n° 6) est allongé à côté des autres, mais en sens inverse. Autre possibilité, il fait le «poirier», pieds en l’air, ou le «cochon pendu», à côté des autres qui se tiennent debout. Les livres La publication d’une recension n’implique en aucune façon que La Jaune et la Rouge soit d’accord avec les idées développées dans l’ouvrage en cause ni avec celles de l’auteur de la recension. Méthodes probabilistes pour la reconstruction de données manquantes Manuel théorique et pratique Bernard Beauzamy (68) et Olga Zeydina Avec la collaboration de l’Université nationale de Donetsk, Ukraine Paris – Société de Calcul Mathématique 1 – 2007 Chacun constate l’absence de certaines données : elles n’ont jamais été recueillies, ou bien elles ont été perdues. Le présent manuel fournit les outils, d’abord théoriques, ensuite pratiques, permettant la reconstitution de données manquantes. Il est illustré par un exemple type, traité tout au long de l’ouvrage : les débits de 19 fleuves en Vendée, enregistrés journellement sur trente-sept ans en théorie, mais avec plus de 50% de trous en pratique. Cet exemple est issu d’un contrat traité par la SCM pour Veolia Environnement, Région Ouest. Nous montrons comment les méthodes probabilistes permettent une reconstitution précise et efficace, et nous montrons comment mettre en œuvre les outils informatiques appropriés. On peut également explorer ces méthodes pour s’abstenir de recueillir des données que l’on saura reconstruire : nous montrons comment l’enregistrement permanent des températures de trois villes témoin en Ohio permet la reconstruction des températures de toutes les autres villes : ceci permet d’économiser des capteurs et des mesures. J. R. 1. 111, Faubourg Saint-Honoré, 75008 Paris. L’histoire du Marais se confond souvent avec l’histoire de la France. En sept parcours, la visite du quartier nous permet de rencontrer les personnages influents qui ont agi sur les événements et contribué à l’évolution du Temps. En bordure de la Seine, nous assistons aux premières implantations religieuses, à la création de l’ordre du Temple dans la période si foisonnante du Moyen Âge, à la vie dans les hôtels royaux Saint-Pol et des Tournelles. La construction de l’Arsenal et la naissance des guerres de Religion ont marqué l’époque de la Renaissance. Au cours du XVIIe siècle, dans les salons des hôtels prestigieux tenus souvent par des femmes, l’éclosion de la littérature et du théâtre classique a accompagné les prémices de quelques découvertes scientifiques. Ces disciplines ont été couronnées par les fondations de l’Académie française, de l’Académie des sciences et de la Comédie française. Plus tard, l’esprit des Lumières a régné sur l’effervescence qui a précédé la Révolution. La prise de la Bastille, césure entre l’ancien et le nouveau Régime, est largement évoquée avec ses répercussions sur la tumultueuse rue Saint-Antoine et ses abords. Au cours du XIXe siècle, de nombreux artisans et boutiquiers se sont installés dans les grandes demeures aristocratiques tombées en désuétude. Le Marais est alors devenu un centre économique réputé et sa population s’est fortement accrue. Néanmoins une vie culturelle s’est maintenue grâce au rayonnement de la bibliothèque de l’Arsenal, devenue le creuset des divers mouvements littéraires. Enfin, le vieux quartier s’est lentement endormi jusqu’à ce que le Plan de sauvegarde et de mise en valeur des années 1960 le réveille pour en faire un espace de culture et de communication, en préservant les richesses du passé. Les nombreuses animations en tout genre font du Marais un lieu dynamique où les visiteurs trouvent de multiples formes de divertissements. J. R. Le Marais 2. Épouse de Jean Faure (56). Juliette Faure 2 Profession Salaud Une manière d’être en entreprise Promenade dans le temps Paris – L’Harmattan – 2007 Le Marais, Promenade dans le temps , publié chez l’Harmattan en avril 2007, s’inscrit dans la collection Histoire de Paris et de l’Île-de-France, collection qui a pour but de présenter différentes facettes de l’histoire, que ce soit à travers les lieux, les personnages ou les événements qui ont marqué les siècles. Claude Lussac (74) Paris – Éditions du Palio 3 – 2007 Sous le titre provocateur de Profession salaud et le nom d’auteur de Claude Lussac, un de nos camarades de la promo 74 s’interroge sur les salauds en entreprise. LA JAUNE ET LA ROUGE • AOÛT-SEPTEMBRE 2007 105 «Vaste programme!» avait répondu, on s’en souvient, le général de Gaulle lorsqu’à l’occasion d’un déplacement en province en 1967 un quidam lui avait lancé « Mort aux cons!» «Vaste programme!» est-on tenté de dire aussi à Claude Lussac à la lecture de son essai. Notre camarade Lussac se propose en effet d’expliquer la montée en puissance des salauds qu’il dit avoir observée dans le monde professionnel. Passant en revue les contradictions juridiques et morales auxquelles sont exposés les managers, l’impact des nouvelles technologies sur les «petites saloperies» de la vie quotidienne et la déshumanisation qu’induisent les workflows, l’auteur propose plusieurs pistes à cet égard. Il souligne également que la «salaud attitude» se démocratise et affecte aujourd’hui l’ensemble de la hiérarchie, de sorte que chacun est menacé à la fois de se comporter en sauvageon et d’en être victime. À l’image de certains courants de la pensée managériale américaine, la conclusion pronostique cependant un retour nécessaire de balancier et suggère quelques idées simples pour juguler l’inflation des salauds. À la fois théorique et concret, rigoureux et drôle, littéraire et alerte, Claude Lussac a su traiter légèrement d’un sujet grave. Jean-Jacques Salomon (74) 3. 7 bis, rue Fabre d’Églantine, 75012 Paris. www.editionsdupalio.com Les métamorphoses du calcul Une étonnante histoire de mathématiques Gilles Dowek 4 Paris – Le Pommier – 2007 Socle même de la méthode mathématique depuis l’Antiquité grecque, la notion de démonstration s’est profondément transformée depuis le début des années soixante-dix. Plusieurs avancées mathématiques importantes, non toujours connectées les unes aux autres, remettent ainsi progressivement en cause la prééminence du raisonnement sur le calcul, pour proposer une vision plus équilibrée, dans laquelle l’un et l’autre jouent des rôles complémentaires. Cette véritable révolution nous amène à repenser le dialogue des mathématiques avec les sciences de la nature. Elle éclaire d’une lumière nouvelle certains concepts philosophiques, comme celui du jugement analytique et synthétique. Elle nous amène aussi à nous interroger sur les liens entre les mathématiques et l’informatique, et sur la singularité des mathématiques qui est longtemps restée l’unique science à ne pas utiliser d’instruments. 106 AOÛT-SEPTEMBRE 2007 • LA JAUNE ET LA ROUGE Enfin, et c’est certainement le plus prometteur, elle nous laisse entrevoir de nouvelles manières de résoudre des problèmes mathématiques, qui s’affranchissent de certaines limites arbitraires que la technologie du passé a imposées à la taille des démonstrations : les mathématiques sont peut-être en train de partir à la conquête d’espaces jusqu’alors inaccessibles. J. R. Mathématicien, logicien et informaticien, Gilles Dowek est chercheur et professeur à l’École polytechnique. 4. L’âme du go Les formes et leur esthétique Fan Hui Paris – Chiron éditeur 6 – 2007 Fan Hui est né en Chine en 1981. À l’âge de 15 ans il devient joueur de go professionnel dans son pays. Puis un an plus tard, toujours en Chine, il fait partie d’une équipe nationale de jeunes. Arrivé en France en 2000, il s’impose très vite comme le meilleur joueur de go d’Europe: il y gagne pratiquement tous les grands tournois, dont le Tournoi de Paris et la Coupe «Ing Memorial». Depuis trois ans, il est chargé par la FFG (Fédération française de go) d’enseigner le go dans les clubs, les écoles de go et les divers stages organisés à cet effet. Il est très à l’aise avec les jeunes qui sont devenus friands de sa méthode d’enseignement et il a constitué une «Équipe de France Jeunes » qui va sans doute devenir une référence dans toute l’Europe. Son premier livre, L’âme du go, est le fruit de son enseignement du go en France. Plus qu’un livre d’initiation, c’est un livre qui permet d’aborder ce jeu sous un angle efficace, assez nouveau en France; et même les joueurs forts peuvent y puiser de précieux enseignements sur la manière d’aborder le jeu et sur une méthodologie pour réfléchir avec efficacité en cours de partie. J. R. 6. 25, rue Monge, 75005 Paris. Il faut doubler les salaires des fonctionnaires Pour espérer doubler les autres Philippe Journeau (77) AEGEUS – Éditions du Bicorne 5 – www.aegeus.org C’est une méthode qui était proposée aux candidats à la récente élection présidentielle. L’objectif ? «Tous les pays qui, dans les dix dernières années, ont annoncé une vraie réforme de leur système ont réduit de manière significative leur dépense publique. En France, malgré les discours, la dette est passée de 20% du PIB en 1982 à 66% aujourd’hui» dit Jacques Marseille dans le Métro le 18janvier. L’objectif est connu : une réduction radicale et durable du budget de l’État, condition primordiale de la moindre redistribution. La méthode? Viser le doublement des salaires des fonctionnaires, comme résultat d’une réduction progressive de leur nombre. Il n’y a pas d’erreur de calcul, c’est possible. Cela ne se fera pas en un jour, plutôt en dix ans, mais en étant annoncé. Cela doit être l’objectif principal. Sinon? «Les fonctionnaires bénéficieront bien d’un petit coup de pouce le 1er février », hausse de 0,8 % qu’annoncent Les Échos du même jour. La nécessité? Les diagnostics éclairés, intelligents et documentés surabondent, mais aucune méthode n’a été proposée pour réaliser concrètement le niveau de réforme voulu. Ce que d’autres pays ont accompli ne semble, en notre France bloquée, pas réalisable. Donc il faut une autre méthode que la « top-down ». Les politiques savent parler de participation aux entreprises: qu’ils donnent l’exemple et, pour restructurer la fonction publique, enjeu majeur du pays, paient le risque d’autre chose que de mots. Une chaîne de télévision montre aux candidats et aux spectateurs le compteur de la dette qui tourne. C’est une bonne idée. Certains candidats ont au moins conscience de l’ampleur de l’enjeu. Mais sauf à utiliser une méthode telle qu’exposée ici, aucun n’y aboutira. Car il faut aussi revisiter ces notions de libéralisme, d’ultra et d’antilibéralisme, comme de service public, tous ces concepts dont on parle sans jamais les définir. J. R. 5. AEGEUS associe des écrivains de grandes écoles et universités pour faciliter l’édition et la diffusion d’essais, thèses, études et recherches en économie et gestion, sciences humaines, morales et politiques, sciences exactes et philosophie, pour la mise à disposition de publics élargis. AEGEUS édite en particulier des ouvrages de polytechniciens dans la collection des éditions du Bicorne. Énigme polytechnicienne Pierre Boulesteix (61) PHOTO ESPCI-CRH Qui ? Quels autres ? Où ? Quand ? En quelles circonstances ? Les réponses sont à faire parvenir, exclusivement par courrier postal à Pierre Boulesteix (1961), 51, rue Jean Bleuzen, 92170 Vanves, ou par message électronique à «[email protected]», avant la fin du mois qui suivra celui du présent numéro. La solution, avec le palmarès des lauréats s’il n’est pas trop long, sera publiée dans un numéro ultérieur. n LA JAUNE ET LA ROUGE • AOÛT-SEPTEMBRE 2007 107